PersonnalitésParcours, Personnalités




Yattara « le satan », satire des wahhabites du Mali

Nous avons rencontré cet audacieux dont les dires méritent une fatwa et pourtant… Juste un petit bout d'homme, environ un…

Nous avons rencontré cet audacieux dont les dires méritent une fatwa et pourtant… Juste un petit bout d’homme, environ un mètre soixante. Le teint clair, les cheveux noirs, le regard malicieux, le débit rapide, le corps enveloppé dans un uniforme camouflet, Daouda Yattara fait penser à  un militaire en bivouac. Il nous reçoit en ce jour de noà«l dans sa résidence de Sébénicoro à  un jet d’encre du poste haute tension Kodialani de l’OMVS sur la route de la Guinée. Cette maison blanche est seule au milieu de nulle part. Normal non, tout le monde évite ce natif de Markala, ville sucrière de la région de Ségou. A l’opposé de sa contrée qui alimente le Mali en sucre, Daouda dit « =aimer boire du sang de vache et le poisson ». Il fait peur ce féticheur souvent sollicité par des présidents africains désireux de perdurer au pouvoir. Notre hôte affirme « ne jamais rien demander à  ses visiteurs, ils payent après résultats. Pour être honnête, je suis dans mon élément lorsqu’on me sollicite pour faire du mal. Vous voyez ma maison, elle est bien protégée. La case d’en face abrite les vaudous venus du Bénin, l’albatros noir qui surplombe la porte d’entrée de la résidence voit tout et le drapeau du Mali flottant sur ma terrasse prouve mon attachement à  ce pays que J’aime tant ». Charismatique, bon débatteur, ce féticheur si craint manie bien la langue de Molière dont il dit qu’elle « n’a que trois types de fautes contrairement au bambana qui en compte sept ». Nous avons décelé dans son discours un problème d’égo lié à  la disparition prématurée de son père alors qu’il était tout jeune et à  la perte de sa mère l’année dernière. Ceci fait dire à  Daouda Yattara « je n’ai pas peur de la mort, je suis prêt à  partir aujourd’hui ne serait-ce que pour rejoindre ma mère. Vous me parlez de Dieu, il ne doit pas nous faire peur, nous ne ferons que retourner d’o๠nous sommes venus ». Vendeur de drogue ? Trop jeune pour jouir d’une notoriété dépassant les frontières maliennes, Le Satan se défend « d’être un vendeur de drogue. On m’accuse de tout or je ne bois pas, je ne fume pas, je ne prends pas de thé et je ne cours pas les femmes. Seulement, il faut savoir que nous sommes au Mali o๠même Dieu est critiqué. On raconte les choses les plus folles me concernant sans oser venir m’interroger. Je suis un vrai Satan et je ne m’en cache pas. Je vis avec des fétiches et cela requiert des sacrifices d’o๠mon choix de n’avoir ni femme ni enfant ». Effectivement, sa résidence construite en étage est peuplée de bêtes noires. Le maà®tre des lieux y a des salles de consultation. Dans l’une, nous avons trouvé des fétiches en cire noire, des assiettes remplies de sang, des canettes de boisson alcoolisée destinées aux fétiches, du sable tamisé pour la voyance et des coqs égorgés pour des travaux en cours. l’hôte joue avec deux fouets assortis d’écrin de cheval, de cauris, de miroirs et de graffitis illisibles pour les non-initiés. Sa grosse berline connue des Bamakois est garée dans la cour. Sur la plaque d’immatriculation, on peut lire « D.Y. LE SATAN » et à  la question de savoir pourquoi il ne met pas de plaque normale ? Il nous balance un sourire bavard !! Dieu, sur terre !!! Interpellé sur sa religion, le féticheur répond sans ambages « moi, je ne prie pas, je suis né musulman mais la prière n’est pas mon dada. Dieu est en haut, je suis sur terre et ici je n’ai peur de rien, je fais tout. Je suis un dieu sur terre. Ceux qui vous parlent de prière doivent se débarrasser des matelas à  une place planqués dans leur bureau. Le