Rentrée judiciaire : Non à l’abus du droit de grève !

Privilégier le dialogue social C'’est une grande cérémonie solennelle qui a regroupé le monde judiciaire de notre pays pour cette…

Privilégier le dialogue social C’’est une grande cérémonie solennelle qui a regroupé le monde judiciaire de notre pays pour cette rentrée des cours et tribunaux au titre de l’année 2010-2011. C’était en présence du Premier ministre, Modibo Sidibé, des membres du gouvernement, des présidents des institutions de la République et des représentants du corps diplomatique. La présidente de la Cour suprême a souligné la pertinence du thème de la rentrée judiciaire de cette année qui se déroule dans le contexte particulier de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays. Mme Diallo Kaà¯ta Kagnantao a rappelé le rôle joué par la justice dans l’évolution politique et sociale de notre pays. En prenant la parole, le chef de l’Etat n’a pas manqué de rappeler que le droit de grève est une liberté fondamentale consacrée par la Constitution. Mais s‘il est vrai que le droit de grève est un acquis, l’usage qui en est fait peut se révéler dangereux. Les activités socio-économiques peuvent se retrouvées prises en otages par des mouvements intempestifs et mal gérés. Or, ce droit coexiste avec le principe de continuité du service public et « on ne peut traiter l’un sans l’autre, d’o๠les limites dans lesquelles ils s’enferment mutuellement », dira Amadou Toumani Touré. Il est donc indispensable d’instaurer un dialogue social qui permet de désamorcer les conflits sociaux en privilégiant la voie de la concertation et du consensus. Le droit de grève mieux expliqué Le juge de paix à  compétence étendue de Ouéléssébougou, Djibril Kane, qui a développé le thème de cette rentrée, a passé en revue l’exercice du droit de grève, le cadre juridique de l’exercice de ce droit, ses limites ou ses restrictions. « La grève est définie comme une cessation collective et concertée de travail, afin de soutenir les revendications professionnelles », a expliqué le magistrat. La grève, selon Djibril Kané, doit toujours reposer sur des revendications légitimes. Elle intervient très souvent lorsque les négociations ont échoué. Il a cité en exemple la demande de paiement des heures supplémentaires par un groupe de travailleurs. Toutefois dans certaines situations, a-t-il poursuivi, les parties ont recours à  l’arbitrage. Avant de rappeler les sujétions particulières concernant certaines fonctions difficilement compatibles avec le droit d’aller en grève. Ainsi, le comité de la liberté syndicale du Bureau international du travail exige le service minimum en cas de grève dans certains services comme les services des hôpitaux, le secteur eau et électricité, le transport aérien, la radio et télévision nationales. Certaines catégories de fonctionnaires n’ont tout simplement pas le droit de faire grève. Il s’agit des agents de la police, de la protection civile et de la justice. Le magistrat a, pour finir, évoqué des grèves sauvages qui sont parfois fréquentes dans notre pays. Il a pointé du doigt les grèves des transporteurs qui sont parfois accompagnées de violences et parlé des sanctions qu’encourent certains grévistes. Il peut s’agir de sanctions pénales ou civiles. Non aux dérives Quant au Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, M. Seydou Maà¯ga, il a rappelé les pages glorieuses du mouvement syndical malien, ainsi que les nombreux acquis et les avancées obtenus grâce à  l’exercice du droit de grève qu’il qualifie de « catalyseur social ». Il a souligné qu’une mauvaise assimilation de l’exercice du droit de grève peut conduire au désordre et à  l’anarchie. Le Procureur général a, de son côté, appelé à  la fermeté face à  des dérives qui portent gravement atteinte à  l’intégrité physique et aux biens publics et privés. Depuis plus de deux décennies, le Mali connaà®t le syndrome des débrayages affectant surtout l’espace scolaire et universitaire.