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Tièman H. Coulibaly, des « affaires » aux Affaires étrangères

Mardi 21 août, après un long week-end de fête, les commentaires allaient bon train quant à  la composition de la…

Mardi 21 août, après un long week-end de fête, les commentaires allaient bon train quant à  la composition de la nouvelle équipe de Cheick Modibo Diarra. Parmi les treize nouveaux entrants, certains n’étaient pas là  o๠l’on pouvait les attendre. Le premier d’entre eux est certainement Tièman H. Coulibaly, qui devient le numéro 3 d’un gouvernement sur lequel repose tous les espoirs du Mali après 6 mois d’une crise socio-politique aux multiples facettes. Inattendu, certes. Mais, si le casting peut surprendre, Tièman H. Coulibaly pourrait finalement avoir le profil, même atypique, pour ce rôle. Une ascension politique en trois actes Né en 1967, Tièman H. Coulibaly milite dès 1994 au sein de l’Union pour le Développement et la Démocratie (UDD), fondé par son père Moussa Balla Coulibaly sur les ruines de l’ancien parti unique, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM). Son DESS de gestion en poche, obtenu à  l’université de Saint-Etienne, il rentre au pays pour s’engager pleinement. Animateur convaincu des comités et sous-sections de Badalabougou puis à  la section de la commune V du district de Bamako, il est, en 1999, directeur de la campagne victorieuse de feu Dieudonné Zallé à  la mairie. Dès lors, il entre au bureau exécutif de l’UDD et en gravit patiemment les échelons. D’abord secrétaire à  la communication, il en devient secrétaire général adjoint en 2003. Quatre ans plus tard, il est nommé secrétaire général. C’’est dans la foulée qu’il se lance, trop tard et trop timidement selon ses propres aveux, dans la bataille législative de 2007 à  Diéma (région de Kayes). C’’est un échec, que cet ambitieux surmonte pour ensuite poser les actes de son ascension politique. En mars 2010, à  l’issue de son 5ème congrès ordinaire, il est élu président de l’UDD, un parti qui compte 2 députés et une centaines d’élus communaux. C’’est le premier acte. Si l’on ne peut oublier le père derrière le fils, Tièman H. Coulibaly a su se démarquer de cette figure tutélaire en donnant son propre rythme à  l’UDD. En février 2012, à  l’approche de l’élection présidentielle prévue le 29 avril, il pose un second acte politique majeur en décidant de ne pas se porter candidat. Dans le cadre d’un accord global, son parti investi Dioncounda Traoré, candidat de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) et parie sur un groupe parlementaire UDD à  l’issue des législatives de juillet. Les événements du 22 mars, en décideront autrement. Tièman H. Coulibaly est d’une nature prudente. Il n’en est pas moins un homme d’action. Dès le lendemain du coup d’à‰tat, il est parmi les premiers à  condamner cette atteinte à  la démocratie. Rassemblés le 28 mars à  la Bourse du Travail, les leaders des partis anti-putsch s’unissent au sein du Front de Défense de la Démocratie et de la République (F. Celui dont les amitiés transcendent les clivages politiques en est l’un des fondateurs, parmi le groupe des 7. Il en devient le vice-président, ce qui marque le 3ème acte de son ascension politique. Un coup de pouce du destin ? Le 17 Avril 2012, Tièman H. Coulibaly est arbitrairement arrêté par la junte à  l’hôtel Salam, en compagnie de Maà®tre Kassoum Tapo, porte-parole du FDR, au moment o๠ils s’apprêtaient à  rencontrer Dioncounda Traoré, devenu depuis peu Président de la République par intérim. Un coup de pouce du destin ? Détenu à  Kati, il est libéré deux jours plus tard, avec à  la clef un nouveau statut, une audience internationale, et la sympathie de bon nombre de Maliens. Depuis le début de la transition, Tièman H. Coulibaly n’a eu de cesse d’exiger un gouvernement d’union nationale dans lequel chaque sensibilité politique serait représentée, gage de légitimité et d’efficience dans un contexte plus que difficile. Le président de l’UDD est certainement de ceux dont l’engagement patriotique et la fidélité à  Dioncounda Traoré sont aujourd’hui récompensés. Le nouveau ministre mesure l’ampleur et les enjeux de sa mission, comme il l’expliquait à  RFI le lendemain de sa nomination : «Â  C’’est une lourde tâche (…) dans les jours à  venir, il va falloir rapidement se mettre au travail, dans un cadre collectif, afin de conduire le Mali là  o๠tous les Maliens souhaitent qu’il aille, ainsi que la communauté internationale ». Un homme « d’expériences » Marié et père de trois enfants, musicien guitariste, Tièman H. Coulibaly est avant tout un entrepreneur dans l’âme. De l’ancienne Panafcom, il créé le groupe de communication Stellis qu’il développe en Guinée et au Burkina Faso. Avec la même gourmandise que dans sa vie politique, cet homme d’affaires avisé s’investit également dans des domaines aussi divers que les ressources humaines avec Antarès, le ciment (CMM), le transport (TSM), ou encore la gestion aéroportuaire avec ASAM dont il est jusqu’à  sa nomination l’administrateur général. Meneur d’hommes, communicateur, ce leader naturel est rapidement devenu incontournable dans le paysage du secteur privé. Il est d’ailleurs vice président chargé des relations extérieures au sein du Conseil National du Patronat Malien et secrétaire aux relations extérieures de l’Organisation Patronale des Industries. Cette polyvalence souligne le caractère pragmatique et concret de celui qui n’en demeure pas moins un homme d’idéal et de convictions. Des affaires auxquelles il n’est pas si étranger Ses multiples responsabilités lui ont permis de développer un réseau solide en France, notamment au Quai d’Orsay, mais aussi dans plusieurs pays de la sous-région. Ces relations lui seront d’une aide précieuse pour séduire les investisseurs étrangers et les bailleurs dont le Mali et son économie au ralenti ont cruellement besoin. Il donnerait ainsi à  son poste un caractère plus économique, des affaires auxquelles il n’est pas si étranger. Il est vrai que Tièman H. Coulibaly n’a pas le parcours classique du parfait diplomate, mais il a néanmoins des qualités qui pourraient donner une autre dimension au poste qu’il occupe désormais. Si le ministre des Affaires à‰trangères est le premier ambassadeur de son pays, sa formation et son expertise dans la communication pourraient faire de Tièman H. Coulibaly l’homme de la situation. Particulièrement à  l’heure o๠le Mali doit jouer serré pour redorer son blason et négocier avec la communauté internationale : « cette fonction me place au dessus des contingences partisanes, je travaille désormais pour mon pays le Mali », précisait-il la veille de son premier conseil des ministres, dans son grand bureau du Quartier du Fleuve. A 45 ans, parce qu’il a toujours mené de front carrière politique et entrepreneuriale, parce qu’il est tout à  la fois ouvert sur le monde et profondément ancré dans son terroir, Tièman H. Coulibaly incarne une nouvelle génération. Est-ce celle qu’attendent les Maliens ? Peut être que cette fois-ci, Tièman H. Coulibaly sera précisément là  o๠on l’attendait.