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Terrorisme sans frontière

Les attentats de Bamako et de Bruxelles nous rappellent, s’il en était besoin, qu’aujourd’hui la menace terroriste peut frapper à…

Les attentats de Bamako et de Bruxelles nous rappellent, s’il en était besoin, qu’aujourd’hui la menace terroriste peut frapper à tout moment, et surtout qu’elle s’intensifie. Dans ce contexte de sensibilité sécuritaire mondiale, réadapter les moyens de prévention devient plus que nécessaire

Lundi 21 et 22 mars, le terrorisme frappait à nouveau : deux symboles européens, le quartier géné- ral de l’EUTM (Mission de Formation de l’Union Européenne au Mali) situé dans l’hôtel Azalai Nord Sud de Bamako, n’occasionnant heureusement aucune victime, puis le 22 mars, l’aéroport Zaventem de Bruxelles, qui relie la capitale européenne au reste du monde et la station de métro Maelbeek proche de ces institutions. On déplorait hier dans la capitale belge plus d’une trentaine de victimes et 200 blessés.

Il ne fait aucun doute que la cible des terroristes était l’Europe : sa présence et son action pour l’EUTM, en charge de l’entraînement des forces armées maliennes, le centre névralgique de sa politique et ses valeurs à Bruxelles. Bien que les modes opératoires des deux attentats, revendiqué par Daech pour Bruxelles est possiblement AQMI pour Bamako, soient différents. Quatre hommes armés de fusil et grenade ont pris d’assaut le quartier général de l’EUTM, rappelant les modes opératoires exécutés au Radisson Blu de Bamako, à l’hôtel Splendid de Ouagadougou, ou plus récemment à Grand Bassam en Côte d’Ivoire. Quant aux attaques suicides planifiées et coordonnées à Bruxelles, elles rappellent le drame de l’attentat de Paris du 13 novembre 2015.

Au-delà de l’effroi que l’on peut ressentir, vu la barbarie des assaillants et le nombre de victimes, ces attaques démontrent, encore, la capacité de ces groupes terroristes à frapper efficacement et n’importe où pour semer la terreur. Elles prouvent aussi que pour mener cette « guerre mondiale » contre le terrorisme, il faut non seulement réadapter les capacités analytiques des services de renseignements, mais aussi former suffisamment leurs personnels à ces nouvelles menaces en perpétuelle mutation. Dans le cas de Bruxelles, il y a eu une prise de conscience tardive de la montée de l’islam radical et du radicalisme djihadiste, comme à Molenbeek. À Bamako, les services sont en sous-effectif et devraient enfin se doter d’un département capable de collecter, d’exploiter et de comprendre les enjeux de ces mouvances terroristes pour mieux prévenir les attaques.

Il est aujourd’hui crucial de connecter les événements, d’investiguer et de mettre en perspective toutes ces attaques. Mais aussi d’avoir une réponse commune face au terrorisme, que ce soit entre pays européens ou ici au Mali avec tous les pays de la sous-région, pour mieux contrôler les frontières et renforcer l’échange d’informations et la coopération policière. Car, en face, l’ennemi communique entre mouvements, disposent de capacités militaires, de moyens financiers et d’une idéologie suffisamment ancrée pour leur permettre de braver la mort.