Culture




Slameurs : en quête de reconnaissance

Malgré l’ascension du slam au Mali, il ne fait toujours pas vivre son homme. Et pourtant, dans les conférences, concerts ou autres activités socio-culturelles, les slameurs sont…

Malgré l’ascension du slam au Mali, il ne fait toujours pas vivre son homme. Et pourtant, dans les conférences, concerts ou autres activités socio-culturelles, les slameurs sont souvent sollicités. Ils estiment qu’ils ne sont pas reconnus à leur juste valeur, notamment en ce qui concerne leur travail, moyennement rétribué.

Sory Diakité, alias Saccharose Buccal Agréable, a le spleen. Le slameur vedette s’est emporté sur les réseaux sociaux après l’annulation ces deux derniers mois de sept de ses prestations, sur des thématiques pour lesquelles il a écrit, proposé et corrigé des textes, puis discuté un cachet. « Le comble est que certains te contactent avec un délai carrément impossible. J‘accepte tout pour ne pas être taxé de « gonflé ». Mais, malgré tout, ces prestations ont été annulées juste la veille, à 20 heures, sans prendre en compte le fait que j’ai pu renoncer à d’autres dates pour respecter mes engagements ».

Stress

Adulés pour leur savoir-faire, Saccharose et ses camarades n’ont que cela comme mérite, car ils sont dans une « situation précaire ». Ils ne sont pas considérés comme artistes au Mali, « au risque de nous payer comme tels », et exploités lors de différentes manifestations pour « souvent 10 000 francs CFA, même pas le prix du transport. Avant l’évènement, on est obligé d’écrire un texte sur un sujet imposé par les organisateurs, avec plus de trois minutes de déclamationde le mémoriser et de le réciter devant un parterre de personnes. Il faut beaucoup de travail pour y arriver », assure le slameur Adama Sanago, selon lequel, malgré son ascension, cet art n’est toujours pas reconnu à sa juste valeur au Mali. Ce que ne dément pas son camarade Tchainan Tangara. À en croire ce dernier, on prend souvent les slameurs pour « de beaux parleurs, des gens qui prennent le micro et commencent à rimer, à chantonner, à vomir des vers ». Selon lui, les gens ne se rendent pas compte du sérieux dans l’écriture d’un texte qui accroche le public. « Lors des évènements, on sent la non prise de conscience des efforts du slameur, ramenés à un petit texte de trois minutes, en oubliant le travail abattu en amont », déplore M. Tangara. Ce qui fait que chaque slameur exerce un autre métier, pour abandonner éventuellement cet art. « Ce ne sont pas les frais de transport, de 5, 10 ou 15 000 francs CFA qui vont nourrir sa famille. Il nous faut de vrais cachetsà hauteur de nos efforts et de nos mérites ».

Aly Asmane Ascofaré