Un an après le coup d’Etat, un bilan en demi-teinte pour la transition

Tout se dégrade quand les rebelles du MNLA s'emparent des trois principales régions du Nord. Le 30 mars, la Cédéao…

Tout se dégrade quand les rebelles du MNLA s’emparent des trois principales régions du Nord. Le 30 mars, la Cédéao menace le Mali d’un «embargo diplomatique et financier» si la junte au pouvoir depuis le 22 mars ne rétablit pas l’ordre constitutionnel dans les 72 heures. C’’était à  l’issue d’une réunion de chefs d’Etat à  Abidjan. Le 31 mars, les rebelles touareg s’emparent de la ville de Gao. Et le lendemain, pendant que la junte annonce le retour de l’ordre constitutionnel, la ville de Tombouctou tombe aux mains du MNLA. Le 2 avril, les salafistes d’Ançar Dine arrachent Gao au MNLA. Le pays est dans le chaos. Au sud, l’instabilité politique prévaut avec la mise sur orbite du Capitaine Amadou Haya Sanogo que la CEDEAO ménage et qui deviendra le 3è personnage de la transition politique. Le 8 avril 2012, trois semaines après le renversement du pouvoir, le désormais président déchu du Mali Amadou Toumani Touré démissionne officiellement de ses fonctions, dans sa lettre il déclare : «Â dans l’intérêt supérieur de mon pays, J’ai l’honneur de demander qu’il vous plaise de recevoir ma démission et, subséquemment, de constater la vacance de la présidence de la République. » La junte a conclu deux jours auparavant un « accord-cadre » avec la CEDEAO, par lequel elle s’engage à  rendre le pouvoir aux civils après la démission d’ATT. Mais cet Accord Cadre contient des dispositions ( nomination d’un Premier ministre de pleins pouvoirs, réformes militaires ) qui ne seront finalement pas suivies à  la lettre dans leur application. Très vite, cet Accord-Cadre deviendra caduque au profit d’un tricéphalisme d’Etat. Avec le trio Dioncounda, Diarra, Sanogo, la gouvernance d’Etat peine à  fixer la feuille de route de la transition naissante. Pire, l’Accord Cadre donnera à  Sanogo, des prérogatives qui brouilleront le retrait des militaires de la vie politique malienne. Au nord, l’imposition de la charia par Ansar Dine et la destruction des mausolées de Tombouctou viennent clore la liste des exactions et violations aux droits de l‘homme. Le traumatisme est profond chez les habitants et entraine des déplacements massifs de populations vers les pays voisins comme le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, l’absence totale d’administration au Nord et un accès rendu difficile à  ces zones pour les humanitaires. Dialoguer ou prendre les armes ? Le 21 mai, Dioncounda Traoré est agressé dans son bureau par des manifestants, malgré la présence sur place de la Garde nationale. Il est évacué en France et y restera deux mois. Cette agression intervient un mois seulement après son investiture à  la présidence de la transition (12 avril) pour une période qui reste à  définir. Ensuite, deux premiers ministres se sont succédés, Cheik Modibo Diarra, un ancien de la NASA, cet astrophysicien occupe le poste et met en place un gouvernement de technocrates qui n‘arrive pas à  mettre en œuvre la feuille de route de la transition ni à  prendre de décisions concrètes face aux exactions, viols, lapidations et autres barbaries commises au Nord. A quand la guerre ? Les Maliens restent dans l’incertitude… Désigné comme Premier ministre avec les pleins pouvoirs le 17 avril, Cheick Modibo Diarra a ensuite été contraint à  la démission le 11 décembre 2012 après 8 mois à  la Primature. Et par l’œuvre des ex putschistes, qui gardaient toujours la mains dans la vie politique. Un acte que les autorités de transition cautionneront. Son bilan a surtout été marqué par un leadership faible, des écarts diplomatiques et des voyages incessants qui trahissaient une absence de cohésion avec les décisions du Président de la République par intérim. Bicéphalisme, tricéphalisme au sommet, les citoyens maliens ont fini par réprouver sa politique, qui, selon eux, n’aidait nullement le pays à  sortir de l’impasse. D’autant que l’autre mission, celle de rétablir l’intégrité territoriale du Mali, ne trouvait de voie militaire. Le successeur de M.Diarra est Django Sissoko, et jusqu’à  sa nomination, il était un homme de l‘ombre qui a servi dans presque toutes les administrations au Mali depuis 1971. Sa personnalité modeste et décidée, va aider l’accélération des choses au Nord Mali. Si depuis le début de la crise, la Cédéao avait plusieurs fois déclaré intervenir militairement au Mali, C’’est finalement l’armée française qui viendra au secours du Mali, le 11 janvier 2013, après que le ville de Konna (à  70 km de Mopti) ait été attaquée par les jihadistes. On raconte que C’’est Django Sissoko qui aurait adressé une lettre d’urgence au Président François Hollande. Un appui officiellement réitéré par le Président par intérim, Pr Dioncounda Traoré, alors que l’avancée des jihadistes vers le sud du pays avait crée une panique sans précédents chez les Maliens. l’opération Serval est née ! Des élections vivement souhaitées Après des mois de balbutiement, des élections sont enfin annoncées pour le mois de juillet 2013. Quelques nouveaux partis politiques se créent. Soumaà¯la Cissé, président du parti URD (Union pour la République et la Démocratie) revient au pays après plusieurs mois d’absence. Il s’était rendu en France pour se soigner après une chute. Il n’est pas le seul. l’Adema prépare ses primaires pour Avril 2013. Une alliance politique réunit de jeunes leaders politiques de mouvance diverse. Au moment o๠les autorités ont décrété un état d’urgence pour une durée de trois mois à  compter du 12 janvier 2013, les hommes politiques commencent à  entrer en ébullition. La longue période d’inaction des partis politiques touche à  sa fin. Le Malien lambda attend avec impatience la tenue de ces élections. D’autres doutent de leur tenue en Juillet 2013, quant à  l’effectivité de l’échéance prévue. «Â Nous voulons aller aux élections mais tant que Kidal n’est pas libérée, inutile d’envisager une telle chose », indique Moussa Konaké, économiste. En effet, la région de Kidal est protégée par les forces armées françaises. l’absence de l’armée malienne dans cette zone suscite beaucoup d’interrogations auxquelles les autorités répondent en soulignant le manque de moyens et de stratégies des forces maliennes pour s’y rendre. Dernièrement la nomination de Sanogo, à  la tête du comité de réformes militaires, les avantages subséquents accordés à  la fonction choqueront encore les Maliens et le corps de la presse reste régulièrement visé par des interpellations arbitraires. Un an après le Coup d’Etat, C’’est un bilan en demi teinte pour une transition, qui devrait normalement s’achever avec les élections générales de Juillet 2013. Si elles ont bien lieu.