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Sahel : Et revoilà le spectre de l’insécurité

Si les Libyens, acquis à  la cause de l'Otan, ont toutes les raisons de jubiler après la mort tragique du…

Si les Libyens, acquis à  la cause de l’Otan, ont toutes les raisons de jubiler après la mort tragique du Colonel Mouammar Kadhafi, il en est tout autrement pour certains pays de la bande sahélo saharienne comme le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger s’apprêtent à  faire face à  des menaces sécuritaires. En effet, depuis le début de la crise libyenne, ces pays assistent au retour épisodique et massif de leurs ressortissants de la Libye o๠ils étaient enrôlés dans les rangs de l’armée loyaliste ou des brigades de mercenaires. Avec la chute du dictateur, on peut logiquement penser que ce retour est définitif. Nomades mais aussi sédentaires, membres de différentes communautés locales, ces migrants de retour reviennent armés, surarmés avec, dit-on, de missiles ; donc dotés d’un véritable arsenal de guerre. A n’en pas douter, ils constituent un potentiel d’insécurité pour les pays suscités, voire un facteur de déstabilisation pour toute la bande sahélo saharienne. Et déjà , des signaux d’alarme sont là . De nombreuses localités du Nord Mali sont devenues le théâtre d’actes de banditisme (braquages de voyageurs, vols de véhicules tout-terrain, destruction de biens publics en signe de protestation contre le retour de l’administration et des casernes militaires, sabotages de la reprise timide des actions de développement…). Aujourd’hui, l’ombre de Kadhafi continue de planer au dessus des pays de la bande sahélo saharienne. Le Mali, l’Algérie, le Niger et la Mauritanie et même le Burkina Faso auront certainement beaucoup de mal à  faire face aux conséquences de la disparition du Guide Libyen.L’une des options est de prendre les devants. Ainsi, il y a quelques jours, plusieurs membres du Gouvernement, des notabilités et des cadres du Nord ont rencontré les ressortissants maliens de retour de Libye pour essayer de cerner et de pouvoir conjurer la menace que représentent ceux-ci. Si des assurances ont été données de part et d’autre, rien n’indique que le danger soit définitivement écarté. Au contraire, le banditisme transfrontalier semble recourir à  une nouvelle stratégie de coopération et d’unité d’actions. L’une des grandes inquiétudes vient du MTNM (Mouvement Touarègue pour le Nord Mali, une dissidence de l’Alliance touarègue du Nord Mali pour le changement, rentrée dans les rangs), décapité par la mort de son fondateur et leader, Ibrahim Ag Bahanga. Ce mouvement s’est renforcé grâce au recrutement de plusieurs combattants de retour de Libye et la fusion avec le MNA (Mouvement Nigérien de Libération de l’Azawak). Ces deux groupes seraient toujours très actifs dans le sud algérien o๠ils possèderaient des bases arrières. Certes, la visite de travail effectuée la semaine dernière par le président malien en Algérie s’est beaucoup penchée sur cet aspect. De nombreux gages de bonne volonté ont été donnés par les deux parties. Mais, cela va-t-il suffir pour faire reculer tous les groupuscules qui entendent bien continuer à  sévir? Rien n’est moins sur. Rappelons que depuis plusieurs années, le président malien, Amadou Toumani Touré, s’échine à  demander une rencontre au sommet entre tous les chefs d’Etat et de Gouvernement des pays riverains de la bande sahélo saharienne. En vain !