Burkina : Formation des nouveaux VDP

Le gouvernement a lancé, en octobre 2022, le recrutement de 50 000 supplétifs civils de l’armée et a reçu plus de 90 000 candidatures.Dans son discours du nouvel an 2023, depuis Solenzo, le capitaine Ibrahim Traoré a rendu hommage aux « vaillants » volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

Il a affirmé que le processus de formation est en cours pour les VDP nationaux et prendra fin d’ici à quelques semaines.

Pour ce qui est des VDP communaux, le capitaine Ibrahim Traoré a assuré qu’ils ont déjà été installés et une bonne partie équipée.

« Nous les (VDP) assurons que nous les équiperons, nous les formerons tous et nous les accompagnerons dans leur tâche », a rassuré le président de la transition.

Le gouvernement a lancé, en octobre 2022, le recrutement de 50 000 supplétifs civils de l’armée dont 35 000 à vocation communale et 15 000 nationaux. Il a reçu la candidature de plus de 90 000 personnes, a rapporté en novembre dernier, la Brigade de veille pour la défense de la patrie (BVDP).

Le capitaine Ibrahim Traoré a loué cet « élan patriotique ». « Nous ne saurons les saluer et je puis vous assurer que nous mettrons tout en œuvre pour qu’ils puissent pleinement jouer leur rôle dans cette guerre », a ajouté le chef de l’Etat.

En décembre, le Parlement de la Transition a adopté l’unanimité, une nouvelle loi sur les supplétifs civils. Celle-ci prend en compte les VDP nationaux en élargissant sur champ d’actions et donne un cadre juridique à la BVDP, en tant qu’organe central d’administration de ces supplétifs de l’armée.

Burkina : Au moins 25 presumés jihadistes tués dans le Sahel

La région est le théâtre d’exactions des groupes jihadistes.Des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ont mené, ce dimanche 1er janvier 2023, une opération contre des bases de groupes jihadistes dans la région du Sahel, ont rapporté plusieurs sources concordantes à APA.

Cette offensive a visé les sanctuaires jihadistes installées dans les localités de Tambondi, Wantarangou et Nabaningou dans la province du Yagha.

Les supplétifs civils de l’armée ont détruit lesdites bases avant de neutraliser au moins 25 présumés jihadistes, affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), ont affirmé nos sources.

Les assaillants ont enregistré d’énormes dégâts matériels. Des motos, des armes et des munitions ont été récupérées et/ou détruites. Le butin a été présenté dans la ville de Sebba, chef-lieu du Yagha.

La région du Sahel est le théâtre d’exactions des groupes armés jihadistes depuis 2015.

Burkina : le capitaine Traoré invite les soldats à incarner l’espoir des populations

Le Président de la Transition, Ibrahim Traoré s’est adressé à la Nation, à l’occasion du nouvel an.C’est depuis Solenzo, située dans la region de la Boucle du Mouhoun, reprise il y a quelques semaines des mains des jihadistes que le Président de la transition a prononcé son discours de nouvel an. « Le lieu précis, parmi ces combattants, est solennel parce qu’ailleurs pendant que les esprits sont à la fête, dans la tête de ces combattants, l’esprit est à la guerre », a affirmé le capitaine Ibrahim Traoré qui a salué la « bravoure » des soldats et rendu hommage à tous les combattants engagés dans la lutte contre les groupes jihadistes.

« Ne jamais baisser les bras ; il faut protéger ces populations, il faut les défendre… Lorsque dans la journée, ils [les civils] se battent pour chercher leur pain quotidien, que nous, nous soyons dans les brousses pour leur permettre de le chercher en toute sécurité. Et la nuit, lorsqu’ils seront endormis, que nous soyons encore dans la brousse pour leur permettre de dormir tranquillement ; c’est notre mission, la mission du combattant, mission noble. Et c’est ça la gloire, c’est ça l’honneur… Je demande donc aux braves combattants partout au Burkina Faso de redoubler d’efforts, de voir l’espoir de vie que cela suscite chez les populations en les voyant », a insisté le capitaine Ibrahim Traoré.

Pour lui, la réorganisation de l’armée, entamée depuis son arrivée au pouvoir, se mesure par le changement de tactique sur le terrain de lutte contre le terrorisme. « Nous parlerons de changement stratégique dans les jours à venir », a déclaré le chef suprême des armées qui a fait cas d’acquisition massive d’équipements de guerre.

« Cette réorganisation logistique est en cours et va s’amplifier dans les jours à venir. Parce que le souhait pour nous, c’est que lorsque les populations demandent les forces, qu’elles soient présentes. Et cela demande de la logistique. C’est en cours de résolution et nous n’avons aucun doute que cela puisse se faire et que nous puissions dans des brefs délais, pouvoir subvenir rapidement aux besoins sécuritaires de nos populations », a assuré le président de la transition.

Le pays est confronté depuis 2015 à une situation sécuritaire marquée par des exactions des groupes jihadistes. Le manque de matériels de guerre de l’armée a été relevé à plusieurs reprises comme l’une ses faiblesses.

Fêtes de fin d’année : sécurisation des plages ivoiriennes

Dans le but de permettre aux populations de célébrer sereinement les fêtes de fin d’année, le ministère des Transports initie une série d’opérations de sécurisation, dont Espadon 1 focalisée sur les alentours des plans d’eau.Quelque 250 agents de la police maritime ont été déployés à travers le pays pour la sécurisation et l’assainissement des plages. L’opération Espadon 1, elle, est placée sous le pilotage de la Direction générale des affaires maritimes et portuaires (DGAMP).   

Le directeur intérimaire de la DGAMP, le colonel Julien Kouassi Yao, a effectué une visite de contrôle et de mobilisation des troupes ce vendredi 30 décembre 2022 sur les plages d’Assinie et de Grand-Bassam, au Sud-Est d’Abidjan.  

Son message à ses hommes, a consisté à leur recommander de garder la vigilance afin que cette opération soit une réussite. 

L’opération entre, par ailleurs, dans un plan global de sécurisation des fêtes de fin d’année, de régulation des transports, de protection des biens et des personnes. « Vous devez faire consciencieusement votre travail. Faire en sorte de veiller à ce que tout ce qui est bagarre, délits, circulation d’armes ou de consommation de stupéfiants soit proscrit », a déclaré le colonel à ses subalternes.   

L’opération qui s’étend jusqu’au 03 janvier 2023 a permis d’enregistrer certains résultats, dont la sauvegarde d’une victime de noyade à San Pedro (Sud-ouest), la saisie d’armes blanches et l’interpellation d’individus s’adonnant à la consommation de stupéfiants aux abords des plages.

Pour le colonel Julien Kouassi Yao, le bilan à mi-parcours est « positif ». Cette opération couvre notamment 5 arrondissements de la direction générale des affaires maritimes et portuaires : Grand-Bassam, Jacqueville, Adiaké, San-Pedro et Abidjan.

Afrique de l’Ouest : 2022, une année de turbulences politiques

L’année 2022 en Afrique de l’Ouest a été politiquement mouvementée avec surtout la question des 46 soldats ivoiriens détenus depuis juillet au Mali, suscitant la colère de la Cédéao qui, après avoir mis ce pays sous embargo, tente de trouver une solution définitive aux coups d’Etat intempestifs à l’image du double putsch survenu au Burkina Faso.Quel destin pour les 46 militaires ivoiriens encore détenus au Mali ? Cinq mois après leur arrestation et des allers-retours diplomatiques pour leur libération, leur procès s’est enfin ouvert jeudi 29 décembre à huis clos à la Cour d’appel de Bamako sous un impressionnant dispositif sécuritaire. La Cour d’Assises de Bamako les a condamnés ce vendredi à 20 ans de réclusion criminelle.

Le 10 juillet 2022, en effet, un avion transportant 49 soldats ivoiriens, avec « armements, munitions et équipements », mais sans ordres de mission clairs d’après le pouvoir malien, atterrit à l’aéroport de Bamako. La Côte d’Ivoire et le Mali semblent ne s’être pas parlé ou compris dès le départ, mettant ces militaires devant le fait accompli. Accusés d’être des « mercenaires », ils ont été « immédiatement interpellés ». Ce qui ouvre une querelle diplomatique entre les deux pays voisins.

Exigeant la libération de ses soldats, Abidjan a expliqué à l’opinion internationale que ces derniers étaient venus au Mali pour appuyer le contingent ivoirien de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Plusieurs organisations et pays occidentaux ont tenté de se mêler de cette affaire « purement judiciaire et bilatérale », estime Bamako. Mais le Mali, qui a accepté de libérer en septembre trois femmes parmi les 49 soldats ivoiriens grâce à la médiation togolaise, n’a pas réussi à faire déchanter particulièrement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).

De l’embargo à « la souveraineté retrouvée »

En effet, la junte militaire malienne mettait « en garde contre toute instrumentalisation de la Cedeao par les autorités ivoiriennes » après la demande d’un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement, finalement tenu début décembre à Abuja, au Nigeria. A l’issue de cette réunion, l’organisation régionale a menacé de prendre de nouvelles sanctions contre le Mali « si les militaires ivoiriens n’étaient pas libérés avant le 1er janvier 2023 ».

Les autorités maliennes n’oublient pas l’embargo prononcé contre leur pays en janvier 2022 par les dirigeants de la Cedeao pour sanctionner la décision de la junte militaire de se maintenir au pouvoir pour cinq nouvelles années au maximum sans élection. Jusqu’en juillet de l’année 2022, les frontières des quinze pays de la Cedeao, à l’exception de la Guinée, également dirigée par une junte militaire, étaient fermées au Mali. Seuls les produits de première nécessité continuaient de circuler.

Pour magnifier la résilience du peuple malien, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a institué « le 14 janvier, Journée de la souveraineté retrouvée », en souvenir de la mobilisation inédite des Maliens contre les sanctions de la Cedeao au sortir de la très éprouvante pandémie de Covid-19 dans la région.

L’année 2022 a été également celle où l’opération française « Barkhane » a acté son départ du Mali sans réussir à y vaincre totalement le terrorisme qu’elle était venue combattre neuf ans durant. Effective depuis août, cette décision de retrait pour un redéploiement dans les autres pays du Sahel dont le Niger a été prise depuis février par le président Emmanuel Macron.

Barkhane, Burkina et force anti-putsch

Les relations diplomatiques entre Paris et Bamako se sont détériorées après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020 et la destitution en mai 2021 du président de transition Bah Ndaw par le même groupe d’officiers dirigés par le colonel Assimi Goïta. Depuis lors, les escalades verbales entre la France et le Mali s’effectuent régulièrement à travers des communiqués, des déclarations télévisées ou lors de certaines rencontres internationales.

