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Vacances utiles à l’école coranique

En cette matinée du jeudi 7 août 2014, le secteur Dontomé II dans le quartier populaire de Djicoroni-Para, en commune…

En cette matinée du jeudi 7 août 2014, le secteur Dontomé II dans le quartier populaire de Djicoroni-Para, en commune IV du district de Bamako, affiche un certain calme. Cette atmosphère est contrariée à  l’approche de la 4ème rue de la route latéritique qui mène à  l’Usine céramique, l’un des vestiges du fleuron industriel du Mali indépendant. Ici, l’attention des passants est attirée par des psalmodies des versets coraniques des enfants qui reçoivent une formation pendant les vacances scolaires. l’école fondamentale privée Banana Coulibaly sert de cadre pour cette formation éclair qui doit durer deux mois. Cinq classes accueillent plus d’une centaine d’élèves issus à  la fois de l’école française et de l’école coranique. Les élèves sont orientés dans les classes suivant leur niveau de connaissance après avoir subi un test à  l’inscription qui s’élève à  la modeste somme de 750 F CFA. Organisés depuis les vacances scolaires de 2009, ces cours religieux sont l’œuvre de l’association Chababou Dine(les jeunes de l’Islam), composée de jeunes soucieux de la promotion de la religion pratiquée par plus de 90% des Maliens. Selon les initiateurs, ces cours de vacances sont une occasion aux enfants de connaà®tre les sourates, les hadiths du prophète Mohamed(PSL) ainsi les règles d’usage et de bonne conduite dans la société. Pour encourager les enfants, renseignent les responsables de Chababou Dine, les plus méritants seront récompensés à  la fin à  la faveur d’une cérémonie solennelle organisée dans une mosquée du secteur. Les enfants recevront pour l’occasion divers cadeaux comme les manuels scolaires. Commencés cette année au mois de juillet, les cours suscitent un engouement certain chez les parents d’élèves qui continuent d’y envoyer leurs enfants alors que la fin des cours est prévue pour la mi- septembre. C’’est le cas de Abdallah Camara, ce parent d’élève venu ce matin pour l’inscription de ces deux enfants. « Ces cours sont tellement importants qu’il faut inscrire les enfants même pour quelques jours. Cela leur permettra non seulement d’apprendre mais aussi de ne pas passer la journée à  divaguer », dit l’homme qui vient juste de remettre aux responsables la somme de 1500 F CFA comme frais d’inscription des deux enfants. Aussitôt après leur inscription, Mohamed Camara et son frère sont testés par Mamadou Kéita, étudiant à  la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Bamako, l’un des superviseurs des cours. « Avant de les mettre dans une classe, l’on doit d’abord connaà®tre leur niveau », explique d’une voix calme celui qui est considéré par les membres de l’association comme une cheville ouvrière. Un « maà®tre » dévoué Zoumana Camara est un enseignant en arabe qui offre volontiers ses services à  l’association pendant les vacances. Il encadre la 5ème année qui est pour l’instant le plus haut niveau recevant les anciens ou les nouveaux ayant déjà  un niveau avancé. l’homme formé au Mali et au Soudan apprécie l’initiative et ne tarit pas d’éloges quant à  son importance. « J’ai commencé avec eux depuis la première édition et l’intérêt pour la formation va grandissant chez les parents. Malgré ce laps de temps, les enfants apprennent vite et bien. Pour preuve, à  la fin de la formation, certains enfants issus de l’école francophone dament le pion souvent à  ceux qui sont dans les médersas ». Les propos de l’enseignant sont confirmés par ses élèves qui prennent plaisir à  suivre la formation. Candidat à  l’examen du Diplôme d’études fondamentales(D.E.F) l’année prochaine, Mamadou Diawara se vante d’avoir appris les sourates, les hadiths et autres bénédictions grâce à  ces cours qu’il suit depuis trois ans. « Au départ je n’aimais pas venir. Il fallait m’y forcer. Mais après J’ai réalisé l’importance et je m’y rends volontairement ». Egalement candidate au D.E.F l’année prochaine, la petite Naré Dienta, la tête couverte par un foulard est également fière de la formation qu’elle reçoit depuis des années grâce à  Chababou Dine. « J’ai beaucoup appris pendant 5 ans de formation. Je forme à  mon tour mes petits frères et recadre souvent ma mère si elle se trompe dans les sourates », confie-t-elle.