L’AES se dote d’un drapeau : un symbole fort pour l’unité et la souveraineté au Sahel

La Confédération des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a franchi une étape importante dans son processus d’intégration régionale avec la présentation officielle de son drapeau. Cet événement a eu lieu à Bamako les 22 et 23 février 2025, lors d’une réunion ministérielle cruciale consacrée aux enjeux de défense, de sécurité, de diplomatie et de développement.

Le dévoilement du drapeau de l’AES constitue un moment historique pour les trois pays engagés dans cette initiative souverainiste. Arborant un fond vert, il porte en son centre un logo symbolisant l’unité et la résilience des peuples sahéliens. La couleur verte, souvent associée à la prospérité et à l’espoir, reflète aussi la richesse naturelle et l’ambition des États membres de bâtir une économie forte et autonome.
Ce drapeau incarne l’engagement du Burkina Faso, du Mali et du Niger à renforcer leur coopération et à s’affranchir des contraintes géopolitiques extérieures. Il traduit leur volonté de consolider une intégration sous-régionale fondée sur des valeurs communes de solidarité et d’indépendance politique.
Au-delà de la présentation du drapeau, la réunion ministérielle de Bamako a été l’occasion pour les dirigeants des trois pays de faire le point sur les avancées de la Confédération et de coordonner leurs actions face aux défis sécuritaires et économiques.
L’un des sujets centraux des discussions a été la lutte contre le terrorisme, une menace persistante dans la région. Les représentants des ministères de la Défense et de la Sécurité ont salué les succès des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) des trois États, mettant en avant les résultats obtenus par la Force unifiée de l’AES, récemment mise en place pour assurer une meilleure coordination militaire.
Les ministres ont réaffirmé leur détermination à poursuivre cette coopération sécuritaire et à intensifier les efforts pour stabiliser la région. Ils ont rendu hommage aux soldats et aux populations victimes du conflit et ont insisté sur l’importance de renforcer les moyens militaires et logistiques pour faire face aux menaces.
L’AES veut parler d’une seule voix sur les dossiers internationaux. Les ministres ont insisté sur la nécessité de renforcer les consultations politiques et diplomatiques afin de mieux défendre les intérêts de la Confédération sur la scène africaine et mondiale.
Cette approche commune vise notamment à éviter l’isolement politique et à contrer les pressions extérieures. Elle s’inscrit dans une dynamique panafricaniste qui prône une souveraineté renforcée des États du Sahel et une coopération régionale indépendante des ingérences extérieures.
Développement économique : bâtir un avenir prospère
L’un des piliers fondamentaux de cette réunion a été la question du développement économique. Les discussions ont porté sur la mise en place de projets structurants destinés à accélérer la croissance des pays membres. Parmi les initiatives envisagées figurent la création d’une banque confédérale pour financer les grands projets d’infrastructure et d’investissement, ainsi que le lancement d’une compagnie aérienne régionale visant à améliorer la connectivité entre les trois États.
Les ministres ont également abordé les stratégies visant à renforcer les infrastructures, notamment dans les secteurs de l’énergie, des mines et des transports. L’objectif est de créer un environnement économique favorable au développement des entreprises locales et à l’essor de l’industrialisation dans la région.
AES et CEDEAO : vers une nouvelle ère de relations ?
Le retrait officiel du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), acté le 28 janvier 2024, a marqué une rupture dans les relations sous-régionales. Lors de cette réunion ministérielle, les représentants des trois pays ont examiné les prochaines étapes du dialogue avec la CEDEAO.
Ils ont réaffirmé leur attachement aux valeurs de fraternité et de coopération avec les autres États de l’Afrique de l’Ouest, malgré les divergences politiques. L’AES entend mener des négociations avec la CEDEAO dans un esprit constructif, tout en préservant les intérêts de ses populations et en garantissant leur souveraineté politique et économique.
La réunion ministérielle de Bamako a permis de poser des bases solides pour l’avenir de l’AES. Elle a démontré la détermination des trois États membres à renforcer leur intégration et à consolider leur indépendance sur les plans politique, militaire et économique.
Le drapeau de la Confédération devient ainsi le symbole d’une nouvelle ère pour le Sahel, une ère marquée par la résilience, l’unité et l’ambition de bâtir une alliance régionale forte et prospère.

AfroBasket 2025 : Le Mali renverse le Soudan du Sud et se qualifie  

L’équipe nationale de basketball du Mali a réalisé une performance déterminante dans le cadre des qualifications pour l’AfroBasket 2025, qui se tiendra en Angola du 12 au 24 août 2025. Après une défaite contre la République Démocratique du Congo (RDC) le 21 février 2025 sur le score de 65 à 59, les Maliens ont su rebondir dès le lendemain en battant le Soudan du Sud 75 à 72 lors d’un match intense. Cette victoire permet au Mali de maintenir ses chances de qualification et de rester compétitif dans la course au tournoi continental.

Les éliminatoires de l’AfroBasket 2025 ont été un véritable test pour les Aigles du Mali. La défaite contre la RDC a été un coup dur, révélant certaines lacunes dans l’organisation défensive et l’efficacité offensive de l’équipe. Menés par des joueurs expérimentés évoluant en Europe et sur le continent africain, les Maliens ont montré une certaine combativité, mais leur manque de finition leur a coûté la victoire face à une équipe congolaise bien en place.
Cependant, dès le lendemain, le Mali a réussi à créer la surprise contre le Soudan du Sud, une équipe pourtant considérée comme l’une des plus prometteuses du continent. Grâce à une défense resserrée et une meilleure réussite aux tirs à trois points, les Aigles ont pu tenir tête aux Soudanais et arracher une victoire précieuse de 75 à 72.
Quelles perspectives pour la qualification du Mali ?
Avec un bilan de 2 victoires et 3 défaites, le Mali termine parmi les trois premières équipes de son groupe, ce qui lui assure une place pour la phase finale de l’AfroBasket 2025 en Angola. Cette qualification est une excellente nouvelle pour le basketball malien, qui cherche à retrouver son lustre d’antan sur la scène africaine.
Lors de la phase finale en Angola, le Mali devra redoubler d’efforts pour rivaliser avec des nations de premier plan comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou encore l’Angola, hôte du tournoi. Le travail tactique, la cohésion d’équipe et l’amélioration de l’adresse aux tirs seront des éléments clés pour espérer aller loin dans la compétition.
Cette qualification confirme la montée en puissance du basketball malien, qui a vu émerger plusieurs talents ces dernières années. La participation à l’AfroBasket 2025 sera une opportunité précieuse pour ces joueurs de se frotter aux meilleures équipes du continent, d’acquérir de l’expérience et, pourquoi pas, de créer la surprise.
Le Mali a montré qu’il pouvait rivaliser avec des nations solides et, avec une préparation optimale, il pourrait se positionner comme un outsider sérieux pour le tournoi en Angola. Il ne reste plus qu’à peaufiner les derniers ajustements pour que l’équipe nationale puisse représenter dignement le pays sur la scène africaine.

Transition : Choguel Maïga brise le silence 

La Maison de la Presse de Bamako, a servi de cadre, le 22 fevrier dernier, à la tenue d’une conférence de presse animée par l’ancien Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga. Une activité marquant sa première apparition publique depuis son limogeage en novembre 2024. Cette rencontre a été l’occasion pour lui de dresser un bilan détaillé de la Transition malienne, initiée en 2021 et de critiquer ouvertement la junte militaire au pouvoir.

Dr Maïga a débuté son allocution en rappelant les objectifs initiaux de la Transition, notamment le renforcement de la sécurité nationale, la mise en œuvre de réformes politiques et institutionnelles, la promotion de la bonne gouvernance et la préparation d’élections crédibles. Il a souligné des avancées notables, telles que l’adoption d’une nouvelle Constitution instaurant la 4ᵉ République, la création de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) et la reconquête de territoires auparavant contrôlés par des groupes armés, notamment Kidal et Ber. De plus, il a mis en exergue la fin de la présence des forces étrangères, comme la MINUSMA et Barkhane, affirmant que ces actions ont renforcé la souveraineté du Mali.
Cependant, l’ancien Premier ministre a exprimé de vives critiques à l’égard des autorités de la transition, accusant le général Assimi Goïta et son entourage d’avoir trahi les idéaux de la Transition. Il a dénoncé une marginalisation progressive du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) dans les prises de décisions, ainsi que son propre éloignement des affaires gouvernementales clés. Dr Maïga a également fustigé le report unilatéral des élections initialement prévues en mars 2024, sans consultation préalable, et a mis en garde contre une possible dérive autoritaire.
La conférence de presse a également été l’occasion pour Dr Maïga de revenir sur son limogeage en novembre 2024, qu’il considère comme l’aboutissement d’une série de manœuvres visant à l’écarter du pouvoir. Il a affirmé que cette éviction est le résultat de désaccords profonds avec les autorités concernant la direction de la Transition et a appelé à une mobilisation citoyenne pour préserver les acquis démocratiques et éviter un retour aux pratiques autocratiques du passé.
Dr Choguel Kokalla Maïga a réitéré son engagement envers le peuple malien et a exhorté les forces vives de la nation à rester vigilantes. Il a insisté sur la nécessité d’un dialogue inclusif pour assurer une transition pacifique et le retour à un ordre constitutionnel respectueux des aspirations du peuple.

4ᵉ Édition du Salon International sur la RSE à Bamako : Un engagement renforcé pour une responsabilité sociétale durable  

La capitale malienne a accueilli, les 20 et 21 février 2025, la 4ᵉ édition du Salon International sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), un rendez-vous incontournable pour les acteurs économiques et institutionnels engagés dans le développement durable et la citoyenneté d’entreprise. Organisé à l’Hôtel de l’Azalaï Hôtel Salam, cet événement a réuni des experts, des chefs d’entreprises, des organisations de la société civile et des représentants institutionnels pour débattre des enjeux liés à la RSE et à son intégration effective dans les stratégies d’entreprise.

La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, qui a rappelé l’importance des normes ISO et de la responsabilité sociétale des entreprises dans la transformation économique du Mali. Dans son allocution, il a affirmé se réjouir de la tenue de cette semaine de la réussite des normes ISO et de leur intégration dans les politiques publiques et les stratégies d’entreprise. Il a expliqué que le Mali a défini un nouveau modèle économique de développement fondé sur l’autosuffisance et l’utilisation des ressources locales.
Le ministre a mis en avant la nécessité pour les entreprises maliennes d’adopter les normes ISO afin de garantir la qualité et la compétitivité sur le marché international. Il a insisté sur le fait qu’aucune entreprise ne peut atteindre un certain niveau de production et de rentabilité sans s’engager dans une démarche RSE et sans adhérer aux normes de qualité internationales. Il a souligné que la transition écologique et économique était une réalité que les entreprises devaient prendre en compte en intégrant des pratiques responsables et durables dans leurs activités.
Le programme du salon a proposé des panels et ateliers sur des thématiques variées, notamment l’intégration de la RSE et des normes ISO, l’impact de ces normes sur la compétitivité et l’innovation, le rôle des entreprises face aux enjeux climatiques, ainsi que les aspects sociaux et de gouvernance. Les échanges ont permis de dresser un état des lieux des initiatives en cours et d’élaborer des recommandations pour encourager leur adoption par les entreprises maliennes et africaines.
Dans son discours, le ministre a rappelé les enjeux économiques, sociaux et environnementaux de la RSE, soulignant que l’adhésion aux normes ISO et la mise en place de politiques RSE fortes permettent aux entreprises de structurer leur développement sur le long terme. Il a notamment évoqué les impacts du changement climatique sur l’économie malienne et appelé les entreprises à intégrer ces enjeux dans leur planification stratégique.
Le ministre a également mis l’accent sur la gouvernance des entreprises, insistant sur l’éthique, la déontologie et la responsabilisation de toutes les parties prenantes. La réussite de la RSE et des normes ISO repose sur la compétence et l’engagement du personnel, ainsi que sur une gouvernance efficace et structurée. Il a souligné que la responsabilisation des employés, des syndicats et des directions générales était cruciale pour assurer une mise en œuvre efficace des engagements RSE.
Plusieurs entreprises ont annoncé de nouveaux engagements en faveur de la durabilité, notamment en matière de réduction des émissions de carbone, d’inclusion sociale et de gouvernance éthique. Elles ont partagé des témoignages et expériences sur la manière dont elles intègrent progressivement les standards ISO et la RSE dans leurs stratégies d’entreprise.
Au terme de cet événement, les organisateurs et participants ont exprimé leur satisfaction quant à la qualité des discussions et aux engagements pris. Le succès de cette édition ouvre la voie à une cinquième rencontre encore plus ambitieuse, avec pour objectif de renforcer l’engagement des entreprises maliennes dans une démarche durable et responsable. Les perspectives qui se dessinent incluent une plus grande implication du secteur privé dans la structuration des politiques de développement économique et environnemental, ainsi qu’un accompagnement accru pour l’adoption des normes internationales.

Côte d’Ivoire : Port-Bouët redevient ivoirien, une page se tourne  

La France a officiellement rétrocédé la base militaire de Port-Bouët aux forces armées ivoiriennes, le 20 février 2025, marquant une étape significative dans les relations franco-ivoiriennes. Cette cérémonie, présidée par le Vice-Président ivoirien Tiémoko Meyliet Koné, en présence du ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, symbolise la fin d’une présence militaire française de plusieurs décennies en Côte d’Ivoire.

