Reportage: une matinée à la Maison centrale d’arrêt de Bamako

5634. Voilà  le chiffre qui représente exactement le nombre de prisonniers que compte la Maison centrale d'arrêt de Bamako. Et,…

5634. Voilà  le chiffre qui représente exactement le nombre de prisonniers que compte la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Et, tenez-vous bien, pour un centre censé accueillir moins de 400 détenus, nous en sommes à  des milliers. N’est-ce pas là  un défi aux droits humains. Entre quatre grands murs élevés et fortifiées par des serrures géantes, se trouve un autre monde à  peine vivable. Le logis d’un vivier de prisonniers qui, semble-t-il, on perdu tout espoir de survie, sinon de renouer avec l’extérieur. Jamais une visite n’aura été autant triste pour le reporter que je suis. A voir leurs visages défaits et sombres, l’on mesure le traitement inhumain dont font l’objet ces milliers de détenus. Les péripéties d’une visite Arrivé aux environs de 10 heures, je n’en sortirai que deux heures après. Dépouillé de mon stylo, appareil photo et dictaphone, depuis la porte, je n’avais plus que mes yeux pour voir et mes oreilles pour entendre. Après avoir franchi le grand portail de l’établissement pénitentiaire, sous l’œil vigilent et très méfiant des surveillants, J’ai commencé mes observations. En pénétrant dans les profondeurs de l’établissement, je me confondais souvent avec des visiteurs o๠d’autres personnes. Et soudain, J’ai rencontré un ancien ami écroué depuis maintenant quelques mois parce qu’accusé d’avoir détourné l’argent d’une promotrice de pharmacie. C’’est avec des larmes aux yeux que je l’ai serré contre moi. Alors sans gêne, je me suis familiarisé avec lui. Accompagné de mon ami prisonnier, J’ai pu jauger le degré de traitement inhumain réservé aux détenus. Logés dans de minuscules chambres assombries, les y sont entassés, comme des animaux, par centaines. l’espace réduit assombrit l’âme et empêche l’air de passer, de même que la lumière du jour. Sans parler des odeurs pestilentielles qui s’en dégagent. Droits humains violés O๠sont-elles passées ces associations et organisations qui se réclament militants des droits de l’Homme. J’ai pu observer de visu comment on prépare à  manger pour ces prisonniers. A peine tamise t-on des sacs de riz, qu’on renverse dans la marmite d’eau bouillante…et sans aucune mesure d’hygiène. Selon un surveillant, les frais de repas journalier pour un prisonnier n’excèdent pas 500 F CFA. Et les détenus n’ont droit au riz que les dimanches. A l’infirmerie, qui n’existe que de nom, il n’y a que du paracétamol et pas d’antibiotiques en cas d’infections de toutes sortes. Bref, ici, le décor est planté pour précipiter le détenu à  la mort. Et, tenez-vous bien, chaque jour, des détenus y meurent. En sortant de là , on apprécie davantage la liberté et malgré les difficultés dehors, on réalise qu’on a plus de chances que d’autres, dont l’initiative et la liberté de mouvement sont brimées… A SuivreÂ