Sambè, Sambè à Bamako : La fête en a surpris plus d’un !

Les Maliens se sont réveillés jeudi matin avec la fête de Korité. Si beaucoup ne s'y attendaient pas en raison…

Les Maliens se sont réveillés jeudi matin avec la fête de Korité. Si beaucoup ne s’y attendaient pas en raison de la vision de la lune, la veille au soir, d’autres ont été surpris de l’apprendre en pleine nuit vers 3h du matin, par le téléphone arabe. En effet, les autorités religieuses n’avaient pas encore confirmé avoir vu la lune jusqu’à  minuit passé mercredi soir, dernier jour du jeûne, mais le lendemain, Jeudi, la fête a eu lieu, suite à  la décision annoncée en pleine nuit. Beaucoup tablaient sur vendredi à  l’instar de la Mecque, ou des voisins directs du Mali, comme le Sénégal ou la Mauritanie et cependant seul le Mali et le Niger ont fêté ce jeudi. Il paraà®trait même que fêter le vendredi porterait malheur au président de la République ! : «Â C’’est pour ça qu’ils nous ont imposé cette fête soudaine, pourquoi cette précipitation ? », s’exclame Lalla, une malienne, en pleine préparation du repas de midi. «Â C’’est des bêtises, tout, ça, on l’a fait sous Alpha Oumar Konaré, est-ce qu’il a démissionné hein ? », réplique Gogo, une voisine affairée à  couper les quartiers de viande, du bœuf traditionnellement sacrifié ce jour là . Bref, il a fallu dare-dare s’activer aux fourneaux pour les femmes et habiller les enfants vitesse de leur petits basins craquants et colorés pour la prière en groupe. Prière en groupe 8h30 : Direction la mosquée ! Dans la cité ou J’habite, ce sont de petits groupes d’hommes et de petits garçons qui se dirigeaient vers les mosquées environnantes pour célébrer la grande oraison à  Allah. Remercier Dieu pour les bénédictions. Quant aux fillettes, elles préparaient leurs bourses pour aller de porte en porte, déclamer le Sambè, sambè aux voisins et amis. Ainsi ai-je été accostée par une troupe mignonne qui a chanté devant ma porte : ‘Bonne fête à  toi ! Que Dieu nous bénisse, multiplie les fêtes, nous pardonne et exauce nos vœux pour milles ans…». Une démonstration pour laquelle, il faut donner quelque francs, récompenser les enfants, mais surtout, elle m’a rappelé mon enfance, quant au Sénégal, J’allais de porte en porte avec mes petites cousines. Les maliens s’éveillent à  la fête 11h, après la mosquée et le petit déjeuner fait de bouillie de mil et de lait frais, viendront les brochettes grillées de viande, tirées du sacrifice du bœuf, fait par les hommes dans les cours des maisons, et l’odeur délicieuse de l’encens envahit les maisons, les femmes se parent de basins, et reçoivent visiteurs et parents venus souhaiter le Sambè, sambé! Ainsi se demande t’on pardon, se congratule t’on pour ce mois d’abstinence et d’adoration à  Dieu le Tout puissant. Il est intéressant ce jour là  de revoir cousins, amis, belle famille ou voisins, une grande communion si propre à  l‘Afrique de l‘Ouest. 13h : Si les marmites fument, les visites continuent toute la journée. Il y en a cependant qui sont un peu réfractaires à  la fête, notamment ceux qui n’auront pas jeûné et pourtant, ils se sont vêtus pour aller saluer. D’autres comme Ami D, ont passé la journée à  travailler, sans se mettre dans le bain de l’Aid et Fitr ou Korité comme on a coutume de le dire au Mali. Le repas réunira ensuite hommes et femmes autour d’un couscous. Chez ma tante, la viande fondait sous la langue. Ailleurs, le riz gras a rempli les panses éprouvées par le Ramadan. Fiesta de jour, fiesta nocturne Si jusqu’ à  16h, la circulation était fluide en raison du réveil tardif, la ville de Bamako s’est métamorphosée aux alentours de 18h, lorsque les jeunes et les enfants ont pris d’assaut Bamako. A peine le jeûne terminé que les vieilles habitudes ont repris le dessus. Chassez le naturel et il revient au galop, dit le proverbe. Fiesta ! Au programme, boà®te et dancings pour les plus jeunes, « grins » et « dà®ners » pour les seniors, causeries et bavardages pour les femmes, sous l’arbre à  palabre ou dans les salons de Bamako. Aux abords du Palais de la culture, des maquis du quartier hippodrome, ou du Lunar Park, la foule s’est massée pour « s’enjailler »sous un ciel menaçant de Septembre, que la pluie a toutefois épargné, puisqu’il a fait très beau ce jeudi de fête ! Sambé, Sambè à  tous les Maliens de la diaspora ou du Mali.