Société




Situation humanitaire : une vulnérabilité croissante

La multiplication des affrontements cette année a provoqué de nouveaux déplacements de populations dans les parties centrale et nord du Mali. Ajoutant au…

La multiplication des affrontements cette année a provoqué de nouveaux déplacements de populations dans les parties centrale et nord du Mali. Ajoutant au nombre de déplacés internes, qui a dépassé les 420 000 personnes. En plus des conflits, les effets du changement climatique et la difficulté pour les populations des zones de conflit d’exercer leurs activités compliquent davantage une situation humanitaire critique qui touche 7,5 millions de personnes.

Estimé à 685,7 millions de dollars, le besoin de financement en 2022 a été couvert à hauteur de 258 millions. Par ailleurs 1,8 million de personnes était déjà en insécurité alimentaire aiguë entre juin et août 2022, avec plus de 370 000 déplacés internes dont 9 000 nouveaux ménages (54 000 personnes) dans la seule région de Ménaka, selon un rapport d’Ocha.

Selon un document de la Commission européenne datant du mois d’octobre, le nombre de déplacés internes a atteint 440 000 personnes. Pour la même source, depuis le début du conflit, en 2012, 1,3 million de personnes ont quitté leurs foyers, 696 000 les ont retrouvés et 85 000 sont revenues de l’étranger. Mais 181 000 continuent de vivre dans trois pays voisins. Des personnes devenues vulnérables.

Nécessaire réorganisation

Le 21 novembre 2022, le gouvernement de Transition malien a annoncé l’interdiction d’opérer pour les organisations bénéficiant d’un financement français, y compris celles agissant dans le domaine humanitaire. Dans un contexte tendu où la situation sur le terrain n’est guère reluisante. Outre l’insuffisance des moyens mobilisés, les acteurs humanitaires déplorent une implication insuffisante des autorités et une confusion entre interventions des gardiens de la paix et des acteurs humanitaires. Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maiga a rencontré les représentants de ces associations et organisations pour leur présenter les nouvelles conditions. Tout appui financier ou subvention accordée à une association ou fondation étrangère doit désormais requérir un avis de non objection du ministère chargé de l’Administration territoriale. En plus, elles doivent fournir tous les mois au ministre chargé de l’Administration territoriale, la situation de leurs comptes en banque au plus tard le 10 du mois suivant. Et ont également l’obligation de préciser l’origine des fonds lorsque leurs comptes sont crédités.      

Dans un rapport datant de fin 2019, Refugees International attirait déjà l’attention sur une inadéquate coordination civilo-militaire. Une coordination indispensable non seulement pour faire la distinction entre les actions civiles et militaires, mais aussi pour « protéger et promouvoir les principes humanitaires, minimiser les incohérences et, le cas échéant, poursuivre des objectifs communs ».

À l’heure du bilan, le plan de réponse humanitaire compte un niveau de couverture des besoins de financement d’environ 30%. Une situation qui laisse plusieurs programmes, comme l’appui à la mise en œuvre du Nexus Humanitaire-développement dans les régions de Mopti et Ségou ou le soutien en informations à la coordination humanitaire pour une meilleure planification, sans financement.

Il est donc urgent pour les autorités de trouver une stratégie adéquate pour gérer la présence « pléthorique d’ONGs et de militaires internationaux » afin que l’État puisse assumer pleinement son rôle de protection et d’assistance aux populations.