Économie




Déguerpissement : le manque à gagner des mairies

Alors que les commerçants continuent de grincer des dents à l’issue des opérations de déguerpissement, dans les mairies du District…

Alors que les commerçants continuent de grincer des dents à l’issue des opérations de déguerpissement, dans les mairies du District de Bamako, on fait les comptes. La libération du domaine public utilisé à des fins commerciales générait en effet des revenus substantiels pour les administrations locales.

Le 24 janvier dernier, le déguerpissement mené à l’aube à « Malitelda » a mis au chômage des centaines de jeunes qui y opéraient dans le commerce de téléphones mobiles. Aujourd’hui, l’espace est méconnaissable et la quinzaine de policiers qui montent la garde ont changé le décor. Les jeunes vendeurs ont quant à eux trouvé une place non loin, dans la cour du Carrefour des Jeunes, grâce à l’intervention du ministre de la Jeunesse et de la Citoyenneté. « On nous a demandé d’occuper cet espace de manière temporaire » explique le président de l’Association des vendeurs de téléphone, Mamadou Sidibé. À travers son association, les étalagistes versaient en tout 91 500 francs CFA par mois soit un total annuel de plus d’un million de nos francs à la mairie de la Commune III. Une manne financière dont la municipalité devra désormais se passer. « Depuis que les déguerpissements ont commencé, les rentrées au niveau des différentes mairies ont baissé. Cela ne les arrange pas du tout » déplore Sidibé.

Lourdes pertes Rien qu’en Commune III, 1 446 places ont été rasées. Cela représente au total un manque à gagner de 44 558 000 francs CFA. « C’est non exhaustif, car à la date à laquelle nous avons arrêté l’enquête, nul doute que d’autres kiosques se sont installés, et il est possible aussi que les agents aient pu en manquer certains » tempère Mohamed Sidibé, chef de département financier de la municipalité. Et ces chiffres ne tiennent pas compte des déguerpis de « Malitelda ». Il faut également souligner qu’outre ces taxes appelées droit d’exploitation, deux autres sont perçues par les mairies. Il s’agit du droit annuel d’installation qui est de 12 500 francs CFA pour les kiosques renouvelables et du droit de publicité propre aux kiosques Orange ou PMU qui est de 5 000 francs CFA par an. À cause de toutes ces pertes, la mairie de la Commune III a dû revoir ses ambitions à la baisse. Le budget prévisionnel initial de 144 millions de francs CFA prévu pour 2017, est passé à 99 millions. « Nous avons des difficultés à assurer le salaire de tous les agents, et la mairie ne pourra pas non plus entreprendre de projets d’envergure » conclut le responsable financier de la municipalité.