Tiébilé Dramé : « Pour les signataires, l’Accord de Paix est en péril… »

Journal du Mali l'Hebdo : Aujourd'hui, beaucoup de voix s'accordent à  dire que l'Accord de paix est en danger, pour…

Journal du Mali l’Hebdo : Aujourd’hui, beaucoup de voix s’accordent à  dire que l’Accord de paix est en danger, pour quelles raisons ? Tiébilé Dramé : Ce sont des signataires de l’Accord qui ont dit que « l’Accord était en péril ». Ils parlent en connaissance de cause. Il faut les écouter. Pour notre part, nous faisons le constat d’une dégradation inquiétante de la situation sécuritaire générale du pays, due à  la recrudescence des activités de divers groupes djihadistes qui font peser de sérieuses menaces sur l’avenir du pays. Vous appelez à  la tenue de la Conférence nationale d’entente (CNE) et à  un consensus opposition-majorité. Pensez-vous que le timing est le bon ? L’idée de conférence d’entente nationale est contenue dans l’Accord. Ce n’est pas une invention du PARENA. Nous avons invité le Gouvernement à  sortir de l’immobilisme et à  respecter les engagements qu’il a lui même pris au nom du pays. Par ailleurs, je ne prône pas le consensus comme on l’a connu dans ce pays. En revanche, dans les circonstances particulièrement difficiles que le pays traverse (menaces terroristes, enlisement du processus de paix), toutes ses filles et tous ses fils doivent se donner la main pour sauver la maison commune. On vous considère désormais comme l’une des voix actives de l’opposition malienne et qui critique régulièrement le pouvoir actuel. Fort heureusement, l’opposition républicaine dispose de plusieurs « voix actives » fortes qui défendent le peuple contre les dérives en tous genres des maà®tres du pays, expriment ses aspirations à  la paix, à  la bonne gouvernance et qui rappellent au Président et à  ses hommes qu’ils ne sont pas les propriétaires du Mali, et qu’ils n’ont qu’un bail de cinq ans qui arrivera à  son terme dans deux ans et demi. Quelles solutions proposez-vous pour sortir le Mali de l’ornière, puisque, dans un passé récent, vous avez été négociateur de l’Accord de Ouagadougou ? Il faut aller vite à  la conférence d’entente nationale, élargir son objet à  la gouvernance du pays et à  la refondation des institutions, et ouvrir la période intérimaire, elle aussi, prévue par l’Accord d’Alger, mettre en œuvre les réformes décidées de commun accord. Repartir de bon pied en ayant tiré les enseignements de l’effondrement du Mali en 2012. C’est à  cette condition qu’on sortira de l’ornière. Que pensez-vous de la situation sécuritaire actuelle, après l’attentat de l’hôtel Radisson ? L’attaque contre le Radisson est le 98ème incident de sécurité survenu au Mali depuis le 1er janvier 2015. Quelques 350 personnes sont mortes au Mali au cours des onze derniers mois. Il faut se réveiller et prendre la juste mesure de la gravité de la situation. La sécurité ne saurait être détachée de la gouvernance générale du pays. Le président de la République doit humblement regarder la réalité et changer de cap. C’est cela qui rassurera les Maliens. Pas les discours lénifiants d’auto-congratulation.