Le Djoliba et le Stade Malien dans le Gotha du football africain

 

Le 22 septembre fut non seulement l’occasion de célébrer le 64ème anniversaire de l’indépendance du Mali, mais aussi un jour de triomphe pour le football malien. En effet, les deux clubs les plus prestigieux du pays, le Djoliba Athletic Club (DAC) et le Stade Malien de Bamako (SMB), avec chacun 23 titres de champion national, ont ravi leurs supporters en se qualifiant pour les phases finales des deux compétitions africaines interclubs : la Champion’s League et la Coupe de la Confédération (Coupe CAF).

Après deux tours préliminaires rassemblant 58 clubs dans chaque compétition, les représentants maliens ont surclassé leurs adversaires respectifs. Le Djoliba a éliminé l’ASKO de Kara (Togo), tandis que le Stade Malien a pris le dessus sur Painesville FC du Liberia. Les deux équipes rejoindront les phases de groupes composées de 16 équipes chacune. Le Djoliba disputera la Champion’s League, tandis que le Stade tentera sa chance dans la Coupe de la Confédération. Les tirages au sort pour ces compétitions auront lieu le lundi 7 octobre. Le Djoliba devient ainsi le premier club malien à participer à la phase finale de la Champion’s League depuis la création de cette compétition en 1997, soit 27 ans après. Quant au Stade, il a déjà remporté la Coupe CAF en 2009.

Cette double qualification a insufflé un vent de fierté dans le football malien et au-delà, unissant les Maliens dans un élan patriotique. Des commentateurs enthousiastes n’ont pas hésité à qualifier cet exploit « d’historique ». Historique, sans doute, car après 27 ans d’absence le Djoliba a enfin brisé la malédiction qui semblait peser sur les clubs maliens, incapables jusque-là de figurer parmi l’élite du football continental. Néanmoins, il convient de modérer cet enthousiasme : battre une équipe relativement méconnue comme l’ASKO du Togo n’est peut-être pas un exploit aussi retentissant qu’il n’y paraît.

Le Djoliba peut-il rêver de dominer l’Afrique ? Beaucoup d’observateurs, notamment parmi les supporters et les dirigeants de l’équipe, affirment que « tout est possible » en football. Mais les ressources du Djoliba sont-elles à la hauteur de ses ambitions ? Sous la houlette d’un jeune entraîneur sérieux et ambitieux, Demba Mamadou Traoré, l’équipe malienne veut prouver sa soif de conquête. Son principal atout : la jeunesse de ses joueurs. Ces derniers sont déterminés à se surpasser, non seulement pour leur club, mais aussi pour attirer l’attention des recruteurs, présents en nombre lors des compétitions continentales.

Toutefois, les chances du Djoliba face aux géants du football africain comme Al Ahly SC (12 titres), le TP Mazembe de la République Démocratique du Congo, ou encore le club égyptien Zamalek (5 titres), l’Espérance de Tunis et les formations marocaines Raja et Wydad (WAC) semblent plus incertaines. Ces clubs bénéficient non seulement d’une grande expérience, mais aussi de moyens financiers considérables.

L’ambition n’est certes pas interdite, mais un excès d’optimisme sans réalisme peut être fatal. Le budget annuel de 2 milliards de francs CFA (3 millions d’euros) d’Al Ahly ferait tourner la tête à Tidiane Niambélé, l’honorable Président du Djoliba, dont le budget plafonne à seulement 100 millions de francs CFA.

Les finances demeurent le talon d’Achille du football malien. Selon une source proche de la Fédération Malienne de Football, Orange Mali verse 700 millions de francs CFA à la Fédération dans le cadre d’un contrat de sponsoring. Cependant, ces sommes sont modestes comparées à celles injectées dans le football d’autres pays africains. Chaque club bénéficie d’une subvention annuelle de 20 millions de francs CFA et chaque ligue régionale reçoit 4 millions.

Depuis plusieurs années, l’État malien a cessé de prendre en charge les frais des clubs participant aux compétitions internationales. Ainsi, le Djoliba et le Stade Malien doivent compter uniquement sur leurs propres ressources. La survie des clubs au Mali relève presque du miracle. Pourtant, une lueur d’espoir se profile à l’horizon : une récente rencontre entre la Fédération et le ministère de la Jeunesse et des Sports pourrait marquer un changement positif dans l’attitude de l’État vis-à-vis du soutien aux clubs en compétition.

Diomansi Bomboté

Reprise de la vente de riz indien au Mali : Le marché local fortement impacté

En Afrique subsaharienne, le riz occupe une place de choix dans l’alimentation, juste après le maïs, comme la céréale la plus consommée. Le Mali ne fait pas exception et environ 25% de ses besoins en riz sont couverts par des importations. Une situation qui expose le pays à la volatilité des marchés mondiaux. En 2021, le pays avait interdit l’importation de riz pour protéger le marché local et favoriser la production nationale. Mais cette interdiction a été levée de facto en décembre 2023, suite à la présence de riz indien sur le marché malien.

On se souvient que le 6 décembre 2021, dans un contexte de récoltes céréalières limitées et de crainte de pénurie alimentaire, le Mali avait annoncé l’interdiction des exportations de céréales, dont le riz. Cette mesure visait à garantir l’approvisionnement local et à stabiliser les prix des denrées alimentaires de base, qui étaient en hausse depuis début 2021. Cependant, l’inefficacité de la production nationale à répondre aux besoins a conduit les autorités à revoir leur position sur les importations, malgré les restrictions formelles toujours en vigueur.

En décembre 2023, l’Inde, le deuxième producteur mondial de riz après la Chine, a autorisé l’exportation de 100 000 tonnes de riz brisé vers le Mali dans le cadre d’un accord bilatéral. Pourtant, cette décision contredisait l’interdiction indienne d’exporter du riz décrétée en septembre 2022 dans le but de protéger son propre marché. L’autorisation délivrée par la National Cooperative Exports Limited s’inscrivait dans une série de mesures visant à aider les pays africains en situation de vulnérabilité alimentaire.

Le riz indien importé au Mali se compose principalement de deux types : le riz brisé et le riz non-basmati, avec des spécificités et des usages variés. S’agissant du riz brisé, il est très utilisé dans la cuisine malienne car prisé pour son prix bas et sa disponibilité, ce qui en fait un choix populaire au Mali. Concernant le riz non-basmati, principal produit d’exportation de l’Inde, il est utilisé pour diverses préparations culinaires. Bien que moins coûteux que le riz basmati, il se distingue par sa qualité intermédiaire et est compétitif sur les marchés mal desservis par des productions locales.

