Sévaré, nouveau temple de la prostitution

A sévaré, une fois la nuit tombée, chacun se cherche un endroit pour destresser et se remettre après une journée…

A sévaré, une fois la nuit tombée, chacun se cherche un endroit pour destresser et se remettre après une journée de dur labeur. En tout cas, pas question que ça soit le week-end. Et l’on n’a pas besoin d’être maquisard pour connaitre les coins chauds de la ville. C’est une ville o๠l’économie nocturne bouge à  merveille. En plus, les maquis sont sous l’emprise de vagues de jeunes filles (venant du Burkina voisin) qui s’y logent. Ces « filles de joie » accèdent facilement à  cet endroit du Mali car elle empruntent « la route du poisson », c’est à  dire celle qui passe de la frontière Burkinabè à  Koro, Bankass et Badiagara. La ville de Sévaré leur donne ainsi des « opportunités d’affaires » et leur fait gagner de l’argent dans la prostitution. Très loin de leur pays d’origine, elles n’ont aucune honte à  exercer (même à  visage decouvert) ce métier. Elles ont pour clients, des touristes, des hommes d’affaires et même des fonctionnaires en mission dans la zone. Récit d’une ballade dans « Sévaré by night » A 22h je me suis engouffré dans un taxi en compagnie de mon ami Olivier. Ce dernier est médecin et intervient dans la zone au compte de l’organisation « Medecins sans frontières ». 2 km séparent mon hôtel du maquis « Bavaria ». Un autre maquis est contigu à  ce haut lieu de débauche. C’est là  que mon ami et moi campâmes pendant au moins 2 heures d’horloge. Ici l’accueil est chalereux sur fond sur lumière savamment tamissée. Regoupée autour de tablettes disséminées dans une vaste cour, une bonne poignée de clients trinque déjà . La bière et la liqueur coule à  flot, avec à  coté de demoiselles au charme étincelant. Au même moment, du coupé-décalé, tonne dans les oreilles. J’avais de la peine à  entendre les mots prononcés par mon ami Olivier. Subitement ce dernier s’est vu flanqué d’une jeune dame habillée en tenue très sexy avec une poitrine exubérante. Elle nous a invité à  nous asseoir, à  trois, autour d’une tablette. Tout autour de nous, défilaient ses consoeurs (toutes habillées dans le même style), devant une kyrielle de chambre de passe. Toutes attractives, ces jeunes dames, n’hésitaient pas à  se jeter dans la « gueule du loup » pourvu qu’il y ait l’argent. Deux minutes après, une autre, du nom de Nadège, nous a rejoint et s’est particulièrement intéréssé à  moi. Grande de taille et très élégante, elle évacuait la fumée d’une cigarette par ses narines. Sympathique comme d’habitude, je n’ai pas manqué de la harceler de questions. Sans se douter de mon identité, du moins, sans savoir que je faisais mon boulot d’investigateur, elle n’avait le moindre tabou pour me répondre. Comme si l’on se connaissait bien avant. Ma première question adréssée à  Nadège était de savoir comment se passaient les choses ici. Sans detour, elle m’a tout détaillé à  propos de la passe. Elle m’a demandé de lui commander de la bière. La discussion s’est interrompue quand Nadège s’est excusé auprès de moi après avoir aperçu à  l’entrée d’un de ses fidèles clients. J’ai du patienter 20 minutes environ pour qu’elle nous rejoigne à  nouveau à  la table. A son retour, j’ai pas manqué de lui poser la question de savoir pourquoi elle s’était choisi le chemin des maquis. « J’habite ce coin depuis 3 mois. Mon objectif est de me trouver un fond pour faire du commerce à  Ouaga ». Toutefois, ajoute-elle, « je n’ai aucune intention de rester dans les maquis ». Ensuite, j’ai réussi à  arracher quelques mots sur les lèvres de la compagne de Olivier. Cette dernière a affirmé qu’elle n’avait jamais fréquenté de maquis dans son pays, le Burkina. Cependant, dit-elle, « je le fais ici parceque personne ne me connait ». Une violente tempête à  miniuit a interrompu pour de bon la causerie et a anticipé notre départ de ce milieu qui avait tout l’air d’un « monde à  part ».