Au Burkina Faso voisin, miné par le terrorisme et où le « sentiment anti-français » prend de plus en plus de l’ampleur comme dans plusieurs pays du continent, les militaires y ont perpétré en 2020 deux coups d’Etat. Tout a commencé en janvier lorsque le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a affirmé avoir renversé le régime démocratiquement élu du président Roch Marc Christian Kaboré. « Une décision prise dans le seul but de permettre à notre pays de se remettre sur le bon chemin et de rassembler toutes ses forces afin de lutter pour son intégrité territoriale, son redressement et sa souveraineté », expliquait alors le groupe d’officiers.

Cependant, le lieutenant-colonel Damiba et ses hommes n’ont pas réussi, malgré leurs promesses, à vaincre l’hydre jihadiste. C’est ainsi qu’un second coup d’Etat, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, est intervenu huit mois plus tard, le 30 septembre précisément, exaspérant davantage la Cedeao qui veut trouver une solution définitive à la récurrence des coups d’Etat dans la région.

Le procès du 28-Septembre enfin ouvert

Président en exercice de cette organisation régionale souvent qualifiée par certains détracteurs de « syndicat de chefs d’Etat », le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, qui a lui-même failli être renversé en février dernier dans une tentative de putsch, a évoqué cinq mois plus tard à Paris, en France, l’idée de la création d’une « force anti-putsch ». Même si toutes ses modalités ne sont pas encore dévoilées, cette force viendra en appoint à la lutte contre le terrorisme, ont précisé les dirigeants ouest-africains lors de leur réunion de décembre.

La Guinée également n’est pas indemne du reproche de la Cedeao par rapport aux coups d’Etat intempestifs. Le dernier qui s’est produit en septembre 2021 a installé le capitaine Mamady Doumbouya à la tête du pouvoir. Mais après un an d’exercice, la junte guinéenne a réussi là où le régime d’Alpha Condé a échoué pendant plus d’une décennie : l’organisation du procès du massacre du stade 28 septembre de Conakry.

Dans un tribunal spécialement construit pour ce moment symbolique, les audiences ont été ouvertes le 28 septembre 2022, une date historique qui fait renaître plusieurs souvenirs dans la tête des Guinéens, des plus beaux aux plus tragiques. C’est à cette date notamment, en 1958, que le premier président du pays, Sékou Touré, avait voté « Non » au référendum sur le projet de Constitution proposé par le général Charles de Gaulle pour l’établissement d’une Communauté franco-africaine. Mais c’est à cette date aussi, un demi-siècle plus tard, qu’au moins 156 personnes avaient été tuées, 109 femmes violées et de nombreuses personnes blessées lors d’un rassemblement de l’opposition organisé dans le stade éponyme, selon un bilan établi par une enquête des Nations unies.

De retour en Guinée à la veille de l’ouverture du procès après plusieurs années d’exil au Burkina Faso, l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, a été accusé, en compagnie d’une dizaine d’ex-collaborateurs dont son ancien aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité dit « Toumba », de ces violations des droits humains. Ils sont tous placés en détention et comparaissent dans des audiences retransmises en direct et qui ne devraient pas s’achever avant plusieurs mois.

Deux élections au Sénégal

L’actualité politique au Sénégal a été surtout marquée cette année par la perte de plusieurs grandes villes par la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (unis pour un même espoir), lors des élections municipales et législatives organisées respectivement en janvier et juillet, fragilisant auprès de l’électorat le président Macky Sall que ses adversaires prêtent l’ambition de vouloir se représenter à une controversée troisième candidature à l’élection présidentielle de 2024.

Toutefois, après avoir analysé ces résultats électoraux, le chef de l’Etat a tenté de regagner le cœur des Sénégalais en nommant un Premier ministre en septembre, un poste pourtant resté vacant depuis près d’un an. Quatre mois après sa réélection en 2019, le président Macky Sall avait décidé de le supprimer en vue de mieux gouverner sur le mode « fast-track ».

Mais au bout de deux ans, le président Sall, qui a pris les rênes de la présidence de l’Union africaine (UA), a décidé de restaurer le poste de Premier ministre dans l’objectif de prendre avec son gouvernement de « nouvelles mesures » sur le plan social. Le chef de l’Etat a porté son choix sur Amadou Ba, 61 ans, un inspecteur des finances formé à l’Ecole nationale d’administration (Ena) et ancien ministre dont il est réputé proche.

Le 15 décembre dernier, le gouvernement de M. Ba a survécu à une motion de censure présentée par la coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple), la première formation de l’opposition parlementaire qui compte parmi ses leaders Ousmane Sonko, considéré par plusieurs observateurs comme le nouveau chef de file de l’opposition. Votée par 55 députés, cette motion n’a pas recueilli la majorité absolue de 83 des 165 sièges de l’Assemblée nationale sénégalaise qui se caractérise, dans sa quatorzième législature, par l’équilibre des forces entre l’opposition et le pouvoir.

Mali : les soldats ivoiriens condamnés à 20 ans de prison

La Cour d’Assises spéciale de Bamako a eu la main lourde contre les militaires ivoiriens.Interrompu dans l’après-midi d’hier jeudi 29 décembre 2022, le procès des 46 soldats ivoiriens arrêtés à Bamako depuis juillet 2022 pour « mercenariat » a repris ce vendredi 30 décembre, à la Cour d’Appel de Bamako.

L’audience s’est tenue à huis clos sous haute sécurité. Seuls les juges, les avocats, l’huissier de séance et les accusés. Les mis en cause ont tous plaidé non coupables pour les charges retenues contre eux, à savoir « association de malfaiteurs, attentat et complot contre le gouvernement, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle et collective ayant pour but de troubler gravement ».

Finalement, c’est en début d’après-midi que le verdict est tombé. Créée spécialement pour juger les militaires ivoiriens, la Cour d’Assises les a condamnés à 20 ans de réclusion criminelle et deux millions d’amendes.

Les trois dames qui faisaient partie de ce groupe, libérées depuis septembre dernier « pour des raisons humanitaires » ont été condamnées par contumace à la peine de mort.

Après ce verdict, beaucoup s’attendent maintenant à une grâce présidentielle devant leur permettre de rentrer de regagner leur pays, si l’on s’en tient aux dispositions du mémorandum d’accord signé la semaine dernière entre les autorités ivoiriennes et maliennes pour la libération de ces militaires.

L’arrêt de renvoi de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako précise que les 49 éléments sont tous des militaires de l’armée ivoirienne, contrairement à une rumeur selon laquelle il y avait des « étrangers parmi eux qui sont entrés en territoire malien en dissimulant leur vraie identité ».

RDC : au moins 370 civils tués par les jihadistes depuis avril (rapport)

Les jihadistes ougandais affiliés à l’Etat islamique poursuivent leurs activités dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).Dans l’Est de la République démocratique du Congo, le conflit opposant les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et les Forces armées loyales est-il en train de faire oublier l’insurrection des jihadistes connus anciennement sous le nom de Forces démocratiques alliées (ADF) ? Selon le dernier rapport des experts de l’Onu sur la RDC consulté à APA, l’État islamique continue d’étendre sa zone d’intervention et d’attaquer les civils dans les territoires de Béni et de Lubero au Nord Kivu et dans le sud de l’Ituri. Un activisme expansionniste dans le pays malgré les opérations menées par les militaires congolais et leurs alliés ougandais au Nord-Kivu.

Créé officiellement en 1995 par Jamil Mukulu afin de renverser Yoweri Museveni au pouvoir depuis 1986 pour ensuite appliquer la charia en Ouganda, les Forces démocratiques alliées (ADF, sigle en anglais) ont été contraintes par l’armée ougandaise à s’installer dans l’est de la RDC.

Selon le rapport du groupe d’experts, les jihadistes, se sont simultanément déployés sur plusieurs fronts, en ayant pour objectif à se « réapprovisionner, à prospecter de nouveaux camps, à détourner l’attention des opérations militaires des ADF ou à se venger de ces opérations, notamment pour saper le soutien populaire à l’opération Shuja ».

À Beni, poursuivent les experts onusiens, « l’empreinte des ADF est large, avec des attaques dans la ville, au nord-est le long de la route RN4 entre Mamove-Oicha et Eringeti, au nord-ouest à la frontière avec l’Ituri, à l’est dans le Watalinga et au sud est, dans le secteur de Rwenzori, ou les rebelles islamistes avaient encore plusieurs camps ». Dans le secteur de Rwenzori, les attaques de certains membres des FARDC et d’hommes non identifiés, agissant parfois de concert et déguisés en ADF pour récolter et/ou voler du cacao se sont poursuivis ».

Le groupe d’experts indique que dans le sud-est, à Bashu, les attaques des ADF se sont poursuivies, atteignant le territoire de Lubero avec une activité accrue dans et autour de Butembo, y compris deux attaques impliquant des « engins explosifs improvisés ». Dans la même zone, les jihadistes ont libéré des prisonniers dont certains ont été ensuite enrôlés par les insurgés.

Les experts qui ont constaté une expansion des activités des ADF en Ituri, font état de « la mort d’au moins 370 civils tués par les jihadistes affiliés à l’Etat islamique depuis avril 2022 et l’enlèvement d’au moins 374, dont un nombre important d’enfants ».

Pour obtenir des médicaments, ils n’ont pas hésité à piller des centres de santé. Le 20 octobre 2022, les ADF ont attaqué Maboyo en territoire de Beni, tuant au moins sept civils, dont trois femmes et enlevant plus d’une dizaine de civils, contraints de porter du butin. Les assaillants ont aussi pillé et incendié deux centres de santé, quatre pharmacies, plusieurs maisons civiles et des magasins. « Ils ont besoin de se ravitailler quand leurs chaînes d’approvisionnement sont coupées par les opérations de l’armée. L’autre explication est liée au besoin naturel de soigner leurs blessés de guerre dans leurs camp », explique le journaliste congolais Fiston Mahamba Wa Biondi. Selon ce dernier, les jihadistes peuvent aussi « organiser des attaques contre les pharmacies et des institutions sanitaires qui travaillent avec leurs fonds et n’arrivent pas à rembourser ou à exécuter des tâches qui leur sont confiées ».

Le rapport s’est aussi inquiété de la propension du groupe jihadiste à utiliser des engins explosifs dans ses opérations, prouvant que le groupe optait désormais pour des opérations plus meurtrières, parfois en milieu urbain, y compris des attentats suicides, par le biais d’un réseau établi et de cellules opérationnelles.

En atteste la première attaque kamikaze commise le 7 avril à Goma impliquant un engin explosif improvisé porté par une femme. Il a été établi que l’attaque a été planifiée par les ADF en s’appuyant sur un réseau de collaborateurs à Goma. Le 6 septembre, un adolescent de 17 ans a déposé un engin explosif improvisé devant le bureau de l’Agence nationale du renseignement (ANR) à Butembo. L’explosion a blessé deux agents de l’ANR.