Mali ne décollera jamais avec de telles pratiques. Les bureaux sont des couchettes occasionnelles alors comment vous voulez que les choses marchent, ce n’est pas possible. Tout homme propre voit ses prières exaucer. Qu’il soit musulman ou chrétien. Dieu aime la pureté ». Daouda enfonce le clou en indexant certains musulmans en ces termes « tous les problèmes du Mali viennent des wahhabites. Ils ne sont rien et ne représentent rien, je les combattrai toute ma vie. Qu’ils viennent en découdre avec moi s’ils ont des tripes. Je les déteste. Ils ont miné, divisé et détruit ce pays. Les terroristes n’ont rien fait, ils profitent des erreurs des wahhabites pour se faire entendre. Au moins, on sait ce que veulent les narcotrafiquants mais dà®tes –moi ce que cherchent ces hommes enveloppés dans des manteaux noires, le visage masqué, la barbe ébouriffée et le pantalon sauté ? Avec leurs idées avant-gardiste et leur terrorisme verbal, tout le monde les laisse faire à  commencer par l’Etat maintenant vous en vivez les conséquences ». Qui disait qu’IBK n’allait jamais gagner Taquin et fier de ses hauts faits d’armes, Daouda captive son auditoire. Tout en jouant avec ses fouets, il répète ne pas avoir le droit de tout dire. Selon ce Satan terrien, « l’homme doit taire les secrets sinon il devient un traitre » raison pour laquelle il se garde de dévoiler l’identité de ses clients. Ces derniers viennent de partout et de toutes les races. Le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie font partie de ses destinations préférées. Les blancs, les chinois comme naturellement les noirs défilent chez lui. Les femmes aussi lui confient des tâches. Entre les séances d’entrainement de Taekwondo, de judo, de close-combats et de karaté (il est ceinture noire cinquième dan) et la formation d’élèves féticheurs, il trouve le temps de se faufiler en ville pour prendre la température du pays. Daouda Yattara déplore que « le Mali et l’Afrique n’aient plus des grands hommes à  l’image de Kadhafi qu’il fréquentait, du Général Moussa Traoré, de ATT et de Amadou Sanogo ». Il assimile les dirigeants actuels à  des marionnettes à  la solde de l’occident d’autant, affirme t-il, que « les élections en Afrique sont arrangées depuis Paris, Washington et Londres. Les peuples ne sont que des cautions de légitimation ». Il va plus loin dans son speech « Georges Bush, Tony Blair et Nicholas Sarkozy doivent être jugés par la Cour Pénale Internationale et non les piètres présidents africains ». Quid de ses relations avec IBK ? Il avoue ne l’avoir jamais rencontré. D’un brin malicieux, il s’en prend à  tous ceux qui prétendaient que « le leader du RPM n’allait jamais gagner tant qu’il continuerait à  habiter à  Sébénicoro ». Après deux heures d’entretien, Yattara le Satan est invité à  dire son mot de la fin. Il nous supplie de lui donner l’opportunité de s’exprimer en bambana pour dire à  ses compatriotes « son étonnement face à  des personnes qui ont soutenu le Général Moussa Traoré, ATT, Alpha Oumar KONARE, Amadou Sanogo et aujourd’hui IBK ! Comment peut-on être râtelier au point d’aimer tous les élus! Ces rats de la république se connaissent. Ils sont nuisibles au Mali. Notre pays a besoin d’hommes honnêtes et non d’opportunistes prêts à  transhumer à  chaque époque. J’interpelle les militaires. Il faut dépasser ce clivage bérets rouges/bérets verts et se donner la main dans l’intérêt du pays. Le «soma» (féticheur) que je suis ne permettra jamais aux traitres de vendanger le Mali ». Avant notre départ, Yattara le Satan formule un dernier vœu « de grâce, ne censurez pas la partie sur les wahhabites, je le réitère ils sont une plaie pour le Mali et mérite en conséquence d’être combattus ce que je m’emploie à  faire au quotidien ». Sacré Satan.