Tombouctou : la destruction des mausolées est un « crime de guerre »

Depuis maintenant trois jours, les islamistes qui contrôlent la ville de Tombouctou ont entrepris de détruire les mausolées et autres…

Depuis maintenant trois jours, les islamistes qui contrôlent la ville de Tombouctou ont entrepris de détruire les mausolées et autres sites religieux qu’ils considèrent « haram » (contre l’islam,ndlr). Le bilan est déjà  lourd. Sur les seize mausolées, sept ont déjà  été cassés et ce lundi matin, C’’est à  une mosquée qu’ils s’attaquent. « Les islamistes viennent de détruire l’entrée de la mosquée Sidi Yeyia de Tombouctou », située dans le sud de la ville, « ils ont arraché la porte sacrée qu’on ouvrait jamais », a affirmé un témoin cité par l’AFP. Cette information a été confirmée par d’autres habitants de Tombouctou. Incompréhension et colère Parmi les habitants de Tombouctou, on ne comprend pas très bien ce qui se passe. Comment peuvent-ils se réclamer de l’islam et profaner, détruire des lieux saints de cette religion ? Comment peut-on laisser faire une chose pareille ? Les interrogations sont nombreuses au sein d’une population impuissante face à  ces destructions d’un patrimoine jalousement préservé au fil des siècles. l’un des témoins interrogé par l’AFP s’indigne de ce qui se passe encore ce lundi 02 juillet. L’homme, ancien guide touristique de la ville a déclaré: « Ils sont venus avec des pioches, ils ont commencé par crier +Allah+ et ils ont cassé la porte. C’est très grave. Parmi les civils qui regardaient ça, certains ont pleuré ». Les islamistes du groupe Ançar Dine qui contrôlent la ville depuis trois mois et y ont imposé la charia. Ils ont affirmé le samedi 30 juin que ces destructions étaient des représailles contre l’UNESCO qui a placé le 28 juin la ville sur la liste du patrimoine mondial menacé. En ce qui concerne la mosquée Sidi Yeyia, ils ont avancé comme argument à  un imam que « certains disaient que le jour o๠on ouvrirait cette porte, ce serait la fin du monde et ils ont voulu montrer que ce n’est pas la fin du monde ». La porte située côté sud de la mosquée de Sidi Yeyia est fermée depuis des décennies, car selon des croyances locales, son ouverture éventuelle porterait malheur. Cette porte conduit vers un tombeau de saints et si les islamistes l’avaient sû, « ils auraient tout cassé », affirme un autre habitant. Des poursuites pour crime de guerre La procureure de la Cour Pénale Internationale a menacé les responsables des destructions de poursuites. « Mon message à  ceux qui sont impliqués dans cet acte criminel est clair: arrêtez la destruction de biens religieux maintenant. C’est un crime de guerre pour lequel mes services sont pleinement autorisés à  enquêter », a déclaré dimanche Mme Bensouda à  Dakar. Elle a précisé que l’article 8 du statut de Rome portant création de la CPI stipulait que « les attaques délibérées contre des bâtiments civils non protégés qui ne sont pas des objectifs militaires constituent un crime de guerre. Cela inclut les attaques contre les monuments historiques, tout comme la destruction de bâtiments dédiés à  la religion ». Présente à  Saint-Pétersbourg pour une réunion de l’UNESCO, la ministre malienne des arts, du tourisme et de la culture, Diallo Fadima, a transmis un appel du Mali aux Nations Unies. Les autorités demandent à  l’ONU de « des mesures concrètes pour mettre fin à  ces crimes contre l’héritage culturel de la population ».