La base de Port-Bouët, située à l’entrée est d’Abidjan, a été établie en 1978, succédant au 4ᵉ Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMa). Elle a abrité le 43ᵉ BIMa, unité héritière du 43ᵉ Régiment d’Infanterie Coloniale, jouant un rôle stratégique dans la coopération militaire entre la France et la Côte d’Ivoire. Durant la crise politico-militaire ivoirienne de 2002 à 2011, la base a servi de point d’appui pour les opérations françaises, notamment l’opération Licorne, visant à stabiliser le pays.
Les négociations pour la rétrocession de la base ont débuté en avril 2023, reflétant une volonté commune d’adapter la coopération militaire aux réalités contemporaines. Les discussions ont porté sur la réorganisation des forces françaises en Afrique et le renforcement des capacités des forces ivoiriennes. Aucune résistance majeure n’a été signalée, les deux parties s’accordant sur l’importance d’une transition harmonieuse. L’opinion publique ivoirienne a majoritairement accueilli favorablement cette décision, y voyant un pas vers une souveraineté renforcée.
Lors de son allocution du 31 décembre 2024, le Président Alassane Ouattara a annoncé la rétrocession imminente de la base militaire de Port-Bouët. Il a souligné que cette décision résultait de la modernisation continue des forces armées ivoiriennes et de la volonté de renforcer la souveraineté nationale. Pour honorer la mémoire du Général de Corps d’Armée Ouattara Thomas d’Aquin, premier chef d’état-major de l’armée ivoirienne, le Président a déclaré que le camp porterait désormais son nom.
Contrairement à la Côte d’Ivoire, plusieurs pays du Sahel ont opté pour une rupture plus abrupte avec la présence militaire française. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont exigé le retrait rapide des troupes françaises, souvent dans un contexte de tensions diplomatiques et de rapprochement avec d’autres partenaires. Le Tchad, en novembre 2024, a décidé de rompre les accords de coopération militaire avec la France, jugeant ces accords « obsolètes » et « surannés ». Cette décision a conduit à la rétrocession de la dernière base française au Tchad le 30 janvier 2025.
Le Sénégal, en novembre 2024, a également annoncé son intention de mettre fin à la présence militaire française sur son territoire, devenant ainsi la première nation démocratiquement gouvernée de la région à demander le retrait français. Cette décision s’inscrit dans une volonté d’affirmer la souveraineté nationale et de redéfinir les relations avec les partenaires étrangers.
Malgré la rétrocession, la France maintient une présence militaire réduite en Côte d’Ivoire. Un détachement de 80 soldats français demeure sur place pour assurer des missions de formation et de conseil auprès des forces armées ivoiriennes. Cette coopération est prévue pour une durée indéterminée, avec des évaluations régulières pour adapter les besoins. Les coûts associés à cette collaboration sont partagés entre les deux nations, reflétant un partenariat équilibré.
La réorganisation de la présence militaire française en Afrique s’inscrit dans une dynamique de redéfinition des partenariats stratégiques. Outre la Côte d’Ivoire, la France conserve des bases à Djibouti, où environ 1 500 soldats sont stationnés, jouant un rôle clé dans la surveillance maritime et la lutte contre la piraterie. Au Gabon, un contingent réduit est également présent. Face aux retraits successifs, la France explore de nouvelles stratégies pour maintenir son influence sécuritaire, notamment par le biais de coopérations renforcées avec des partenaires européens et africains.
Réactions des autres puissances mondiales
Les réajustements de la présence militaire française en Afrique ont suscité des réactions variées sur la scène internationale. Les États-Unis suivent de près ces évolutions, préoccupés par la montée en puissance d’autres acteurs sur le continent. La Côte d’Ivoire, tout en consolidant sa coopération avec la France, explore également des partenariats avec d’autres nations pour diversifier ses alliances stratégiques.
La rétrocession de la base de Port-Bouët symbolise une évolution majeure dans les relations franco-ivoiriennes, reflétant une volonté commune d’adapter leur partenariat aux défis contemporains. Cette transition, menée dans un esprit de concertation, contraste avec les dynamiques observées dans d’autres pays du Sahel, illustrant la singularité de la démarche ivoirienne.

Niger : Cinq ans de transition et amnistie réclamée  

Les Assises Nationales pour la Refondation du Niger se sont conclues le 20 février 2025, proposant une transition d’une durée minimale de cinq ans, potentiellement renouvelable. Cette recommandation vise à permettre au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), dirigé par le général Abdourahamane Tchiani, de restructurer les institutions politiques et sécuritaires du pays.

Parallèlement, les participants ont suggéré une amnistie pour les auteurs du coup d’État du 26 juillet 2023, qui avait renversé le président élu Mohamed Bazoum. Cette mesure inclurait également des grâces pour les militaires condamnés au cours des dix dernières années pour tentatives de déstabilisation.
Ces propositions interviennent dans un contexte où le Niger, aux côtés du Mali et du Burkina Faso, a officialisé son retrait de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) le 28 janvier 2025. Cette décision fait suite aux tensions avec l’organisation régionale, notamment après les sanctions imposées à la suite des coups d’État successifs dans ces pays. Le retrait de la CEDEAO est perçu par les autorités nigériennes comme une opportunité de mener à bien leur agenda de transition sans ingérence extérieure.
La durée prolongée de la transition et l’amnistie proposée suscitent des débats au sein de la communauté internationale et de la société civile nigérienne. Si certains estiment que ces mesures sont nécessaires pour assurer une stabilité durable et réformer en profondeur les institutions, d’autres craignent qu’elles n’entérinent la mainmise militaire sur le pouvoir et retardent le retour à un ordre constitutionnel démocratique.
Le CNSP n’a pas encore officiellement adopté ces recommandations. Leur mise en œuvre pourrait redéfinir le paysage politique du Niger et influencer les relations du pays avec ses partenaires internationaux, notamment dans le cadre de la lutte contre l’insécurité au Sahel.

Tensions entre l’État malien et Barrick Gold : Un accord financier pour apaiser les relations  

Après près de deux ans de contentieux, la compagnie canadienne Barrick Gold et le gouvernement malien ont trouvé un terrain d’entente. L’accord, conclu le 19 février 2025, prévoit un versement de 438 millions de dollars (environ 275 milliards de francs CFA) au Trésor public. Cette somme vise à régulariser les différends fiscaux et réglementaires qui avaient conduit à des mesures sévères de la part des autorités maliennes.

Le différend remonte à 2023, lorsque l’État a adopté un nouveau code minier visant à renforcer sa participation dans les revenus générés par l’exploitation de ses ressources naturelles. Cette réforme a entraîné des tensions avec plusieurs multinationales, dont Barrick Gold, exploitant du complexe minier de Loulo-Gounkoto, un des piliers de la production aurifère du pays. En janvier 2025, le gouvernement malien avait durci sa position en saisissant trois tonnes d’or d’une valeur estimée à 245 millions de dollars et en procédant à l’arrestation de plusieurs employés de l’entreprise.
L’accord obtenu repose sur plusieurs engagements réciproques. Ainsi, Barrick Gold s’acquitte de la somme de 438 millions de dollars, en contrepartie de la restitution de l’or saisi et de la libération des employés détenus. De plus, les activités du complexe minier Loulo-Gounkoto pourront reprendre dans un cadre clarifié, avec la mise en place d’une commission de suivi garantissant l’application des nouvelles régulations minières.
Selon Mark Bristow, PDG de Barrick Gold, cet accord représente « un tournant positif » et témoigne de la volonté de la société de collaborer avec le gouvernement malien dans un cadre légal stabilisé. Du côté de Bamako, cette entente est perçue comme une victoire économique qui confirme la souveraineté de l’État sur ses ressources minières.
L’annonce de cet accord a immédiatement eu des répercussions sur les marchés financiers. Le 19 février, à 14h38 HNE, les actions de Barrick Gold ont progressé de 3,37 % à la Bourse de Toronto. Cette hausse reflète un regain de confiance des investisseurs qui considèrent désormais le climat des affaires au Mali sous un jour plus serein.
Dans le cadre de cette résolution, une délégation officielle composée de représentants des ministères maliens, de la présidence et de la société de conseil Iventus Mining a récemment effectué une mission d’inspection de trois jours au sein du complexe minier de Barrick. L’objectif était de vérifier la conformité des opérations avec la législation nationale et d’assurer la mise en œuvre effective des termes de l’accord.
Cet accord pourrait ouvrir la voie à d’autres négociations similaires avec les compagnies minières opérant au Mali. L’État malien entend renforcer son contrôle sur l’exploitation de ses ressources tout en assurant un climat favorable aux investisseurs étrangers. Barrick Gold, pour sa part, devra désormais opérer sous un cadre plus rigoureux tout en bénéficiant d’une plus grande sécurité juridique.
L’affaire constitue un jalon important dans la gestion des relations entre le Mali et les investisseurs internationaux, illustrant un équilibre délicat entre souveraineté économique et attractivité des investissements étrangers.

Les déplacements climatiques sont aussi une crise sanitaire

 Chaque année, 21,5 millions de personnes sont déplacées de force en raison d’inondations, de sécheresses, d’incendies et de tempêtes. Ce chiffre devrait augmenter de façon spectaculaire au cours des prochaines décennies, puisque 1,2 milliard de personnes devraient être contraintes de quitter leur foyer d’ici à 2050. La crise climatique en cours n’est pas seulement une catastrophe humanitaire, mais aussi une urgence sanitaire mondiale.

 

Les déplacements climatiques constituent une menace directe et indirecte pour la santé publique. En perturbant les services de soins, ils privent les communautés touchées de l’accès aux médecins, aux hôpitaux et aux pharmacies. Les migrations induites par le climat exacerbent également la pauvreté, la surpopulation et l’instabilité sociale. La production alimentaire est souvent gravement affectée, tandis que les conditions de vie insalubres favorisent la propagation des maladies infectieuses.

 

Alors que la crise climatique menace de faire dérailler les efforts mondiaux pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies, la santé et le bien-être de centaines de millions de personnes dans les pays en développement sont menacés. Les pays à revenu élevé ne sont pas épargnés : aux États-Unis, 3,2 millions d’adultes ont été déplacés ou évacués en raison de catastrophes naturelles au cours de la seule année 2022.

 

Les entreprises pharmaceutiques doivent jouer un rôle central dans le renforcement de la résilience de la santé mondiale. Leur participation est particulièrement importante dans les zones de conflit qui se trouvent en première ligne de la crise des déplacements climatiques, où les médicaments et les vaccins vitaux font souvent défaut.

 

L’industrie pharmaceutique a fait des progrès dans la réduction des émissions de dioxyde de carbone et l’adoption de pratiques plus durables, mais ses efforts sont loin d’atténuer les perturbations des chaînes d’approvisionnement liées au climat. Ces vulnérabilités ont été mises en évidence en 2017, lorsque l’ouragan Maria a dévasté le secteur de la fabrication de médicaments de Porto Rico, qui représentait alors près de 10 % de tous les médicaments consommés aux États-Unis.

 

Certaines entreprises pharmaceutiques, comme Novartis et Novo Nordisk, ont lancé des programmes ciblés pour aider les populations déplacées par des événements météorologiques extrêmes, tandis que d’autres ont fait des dons en espèces ou en fournitures en réponse à des catastrophes naturelles. La demande pour ces dons a augmenté avec l’accroissement des besoins climatiques et humanitaires. Hikma, un fabricant de médicaments génériques fondé en Jordanie, a déclaré  4 millions de dollars de dons en 2020, et  4,9 millions de dollars en 2023, principalement pour répondre aux besoins de la région environnante.

 

Aucune entreprise n’a élaboré de stratégie globale pour garantir aux communautés déplacées un accès durable aux produits de santé. Une approche plus globale est nécessaire. Face à la crise actuelle des déplacements climatiques, les entreprises pharmaceutiques devraient adopter une stratégie à quatre volets pour renforcer les systèmes de soins de santé. Tout d’abord, elles pourraient aider à fournir des médicaments aux communautés vulnérables dans les zones reculées en réorganisant leurs chaînes d’approvisionnement, qu’il s’agisse de redondance dans les réseaux d’expédition ou de refonte des produits pour qu’ils soient plus stables dans les climats chauds, où la réfrigération n’est pas toujours possible. En outre, ils devraient inclure des systèmes robustes pour la distribution à grande échelle de médicaments génériques, qui sont souvent les outils les plus efficaces pour gérer les épidémies.

 

Deuxièmement, les entreprises pharmaceutiques doivent investir dans la recherche et le développement afin de créer des vaccins, des diagnostics et des traitements qui ciblent les maladies sensibles au climat. La hausse des températures mondiales accélère la propagation des maladies transmises par les moustiques, comme la dengue, le paludisme et le virus Zika, ainsi que des maladies transmises par l’eau, comme le choléra et la shigella, ce qui expose les populations déplacées à un risque encore plus grand.

 

Pourtant, malgré le besoin d’innovation, l’indice 2024 d’accès aux médicaments – qui évalue les efforts des entreprises pharmaceutiques pour améliorer l’accès aux médicaments essentiels dans les pays en développement – montre que le pipeline de R&D pour les pathogènes émergents et les maladies tropicales négligées est en train de se tarir. Ce problème est aggravé par le manque de recherche de nouveaux antibiotiques pour lutter contre la menace croissante de la résistance aux antimicrobiens, exacerbée par les conditions météorologiques extrêmes et le manque d’hygiène.

 

Troisièmement, les entreprises pharmaceutiques devraient établir des partenariats à long terme avec des organisations humanitaires axées sur les déplacements climatiques. Les collaborations public-privé se sont également avérées efficaces pour renforcer la résilience sanitaire. Depuis 2010, par exemple, les principaux fabricants de vaccins comme GSK et Pfizer ont fourni à Gavi, l’Alliance du vaccin, des milliards de doses de vaccins. Ils ont ainsi protégé les populations vulnérables dans certains des pays aux ressources les plus limitées du monde.

