Société




Sinjiya-Ton : le refuge des enfants de la rue

Si l’État n’a pas de réponse concrète à la situation des enfants de la rue, certaines associations, dont Sinjiya-Ton, travaillent…

Si l’État n’a pas de réponse concrète à la situation des enfants de la rue, certaines associations, dont Sinjiya-Ton, travaillent à faciliter leur réinsertion et à leur permettre de recouvrer une vie normale.

Samedi 27 mai. Comme chaque fin de mois, Mamadou Touré, président de l’ONG Sinjiya-Ton, fait le point. Autour de lui, ses collaborateurs mais aussi les enfants qu’il accueille dans son centre. Tous boivent ses paroles, écoutent ses conseils, froncent leurs visages sous ses réprimandes. « Nous voulons les responsabiliser, les faire participer pour qu’ils se sentent importants », explique-t-il. À Dalibougou (nom du centre), créé en 2005, une quarantaine d’enfants réapprennent la vie en société, après avoir passé des années dans la rue. Jusqu’à l’âge de 18 ans, le centre les héberge, les nourrit, les éduque et leur offre une formation professionnelle. « Il y a certaines exceptions. Dans ces cas, on leur demande une contribution en retour pour qu’ils restent avec nous. Un de nos enfants qui fait une formation en plomberie sera par exemple chargé d’effectuer toutes les tâches y afférant dans la maison », explique Touré. Les enfants sont pour la plupart re-scolarisés pour ceux qui avaient déjà connu l’école, pour les autres, un enseignement à domicile leur est dispensé. C’est un combat quotidien que mènent les membres de l’association Sinjiya-Ton pour aider à la réinsertion des enfants, d’autant que les financements ne sont pas légion. « Il faut vraiment beaucoup de courage et de détermination pour empêcher les enfants de retourner dans la rue », commente Mamadou Touré.

Œuvre de longue haleine Cela fait deux décennies maintenant que ce Robin des Bois des temps modernes intervient auprès des enfants. « J’ai une petite notoriété. Cela fait plusieurs années que je suis auprès d’eux. Ils nous prennent déjà pour des sauveteurs et non pour des fossoyeurs. Avant j’avais deux motos, et il n’était pas nécessaire de les cadenasser. Ce sont les enfants qui veillaient dessus, et je prenais le temps que je voulais pour mes rondes. Ils s’occupaient eux-mêmes de ma sécurité », raconte-t-il, amusé. Et son abnégation a porté ses fruits. D’anciens résidents de son centre sont aujourd’hui des hommes accomplis. « Il y a deux jeunes qu’on m’avait déconseillé de prendre. L’un était réputé comme très violent et toxicomane et l’autre comme étant kleptomane », se souvient-il. Allant à l’encontre des recommandations, il leur donna une chance. Ces deux profils atypiques s’épanouissent maintenant comme agent de sécurité et musicien. Des activités ludiques sont aussi organisées pour stimuler le côté créatif des enfants. « Nous faisons des pièces où les enfants essayent de sensibiliser ceux qui sont encore dans la rue sur les dangers qui les guettent quotidiennement et les aide à se prémunir contre », conclut Touré.