Cette professionnalisation du groupe serait-elle le fruit de ses liens indéniables avec l’Etat islamique ? Depuis 2019, les ADF ont fait allégeance à l’Etat islamique alors dirigé par Abu Bakr al Baghdadi. Le groupe d’experts constate qu’à partir d’avril 2022, le nombre de revendications au nom de la « province d’Afrique centrale » a de nouveau augmenté. Dans une logique de donner plus de visibilité à ses « provinces » africaines, l’EI encourage le ralliement à ces dernières et n’a cessé depuis à mettre en valeur leurs activités.

En novembre 2022, le groupe jihadiste a publié une vidéo de propagande de 20 minutes sur les ADF intitulée « la vie du jihad ». Clairement, l’objectif de l’international jihadiste est de montrer que les ADF se sont alignés sur son idéologie. Le 28 décembre, les branches médiatiques de l’EI ont publié une nouvelle vidéo d’un peu plus de neuf minutes des ADF, faisant leur allégeance au nouveau « Calife » Abu Hussein al Husseini al Qourachi, successeur de Abou Al Hassan al Hachimi Al Qourachi.

Mali : suspension du procès des soldats ivoiriens

Les soldats ivoiriens détenus au Mali comparaissent devant la Cour d’Assises de Bamako.Le procès des 46 militaires ivoiriens arrêtés à Bamako depuis juillet 2022 pour « mercenariat », ouvert ce jeudi 29 décembre, a été suspendu. L’audience reprendra demain vendredi 30 décembre.

Les accusés étaient arrivés ce matin à la Cour d’Appel de Bamako où ils comparaissent devant la Cour d’Assises spéciale organisée à cet effet. C’est aux environs de 9 heures (GMT) que le bus de couleur blanche les transportant est arrivé sur les lieux, escorté par un dispositif sécuritaire impressionnant.

A part, les accusés et leurs avocats, l’audience s’est déroulée à huis clos. Tous les autres visiteurs ont été déguerpis hors de l’enceinte de la Cour d’Appel de Bamako.

C’est finalement après 16 heures que l’un des avocats de la défense est sorti informer le public que les travaux ont été suspendus pour reprendre demain vendredi.

Selon l’arrêt de renvoi, les 49 soldats (dont 3 femmes qui sont libérées depuis septembre dernier) appartiennent tous à l’armée ivoirienne, alors qu’au moment de leur arrestation, circulait une rumeur selon laquelle il y a des « étrangers parmi eux qui sont entrés en territoire malien en dissimulant leur vraie identité ».

Ils sont poursuivis pour « association de malfaiteurs, attentat et complot contre le gouvernement, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle et collective ayant pour but de troubler gravement ».

Le procès qui pourrait aboutir leur libération est le fruit du mémorandum d’accord signé, il y a une semaine, entre les autorités maliennes et ivoiriennes, en présence du chef de la diplomatie togolaise dont le pays joue le rôle de médiateur cette crise entre Bamako et Abidjan.

Mali : focus sur l’arrêt de la Chambre d’accusation contre les soldats ivoiriens

La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a renvoyé les 46 soldats ivoiriens devant la Cour d’Assises pour y être jugés.S’achemine-t-on vers la fin du feuilleton des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali ? Auditionnés ce jeudi 29 décembre par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako, les accusés ont été renvoyés devant la Cour d’Assises de la capitale pour jugement.

Cette juridiction a déclaré que la prévention des divers faits reprochés aux inculpés dont celui d’avoir porté atteinte à la sûreté extérieure du Mali a suffisamment été établie.

Dans son arrêt de renvoi devant la Cour d’assises, la chambre d’accusation reproche aux militaires ivoiriens d’avoir, ensemble et de concert, formé une association, établi une entente dans le but de préparer ou de commettre un attentat contre les personnes ou les propriétés au Mali.

Selon l’acte d’accusation, les inculpés auraient aussi tenté d’attenter à la sûreté intérieure de l’Etat du Mali, notamment, en ayant tenté de commettre un attentat ou un complot dans le but de renverser par tous les moyens le gouvernement légal ou de changer la forme républicaine de l’Etat, soit d’inciter les citoyens ou les habitants à s’armer contre l’autorité.

La justice malienne les accuse aussi, étant étrangers, d’avoir porté atteinte, en temps de guerre, à la sûreté extérieure de l’Etat du Mali, notamment en ayant entrepris par quelque moyen que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire malien, et entretenu avec des agents d’une puissance étrangère des intelligences ayant pour objet de nuire à la situation militaire ou diplomatique du Mali.

Il est également reproché à ces prisonniers d’avoir porté atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat du Mali ou à l’intégrité du territoire national par l’emploi illégal de la force armée, notamment en ayant levé ou fait lever des troupes armées, engagé ou enrôlé des soldats en leur fournissant ou procurant des armes et munitions sans autorisation du pouvoir légal.

La Cour les accuse par ailleurs d’avoir détenu, porté, transporté des armes et munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle et collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur.

Enfin, elle les soldats ivoiriens en détention au Mali depuis juillet 2022 sont accusés d’être complices notamment par aide ou assistance de la commission des infractions ci-dessus spécifiées.

Tchad : Baba Laddé, l’ex-patron du renseignement tombé en disgrâce du pouvoir

Ex-chef rebelle et ancien patron des Renseignements généraux (RG), Mahamat Abdoul Kadré Oumar connu sous le nom Baba Laddé est gardé dans les locaux des RG depuis le 26 décembre 2022.Il est l’un des chefs rebelles tchadiens qui ont le plus eu maille à partir avec la justice. Et visiblement, la prison le réclame encore. Depuis le 26 décembre 2022, l’ex-chef rebelle et ancien Directeur général du Renseignement et de l’Investigations (DGRI), Mahamat Abdoul Kadré Oumar plus connu sous le pseudo Baba Laddé (père de la brousse en langue foulbé, surnom que lui a donné sa grand-mère) est interpellé et gardé dans les locaux des Renseignements généraux du Tchad. Officiellement, aucune raison de son interpellation n’est communiquée.

D’ethnie peule, Baba Laddé est né dans les années 1970 à Gounou-Gaya, dans le Mayo-Kebbi Est, province située à 220 Km au Sud de N’Djamena, la capitale tchadienne. Après ses études primaires et du 1er cycle (6e en 3e) effectuées à Gounou-Gaya, Baba Laddé intègre le lycée technique commercial en 1990.

Alors qu’il était en classe de Terminale, il passe en 1995 le concours d’entrée à la gendarmerie où il était reçu. Au sein de ce corps, il a exercé comme secrétaire du commandant du centre d’instruction puis archiviste de la gendarmerie.

Maréchal des Logis Chef, il devient capitaine en 1998. A la suite d’un conflit dans le Sud et dans le Chari Baguirmi entre éleveurs peuls et autorités locales, Baba Laddé crée, avec un groupe de jeunes peuls, le Front populaire pour le redressement (FPR) inspiré du Le Front patriotique rwandais (FPR).  Trahi par un des membres, Baba Laddé est arrêté le 15 octobre 1998 avec trois autres de ses camarades. Libéré en septembre 1999, « le père de la brousse » trouve refuge au Cameroun et entame une carrière de rebelle.

Avec sa troupe, il erre entre le Soudan, la République centrafricaine et le Tchad. Plusieurs fois, il a engagé des pourparlers avec les autorités tchadiennes pour déposer les armes. Grâce à un accord de paix, Baba Laddé a été nommé Conseiller chargé de mission à la Primature en 2013 puis Préfet de Maro, une ville frontalière avec la Centrafrique en 2014. Démis de cette dernière fonction, il a manqué de peu d’être arrêté par les forces tchadiennes alors que la population s’opposait à son remplacement à la tête du département.

Signalé en Centrafrique, il est arrêté par les forces onusiennes puis extradé au Tchad où il a été condamné à huit ans de prison ferme pour assassinat, association des malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu. Il purge sa peine pour être libéré en 2020.

En 2021, Baba Laddé dépose sa candidature à la magistrature suprême au nom de son mouvement armé, le FPR. Mais la Cour Suprême le recale pour non reconnaissance de son mouvement comme parti politique. Il entre en clandestinité pour réapparaître publiquement en mars 2021 au côté du défunt président Idriss Déby Itno en campagne présidentielle à Bongor dans le Mayo-Kebbi Est. Signe d’une réconciliation avec celui qui l’a traité longtemps de coupeur de route, de bandit de grand chemin, ne lui reconnaissant pas le statut de rebelle.  

A la mort du président Idriss Déby Itno en avril 2021, Baba Laddé trouve grâce aux yeux du nouveau maître du Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno. Il le nomme en octobre 2021 Directeur général du Renseignement et de l’Investigations (DGRI), la toute puissante agence d’espionnage et de contre-espionnage, un poste stratégique.

Il est éjecté cinq mois plus tard pour être nommé Secrétaire général du ministère de la Sécurité publique et de l’Immigration. Il occupe ce poste jusqu’à la formation du nouveau gouvernement de transition en octobre 2022.

Depuis lors, l’ex-maquisard se fait discret jusqu’à la date du 20 décembre 2022 où il a annoncé sur Facebook qu’il est invité par un pasteur peul pour assister à la célébration de la fête de Noël dans le département de Dourbali dans le Chari-Baguirmi. Et c’est à son retour de cette ville, le 26 décembre, qu’il a été interpellé dans la soirée par les agents de la DGRI. « Baba Laddé, c’est un mystère. Difficile de le cerner. C’est un homme discret. Tu entends parler de lui que quand il a des problèmes ; et il en a toujours », résume Moussa Guedmbaye, un journaliste tchadien.

Afrique de l’Ouest: rôle nuancé de l’or dans le financement des conflits (étude)

L’interaction entre l’or, la gouvernance et la criminalité peut contribuer à l’instabilité et à la violence, souligne un rapport de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC, sigle anglais).« Au-delà du sang ! Or, conflits et criminalité en Afrique de l’Ouest » du chercheur Marcena Hunter est la toute dernière production de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC, sigle anglais) consacrée à cette partie du continent noir minée par les conflits armés.

Alors que l’or est souvent qualifié de minerai de sang en raison de son rôle dans le financement des conflits, Marcena Hunter y démontre que la relation entre le secteur de l’or, l’instabilité et la violence est beaucoup plus nuancée, avec des dynamiques régionales complexes.

Dans le centre de production d’or de l’Afrique de l’Ouest, où l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’or (ASGM) est omniprésente, souligne-t-elle, une vague croissante d’insécurité et de violence ces dernières années ajoute à la complexité du secteur. A l’en croire, des réseaux criminels qui relient les mines locales aux centres commerciaux internationaux, exploitant le secteur de l’or à des fins financières et de pouvoir se trouvent tissés dans le réseau alambiqué d’acteurs, d’activités et de chaînes d’approvisionnement de la région.

