Ramadan 2016 : les prix vont-ils résister à la hausse ?

Dans deux semaines, débutera le Ramadan. Le gouvernement a mis en place un train de mesures pour contenir la traditionnelle…

Dans deux semaines, débutera le Ramadan. Le gouvernement a mis en place un train de mesures pour contenir la traditionnelle hausse des prix des produits de grande consommation. Mais l’inquiétude demeure chez les consommateurs.

Au Mali, comme partout dans le monde musulman, des millions de gens entameront le jeûne du mois de Ramadan le 7 juin prochain. D’ores et déjà, l’effervescence est palpable dans les foyers à l’approche de cette période de privation et de sacrifice. « Je n’ai rien prévu pour le moment à cause des moments difficiles et de la cherté des produits de première nécessité », confie Cheik Hamala Traoré, chef de famille à la retraite. « Je pense que c’est le quotidien qui prime. Nous allons faire avec les moyens du bord », ajoute-t-il. À l’opposé, Malick Wane, qui travaille à l’Inspection générale de l’INPS, a commencé à « faire des économies pour bien débuter le mois de Ramadan, en stockant le charbon, l’oignon, le lait ». Mais il n’exclut pas de recourir à un prêt auprès des banques qui multiplient les offres de prêts « spécial Ramadan » pour aider les chefs de famille à faire face aux dépenses. 500 000 francs CFA en moyenne sont ainsi mis à la disposition des clients. « Tous les clients peuvent bénéficier d’un prêt avec intérêt, mais le montant dépend du niveau de revenu. Ça a commencé le 15 mai jusqu’à la fin du Ramadan. Les frais de dossier ont été réduits et la durée du prêt est de 10 mois. Pour le moment, nous avons déjà reçu quelques dossiers que nous sommes en train de traiter », explique Salif Coulibaly, conseiller clientèle à la Banque nationale de développement agricole (BNDA). Certains établissements proposent même des prêts à taux zéro.

Pas de pénurie Sur les marchés, pour le moment les prix se maintiennent. Mais la crainte de l’inflation demeure et au ministère du Commerce et de l’Industrie, on s’active afin de circonscrire les choses. Ainsi, des mesures ont été prises concernant les prix des produits de grande consommation, à savoir le riz, le sucre, le lait en poudre, l’huile alimentaire, la farine, la viande avec os. L’une des mesures, explique Modibo Keïta, directeur national du commerce et de la concurrence, concerne l’affichage des prix des produits qui font l’objet de suivi pendant tout le mois du Ramadan. « Même si les prix sont libres, l’affichage est une obligation prévue par les textes qui régissent le commerce au Mali et un droit pour le consommateur », poursuit-il. Il ajoute qu’il faut, outre le suivi et l’information, sensibiliser les opérateurs économiques qui ne respectent pas et refusent d’appliquer les prix, en dépit du fait que le gouvernement leur accorde des avantages sur les droits de douane. Aucun risque de pénurie, rassure-t-on également au ministère du Commerce, les services techniques procèderont à une vérification et un contrôle des stocks au niveau des magasins des opérateurs économiques. Pour le ministre, Abdel Karim Konaté, dit « Empé »,le respect des prix convenus avec les commerçants détaillant est important : 375 francs CFA pour le riz brisure importé, 500 francs CFA pour le sucre importé, 450 francs CFA pour le sucre produit localement et une fourchette de 600 à 800 francs CFA le litre d’huile. Il a aussi été décidé la suspension jusqu’à 3 mois de l’échéance de paiement du fonds alloué aux coopératives de la filière viande et son augmentation de 150 millions de francs CFA, ainsi que l’exonération de TVA de la graine de coton de la CMDT, ce qui permettra aux éleveurs d’avoir des tourteaux à moindre coût. Enfin, pour rendre les produits accessibles, le ministère innove cette année avec l’organisation par la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), d’une « Foire du Ramadan », où les consommateurs pourront payer les produits aux prix indiqués.