Ces variétés indiennes rivalisent directement avec les productions de riz du Mali, souvent moins compétitives en termes de coût et de volume.

Dynamique complexe sur le marché local

L’importation massive de riz indien crée une dynamique complexe sur le marché malien. D’un côté elle permet de répondre aux besoins importants en riz, une denrée dont la demande continue d’augmenter, particulièrement dans les zones urbaines. En effet, l’approvisionnement en riz indien pourrait contribuer à stabiliser les prix, qui avaient atteint des niveaux préoccupants au cours des dernières années.

Toutefois, cette importation pose un défi sérieux aux producteurs locaux. Le riz malien, produit essentiellement dans la région de l’Office du Niger, fait face à des coûts de production élevés, avec des infrastructures limitées et des conditions climatiques souvent défavorables. L’arrivée de riz moins cher en provenance d’Inde risque de nuire aux marges des agriculteurs maliens, déjà fragilisés par des problèmes d’ordre structurel et conjoncturel.

Par ailleurs, la qualité perçue du riz indien, bien que différente de celle du riz malien, pourrait également influencer les habitudes de consommation. La demande pour des produits importés plus abordables pourrait pousser les consommateurs maliens à délaisser le riz local, aggravant ainsi la pression sur les agriculteurs et sur l’économie rurale.

Des défis à relever

Certes, l’ouverture partielle du marché malien aux importations de riz indien répond à une nécessité urgente de satisfaire la demande locale. Mais cette politique soulève des questions à long terme sur la durabilité de la production nationale. Pour protéger les producteurs locaux, des experts estiment que le Mali pourrait envisager des mesures compensatoires, telles que des subventions à la production ou des investissements dans l’irrigation et les infrastructures agricoles.

De plus, selon eux, le gouvernement devrait mettre en œuvre une stratégie visant à équilibrer les importations avec des politiques favorisant la compétitivité du riz malien sur le marché national. Sans cela, la dépendance à l’importation pourrait saper les efforts de sécurité alimentaire à long terme.

La reprise des importations de riz indien au Mali en décembre 2023 constitue un événement clé dans le secteur agroalimentaire du pays. Si elle permet de répondre aux besoins immédiats de consommation, cette décision aura des impacts durables sur la production locale et la dynamique du marché. L’idéal serait de mettre en place des politiques équilibrées pour à la fois répondre à la demande, soutenir les producteurs locaux et garantir une sécurité alimentaire pérenne.

Massiré Diop

Grave accident sur la RN6 près de Fana: 8 morts et 19 blessés graves

Ce lundi 7 octobre 2024, aux alentours de 10 heures du matin, un accident tragique s’est produit sur la RN6, à proximité du village de Laminabougou, situé à environ 3 km de la commune rurale de Tingolé, dans le cercle de Fana. Selon un communiqué officiel du ministère des Transports et des Infrastructures, c’est une collision frontale qui est survenue entre un car de la compagnie « Air Zana Transport » en direction de Bamako et un autre de la société « Daou Trans », voyageant en sens inverse. Le bilan provisoire est de huit morts et dix-neuf blessés graves.

Cet événement tragique s’inscrit dans un contexte de sécurité routière alarmant au Mali, en particulier sur l’axe routier de Ségou qui traverse Fana. Cette route est régulièrement le théâtre d’accidents graves, souvent causés par des infrastructures routières en mauvais état, un manque d’entretien des véhicules et un non-respect généralisé des règles de conduite. Les excès de vitesse et l’imprudence des conducteurs sont des facteurs aggravants qui augmentent considérablement les risques d’accidents mortels sur cet axe très fréquenté.

Plus tôt cette année, en février 2024, un accident majeur a causé la mort de 31 personnes lorsqu’un bus a chuté d’un pont sur cette même route alors qu’il se dirigeait vers le Burkina Faso. Ce drame avait soulevé les problèmes persistants liés à l’état des infrastructures et la nécessité de renforcer les mesures de sécurité pour les usagers de la route.

En juillet 2024, un autre accident tout aussi tragique a eu lieu à Ouan, dans la région de San, lorsqu’une collision frontale entre deux bus a fait 16 morts et 48 blessés, dont plusieurs grièvement atteints. Les autorités locales ont attribué cet accident à une vitesse excessive et à une conduite imprudente, des causes qui sont souvent citées dans les accidents de la région.

Face à ces incidents répétés, le ministre des Transports et des Infrastructures a exprimé « ses condoléances aux familles endeuillées » et a renouvelé son appel « au respect strict des règles de la circulation ». Il a insisté sur le fait que « la vigilance et la prudence sont essentielles pour réduire les accidents sur les routes ».

Le ministre a également rappelé que ceux qui « enfreignent les règles de la circulation » s’exposent à des sanctions sévères, conformément aux lois en vigueur.

 

 

Conseil National de Transition : Ouverture ce lundi de la session budgétaire

Le Conseil National de Transition (CNT) va entamer, ce lundi 7 octobre, aux alentours de 15 heures, une session parlementaire. D’une durée de 75 jours conformément à l’article 107 de la Constitution de juillet 2023, cette session sera ouverte par le Président du CNT, le Colonel Malick Diaw, en présence de nombreux acteurs politiques et institutionnels du pays.

Communément appelée session budgétaire, son objectif principal est l’examen de la loi de finances pour l’exercice 2025 ainsi que d’autres projets de loi essentiels pour le développement politique et institutionnel du Mali.

Le projet de loi de finances pour 2025, présenté par le ministre de l’Économie et des Finances, prévoit une augmentation des recettes budgétaires à 2 648,9 milliards de francs CFA, contre 2 387,872 milliards de francs CFA pour 2024, soit une hausse de 10,93 %. Les dépenses budgétaires sont estimées à 3 229,886 milliards de francs CFA, avec une diminution du déficit global à 580,986 milliards de francs CFA, soit une réduction de 14,92 % par rapport à 2024.
Parmi les autres textes importants à examiner figurent les réformes des institutions judiciaires et constitutionnelles, telles que la Cour suprême, la Cour constitutionnelle et la Cour des Comptes. Ces réformes visent à renforcer l’efficacité et la transparence du système judiciaire malien. Un projet de loi sur les autorités et légitimités traditionnelles ainsi que des réformes concernant le Sénat et l’intégration des Maliens de la diaspora dans le processus législatif sont également à l’ordre du jour.
Les débats de cette session budgétaire seront diffusés en direct pour permettre plus grande transparence et une meilleure implication des citoyens dans le processus législatif.
Au cours de cette session parlementaire du CNT, il est attendu des discussions intenses attendues sur divers textes de loi qui définiront l’avenir politique du pays.

