Société




Télévisions privées : On brave les textes

En deux années, le paysage audiovisuel malien s’est enrichi d’une dizaine de chaînes de télévision, améliorant ainsi l’offre de programmes.…

En deux années, le paysage audiovisuel malien s’est enrichi d’une dizaine de chaînes de télévision, améliorant ainsi l’offre de programmes. Le hic, c’est qu’elles opèrent dans une totale illégalité.

Elles sont une dizaine, réparties entre Bamako et quelques capitales régionales. Les télévisions privées ont connu un véritable essor, malgré le fait qu’aucune ne possède d’autorisation d’émettre. De la toute première, Liberté TV, à la plus récente, Mandé TV, en passant par  Cherifoula TV, Énergie TV, et autres Ségou TV, ces chaînes sont pourtant disponibles sur les bouquets commercialisés par les distributeurs d’images. La diversification de l’offre audiovisuelle nationale est d’ailleurs bel et bien prévue par les autorités du secteur. Il existe une programmation couvrant la période 2014-2016, avec notamment la création de cinq chaînes privéesà diffusion nationale, de chaînes privées à diffusion régionale et publiques. Mais il semble que les promoteurs soient allés plus vite que la musique, n’attendant pas l’arsenal réglementaire qui devrait accompagner cette ouverture. « Toutes les chaînes de télévisions privées qui émettent aujourd’hui n’ont aucune autorisation. Elles continueront ainsi jusqu’à la prise des nouvelles mesures », confie Djiby Sacko, directeur de Renouveau TV.

À la Haute autorité de la communication (HAC), on explique que ces chaînes n’ont que « l’autorisation de faire des essais », et ne peuvent faire l’objet d’une offre commerciale. Pourtant, avec l’avènement prochain de la TNT, les investissements se multiplient et plusieurs projets sont en cours. Lors d’une réunion de la HAC, début août, où la question a été évoquée, son président Fodié Touré déplorait cette situation qu’il jugeait même « préoccupante ».

Un promoteur d’une télé, sous anonymat, plaide cependant pour que «l’État ne brise pas l’élan amorcé par lesnombreux promoteurs qui diffusent déjà». « Il faut que l’on sache qui est qui. La télévision est un puissant outil de communication et on ne devrait pas permettre qu’il en pousse comme des champignons », affirme un autre, pour qui la réglementation permettra aux médias audiovisuels d’aller vers plus de professionnalisme, de performance, de rigueur et de responsabilité. Reste à l’État à organiser un appel à candidature, avec une caution suffisamment dissuasive pour éliminer les projets farfelus. En Côte d’Ivoire voisine, elle a été fixée à 1 milliard de francs CFA.