« L’analyse de ce rapport démontre que la réalité des relations entre l’or, les conflits et la criminalité remet en question le récit simpliste des « minéraux sanguins » utilisés pour financer les conflits, offrant une compréhension beaucoup plus nuancée de l’importance du secteur de l’or en Afrique de l’Ouest. Au contraire, l’or est étroitement lié à la survie, à l’argent, au pouvoir et à la criminalité », affirme la  chercheure américaine.

Criminalité, fragilité et violence

En Afrique de l’Ouest, note Mme Hunter, l’exploitation criminelle du secteur de l’or est favorisée par l’informalité persistante et généralisée, due en partie aux importantes barrières à l’entrée dans le secteur formel, et au manque de soutien aux mineurs informels et aux commerçants d’or. En conséquence, dit-elle, les élites corrompues et criminelles dans les sphères politiques et commerciales peuvent capter les flux d’or illicites, contribuant davantage aux frustrations de la communauté qui peuvent donner lieu à des conflits.

Par ailleurs, signale la chercheure du GI-TOC, lorsque le secteur de l’or contribue au financement des conflits dans la région, sa forme et sa valeur peuvent varier considérablement. Dans les endroits où les conflits et l’extraction de l’or se chevauchent, les groupes armés peuvent cibler le secteur de l’or en taxant les activités minières et commerciales, en exigeant le paiement des mineurs pour assurer la sécurité ou en établissant des points de contrôle le long des routes vers les sites miniers et les centres commerciaux pour la collecte des paiements.

De même, relève-t-elle, les membres des groupes armés peuvent également s’engager directement dans l’extraction de l’or, soit pour un gain financier personnel, soit au profit du groupe. Pourtant, fait-elle remarquer, dans de nombreuses régions, l’or n’est pas la principale source de revenus des groupes armés ; d’autres industries comme le secteur de l’élevage sont également visées.

Entre fragilité accrue et conflit, se trouvent des milices locales d’autodéfense et identitaires, qui peuvent agir en coopération ou en concurrence avec l’État. En Afrique de l’Ouest, ces groupes appartiennent à un éventail allant des institutions de sécurité hybrides aux rackets de protection de type mafieux dirigés par des « entrepreneurs violents », indique la chercheure.

Selon cette dernière, il existe un important chevauchement entre ces groupes et le secteur de l’or, avec de nombreux exemples de groupes assurant la sécurité sur les sites des aurifères et le long des voies de transport. Pourtant, remarque Mme Hunter, les origines des différents groupes, leurs rôles dans les communautés locales et le secteur de l’or, et leur rôle dans la dynamique des conflits varient considérablement.

L’impératif économique de l’or

Au-delà du rôle de l’or dans le financement des conflits, Marcena Hunter s’est intéressée à la place de cette ressource dans la zone. La responsable thématique sur les extractifs et les flux illicites au GI-TOC fait ainsi savoir que l’importance locale du secteur de l’or est compliquée par le fait qu’il s’agit d’un moteur économique majeur et d’une source essentielle de moyens de subsistance dans toute l’Afrique de l’Ouest. Elle devient de plus en plus importante à mesure que d’autres moyens de subsistance ruraux deviennent moins tenables en raison du changement climatique.

C’est ainsi que l’ASGM a attiré un large éventail d’acteurs, des communautés locales ayant besoin de moyens de survie, aux personnes à la recherche d’opportunités d’emploi plus lucratives, aux hommes d’affaires relativement riches et aux investisseurs étrangers cherchant à tirer profit de l’exploitation minière semi-industrielle, souligne-t-elle. 

« L’analyse de la relation entre l’or, les conflits et la criminalité en Afrique de l’Ouest doit être inscrite dans les trajectoires à long terme, les pressions économiques et les économies politiques aux niveaux local, régional et transnational », suggère-t-elle. 

Pour elle, compte tenu de la contribution économique de ce secteur à travers l’Afrique de l’Ouest, il est impossible de saisir pleinement la relation entre l’or et les conflits sans reconnaître son rôle en tant qu’instrument de paix.

« À mesure que les pressions environnementales sur l’agriculture et l’élevage dues au changement climatique augmentent, la valeur du secteur aurifère en tant que filet de sécurité économique et compensation de l’exode rural augmentera probablement. Parmi les bénéficiaires se trouvent des personnes qui auraient autrement rejoint des groupes armés non étatiques ou se seraient livrées à d’autres activités illicites, sans doute plus nuisibles », affirme Mme Hunter.

En outre, poursuit-elle, l’ASGM et les services associés fournissent une source de revenus et, peut-être plus important encore, un espoir aux personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) qui n’ont que peu d’autres options pour survivre. « À ce titre, les contributions du secteur aurifère à la paix et à la sécurité ne peuvent être ignorées », conclut la chercheure.

Côte d’Ivoire : création d’une amicale des aviateurs militaires

Cette amicale vise à pérenniser et renforcer les liens entre les acteurs de l’aviation militaire en Côte d’Ivoire.Cette organisation a été présentée à l’occasion de la journée hommage aux nouveaux retraités de l’armée de l’air de Côte d’Ivoire. Au cours de cette cérémonie, près de 20 fonctionnaires militaires de l’année 2021 et 2022, ont été admis à faire valoir leurs droits à la retraite.

L’annonce de la création de l’amicale des anciens de l’armée de l’air de Côte d’Ivoire (4ACI), a été faite ce vendredi 23 décembre par le chef d’Etat-major de l’armée de l’air, le général de division, Alfred Koffi, à la base aérienne d’Abidjan.

Elle devrait permettre de favoriser le partage d’expériences entre les anciens membres de l’institution et ceux encore en activité. Cette plateforme se veut également le lieu d’échanges et de communion fraternelle entre les admis à faire valoir leurs droits à la retraite.

Selon Alfred Koffi « elle permettra à nos anciens de se sentir utiles, même à la retraite ». Il n’a pas manqué de saluer les vaillantes années de dévotion à la tâche des nouveaux retraités de l’armée de l’air de Côte d’Ivoire. Tout en leur souhaitant une heureuse aventure dans cette nouvelle vie qui débute pour eux.

Le général de brigade, Abdoulaye Coulibaly, parrain de l’évènement, qui a donné sa caution pour cette alliance, a été désigné président d’honneur. Il s’est en outre satisfait de faire partie de l’armée de l’air qui, juge-t-il, est une « bonne famille » au regard des liens de solidarité qui règnent en son sein.

Le porte-parole de cette cohorte de retraités, le colonel Julien Bouabou Assoumou, a remercié ses pairs et la hiérarchie pour les années de collaboration, ainsi que pour la présente marque d’attention à leur égard.

« Pour beaucoup d’entre nous, c’est plus de 30 ans de service, nous disons infiniment merci à tous pour avoir partagé des moments intenses durant ces nombreuses années. Aujourd’hui nous sommes le centre d’intérêt de toute l’armée de l’air, nous en sommes fiers et traduisons notre reconnaissance à tous pour cet honneur », a-t-il fait savoir.

Le colonel Julien Bouabou Assoumou a par ailleurs invité les nouveaux retraités à se rapprocher davantage du fonds de prévoyance militaire (Fpm) afin de jouir des avantages liés à leur nouveau statut.

Burkina : les raisons de la nouvelle arrestation du lieutenant-colonel Zoungrana

L’officier supérieur de l’armée Burkinabè bénéficiait d’une liberté provisoire dans le cadre d’une procédure judiciaire en son encontre pour tentative de déstabilisation des institutions de l’État lorsqu’il a été interpellé, mardi à son domicile.A Ouagadougou, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana n’en a pas encore fini avec les problèmes judiciaires. Il est cité dans une nouvelle affaire de tentative de coup d’État..

« Des militaires en collusion avec des civils étaient en train de préparer une déstabilisation des institutions de l’État », selon les premiers éléments de l’enquête du tribunal militaire. Le procureur militaire a cité deux soldats, l’adjudant-chef Neboa Charles et l’adjudant Traoré Adama, comme les cerveaux de l’opération et devraient être appuyés par des éléments d’autres unités.

« Ce groupe serait en contact avec l’Unité Mamba vert du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana et projetait lancer des attaques simultanées sur la Radiodiffusion télévision nationale du Burkina, la Maison d’arrêt et de correction de l’armée où était détenu cet officier supérieur pour d’autres faits similaires et la résidence du chef de l’État », a expliqué le parquet militaire dans un communiqué publié mercredi 28 décembre en début de soirée.

Il a ajouté que pour certains membres de ce groupe, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana est l’homme de la situation après les événements du 30 septembre qui ont porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir après huit mois de transition du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, tombeur de Roch Marc Kaboré en janvier dernier. « Leur action se voulait de le porter à la tête de l’État. Pour d’autres, c’était pour le libérer de la MACA », accuse le parquet.

« L’homme de la situation »

Le procureur militaire a justifié la supposée implication du lieutenant-colonel Zoungrana par son interaction avec les mis en cause lors des visites à la prison militaire et au cours d’échanges téléphoniques, d’autant plus que l’officier supérieur détenait par devers lui, un téléphone portable découvert lors d’une fouille de sa cellule en mi-novembre 2022.

Le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana a été interpellé, hier mardi, à son domicile à Pabré, à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, après avoir bénéficié d’une liberté provisoire dans le cadre d’une procédure judiciaire à son encontre pour tentative de déstabilisation des institutions de l’État. Selon nos informations, il a passé la nuit à la gendarmerie de Paspanga, à Ouagadougou, après des heures d’audition au tribunal militaire. Il a été confronté, dans l’après-midi, au Dr Aristide Ouédraogo, président du Front patriotique pour le renouveau (FPR), interpellé lui aussi, hier mardi plutôt dans la journée.

Attentat terroriste Grand-Bassam : 11 accusés condamnés à vie

Le tribunal criminel d’Abidjan-Plateau a vidé ce mercredi 28 décembre 2022 son délibéré.Sur 18 accusés, 11 ont été condamnés à vie, y compris les quatre prévenus présents à la barre. Me Éric Saki, avocat de la défense, a jugé le verdict « mitigé », disant prendre acte du prononcé, en attente d’un probable appel dans 20 jours requis.

« Je suis heureux pour ceux qui ont été totalement blanchis et ont bénéficié de la décision d’acquittement, mais je suis triste pour ces quatre personnes (ayant comparu) qui pour moi, auraient dû bénéficier également de la décision d’acquittement », a déclaré Me Eric Saki.

Le tribunal criminel d’Abidjan-Plateau a déclaré « coupables Kounta Dallah, Kounta Sidi Mohamed ; Cissé Mohamed ; Barry Hassan ; Cissé Hantao AG Mohamed ; Ould Mohamed Ibrahim ; Hamza Ben Mohamed ; Mimi Baba Ould ; El Mocktar ; Ali Doumbia et Dicko Midi ».

