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Réforme militaire : Pour une armée de besoins ou de soins ?

«Â l'armée de nos besoins », qu'est-ce à  dire ? Une armée capable d'apporter la riposte à  l'ennemi djihadiste, de faire face aux…

«Â l’armée de nos besoins », qu’est-ce à  dire ? Une armée capable d’apporter la riposte à  l’ennemi djihadiste, de faire face aux assauts terroristes, une armée déterminée à  préserver l’intégrité du territoire, une armée qui peut plier mais ne rompra jamais, une armée qui ne quittera plus ses positions avancées pour un syndicalisme corporatiste. Ce type d’armée, il est vrai monsieur le ministre, le Mali n’en a pas besoin. Il n’en a jamais eu besoin. Sur ce point monsieur le ministre, nous souscrivons à  vos arguments si bien sûr nous vous avons compris. Nous espérons vivement être sur la même longueur que vous. Seulement, monsieur le ministre, le mal est dans le fruit. Tuer le ver dans le fruit Le mal est plus profond. Vous le savez. Les citoyens que l’armée est appelée à  servir le savent. Les problèmes de l’armée malienne sont de plusieurs ordres. Nous vous ferons l’économie de les lister d’autant que vos différents postes de responsabilité vous ont permis de percer bien des secrets. Vous n’êtes pas sans ignorer que le métier des armes requiert avant tout une vocation. Ce métier n’est pas héréditaire autrement dit le fils du colonel ne doit pas forcément devenir officier. Sur ce point précis, la future troupe devra refuser les recrutements monnayés et arrangés. Elle devra faire la part belle au mérite tant par l’aptitude physique que l’aptitude intellectuelle. Les armées modernes sont constituées d’hommes et de femmes instruits susceptibles de comprendre la législation internationale sur les droits humains. La future armée, monsieur le ministre, ne sera pas sans une épuration des plaies issues des crises de 1991 et 2012. Les deux coups d’Etat ont laissé des blessures difficiles à  cicatriser. Dans vos réflexions, il faudra songer à  panser ces plaies en rendant justice, en réhabilitant les militaires mis au frigo, en évitant de jeter le discrédit sur un corps, en bannissant les choix partisans dans la confection des listes pour les missions internationales ou les formations aux écoles de guerre de Paris, Saint Cyr, Méknès, Thiès, Pau ou Westpoint aux USA. Le mérite devra désormais prévaloir sur tout. Monsieur le ministre, le présent sort du passé et demain se prépare aujourd’hui. Loin de nous l’intention de remuer le couteau dans la plaie mais le malaise met la troupe mal à  l’aise. Les hommes de troupe se demandent quel camp choisir ? Les officiers se demandent de quoi demain sera fait ? C’’est l’ère des calculs or comme le disait Napoléon «Â un militaire doit être discipliné car la discipline fait la force principale des armées. Le supérieur donne des ordres à  exécuter sans hésitation ni murmure et la réclamation n’est permise au subordonné qu’après obéissance », est–ce le cas aujourd’hui ? Ce n’est pas d’une formation dont a besoin l’armée. Elle a besoin d’un reformatage. Elle a besoin de vérité source de réconciliation. Elle a besoin d’une thérapie de choc afin que les familles victimes d’exactions souvent ignorées ou banalisées acceptent de pardonner faute de quoi des règlements de comptes feront jour ultérieurement. Monsieur le ministre, comme le répétait l’autre «Â vous n’êtes pas un Général formé aux métiers de maniement des armes » mais vous êtes assez renseigné pour savoir que l’ordonnance des soins d’une armée malade, désemparée, blessée, désarmée, démoralisée, désorientée, désabusée, désappointée, divisée voire même sans crête crédible coûte chère. Cette ordonnance ne peut être prescrite que par un médecin impartial après un diagnostic sérieux. Vous avez, monsieur le ministre, le doigt sur la gâchette. C’’est une responsabilité historique. Il y a quelques mois nul n’aurait parié un centime sur vous et le ciel vous ayant propulsé à  la Défense, le devoir d’assumer vous échoit. Comme le disait le Général DE GAULLE «Â C’’est votre heure : le doigt sur la gâchette, vous devez choisir de tuer ou de vous faire tuer, demain il sera trop tard ». Soignez cette armée.