Loulo-Gounkoto : la mine d’or redémarre après neuf mois d’arrêt

Suspendues depuis janvier 2025, les activités du complexe aurifère Loulo-Gounkoto, dans la région de Kayes, ont officiellement repris à la mi-octobre. Ce redémarrage met fin à plus de neuf mois d’interruption provoquée par un différend fiscal et contractuel entre l’État malien et la société Barrick Gold Corporation, jusque-là opératrice principale du site.

Selon plusieurs sources industrielles, la production a redémarré progressivement sous la supervision d’une administration provisoire malienne nommée en juin. Les premières extractions de minerai ont déjà repris sur la mine de Loulo, tandis que les opérations de traitement sont en phase de montée en puissance. Le complexe, considéré comme le plus important du pays, avait produit près de 723 000 onces d’or en 2024 avant la suspension des activités.

La reprise marque un tournant pour le secteur minier national, dont les recettes avaient connu une forte contraction au premier semestre 2025. Les autorités maliennes, qui entendent renforcer leur contrôle sur les ressources naturelles, affirment vouloir garantir la continuité de la production tout en renégociant les conditions d’exploitation pour mieux préserver les intérêts de l’État.

Barrick Gold, tout en réaffirmant sa volonté de dialogue, n’a pas encore annoncé de retour officiel à la gestion du site. Le complexe Loulo-Gounkoto emploie plusieurs milliers de travailleurs maliens et constitue l’un des piliers des exportations du pays. Sa relance devrait contribuer à stabiliser les revenus aurifères et à soutenir les réserves budgétaires dans un contexte économique tendu.

Barrick : changement de direction en pleine bataille judiciaire avec l’État malien

Le géant canadien de l’or Barrick Gold Corporation a annoncé ce 29 septembre la nomination de Mark Hill au poste de PDG par intérim. Depuis juin, le complexe Loulo-Gounkoto, l’un de ses plus importants sites d’exploitation en Afrique de l’Ouest, est placé sous administration provisoire avec Soumana Makadji à sa tête.

L’entreprise, considérée comme l’un des plus grands producteurs d’or au monde et un acteur majeur du secteur minier malien, traverse une étape décisive dans un contexte de contentieux avec l’État malien, actuellement examiné devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Le différend porte sur l’interprétation de clauses fiscales et contractuelles liées à ses activités aurifères, alors que Bamako a engagé une révision de ses accords miniers afin de renforcer la part de l’État dans l’exploitation des ressources naturelles.

Le conseil d’administration de Barrick a confirmé ce lundi la désignation de Mark Hill au poste de directeur des opérations et de président-directeur général par intérim, en remplacement de Mark Bristow, qui quitte ses fonctions après près de sept ans à la tête du groupe. Hill, en poste depuis 2006, a piloté plusieurs projets stratégiques dans différentes régions et aura pour mission d’assurer la transition jusqu’à la nomination d’un successeur permanent.

Le 16 juin 2025, le Tribunal de commerce de Bamako a ordonné la mise sous administration provisoire du complexe Loulo-Gounkoto pour une période de six mois. La gestion des opérations a été confiée à Soumana Makadji, chargé d’assurer la supervision quotidienne et de maintenir le dialogue avec les autorités nationales jusqu’à la résolution du contentieux.

Le litige porte notamment sur des arriérés fiscaux et dividendes non versés, estimés à environ 300 milliards de francs CFA (512 millions de dollars), réclamés par l’État malien. Barrick affirme pour sa part avoir déjà versé 50 milliards de francs CFA (environ 85 millions de dollars) à titre de paiement partiel, tout en contestant le reste des montants devant les juridictions compétentes.

Dans le cadre de la procédure engagée devant le CIRDI, l’État malien a désigné Sidibi Darankoum, enseignant de droit à l’Université de Montréal et ancien secrétaire permanent de l’OHADA (2019-2023), comme arbitre et conseil dans ce dossier. Barrick a pour sa part nommé Me Eric Schwartz, avocat spécialisé en arbitrage international. Conformément aux règles de l’arbitrage, un président du tribunal doit encore être désigné conjointement par les deux parties avant l’ouverture des audiences.

Barrick demeure l’un des plus importants investisseurs étrangers dans le secteur aurifère malien, ses activités représentant une part significative des recettes d’exportation. L’entreprise affirme respecter ses engagements contractuels et se dit déterminée à poursuivre ses opérations dans un environnement juridique stable.

La procédure en cours pourrait redéfinir les relations entre l’État et les sociétés minières opérant au Mali. Aucun calendrier précis n’a pour l’heure été communiqué quant à la suite du dossier, et ni Barrick ni les autorités n’ont fourni de commentaires détaillés sur l’évolution des discussions.

Depuis sa fusion avec Randgold en 2019, Barrick a investi dans plusieurs projets majeurs en Afrique et versé plus de 6,7 milliards de dollars à ses actionnaires, tout en réduisant significativement son endettement. L’issue du contentieux en cours sera déterminante pour l’avenir de ses activités au Mali et pour l’équilibre des relations entre l’État et les investisseurs internationaux dans le secteur minier.

 

Conflit entre Barrick Gold et les autorités : Saisie de trois tonnes d’or et suspension des opérations  

Barrick Gold Corporation a annoncé, le 14 janvier 2025, la suspension temporaire de ses activités au complexe minier de Loulo-Gounkoto, situé dans l’ouest du Mali. Cette décision fait suite à la saisie par le gouvernement malien d’environ trois tonnes d’or, évaluées à près de 245 millions de dollars, appartenant à l’entreprise canadienne.

