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Qui est Sophie Pétronin, l’humanitaire française enlevée au Mali ?

Spécialisée dans l'assistance aux enfants mal nourris au sein de l'association Aide à Gao, elle a été enlevée par des…

Spécialisée dans l’assistance aux enfants mal nourris au sein de l’association Aide à Gao, elle a été enlevée par des hommes armés la veille de Noël. Originaire de l’Ardèche, un département français, elle avait déjà réchappé aux violences à Gao en 2012. Mais ce 24 décembre, la militante humanitaire n’a pas eu autant de chance.

Le ministère des Affaires étrangères a confirmé que Sophie Pétronin a été enlevée à Gao, dans le nord du Mali, par des hommes armés. Des recherches se poursuivaient dimanche pour retrouver cette Française sexagénaire à la tête d’une association d’aide à l’enfance. Le parquet de Paris a ouvert une enquête.Âgée de 66, Sophie Pétronin, connaissait bien la région et ses dangers. Elle vivait depuis le début des années 2000 dans la grande ville du nord du Mali. Médecin nutritionniste, elle était spécialisée dans l’assistance aux enfants malnutris, au sein de l’association suisse « Aide à Gao ». Elle avait échappé de justesse en 2012, grâce à l’aide de rebelles touaregs qui l’avaient exfiltrée vers l’Algérie, aux islamistes armés qui avaient pris pendant plusieurs mois le contrôle de Gao. Dimanche, le ministère français des Affaires étrangères a confirmé le rapt, la veille de Noël, de Sophie Pétronin, assurant « qu’en lien avec les autorités maliennes, les autorités françaises sont pleinement mobilisées pour rechercher et libérer, le plus vite possible, notre compatriote ». « Nous poursuivons les recherches pour retrouver Sophie. Nous avons des hommes sur le terrain pour la retrouver. Mais jusque-là, il n’y a pas de résultat », a confié dimanche matin une source de sécurité malienne. « Des soldats français de la force Barkhane (4 000 hommes dans la région du Sahel) participent activement aux recherches au côté des Maliens », a pour sa part indiqué une source militaire française.

En août 2014, l’opération Barkhane a succédé à l’opération Serval. Laquelle, en janvier 2013, avait mis en déroute les islamistes armés qui avaient conquis une grande partie du nord du Mali, et menaçaient de fondre sur la capitale. Malgré cela, les immensités désertiques de la région sont impossibles à contrôler et le nord du pays reste un secteur instable, où les maquis djihadistes, les rebelles et les contrebandiers dictent par endroits leur loi.Si elle n’est pas libérée rapidement, et l’expérience a prouvé qu’en la matière les premières heures après le rapt sont cruciales, Sophie Pétronin risque de devenir une nouvelle otage française au Sahel. La dernière otage française en date était la Franco-Tunisienne Nourane Houas, enlevée au Yémen en décembre 2015 et libérée en octobre 2016, grâce à une médiation du sultanat d’Oman.Depuis qu’elle a appris la nouvelle de l’enlèvement, non revendiqué à l’heure où nous écrivons ces lignes, la famille de Sophie Pétronin – qui a repris depuis un peu plus d’un an un hôtel-restaurant à Orgnac-L’Aven, (toujours en Ardèche, à la limite du Gard) – est bien évidemment plongée dans l’angoisse. « On ne peut pas s’exprimer pour des raisons de sécurité ; nous avons reçu des consignes très claires des autorités », a expliqué Séverine à un adjoint au maire d’Orgnac-L’Aven qu’elle a eu au téléphone hier matin, alors que la famille est actuellement en vacances.
Entre 2010 et 2013, treize Français ont été enlevés ou tués dans la région du Sahel, par des groupes djihadistes plus ou moins liés à Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), voire des malfaiteurs désireux de revendre leurs prises à Aqmi.Si les revendications proclamées par les djihadistes sont politiques, les enlèvements dans la région sont bien souvent des histoires de rançon et relèvent principalement d’un « business des otages » auquel participent de nombreux intermédiaires.La France paie-t-elle des rançons ?

Pour les cellules spécialisées dans ces négociations au sein des services secrets français, le principal écueil est de parvenir à identifier les bons intermédiaires, ce qui peut prendre des mois. Si officiellement la France refuse de verser des rançons, dans les faits des arrangements financiers, parfois complexes, ont parfois été montés pour permettre des libérations d’otages.
Dans un récent livre de confessions à deux journalistes du Monde, qui a provoqué un tollé politique, le président socialiste François Hollande affirme que depuis son arrivée au pouvoir en 2012, « on n’a pas versé un seul centime ». Mais il nuance ensuite ses propos : « La France ne verse pas de rançon, mais elle a suffisamment d’amis pour que, si ce ne sont pas des rançons, ce soient des services. C’est un geste de courtoisie, de bons rapports, ce ne sont pas de grosses sommes. »