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Syrie, la guerre du quatrième pouvoir

En Syrie, en plus du terrain et de la diplomatie, les puissances s’affrontent aussi dans les médias, à coups de…

En Syrie, en plus du terrain et de la diplomatie, les puissances s’affrontent aussi dans les médias, à coups de propagande. Comme ce fut le cas récemment avec la chute d’Alep, une journaliste pro-russe à tenter de saper le travail des journalistes occidentaux.

S’agissant de la guerre en Syrie, un autre front où s’affrontent les puissances est celui des médias. Comme l’a démontré, le mercredi 13 décembre, une vidéo intitulée « Une journaliste démonte en deux minutes la rhétorique des médias traditionnels en Syrie » publiée sur le site Russia Today, qui serait financée par le pouvoir russe. Pour la journaliste indépendante, Eva Bartlett, en l’absence d’organisation fiable dans l’est d’Alep, il n’est pas possible pour les médias occidentaux d’obtenir des informations fiables. Elle s’en prend à l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et s’inscrit en faux contre la thèse selon laquelle le pouvoir syrien tuerait la population à Alep. «Mais l’analyse qu’elle fait en partant de ce constat est pour le moins partiale. D’abord à propos des civils. Les journalistes du Monde à Beyrouth sont par exemple au contact de personnes qui ont fui Alep, et certains récits valident tout à fait l’existence de civils victimes des forces syriennes. Leurs chroniques de l’écrasement de la rébellion se fondent aussi sur des sources institutionnelles, mais également, par exemple, sur les récits de contacts sur place. », explique Samuel Laurent et Adrien Sénécat dans « Les décodeurs ».  Cette vidéo conspirationniste est devenue la deuxième plus vue sur YouTube.

Les deux journalistes évoquent aussi des images utilisées à des fins de propagande. Comme celle d’ « Une petite fille qui court pour survivre, toute sa famille a été tuée. Ce n’est pas Hollywood. C’est la réalité en Syrie », qui, contrairement à ce qui a pu circuler sur la toile, serait tirée d’un clip de la chanteuse libanaise Hiba Tawaji en 2014.

C’est donc dire qu’en Syrie, comme dans toutes les guerres, la vérité est la première victime. Il est difficile  de vérifier les nombreuses informations qui circulent. Dans son hebdomadaire « Chronique du Blédard » publiée dans « Le Quotidien d’Oran », le journaliste et essayiste algérien Akram Belkaïd, évoque cette guerre des plus complexes sur laquelle il est difficile de se prononcer : « Ce qui me frappe dans la bataille des mots, c’est que de nombreuses personnes se positionnent surtout en fonction des médias occidentaux principaux. À les entendre, puisque des journaux comme Le Monde, le New York Times ou le Guardian dénoncent – ou critiquent – l’intervention russe en Syrie c’est donc que cette dernière doit être défendue et soutenue. Il est vrai que l’indignation médiatique occidentale à propos d’Alep est très sélective et que l’on aurait aimé entendre les mêmes discours quand les pauvres gazaouis mourraient sous les bombes à sous-munitions israéliennes. Mais concernant la Syrie, on peut aussi se rappeler qu’une montre cassée donne l’heure exacte deux fois par jour. Autrement dit, aussi critiquables soient-ils, les médias « mainstream » peuvent parfois être dans le juste. En tous les cas, en tant que journaliste, l’auteur de ses lignes préfère de loin lire un papier dans ces journaux plutôt que d’accorder le moindre crédit à cette floraison de sites dits alternatifs et qui ne sont qu’un ramassis de fausses informations et d’analyses tronquées cela sans oublier les médias financés par les fonds publics russes dont on est en droit d’interroger l’indépendance si ce n’est l’intégrité. », écrit-il.