Paix et réconciliation nationale : L’avant-projet de Charte bientôt finalisé

Durant le délai supplémentaire accordé par le Président de la Transition, la Commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale a mené une série de consultations avec les institutions de la République et rencontré des personnes ressources qui ont apporté des contributions au document, dont la finalisation est en cours.

Initialement prévu pour deux mois à compter de juillet dernier, le mandat prorogé de la Commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale a officiellement pris fin le 30 septembre dernier. Toutefois, avant la remise officielle du document final au Président de la Transition, les membres de la Commission sont en phase de relecture du texte depuis le début de cette semaine. « Nous sommes en relecture jusqu’au jeudi 3 octobre. D’ici là, si nous recevons les contributions des autres institutions, nous allons les intégrer à l’avant-projet », confie une source au sein de la Commission.

Le texte final de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale, ainsi que le rapport final de la Commission, pourraient être remis au Président de la Transition la semaine prochaine ou celle d’après, en fonction de la durée des travaux de relecture et d’intégration des contributions en cours dans le texte initial. « Toutes les étapes d’écoute ont été franchies. La prochaine sera la remise du document au Président de la Transition. Mais pour l’instant, aucune date n’est fixée », glisse une autre source interne à la Commission.

Charte inclusive ?

La Charte pour la paix et la réconciliation nationale constituera « le document de référence pour toutes initiatives, actions et activités qui concourent à la sécurité, à la paix, à la réconciliation nationale, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble au Mali ». Recommandée lors du Dialogue Inter-Maliens après la caducité de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, elle se veut le nouveau socle pour la consolidation de la paix et de la réconciliation au Mali.

Contrairement au processus d’Alger, qui a abouti à l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale de 2015, la Commission de rédaction de l’avant-projet de Charte s’est appliquée à dialoguer avec toutes les couches représentatives du pays. « Par le passé, on a pris des décisions au nom du peuple malien sans le consulter et on a dû revenir dessus. La démarche, inspirée cette fois par le peuple malien et adoptée par les hautes autorités de la Transition, est participative et inclusive à tous points de vue », souligne Ibrahim Ikassa Maïga, ministre de la Refondation de l’État.

Un autre élément de différence majeur, selon le sociologue Fodié Tandjigora, est que la nouvelle Charte « n’est pas rédigée sur une table de négociation ou sous la contrainte de l’État » et pourra ainsi servir de socle à toutes les futures négociations.

Après les rencontres avec les forces vives de la Nation dès le début de leur mission, les membres de la Commission de rédaction, présidée par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, se sont rendus auprès des institutions de la République et du gouvernement du 24 au 26 septembre 2024. La Cour suprême, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique, social, environnemental et culturel, le Haut Conseil des collectivités, le Conseil National de Transition (CNT), ainsi que le gouvernement, sous la houlette de la Primature, ont tous soumis des contributions à l’avant-projet.

Contributions diverses

Plusieurs propositions clés ont été faites par les différentes institutions. Le Conseil National de Transition préconise, entre autres, d’ériger la promotion et la défense de la paix et de la réconciliation nationale parmi les devoirs des citoyens, de travailler à la véritable réconciliation des Maliens et d’instaurer une gouvernance vertueuse. L’organe législatif de la Transition recommande également, pour s’assurer de l’accompagnement du peuple, que le projet de Charte soit soumis à un référendum, après sa formalisation par voie législative.

« Il serait bon que la Charte puisse être flexible afin de prendre en compte d’autres conflits ou tensions que nous ne connaissons pas encore ou dont les manifestations peuvent varier », a souligné au nom du gouvernement le ministre de la Justice, Mahamadou Kassogué, qui a par ailleurs assuré que le document ne serait pas « destiné au placard » mais « bien mis en œuvre ».

Mohamed Kenouvi

Pour stimuler l’industrialisation locale : Le Mali suspend l’exportation de certains produits agricoles

Le 3 octobre 2024, le gouvernement malien a annoncé la suspension temporaire de l’exportation de produits agricoles tels que les amandes de karité, les arachides, le soja et le sésame, dans le but d’encourager leur transformation sur place et d’ajouter de la valeur à l’économie locale. Cette décision, prise par un arrêté interministériel, entre immédiatement en vigueur, bien que la durée de la suspension ne soit pas précisée. Les produits saisis auprès des contrevenants seront redirigés vers les industries locales pour transformation, renforçant ainsi le potentiel industriel du Mali.

Cette décision s’inscrit dans une démarche plus large d’industrialisation et de création d’emplois au niveau local, permettant également de réduire la dépendance du pays aux exportations de produits bruts. En particulier, l’industrie du karité, pour laquelle le Mali est le troisième producteur mondial avec une production annuelle de plus de 200 000 tonnes, pourrait en bénéficier grandement. Le secteur de l’arachide, avec une production annuelle d’environ 700 000 tonnes, reste encore largement inexploité en termes de transformation locale, ne représentant que 5 % de la production totale.

Le Mali emboîte le pas au Burkina Faso, qui avait suspendu, en septembre 2024, l’exportation d’amandes de karité afin de promouvoir l’industrie nationale. Cette décision commune des deux pays vise à tirer parti des ressources agricoles locales pour renforcer leur économie et réduire les impacts des fluctuations des prix internationaux. Le soja, bien qu’encore sous-exploité avec une capacité de transformation inférieure à 10 %, montre des signes de croissance rapide avec une augmentation de 20 % de la production ces dernières années.

En tant que producteur de produits agricoles en Afrique de l’Ouest, le Mali a tout intérêt à renforcer sa capacité de transformation locale. L’amélioration de la chaîne de valeur à travers la transformation locale pourrait générer des emplois supplémentaires, améliorer les revenus des agriculteurs et stabiliser les prix des produits agricoles en période de volatilité. Avec ces initiatives, des acteurs espèrent améliorer la position du Mali afin qu’il devienne un acteur important sur les marchés internationaux, en exportant non seulement des matières premières, mais aussi des produits finis à forte valeur ajoutée.

Massiré Diop

 

 

 

Report de la rentrée : Un mois pour être prêts

 

Le suspens aura duré jusqu’au 30 septembre. Redouté depuis la multiplication des inondations et la prolongation de l’hivernage, le report de la rentrée scolaire 2024- 2025 a finalement été annoncé juste quelques heures avant le 1er octobre. Une décision qui laisse un mois aux acteurs pour mettre au point leurs préparatifs et assurer une année scolaire sereine.