En répression de ces actes terroristes, « le tribunal condamne ceux qui sont reconnus coupables à l’emprisonnement à vie », a fait savoir le juge. Cette sentence est assortie d’une privation de leurs droits civiques pendant dix ans et de l’interdiction au territoire ivoirien pendant cinq ans.

Des mandats d’arrêt ont été, par ailleurs, décernés à Kounta Dallah ; Ould Mohamed Ibrahim ; Hamza Ben Mohamed ; Mimi Baba Ould ; Ali Doumbia et Dicko Midi. Comme dommages et intérêts, le tribunal a décidé pour certaines victimes un franc symbolique et d’autres 50 millions Fcfa, 30 millions Fcfa, 20 millions Fcfa ou 10 millions Fcfa.

L’opération avait été revendiquée par Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) qui l’a attribué à sa branche Al Mourabitoune qui venait de commettre quelques semaines plus tôt, en janvier à Ouagadougou, au Burkina Faso un attentat dans lequel 30 personnes ont été tuées.

Pour cet assaut, les jihadistes ont aussi diffusé les images du commando constitué des nommés Hamza al-Fulani, Abd ar-Rahman al-Fulani et Abu Adam al-Ansari. Alors que le supposé commanditaire, Mohamed Ould Nouini, commandant au sein d’Al Mourabitoune a été éliminé par l’armée française en 2018.

L’un des principaux organisateurs, Mimi Ould Baba Ould Cheikh est encore en vie, mais en détention au Mali. Fawaz Ould Ahmed dit Ibrahim 10 lui également, impliqué dans cet attentat, a été jugé en octobre dernier au Mali et condamné à mort pour avoir participé aux attaques, en 2015, du bar-restaurant La Terrasse et de l’hôtel Radisson Blu à Bamako.

Le dimanche 13 mars 2016, trois hommes armés s’étaient rendus sur la plage de Grand-Bassam, à 40 Km au Sud-est d’Abidjan, et avaient ouvert le feu sur certaines personnes qui s’y trouvaient. Ce procès s’est ouvert après six ans d’enquête.

Le bilan de l’attaque ressort 19 morts dont neuf Ivoiriens, quatre Français, un Libanais, une Allemande, une Macédonienne, une Malienne, une Nigériane et une personne non identifiée ainsi que trente-trois blessés. L’attaque a en outre fait 33 blessés.

La période judiciaire ouverte à la suite de cet attentat, a abouti au renvoi de 18 accusés devant le Tribunal criminel pour répondre des faits d’actes terroristes, assassinat, tentative d’assassinat, recel de malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu et de munition de guerre et de complicité desdits faits.

Le procès de l’attaque terroriste de Grand-Bassam s’est ouvert le 30 novembre 2022 pour s’achever ce 28 décembre 2022.

Ethiopian Airlines : vers la reprise des vols pour le Tigré

Ethiopian Airlines a annoncé la reprise de ses vols vers Mekele, la capitale de la région du Tigré, tenue par les rebelles.« Ethiopian Airlines a le plaisir d’annoncer la reprise de ses vols vers Mekele à partir de mercredi », a déclaré la compagnie nationale éthiopienne mardi dans un communiqué.

Le PDG du groupe Ethiopian Airlines, Mesfin Tasew, a déclaré que la reprise des vols devrait permettre aux familles de se réunir, aider à la restauration des activités commerciales, stimuler le flux touristique et apporter beaucoup plus d’opportunités pour la société.

« Nous sommes prêts à servir nos passagers qui voyagent sur la route entre Addis-Abeba et Mekele et à jouer notre rôle dans le développement socio-économique de notre pays », a déclaré Tasew. Avec des vols quotidiens prévus à destination de Mekele, la compagnie aérienne a déclaré qu’elle allait augmenter la fréquence quotidienne en fonction de la demande sur la route.

La reprise des vols intervient après qu’une délégation de responsables du gouvernement fédéral éthiopien s’est rendue lundi à Mekele pour la première fois depuis le début du conflit en novembre 2020.

Les derniers développements sont intervenus après un accord de cessation permanente des hostilités signé le 2 novembre entre le gouvernement éthiopien et le Front populaire de libération du Tigré (TPLF), qui contrôle désormais la région la plus au nord.

L’accord prévoit également le rétablissement de l’ordre public, la restauration des services et l’accès sans entrave aux fournitures humanitaires.

L’Ethiopie, deuxième nation la plus peuplée d’Afrique, est le théâtre depuis deux ans d’un conflit dévastateur entre les troupes alliées au gouvernement et les forces loyales au TPLF, qui a fait des milliers de morts et des millions de personnes qui ont un besoin urgent d’aide humanitaire.

RD Congo : reprise des combats dans l’est du pays

De violents combats ont eu lieu ce mercredi entre l’armée congolaise et les combattants du Mouvement du 23 mars (M23) dans l’est de la République démocratique du Congo, a confirmé à APA un porte-parole des rebelles.Selon le porte-parole du groupe rebelle M23, le major Willy Ngoma, les affrontements se déroulent dans la province du Nord-Kivu. Il a accusé le gouvernement de Kinshasa de lancer une campagne belliciste et de torpiller les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit.

« C’est l’armée congolaise qui a lancé des offensives à l’arme lourde contre les positions du M23 depuis mardi matin dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu », a déclaré le porte-parole des rebelles.

En attendant, des rapports sur le terrain ont confirmé des affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARC) et les rebelles à Karenga et Karuli, les zones de Rusayu à la frontière entre le parc national des Virunga et le territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu).

Le M23 est un groupe d’anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Son nom dérive de l’accord du 23 mars 2009 entre le CNDP et le gouvernement congolais. Les dirigeants du M23 ont déclaré que le mouvement est né parce que le gouvernement congolais n’a pas respecté cet accord.

La semaine dernière, le M23 a annoncé son retrait de KIbumba, un village qu’il avait pris auparavant dans la province du Nord-Kivu avant de le remettre à une force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est.

Kibumba, une ville de la province du Nord-Kivu, est sous le contrôle du M23 depuis la mi-novembre. La force est-africaine est composée de contingents de différents pays de la région. A ce jour, le Kenya a déployé quelque 900 soldats à Goma, la capitale du Nord-Kivu.

L’Ouganda, le Burundi et le Sud-Soudan se sont également engagés à envoyer des troupes dans l’est de la RD Congo.

Mali : les 46 soldats ivoiriens jugés en audience spéciale ?

Les 46 soldats ivoiriens arrêtés au Mali depuis le 10 juillet pourraient être jugés en audience spéciale ce jeudi 29 décembre 2022.

Affaire des soldats ivoiriens détenus au Mali, suite et pas fin. Les militaires inculpés en aout dernier pour « tentative d’atteinte à la sureté extérieure de l’Etat » par le Procureur de la république du Pole judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée près le tribunal de grande instance de la Commune VI de Bamako, pourraient passer en assise spéciale ce jeudi 29 décembre selon plusieurs des sources contactées par APA.

La chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako a renvoyé le dossier de ces détenus spéciaux pour jugement. Coïncidence ou pas, la décision de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel, renvoyant l’affaire en jugement intervient moins d’une semaine après la visite à Bamako d’une délégation ivoirienne conduite par le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Bréhima Téné Ouattara.

Lors de ce déplacement, le frère cadet du président ivoirien, Alassane Ouattara a signé un mémorandum avec les autorités maliennes pour « promouvoir à la paix, aussi, œuvrer au renforcement des relations d’amitiés de fraternités et de bon voisinage entre les deux pays pour converger dans une dynamique positive de pouvoir surmonter cet événement ». Mais selon le ministre malien des Affaires étrangères, le règlement de ce différend doit se faire « dans le respect des procédures judiciaires en cours ».

Pour le crime visé par la justice malienne, les 46 soldats ivoiriens risquent une réclusion criminelle de dix à vingt ans. Une lourde peine qui, si elle est prononcée contre les militaires risque d’envenimer davantage les relations entre Bamako et Abidjan. Or, les deux capitales sont résolument engagées vers un règlement pacifique de cette affaire.

Selon plusieurs observateurs, ce scénario sera évité en passant par une requalification des faits de sorte à obtenir une peine couvrant la durée de détention préventive des mis en cause.

Cependant, un juriste ouest-africain contacté par APA, soutient qu’un tel schéma risque de faire perdre la face à la junte malienne qui, dès le début, s’est accrochée à la thèse de la « déstabilisation de la transition ». Une accusation réfutée par Abidjan, précisant que les militaires en question appartiennent à l’effectif de l’armée et se sont rendus au Mali dans le cadre d’une mission onusienne.

L’hypothèse d’une grâce présidentielle est aussi agitée par certaines sources. S’ils sont reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés, les soldats ivoiriens pourraient bénéficier de la clémence du président de la transition malienne, Assimi Goïta.

Tchad : l’ancien chef des renseignements généraux arrêté

L’ancien chef rebelle Baba Laddé attend d’être édifié sur les raisons de son arrestation.Que reproche-t-on à Abdelkader Mahamat dit Baba Laddé ? Depuis lundi 26 décembre, l’ancien chef rebelle peul tchadien, appréhendé à son domicile de Paris-Congo, dans le VIe arrondissement de N’Djamena, serait dans les locaux des services de renseignements, rapportent plusieurs sources locales. Il revenait d’un séjour à Dourbaly, à 95 kilomètres de la capitale où il a célébré la fête de la Nativité avec des chrétiens peuls.

Pour l’heure, les autorités tchadiennes n’ont fourni aucune explication sur son interpellation. Mais elle pourrait être liée à la note signée par l’ancien chef rebelle mettant en garde la France et les Etats-Unis contre d’éventuelles attaques de leurs ambassades à Bangui par des partisans du président centrafricain, Faustin Archange Touadéra.

Selon la note envoyée aux ambassades française et américaine le 21 décembre, des jeunes sont instrumentalisés par la compagnie militaire privée russe Wagner et la plateforme Galaxie en vue d’une grande manifestation contre leur présence en RCA.

Par le biais de sa ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baipo, la Centrafrique a vivement protesté contre ces accusations qu’elle met dans le registre d’une « grande campagne de désinformation et d’intoxication sur la RCA ». Bangui rappelle aux chancelleries occidentales que Baba Laddé a « consacré toute sa vie à la destruction de la RCA, en étant à la tête de plusieurs groupes armés rebelles qui ont plongé ce pays dans le chaos ».

Ancien chef rebelle, Abdelkader Mahamat avait été nommé chef des renseignements généraux par Mahamat Idriss Déby Itno, devenu président de la transition tchadienne depuis avril 2021, après la mort de son père Idriss Deby Itno dans le nord du pays à la suite d’une contre-offensive de l’armée contre les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT). Il a été démis de ses fonctions en février 2022.

