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Spécial 22 septembre : Modibo Keita, un destin hors du commun !

Modibo Keita, un destin hors du commun l'homme qui exprimait ainsi à  l'aube de l'indépendance dans les années 60, devant…

Modibo Keita, un destin hors du commun l’homme qui exprimait ainsi à  l’aube de l’indépendance dans les années 60, devant le peuple malien, s’appelait Modibo Keita. Hélas ! Sept ans après le 19 novembre 1968, Modibo Keita, a été renversé par un coup d’Etat militaire dirigé par le général Moussa Traoré. Du 16 mai 1977 au 16 mai 2008, cela fait excatement 31 ans que Modibo Keita, premier président du Mali indépendant, mourait assassiné dans les geôles d’une prison sinistre. Qui était Modibo Keita ? Fils de Daba Keita et de Hatouma Camara, Modibo Keita est né le 4 juin 1915 à  Bamako-coura, un quartier de Bamako. De 1925 à  1931, il fréquente l’école primaire urbaine de Bamako. En 1931, il entre au lycée « Terrasson de Fougère » (aujourd’hui « lycée Askia Mohamed »). Trois ans plus tard, il part pour l’école normale supérieure William Ponty de Dakar o๠il passera deux ans. Modibo Keita sortira Major de cette école prestigieuse et deviendra instituteur en septembre 1938. Ses professeurs le décrirent comme un :  » instituteur d’élite, très intelligent, mais anti-français, agitateur de haute classe à  surveiller de près ». Mais Modibo Keita n’était pas anti-français mais, il était viscéralement anticolonialiste. Un physique de conquérant De grande taille (1m 98) à  tel point que le Général De Gaulle,président Français, qui le dépassait pourtant en taille, disait qu’il était le seul chef d’Etat avec qui il pouvait converser debout sans être obligé de baisser la tête. Modibo keita avait un physique d’athlète. Il émanait du personnage un magnétisme et une sincérité qui ne laissaient pas indifférents ses interlocuteurs, même les plus hostiles. L’homme avait du caractère. Sa combativité et sa ténacité trouvaient leurs justifications dans un idéal profond. Ainsi, c’est, parfois, avec acharnement qu’il défendait les causes auxquelles il croyait profondément. Pugnacité, persévérance, courage et sacrifice, sont des mots qui caractérisaient son combat politique et syndical. Par ailleurs, le militant qu’il était, savait faire preuve, de réalisme, de pragmatisme et d’imagination créatrice pour faire triompher ses idéaux d’indépendance, de justice, de liberté et de paix. Certains lui ont reproché un style autoritaire. En réalité, Modibo Keita qui ne concevait son action que dans un cadre collectif avait, en effet, une autorité naturelle qui découlait très logiquement de sa conduite irrépréhensible et de sa force de conviction. Leader charismatique, écouté sur la scène internationale, il a acquis, grâce à  son action et à  ses idées, estime, prestige et respect. Leader panafricain Ainsi, il avait le verbe haut, le nationalisme à  fleur de peau, la dignité et de la distinction dans le comportement, le non-alignement comme principe et le panafricanisme dans la tête. Le militantisme naissant Profondément ulcéré par la situation de l’Afrique sous domination coloniale, Modibo Keita a mené depuis 1937 des activités dans plusieurs mouvements et associations : Animateur du groupe « Art et Théâtre », il se moque, dans des piécettes, de la bourgeoisie et des représentants de l’autorité coloniale, pour la joie du petit peuple. Contournant l’interdiction faite aux Africains de faire de la politique, il fondera avec Mamadou Konaté, qui deviendra par la suite le « Foyer du Soudan ». Une association officiellement apolitique mais qui abordait des sujets qui l’étaient moins. Les élans de la politique Pendant la période du Front populaire en France, sur le mot d’ordre « Egalité avec les Blancs », il crée, avec le Voltaà¯que Ouezzin Coulibaly, le syndicat des enseignants d’A.O.F.. Dans une publication qu’il créera en 1943, , il critique ouvertement la société féodale et le pouvoir colonial. Toujours avec son compagnon et ancien maà®tre, Mamadou Konaté, Modibo Keita créera la Fédération des syndicats des enseignants. Son nationalisme intransigeant, son activisme politique et syndical vont le conduire en prison : Considéré comme un dangereux opposant par les Français, il sera incarcéré, en 1946, à  la prison de la Santé. C’est en 1947 que Modibo Keita deviendra le secrétaire général du premier bureau de l’US-RDA, section soudanaise du R.D.A. (Rassemblement Démocratique Africain) dont il fut l’un des fondateurs. Une année plus tard il obtient un siège à  l’Assemblée territoriale. Le 10 octobre 1953, il est élu membre de l’Assemblée de l’Union française. Mandats politiques Le 26 novembre 1956 Modibo Keita est élu maire de Bamako. C’est aussi l’année o๠il entre à  l’Assemblée nationale française dont il sera le premier vice-président africain. Il participe à  l’élaboration de la loi-cadre Defferre et sera, deux fois, ministre à  Paris (Secrétaire d’Etat dans les gouvernements Bourgès-Maunoury et Gaillard en juin et novembre 1957). En 1958, il devient président de l’Assemblée constituante de la Fédération, puis président du Conseil après les élections de mars 1959. Le tournant de l’histoire : 22 septembre 1960 Le 20 juillet 1960 Modibo Keita devient d’abord le chef de gouvernement de la Fédération du Mali rassemblant le Soudan (actuel Mali) et le Sénégal. Puis, le 22 septembre 1960, après l’éclatement de la Fédération, Modibo Keita deviendra le premier président de la jeune république du Mali. Une date, un homme, un destin Au lendemain de l’éclatement de la Fédération du Mali, la déception était grande. L’U.S.R.D.A. organisa un congrès extraordinaire le 22 septembre 1960 pour proclamer l’indépendance du Soudan qui va prendre le nom du grand empire flamboyant du Moyen-à‚ge : Mali. Cette proclamation eut lieu dans un climat d’euphorie nationale. L’événement fit l’objet de fêtes populaires dans un enthousiasme extraordinaire. La même émotion et le même enthousiasme régnaient quelques heures plus tôt dans la salle o๠se réunissait le congrès. Les congressistes, debout, firent une ovation délirante lorsque Modibo Keita prononça son discours : le règne du panafricanisme En 1963, Modibo Keita est l’un des rédacteurs de la charte de l’O.U.A. (Organisation de l’Unité africaine) dont il fût l’un des principaux artisans. C’est aussi l’année o๠il reçoit le prix Lénine international. Le 13 mai 1964, le peuple assiste à  la réélection de Modibo Keita à  la présidence de la république. Une légende est née !