Une TVA revue pour doper l’industrie malienne

l'économie malienne traverse des difficultés sans précédent depuis le déclenchement de la crise politico –militaire de 2012. Tous les secteurs…

l’économie malienne traverse des difficultés sans précédent depuis le déclenchement de la crise politico –militaire de 2012. Tous les secteurs sont touchés, bien que certains pâtissent moins que d’autres de la situation. Le tourisme, l’hôtellerie, déjà  mis à  mal depuis des années mais aussi l’agriculture et l’artisanat qui connaissent un certain ralentissement de leurs activités. Mais, le secteur qui se retrouve désormais littéralement asphyxié par cette crise, C’’est bien l’industrie. Cela fait deux décennies que le secteur avance à  reculons avec des chiffres sans cesse revue à  la baisse. De 2002 à  2012, par exemple, la participation de l’industrie malienne au PIB national est passée de 10% à  moins de 5%. Or, comme se tuent à  le répété les industriels maliens, « il ne peut y avoir de développement sans industrie ». Que faire alors pour sauver l’industrie malienne ? Les professionnels du secteur ne se sont pas fait prier pour dérouler un chapelet de mesures qui devraient à  court, moyen et long terme renflouer la barque si rien n’est fait, va couler. Parmi ces propositions, on peut noter la réduction de la TVA pour les produits de l’industrie malienne. Cette mesure qui a fait ses preuves sous d’autres cieux pourrait, selon l’organisation patronale de l’industrie de donner un nouveau souffle au secteur. Une « TVA sociale » malienne Malgré son potentiel au regard des ressources naturelles et de marché, l’industrie malienne est parmi les plus en retard de la sous-région en termes de développement et de diversification. Juste après les indépendances, de gros investissements avaient été faits pour lancer l’économie nationale, avec de grosses entreprises d’Etat ou privées pourvoyeuses d’emploi et de richesses. l’Etat s’est ensuite désengagé, dans les années 80, avec pour conséquences fermetures en cascade, des milliers de travailleurs sur le carreau et une industrie qui peine à  subsister. De l’avis de l’OPI, cette situation est tout simplement un frein au développement même du pays. « Aucun pays ne peut se développer en vivant avec les importations, en créant aucune valeur ajoutant sur ses propres ressources », soutient Cyril Achcar, le président de l’Organisation Patronale des Industriels. Aujourd’hui, selon lui, l’Etat doit s’impliquer à  nouveau pour que l’industrie malienne survive, dans un premier temps, puis devienne le moteur du renouveau économique du Mali. l’OPI demande donc à  l’Etat de « faire des gestes » pour inciter les investisseurs, aussi bien maliens qu’étrangers. Une TVA à  5% pour les produits manufacturés non importés serait un signal fort adressé à  ces derniers. Taxés aujourd’hui à  18% comme tous les autres produits manufacturés importés, ceux du Mali ont du mal à  tenir la concurrence. Du fait, d’abord du coût élevé des facteurs de production (énergie, communication, charges sociales…), mais aussi parce que la plupart des produits importés échappent à  la fiscalité officielle (un autre combat de l’OPI). Faire face relève donc de la gageure pour les industriels maliens qui affirment aujourd’hui tourner quasiment à  perte, juste pour maintenir les installations et ne pas jeter leur personnel à  la rue. M. Achcar appelle cette nouvelle formule, la « TVA sociale » et cite l’exemple de la France o๠cette mesure a été appliquée avec succès pour le secteur de la restauration en 2007. l’objectif est simple : le prix des biens importés augmente, tandis que celui des biens produits sur le territoire reste inchangé, voire baisse puisque les charges fiscales diminuent. On peut donc s’attendre à  une substitution de la demande en faveur des biens produits sur le territoire malien, dont le prix diminue par rapport aux biens importés. Or, les impôts et taxes sont une source de revenus non négligeable pour la caisse de l’Etat. Ils lui permettent de financer les investissements publics et de faire face à  ses charges. Au Mali, ils représentent chaque année une masse monétaire importante et y renoncer n’est pas chose évidente en ces temps de crise. Jusqu’à  100% d’emplois supplémentaires en un an Pour appuyer leur requête, les industriels maliens avancent leurs arguments. Cette mesure est d’abord et avant tout incitative, motivante pour les investisseurs, tous ceux qui aujourd’hui préfèrent thésauriser ou construire des immeubles ou encore importer du riz. Des activités sans grande valeur ajoutée au plan local. Une vingtaine d’entreprises pourraient ainsi être créées chaque année, étoffant ainsi le parc industriel malien qui compte aujourd’hui à  peine une centaine de structures là  o๠en Côte d’Ivoire on en recense des milliers. « La TVA à  5% permettra d’apporter des points de compétitivité en plus à  mon activité et donc des parts de marché. Ce qui se traduira par une augmentation de notre activité, et donc une augmentation du volume de travail et donc du personnel » affirme M. Achcar. Un tiers de personnel en plus, pour être plus précis puisque l’usine des Grands Moulins du Mali(GMM) pourra tourner 16h au lieu de 24h et employer trois équipes au lieu de deux. Voire quatre si l’activité s’étend aux samedi et dimanche. Cela créera 100% de personnel en plus. Si chacune des 80 industries de l’OPI ajoute une équipe cela représentera de 8.000 emplois à  16.000 nouveaux emplois créés en une année ! Quand on sait que le secteur emploie aujourd’hui à  peine 15 000 personnes, ce chiffre se verrait doubler. Gagnant- gagnant s’il est vrai que cette mesure profitera au secteur industriel en lui apportant un peu d’oxygène côté finances et activités, elle profitera également à  l’Etat qui fera un sacrifice en échanges de résultats probants quasi immédiats. Le nombre d’emplois créés évoqués plus haut mais aussi une meilleure productivité et compétitivité du secteur qui verra sa contribution au PIB augmenter de façon substantielle. Avec la crise que traverse le pays en ce moment et les difficultés que rencontre la plupart des opérateurs économiques, cette mesure sera un signal fort de la volonté des pouvoirs publics de venir en aide aux secteurs productifs et de donner du travail aux maliens qui par milliers ont perdu leurs emplois au cours de l’année écoulée. La TVA sociale à  la malienne sera donc une bonne nouvelle pour les industriels maliens mais aussi pour l’économie tout entière qui en tirera des avantages à  court, moyen et long terme.