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Sidi brahim Ould Sidati : « Tout le monde ne peut pas faire partie des autorités intérimaires au niveau régional »

Le secrétaire général du MAA et chef de délégation du comité de suivi de l'Accord pour la CMA est revenu, lors…

Le secrétaire général du MAA et chef de délégation du comité de suivi de l’Accord pour la CMA est revenu, lors d’un entretien téléphonique, sur les questions brûlantes concernant la mise en oeuvre de l’Accord au sein de la CMA. Dissensions internes, viabilité de l’accord, aucune question n’est éludée.

Vous avez tenu une conférence de presse hier où vous avez félicité le gouvernement et mis en avant des irrégularités sur le décret de nomination des autorités intérimaires, quelles sont-elles ?

Nous félicitons vraiment le gouvernement pour le nouveau décret. C’est une avancée majeure dans l’application du processus de paix. On a cependant noté certaines irrégularités c’est vrai, notamment dans le décret concernant les régions de Tombouctou, Kidal, Ménaka. Irrégularités qui sont en contradiction avec l’Entente signée le 19 juin dernier, et qui est à la base du décret. Dans le document d’Entente, l’accord stipule que la taille des autorités intérimaires au niveau régional est égal à celle du conseil régional qu’elle remplace, ce qui veut dire que si dans la région de Tombouctou il y avait 12 conseillers, les autorités intérimaires devraient avoir 12 conseillers, or ils en ont eu 13 à Tombouctou, et à Kidal c’est la même chose. C’est en contradiction avec l’Entente que nous avons signé et qui délimitait pour chaque partie le nombre de conseillers. La CMA a constaté que l’Entente est respectée dans les régions de Taoudéni et de Gao, mais telle n’est pas le cas à Tombouctou, Kidal et Ménaka, et nous avons demandé au gouvernement de revenir sur cette situation pour qu’elle soit en conformité avec ce qui a été signé.

Beaucoup parlent d’un revirement opportuniste de la CMA, qui après avoir décrié l’action du gouvernement le félicite quand il va dans son sens, qu’en pensez-vous?

Ce n’est pas un revirement. C’est une manière de reconnaître les efforts que l’autre partie fournit, on ne peut pas toujours dire que tout est mauvais ! la CMA est là pour dire exactement ce qui se passe, quand ça avance nous le disons, quand ça bloque nous le disons aussi. Nous avons remarqué que le gouvernement a posé des actions, il me semble tout à fait normal de dire que c’est une avancée que nous constatons. Mais il y a aussi des situations qu’il faut corriger, nous espérons que ces situations vont se décanter dans les jours à venir parce que nous avons déposé les listes pour le DDR (Désarmement, démobilisation et réintégration).

Certains groupes rejettent pourtant ce décret et vont plus loin en menaçant de bloquer l’Accord et de ne plus vous suivre…

Tout d’abord les autorités intérimaires c’est pas seulement au niveau régional, il y a aussi les cercles et les communes, il ne faut pas que les gens croient qu’il y a exclusion, tout le monde ne peut pas faire partie des autorités intérimaires au niveau régional, mais ils peuvent en faire partie au niveau des cercles, il y a de la représentativité là-bas aussi, donc il faut être patient et il faut laisser le temps aux gens d’être représentés au niveau des communes et des cercles. Les six membres régionaux ne sont pas les seuls à représenter les autorités intérimaires. Les mouvements qui nous ont décrié, avaient signé un acte dans lequel ils intégraient le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) de la CMA sans condition et sans quota, cela veut dire que nous n’avions aucune obligation à leur égard, mais ils n’étaient pas exclus du processus. Je le répète il faut avoir de la patience, ça ne doit pas bloquer l’Accord.

Le processus de DDR pour la CMA sera-t-il toujours effectif malgré ces dissensions ?

Le fait même de créer des groupes est une contradiction à l’Accord, une personne qui veut que l’Accord avance ne crée plus de groupe parce que l’objectif même de l’accord c’est de faire disparaître les groupes et avoir un État unitaire, donc la naissance de nouveaux groupes va à l’encontre des clauses de l’Accord, on ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Le gouvernement a logé beaucoup de ces groupes dans les hôtels à Bamako, ça n’encourage pas l’avancée du processus, ça crée des problèmes qui ne sont pas au niveau de la CMA.

Au vu des événements récents, notamment le conflit intracommunautaire et les défections au sein de la CMA, pensez-vous que l’Accord reste toujours un document viable?

Depuis la signature de l’Accord il y a eu des dissidences, des bisbilles et si on ne fait pas attention, il va arriver un moment où l’Accord ne pourra plus faire face au problème parce que quand on l’a signé il y a un an et demi, il contenait tous les problèmes qui étaient posés, mais maintenant il y a d’autres mouvements, d’autres tendances et à un moment l’accord pourrait devenir une goutte d’eau dans un vaste océan de revendications.