 

Enfin, les entreprises pharmaceutiques doivent redoubler d’efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’ensemble de leurs chaînes de valeur. Bien que l’impact des produits pharmaceutiques sur le climat fasse l’objet de moins d’attention que celui des industries manufacturières traditionnelles, le secteur émet plus de CO₂ par million de dollars de chiffre d’affaires que l’industrie automobile.

 

Le soutien actif et l’engagement des actionnaires, des employés et des autres parties prenantes sont essentiels. Les investisseurs, en particulier, doivent encourager les entreprises à aligner leurs pratiques commerciales sur les objectifs mondiaux en matière de santé et de climat. Il ne s’agit pas seulement d’un choix éthique, mais aussi d’un choix qui promet d’importants avantages financiers et de réputation à long terme.

 

Le déplacement climatique n’est pas une menace lointaine ou hypothétique ; il s’agit d’une urgence sanitaire qui s’aggrave rapidement. L’industrie pharmaceutique a la responsabilité morale d’agir. Pour le faire efficacement, les entreprises doivent prendre de l’avance et fournir des traitements vitaux à ceux qui sont en première ligne de la crise climatique.

 

Jayasree K. Iyer est directeur général de la Access to Medicine Foundation.

 

Project Syndicate, 2025.
www.project-syndicate.org

La Fed a peur de Trump

Donald Trump est de retour à la Maison Blanche, et les technocrates courent se mettre à l’abri. Trump a clairement exprimé son désir de démanteler « l’État profond« , qu’il décrit comme un réseau obscur de bureaucrates qui « utilisent » le « pouvoir de l’État » pour « persécuter les opposants politiques » et contrecarrer leurs programmes.

 

Mais les fonctionnaires, administrateurs et décideurs professionnels que Trump s’apprête à cibler jouent un rôle essentiel au sein du gouvernement, notamment en conseillant les dirigeants, quelles que soient leurs tendances politiques, sur la manière dont ils peuvent atteindre leurs objectifs de manière légale et constitutionnelle. Ces fonctionnaires doivent rester à leur place.

 

La Réserve fédérale est peut-être l’acteur économique indépendant le plus important aux États-Unis, étant donné l’étendue de ses responsabilités monétaires et de supervision et l’importance mondiale du dollar américain. Malheureusement, au lieu de se préparer à défendre ses positions et ses prérogatives, elle a cédé par anticipation à Donald Trump : le 17 janvier, trois jours avant l’investiture de Trump, le conseil d’administration de la Fed s’est retiré du Réseau pour l’écologisation du système financier (Network for Greening the Financial System – NGFS).

 

Le NGFS réunit les banques centrales et les autorités de surveillance afin d’améliorer la gestion des risques environnementaux et climatiques dans le secteur financier. La participation au groupe revient à reconnaître l’importance de la compréhension des risques climatiques, ainsi qu’à admettre implicitement que ces risques relèvent du mandat des banques centrales, car ils menacent la stabilité économique et financière.

 

Il ne s’agit pas d’une position radicale. Toutes les grandes banques centrales sont représentées parmi les 143 membres du NGFS : la Banque d’Angleterre (BOE), la Banque de France, la Banque du Japon, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque populaire de Chine (PBOC). Jusqu’au retrait de la Fed, le NGFS couvrait 100 % des banques systémiques mondiales et 80 % des groupes d’assurance actifs au niveau international. Mais la Fed a maintenant rompu avec ses pairs et s’est dirigée vers la sortie, arguant que le champ d’application du NGFS dépassait son mandat.

 

L’idée selon laquelle les banques centrales ne devraient pas tenir compte des risques climatiques croissants est tout simplement erronée. La stabilité économique et financière dépend de la stabilité des écosystèmes et du climat. Alors que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont atteint des niveaux record et les températures mondiales sont en passe de dépasser largement 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. L’impact du changement climatique est déjà visible : tempêtes, inondations, sécheresses et incendies de forêt plus fréquents et plus intenses.

 

Bien que les estimations des coûts économiques et financiers précis varient, le tableau d’ensemble donne à réfléchir. L’Institute and Faculty of Actuaries prévoit que le changement climatique entraînera une contraction de 50 % du PIB mondial entre 2070 et 2090. Vous préférez une estimation plus basse ? Swiss Re prévoit des pertes de PIB de 18 % d’ici à 2050, si aucune mesure n’est prise.

 

Quelles que soient les prévisions retenues, il ne fait aucun doute que les coûts du changement climatique augmentent, mais pas à un rythme régulier. Au contraire, les coûts augmentent progressivement, puis brusquement, sous l’effet des catastrophes liées au climat. Coïncidence sombre mais révélatrice, le retrait de la Fed du NGFS intervient au moment où la Californie en fait l’expérience directe, alors que les incendies de forêt réduisent en cendres des milliers habitations, d’entreprises et d’écosystèmes.

 

Les risques microprudentiels sont évidents. Les structures incendiées étaient pour la plupart hypothéquées. Or, il est peu probable que l’assurance couvre l’intégralité du coût de la reconstruction, même pour ceux qui sont couverts, et de nombreux propriétaires étaient sous-assurés ou non assurés, précisément parce que l’augmentation des risques due aux catastrophes climatiques a fait grimper les primes et poussé certains assureurs à refuser d’offrir une couverture. Si les propriétés détruites ne sont pas reconstruites, les hypothèques correspondantes ne seront pas remboursées et les banques locales et nationales qui ont accordé les prêts subiront de lourdes pertes.

 

Ce constat ne peut être considéré comme du politiquement correct écolo. Au contraire, compte tenu de son potentiel de déstabilisation du système financier, il mérite clairement l’attention des banquiers centraux. C’est pourquoi la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne soumettent les entreprises qu’elles supervisent, les banques et les compagnies d’assurance, à des tests de résistance au risque climatique, et qu’elles imposent des normes en matière de divulgation d’informations sur le climat, de méthodologies, de processus et de gouvernance. La PBOC, pour sa part, intègre le changement climatique dans la réglementation et la surveillance financières, et elle élabore des règles de prêt écologiques.

 

La Fed, la banque centrale la plus importante au monde, a cependant d’autres projets. En se retirant du NGFS et en tournant le dos aux scénarios et analyses des risques climatiques, elle a signalé qu’elle avait l’intention de fermer les yeux et se boucher les oreilles face aux dangers de la crise climatique. Cela augmente la probabilité de futures défaillances systémiques, car les fonctionnaires de la Fed sont moins susceptibles de détecter les risques qui se matérialisent sous les yeux, que ce soit en Californie, en Louisiane, en Floride ou au Texas.

 

Les dirigeants de la Fed insistent constamment sur l’importance de la « dépendance à l’égard des données« . Pourtant, la banque centrale a décidé d’ignorer une énorme masse de données, en rapide croissance, qui  montre que les risques climatiques sont des risques économiques. Et cela, afin d’apaiser un président qui ne sait peut-être même pas que le NGFS existe. Le conseil d’administration de la Fed aurait pu maintenir son adhésion au NGFS et attendre son heure. Il n’y avait aucune raison de sauter avant d’être poussé.

 

Mais la Fed a peur. Le fait de se retirer du NGFS suggère que son processus décisionnel sera, au moins en partie, le reflet de pressions politiques et non d’une analyse indépendante fondée sur des données. Cela n’augure rien de bon pour les quatre prochaines années – et au-delà.

 

Stuart P.M. Mackintosh est directeur exécutif du Groupe des Trente.

 

Project Syndicate, 2025.
www.project-syndicate.org

Retombées du Mining Indaba 2025 : Vers une souveraineté minière africaine plus affirmée

L’Afrique cherche à renforcer son contrôle sur ses ressources minières. C’est ce qui ressort de la 31ème édition du Mining Indaba 2025, tenue récemment en Afrique du Sud. Au cours de ce grand rendez-vous du secteur minier africain, plusieurs gouvernements ont exprimé leur volonté de renforcer leur souveraineté minière face aux multinationales. Des débats ont mis en avant la nécessité d’une régulation plus stricte pour lutter contre l’évasion fiscale et d’encourager la transformation locale des minerais afin d’augmenter la valeur ajoutée pour le continent.

Plusieurs pays africains ajustent leurs cadres réglementaires afin d’augmenter la participation de l’État dans l’exploitation minière et de garantir une redistribution plus équitable des revenus. Une analyse récente estime que près de 70% des recettes minières du continent continuent d’échapper aux pays producteurs en raison d’exonérations fiscales excessives et de pratiques de sous-évaluation.

Le Mali est en première ligne de cette dynamique. Face à un manque à gagner fiscal estimé à 230 millions de dollars en 2024, le gouvernement a adopté des mesures strictes à l’encontre de plusieurs sociétés minières. Le litige avec Barrick Gold, marqué par la rétention de trois tonnes d’or destinées à l’exportation et des accusations de violations contractuelles, illustre cette volonté d’assurer le respect des engagements fiscaux. En décembre 2024, des mandats d’arrêt internationaux ont été émis contre des responsables de Barrick pour blanchiment d’argent, tandis que plusieurs cadres ont été arrêtés en novembre.

Contrebande et évasion fiscale : un manque à gagner colossal

Un rapport de Swissaid publié en 2024 a révélé que près de 435 tonnes d’or, d’une valeur estimée à 31 milliards de dollars, ont quitté illégalement le continent en 2022. En 2023, le Mali, le Soudan et la RDC auraient vu plus de 50 tonnes d’or exportées illicitement vers des marchés comme les Émirats arabes unis et la Suisse. Pour y répondre, certains pays africains envisagent un renforcement des capacités de surveillance et de contrôle, ainsi qu’une régulation accrue du commerce de l’or artisanal. Des propositions ont été formulées pour harmoniser les politiques minières et douanières à l’échelle régionale.

Par ailleurs, les experts du secteur insistent sur l’importance de la transformation locale des minerais. Actuellement, plus de 80% des exportations minières africaines se font à l’état brut, limitant ainsi les retombées économiques et la création d’emplois. Le développement d’infrastructures de raffinage et de transformation est essentiel pour réduire la dépendance aux marchés étrangers et assurer des bénéfices plus conséquents aux économies locales.

Ces stratégies visent à permettre aux pays africains de garantir que l’exploitation minière serve avant tout leurs intérêts économiques et sociaux.

Massiré Diop

Le 7e art en deuil : Souleymane Cissé tire sa révérence   

Le pays pleure aujourd’hui l’un de ses plus grands artistes. Souleymane Cissé, le cinéaste qui a porté haut les couleurs du pays sur la scène internationale, nous a quittés. Son départ laisse un vide immense dans le monde du cinéma et dans le cœur de tous ceux qui ont admiré son engagement et son talent.

Né en 1940 à Bamako, Souleymane Cissé a été un pionnier du cinéma africain. Son amour pour le septième art le pousse à se former en URSS avant de revenir au Mali pour raconter les réalités de son peuple à travers la caméra. Il voulait que les histoires africaines soient racontées par des Africains, avec leur regard et leur vérité.
Dès ses premiers films, il s’attaque aux tabous et aux injustices de la société. Son film Den Muso (La Jeune Fille), sorti en 1975, aborde la question des filles-mères. Il continue à filmer et signe, en 1978, Baara, un film sur le monde ouvrier qui remporte l’Étalon d’or du Yennenga au FESPACO, la plus haute distinction du cinéma africain. Il récidive en 1982 avec Finyè, qui décroche le même prix.
Son chef-d’œuvre, Yeelen (La Lumière), sorti en 1987, va propulser le cinéma malien sur la scène mondiale. Ce film inspiré des traditions bambara reçoit le Prix du Jury au Festival de Cannes, une première pour un réalisateur d’Afrique noire. Le Mali, à travers son art, brille aux yeux du monde.
Malgré cette reconnaissance, il reste un homme simple, engagé et fidèle à ses racines. Il fonde l’Union des Créateurs et Entrepreneurs du Cinéma et de l’Audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest pour aider les jeunes talents africains.
Une reconnaissance tardive et une injustice subie
En 2023, Cannes lui rend enfin un hommage mérité en lui décernant le Carrosse d’or, un prix qui récompense une carrière exceptionnelle. Un an plus tard, alors que ce trophée symbolique est conservé chez lui à Bamako, il est volé. Un épisode douloureux qui l’attriste profondément. Heureusement, grâce à la mobilisation des autorités, le prix est retrouvé et restitué.
Un dernier rendez-vous manqué avec le FESPACO
Pour honorer son immense carrière, le comité du FESPACO 2025 l’avait désigné Président du jury du long métrage. Il devait être à la tête de cette grande fête du cinéma africain, lui qui en avait été l’un des plus grands lauréats.
Ce mercredi matin, il s’adressait encore à la presse à Bamako, exprimant sa fierté et sa reconnaissance pour cette nomination. Quelques heures plus tard, la nouvelle de son décès tombait comme un choc.
Aujourd’hui, le Mali perd un grand homme, mais son œuvre reste. Il a montré au monde que le cinéma africain peut être puissant, profond et universel.
Souleymane Cissé n’est plus, mais ses films parleront pour lui, encore et toujours.

6e journée en retard du championnat national : Adama Goïta, héros du Djoliba dans un derby sous tension   

Le Djoliba AC a pris le dessus sur son éternel rival, le Stade Malien de Bamako, en s’imposant 1-0 dans le match en retard de la 6ème journée de la Ligue 1 malienne. Un succès qui porte la signature d’Adama Goïa, unique buteur d’une rencontre intense et disputée au stade Mamadou Konaté, sous les yeux d’un public surchauffé.

