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RCA: l’ONU sanctionne François Bozizé

Ces sanctions ciblées, prévues par la résolution de l'ONU du 28 janvier dernier et proposées par la France et les…

Ces sanctions ciblées, prévues par la résolution de l’ONU du 28 janvier dernier et proposées par la France et les Etats-Unis, consistent en un gel des avoirs et une interdiction de voyager. Depuis son exil béninois, Michel Djotodia doit savourer une petite revanche sur l’histoire. Il dit et répète que son prédécesseur, François Bozizé, est impliqué dans les activités des groupes anti-balaka. Longtemps, personne n’avait voulu le croire, ou le reconnaà®tre publiquement. Lors de ses vœux de nouvel an, Djotodia avait renouvelé les accusations, martelant que l’attaque de Bangui, le 5 décembre par des groupes coordonnés n’était pas le fait de simples miliciens traditionnels : « Il ne fait plus de doute, disait-il alors, que le président déchu François Bozizé et certains membres irréductibles de son clan familial sont les principaux auteurs de cette folie meurtrière ». La communauté internationale était restée réservée. Le ton a changé. Le Conseil de sécurité est désormais convaincu que François Bozizé a bien coordonné cette attaque qui avait fait plus de 700 morts et conduit à  « une détérioration rapide de la situation en Centrafrique » selon l’argumentaire du Comité des sanctions de l’ONU obtenu par RFI. « Derrière les appels au retour de l’ordre constitutionnel [autrement dit le sien], ses initiatives ne consolident pas vraiment la paix civile », ajoute-t-on au ministère de la Défense français. Bozizé accusé d’avoir semer le chaos en RCA Catherine Samba-Panza a elle-même mis les points sur les « i » ces derniers jours : « François Bozizé a des hommes sur le terrain et une ambition – certainement – de reprendre le pouvoir », a déclaré la présidente de transition dans une interview accordée à  RFI. François Bozizé est accusé d’avoir organisé ses partisans pour semer le chaos en Centrafrique. Le Conseil de sécurité reproche au président déchu de fédérer les milices anti-balaka et de s’appuyer sur d’anciens militaires restés fidèles pour mener des attaques contre la population musulmane. Autre nom sur la liste des sanctions : Levi Yakété Levi Yakété est considéré comme le coordinateur des milices anti-balaka. Il est notamment accusé d’avoir fait distribuer des machettes à  des jeunes chrétiens pour faciliter les attaques contre les musulmans. Dans l’autre camp, Nourredine Adam, chef militaire de la Seleka est également sanctionné. l’ancien ministre de la Sécurité du président Michel Djotodia est accusé de torture, d’exécutions sommaires et d’avoir commandité des attaques contre des quartiers chrétiens. l’ONU lui reproche également d’être impliqué dans un trafic de diamants avec le Tchad. Les trois hommes sont désormais frappés d’une interdiction de voyager et d’un gel des avoirs financiers que tous les pays membres de l’ONU sont tenus de respecter. Des suggestions françaises Ces sanctions ont été proposées par la France au mois de janvier. Plusieurs mois ont été nécessaires pour vaincre les réticences du Conseil de sécurité. Les Etats-Unis demandaient des preuves solides, susceptibles d’être validées devant un tribunal. Une fois le feu vert de Washington obtenu, la Russie et la Chine, traditionnellement allergiques aux sanctions onusiennes, ont retardé cette adoption. Au passage, la liste initiale de treize noms a été réduite à  ces trois personnes. Le démenti de François Bozizé Depuis que les premières accusations ont été lancées contre lui, François Bozizé a démenti de manière constante tout lien avec les anti-balaka. « Tout cela n’est pas vrai », a-t-il indiqué à  RFI quand son nom avait commencé à  être évoqué sur cette liste de sanctions, avant d’ajouter, parlant de lui-même à  la troisième personne : « Bozizé est un président élu au suffrage universel, démocratiquement élu. C’’est la bête noire qu’on veut à  tout prix écarter des prochaines élections. C’’est ça le fond de l’affaire, ça n’est pas autre chose. » Les sanctions de l’ONU ne sont sans doute qu’une première étape dans le drame centrafricain. Les experts de la Cour pénale internationale (CPI) ont commencé à  conduire des enquêtes sur place sur d’éventuels crimes de guerre.