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Youssouf Camara, photographe dans l’âme…

Entre Youssouf Camara et la photographie, C'’est une longue histoire d'amour. Elle commence pourtant de façon anecdotique au début des…

Entre Youssouf Camara et la photographie, C’’est une longue histoire d’amour. Elle commence pourtant de façon anecdotique au début des années 80. Son père, commerçant de colas à  l’époque, de retour de Dakar lui offre un appareil photographique amateur 110. Séduit par ce bijou auquel il tenait comme à  la prunelle de ses yeux, le petit Youssouf commence à  faire des photos de ses collègues de l’école coranique et des voisins. Pour toute récompense, le futur grand photographe ne demandait que les frais de développement et de tirage. Il a fallu attendre 1989 pour que le natif de Djicoroni-Para Dontomé 2 se résolve à  acheter son premier appareil photo professionnel de marque Zénith E à  65 000 F CFA. Commence ainsi une carrière professionnelle à  l’occasion des cérémonies de baptême, de mariage, des arrosages des examens et concours. Devant le succès relatif, il acheta un deuxième appareil Konica. Un talent en miniature était né contre l’avis de son défunt père pour qui la photographie était un métier de fainéants. Un talent caché Un talent que Fakourou Kéita, photographe très connu à  Djicoroni-Para, détecte en 1990 avant de solliciter ses services dans son studio contre une rémunération de 1500 FCFA par jour. «Â Une fois, mon patron m’a confié le studio pour effectuer un voyage d’une semaine. A son retour je lui ai remis 30 000CFA pour les cartes d’identité et 16 000 CFA pour les photos de grand format », se souvient celui qui va souffler sa 41ème bougie le 25 mars prochain. Vite déçu par l’attitude de Fakourou Kéita qui ne parvenait pas à  honorer ses engagements, Youssouf Camara rompt avec lui en 1991, et décide de travailler à  son propre compte après l’achat d’un nouvel appareil Canon. Très vite, il va prendre du galon et s’imposer dans le quartier et ses environs. En 1995, il décide d’ajouter une autre corde à  son arc en achetant une caméra pour filmer les cérémonies populaires. Le jeune photographe ne tardera pas à  récolter les fruits de son abnégation et son sérieux dans le travail. En prime, un studio de photo, en 2002, sur la route latéritique de l’ex Usine céramique du Mali(UCEMA), qui draine des foules, surtout lors des fêtes de fin d’année (Noà«l et Saint-Sylvestre) et les fêtes musulmanes (fête du Ramadan et la Tabaski). Et vla le studio Issouba Le studio ‘’Issouba » emploie 4 à  5 apprentis qui y gagnent bien leur vie. Parmi eux, figure Moussa Konaté qui loue les qualités professionnelles et humaines de son patron qui, selon lui, pourrait mieux faire avec un peu plus d’organisation. Un sentiment partagé par nombre de ses amis qui lui reprochent souvent de ne pas ménager sa monture pour progresser . Quant aux clients interrogés, ils s’accordent à  reconnaà®tre le professionnalisme du photographe. Le métier de photographe nourrit-il son homme ? Youssouf Camara répond avec fierté : «Â Depuis 1994, je prends en charge ma famille de près d’une vingtaine de membres. En plus de cela, J’ai pu m’acheter deux terrains à  usage d’habitation  ». Marié depuis 2005 et père aujourd’hui de deux filles et d’un garçon, Issouba ou Eric pour les intimes gagne en moyenne 5000 FCFA par jour et 200 000 FCFA par mois. Ambitieux, le photographe s’était momentanément essayé, en 1996 en Côte d’ivoire au commerce de colas avant de revenir à  ses premières amours. A l’ère du numérique… l’arrivée du numérique ne semble guère inquiéter notre quadragénaire, qui affirme bien tirer son épingle du jeu malgré l’influence des nouvelles technologie. Cependant il reconnaà®t être un peu secoué par l’Etat d’urgence. «Â A cause de cette mesure, les festivités sont réduites au strict minimum. On a fait plus de semaines sans le moindre le reportage », dit-il avec un brin de regret. Naturellement M. Camara aura connu des frustrations dans sa carrière liées essentiellement à  l’insolvabilité de certains clients proches. Sa satisfaction aura été, entre autres, de côtoyer des personnalités de la République, les grands photographes du pays de la trempe de Malick Sidibé. Pour couronner sa carrière de photographe, Youssouf Camara ambitionne de créer un laboratoire photo.  «Â Je suis au stade des études de faisabilité. Je compte mettre tous les atouts de mon côté pour réaliser ce laboratoire », conclut-il avec une forte conviction.