Malgré les conditions objectives qui laissaient prévoir un report de la rentrée scolaire, les acteurs de l’école ont été surpris par cette annonce de dernière minute. Un report évident dont l’annonce tardive amène les Maliens à se poser des questions. Pourquoi attendre la veille de la rentrée pour une telle annonce ? Dans son communiqué, le ministre justifie le report de la date de la rentrée par « l’état de catastrophe nationale » qui a pourtant été déclaré par les autorités depuis le 23 août 2024. « L’ampleur des inondations » était dès lors connue et les écoles qui ont aussi été touchées, comme d’autres infrastructures socio-économiques, étaient soit inondées, soit servaient d’abris à ceux qui avaient perdu leurs habitats.

Dans son compte rendu mensuel du mois de septembre 2024, le cluster Éducation du Mali a informé que 123 écoles étaient occupées par des sinistrés dans les régions de San, Ségou et Mopti. 11 autres, à Gao, étaient occupées par des déplacés internes, donc indisponibles à quelques jours de la rentrée. Cette absence d’anticipation a donc mis devant le fait accompli responsables d’établissements,  enseignants, élèves et parents d’élèves.

Souvent doublement concernés par la situation, certains sinistrés évoquent l’absence d’alternative pour eux, justifiant ainsi leur maintien dans ces abris. À défaut d’avoir les réponses par rapport au timing, certains acteurs disent comprendre les raisons avancées par le ministre de l’Éducation nationale.

Sékou Diawara est Directeur de l’école Capitaine Mamadi Sylla 2, située dans le camp des Parachutistes de Djicoroni Para, et Coordinateur du groupe scolaire du même nom, qui compte 3 premiers cycles et 2 seconds cycles. « Vu la situation et  l’abondance de la pluie, des écoles abritent des sinistrés », comme à Dontème, dans le même quartier, où 52 familles y vivent, explique-t-il. Déjà « au four et au moulin dans les préparatifs », l’école s’attèle à nettoyer les salles de classe, noircir les tableaux et entamer le désherbage d’unee cour où il est difficile de se déplacer entre les flaques d’eau et les herbes qui continuent de pousser.

À ces contraintes passagères il faut ajouter les difficultés récurrentes partagées par plusieurs écoles publiques. Une insuffisance notoire de tables oblige les enfants à en amener pour ne pas s’asseoir à même le sol, avoue le Coordinateur du groupe scolaire. Une école qui n’a pas de direction ou encore des écoles qui n’ont pas de latrines, sans compter le manque d’enseignants, la liste des difficultés n’est pas exhaustive.

Le ministre, qui souhaite une rentrée réussie, sans prise de risque, plutôt « qu’une sorte d’aventure » que représentait la rentrée du 1er octobre, promet de s’atteler « à toiletter et à, préparer les parents d’élèves » et rassure que le mois sera mis à profit pour préparer la rentrée de façon plus complète qu’elle ne l’a été jusqu’à présent. Afin de faire une rentrée qui respecte les normes et qui soit satisfaisante.

Un mois pour réussir

Désormais, les acteurs de l’école entament une course contre la montre. « On peut gagner du temps », espère M. Diawara, du groupe scolaire Capitaine Mamadi Sylla 2. C’est l’occasion pour lui de lancer un appel aux parents d’élèves afin que le jour de la rentrée soit le jour du démarrage effectif des cours. « On doit suivre un programme et mettre le paquet », insiste M. Diawara. Il ne faut donc plus attendre le jour de la rentrée pour faire les transferts ou les inscriptions.

Passé l’incompréhension du report de la rentrée, « même si c’était pressenti », Oumar Koné, Directeur de l’école de Troukabougou, à Djicoroni Para, estime que « les raisons sont fondées, mais on pouvait anticiper ». Ce report n’est pas sans conséquences pour un programme qui s’étale sur 9 mois et qui connaissait des difficultés pour son achèvement, même s’il dit faire confiance aux acteurs chargés de l’élaboration des programmes.

Son école, créée en 2008, compte actuellement 9 salles de classe, un premier et un second cycle ainsi qu’un effectif de plus de 700 élèves. L’insuffisance des tables et l’effectif pléthorique, plus l’absentéisme des enfants, constituent les principales difficultés que l’école connaît.

Mais les inscriptions, qui se font au compte-gouttes, alors même que l’école était à la veille de la rentrée, inquiètent Sidi Camara, Directeur de l’école fondamentale de Troukabougou. Pour sa part, il estime que l’alternative du programme condensé peut favoriser les élèves et permettre d’achever les programmes.

Les privés en souffrance

Boulkassoum Touré, Secrétaire général de l’Association des promoteurs d’écoles privées, ne souhaite pas se prononcer sur la reprise des cours, les programmes et les évaluations, qui relèvent du pouvoir régalien de l’État. Les écoles qui avaient déjà pris des dispositions « sont prêtes », même s’il faut arrêter les inscriptions, qui avaient déjà commencé. Le report d’un mois obligera cependant à réaménager le calendrier scolaire pour une conformité au programme.

Pour les écoles privées, les difficultés qui restent concernant les paiements en souffrance des frais scolaires et demi-bourses 2022 – 2023 préoccupent les acteurs. Et pour ceux de 2023 – 2024, « rien n’est programmé », ajoute M. Touré. Ces situations, qui créent des tensions de trésorerie dans les établissements, entraînent des difficultés pour assurer le bon fonctionnement des structures et le paiement des salaires des enseignants, notamment, continuent de mettre en péril le fonctionnement de ces établissements, qui assurent en grande partie la formation au niveau secondaire. « On fait avec les moyens du bord », soupire-t-il. Et, en cette période, ils privilégient la communication avec les autres acteurs, dont les parents d’élèves ou encore les structures de financement. Malgré tout, « les cours vont démarrer dans des conditions très timides », car « il ne peut y avoir de rentrée apaisée si vous devez des sous à vos enseignants, à vos fournisseurs », déplore encore M. Touré.

Même si le ministre s’est engagé à payer les frais qui restent en souffrance, estimés à 21 milliards de francs CFA pour l’année dernière, notre interlocuteur déplore que le paiement des arriérés varie en fonction des localités. Alors qu’il est à 70% dans certaines localités, il est de moins de 40% ailleurs. « Pour le même travail, cela doit être au même niveau », sinon, cela crée un dysfonctionnement.

Année compromise ?

