Sondage : la majorité des Bamakois saluent le changement de régime

Que pensent les Maliens de la crise que vit leur pays ? Irrégulièrement mobilisés lors des rassemblements, versatiles, diront certains,…

Que pensent les Maliens de la crise que vit leur pays ? Irrégulièrement mobilisés lors des rassemblements, versatiles, diront certains, à  l’image d’un contexte changeant et incertain, les Maliens ont-ils des avis tranchés sur les bouleversements actuels ? Pour tenter de sonder la majorité silencieuse, l’économiste et statisticien Sidilki Guindo a fait réaliser les 29 et 30 avril 2012 une enquête d’opinion auprès de 1100 personnes de 18 ans et plus dans le district de Bamako. Les limites de l’enquête Le choix de la seule capitale « se justifie par des contraintes de temps et de moyens financiers », écrit M. Guindo dans le rapport final. Même si « la position des Bamakois nous semble être assez pertinente pour aider à  la prise de décision, cette ville accueillant 12% de la population totale du Mali », l’opinion des Maliens ruraux, et surtout celles des Maliens des zones contrôlées par les groupes armées, n’est pas refletée dans les sondages. Sans compter que plusieurs événements susceptibles de modifier les opinions ont eu lieu depuis la réalisation du sondage. Les sondages ont été réalisés selon une méthode de quota. Ainsi, le nombre de personnes enquêtées dans une commune est proportionnel au poids de celle-ci dans la population bamakoise. De même, pour les variables sexe et classe d’âges, il a été tenu compte du poids des différentes modalités dans la population. Une large majorité salue la chute d’Amadou Toumani Touré Effectuée un peu plus d’un mois après le coup d’Etat du 22 mars, l’enquête révèle d’abord que 64% des sondés se disent satisfaits de la chute d’ATT avant l’organisation de l’élection présidentielle. Pour 51% d’entre-eux, le régime de l’ancien président est le principal responsable de la crise actuelle. 80% des interrogés disent être satisfaits ou très satisfaits de la composition du gouvernement, annoncée quelques jours avant l’enquête (25 avril), et 60% se disent satisfaits ou très satisfaits du comportement général des putschistes. Les Bamakois partagés sur le cas Dioncounda Traoré Autant de questions et de réponses faites avant l’offensive des bérets rouges contre les putschistes (30 avril) et l’aggression de Dioncounda Traoré (21 mai), susceptibles d’avoir modifié l’opinion des Bamakois. Avant que certains manifestants n’envahissent le palais présidentiel de Koulouba et ne s’attaquent physiquement à  Dioncounda Traoré, et avant que ce dernier ne déclaire le 1er Mai que, « si tel est le souhait partagé, je ne resterai pas une seconde de plus que les 40 jours de l’intérim », 52% des questionnés estimaient que l’ancien président de l’Assemblée nationale devait rester à  la tête de l’Etat après son intérim. IBK sort du lot Comment se comporter avec les groupes armés indépendantistes et islamistes qui contrpolent les régions du Nord ? 54% optent pour la force contre 45% en faveur de négociations. Sur qui peut compter le Mali ? Malgré les négociations parfois mouvementées avec les représentants de la médiation de la Cédéao, malgré certains décisions très critiquées des chefs d’Etat africains, 66% des sondés consièdrent que l’organisation ouest-africaine aide le Mali contre les rebelles. En revanche 55% estiment que la France les soutient. Un pourcentage important qui, selon le chercheur, s’explique par la présence de membres du MNLA en France, par le fait que la France est en contact avec le MNLA et par la présence régulière de ce dernier sur les chaà®nes de télévision française. Dessiné sur les véhicules, affiché sur des vêtements, salué dans des chansons, le capitaine putchiste Amadou Aya Sanogo bénficie de 65% d’avis favorables. Il y a néanmoins plus populaire que lui. Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra (78%) et l’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keita, qui récolterait donc les fruits de sa neutralité.