Hollande, des adieux à l’Afrique entachés d’une polémique

Samedi 14 janvier, lors d'une conférence de presse animée avec la président IBK, François Hollande a fait ses adieux aux…

Samedi 14 janvier, lors d’une conférence de presse animée avec la président IBK, François Hollande a fait ses adieux aux dirigeants africains en clôture de ce 27e sommet Afrique-France, qui s’est tenu à Bamako.

C’est sur l’initiative du président français que l’Élysée, avait proposé l’idée d’organiser cette 27e édition à Bamako. Un projet hautement symbolique, pour le chef d’État français, qui le 11 janvier 2013 avait lancé l’opération Serval pour libérer le Nord Mali des groupes djihadistes.

François Hollande, qui ne briguera pas un nouveau mandat en mai prochain, a donc fait ses adieux à ses homologues africains. Il en a aussi profité pour vanter son bilan sur le continent, et en particulier au Mali, pays hôte de ce sommet.

Ce 27e sommet de Bamako a permis de célébrer l’action française au Mali. Le Chef de lÉtat, Ibrahim Boubacar Keïta, a multiplié les gestes chaleureux et les compliments envers son « cher François », insistant sur tout ce que son pays « devait » à l’homme. « De tous les chefs d’État français, il aura été celui dont le rapport à l’Afrique a été le plus loyal et le plus sincère », a par exemple déclaré le président malien, tandis que son homologue a affirmé qu’ « il y a peu d’exemples au monde comme celui du Mali, qui a été capable de se redresser aussi vite » après une telle crise.

De son côté, Hollande a vanté son bilan au Mali, affirmant que « la démocratie a repris son cours » et que « les terroristes ne contrôlent plus aucun territoire ». Un constat peu conforme à la réalité, de larges zones du nord et du centre du pays restant encore en dehors de tout contrôle de l’État et de nombreuses attaques meurtrières visant les militaires maliens comme les Casques bleus de la Minusma.

Malgré les amabilités et la chaleur réciproque entre le président IBK et le président français, une polémique est venu entacher la bonne tenue du sommet. Vendredi 13 janvier, quelques heures avant l’arrivée de Hollande dans la capitale malienne, l’hebdomadaire Jeune Afrique révélait, comme le Journal du Mali le faisait dans son numéro du jeudi, qu’un enfant de 10 ans avait été tué puis enterré en catimini par des soldats français lors d’une opération le 30 novembre près de Tessalit, dans le nord du Mali. Un communiqué du ministère de la Défense, le même jour, indiquait de des militaires de la force Barkhane avaient tué un individu  « un mineur » lors d’une opération visant un « réseau de guetteurs agissant pour le compte d’un groupe armé terroriste ».

Face aux journalistes, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense a expliqué que « Cette opération a été initiée car nous avions tous les éléments qui nous permettaient de conclure au fait que des engins explosifs improvisés (des mines, NDLR) allaient être déclenchés au passage d’un convoi logistique français ». Il a ajouté qu’une enquête était ouverte pour faire la lumière sur cette affaire et que les résultats sont attendus pour février.

Durant le mandat de François Hollande, l’action de la France sur le continent fut avant tout sécuritaire, avec deux opérations militaires de grande envergure (Serval au Mali et Sangaris en République centrafricaine). Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, lors de son intervention, ce même samedi à Bamako, devant les chefs d’Etat et de gouvernement présents, a décoché une flèche en direction de la France, concernant son action d’abord militaire, en soulignant que « les conflits et les interventions étrangères en violation du droit international, sont source de chaos et de désordre propice au développement du terrorisme, l’absence de soutien conséquent aux efforts de développement et de lutte contre la pauvreté d’un grand nombre de pays africains, ainsi que l’exacerbation des contradictions internes et le non recours aux moyens pacifiques et au dialogue pour les résoudre et les dépasser».

Cette polémique n’a tout de même pas perturbé un sommet qui fut somme toute une réussite pour le Mali qui avait en charge son organisation. Le contexte sécuritaire fragile avait un moment fait douter de la viabilité d’organiser pareil sommet dans la capitale malienne. Cet essai transformé devrait sans nul doute permettre au pays de rehausser sa réputation sur le scène internationale.