Si plusieurs acteurs préconisent un réaménagement, qui s’imposera même pour rattraper le retard, les difficultés qui restent entières dans plusieurs écoles ne permettront pas une reprise sereine des cours. En outre, l’incertitude demeure sur cette nouvelle date, compte tenu de la situation. En effet, en dehors des écoles occupées par les personnes sinistrées des inondations, plusieurs groupes scolaires ont été endommagées ou sont hors d’usage. Si pour certains parents il s’agit d’un nouveau répit pour mieux se préparer, il sera de courte durée. Car les frais et les fournitures scolaires deviennent de plus en plus inaccessibles. Certains acheteurs de dernière minute se sont même abstenus à l’annonce du report.

Sur le plan pédagogique, les acteurs de l’école suggèrent une utilisation judicieuse de ce temps pour entretenir le niveau des enfants. Car tout un mois de vacances supplémentaires constitue un retard souvent difficile à rattraper. Certains enseignants préconisent donc de travailler avec les enfants afin de maintenir les niveaux pour entamer la nouvelle année, qui « démarrera de façon effective le 4 novembre 2024 », préviennent-ils.

Fatoumata Maguiraga

 

Tariq Ramadan : condamné en appel en Suisse, un an après son acquittement

 

Accusé de viols par plusieurs femmes en France et en Suisse, la procédure judiciaire de l’Islamologue Tariq Ramadan, se poursuit. La justice genevoise, qui l’avait acquitté en première instance en mai 2023, a inversé la décision et a reconnu M. Ramadan coupable de « viol et de contrainte sexuelle », le 10 septembre 2024. Condamné à 3 ans de prison dont 1 ferme, M. Ramadan a annoncé qu’il recourrait au Tribunal fédéral suisse, la plus haute instance judiciaire dans le pays.

En 2023, à l’issue de son procès, Tariq Ramadan avait été acquitté par les juges en première instance, pour absence de preuves, témoignages contradictoires et « messages d’amour » envoyés par la plaignante. Il avait alors été placé sous contrôle judiciaire.

Pour la partie plaignante, c’est un soulagement que « la vérité éclate ». Celle-ci avait expliqué avoir été encouragée par d’autres plaintes et entamé la procédure 10 ans après les faits, remontant à 2008.

M. Ramadan, qui clame toujours son innocence, estime être la cible d’une machination politico-judiciaire. De part ses prises de parole sur des questions sensibles, et à l’encontre du positionnement médiatique établi, notamment en France.

Outre le fait que Tariq Ramadan ait toujours dénoncé les tueries commises par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, il se bat également contre la montée de l’islamophobie en France, et cela lui vaut de nombreux détracteurs.

Pour les avocats de l’Islamologue âgé de 62 ans, l’espoir réside dans la juste mesure des éléments du dossier, afin de traiter l’affaire de « façon impersonnelle » par les juges fédéraux, tout comme les juges français, dans le verdict de son pourvoi en cassation en France, qui sera rendu le 9 octobre 2024.

 

Ligue des Champions CAF: Le Mali fait carton plein 

Depuis l’instauration de la nouvelle formule de la Ligue des Champions CAF, aucun club malien n’avait accédé à la phase de poules de cette compétition continentale. Ce signe indien a été brisé par le Djoliba AC. Les Rouges se sont hissés à ce niveau en battant l’ASKO de Kara du Togo. Le 22 Septembre est ainsi devenu une date historique pour le football malien. En déplacement à Lomé pour la manche retour du dernier tour préliminaire, les protégés de Demba Mamadou Traoré se sont imposés par le score d’un but à zéro, confirmant leur victoire du match aller sur le même score.

Qualification historique

Cette performance des Rouges de Bamako est une grande première. Et pour cause : depuis 1997 et la création de la nouvelle formule de la Ligue des Champions d’Afrique, aucun club malien n’avait pu franchir cette étape. Suite à cette performance inédite des Hippos de Hèrèmakono, la Fédération Malienne de Football a félicité les joueurs. « Si le mérite de cette qualification historique revient sans conteste aux joueurs et à l’encadrement technique et administratif, on ne peut occulter l’immense sacrifice consenti par les dirigeants et les supporters pour mettre l’équipe dans les meilleures conditions de préparation et de compétition », peut-on lire dans sa lettre. L’instance dirigeante du football malien espère que cette qualification, acquise avec panache et abnégation, permettra d’asseoir un peu plus la notoriété et le prestige de notre football.

Les Champions du Mali connaîtront leurs adversaires le 7 octobre prochain, à l’issue du tirage au sort. Les autres clubs qualifiés pour la phase de groupes de la Ligue des Champions CAF sont Al Ahly SC (Égypte), Al Hilal SC (Soudan), AS FAR (Maroc), AS Maniema Union (RDC), CR Belouizdad (Algérie), GD Sagrada Esperança (Angola), Espérance Sportive de Tunis (Tunisie), Mamelodi Sundowns (Afrique du Sud), MC Alger (Algérie), Pyramids FC (Égypte), Orlando Pirates (Afrique du Sud), Raja Casablanca (Maroc), Stade d’Abidjan (Côte d’Ivoire), TP Mazembe (RD Congo), Young Africans SC (Tanzanie).

Quart de finaliste de l’édition précédente de la Coupe de la Confédération, le Stade Malien, le meilleur ennemi du Djoliba AC, participera pour la 6ème fois à la phase de poules de cette compétition continentale. Les Bleus et Blancs se sont largement imposés devant le Paynesvilles du Libéria (3-1). Après le sacre de 2009, les sociétaires de Sotuba auront l’occasion de rééditer cet exploit lors de cette saison 2024-2025.

Amadiar Traoré

Francophonie: Le Mali toujours en froid avec l’organisation

Le Mali ne sera pas présent lors du prochain Sommet de la Francophonie, prévu du  4 au 5 octobre prochain à Villers-Cotterêts et Paris (France). Et la langue française y est désormais, avec les langues nationales qui sont les  « langues officielles », une « langue de travail ».

Ce sommet, qui se réunit tous les deux ans, regroupe les pays ayant comme langue officielle le français. Il a pour but d’assurer le bon fonctionnement de la Francophonie dans le monde. Au Mali, après la nouvelle Constitution adoptée en juillet 2023, le français a quitté son statut de « langue officielle » et et classé comme « langue de travail ». Avant cela, le Mali avait été suspendu par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en 2021, suite au coup d’État. Mais l’organisation avait décidé de maintenir ses programmes de coopération multilatérale francophone. Le Mali, suspendu, était donc absent lors du 18ème Sommet, qui a eu lieu en Tunisie et qui avait pour thème « La connectivité dans la diversité : le numérique, vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone ». Il  sera aussi absent au prochain sommet, qui aura pour thème « Créer, innover et entreprendre en français ». Brahima Kanta, un enseignant, considère que « cette non participation au prochain sommet permettra de reconsidérer les partenariats traditionnels du Mali et d’affirmer une indépendance politique ». Toutefois, il pense que cela pourrait également signifier une perte d’opportunités diplomatiques et culturelles. Setigui Kamissoko, professeur de français à l’Institut de formation et des Maîtres (IFM) de Kita, estime  que « nous ne devons pas nous inquiéter de cette non participation au sommet de la Francophonie. Je pense que ça n’aura pas beaucoup d’impact pour le Mali sur le plan international ».