Burkina : nouvelle arrestation du lieutenant-colonel Zoungrana

Ses soutiens se sont opposés, dans un premier temps, à son interpellation ce mardi matin.Deux pickups de la gendarmerie, avec à leur bord six gendarmes, se sont rendus, très tôt mardi matin, au domicile du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, à Pabré, à la sortie nord de Ouagadougou. Depuis le 15 décembre 2022, il bénéficie d’une liberté provisoire après plus de 10 mois de détention pour des faits « susceptibles de recevoir des qualifications de complot, détournement de biens publics, faux et usage de faux, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux ».

« J’ai vu des gendarmes qui sont arrivés et je leur ai demandé qu’est-ce qu’il y a. Ils m’ont dit qu’ils ont besoin de moi à la Brigade de Recherches. Je leur ai dit de s’installer dans le salon et je suis allé dans ma suite pour aviser mon avocat et c’est depuis lors qu’il y a des tractations », a expliqué l’officier supérieur de l’armée Burkinabè.

La présence des forces de l’ordre a alerté les admirateurs du Lieutenant-colonel Zoungrana. Ils se sont mobilisés pour s’opposer à une éventuelle nouvelle arrestation de leur « héros ». « C’est un acharnement politique. On lui en veut parce que c’est un bon soldat », a déploré Alain Sawadogo, un de ses soutiens

Dans une vidéo amateure de 2mn50, authentifiée auprès de son avocat Me Paul Kéré, l’accusé a une nouvelle fois, clamé son innocence et a dit être victime de complot ourdi par les « autorités politiques ». Le lieutenant-colonel a allégué avoir échappé deux tentatives d’empoisonnement lorsqu’il était détenu à la Maison d’arrêt et de correction des armées de Ouagadougou. Il a dénoncé « une tentative d’élimination physique » contre sa personne.

« C’est une tentative d’assassinat ratée contre moi et qui se transforme en accusation dilatoire contre moi », a insisté l’officier burkinabè.

Au terme des « tractations », Emmanuel Zoungrana est sorti au volant de son véhicule, escorté par les gendarmes. « Je ne sais pas où ils sont allés exactement mais ce serait probablement à la gendarmerie. Pour le moment, je ne connais pas les raisons qui font que les gendarmes veulent arrêter mon client », a affirmé son avocat, Me Paul Kéré.

Le lieutenant-colonel avait été arrêté le 10 janvier 2022 pour tentative de coup d’Etat. Par la suite, il a été accusé de déstabilisation des institutions et de blanchiment de capitaux sous le régime de Roch Marc Christian Kaboré, renversé quelques jours plus tard par des militaires ménés par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, déposé à son tour le 30 septembre par le capitaine Ibrahim Traoré. Après plusieurs demandes de mise en liberté provisoire de son avocat, l’officier a été libéré le 15 décembre dernier.

Ouganda : Kinshasa invité à négocier avec le M23

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo devrait s’asseoir à la table des négociations avec le mouvement rebelle M23 pour mettre fin aux hostilités dans l’est du pays, a déclaré le président ougandais, Yoweri Museveni.Négocier pour sauver des vies. Dans l’Est de la République Démocratique du Congo en proie à des violences de tout genre, se retrouver autour d’une table de discussion semble inéluctable pour faire taire les armes. Yoweri Museveni, le président ougandais en est convaincu.

S’exprimant lors d’une conférence de presse mardi à Kampala, il a invité son homologue congolais à inclure toutes les milices, y compris le M23, dans le processus de négociations devant conduire à un retour de la paix dans l’Est de la RDC.

Selon M. Museveni, plus de 120 groupes locaux, nés d’un vide de pouvoir dans cette vaste région, opèrent dans l’Est de la RDC. « Le M23 a indiqué qu’il fait partie des autres groupes congolais, notamment les Maï-Maï, le Codeco…Et tous ces groupes locaux devraient entrer dans les négociations », a-t-il déclaré.

Les groupes armés congolais ne sont pas les seuls à opérer dans l’Est du pays. Ils partagent le territoire avec d’autres milices étrangères venues notamment du Burundi, de l’Ouganda et du Rwanda. A en croire Yoweri Museveni, ces rebelles ne rentreront pas chez eux de leur propre gré. Mais une fois, les rebelles locaux maîtrisés, « nous forcerons les autres à rejoindre leurs pays respectifs », a-t-il dit.

En application des résolutions du sommet des dirigeants régionaux de novembre à Luanda (Angola), le M23 a commencé à se retirer de certaines positions clés dans la province du Nord-Kivu, « au nom de la paix ».

Le sommet de Luanda avait également ordonné aux groupes armés étrangers, comme les Forces Démocratiques Alliées (ADF, sigle anglais), actuelle province de l’Etat islamique en Afrique centrale, qui ont lancé des attaques sur le territoire ougandais ce mois-ci, de désarmer et de retourner sans condition dans leur pays d’origine.

Pour le président Museveni, dont l’armée combat les ADF dans la province d’Ituri, les groupes armés ne respecteront pas ces appels. « Ils ne quitteront pas la RDC d’eux-mêmes, mais nous allons les obliger à rentrer chez eux », a-t-il assuré.

Ethiopie : l’accord de paix avec le TPLF tient toujours

L’accord de paix entre le gouvernement éthiopien et les rebelles du Tigré tient bon, malgré des difficultés dans sa mise en œuvre.Alors qu’une délégation du gouvernement fédéral éthiopien se rend dans la ville de Mekele, tenue par les rebelles, des signes encourageants montrent que l’accord de paix, bien qu’encore fragile, semble tenir bon, malgré des difficultés dans sa mise en œuvre.

Conduite par le président de la Chambre des représentants, Tagesse Chafocapital, la délégation se trouve dans la capitale du Tigré depuis lundi pour superviser la mise en œuvre de l’accord de paix, dont une partie cruciale consiste à désarmer les combattants du Front de libération du peuple du Tigré qui mènent un conflit contre Addis-Abeba depuis deux ans.

Lors de l’accord de paix conclu en novembre en Afrique du Sud, l’Éthiopie et le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) ont accepté de cesser les combats, de laisser partir les combattants étrangers, de désarmer les rebelles et de rétablir l’aide bloquée et les autres services de secours.

Jusqu’à présent, toutes ces conditions semblent remplies étant donné que les forces érythréennes qui ont joué un rôle actif dans le conflit aux côtés des forces fédérales ont quitté leurs bases dans la région pour leur propre territoire. C’était l’une des principales demandes du TPLF lors des pourparlers de cessez-le-feu et de l’accord de paix qui a suivi et qui a mis fin aux hostilités des deux côtés.

Sous l’impulsion de l’Ethiopie, l’Erythrée, ancien ennemi, a montré sa volonté de respecter les termes de l’accord de paix en retirant ses troupes des zones qu’elles occupaient dans le Tigré. Le TPLF a également montré des signes tangibles de respect de sa part du marché en acceptant un calendrier pour le désarmement de ses troupes.

La communauté internationale voit dans la visite des fonctionnaires fédéraux à Mekele, lundi, un signe encourageant de l’enracinement de la confiance mutuelle et de la pérennité de l’accord de paix. « On pense que ce geste est une attestation que l’accord de paix est sur la bonne voie et progresse », a déclaré le gouvernement fédéral éthiopien dans un communiqué. Des membres de la Commission nationale du dialogue, soutenue par le gouvernement, faisaient partie de la délégation à Mekele.

Cependant, malgré cette image positive, certains fédéralistes affirment que le TPLF n’est toujours pas irréprochable. Selon les détracteurs du TPLF à Addis-Abeba, le mouvement rebelle se prépare à l’éventualité d’un quatrième round de conflit en construisant des tranchées secrètes et en déployant en coulisse des combattants dans différentes parties de la région.

Cependant, les propos rassurants du Premier ministre Abiy Ahmad tendent à démontrer le contraire. Dans un message publié sur les médias sociaux ce week-end, le Premier ministre Ahmad a fait référence au sentiment d’optimisme et de confiance qui accompagne la mise en œuvre de l’accord de paix de Nairobi II signé entre son gouvernement et le TPLF.

Bien qu’il n’ait été donné aucun détail sur les progrès réalisés à ce jour, il a laissé entendre que la confiance dans l’accord de paix actuel, que les deux parties semblent respecter jusqu’à présent, est toujours de rigueur.

Les forces fédérales éthiopiennes sont engagées dans un conflit acharné avec les forces rebelles du TPLF depuis novembre 2020, ce qui a déclenché une crise humanitaire dans le Tigré, avec plus de dizaines de milliers de morts, dont des civils, et quelque deux millions de personnes déplacées. 

Sénégal : inauguration d’un camp militaire près de la frontière du Mali

L’armée sénégalaise renforce sa présence dans l’Est près de la frontière malienne.Face à la menace jihadiste, le Sénégal prend les devants, en renforçant la présence de ses forces de défense et de sécurité à l’est à travers la construction de camps militaires à Koungheul (région de Kaffrine) et à Goudiry (Tambacounda). Après deux ans de travaux, celui de Goudiry, à 618 kilomètres à l’est de Dakar, sera livré ce mardi 27 décembre en présence du président du Sénégal, Macky Sall.

Lors de la pose de la première pierre, en juillet 2020, le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba avait indiqué que « ce nouveau cantonnement entre dans le cadre des hautes autorités de densifier le maillage territorial des unités afin de s’adapter à l’évolution du contexte stratégique régional et répondre davantage aux besoins des populations en matière de sécurité ».

Implanté près de la frontière avec le Mali, ce nouveau camp militaire où sera redéployé le 4e Bataillon d’infanterie permettra aussi « de lutter avec plus d’efficacité contre l’insécurité et les menaces transfrontalières, tout en facilitant la coopération sécuritaires avec les forces des pays voisines ». L’avancée jihadiste depuis l’ouest malien constitue l’une des menaces transfrontalières les plus importantes. 

L’année dernière, un rapport de l’Onu alertait sur la présence « d’éléments  du GSIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) soutenus par des influenceurs islamistes radicaux, le long de la route de Kayes à Kaffrine, à Bakel, dans la réserve de Ferlo et dans la zone d’extraction aurifère de Saraya ». Quelques temps après, la gendarmerie sénégalaise a arrêté à Kidira, à la frontière avec le Mali, des individus qui seraient liés à la Katiba du Macina.

