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Sud-Soudan : Faire-part de naissance d’un nouvel Etat africain

25 ans de guerre civile En 1989, en pleine guerre civile, le général Omar El Béchir réussit son coup d'état…

25 ans de guerre civile En 1989, en pleine guerre civile, le général Omar El Béchir réussit son coup d’état et se proclame président à  vie, premier ministre à  vie, et ministre des armées et de la police à  vie. Il prétend ainsi ramener la paix civile. Il promulgue un nouveau code pénal calqué sur la loi islamique, la charia, applicable à  tout le pays : amputations, lapidations et décapitations au menu. Dans le silence assourdissant de la communauté internationale et des organisations de protection des droits de l’homme. Pourtant même l’associé d’Al Béchir, Hassan Al Tourabi ancien leader historique des Frères Musulmans, horrifié par ces excès, prendra ses distances au point d’être accusé d’apostasie et de se retrouver en prison ! Bien que, théoriquement, les provinces du Sud échappent à  ce traitement de choc, mais pas pour bien longtemps… S’ensuivit une reprise de la guerre civile, qui fera selon les estimations les moins alarmistes plus de 2 millions de morts et 4 millions de personnes déplacées. En 2003, alors que des pourparlers de paix sont en cours entre le Nord et le Sud, le gouvernement les rompt brusquement, attaquant par surprise ses adversaires. Mais les Sudistes plus motivés, connaissant mieux le terrain et bénéficiant de l’appui des populations, infligent de lourdes pertes aux soldats nordistes. Début 2004, l’armée régulière cède la place aux milices djanjawid qui assassinent environ 50.000 personnes, essentiellement des civils désarmés. Parallèlement en 2005, sous la pression d’états de la région jouant les bons offices, un armistice est signé. Il accorde au Sud une autonomie de 6 ans, à  l’issue desquels, un referendum d’autodétermination devra être organisé. Une première en Afrique oà¹, jusqu’à  présent, l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation était une sorte de dogme (l’à‰rythrée, dissociée de l’Ethiopie en 1993 après une longue guerre d’indépendance, avait déjà  existé dans le passé puis avait resurgi en tant que protectorat italien autonome). Un scrutin sans appel Pendant une semaine donc, les sud-soudanais se sont rendus massivement aux urnes. Certains ont fait des heures durant la queue devant les bureaux de vote pour voir concrétisé leur rêve. Un nouveau pays pour un peuple meurtri. La constitution soudanaise exige au moins 60% de votants pour un tel scrutin. Ce chiffre était atteint dès le quatrième jour. Hier, les premiers résultats provisoires publiés font état d’une participation de près de 99%. Du jamais vu sur le continent ! Les observateurs parlent d’une consultation plutôt loyale, sans débordement et avec une haute conscience populaire des enjeux du scrutin. La preuve que quand on lui donne l’occasion de s’exprimer, l’homme Africain ne demande qu’à  rentrer dans l’histoire ! Depuis une semaine, la population sudiste fait la fête, danse et chante dans les rues et sur les places des villes et des villages, tout le monde s’embrasse et se congratule, les combattants sont portés en triomphe, comme il sied lors de toute libération. D’autant qu’ils l’attendaient depuis 50 ans. Mais pas de triomphalisme intempestif. Les résultats officiels ne seront proclamés que début février, au plus tard le 15 ; et d’ici là , il peut se passer bien des « incidents diplomatiques ». Comme, par exemple, l’étrange crash aérien du chef sudiste John Garang en juillet 2005, là  encore en pleines négociations de paix. Ou le président Béchir qui regretterait les engagements pris de respecter les résultats du scrutin qui priverait son pays de de 30% de sa superficie mais surtout des 3/4 de ses richesses pétrolières et minières. l’espoir de bâtir une Nation La première grosse interrogation des sud-soudanais est le nom à  donner à  leur nouveau pays. Elle révèle la difficulté à  trouver une identité nationale et des valeurs communes pour une soixantaine de tribus parlant autant de langues, et que seul le combat pour la liberté contre les islamistes, réunissait. Même s’ils ont déjà  un drapeau et un hymne national, force est de constater que lors des trêves, on a déploré quelques affrontements tribaux. L’unité nationale est donc à  construire. En tout cas, il reste 6 mois jusqu’au 9 juillet 2011 à  ces Africains déterminés et courageux, pour proclamer leur indépendance (dans le meilleur des cas avec l’accord de Khartoum, mais ils pourraient s’en passer…) et devenir ainsi le 193ème Etat reconnu par l’ONU.