Coexistence

Le français est omniprésent dans la vie de tous les jours, surtout dans l’administration, mais est considéré comme une langue étrangère par une grande majorité de la population. Son usage peine à s’imposer face aux langues nationales.

Kamissoko l’affirme : « aujourd’hui, le Mali veut tourner dos à la politique et à l’idéologie de la France, qui pense que la colonisation continue. En dehors des lieux de travail, on utilise peu le français. Même dans les bureaux, certains préfèrent répondre aux questions en langue nationale. On écrit en français et on parle en langue nationale ». M Kanta soutient la même chose. « Un glissement vers une valorisation des langues nationales est en cours. Néanmoins, une coexistence entre le français et les langues nationales permettrait de tirer parti des deux approches ».

Fatouma Cissé

Oscar de la Photographie africaine: Merlin N’diaye récompensé

Nominé à la prochaine édition des Oscars de la photographie africaine qui aura lieu le 16 novembre prochain à Lomé (Togo), Hammadoun N’Diaye, plus connu sous le nom de Merlin N’Diaye, est un photographe professionnel qui évolue dans la région de Mopti depuis 3 ans. Il vient de remporter l’Oscar d’Or.

Né en novembre 1993 à Bamako, Hammadoun N’Diaye est diplômé en Gestion de la Faculté des Sciences économiques et de gestion de Bamako (FSEG) depuis 2016 et sortant de l’Institut de formation des Maîtres (IFM) de Diré depuis 2017. Le photographe était nominé dans deux catégories des Oscars de la photographie africaine : « Photographie d’Art » et « Photographie institutionnelle ». Le concours, qui réunit 150 photographes venus de plusieurs pays d’Afrique, vise à reconnaître et célébrer les meilleurs talents africains dans 11 catégories de la photographie. Le jeune photographe s’est distingué en remportant le prix le plus prestigieux et convoité de la cérémonie qui est l’Oscar d’or. Sur les 11 catégories, les 5 premiers de chaque catégorie concourent pour gagner ce prix.  C’est finalement M. N’Diaye qui l’a remporté. Il a aussi gagné le prix de la catégorie photographie d’art, l’une des catégories dans laquelle il concourrait. À côté de ses activités de photographe, M. N’diaye est aussi bloggeur, vidéaste et journaliste reporter d’images (JRI) à l’hebdomadaire « La Voix de Mopti ». Merlin N’Diaye confie avoir toujours été attiré par le numérique. « Je prenais des photos avec mon smartphone et les publiais sur Facebook. Cependant, c’est grâce à une formation en blogging en septembre 2021, organisée par la plateforme Benbere que j’ai véritablement développé mes compétences ».

Photographe militant

Parallèlement, sa passion pour le journalisme l’a conduit à vouloir informer les internautes sur l’actualité de la région de Mopti. « Je souhaitais montrer au monde entier notre résilience, même après la crise, et mettre en avant une nouvelle image de Mopti, de sa culture et de son potentiel touristique ». En 2023, il a gagné 2 prix dans le domaine du journalisme : celui du « Meilleur reporter de la région de Mopti » décerné par la Radio Tolérance ainsi que le prix du « Meilleur projet pour la lutte contre la désinformation », attribué par l’ONG Search for Common Ground.
Les photos qui ont été sélectionnées pour le concours représentent des enfants sur les berges du fleuve Niger, qui est en proie aux conséquences néfastes du changement climatique. Merlin N’Diaye se dit très reconnaissant de ces deux nominations.« Je suis profondément honoré de représenter Mopti et tout le Mali en tant que photographe. Cela me remplit de fierté et me motive pour m’améliorer encore davantage ». Le photographe habite dans la région de Mopti, où il publie ses photos de la ville. Sur ces clichés, le vidéaste promeut la diversité et la beauté de la population. Ils témoignent amplement de sa maîtrise de cette discipline.

Fatouma Cissé

Amadou Mahtar Mbow : Un humaniste intransigeant et un passionné de l’Afrique

Amadou Mahtar MBow, éminent homme de culture sénégalais né le 20 mars 1921, est décédé le mardi 24 septembre à Dakar, à 103 ans. Professeur de géographie, il fut plusieurs fois ministre durant le magistère de Léopold Sedar Senghor, avant d’entrer en 1970 à l’UNESCO, qu’il dirigera de 1974 à 1987. Diomansi Bomboté, journaliste et ancien fonctionnaire de l’UNESCO durant une vingtaine d’années, témoigne.

Ce qui impressionnait dès qu’on rencontrait Ahmadou Mahtar Mbow, ou qu’on l’entendait parler pour la première fois, c’était sa voix puissante et rocailleuse, marquée par la fermeté et qui traduisait une personnalité hors du commun. Les souvenirs qu’il laissera à ses proches et à la postérité seront ceux d’un homme au courage exceptionnel, même si certains, en désaccord avec ses convictions, le jugeront téméraire.

Ses convictions profondes, qu’il portait en lui avec une force inébranlable, incluaient la justice pour tous, l’autodétermination et l’émancipation de l’Afrique, ainsi que la liberté et la solidarité entre les hommes et les nations. Ces idéaux ont été façonnés tout au long d’un parcours riche, marqué notamment par son engagement, alors étudiant à la Sorbonne, au sein de la Fédération des étudiants de l’Afrique noire en France (FEANF), qu’il a présidée, et par sa participation à la création du Parti du Rassemblement Africain (PRA – Sénégal).

Je garde un souvenir précis d’Amadou Mahtar Mbow, de la période où j’ai eu l’honneur de travailler à ses côtés à l’UNESCO, d’abord dans le secteur de la communication, puis à l’Office de l’information publique, de 1979 à 2002. Son caractère trempé et sa force exceptionnelle étaient évidents. À la tête de l’UNESCO entre 1974 et 1987, il a servi avec loyauté et détermination les grandes causes de l’humanité : les droits de l’Homme, l’éducation pour tous, la promotion des femmes, la culture au service du développement, et les sciences exactes, physiques et humaines.

