Regain de tension dans le septentrion malien

Un calme précaire régnait au nord du Mali. Mais mercredi, l'accrochage entre un bataillon de l'armée malienne et des touaregs…

Un calme précaire régnait au nord du Mali. Mais mercredi, l’accrochage entre un bataillon de l’armée malienne et des touaregs armés qui a eu lieu à  Léré, dans le nord-ouest, près de la frontière mauritanienne fait peser une menace de déstabilisation dans la zone. Cet incident intervient au moment o๠les forces françaises opèrent un nouveau retrait de leur dispositif jusque là  déployé à  Kidal et Tessalit, deux villes o๠ils ont combattu des éléments djihadistes pendant de long mois. Le délai prévoyait qu’un millier de soldats français soient encore présents au Mali à  la fin de l’année. La menace est-elle pour autant circonscrite ? Cet incident est-il un avertissement aux nouvelles autorités, puisqu’il intervient à  une semaine de la cérémonie prévue à  Bamako, le 19 septembre, en présence de nombreux chefs d’à‰tat, pour marquer l’élection d’Ibrahim Boubacar Keà¯ta, dit IBK, comme président. Dans la capitale malienne, deux responsables de l’armée ont expliqué que des patrouilles de sécurisation avaient été lancées dans le Nord depuis quelques jours pour faire face à  la recrudescence de vols de bétail et autres actes de banditisme. D’après l’armée, c’est l’une de ces patrouilles de sécurisation qui est tombée mercredi sur « des bandits », vers Léré, conduisant à  l’accrochage. Le bilan, selon l’armée malienne fait état de trois blessés légers dans leurs rangs et trois « bandits » tués, et une dizaine arrêtés. De son côté, le MNLA, accuse l’armée de les avoir attaqué. Une posture qui n’est pas nouvelle du côté du groupe rebelle qui a plusieurs indexé les militaires maliens de procéder à  une revanche ethnique. « Nous avions demandé aux combattants qui ont des armes de poing de se regrouper pour un cantonnement. L’armée en a profité pour les attaquer et, selon nos informations, d’autres attaques se préparent », a expliqué Mahamadou Djeri Maà¯ga, vice-président de la rébellion touarègue Dynamite à  Gao L’armée a également réagi aux propos du MNLA par la voie du lieutenant colonel Souleymane Maiga de la DIRPA : « Nous n’avons pas eu en face des combattants du MNLA. Nous avons eu en face des bandits armés qui empêchaient les populations de vivre ». Pour rappel, un accord a été signé le 18 juin à  Ouagadougou entre le MNLA, le Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA) et le gouvernement de transition du Mali avec des dispositions prévoyant le cantonnement à  Kidal (nord-est) des hommes du MNLA. Mais l’arrivée début juillet de soldats maliens, puis de l’Administration dans cette ville, dont le MNLA a pris le contrôle en février 2013, avait aussi suscité des incidents et affrontements entre rebelles et populations locales. Malgré tout, le MNLA se défend d’avoir violé les termes de cet accord : « Nous, nous sommes dans la logique de cet accord. Nous ne voulons pas nous lancer dans un conflit parce que nous voulons respecter notre parole. (…) Si les attaques se poursuivent, nous prendrons tous les risques sur les positions de l’armée », a prévenu Mahamadou Djeri Maà¯ga. Jeudi, à  Paris, l’état-major de l’armée française a par ailleurs indiqué que lors d’une opération de contrôle, les soldats français avaient découvert « un véhicule qui pouvait servir d’engin explosif » dans une localité entre Gao (nord-est) et Kidal. Le véhicule contenait près d’une tonne d’explosifs et a été détruit par les Français.