Économie




Sanctions contre le Mali: 205 milliards de Francs FCA d’engagements non honorés

Sous sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA depuis le 09 janvier 2022, le Mali n’arrive plus à honorer plusieurs…

Sous sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA depuis le 09 janvier 2022, le Mali n’arrive plus à honorer plusieurs de ses engagements. Un défaut de paiement lié plus à ces « sanctions non prévues par les textes » qu’à une incapacité de l’Etat du Mali. Mais au-delà de ces conséquences, il faudrait y voir une opportunité pour mieux gérer l’économie et préparer la résilience face à des difficultés similaires.

 « Au 31 mars 2022, le cumul des échéances à payer aux créanciers extérieurs et aux investisseurs des titres publics non honorées par le Mali s’élèveront à 205 milliards de Francs FCA », a déclaré  le ministre de l’Economie et des finances Mr Alousséni Sanou, dans un entretien publié le 29 mars dernier.

Cette décision  qui a occasionné l’indisponibilité des ressources de l’État déposées en compte à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a  engendré une baisse dans la mobilisation des recettes intérieures. 

« Les recettes douanières et fiscales ont enregistré des manques à gagner de quelques centaines de milliards de franc CFA au premier trimestre 2022 » et «  la mobilisation au titre de la dette intérieure devrait atteindre 300 milliards de FCFA au premier trimestre ».

Crise et opportunité

Malgré cette situation le ministre de l’Economie souligne que les opérations d’injection de liquidité dont les banques maliennes continuent de bénéficier de la part de la BCEAO, permettront un financement du déficit budgétaire de l’État estimé à 1 000 milliards de Franc CFA.

Ce défaut de paiement, du fait notamment du gel des avoirs, peut  ne pas être considéré à « juste titre » par certains comme  tel,  parce que la vraie capacité du Mali n’est pas remise en cause », explique M. Amadou Sangaré, économiste et expert comptable. 

Mais cela pose aussi la question de la souveraineté monétaire qui fait qu’on a des fonds mais on n’a pas la liberté d’en disposer. Or, « le fondement des principes monétaires est cette liberté qui permet d’avoir confiance aux Etats et aux monnaies ». 

Les conséquences qui sont pour le Mali, l’impossibilité d’avoir accès à de nouveaux financements hors du Mali, sont aussi subies  par ceux qui lui «  ont prêté ». 

Mais ces conséquences peuvent être aussi  positives, en permettant à « l’Etat de se poser les vraies questions et de ne pas se retrouver dans la même situation plus tard ». 

Cela doit notamment nous permettre de développer la résilience et d’être préparée à gérer des situations complexes et «  aider l’Etat à améliorer sa gestion ». 

En attendant, il essaie de faire en sorte de ne pas avoir de défaut de paiement à l’intérieur avec la masse monétaire interne.  Et grâce à des restrictions budgétaires, l’Etat entend aussi maintenir la « confiance » en lui.

Les « nouveaux partenaires »  peuvent aussi  faire confiance à l’Etat,  « parce qu’ils savent que cette situation n’est pas liée au Mali ».

Ce qu’il faut surtout envisager, selon M. Sangaré, c’est de saisir ces sanctions comme «  une opportunité de mieux travailler  et de créer beaucoup de richesses intérieures »,  avec la limitation des importations et nous aider à plus travailler sur la résilience.

Fatoumata Maguiraga avec Kadiatou Camara