Mais ce qui marquait le plus chez lui, c’était son attachement presque obsessionnel à l’émancipation de l’Afrique, qu’il a défendue avec une passion inébranlable. En voulant protéger les intérêts de l’Afrique face à un monde international souvent déséquilibré et injustement favorable aux nations industrialisées, il s’est heurté à de nombreuses incompréhensions, particulièrement de la part de puissances étrangères, en particulier occidentales.

Au moment où Amadou Mahtar Mbow arrivait à la tête de l’UNESCO, les fonctionnaires africains représentaient à peine 6% du personnel, une anomalie quand on sait que l’Afrique, sur les 190 membres de l’Organisation, en comptait plus d’une cinquantaine. Il a porté cette proportion à 18%. Mbow était aussi un bourreau de travail. Souvent, dès 7h du matin, il était à son bureau, qu’il ne quittait, sans discontinuer, qu’à 20h. À plus de 60 ans, il n’hésitait pas à affronter les rigueurs du jeûne au mois de Ramadan. L’esprit lucide, il décortiquait, avec une surprenante perspicacité, des dossiers aussi variés qu’ardus. Et il se montrait intraitable avec les fonctionnaires tire-au-flanc dans leurs tâches.

Lors des discussions autour des programmes de l’UNESCO, il restait inflexible face à toute tentative de compromettre les projets en faveur des pays en développement, notamment ceux d’Afrique. Combatif, il était allergique aux compromis qui pouvaient nuire à ses principes. Sa radicalité dans la défense de ses idées se manifestait même face à ses proches, qui pouvaient parfois essayer de le faire fléchir. Courtois, élégant et profondément pieux, il pouvait néanmoins exploser de colère pour déjouer des manœuvres visant à le faire céder.

Cependant, il n’était pas un intransigeant borné. Il savait composer lorsque cela servait un objectif plus grand, notamment en étant l’artisan du consensus à l’UNESCO lors de moments de crise. Le consensus, ce mécanisme visant à concilier des points de vue initialement inconciliables sans provoquer de frustration par un vote, a permis à l’Organisation de surmonter des débats tendus, comme ceux sur les « Droits de l’Homme et des peuples » ou sur le Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC) dans les années 80.

Les péripéties regrettables nées de malentendus et d’incompréhensions lors d’un 3ème mandat brigué à la tête de l’UNESCO n’ont en rien terni la stature de cet homme emblématique et infatigable, consacré jusqu’à son dernier souffle à la défense de l’honneur et de la dignité de l’Afrique.

Diomansi Bomboté, journaliste

Attaques terroristes à Bamako : Les leçons à en tirer

Le 17 septembre 2024, la capitale malienne est secouée par une double attaque. L’École de la gendarmerie et l’aéroport de Sénou sont visés par des assauts revendiqués par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM – JNIM). Deux jours après le premier anniversaire de l’AES et à quelques jours du 64ème anniversaire de l’indépendance du Mali, ces attaques ont montré la vulnérabilité face au fléau du terrorisme et peut-être la nécessité d’une réadaptation du dispositif actuel.

Dans un communiqué diffusé sur les ondes de la télévision nationale, l’État-major général des armées a qualifié de « tentative d’infiltration » l’attaque survenue très tôt, vers 5 heures du matin. Appelant les populations à rester calmes, l’État-major a souligné que les ratissages continuaient et que la situation était sous contrôle. En visite sur les lieux, à l’École de la gendarmerie le chef d’État-major, tout en se voulant rassurant, a tenu rappeler aux élèves gendarmes leur mission. « Le combat continue et il faut tirer les leçons. Le terrorisme doit être combattu. Nous sommes en guerre et vous êtes durement alertés », a-t-il notamment martelé devant des éléments qui rejoindront bientôt des unités combattantes.

Alerte

Si Bamako avait, il y a quelques années, subi des attaques terroristes ayant visé plutôt des cibles civiles, la capitale vient d’être touchée par des attaques visant des cibles militaires au cœur de la cité. Une première qui rappelle que la menace n’est jamais loin et qu’il s’agit bien d’une « guerre d’usure », selon le ministre de la Défense et des anciens combattants, Sadio Camara, à l’issue de sa rencontre avec le Président de la Transition le 23 septembre 2024. Reçu avec le ministre de la Sécurité et de la protection civile ainsi que les chefs d’États-majors et les chefs des services militaires par le Président Assimi Goïta, il a déclaré qu’il s’agissait de faire un « examen exhaustif du dispositif sécuritaire, réévaluer la menace et donner les orientations complémentaires ». S’il s’est dit plutôt satisfait de la rencontre, qui a permis de constater l’engagement des autorités politiques et militaires pour faire face au fléau ainsi que le soutien du Président de la Transition au dispositif opérationnel en cours pour la lutte contre le terrorisme, cette rencontre n’occulte pas le sentiment d’un retour en arrière, observe Jean-Hervé Jezequel, Directeur de projet à International Crisis Group (ICG).

Ces attaques qui nous ramènent quelques années derrière sont tout de même inédites, en ce qu’elles ont été dirigées contres des installations militaires. En 2015, la première attaque qui avait visé la capitale avait ciblé un bar restaurant, avant un hôtel la même année. Deux autres attaques sur des sites d’hébergement en 2016 et 2017 avaient aussi fait des victimes. Plus récemment, en juillet 2022, c’est une attaque complexe à la voiture piégée qui avait visé le camp militaire de la ville garnison de Kati, à 15 km de Bamako, faisant 8 morts et des blessés. Une attaque audacieuse qui avait fait dire aux autorités qu’il s’agissait de tentatives désespérées des groupes terroristes en débandade. Les forces armées étaient alors en pleine campagne de reconquête du territoire national. Après cette frayeur, qui avait convaincu les habitants de la capitale de l’imminence de la menace, Bamako avait plusieurs fois fait l’objet d’alertes plus ou moins réelles. Dans son discours à la Nation à l’occasion du 22 septembre 2024, le Président de la Transition a affirmé que les attaques du 17 septembre 2024 « rappellent l’impérieuse nécessité de rester vigilants et de garder une posture opérationnelle exemplaire en toutes circonstances ».

Dispositif en cause ?

La double attaque du 17 septembre 2024 est  survenue entre deux dates importantes. D’une part au lendemain du premier anniversaire de la Confédération des États du Sahel (AES), mise en place le 16 septembre 2023, avec notamment pour objectif de mutualiser les forces des trois États membres (le Burkina Faso, le Mali et le Niger) pour lutter contre le terrorisme. D’autre part à quelques jours du 64ème anniversaire de l’indépendance du Mali, célébré le 22 septembre. A priori une période d’alerte, « même si c’est difficile de sécuriser une ville comme Bamako », on peut y voir une faille du dispositif sécuritaire, note M. Jezequel.