Contenir l’avancée jihadiste

Depuis quelques années, les jihadistes de la Katiba du Macina, branche la plus dynamique du GSIM, affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) progressent vers l’ouest malien à partir de leur fief du centre. Cette expansion se manifeste par des prêches dans plusieurs villages de la région de Kayes, mais aussi à travers des attaques contre des cibles militaires. Dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, une double attaque jihadiste a visé le poste de Douane et le camp militaire de la ville de Yélimané, dans la région de Kayes. Ces assauts revendiqués par le GSIM ont fait deux morts, un civil et un militaire.

Maroc : Saisie de plus de 98 tonnes de résine de cannabis en 2022

Les services sécuritaires marocains ont procédé à la saisie d’une quantité de 98,543 tonnes de résine de cannabis au cours de l’année 2022, soit une régression de près de 49% par rapport à l’année précédente, selon le bilan annuel de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN).Les opérations sécuritaires intenses au cours de l’année 2022 ont également permis la saisie de 190,178 kg de cocaïne, en baisse de 87%, et de 2,821 kg d’héroïne, soit une diminution de 5%.

De même, les quantités de psychotropes saisies (ecstasy, captagon, et comprimés psychotropes) ont enregistré une hausse de 85% avec un total de 2.668.473 comprimés psychotropes, révèle le bilan de la DGSN.

D’après la DGSN, les opérations sécuritaires liées à la drogue et aux psychotropes ont permis le traitement de 92.713 affaires, l’interpellation de 120.725 individus, dont 241 étrangers.

Une tendance haussière a été enregistrée au niveau des crimes de cyber-extorsion, avec une hausse de 5 %, et un nombre d’affaires de 5.623, contre 5.366 affaires signalées l’année précédente. Le nombre des contenus utilisés dans les affaires enregistrées a atteint 3.935 contenues criminels, avec 752 mandats pour l’identification des mis en cause, alors que 1.617 personnes ont été interpellées et déférées devant la justice pour ces affaires.

Pour ce qui est des affaires de sextorsion, les services de la sûreté nationale ont enregistré au cours de cette année 417 affaires, avec une baisse de 17 % par rapport à l’année précédente, ayant conduit à l’interpellation de 237 personnes impliquées dans ce genre de crimes à l’encontre de 428 victimes, dont 77 étrangers.

Les tendances de la criminalité durant l’année 2022 ont montré un recul notable du nombre des affaires répressives enregistrées avec moins de 30,22%, pour un total de 820.274 affaires, permettant de repérer et de déférer 875.879 individus aux différents parquets, alors que les statistiques de la criminalité violente n’ont pas dépassé le seuil de 6,59%.

Le taux de résolution des crimes commis a continué à enregistrer des niveaux record pour la sixième année consécutive, se situant à 94,43% du total des affaires enregistrées et à 85,34% des crimes violents.

Ce sont autant d’indicateurs qualitatifs résultant principalement du développement des mécanismes d’enquête pénale, de la consécration du rôle primordial de la police scientifique et technique dans les enquêtes réalisées, à la coordination fructueuse entre les services de la DGSN et de la DGST, outre la dénonciation immédiate des crimes par les victimes et les témoins, ce qui a grandement contribué à la baisse des indicateurs des « crimes de l’ombre » et à la répression des personnes impliquées.

Gambie : l’opposant Ousainou Darboe dénonce l’arrestation de Momodou Sabally

Le directeur de campagne d’une formation politique de l’opposition a été arrêté dans le cadre de l’enquête sur le coup d’Etat avorté en Gambie.Le Parti Démocrate Uni (UDP, sigle anglais), principal parti d’opposition en Gambie monte au créneau suite à l’arrestation d’un de ses cadres. Momodou Sabally a été arrêté mercredi dans le cadre de l’enquête en lien avec le coup d’État avorté mardi soir. Cette mise aux arrêts serait liée à une vidéo publiée sur le réseau social TikTok où Sabally s’adressait aux « UDP TikTokers ».

« Ce qui se passe, c’est que le pouvoir judiciaire et la police sont de connivence avec Adama Barrow, car ils savent que les élections locales approchent ; ils perdent du terrain, c’est donc une façon d’intimider les gens. Nous ne serons jamais intimidés ! Nous allons certainement prendre ce pays, et nous sommes prêts à prendre le pays. Si vous voulez dire que prendre le pays signifie prendre le gouvernement, eh bien, c’est votre interprétation », a déclaré le président de l’UDP, Ousainou AN Darboe.

M. Darboe s’exprimait samedi 24 décembre lors d’un point de presse tenu au bureau du parti à Manjai, alors que le pays se dirige vers des élections locales.

Selon l’ancien vice-président de la Gambie, l’arrestation de Sabally était prévue depuis plusieurs mois. Il ajoute qu’un message audio avait été reçu d’un membre du NPP, le parti au pouvoir, appelant au silence Momodou Sabally et Ebrima Dibba, tous deux membres de l’UDP.

« C’est un schéma qui avait été conçu il y a plusieurs mois. Malheureusement, le pouvoir judiciaire a été utilisé dans cet acte impie », a-t-il soutenu.

Pour le leader de l’opposition gambienne, la détention continue de Sabally n’est rien d’autre qu’« un abus de la procédure judiciaire ».

Mercredi 21 décembre, le gouvernement gambien a affirmé qu’un coup d’Etat avait été déjoué et que quatre membres des forces armées nationales ont été arrêtés. Le lendemain, une personne en lien avec cette tentative de putsch a été appréhendée et détenue dans un camp de l’armée tenu secret. 

Élu démocratiquement en 2016, Adama Barrow a mis un terme aux 22 ans de règne de Yaya Jammeh, arrivé au pouvoir en 1994 par un coup d’Etat contre le président Dawda Jawara. 

Niger : trois morts dans le crash d’un hélicoptère de l’armée

Les autorités nigériennes n’ont pas encore réagi après l’accident d’un hélicoptère à l’aéroport de Niamey.Lundi 26 décembre, un hélicoptère de transport de type Mi 17 appartenant à l’armée de l’air nigérienne s’est crashé, entrainant, selon un bilan non-officiel, la mort des trois membres de l’équipage.

Selon plusieurs médias locaux, l’incident s’est produit en milieu de matinée alors que l’appareil tentait d’atterrir à l’aéroport international Diori Hamani de Niamey.

Dans le cadre du renforcement de ses moyens aériens contre les jihadistes actifs dans sa partie sud, le Niger a acquis en février 2020 deux hélicoptères de type Mi 17 de fabrication russe.

Burkina : Au moins 21 civils tués dans l’explosion d’un bus

La fête de la Nativité a été endeuillée dans l’Est du pays.Un bus de transport en commun a sauté ce dimanche 25 décembre 2022, sur un engin explosif improvisé près du village de Bougui, à la sortie de la ville de Fada N’Gourma, dans l’Est du pays.

L’incident a fait plusieurs victimes, ont rapporté des sources concordantes. « Au moins 21 personnes ont péri. Il s’agit essentiellement de femmes et d’enfants. Il y a eu plusieurs blessés également qui ont été transportés au Centre hospitalier régional de Fada N’Gourma », a confié à APA une source médicale.

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Les victimes avaient quitté la commune de Matiakoali et se rendaient dans le chef-lieu de la région de l’Est, en proie aux exactions des groupes jihadistes. La région enregistre environ 200 000 personnes déplacées internes, à la date du 30 novembre 2022, selon le gouvernement.

En mi-février 2022, une école catholique à Bougui avait été la cible d’une attaque terroriste, causant d’énormes dégâts matériels. Il n’y a pas eu de pertes en vies humaines.

Depuis avril 2015, le Burkina fait face à une insurrection jihadiste ayant fait des milliers de victimes et près de 2 millions de déplacés.

La sécurité est aussi un défi de gouvernance

Au Mali, la politique sécuritaire n’ignore pas les contradictions. Bien au contraire, elle se forge depuis plusieurs années sur les défis inhérents à ces contradictions. Si ces contradictions ont plus ou moins été contenues suivant les épisodes, force est de reconnaître que depuis un peu plus d’une décennie la rapidité et la violence avec laquelle la situation s’est détériorée et enlisée interroge ! Les causes de cette détérioration sont multiples et ont pour racines à la fois des conjonctures ex situ et in situ qui participent, dans un sens ou dans l’autre, d’une crise de l’État.

En référence aux conjonctures ex situ, sur lesquelles nous n’allons pas nous appesantir, comme une impression de déjà vu : le monde est ébranlé par des tensions géopolitiques et géostratégiques qui prennent des allures de remake de la Guerre froide. Ces tensions se sont progressivement inscrites en filigrane dans le Sahel sous la forme de présences de groupes armés terroristes, sous la forme de défiance de l’autorité des États et sous la forme de la présence de forces étrangères et d’opérations militaires de sécurisation.

En référence aux conjonctures in situ, nous pouvons les schématiser et les caricaturer en trois temps. Un premier temps que nous pouvons qualifier de « sécurité sûre d’elle », ou le Mali, au lendemain de l’avènement du pluralisme, s’est quelque peu reposé sur ses lauriers. En atteste la politique tacite de déconstruction des forces de défense et de sécurité comme institutions toutes puissantes. En atteste également une certaine indifférence concernant le renforcement des capacités de ces forces. À titre d’exemple, sur la problématique des différentes politiques et prémices de vision stratégique mises en œuvre, à tort ou à raison, au lendemain de la chute du tout puissant régime militaire de Feu Moussa Traoré, une lecture du document de l’Étude prospective Mali 2025 réalisée en 1999 prouve, si besoin en est, que les questions sécuritaires ne constituaient plus ou pas une priorité pour les acteurs du mouvement démocratique.

Un deuxième temps que nous pouvons qualifier de prise de conscience, en ce sens que les événements, les conjonctures nationales et internationales et le contexte géopolitique et géostratégique ont progressivement imposé la nécessité d’apporter des réponses efficientes et durables aux différentes tensions et aux crises nées ou en gestation. Cette prise de conscience à naturellement imposé le choix du renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité face aux menaces qui se sont métastasées à une allure que beaucoup d’experts et de spécialistes n’ont pas vu venir. Des supposés velléités irrédentistes de 2006 en passant par la criminalité organisée, notamment l’affaire « Air cocaïne », les trafics en tous genres et les enlèvements contre rançons, la chute du régime Kadhafi, avec pour ramifications les multiples événements au Mali de 2011 à 2013 et la présence accrue des forces centrifuges, l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, les conflits communautaires, l’extrémisme violent et la profusion des supposés milices d’autodéfense, la réforme du secteur de la Sécurité, dont la mise en œuvre est toujours en cours, a donné lieu à la Loi d’orientation et de programmation militaire. Autant d’évènements, de contextes et d’enjeux qui ont fini par mettre en lumière la fébrilité de l’architecture sécuritaire du Mali et la nécessité de changer de paradigme en outillant les forces de défense et de sécurité en général et la Grande muette en particulier de capacités de nature à leur permettre de faire face aux multiples défis sécuritaires qui se posaient au pays.

