Statut de l’opposition : Avancée ou piège démocratique ?

Une mini révolution en perspective dans le landernau politique au Mali. l'opposition politique aura bientôt un nouveau statut. Ainsi en…

Une mini révolution en perspective dans le landernau politique au Mali. l’opposition politique aura bientôt un nouveau statut. Ainsi en a décidé le conseil des ministres lors de sa session ordinaire de ce mercredi 13 août 2014. Ce projet de loi ainsi adopté vient corriger les imperfections découlant de la loi la n°00-047 du 13 juillet 2000 qui avait conféré aux partis politiques de l’opposition un statut juridique. Ces imperfections, selon le communiqué du conseil des ministres, concerne la focalisation de cette loi sur les problèmes généraux des partis politiques, l’insuffisance des règles précises concernant la consultation de l’opposition par les autorités sur les préoccupations nationales , l’inexistence d’une périodicité dans la production du rapport sur l’application de la loi et l’absence de règle de représentation officielle de l’opposition dans ses relations avec le pouvoir, en termes de reconnaissance et de respect de ses droits. Nouvelle donne Cette nouvelle donne politique devrait permettre à  l’opposition politique d’avoir un réel statut avec en prime l’institutionnalisation d’un chef de l’opposition. Celui-ci devient ipso facto le porte-parole de l’opposition politique. Last but not least, le chef de l’opposition sera consulté par le président de la République et le premier ministre. Le projet de loi doit fixer une périodicité de la production du rapport et déterminer les règles de représentation officielle du chef de l’opposition. En sus, le chef de file de l’opposition aura les mêmes avantages que le vice-président de l’Assemblée nationale. Cette décision est pour l’instant diversement appréciée. Si pour certains il s’agit d’une avancée démocratique qui met le Mali au diapason des grandes démocraties, d’autres estiment tout simplement qu’il s’agit d’une manière subreptice d’inviter l’opposition autour du gâteau national pour la faire taire. Pour les premiers, ce statut devrait permet à  l’opposition d’être à  l’abri de toute indépendance ou influence de quelque nature que ce soit qui l’empêche de jouer son véritable rôle de contre-pouvoir comme dans les grandes démocraties du monde. Ainsi le chef de l’opposition sera bien informé des grands dossiers du pays, sera associé aux prises de décisions et aura les coudées franches pour agir au nom de ses pairs. La nouvelle donne, indique-t-on sortira l’opposition de sa torpeur et gommera certainement certaines idées reçues qui assimilent les opposants aux aigris sociaux, ennemis du pouvoir, voire de fossoyeurs de la République. On se rappelle dans l’histoire de la jeune démocratie malienne le sort réservé aux opposants du régime d’Alpha Oumar Konaré. Emmené par feu Almamy Sylla du Rassemblement pour la démocratie et le progrès(RDP), le Collectif des partis politiques de l’opposition(COPPO), créé en avril 1997 et comprenant les partis politiques : MIRIA, CNID, COPP, PARI, PUDP, RDP, MPR). Les responsables de ce collectif dont les défunts Almamy Sylla et le professeur Mamadou Lamine Traoré ou encore Mountaga Tall ont essuyé le courroux et la force du régime en 1997 jusqu’à  l’empoissonnement. Dix ans plus tard, le Front pour la Démocratie et le Progrès(F composé du RPM, PARENA, COPP, RDS et beaucoup de petits partis, était voué aux gémonies. l’ostracisme et l’acharnement dont ont fait l’objet les cadres de l’actuel parti au pouvoir, le Rassemblement pour le Mali(RPM), en 2007 lorsque le parti du Tisserand a décidé d’aller dans l’opposition après 5 ans de compagnonnage avec le régime, en est une illustration éloquente. Pour les seconds, ce projet de loi est une manière déguisée d’appeler l’opposition au partage du gâteau avec la lourde conséquence pour celle-ci de donner un blanc-seing au pouvoir. Pour eux le schéma qui se dessine est le suivant : une opposition presque inféodée au pouvoir avec des avantages considérables. Et le résultat, déduit-on, donne une opposition dépendante, pouvoir galvaudée et insignifiante. Toutes comparaisons gardées, le schéma pourrait rappeler dans la pratique, prévient-on, le très atypique consensus démocratique expérimenté sous l’ancien président de la République Amadou Toumani Touré avec des résultats qui se passent de tout commentaire.