Le conflit entre Barrick Gold et les autorités maliennes remonte à 2023, lorsque le gouvernement a introduit de nouvelles réglementations minières visant à augmenter sa part des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles. Ces mesures ont conduit à des désaccords sur les obligations fiscales et les paiements de dividendes. Les autorités maliennes ont réclamé environ 500 millions de dollars en impôts et dividendes impayés à Barrick, qui détient 80 % du complexe de Loulo-Gounkoto, les 20 % restants appartenant à l’État malien.
Les relations se sont détériorées au fil du temps, avec des actions notables telles que l’émission d’un mandat d’arrêt contre le PDG de Barrick, Mark Bristow et la détention de plusieurs cadres de l’entreprise. Le 11 janvier 2025, le gouvernement malien a exécuté une ordonnance de saisie conservatoire sur les stocks d’or présents sur le site de Loulo-Gounkoto. .
La suspension des opérations de Barrick Gold au Mali pourrait avoir des répercussions significatives sur l’économie locale et sur les performances financières de l’entreprise. Selon des analystes de Jefferies, une telle interruption pourrait réduire l’EBITDA ( revenus liés à l’exploitation minière) de Barrick de 11 % en 2025. De plus, certains redoutent que cette situation n’affecte la confiance des investisseurs étrangers dans le secteur minier, un pilier essentiel de l’économie du pays.
Perspectives et négociations
Barrick Gold a exprimé sa volonté de poursuivre un dialogue constructif avec le gouvernement malien afin de parvenir à une résolution amiable du différend. L’entreprise souligne l’importance de garantir la viabilité à long terme du complexe minier de Loulo-Gounkoto et sa contribution vitale à l’économie malienne et aux communautés locales.
Ce conflit s’inscrit dans un contexte plus large de nationalisme des ressources en Afrique de l’Ouest, où plusieurs gouvernements cherchent à renégocier les termes des contrats miniers pour obtenir une part plus importante des revenus générés par l’exploitation de leurs ressources naturelles. Cette tendance pourrait redéfinir les relations entre les États et les entreprises minières internationales dans la région.

Secteur minier : Vives tensions entre le gouvernement et Barrick Gold

Le gouvernement malien et le groupe minier Barrick Gold sont au cœur d’une controverse concernant un accord signé entre les deux parties. Obtenu après plusieurs mois de négociations, cet accord, annoncé par Barrick dans un communiqué publié le 30 septembre 2024, visait à réviser les modalités d’exploitation des ressources minières au Mali. Cependant, un communiqué du gouvernement, daté du 23 octobre 2024, a exprimé des préoccupations majeures quant au respect de cet accord par Barrick Gold.

Dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations formulées lors des Assises Nationales de la Refondation, les autorités ont engagé une révision en profondeur du secteur minier. C’est ainsi qu’un nouveau Code minier et une loi sur le contenu local ont été élaborés pour garantir une meilleure redistribution de la rente minière au profit des populations et de l’économie malienne. Par ailleurs, un audit a également été commandité par le Ministère de l’Économie et des Finances révélant plusieurs « manquements dans l’exploitation des ressources minières » du pays. Les résultats de cet audit n’ont toujours pas été rendus publics

En réponse à ces constats, une Commission de négociations a été mise en place pour entamer des discussions avec les sociétés minières. Acteur majeur dans le secteur minier au Mali, Barrick Gold a participé à ces négociations.

Ainsi, dans son communiqué du 30 septembre 2024, Barrick Gold a annoncé la signature d’un accord transactionnel avec le gouvernement malien. Cet accord prévoyait la mise en œuvre de mesures spécifiques pour répondre aux exigences du nouveau cadre réglementaire, notamment en matière de responsabilité sociétale et environnementale, ainsi que le respect des normes de réglementation des changes. A en croire les autorités, Barrick Gold s’était engagé à commencer l’application des termes de cet accord, dès le 4 octobre 2024.

Malgré cet engagement, le gouvernement malien a dénoncé le non-respect des engagements pris par Barrick Gold. A cet effet, plusieurs infractions ont été soulignées, notamment en matière de responsabilité sociétale, environnementale et de respect des normes de change. Ces manquements, considérés comme préjudiciables à l’économie nationale, ont conduit le Mali à envisager des mesures légales contre Barrick Gold. De plus, un permis d’exploitation détenu par Barrick Gold arrive à expiration au début de l’année 2026, soulevant des questions sur la continuité des activités de l’entreprise dans le pays.

En réponse aux infractions relevées, le gouvernement malien a annoncé son intention de tirer « toutes les conséquences juridiques découlant des actes posés » par Barrick Gold. Bien que la nature précise de ces mesures n’ait pas été détaillée, elles pourraient potentiellement affecter les opérations de Barrick au Mali.

Le bras de fer entre le gouvernement et Barrick Gold pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble du secteur minier au Mali. Avec l’adoption d’un nouveau Code minier et d’une loi sur le contenu local, les autorités maliennes entendent se positionner désormais avec fermeté face aux entreprises qui ne respectent pas leurs engagements. Barrick Gold, dont la présence au Mali est significative, devra répondre rapidement aux accusations portées par le gouvernement pour éviter de compromettre ses activités futures dans le pays.