Dès les premières minutes, le ton était donné : engagement physique, pressing intense et duels accrochés au milieu de terrain. Le Stade Malien, porté par ses supporters, a tenté d’imposer son jeu, mais c’est le Djoliba qui s’est montré le plus efficace.
La délivrance est survenue à la 19ème minute. Sur une action collective bien construite, Adama Goïa (N°19) a su trouver le chemin des filets d’une frappe sèche, laissant le gardien stadiste impuissant.
L’unique buteur du match, Adama Goïa, est originaire de Kalaban Coura et un ancien joueur de l’AS Bakaridjan. Libéré par son ancien club, il a été rapidement recruté par le Djoliba AC, où il brille désormais.
Le Stade Malien a tenté de réagir, mais la solidité défensive du Djoliba, bien organisée autour d’un axe central intraitable, a su contenir les assauts. Le dernier tournant du match est intervenu dans le temps additionnel (90+4), lorsque le Stade Malien a obtenu un penalty après un contact évident dans la surface. Daba Benoît Diakité du Djoliba a percuté Daouda Coulibaly du Stade Malien. Une faute indiscutable, le penalty ne souffrait d’aucun débat. Malheureusement pour les Blancs de Bamako, la tentative a été manquée, scellant ainsi leur défaite.
Conséquences au classement : le Djoliba conforte sa place de leader
Avec cette victoire, le Djoliba AC consolide sa première place au classement avec 24 points en 10 matchs, affirmant son ambition pour le titre. De son côté, le Stade Malien stagne à la 7ème place avec 16 points en 10 rencontres, une situation inconfortable pour un club habitué aux sommets du football malien.
Les deux clubs ayant été éliminés prématurément des compétitions africaines, la Ligue 1 malienne représente leur seule chance de titre cette saison. Pour le Djoliba, cette victoire face au grand rival renforce sa dynamique positive et son statut de favori. Mais la route est encore longue et chaque match sera une bataille.
Quant au Stade Malien, cette défaite souligne les difficultés actuelles du club. Si les Blancs veulent réintégrer la course au titre, ils devront réagir rapidement et retrouver l’efficacité qui a fait leur force par le passé.
Un derby qui laisse des traces
Ce derby restera gravé dans les mémoires par son intensité et son enjeu. La prestation d’Adama Goïa en héros du Djoliba, la tension à son paroxysme en fin de match, et la frustration du Stade Malien en font un épisode marquant de cette saison.
Reste à voir comment les deux équipes rebondiront dans la suite du championnat. Une chose est sûre : le sprint final promet d’être palpitant.

Passeport AES : Une reconnaissance en question

Depuis la mise en circulation, le 29 janvier 2025, du nouveau passeport biométrique de l’Alliance des États du Sahel (AES), de nombreux citoyens maliens font face à des obstacles administratifs, notamment lors de demandes de visas pour l’espace Schengen. Ces difficultés soulèvent des questions quant à la reconnaissance et à l’authentification de ce nouveau document de voyage.

Plusieurs détenteurs du passeport AES ont rapporté des refus systématiques de la part de certaines missions diplomatiques, en particulier au consulat de France à Bamako. Ces refus entravent leurs projets de voyage, qu’ils soient d’ordre professionnel, académique ou personnel. Un cas emblématique est celui d’un voyageur ayant perdu son ancien passeport CEDEAO avec un visa en cours de validité. Après avoir obtenu en urgence un passeport AES, sa demande de visa a été rejetée, le privant ainsi de son déplacement prévu.
Réaction des autorités maliennes
Face à ces allégations, le Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile du Mali a publié un communiqué le 16 février 2025, affirmant n’avoir reçu aucune saisine officielle concernant des difficultés liées à l’utilisation du passeport AES. Le ministère assure que toutes les procédures administratives ont été respectées, notamment la notification officielle à l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) et la transmission de spécimens physiques aux missions diplomatiques et consulaires accréditées au Mali dès le 22 janvier 2025. Néanmoins, le ministère reconnaît poursuivre des interactions avec certains partenaires pour résoudre des questions spécifiques liées à leurs procédures internes.
Une contradiction apparente
Le communiqué ministériel souligne que toutes les dispositions ont été prises pour la reconnaissance du passeport AES. Cependant, la mention de « poursuite d’interactions avec certains partenaires sur des questions spécifiques » suggère que des démarches sont encore en cours pour une acceptation complète du document. Cette dualité dans la communication officielle pourrait expliquer les retards ou les refus rencontrés par les citoyens maliens lors de leurs démarches consulaires.
Des précédents similaires
Ce n’est pas la première fois que l’introduction d’un nouveau passeport entraîne des complications. En 2012, la mise en circulation d’un passeport malien portant la mention CEDEAO avait conduit à des rejets de demandes de visas par les partenaires Schengen, faute d’information préalable. Ce n’est qu’après la transmission des spécimens aux autorités concernées que la situation s’était normalisée.
Dans l’attente d’une résolution complète de ces obstacles administratifs, le Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile invite les détenteurs du passeport AES à signaler toute difficulté rencontrée lors de leurs démarches. Une communication transparente et une collaboration étroite entre les autorités maliennes et les missions diplomatiques étrangères sont essentielles pour garantir la libre circulation des citoyens et éviter que des questions administratives ne se transforment en obstacles majeurs à la mobilité internationale.

Paix et réconciliation :  TAMOUZÔK-APC lance ses activités  

Le samedi 15 février 2025, l’Alliance pour la Paix et la Concorde (TAMOUZÔK-APC) a officiellement lancé ses activités au Centre International de Conférences de Bamako (CICB). Créée le 27 novembre 2024, cette organisation se donne pour mission de contribuer à la stabilisation du Mali à travers la sensibilisation des communautés, le dialogue intercommunautaire et la mobilisation des acteurs du vivre-ensemble.

L’événement a rassemblé des figures politiques, des leaders communautaires et des membres de la société civile, tous unis par la volonté d’accompagner les efforts de réconciliation et de développement du pays.
Dans son discours, Mossa Ag Attaher, président de la commission d’organisation de la cérémonie, a rappelé l’importance de la prise de conscience collective pour bâtir un Mali souverain, en paix et stable. Il a insisté sur le rôle central de TAMOUZÔK-APC dans la relance du développement socio-économique et du vivre-ensemble, tout en soulignant la nécessité d’une mobilisation active à travers le pays et au-delà, grâce aux bureaux implantés à l’intérieur et à l’extérieur du Mali.
Pour Bajan Ag Hamatou, président d’honneur de l’association, TAMOUZÔK-APC s’inscrit dans un soutien actif aux efforts des autorités de transition. Il a insisté sur la nécessité d’un engagement collectif pour une paix durable et une stabilité nationale, appelant tous les acteurs à s’impliquer pleinement dans cette dynamique.
Dialogue, cohésion et réinsertion au cœur du projet
Président de l’association, Alhamdou Ag Ilyène a mis en avant l’importance du dialogue initié par les autorités pour restaurer la confiance et apaiser les tensions. Il a appelé les groupes armés à déposer les armes, rappelant que la solution aux conflits passe par la réconciliation et la reconstruction du pays. Il a également rendu hommage aux devanciers ayant œuvré pour l’unité nationale et réaffirmé la nécessité d’un État fort, juste et respecté, capable de garantir la sécurité et le développement socio-économique.
Saluant la relance du processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR), il a insisté sur la nécessité d’intégrer les anciens combattants dans des programmes de réinsertion pour favoriser leur retour dans la société. Selon lui, les terroristes doivent être combattus, mais le dialogue doit rester un levier majeur pour pacifier le pays.
Il a également rappelé que le Mali est un pays de diversité culturelle, où le dialogue doit être permanent et inclusif. Il a invité toutes les parties à saisir la main tendue du gouvernement, insistant sur la promotion des valeurs de paix, de réconciliation et de cohésion nationale.
Un soutien affirmé du gouvernement pour la réconciliation et le développement
Invité d’honneur de la cérémonie, le ministre de la Réconciliation nationale, le général de corps d’armée Ismaël Wagué, a exprimé sa satisfaction d’être présent et a salué l’initiative de TAMOUZÔK-APC. Il a réaffirmé l’engagement de l’État à accompagner l’association, soulignant que le gouvernement soutiendra toutes les initiatives visant la paix, la réconciliation et le développement.
Rappelant que l’État est équitable avec tous ses fils, même les plus égarés, il a appelé à l’union de toutes les communautés maliennes, notamment celles engagées dans un processus de réconciliation. Il a évoqué l’exemple de l’Alliance des Bérabich, qui a rejoint cette dynamique, et a encouragé les autres communautés à suivre cette voie vers une stabilité durable.
La cérémonie de lancement de TAMOUZÔK-APC marque le début d’une nouvelle dynamique de dialogue et de pacification au Mali. L’association prévoit de déployer des actions sur le terrain à travers des forums de dialogue, des campagnes de sensibilisation et des programmes de réinsertion pour contribuer à la consolidation de la paix.
Face aux défis sécuritaires et sociaux, TAMOUZÔK-APC se positionne comme un acteur clé du processus de réconciliation, appelant toutes les forces vives du pays à s’unir pour restaurer la stabilité et bâtir un Mali en paix et prospère.

Tragédie minière à Bilalkoto : Un samedi noir pour Kéniéba

Un drame s’est produit ce samedi 15 février 2025 dans le village de Bilalkoto, commune de Dabia, cercle de Kéniéba. Une machine excavatrice utilisée par des exploitants chinois s’est renversée sur un groupe de femmes qui creusaient dans une fosse à la recherche d’or. Selon des témoins sur place, il y’aurait une quarantaine de morts dobt de nombreuses femmes. Plusieurs blessés graves ont été transportés d’urgence à l’hôpital de Kéniéba. Le bilan exact reste incertain, mais les recherches se poursuivent.

Ce drame fait écho à un autre effondrement survenu il y a quelques jours dans le Mandé, cercle de Kangaba, où une dizaine d’orpailleuses ont péri sous un éboulement dans une ancienne mine exploitée autrefois par des Chinois. Ce nouvel accident dévoilent encore les dangers qui entourent l’orpaillage artisanal au Mali, en particulier dans le sud du pays, où l’exploitation minière s’intensifie sans véritable encadrement.
À Kéniéba, comme dans plusieurs localités aurifères du pays, les mines artisanales se multiplient, souvent dans des conditions précaires. De nombreuses fosses sont creusées sans aucune mesure de sécurité, rendant les éboulements fréquents et meurtriers. Les habitants dénoncent aussi l’utilisation de machines lourdes sur des terrains instables, aggravant encore les risques. Mais au-delà des conditions de travail, c’est toute la question de la gestion des ressources minières qui revient sur le devant de la scène. Réagissant à cet événement, le Premier ministre a indiqué que cette situation ne sera pas un fait divers. Avant de promettre qu’une enquête sera ouverte pour situer des responsabilités.
Dans la région, l’arrivée massive d’opérateurs étrangers, souvent avec la complicité de certains acteurs locaux, suscite colère et frustration. Beaucoup accusent ces exploitants de piller les ressources du pays tout en mettant en danger la vie des populations. « Ils prennent nos terres, ils creusent n’importe comment et nous, on meurt sous leurs machines », s’indigne un orpailleur du cercle de Kéniéba.
Face à cette énième tragédie, la population appelle à une réaction urgente des autorités. Si rien n’est fait, ces mines à ciel ouvert continueront d’engloutir des vies, laissant derrière elles des familles endeuillées et des villages en deuil.

Émission de titres publics : le Mali cherche 1 255 milliards FCFA en 2025

Le ministère de l’Économie et des Finances a procédé, le 13 février 2025, au lancement du calendrier d’émission des titres publics. Pour l’année 2025, le Trésor public malien envisage de lever 1 255 milliards de FCFA sur le marché des titres de l’UEMOA.

Pour cette même année, l’État du Mali sollicite un montant de 1 255 milliards FCFA, qui sera mobilisé à travers 30 émissions, réparties en bons et obligations du Trésor pour des montants respectifs de 435 milliards FCFA et 820 milliards FCFA, avec deux appels publics à l’épargne. Ce niveau d’endettement est conforme à la stratégie d’endettement du pays et préserve la viabilité de la dette publique, avec un ratio d’encours de la dette prévu à 50,6 % en 2025, contre une norme communautaire de 70 %, estime le Trésor du Mali. Le déficit budgétaire, qui justifie cet endettement, est prévu à 3,5 % du PIB en 2025.
En termes de perspectives, pour atteindre les objectifs de la vision Mali 2063 dans le cadre de la stratégie nationale 2024-2033, plusieurs défis demeurent à relever. Parmi ceux-ci figurent la diversification du secteur minier, le rapprochement des zones de production et de consommation, et surtout, l’exploitation efficiente du potentiel du pays.
Concernant le taux de pression fiscale, il est attendu à 16,2 % en 2025, avec une prévision d’environ 18 % pour 2027.
Contexte difficile
En 2024, le Mali a levé 976 milliards de FCFA sur le marché des titres de l’UEMOA, un résultat obtenu à travers 30 émissions. Bien que ce montant soit en deçà des prévisions initiales de 1 080 milliards FCFA, il est jugé satisfaisant compte tenu du contexte particulier, selon le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique. Ce contexte est marqué par l’essoufflement des banques, le faible taux de couverture, le renchérissement des coûts d’emprunt, ainsi que le maintien des taux directeurs de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Toutefois, ces impacts ont été atténués, assure le Directeur général, grâce à la performance des services de recouvrement, notamment à travers les négociations avec les sociétés minières.
Parmi les 976 milliards FCFA mobilisés, on note une participation de 70 % des banques maliennes.
Un contexte particulièrement difficile a été rappelé par la Directrice de l’UEMOA Titres. Les conséquences de la crise russo-ukrainienne ont affecté la mobilisation des ressources dans la zone. Malgré cela, le marché des titres a montré une résilience, mobilisant au total 8 127 milliards FCFA en 2024, en hausse de 13 % par rapport à 2023. En 2025, les États de la zone envisagent de lever 9 212 milliards FCFA.
Le ministre de l’Économie et des Finances a souligné que la mise en œuvre du nouveau code minier et le processus de digitalisation des moyens de paiement visent à générer davantage de recettes pour les caisses de l’État. Grâce à une gestion prudente, selon les autorités, le déficit budgétaire du Mali est estimé à -2,5 % en 2024, contre une prévision de 4,4 %.