Un troisième temps, que nous pouvons qualifier de « temps du tâtonnement et de la marche timide», en ce sens que si les événements ont imposé le choix de réformes et si des efforts ont été consentis, donnant lieu à des résultats, fussent-ils des bribes au regard des défis et des enjeux, force est de reconnaître que nous sommes très en deçà de ce qu’auraient dû être les avancées comparativement à la complexité des maux. La sécurité a certes été réfléchie, mais pas suffisamment réfléchie dans sa dimension holistique. Elle est encore restée en grande partie la chose des militaires et du presque tout militaire. Or la nature du défi aujourd’hui impose une dynamique sécuritaire qui s’inscrive dans un cadre plus global de gouvernance vertueuse et de redistribution juste et équitable des ressources et des revenus. Une victoire ou un succès militaire qui ne s’inscrivent pas en filigrane dans une stratégie économique, sociale et solidaire resteront un court succès. Ceci pour dire qu’au-delà des capacités militaires et de leur complexité le véritable défi reste celui de la gouvernance.

Burkina: l’Archevêque de Ouagadougou appelle « à taire les armes »

Le Cardinal Philippe Ouédraogo a invité les Burkinabè à faire la paix avec eux-mêmes.Dans son homélie à l’occasion de la fête de la Nativité, l’Archevêque métropolitain de Ouagadougou a exhorté ses compatriotes à « démolir les murs de la haine et de l’égoïsme » pour faire face, « ensemble », à la situation « dramatique » du pays. 

Pour le dignitaire religieux catholique, les conflits communautaires, la stigmatisation, la marginalisation, l’exclusion, l’injustice et la mauvaise gouvernance constituent des terreaux fertiles pour le terrorisme au Burkina. 

Le Cardinal Philippe Ouédraogo a expliqué que tous les citoyens doivent comprendre que l’ennemi commun est la menace terroriste, et non les personnes, les religions ou les ethnies. 

« Le sens de responsabilité doit guider tout Burkinabé, en particulier les leaders de la société civile. N’ajoutons pas aux problèmes qui existent déjà d’autres problèmes, mais œuvrons tous pour renforcer la sécurité et la stabilité », a-t-il conseillé, insistant: « Que les armes se taisent donc au profit du dialogue pour un vivre- ensemble fraternel ». 

Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré a souhaité une joyeuse fête de Noël aux chrétiens, souhaitant que la naissance du Christ renforce « notre vivre ensemble et notre élan commun pour la reconquête, la refondation de notre Nation et la paix ». 

Le Premier ministre Me Apollinaire Kyelem de Tembela a, quant à lui, souhaité que cette célébration soit porteuse d’espérance pour l’ensemble des Burkinabè. « En ce jour, j’ai une pensée particulière pour nos forces de défense et de sécurité et les volontaires pour

la défense de la patrie, engagés sur le théâtre de la lutte contre le terrorisme », a ajouté le chef du gouvernement. 

En attendant les résultats de la part des autorités de la transition qui ont promis de « mieux faire », le gouvernement Cardinalde Ouagadougou a invité les fidèles chrétiens à célébrer Noël dans la sobriété, la solidarité et dans le partage en n’oubliant pas les populations en détresse.

Mali : le Centre relié au reste du pays et à la sous-région

Les ponts de Songho et Yawakanda, sabotés en août 2021 par des groupes jihadistes, ont été reconstruits par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).Pour les habitants de Mopti et Bandiagara, le 22 décembre dernier était un jour spécial. Coupées du reste du Mali et de la sous-région, ces deux localités ont vu la circulation des personnes, biens et services reprendre à la faveur de la reconstruction des ponts de Songho et Yawakanda.

« Les travaux ont été menés à bien grâce à une contribution au Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali de la Suède et du Danemark d’un montant de près de 339 millions F CFA », indique un communiqué de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Dans le détail, la Suède a décaissé près de 142 millions F CFA pour la réfection du pont de Songho, tandis que le Danemark a déboursé près de 198 millions F CFA pour celle du pont de Yawakanda. « Ces infrastructures, d’une importance capitale sur la Route nationale 15 », souligne le document, avaient été rendues impraticables par des mouvements jihadistes actifs dans cette partie du Mali.

« Connue de tous comme la route du poisson, la RN15 dessert Mopti, Bandiagara et Douentza. Elle est le seul corridor de la région qui permet l’interconnexion du Mali avec le Burkina Faso. Ainsi, les commerçants, transporteurs et autres usagers ont entre autres
accès aux ports du Togo et du Bénin », poursuit la source.

Avant la destruction desdits ponts, les 24 et 31 août 2021, le taux moyen de trafic journalier était de 822 véhicules. Gouverneur de Bandiagara, Sidi Mohamed El Béchir, a déclaré lors de la cérémonie de leur remise en service qu’ils permettront « d’augmenter la résilience des populations qui sont les premières victimes de cette crise » et aux communautés concernées « de jouir pleinement de leur liberté d’aller et de venir, de contribuer à la revitalisation de l’économie locale ».

En outre, 300 arbres ont été plantés autour des ponts, 33 lampadaires solaires installés et un forage creusé. Depuis 2014, a affirmé M. El Béchir, la Minusma a réalisé au moins 60 projets à Bandiagara (…) à hauteur de plus de 3 milliards F CFA.

Pour sa part, El-Ghassim Wane, Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Mali et Chef de la Minusma, a salué les « efforts inlassables des autorités régionales en vue d’assurer la sécurité et le bien-être des populations de Bandiagara ».

Mali : les enfants, premières victimes de la violence (Onu)

Les violations graves commises contre les tout-petits au Mali ont augmenté à un rythme alarmant, signale un rapport du Secrétaire général de l’Onu publié le 22 décembre 2022.Au Mali, les plus jeunes continuent de subir le poids de l’instabilité politique, de l’augmentation de la violence contre les civils et de la détérioration de la situation des droits humains. Cette situation est la résultante de l’escalade de la violence intercommunautaire et la recrudescence de l’activité des groupes armés. Un rapport du Secrétaire général de l’Onu sur les enfants et le conflit armé au Mali révèle en effet une forte augmentation du recrutement et de l’utilisation d’enfants, des attaques contre les écoles et les hôpitaux et des enlèvements, en particulier dans les régions de Mopti et de Gao. 

Selon le document publié jeudi 22 décembre, au total 2 095 violations graves contre 1 473 enfants ont été vérifiées entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2022, la majorité des violations ne pouvant être imputées à une partie spécifique au conflit. La plupart des autres violations (38 %) ont été attribuées à des groupes armés et 6 % aux forces de sécurité gouvernementales.

Le nombre réel est susceptible d’être plus élevé, car la capacité de l’Onu à vérifier les informations était parfois limitée en raison de l’insécurité, des restrictions d’accès et de la pandémie de Covid-19 en cours, souligne le rapport.

« Je suis consterné de voir une telle augmentation des violations graves contre les enfants au Mali. Une action urgente et déterminée est requise de la part des parties pour assurer leur protection », a déclaré Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés.

« Pour que les enfants conservent leurs droits, ils doivent être libérés des groupes armés, et protégés contre d’autres violations et abus. Mais les efforts ne peuvent pas s’arrêter là. Leur réintégration dans la société est également essentielle pour assurer durablement leur sécurité et leur avenir », a ajouté Mme Gamba en visite à Bamako.

Par ailleurs, signale l’enquête, plus de 900 garçons et filles ont été recrutés et utilisés par les groupes armés. Cela constitue la violation grave la plus fréquente au cours de la période considérée, indique le rapport, précisant que seules 616 personnes recrutées et utilisées ont été libérées et que plus de 50 % des auteurs étaient des groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Cela démontre le peu de progrès dans la mise en œuvre des plans d’action visant à mettre fin à cette violation et à la prévenir, regrette l’Onu.

Les forces armées aussi ont utilisé des enfants

Selon la Représentante spéciale, l’utilisation d’enfants par les forces armées était également très répandue. Alors que la plupart de ces cas ont été attribués à des groupes armés, près d’une centaine d’enfants ont aussi été utilisés par les Forces armées maliennes (Fama) pour effectuer des tâches domestiques. « J’exhorte le gouvernement à faire cesser l’utilisation des enfants par les forces armées, à quelque titre que ce soit » a affirmé Virginia Gamba.

Elle demande, en outre, au gouvernement de renforcer d’autres mesures de protection, comme, entre autres, une révision du code de protection de l’enfance qui criminaliserait le recrutement et l’utilisation de mineurs âgés de 15 à 17 ans.

Des enfants tués et mutilés lors d’attaques par les groupes armés

Le rapport déplore aussi une recrudescence du nombre d’enfants tués et mutilés, principalement lors d’attaques menées par des groupes armés contre des civils. Les Engins Explosifs Improvisés (EEI) et les Restes Explosifs de Guerre (REG) comptent parmi les principales causes de décès ou de blessures touchant 94 des 408 enfants victimes de cette violation. On relève, de plus, que le nombre d’enlèvements d’enfants, principalement à des fins de recrutement ou d’exploitation sexuelle, a quadruplé par rapport à la période précédente.

Avec un total de 240 attaques contre des écoles et des hôpitaux, les systèmes de santé et d’éducation au Mali ont été profondément touchés par le conflit, privant les enfants de leurs droits fondamentaux à la santé et à l’éducation. Cent quatre-vingt-six écoles ont été attaquées au cours de la période, et 1 731 établissements fermés dans tout le pays à la fin du mois de mars 2022. 

Une collaboration néanmoins prometteuse entre l’Onu et le gouvernement de transition

Le rapport juge néanmoins prometteuse la poursuite de l’engagement entre le gouvernement de transition et l’Onu pour lutter contre ces violations graves, louant par exemple leur collaboration pour un plan national de prévention contre les violations par les forces armées. La Représentante spéciale a encouragé aussi la mise en œuvre du Protocole relatif à la libération et à la remise des enfants associés aux forces et groupes armés, à la libération des enfants détenus, et à la poursuite de la collaboration avec l’Onu.

Dialogue avec certains groupes armés

Tout au long de la période considérée, le groupe armé Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et l’Onu ont poursuivi le dialogue par le biais d’ateliers visant à accélérer la mise en œuvre de leur plan d’action de 2017 sur le recrutement et l’utilisation d’enfants et la violence sexuelle contre les enfants.

La Représentante spéciale du Secrétaire général s’est également félicitée de la signature de plans d’action par deux factions de la Plate-forme visant à mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants et à les prévenir.  «J’appelle maintenant toutes les parties à traduire immédiatement en actes leurs engagements et à mettre en place des mesures concrètes pour prévenir de nouvelles violations. Les Nations Unies sont prêtes à soutenir tous les efforts visant à mieux protéger les enfants au Mali », a-t-elle assuré.