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Y’en a marre! Des Indignés sauce maffé

Contestation pacifique, manifestation en chansons, slogans mordants dont le fameux « Faux ! Pas forcé » appelant le président sénégalais…

Contestation pacifique, manifestation en chansons, slogans mordants dont le fameux « Faux ! Pas forcé » appelant le président sénégalais sortant Abdoulaye Wade à  ne pas forcer pour obtenir un troisième mandat très contesté. Le mouvement Y’en a marre est né en janvier 2011dans les banlieues défavorisées de Dakar, à  l’initiative des rappeurs du groupe Keur Gui (Notre maison). Simon, Fou Malade, 5kieme Underground, Xuman se sont associés au journaliste Cheikh Fadel Barro de la Gazette. Ce sont les coupures d’électricité, fréquentes et intempestives qui sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase de ces jeunes qui indexent le régime en place et l’accusent de gabegie. Les initiateurs du collectif dénoncent les fausses promesses des politiques au pouvoir depuis 2000, et se qualifie de « génération sacrifiée ». Marre des problèmes! Les « Y’en a marre » sont des «conscientiseurs». Leur objectif est d’inciter les Sénégalais à  voter, à  renouveler le personnel politique, à  lutter contre la corruption et promouvoir le civisme. En 2011, d’avril à  aout, ils mènent une grande campagne pour convaincre les jeunes à  s’inscrire sur les listes électorales afin de participer à  la présidentielle prévue le 26 février. Ils se joignent naturellement au mouvement populaire qui le 23 juin fait reculer le président Abdoulaye Wade qui souhaite une réforme constitutionnelle, rejetée par l’opposition qui le soupçonne de préparer l’accession de son fils au pouvoir. Au sein du M23 qui venait ainsi de voir le jour, les jeunes se démarquent par leur présence non-violente et leurs idées pour faire les choses « différemment ». Leur style rejoint celui des « Indignés », un mouvement de contestation né en Espagne et qui en 2011 a essaimé à  travers le monde avec des manifestations sur tous les continents. Ils organisent ainsi une « foire à  problèmes » au cours de laquelle les sénégalais étaient appelés à  venir soumettre leurs difficultés, informations remontées au niveau des politiques à  travers le premier moyen de sensibilisation du collectif : la chanson. Printemps sénégalais ? Si l’on en croit le journaliste sénégalais Adama Gaye, le collectif pêche par son « immaturité politique ». Selon lui, « Y’en a marre » ne dispose pas de leadership structuré et n’a pas de vision. Pour le moment, ils ne proposent rien de crédible. Il leur est donc difficile de mener une révolution comme celle qui a bouleversé le monde arabe l’an dernier et redistribué les cartes dans de nombreux pays. Sa non maà®trise des nouvelles technologies comme Internet et les réseaux sociaux est aussi un sérieux handicap. Mais la force des « yenamarristes » selon M. Gaye, C’’est qu’ils sont aujourd’hui une véritable force de résistance qui peut mettre le pouvoir sur le qui-vive et le pousser à  la faute. Les arrestations du 16 février dernier en témoignent aisément. Grâce à  leur interpellation musclée, les jeunes de ce collectif se retrouvent une nouvelle fois sous les feux de la rampe. Leur popularité ne se dément pas au vu de la salle n°7 du palais de Justice de Dakar qui était ce jeudi pleine à  craquer pour leur procès. Simon Kouka et Landing Bessane Seck alias « Kilifeu », deux leaders du collectif comparaissaient pour «participation à  une manifestation interdite ». Une vingtaine de personnes avaient été arrêtées il y a une semaine aux abords de la place de l’Obélisque o๠Y en a marre souhaitait camper pacifiquement pour réclamer le retrait de la candidature d’Abdoulaye Wade, manifestation qui n’avait pas reçu l’aval du préfet. Depuis, les manifestations sont toujours interdites, mais les jeunes ont entamé un bras de fer avec les autorités en se réunissant pacifiquement chaque jour sur cette même place, encadré par un imposant dispositif de sécurité. Nouveau rendez-vous ce vendredi 24 février pour crier encore une nouvelle fois « Faux ! Pas forcé » !