Vœux à la presse: Modibo Sidibé plaide pour un « Mali Kura » fondé sur la souveraineté, la justice et la prospérité

Lors de la traditionnelle présentation de vœux aux médias, le 12 février 2025, le président du Comité Stratégique du M5-RFP Mali Kura, Modibo Sidibé, a dressé un bilan sans complaisance de l’année écoulée et tracé les perspectives d’un Mali tourné vers l’avenir. Entre avancées sécuritaires, défis économiques et tensions politiques, l’ancien Premier ministre a appelé à un sursaut national pour refonder le pays sur des bases solides et inclusives.

Modibo Sidibé a d’abord rendu hommage aux victimes des crises successives, militaires et civiles, avant de rappeler les engagements initiaux du M5-RFP : instaurer une gouvernance vertueuse et poser les bases d’un État refondé. Il a souligné que malgré la reconquête territoriale symbolisée par la libération de Kidal, les défis sécuritaires persistent. « La montée en puissance des FAMAs est une réalité, mais la menace terroriste demeure omniprésente », a-t-il averti, évoquant notamment l’attaque meurtrière de Bamako en septembre dernier et l’embuscade récente sur l’axe Ansongo-Gao.
Le président du Comité Stratégique a plaidé pour une approche globale : « La lutte contre le terrorisme ne saurait se limiter au ‘tout militaire’. Elle doit s’accompagner d’un développement socio-économique ambitieux, de formations adaptées pour la jeunesse et d’une éducation civique renforcée ». Il a ainsi exhorté les autorités à une meilleure prise en compte des besoins des déplacés, des victimes des inondations et des populations vulnérables, rappelant que 4,5 millions de Maliens nécessiteront une assistance alimentaire en 2025.
Si le Mali affiche une prévision de croissance de 5,3 % en 2025, principalement portée par l’or, le coton et le lithium, l’économie reste fragile et dépendante des fluctuations mondiales. Modibo Sidibé a dressé un tableau sombre : flambée des prix des denrées de première nécessité, crise énergétique persistante, manque d’investissements publics structurants et crise de liquidités touchant l’ensemble des secteurs. « Le panier de la ménagère est de plus en plus léger, et les entreprises souffrent d’un environnement des affaires dégradé », a-t-il déploré.
La question de la dette publique, qui s’élève à 56 % du PIB, a également été soulevée. « Un surendettement qui ne se traduit pas par une amélioration des conditions de vie des populations devient un véritable goulot d’étranglement », a-t-il soutenu, appelant à une gestion transparente et rigoureuse des ressources, notamment les 500 milliards de FCFA d’investissements exceptionnels récemment annoncés.
Modibo Sidibé a sévèrement critiqué les décisions unilatérales prises par les autorités, notamment la dénonciation de l’Accord d’Alger et le retrait de la CEDEAO, sans concertation nationale préalable. « Nous sommes aujourd’hui dans une situation où les perspectives de retour à l’ordre constitutionnel sont floues. L’interdiction des activités politiques et l’emprisonnement de leaders d’opinion en 2024 sont des signaux inquiétants », a-t-il déclaré.
S’il salue la libération des 11 leaders politiques détenus durant cinq mois, il estime que cela ne constitue pas une garantie d’élections libres en 2025. « L’absence de visibilité et le silence des autorités sur le calendrier électoral alimentent les doutes », a-t-il insisté, appelant à un dialogue inclusif sur l’avenir institutionnel du pays.
Un appel à la souveraineté et à l’intégration africaine
Concernant la sortie du Mali de la CEDEAO, Modibo Sidibé reconnaît les griefs du gouvernement, mais regrette une rupture brutale sans alternative claire. « Nous devons transformer cette crise en opportunité en refondant la CEDEAO plutôt que de la quitter. L’intégration sous-régionale est une nécessité historique et stratégique pour le Mali », a-t-il affirmé, tout en proposant une double dynamique : structurer l’Alliance des États du Sahel (AES) en pôle de stabilité et engager un dialogue sur l’avenir de la communauté ouest-africaine.
Vers un « Mali Kura » : entre espoir et engagement
Dans son discours, l’ancien Premier ministre a rappelé l’ambition du M5-RFP Mali Kura : un Mali maître de son destin, fondé sur la souveraineté, la justice et la prospérité. « Nous devons mobiliser toutes les forces vives pour construire un avenir conforme aux aspirations profondes du peuple malien », a-t-il déclaré.
Il a enfin lancé un appel aux médias, soulignant leur rôle crucial dans la construction d’un débat national apaisé et constructif. « Un journalisme engagé, intègre et responsable est essentiel pour éclairer les citoyens et renforcer la cohésion sociale ».
Pour finir, Modibo Sidibé a formulé ses vœux pour 2025, souhaitant une année de paix, de solidarité et de progrès pour le Mali. Un message d’espoir synonyme à un appel à la responsabilité collective pour sortir durablement le pays de la crise.

Télécommunications : Les taxes de trop ?

Le gouvernement de transition a adopté par ordonnance, lors du Conseil des ministres du 5 février 2025, un projet de texte instituant de nouvelles taxes sur les services téléphoniques. Selon les autorités, les recettes issues de ces nouvelles taxes sont destinées à financer des initiatives publiques visant à améliorer les conditions de vie des populations. Cependant, elles sont décriées par une partie des Maliens.

Le projet de texte adopté porte sur la création, l’organisation et les modalités de gestion du Fonds de soutien aux projets d’infrastructures de base et de développement social. Ce fonds sera alimenté exclusivement par un prélèvement spécifique sur la consommation des services commerciaux de communications téléphoniques et les opérations de retrait dans le cadre des transferts d’argent via le mobile money.

Désormais, un taux de 10% sera prélevé sur les recharges téléphoniques et un autre de 1% sur les retraits d’argent via le mobile money. En clair, pour chaque recharge de 1 000 francs CFA, seulement 900 francs seront désormais crédités sur le compte de l’utilisateur, 100 francs étant prélevés par l’État. Quant aux transactions via mobile money, le retrait de 10 000 francs coûtera désormais 200 francs au lieu de 100 francs, avec 100 francs prélevés par l’État.

Des taxes qui divisent

Ces taxes, qui touchent directement les consommateurs, ont suscité de nombreuses réactions au sein de la population. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le Président du Forum des organisations de la société civile, Alou Badra Sacko, appelle le gouvernement à revoir sa décision, estimant qu’elle est injustifiée pour des Maliens déjà confrontés à de nombreuses difficultés.

« Ce n’est pas normal qu’on impose de nouvelles taxes au peuple alors que le budget de la Présidence ne cesse d’augmenter. De 12 milliards en 2022, ce budget a atteint 17,7 milliards en 2025 », fustige-t-il, remettant également en question la gestion des revenus issus de l’exploitation des mines, notamment du lithium, censés renflouer les caisses de l’État.

Un avis similaire est partagé par l’analyste politique Ousmane Bamba, qui estime que c’est une mauvaise décision de toucher aux recharges téléphoniques et au mobile banking, qui est « l’argent des pauvres ». « Cette mesure affecte directement le panier de la ménagère. Il aurait d’abord fallu qu’au plus haut sommet on donne l’exemple. Il y a des poches qu’on aurait pu serrer avant de s’attaquer au panier de la ménagère », dénonce le modérateur du « Forum du Kénédougou ».

Pour sa part, Sory Ibrahima Traoré, Président du Front pour l’Émergence et le renouveau du Mali (FER – Mali), affirme adhérer « pleinement » aux nouvelles taxes envisagées, « qui visent à compenser le vide créé par la crise profonde avec nos partenaires ». « À mon avis, le gouvernement a déjà perdu trop de temps avant de mettre en place les conditions nécessaires pour augmenter la contribution de chaque Malienne et chaque Malien », avance-t-il, soutenant qu’il est impératif que ces mesures soient accompagnées d’une réduction drastique du train de vie de l’État.

Cheick Oumar Diallo, Président du Mouvement Nouvel Horizon – Faso Jo Sira, partage le même avis. Pour lui, l’imposition de ces nouvelles taxes est une décision difficile, mais un choix courageux qui pourrait réduire le déficit public. « Cette mesure fiscale ne devrait pas être perçue uniquement comme une contrainte, mais comme une contribution au développement national », affirme-t-il.

Faire face à la crise énergétique

Face aux différentes réactions suscitées par l’adoption du projet de texte instituant de nouvelles taxes sur les services téléphoniques, le Premier ministre et le ministre de l’Économie et des Finances ont tenu un point de presse, le 10 février 2025, à la Primature pour fournir des explications.

Selon eux, avant de prendre la décision d’instituer ces nouvelles taxes, le gouvernement a consulté la société civile et au moins sept associations de consommateurs, qui ont donné leur aval. Ces nouvelles taxes sur les recharges téléphoniques et les transactions via mobile money devraient générer environ 140 milliards de francs CFA par an pour l’État, qui les investira dans le secteur énergétique, confronté à une crise sans précédent depuis deux ans.

« Le but du Fonds de soutien aux projets d’infrastructures de base et de développement social est de faire en sorte que des projets urgents puissent être traités avec célérité. Nous savons qu’aujourd’hui, si l’on doit parler d’urgence, c’est surtout la crise énergétique. Avec ces taxes, nous pouvons trouver une solution sans augmenter le prix du courant pour les Maliens », a souligné le Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maïga.

En outre, l’État a également besoin de recettes supplémentaires pour gérer ses différentes dépenses, a expliqué le ministre de l’Économie et des Finances, Alousseini Sanou. « En 2020, le total de la masse salariale au Mali était de 690 milliards de francs CFA. Aujourd’hui, nous sommes à 1 100 milliards de masse salariale, compte tenu des recrutements dans le cadre de la lutte contre l’insécurité et des augmentations de salaires pour apaiser le climat social », a-t-il confié.

Vers une hausse des tarifs de communication ?

En plus des nouvelles taxes qui touchent directement les consommateurs, le Conseil des ministres a également adopté un projet d’ordonnance modifiant le Code général des Impôts et portant à 7% le taux de la Taxe sur l’Accès au Réseau des Télécommunications ouvert au public (TARTOP), payée par les opérateurs de téléphonie mobile.

Selon le gouvernement, l’essor prodigieux du secteur des télécommunications au cours des 20 dernières années, grâce à l’utilisation généralisée des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, devrait entraîner une hausse substantielle des contributions fiscales des opérateurs de téléphonie mobile.

« Nous avons estimé qu’en augmentant le taux de TARTOP de 2% nous n’allons nullement impacter l’équilibre financier de ces entreprises, qui ont eu suffisamment de temps pour s’ajuster », justifie le ministre de l’Économie et des Finances.

À l’en croire, avant de prendre cette décision, le gouvernement a échangé avec les opérateurs de téléphonie mobile, qui ont compris le bien-fondé de la mesure gouvernementale et n’y ont pas trouvé d’inconvénients.

Cependant, cette augmentation de la TARTOP n’aura-t-elle pas des répercussions sur le coût des services des opérateurs de téléphonie mobile ? Nos tentatives auprès des deux principaux opérateurs du pays pour répondre à cette interrogation n’ont pas abouti. D’ailleurs, ils n’ont pas réagi officiellement depuis l’annonce des mesures du gouvernement.

Selon l’avis d’un spécialiste en télécommunication ayant requis l’anonymat, cette augmentation de la TARTOP aura, d’une manière ou d’une autre, une incidence sur les tarifs de communication. « Les 2% de plus que ces opérateurs de téléphonie mobile vont payer à l’État, ils vont le récupérer auprès des consommateurs. Officiellement, il n’y aura pas d’augmentation des tarifs, mais la durée des crédits de communication ou des données mobiles, par exemple, pourrait être impactée », glisse notre interlocuteur.

200 milliards de recettes annuelles

Le gouvernement a également adopté un projet d’ordonnance portant institution de la Contribution spéciale de solidarité (CSS) et d’une taxe spéciale sur la consommation de certains biens et services. Selon les explications du ministre de l’Économie et des Finances, cette taxe est inspirée de la CGS (Contribution générale de solidarité) mise en place pour la première fois en 2018 et constituée de 0,5% du chiffre d’affaires de toutes les entreprises installées au Mali. Quant à la taxe spéciale sur la consommation de certains biens et services, elle concerne uniquement les boissons alcoolisées, qu’elles soient produites localement ou importées.

L’ensemble des recettes annuelles attendues à partir de ces différentes taxes (sans la CSS payée par les entreprises) est estimé à environ 214 milliards de francs CFA, selon le Premier ministre : 140 milliards pour les taxes sur les recharges téléphoniques et les transferts via mobile money, 62 milliards pour la taxe sur les boissons alcoolisées et 12 milliards pour la hausse de la TARTOP.

Mohamed Kenouvi

Sénégal : Un rapport accablant de la Cour des comptes révèle des détournements massifs sous le règne de Macky Sall

Le rapport explosif de la Cour des comptes du Sénégal, publié le 12 février 2025, dévoile des anomalies financières majeures sous l’administration de l’ex-président Macky Sall. Il révèle des manipulations d’indicateurs économiques, des détournements massifs de fonds publics et des pratiques financières opaques ayant gravement impacté l’économie du pays.

Selon le rapport, la dette publique du Sénégal atteignait 18 558,91 milliards de FCFA, soit 99,67 % du PIB au 31 décembre 2023, bien au-dessus des chiffres officiels annoncés sous Macky Sall. Le déficit budgétaire réel pour 2023 s’élève à 12,3 %, alors que le gouvernement précédent avait déclaré 4,9 %. Ces écarts suggèrent une manipulation des indicateurs économiques pour masquer l’état réel des finances publiques, d’après le rapport.

