Serval, savoir servir

La mort de Damien Boiteux aux premières heures de l'opération Serval est restée en travers de la gorge des militaires…

La mort de Damien Boiteux aux premières heures de l’opération Serval est restée en travers de la gorge des militaires français. La mort en novembre dernier de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a corsé la note. Les milliers de soldats déployés au Mali ont été cueillis à  froid par l’adversaire qu’ils ont dû minimiser à  tort ou à  raison à  l’entame de cette mission dans l’immense Sahel. Si beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, il reste que chaque soldat refuse d’imaginer son camarade être sacrifié à  l’autel du grand banditisme transfrontalier avec des djihadistes se réclamant malheureusement de l’Islam radical. La consigne est simple chez ces sauveurs de la sous–région ouest africaine : ne faire confiance en personne. Effectivement, les forces Serval vérifient tout et fouillent tout. Par exemple, a révélé un officier supérieur « si un assaillant tombe sous les balles des forces Serval, il est systématiquement fouillé pour connaitre son identité, ses origines, le type d’arme qu’il détenait et d’autres renseignements opportuns ». La couleur de la peau, le port vestimentaire et la langue ne sont pas des indicateurs fiables pour ces adeptes du renseignement. Face à  un adversaire qui recrute dans toutes les sphères et à  des pseudos illuminés intégrés au gré d’intérêts ponctuels, toute personne devient un suspect potentiel. Conscients de l’état d’esprit de la troupe, les officiers supérieurs de Serval récusent les visions angéliques qui font de tous les nordistes des rebelles. Collaborer avec la population Avec la stratégie de l’évitement et du refus de la confrontation mise en place par les groupes armés terroristes, les forces Serval tendent la main aux populations autochtones pour plus de collaboration en vue d’obtenir des renseignements de qualité. Depuis quelques mois, les stocks de matériel et de nourriture arrachés à  l’ennemi sont redistribués aux populations autochtones en guise de motivation et de remerciements. Pour des hommes en mission loin de la France natale, l’appréhension qu’ils ont de leur mission surprend agréablement. Une jeune dame, capitaine de Serval, n’a pas caché « sa déception de devoir rentrer en février au pays de Marianne ». Elle estime « être au service du monde libre qui doit se défaire de l’emprise des groupes armés terroristes ». Affectée dans le nord du Mali, elle « trouve les populations locales chaleureuses et méritantes des efforts déployés par la France pour mettre hors d’état de nuire les islamistes radicaux ». Son commandant d’unité a souligné que « la mission devait s’étendre sur plus de quatre mois pour arriver à  bout de ces groupes armés terroristes en compagnie des FAMA, les forces armées maliennes ». Ces FAMA et les gendarmes maliens présents sur les théâtres d’opération sont aujourd’hui respectés et cités en exemple par les militaires français qui saluent leur étroite collaboration. « Défendre la liberté au péril de sa vie » Un jeune sergent de l’armée de l’air disait à  cet effet que « la future armée malienne sera difficile à  contenir et les aviateurs qui reviennent d’une formation sur le pilotage des MIG 21 en Algérie le prouvent au quotidien ». Tenus par le droit de réserve, ils parlent avec passion de cette armée malienne en reconstruction tout en ayant dans un coin de la tête le casse-tête que représente la Minusma. C’’est un fait : Serval ne peut pardonner à  la Minusma son inertie suite à  l’assassinat des journalistes de RFI à  Kidal. De Kidal à  Gao en passant par Bamako, la rigueur militaire, le respect de la hiérarchie et la complémentarité marquent le visiteur des camps de Serval. Les soldats français ne perdent jamais de vue le pourquoi de leur présence sur le sol malien. Comme le disait un capitaine de Serval à  son colonel « nous sommes des enfants de la nation des droits de l’homme et à  ce titre, nous défendrons la liberté au péril de notre vie et peu importe le théâtre d’opération. Le Mali est à  vol d’oiseau de la France qui ne le lâchera pas. Cette mission est essentielle, il faut juste que Bamako nous aide en jugeant tous les criminels arrêtés dans le cadre de la pacification du pays ».