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Statut de l’opposition en Afrique : comparaison n’est pas raison

Plusieurs pays d'Afrique francophone, à l’instar du Mali, ont adopté un statut officiel pour le chef de file de l'opposition.…

Plusieurs pays d’Afrique francophone, à l’instar du Mali, ont adopté un statut officiel pour le chef de file de l’opposition. Mais notre pays est l’un des rares à le traduire dans la réalité.

Le coup d’État et l’occupation des 2/3 du territoire en 2012 ont été perçus au Mali comme une faiblesse institutionnelle et le délitement  de l’État, consécutivement à la gestion dite consensuelle du pouvoir. Dès lors, le rôle et la place de l’opposition dans le processus de construction démocratique devenaient cruciaux. La création d’un statut spécifique pour le chef de file de l’opposition est une illustration de la volonté de renforcer le système démocratique en officialisant le rôle de contrôle dévolu à l’opposition.  Au Burkina Faso, le principe d’un statut de l’opposition a également été adopté dès 2000, après la grave crise socio-politique suscitée par l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, en décembre 1999. Mais il faudra près de dix ans pour que Blaise Compaoré consente à appliquer cette loi instituant le Chef de file de l’opposition politique (CFOP). Autre pays frontalier du Mali, la Guinée a elle aussi récemment créé ce statut. Depuis le mois de décembre 2015, Cellou Dalein Diallo, député et président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le premier parti d’opposition, occupe officiellement la fonction. Au Niger, une loi encadrant le statut de l’opposition a été renforcée après la chute du président Tandja en 2010, et le chef de file de l’opposition nigérienne est aujourd’hui Seyni Oumarou, ancien Premier ministre et président du Mouvement national pour la société du développement (MNSD). Au Tchad i, depuis 2013, c’est Saleh Kebzabo, député et président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) qui occupe la fonction.

Peux mieux faire Outre le Mali et les pays cités, plusieurs pays francophones, principalement en Afrique de l’Ouest, ont institutionnalisé cette fonction qui émane pourtant d’une culture politique anglo-saxonne, mais ils attendent toujours la désignation de leur opposant en chef. Par exemple en  Côte d’Ivoire, la loi prévoyait que le parti venu en deuxième position lors de l’élection présidentielle occupe le poste. Mais les députés n’ont pas encore voté la dite loi. Au Togo, une loi officialisant un statut similaire a été adopté en 2013, mais son décret d’application n’a toujours pas été signé. Les avantages et privilèges prévus par ce texte ont par ailleurs attisé les tensions au sein d’une opposition déjà divisée. Enfin, au Sénégal, la constitution de 2001 reconnaît l’existence et les droits de l’opposition mais aucune loi ne codifie le statut de son chef de file.