Des transactions frauduleuses et des décaissements illégaux atteignant 481,42 milliards de FCFA ont été recensés, ainsi qu’un emprunt non autorisé de 130 milliards de FCFA. Parmi les irrégularités relevées, figurent des obligations illégalement émises au profit de la famille Peretz, spécialisée dans la vente d’armes, pour un montant de 121,61 milliards de FCFA, ainsi qu’un paiement de 120,29 milliards de FCFA à l’entreprise Sofico, dirigée par Tahirou Sarr, sans justificatif clair.

La Cour des comptes met également en évidence des virements suspects de 247,33 milliards de FCFA vers un compte bancaire non identifié à la Banque Islamique du Sénégal. Une partie de ces fonds a été dépensée en dehors des procédures comptables, tandis que 141,087 milliards de FCFA, initialement placés en dépôts à terme, ont été détournés. Des paiements opaques à hauteur de 15 milliards de FCFA ont par ailleurs été effectués à des fournisseurs non identifiés.

Ces révélations suscitent une onde de choc dans le pays. L’ampleur des malversations a contribué à l’explosion de la dette publique, qui approche désormais les 100 % du PIB. Face à cette situation critique, le président Bassirou Diomaye Faye a ordonné des mesures d’urgence pour restaurer la transparence et réclamer des comptes aux responsables.

Le Fonds monétaire international a d’ailleurs suspendu son programme d’aide au Sénégal en attendant que les nouvelles autorités clarifient la situation et mettent en place les réformes nécessaires. La pression s’intensifie sur l’ancien régime, alors que la société civile et l’opposition réclament des poursuites judiciaires contre les responsables présumés de ces détournements.

 

Indice de perception de la corruption 2024 : Le Mali encore dans la zone de turbulences

Le dernier Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2024 de Transparency International, publié le 12 février 2025, classe le Mali au 136e rang sur 180 pays, avec un score de 28 sur 100. Ce résultat illustre une fois de plus la difficulté du pays à lutter contre la corruption, un fléau qui mine la gouvernance et freine son développement.

Pour le rapport, le pays est confronté à une érosion des institutions de contrôle. De plus, il indique également que l’attribution des marchés publics manque de transparence et la gestion des finances publiques demeure opaque, alimentant une perception généralisée de corruption.

Selon le document, l’administration publique est particulièrement touchée. L’accès aux services essentiels comme la justice, la santé et l’éducation est souvent conditionné par des pratiques de favoritisme ou des pots-de-vin. Dans ce contexte, le document estime que la méfiance des citoyens envers l’État s’accentue, renforçant un climat d’impunité pour les élites. Signalons qu’à ce sujet, les rapports de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) et du Bureau du Vérificateur Général, en sont une parfaite illustration.

Le Mali n’est pas un cas isolé. En Afrique de l’Ouest, plusieurs pays affichent des scores médiocres dans l’IPC 2024, traduisant une gouvernance affaiblie par la corruption et l’opacité des finances publiques.

Le Nigeria, première puissance économique de la région, obtient un score de 25 sur 100, soulignant l’ampleur du détournement des fonds publics, notamment dans le secteur pétrolier. Le Burkina Faso, également sous transition, affiche un score de 30 sur 100, restant sous la barre critique de 50, qui marque le seuil entre une gouvernance corrompue et une administration relativement intègre.

À l’inverse, le Ghana se distingue avec un score de 43 sur 100, bien qu’en légère baisse, confirmant sa position parmi les pays les plus transparents de la région.

L’Afrique subsaharienne, toujours parmi les régions les plus corrompues au monde

Avec un score moyen de 32 sur 100, l’Afrique subsaharienne reste l’une des régions les plus touchées par la corruption. Plus des deux tiers des pays africains obtiennent un score inférieur à 50, traduisant une faible capacité des États à lutter efficacement contre ce phénomène.

Transparency International met en garde contre le risque de détournement des fonds climatiques, alors que de nombreux pays africains devraient bénéficier d’aides internationales pour faire face aux effets du changement climatique. L’absence de contrôle rigoureux sur ces financements risque de priver les populations vulnérables des ressources essentielles à leur adaptation.

Les pays les plus corrompus de la région incluent la Somalie (11 sur 100), le Soudan du Sud (13 sur 100) et la République centrafricaine (19 sur 100), où les conflits prolongés ont exacerbé l’effondrement des institutions.

Les bons élèves de la lutte contre la corruption

À l’échelle mondiale, les pays nordiques conservent leur place de leaders en matière de transparence et de bonne gouvernance. Le Danemark reste le pays le moins corrompu du monde avec un score de 90 sur 100, suivi par la Finlande (88 sur 100) et la Norvège (87 sur 100).

D’autres pays comme le Canada (75 sur 100) et l’Allemagne (79 sur 100) maintiennent également des niveaux élevés d’intégrité publique malgré certaines controverses récentes.

Les 5 pays les plus corrompus du classement

Aux dernières places du classement, on retrouve des États en proie à des crises profondes, où l’absence de gouvernance stable favorise la corruption à grande échelle. Il s’agit notamment de la Somalie (11 sur 100), du Soudan du Sud (13 sur 100), de la Syrie (14 sur 100), du Venezuela (14 sur 100) et du Yémen (16 sur 100).

Ces pays souffrent de guerres civiles, d’effondrement institutionnel et d’une impunité totale pour les acteurs corrompus.

Le rapport de Transparency International souligne l’urgence d’un renforcement des mécanismes de lutte contre la corruption. Pour le Mali, cela passe par un renforcement du cadre juridique, une indépendance accrue de la justice et une meilleure protection des lanceurs d’alerte.

Sans réformes concrètes, la corruption continuera de fragiliser les institutions, de freiner le développement et d’accentuer la défiance des citoyens envers l’État. Transparency International appelle ainsi à une mobilisation nationale et internationale pour lutter efficacement contre ce fléau qui compromet la croissance économique et la stabilité politique du pays.

 

 

Lancement du programme DDR-I : une relance sous haute surveillance  

Le gouvernement a officiellement lancé le programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Intégration (DDR-I), visant à intégrer 2 000 ex-combattants au sein des Forces armées maliennes (FAMa) et à réinsérer 1 000 autres dans la vie civile. Cette annonce a été faite par le ministre de la Réconciliation nationale, le général Ismaël Wagué, qui a souligné l’importance de cette initiative dans le cadre du processus de stabilisation et de réconciliation nationale.

Lors de son intervention, le ministre a déclaré :  » Notre objectif est clair : faire du DDR-I un modèle de réussite en matière de stabilisation et de réconciliation nationale. C’est pourquoi nous devons œuvrer ensemble, dans un esprit de dialogue et de confiance mutuelle, pour garantir le succès de ce processus « . Il a insisté sur la nécessité d’un cadre structuré garantissant une réintégration efficace et durable des ex-combattants dans la société.
Toutefois, cette relance du DDR-I intervient alors que le précédent programme, sous l’Accord d’Alger et la MINUSMA, prévoyait lui aussi 3 000 bénéficiaires mais n’avait pas atteint les 2 000 intégrations effectives. Plusieurs obstacles avaient compromis son exécution, notamment un financement incertain, un manque de critères clairs pour la sélection des bénéficiaires et un suivi insuffisant des ex-combattants intégrés ou réinsérés.
Si le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) est censé veiller à l’application rigoureuse des critères d’éligibilité, des doutes subsistent quant à la transparence et l’efficacité du processus. L’intégration des 2 000 recrues dans l’armée pose également des questions : quelles seront leurs perspectives de carrière et leur niveau de formation ? De même, les 1 000 ex-combattants destinés à la réinsertion socio-économique auront-ils accès à des opportunités viables ou seront-ils livrés à eux-mêmes après quelques aides ponctuelles ?
Le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Assimi Goïta, a affirmé que ce programme constitue une priorité stratégique pour la sécurisation du pays, comme il l’a rappelé lors de son allocution du 31 décembre 2024. Pourtant, sans un financement garanti, une gestion rigoureuse et un encadrement efficace, le DDR-I risque de répéter les erreurs du passé. Cette relance tiendra-t-elle ses promesses, ou s’ajoutera-t-elle à la liste des engagements non tenus ? Seuls les mois à venir permettront de trancher.

Recettes budgétaires : Le gouvernement donne des explications sur les nouvelles taxes

Face aux réactions suscitées par l’adoption, en Conseil des ministres, le 5 février 2025, de taxes supplémentaires sur les télécommunications et la consommation de certains biens et services, le Premier ministre et le ministre de l’Économie et des Finances ont animé un point de presse ce lundi 10 février 2025 à la Primature pour fournir des explications.

Au total, deux projets d’ordonnance et un projet de texte ont été adoptés par le Conseil des ministres. Le premier projet d’ordonnance modifie le Code général des Impôts et porte à 7 % le taux de la Taxe sur l’Accès au Réseau des Télécommunications ouvert au public (TARTOP).
« Nous avons estimé qu’en augmentant le taux de TARTOP de 2 %, nous n’allons nullement impacter l’équilibre financier de ces entreprises qui ont eu suffisamment de temps pour pouvoir s’ajuster », a indiqué Alousseini Sanou, ministre de l’Économie et des Finances.
Le deuxième projet d’ordonnance porte sur l’institution de la Contribution spéciale de solidarité et d’une taxe spéciale sur la consommation de certains biens et services. Selon les explications du ministre de l’Économie, cette taxe est inspirée de la CGS (Contribution générale de solidarité) qui a été mise en place pour la première fois en 2018 et qui est constituée de 0,5 % du chiffre d’affaires de toutes les entreprises installées au Mali. Quant à la taxe spéciale sur la consommation de certains biens et services, elle concerne uniquement les boissons alcoolisées, qu’elles soient produites localement ou importées.
Le dernier projet de texte adopté par le Conseil des ministres du 5 février 2025 porte sur la création, l’organisation et les modalités de gestion du Fonds de Soutien aux projets d’infrastructures de base et de Développement social.
Ce Fonds sera abondé exclusivement par un prélèvement spécifique sur la consommation des services commerciaux des communications téléphoniques et les opérations de retrait dans le cadre des transferts d’argent via le mobile money. Désormais, un taux de 10 % sera prélevé sur les recharges téléphoniques et 1 % sur les retraits d’argent via le mobile money.
Ces taxes, qui touchent directement les consommateurs, ont suscité beaucoup de réactions au sein de la population. Mais selon les explications du ministre de l’Économie, le gouvernement a consulté la société civile et au moins 7 associations de consommateurs, qui ont donné leur aval, avant de prendre la décision d’instituer ces nouvelles taxes. À l’en croire, l’État a besoin de recettes supplémentaires pour faire face aux différentes dépenses auxquelles il doit faire face.
« En 2020, le total de la masse salariale au Mali était de 690 milliards FCFA. Aujourd’hui, nous sommes à 1100 milliards de masse salariale compte tenu des recrutements dans le cadre de la lutte contre l’insécurité et les augmentations de salaires pour l’apaisement du climat social », a-t-il souligné.
Ces nouvelles taxes sur les recharges téléphoniques et les transactions via mobile money vont générer environ 140 milliards FCFA par an pour l’État, qui va les investir dans le secteur énergétique confronté à une crise sans précédent depuis deux ans.
« Le but du Fonds de Soutien aux projets d’infrastructures de base et de Développement social est de faire en sorte que des projets urgents puissent être traités avec beaucoup de célérité. Nous savons qu’aujourd’hui, si on doit parler d’urgence, c’est surtout la crise énergétique. Avec ces taxes, on peut trouver une solution, sans augmenter le prix du courant pour les Maliens », a conclu le Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maiga.
Mohamed Kenouvi

France : Sidiki Diabaté victime d’un vol ciblé en pleine tournée

Le 8 février 2025, alors que Sidiki Diabaté, artiste reconnu pour sa maîtrise de la kora, donnait un concert à la Défense Arena de Nanterre, près de Paris, des malfaiteurs ont pénétré par effraction au domicile de sa sœur et productrice, Djelika Diabaté, à Tremblay-en-France.

 

Le vol, minutieusement orchestré, a permis aux cambrioleurs de s’emparer d’un coffre-fort contenant environ 190 000 euros (125 millions de francs CFA), une partie des recettes de la tournée. Cet acte criminel interroge sur la sécurité financière des artistes en tournée et sur la gestion des fonds de leurs spectacles.

