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Vacances 2016 : Destinations intérieures !

Après de longs mois de labeur, c’est la période des vacances pour bon nombre de Maliens qu’ils soient fonctionnaires, élèves,…

Après de longs mois de labeur, c’est la période des vacances pour bon nombre de Maliens qu’ils soient fonctionnaires, élèves, étudiants ou employés de structures privées. Choisir sa destination n’est pas toujours aisé et de nombreuses considérations, à commencer par le coût, entrent en ligne de compte. Découverte, évasion, sports, shopping, les options ne manquent pas. La destination Mali séduit de plus en plus les Maliens et c’est sur ce tourisme intérieur que l’État et les professionnels commencent à compter pour relever un secteur sinistré par presque une décennie de contraintes sécuritaires qui ont éloignés les visiteurs étrangers. Tour d’horizon.

Les vacances 2016 ont commencé et les Maliens, qui sont de plus en plus nombreux à accorder de l’importance à cette période de repos, font leurs valises. Qu’ils soient résidents ou de la diaspora, ils auront le choix parmi une offre de produits de vacances qui s’est largement diversifiée, et à laquelle ils ont de plus en plus largement accès. En outre, ces dernières années, avec le concept de tourisme solidaire, la tendance s’inverse au profit des destinations locales. Aldiouma Dolo, un guide accompagnateur touristique définit ce genre de tourisme comme le fait de découvrir son pays en contribuant au développement durable des populations locales. « Pour cela, le touriste doit accepter de loger dans les campements privés et de se faire préparer ses repas par les villageois. En faisant ce type de tourisme, vous aiderez à lutter efficacement contre la pauvreté », explique le jeune Dogon. « Certains vacanciers l’ont compris et ils commencent à s’y intéresser. À Tériyabougou par exemple, des visiteurs ont l’habitude de planter des arbres, d’aider les populations à reconstruire leurs maisons », reconnait Ousmane Diallo qui s’apprête à revivre l’expérience de l’année dernière. Malgré un début timide pour le développement de ce secteur, au niveau des autorités, on y croit.

Potentiel énorme Le Delta central du Niger, l’écosystème du Gourma avec la fameuse réserve des éléphants qui va de Douentza à Gossi en bifurquant vers Inadifatane et Benzana, méritent d’être visités, de même que les monts mandingues, les chutes de Siby, les forêts de bambou et de raphia et les rives du fleuve Niger. Le Mali compte une vingtaine de zones protégées, dont un parc national, onze réserves de faune et trois réserves forestières. Sur le plan archéologique, il a été recensé plus de 86 sites attestés par des vestiges divers dans le delta central du fleuve Niger. C’est dire combien le Mali offre de possibilités d’évasion et de découvertes pour les Maliens et les visiteurs étrangers. Ces derniers sont, il est vrai, de plus en plus rares, mais on en rencontre encore quelques irréductibles à Bamako ou à Ségou, découvrant la richesse culturelle et les paysages du Mali. « Cependant si le marché du tourisme domestique ne se développe pas, il serait irréaliste de parler de retombées économiques générées par les flux de vacanciers maliens », explique Madame Ouattara, la directrice nationale du tourisme et de l’hôtellerie (DNTH).

Si de nombreux établissements ont du fermer au plus fort de la crise, l’offre hôtelière s’est cependant développée ces dernières années, notamment à Bamako où des hôtels de standing sont en construction comme le Sheraton à l’ACI 2000, ou en cours d’agrandissement comme l’hôtel Azalaï Salam. Dans certaines capitales régionales et les grandes villes à potentiel touristique, de nouveaux hôtels s’ouvrent également, même s’il faut reconnaître que leurs tarifs dépassent bien souvent le pouvoir d’achat du « Malien moyen ». « On va chez les parents de mes amis, c’est moins cher et plus convivial », explique Ana, qui visite le plateau dogon avec sa bande d’amis de Bamako, dont certains sont originaires de la région.

Création de richesses En 2015, plus de 82 201 voyageurs ont séjourné au Mali pour des motifs non commerciaux. Ces voyageurs, qui sont majoritairement des Maliens résidant à l’étranger, dépensent beaucoup d’argent pendant leur séjour. « Les hôtels de catégorie supérieure ne répondant pas à leur desiderata, généralement, ils préfèrent louer des villas ou des appartements équipés pour passer leur séjour », indique M. Diawara, PDG d’une agence immobilière spécialisée dans la location de logements meublés dans les quartiers résidentiels. « Je suis à Bamako pour deux semaines et pour ne pas déranger les parents, j’ai décidé de louer un appartement à 300 000 francs CFA pour mon séjour», explique Samba Touré, un franco-malien. Les restaurants et les autres lieux de divertissement comptent également sur cette période de vacances pour améliorer leur chiffre d’affaires.

Offre lacunaire Pour les Maliens qui partent à l’étranger, la grande majorité se tourne vers les pays de la sous-région, principalement le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, tandis que d’autres se rendent au Maroc, en Tunisie, en France ou aux États-Unis. Les enfants dont les parents peuvent se le permettre, partent en colonies de vacances. Avec le recul du flux touristique à destination du Mali, de nombreuses agences de voyages autrefois positionnées sur le segment de la clientèle étrangère, se tournent de plus en plus vers l’organisation des colonies de vacances. « Malheureusement, plus de 90% des voyages organisés dans ce cadre ont pour destinations les pays de la sous région et ceux du continent européen », regrette Madame Ouattara. Les clients eux-mêmes déplorent le fait que les agences de voyages et de tourisme ne fassent pas la promotion du tourisme intérieur. « L’année passée je suis parti avec mes trois enfants et mon épouse en France pour deux semaines. Mon souhait cette année était de rester au Mali pour découvrir l’intérieur du pays, mais finalement on n’a pas su où aller, il n’y avait rien de bien organisé », regrette M. Koné, cadre d’une banque de la place. Une situation confirmée par les agences dont la grande majorité se contente « de la billetterie et des colonies de vacances à l’extérieur ».

Mais les vacances, ce ne sont pas que les voyages. Pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas partir, il existe de nombreuses options pour s’occuper. Si certains en profitent pour rattraper les obligations sociales, ce temps peut également être mis à profit pour se reposer et s’embarquer à travers lecture, prière et méditation, pour un véritable voyage intérieur…