D’après les premiers éléments de l’enquête, confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, le vol s’est déroulé aux alentours de 22h30, soit au moment où l’artiste se produisait devant des milliers de spectateurs. À ce moment, seule une baby-sitter se trouvait sur place pour veiller sur les enfants. Les malfaiteurs, armés, ont intimidé la jeune femme, lui ordonnant de se mettre à genoux et de détourner le regard avant de s’emparer du coffre-fort contenant la précieuse somme.
La victime du braquage, ne maîtrisant pas la langue française, n’a pu prévenir les forces de l’ordre qu’à 2h du matin, lorsque Djelika Diabaté est rentrée chez elle. Cette information retarde potentiellement l’enquête et pourrait compliquer l’identification des suspects.
Généralement, les recettes de concerts sont rapidement sécurisées, soit par dépôt en banque, soit par transfert à des services spécialisés dans le transport de fonds. Conserver une telle somme en liquide dans une résidence privée est une pratique inhabituelle et risquée. Cela pose des questions sur la manière dont les flux financiers des artistes en tournée sont gérés.
Selon des spécialistes en sécurité financière, le stockage de fonds en espèces peut attirer l’attention des criminels, en particulier lorsque des informations internes sont divulguées ou lorsque des mouvements suspects sont observés. L’enquête devra établir si les malfaiteurs ont agi sur la base d’une information interne ou s’ils ont simplement saisi une opportunité.
Cas similaires : Fally Ipupa victime d’un vol lors d’une tournée
Les incidents visant des artistes en pleine tournée sont rares mais pas inédits. Un cas similaire a eu lieu en 2019, lorsque l’artiste congolais Fally Ipupa a été victime d’un vol lors d’un déplacement en République Démocratique du Congo (RDC). Alors qu’il se produisait à Kisangani, des malfaiteurs se sont introduits dans sa chambre d’hôtel et ont dérobé de l’argent liquide et plusieurs objets de valeur. L’enquête avait alors mis en évidence un possible lien entre les voleurs et des personnes présentes dans l’hôtel, ce qui rappelle l’importance de la discrétion et des protocoles de sécurité pour les artistes en déplacement.
Au-delà de la perte financière, ce type d’événement peut affecter l’artiste sur le plan psychologique. Un vol ciblé laisse planer des doutes sur la sécurité du cercle proche, la présence éventuelle d’informateurs et la nécessité de renforcer les protocoles de protection. Plusieurs artistes ont dû revoir leur organisation après de telles mésaventures, optant pour des dispositifs de sécurité renforcée, des gardes du corps et une gestion plus stricte des flux monétaires.
Dans le cas de Sidiki Diabaté, la tournée se poursuit malgré tout. Depuis décembre 2024, il a animé de nombreux concerts en France et en Belgique pour la promotion de son album « Kora Lover », et aucune annulation n’a été annoncée. Malgré cette mésaventure, la tournée de Sidiki Diabaté se poursuit sans annulation. L’artiste malien est attendu sur plusieurs scènes prestigieuses en France et en Belgique. Après son concert du 10 février à Lyon (Halle Tony Garnier), il se produira à Marseille (Le Dôme) le 14 février, puis au Zénith de Toulouse le 18 février. La tournée se poursuivra avec une escale à Bruxelles (Forest National) le 22 février, avant de clôturer cette série de spectacles le 25 février au Zénith Arena de Lille.
Une affaire à suivre de près
L’enquête devra déterminer si les cambrioleurs avaient suivi leur cible, obtenu des informations en interne ou simplement profité d’une faille dans la sécurité. Ce vol vient rappeler que les artistes, bien que sous les projecteurs pour leur musique, peuvent aussi être des cibles de choix pour des individus mal intentionnés.
Pour l’heure, Sidiki Diabaté n’a pas officiellement réagi, préférant se concentrer sur sa tournée. Mais cette affaire pourrait bien inciter de nombreux autres artistes à revoir leurs protocoles de sécurité pour éviter que de telles mésaventures ne se reproduisent.

Gilles Yabi : « le retrait simultané de ces pays est un coup dur porté à l’organisation, et surtout à l’intégration régionale »

Gilles Yabi, chercheur et fondateur du think tank WATHI, analyse les défis actuels en Afrique de l’Ouest. Dans cet entretien exclusif, il évoque l’avenir de la CEDEAO après le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la lutte contre le terrorisme sans les forces occidentales, l’impact des régimes militaires sur la sécurité, la crise sahélienne et l’immigration clandestine, ainsi que l’influence grandissante de nouveaux partenaires comme la Russie, la Chine et la Turquie.

Quel avenir pour la CEDEAO après le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger ?
La CEDEAO, après le départ de ces trois pays, reste une organisation qui regroupe 12 États membres en Afrique de l’Ouest. Parmi eux, le Nigeria représente plus de 60% du PIB régional, suivi du Ghana et de la Côte d’Ivoire, deux pays clés en termes économiques et démographiques.
On ne peut donc pas comparer le bloc de la CEDEAO, même à 12, avec celui des trois États du Sahel, car la CEDEAO demeure le bloc le plus important de la région. Cependant, le retrait simultané de ces pays est un coup dur porté à l’organisation, et surtout à l’intégration régionale.
Ces trois pays du Sahel représentent environ 20% de la population de la région et plus de la moitié de sa superficie. Leur départ fragilise la continuité géographique de l’espace ouest-africain et pourrait raviver des tensions entre États, ce que la CEDEAO vise justement à prévenir.
Aujourd’hui, les tensions sont fortes, et même si aucun affrontement direct n’a lieu, l’absence de coopération pourrait réactiver des risques de confrontation, y compris militaire.
La CEDEAO ne doit pas être perçue uniquement comme un cadre économique. Son rôle est aussi politique et sécuritaire. Elle permet d’éviter les conflits entre États et de construire des liens solides entre les populations.
Je pense qu’à nouveau, l’organisation a été affaiblie, mais c’est aussi, d’une certaine manière, une opportunité pour qu’elle fasse vraiment le bilan de son action, de son évolution, et pour qu’elle puisse se projeter dans les prochaines décennies avec tout de suite un agenda de réformes qui doit être mis en œuvre assez rapidement.
Les crises politiques des dernières années ont révélé des défaillances au sein de la CEDEAO, mais les États membres en portent la plus grande responsabilité. Les décisions sont prises par les chefs d’État, issus de leurs processus politiques internes, démocratiques ou non.
La remise en cause de l’organisation à cause des mauvaises décisions prises par certains dirigeants serait une erreur. L’intégration régionale est un projet à long terme, qui dépasse les choix de leaders momentanés.
Enfin, il faut penser à l’avenir des populations ouest-africaines. La CEDEAO doit permettre des politiques communes dans des secteurs clés comme l’agriculture, la santé, la recherche et l’éducation. Malgré un bilan imparfait, des agences spécialisées existent déjà, et elles devraient être renforcées pour répondre aux besoins réels des citoyens.
Comment les États sahéliens peuvent-ils faire face à la menace terroriste sans les forces occidentales ?
Les changements de régime ont causé une instabilité politique, ce qui nuit à la continuité des stratégies de défense. En principe, un coup d’État pourrait amener un gouvernement plus efficace, mais le manque de coordination avec des experts civils limite souvent l’impact des militaires au pouvoir.
Les armées restent au cœur des stratégies sécuritaires, même sous des régimes civils. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir un militaire à la tête de l’État pour qu’une réponse militaire soit efficace.
Le vrai problème avec ces régimes, c’est l’absence de concertation avec d’autres expertises. Une réponse sécuritaire efficace exige une réflexion large, prenant en compte les impacts politiques, sociaux et communautaires des actions militaires.
Quels sont les effets de la crise sahélienne sur l’immigration clandestine vers l’Europe ?
Lier directement la crise sécuritaire sahélienne à l’immigration vers l’Europe serait une erreur d’analyse.
Certes, l’insécurité pousse des populations à fuir, mais elles se déplacent majoritairement à l’intérieur de leur pays ou vers des États voisins.
L’immigration vers l’Europe est davantage motivée par des raisons économiques et l’existence de réseaux migratoires. Le Sénégal et la Gambie, qui ne sont pas touchés par le terrorisme, connaissent pourtant une forte migration clandestine.
Lutter contre l’immigration irrégulière nécessite une approche plus large, qui inclut le développement économique et social.
Comment la montée en puissance de nouveaux partenaires redéfinit-elle l’équilibre géopolitique au Sahel ?
Il faut relativiser le terme « nouveaux partenaires ». La Russie et la Chine ne sont pas nouveaux dans la région.
L’Union soviétique avait des rapports très importants avec le Mali, y compris une importante coopération militaire.
La Chine est aussi présente depuis longtemps, notamment à travers ses investissements économiques et diplomatiques.
La Turquie est sans doute le partenaire qui a le plus progressé récemment. Son influence s’est renforcée en 10-15 ans, grâce à des investissements, des ouvertures d’ambassades et une industrie militaire compétitive.
Sur le plan global, le monde est devenu multipolaire. L’Afrique bénéficie de plus d’options de partenariat, mais cela ne signifie pas nécessairement une meilleure souveraineté.
Ce n’est pas parce que vous avez plus d’opportunités que vous faites nécessairement les bons choix.
Enfin, la diversification des alliances ne garantit ni la stabilité ni le développement. Sans une vision claire et une politique stratégique, ces nouvelles influences risquent d’augmenter les rivalités géopolitiques plutôt que d’apporter des solutions durables.

Arrêtés de paiement des redevances audiovisuelles : les associations de presse exigent un retrait et appellent au dialogue

Les principales associations de la presse audiovisuelle et en ligne du Mali, notamment l’Union des Radios et Télévisions Libres du Mali (URTEL), l’Association Malienne des Télévisions (AMATEL), l’Association des Professionnels de la Presse en Ligne du Mali (APEL Mali), l’Union des Radios Privées du Mali (URPM) et l’Association des Éditeurs de la Presse Privée (ACCESS), ont exprimé leur profonde préoccupation suite à la publication par la Haute Autorité de la Communication (HAC) des arrêtés interministériels n°4473 et 4474. Ces arrêtés fixent les montants et les modalités de paiement de la redevance annuelle pour l’exploitation des services audiovisuels, ainsi que les frais de délivrance et de modification des autorisations.

Dans un communiqué conjoint, ces associations dénoncent la mise en application immédiate de ces mesures, malgré leurs précédentes demandes de sursis lors des consultations antérieures. Elles soulignent le contexte économique difficile auquel font face les médias maliens, aggravé par la crise énergétique actuelle. De plus, elles regrettent le manque de concertation dans la détermination des montants des redevances, estimant que ces décisions unilatérales pourraient fragiliser davantage le secteur médiatique national.
Les associations demandent donc un report de la mise en œuvre de ces arrêtés et appellent à l’ouverture d’un dialogue inclusif avec les autorités compétentes afin de trouver une solution concertée et adaptée à la réalité économique des médias au Mali.
Le communiqué est signé par les représentants des différentes associations et a été adressé à plusieurs institutions gouvernementales, notamment la Primature et les ministères concernés.
Cette situation intervient dans un contexte déjà tendu. Les médias jouent un rôle important dans la consolidation de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance. Il est donc essentiel que les autorités et les acteurs du secteur travaillent ensemble pour garantir un environnement favorable à l’exercice du journalisme, tout en assurant la viabilité économique des organes de presse.
Les associations de presse réitèrent leur engagement à œuvrer pour une information de qualité au service des citoyens et espèrent que les autorités prendront en compte leurs préoccupations légitimes pour le bien de la démocratie malienne.

Massacre à Kobé : 25 civils tués dans une embuscade terroriste entre Gao et Ansongo

25 morts et 13 blessés : c’est le bilan tragique de l’attaque perpétrée le vendredi 7 février 2025, dans l’après-midi, contre un convoi de véhicules civils escorté par les Forces Armées Maliennes (FAMa) entre Gao et Ansongo, à hauteur de Kobé, à une trentaine de kilomètres de Gao.
Selon le communiqué de l’État-major Général des Armées, la mission d’escorte a été prise en embuscade par un groupe de plusieurs terroristes. Au cours des violents combats qui ont suivi, les assaillants, repoussés dans leur fuite, ont délibérément ciblé des passagers civils en débandade, provoquant la mort de 25 personnes et blessant 13 autres, majoritairement des jeunes orpailleurs étrangers en route vers la mine d’or de N’Tahaka, dans la région de Gao.
Les FAMa ont immédiatement réagi en lançant des opérations de ratissage toujours en cours. Elles ont permis de retrouver 19 corps de terroristes abandonnés, d’en capturer 4 autres blessés, et de récupérer plusieurs armes et matériels de guerre. L’identification des corps est en cours.
La zone de Kobé est depuis longtemps considérée comme particulièrement dangereuse. À plusieurs reprises, des citoyens et des personnalités y ont été pris pour cible. Les bus et autres véhicules de transport sont parfois contraints de payer des rançons pour circuler sans encombre, alimentant ainsi le financement du terrorisme.
Cette région est le théâtre d’incursions répétées de la Province du Sahel de l’État islamique (EI-Sahel), une branche de l’État islamique opérant principalement au Burkina Faso, au Mali et au Niger. L’EI-Sahel, également connue sous le nom d’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), est une organisation militaire et terroriste d’idéologie salafiste djihadiste, née en 2015 d’une scission d’Al-Mourabitoune. Elle a été officiellement reconnue par l’État islamique en 2016.
Les attaques de l’IS Sahel se caractérisent par une violence de masse et indiscriminée, causant de nombreuses victimes civiles et semant la terreur parmi les populations locales.
L’État-major Général des Armées présente ses condoléances aux familles endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Il rassure que les opérations de sécurisation des axes, particulièrement la RN-17, avec des escortes de véhicules civils, se poursuivront. L’objectif est de démanteler les réseaux terroristes qui entravent la libre circulation des personnes et de mettre fin au paiement des rançons servant au financement du terrorisme.
Cette attaque souligne une fois de plus la nécessité d’une vigilance et d’une coopération renforcée entre les forces de sécurité et les populations locales pour contrer la menace persistante que représente l’EI Sahel dans la région.

L’Afrique a elle aussi besoin de sécurité minérale

 Du 3 au 6 février, dirigeants politiques et acteurs industriels se réuniront dans la ville du Cap à l’occasion de la conférence annuelle Mining Indaba relative à l’investissement dans l’exploitation minière en Afrique. Au sommet des priorités de cet événement figureront les réserves africaines de minerais critiques, et la manière dont le continent peut tirer parti du rôle que jouent ces matières premières dans l’économie mondiale.

 

Depuis de nombreuses années, l’Afrique est l’un des principaux fournisseurs de matières premières au monde, ce qui en fait un élément central de la diplomatie des ressources naturelles ainsi que de la compétition géopolitique. En 2024, l’Union européenne a adopté la loi sur les matières premières critiques, qui vise à garantir un meilleur accès de l’Europe aux ressources du continent africain, en échange d’un rôle plus important de celui-ci dans le traitement local des matières premières, et d’une trajectoire de développement alignée sur un certain nombre de feuilles de route politiques telles que la Vision minière pour l’Afrique.

 

Une question sera néanmoins sur toutes les lèvres dans les couloirs de l’International Convention Centre du Cap : Pour qui ces ressources sont-elles essentielles ? Dans le contexte des matières et des minéraux, le terme « critique » est souvent associé à la transition énergétique. En réalité, un minéral est considéré comme critique pour deux principales raisons, qui n’ont pas grand-chose à voir avec la promotion des énergies renouvelables : il revêt une importance économique dans la mesure où ce minéral est difficilement remplaçable, et des risques de perturbation existent quant à son approvisionnement.

 

Ces deux critères dépendent du point de vue de chacun : Quels sont les États pour lesquels ces minéraux présentent une importance économique, et quels sont ceux dont les chaînes d’approvisionnement sont exposées à des risques ? L’UE dispose d’ores et déjà de solides chaînes d’approvisionnement concernant la plupart des minéraux, et c’est pourquoi elle adopte une approche très sélective en la matière. Outre les minéraux essentiels à la transition énergétique tels que le lithium et le cobalt, sa liste de matières premières critiques inclut le béryllium (utilisé dans les systèmes de guidage des missiles), le tantale (utilisé dans les condensateurs et l’électronique), et même certaines matières premières en contradiction directe avec la transition énergétique, telles que le charbon métallurgique.

 

Supposons toutefois que nous posions la question différemment : Quels sont les besoins de l’Afrique sur le plan de sa sécurité minérale ? Du point des pays du Sud et des populations les plus pauvres de la planète, une liste des matières premières essentielles serait tout à fait différente. Elle inclurait des minéraux essentiels à la sécurité humaine – ciment pour les logements et les infrastructures, engrais pour l’agriculture, sel pour la nutrition et la conservation des aliments, chlore pour la purification de l’eau et fluorine pour sa fluoration.

 

Observée sous cet angle, la sécurité minérale est moins une question de sécurité nationale et d’augmentation des bénéfices d’extraction qu’une question d’accès, d’abordabilité et de satisfaction des besoins de tous. De la même manière que la sécurité alimentaire correspond à une nutrition universelle, la sécurité minérale doit répondre à des besoins universels – logement, mobilité, communication, énergie et subsistance.

 

La création de chaînes de valeur locales adaptées aux besoins de l’Afrique sera vitale pour la sécurité minérale du continent. À titre d’exemple, l’Afrique produit 30 millions de tonnes d’engrais minéraux par an, mais elle en exporte la majeure partie, ce qui couvre seulement 3 à 4 % de la consommation mondiale – une conséquence du niveau élevé des coûts ainsi que de la complexité des chaînes d’approvisionnement. Les roches concassées constituent une source alternative prometteuse d’éléments nutritifs pour les cultures, et présentent l’avantage supplémentaire de piéger le dioxyde de carbone. Au Brésil, le mouvement Rochagem a été le premier à utiliser des roches locales, ce qui a permis de réduire les coûts de 80 %, tout en produisant des rendements égaux ou supérieurs à ceux obtenus avec des engrais conventionnels.

 

De même, l’Afrique consomme seulement 5 % de la production mondiale de ciment alors qu’elle abrite 18 % de la population mondiale. Le coût élevé du ciment clinker importé entrave son développement économique, fragilise ses infrastructures de logement et de transport, ralentit ses efforts de rétablissement à l’issue de catastrophes naturelles, et limite la capacité des pays africains à protéger leur littoral contre les effets du changement climatique. Plusieurs alternatives telles que le ciment d’argile calciné au calcaire (LC3) peuvent être produites localement à partir d’abondantes ressources d’argile, pour des coûts jusqu’à 25 % inférieurs et une empreinte carbone inférieure de 40 %.

 

Un accès abordable aux produits à base de minéraux intégrés au niveau mondial, tels que les panneaux solaires et les batteries, demeure particulièrement difficile à atteindre. À titre d’illustration, alors que la République démocratique du Congo produit 72 % du cobalt mondial, un élément clé des batteries lithium-ion, l’Afrique devrait représenter seulement 0,1 % du marché mondial d’ici 2030.

 

Ce problème ne se limite pas à l’Afrique. Entre 2002 et 2022, des pays d’Amérique latine comme le Chili, l’Argentine et la Bolivie ont exporté 1 980 kilotonnes de lithium, dont seulement 13 kilotonnes (moins de 1 %) ont regagné la région sous forme de produits finis.

 

Plusieurs approches innovantes, telles que les systèmes de « matériaux en tant que service », qui encouragent la location plutôt que la vente de matières premières, pourraient contribuer à combler ces écarts en permettant aux pays producteurs de minerais de percevoir des redevances à chaque étape du traitement et de la production. En s’inspirant de cette approche, les dirigeants politiques pourraient également exiger des fabricants de produits finis qu’ils les revendent à des prix abordables.

 

Pour que de tels programmes puissent être mis en œuvre, le soutien des économies développées, notamment européennes, sera indispensable. Coopération et assistance techniques seront particulièrement importantes pour promouvoir une sécurité minérale centrée sur l’être humain, dans la mesure où le secteur des minéraux a perçu un peu moins de 600 millions $ sur les 239 milliards $ consacrés à l’aide publique au développement à travers le monde en 2021.

 

Pour garantir un accès durable aux matières premières essentielles, l’UE ne doit pas se contenter d’offrir aux pays africains un rôle plus important dans le traitement de minerais qui seront en fin de compte exportés. Elle doit davantage contribuer à la création d’un modèle de sécurité minérale plus équitable, qui place l’accent sur l’accessibilité financière et l’autosuffisance, permettant ainsi à l’Afrique de répondre à ses propres besoins en matière de développement.

 

Daniel M. Franks est professeur à l’Université du Queensland, et directeur du Global Centre for Mineral Security au sein du Sustainable Minerals Institute. Rüya Perincek, chercheuse en politiques publiques à la Willy Brandt School of Public Policy de l’Université d’Erfurt, est membre principale adjointe au Global Centre for Mineral Security.

 

Project Syndicate, 2025.
www.project-syndicate.org

Championnat national de basket-ball : Coup d’envoi de la nouvelle saison

Après le double sacre du Stade Malien de Bamako en Supercoupe du Mali, tant chez les Hommes que chez les Dames, le 24 janvier 2025, le championnat national de basketball pour la saison 2024 – 2025 a démarré le 30 janvier. Au total, huit rencontres ont été disputées lors de cette journée inaugurale.

Les deux affiches phares de cette première journée, opposant le Stade Malien à l’AS Real, ont tourné à l’avantage des Stadistes sur les deux tableaux. Chez les Messieurs, les Blancs de Bamako se sont largement imposés (78 – 38). Les protégés du technicien Boubacar Kanouté ont plié le match dès la première mi-temps, avec une avance de 19 points (38 – 19) avant de prendre également le dessus lors du troisième quart-temps, portés par Gaoussou Fofana, auteur de 11 points et meilleur marqueur de la rencontre.

Les Dames de l’AS Real de Bamako n’ont pas réussi à prendre la revanche pour leurs homologues masculins. Elles se sont également inclinées devant les Dames du Stade Malien, même si elles ont fait légèrement mieux que les hommes en termes d’écart au score (82 – 67).

Autres résultats

Dans les autres rencontres, dans le tableau masculin l’AS Police s’est imposée devant le promu Faso Kanu (65 – 53). Pour leur grande première dans l’élite, les joueurs de Faso Kanu se sont logiquement inclinés face à des Policiers plus expérimentés.

En revanche, la tâche n’a pas été facile pour le CRB de Tombouctou face à la deuxième équipe promue cette saison chez les Messieurs. Le Centre Mamoutou Kane de Kalanbacoro a longtemps tenu tête aux Tombouctiens avant de s’incliner sur le fil (62 – 61).

L’autre affiche de cette première journée, entre deux habitués du championnat, l’USFAS et l’Attar Club de Kidal, a tourné à l’avantage des Militaires, qui ont largement dominé les Kidalois (71 – 53).

Chez les Dames, l’AS Police a pris le dessus sur l’AS Commune V (74 – 55). Les Policières ont été nettement supérieures aux joueuses de la Commune V, en manque de rythme. Kalaban Sport Club est également venu à bout du CRB de Tombouctou (57 – 39), alors que le Djoliba AC a perdu sur tapis vert, car les Rouges de Bamako, en se présentant sur le parquet du Palais des Sports, n’étaient pas en possession de leurs licences.

Mohamed Kenouvi

Élections : Où en est la mise à jour du fichier électoral ?

Débutée le 1er octobre 2024, la révision annuelle des listes électorales, qui devait s’achever le 31 décembre dernier, a été prorogée jusqu’au 28 février 2025. À trois semaines de la clôture du processus, comment se présente le fichier électoral ?

Les chiffres actualisés des opérations ne seront disponibles qu’à la fin des opérations de révision, selon nos informations auprès du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Mais, selon le point d’étape en date du 30 novembre 2024 que nous avons consulté auprès du ministère, le fichier électoral comportait à cette date 8 472 439 électeurs inscrits, 4 398 633 hommes et 4 073 806 femmes. Au total, 7 899 155 électeurs ont été inscrits à l’intérieur du pays et 573 284 ont été recensés à l’extérieur, dans les missions diplomatiques et consulaires.

58 906 validations (34 373 hommes et 24 533 femmes) ont été enregistrées sur l’ensemble du territoire national, dont 25 407 à Bamako, 7 435 à Koulikoro, 5 441 à Ménaka, 3 577 à Ségou, 3 506 à Sikasso et 2 311 à Kayes, entre autres.

Quant aux transferts d’électeurs, 56 283 ont été enregistrés à l’échelle nationale (32 051 hommes et 24 232 femmes). La région de Gao a enregistré le plus grand nombre de cas, avec 10 098 électeurs transférés. Elle est suivie de la région de Ménaka (9 420), du District de Bamako (5 846) et de la région de Koulikoro (4 062).

La révision annuelle des listes électorales en cours a aussi jusqu’à présent enregistré 37 833 radiations d’électeurs du fichier électoral, 22 511 hommes et 15 322 femmes. La région de Ségou totalise le plus grand nombre de radiations avec 5 244 cas, suivie de Kayes où 3 642 cas de radiations ont été enregistrés, de Koulikoro (3 413), de Bougouni (3 101) et de Sikasso (3 050).

Faible engouement

Malgré la prorogation de la période de révision annuelle des listes électorales, les opérations suscitent peu d’engouement, selon nos constats, dans certaines mairies du District de Bamako. Pour y remédier, le ministère a pris certaines dispositions. « Nous sommes en train de mener différentes campagnes de sensibilisation à travers différents créneaux, que ce soit sur la chaîne nationale, les web TV, les radios de proximité, avec des messages dans toutes les langues nationales », assure Badara Aliou Keita, Sous-Directeur des Affaires politiques et du partenariat à la Direction générale de l’Administration du territoire.

Mohamed Kenouvi

Ségou’Art – Festival sur le Niger 2025 : Une 21ème édition sous le signe de la diversité culturelle

Du 4 au 9 février 2025, la « Cité des Balanzan » accueille la 21ème édition de Ségou’Art – Festival sur le Niger, un événement culturel majeur au Mali et en Afrique de l’Ouest. Sur le thème « Diversité culturelle, paix et unité », le festival vise à promouvoir la richesse artistique et la cohésion sociale à travers une programmation variée.

Créé en 2005, le Festival sur le Niger est une plateforme d’expression artistique couvrant musique, arts visuels, théâtre, danse, artisanat et conférences. Il attire chaque année des milliers de visiteurs locaux et internationaux, contribuant ainsi au rayonnement culturel de Ségou.

La musique reste l’un des points forts du festival. Cette année, des artistes renommés comme Tiken Jah Fakoly (Côte d’Ivoire), Sékouba Bambino (Guinée) et Alif Naaba (Burkina Faso) sont attendus pour animer des concerts géants, célébrant la diversité musicale africaine.

Le Salon d’art contemporain mettra en avant les jeunes talents maliens avec l’exposition « Bi Mali », qui offrira une perspective moderne sur la scène des arts plastiques du pays.

Introduite en 2024, la « Nuit du Pagne Tissé » revient pour célébrer les tissus locaux et le bogolan, symboles du textile malien. L’événement comprendra défilés de mode, expositions-ventes, ateliers et masterclasses, valorisant le savoir-faire des artisans. La « Ségou Hip Hop Night » offrira une scène aux artistes urbains du Mali et de la sous-région, confirmant l’essor du rap et du hip-hop africains. Autre moment fort, la « Caravane Culturelle pour la Diversité » visant à dévoiler la richesse culturelle du Mali et des pays partenaires à travers des rencontres communautaires, soirées de diversité culturelle, ateliers environnementaux et discussions sous la tente touarègue. Le concours « Talents de la Cité » rassemblera près de 300 jeunes artistes (De 18 à 35 ans) dans les domaines de la musique et des arts visuels, offrant une opportunité de visibilité aux créateurs émergents.

En parallèle, la Foire de Ségou (du 3 au 10 février) réunira 400 artisans et créateurs locaux et internationaux, offrant une vitrine à l’artisanat et aux produits agricoles. Cet événement attire chaque année des centaines de milliers de visiteurs et favorise ainsi la promotion de l’économie locale.

Avec une programmation diversifiée et un fort accent sur la diversité culturelle, la paix et l’unité, les initiateurs promettent que la 21ème édition de Ségou’Art – Festival sur le Niger sera un moment de célébration et de partage qui renforcera les liens entre les cultures africaines et des autres continents.

MD