Du côté des groupes terroristes, on peut avoir une double lecture de cette situation, selon l’analyste. C’est une stratégie habituelle pour ces groupes de forcer l’État à concentrer ses forces pour défendre les villes et donc à leur laisser un peu le champ libre dans les campagnes, où ils ont leur principal champ d’action. Secundo, il peut s’agir d’un changement de mode opératoire de leur part, mais il est encore trop tôt pour faire une telle conclusion, tempère-t-il.

Si elles affichent leur détermination, la réaction des autorités souligne la nécessité d’une vigilance accrue. En effet, au lendemain des attaques les autorités ont envisagé un certain nombre de mesures urgentes. Parmi lesquelles la fermeture de 7 marchés à bétail à Bamako et environs, des marchés soupçonnés d’avoir servi à favoriser l’infiltration de certains terroristes, et l’injonction faite aux propriétaires des camions citernes stationnés le long des axes voisins des lieux de l’attaque de les déplacer.

Enseignements 

Engagé dans une lutte acharnée contre le terrorisme depuis plusieurs années, le Mali a enregistré des succès importants, notamment dans la reconquête de l’intégrité du territoire national. Des victoires militaires qui n’ont pas pourtant endigué la capacité de nuisance des groupes terroristes. Malgré une présence effective et le redéploiement des forces armées maliennes (FAMa) dans plusieurs localités du pays, les groupes armés et terroristes continuent d’exercer une pression sur les populations. Des pressions qui se sont multipliées dans les régions de Mopti et de Ségou à l’approche de l’hivernage, obligeant de nombreux habitants à abandonner leurs localités et leurs activités champêtres.

Cela signifie donc que la stratégie actuelle a des limites. « On peut dire que la stratégie de miser sur l’outil militaire, y compris au temps des autorités civiles, n’arrive pas à endiguer la menace terroriste.   Peut-être qu’il  est temps, c’est ce que pense International Crisis Group, de donner plus de moyens à une réponse politique à ces expansions armées », suggère M. Jezequel. Une offre de dialogue politique  qui va s’adresser aux  groupes armés ou à certains des groupes terroristes disposés à discuter. Une « offre de dialogue mais pas de reddition, dans laquelle chaque partie exprime ses positions et cherche à faire des compromis ».

L’attaque du 17 septembre est justement, selon lui, un moment de réflexion qui souligne le besoin d’ajustement de la stratégie de sécurisation. « Il ne s’agit pas pour nous de dire qu’avant cela se passait bien et que maintenant c’est moins bien ». Sans nier les acquis dans la lutte contre l’expansion terroriste, l’analyste explique qu’il faut explorer les recommandations du Dialogue Inter-Maliens. Des recommandations parmi lesquelles figurait la nécessité d’une réponse politique. Il faut donc donner des moyens à cet outil du dialogue. Depuis le début de la crise, des moyens ont été accordés à la « réponse militaire, qui reste indispensable ». Mais il faut en donner aussi au dialogue. « Même si ce n’est pas une solution magique », il faut investir dans cet outil et le soutenir à nouveau.

Pour les autorités, il y a aussi des leçons à tirer. Outre la vigilance à observer comme en temps de guerre, il faut une « collaboration de la population », a insisté le chef d’État-major. Une collaboration qui doit surtout aider les forces de l’ordre dans la traque des terroristes en termes de renseignements. Mais elle doit également éviter tout amalgame, ce qui serait totalement contre productif et servirait plutôt les intérêts des terroristes.

Fatoumata Maguiraga

Succès des jeunes et échecs des Seniors : Le paradoxe du basket féminin malien

 

Depuis sa victoire historique en 2007 au Championnat d’Afrique, l’équipe féminine senior de basket du Mali peine à renouer avec le succès. Pendant ce temps, les équipes de jeunes brillent sur le continent, multipliant les trophées. Comment expliquer un tel paradoxe ?

Si le Mali a été proche du bonheur à l’issue de la troisième place glanée contre le Rwanda lors de la petite finale de l’AfroBasket féminin 2023, sa défaite contre le Sénégal en demi-finale lors de la même compétition a fait ressurgir les difficultés que les Aigles Dames Seniors rencontrent pour remporter un trophée depuis 2007.

Depuis leur victoire de 2007, elles ont été finalistes malheureuses en 2009 et 2021 et ont terminé troisièmes en 2011, 2017 et 2019. Paradoxalement, dans les catégories inférieures, les équipes féminines U16 et U18 ont dominé le basket africain, remportant respectivement 8 et 9 trophées consécutifs.

Selon l’analyste sportif Amadou Diadié Touré, ce paradoxe s’explique en partie par la gestion de la carrière des jeunes joueuses. « La Fédération de basket n’a pas mis en place un plan de suivi pour la progression de ces championnes vers l’équipe senior. Le monde professionnel a des exigences auxquelles les jeunes joueuses ne peuvent pas toujours répondre seules », explique-t-il. Il insiste sur l’importance d’un accompagnement adéquat pour permettre à ces jeunes talents de s’épanouir au plus haut niveau.

De son côté, l’ancien instructeur FIBA-Monde Alpha Bagayoko évoque les difficultés liées à la transition des joueuses vers le niveau senior. « Quand les joueuses quittent le pays sans passer par la Fédération, on perd leur trace. On ne sait pas si elles jouent à plein temps ou non. Cela crée un désordre et affecte leur progression », souligne-t-il. Selon lui, cette désorganisation nuit à la continuité des performances entre les catégories Junior et Senior.

Manque de reconnaissance et de respect

D’autres facteurs socioculturels jouent également un rôle dans la difficulté des joueuses à s’imposer. Dr Hamadoun Haïdara, sociologue, pointe du doigt le mariage précoce, la précarité de la discipline et les grossesses non désirées comme des freins à l’épanouissement de certaines joueuses. « Dans nos sociétés, dès que la femme atteint l’âge de 17 ans, voire moins, les parents la poussent souvent au mariage, ce qui l’empêche de construire une carrière sportive », explique-t-il. Les distractions de la vie moderne, selon lui, nuisent également à la concentration des jeunes sur le basket.

Un autre facteur explicatif de cette traversée du désert est la montée en puissance des adversaires, en particulier l’équipe du Nigeria, victorieuse des quatre derniers AfroBasket. Les D-Tigres, qui intègrent de nombreuses joueuses formées aux États-Unis, ont souvent barré la route aux Aigles Dames, que ce soit en demi-finale ou en finale.

Les absences de joueuses cadres lors de certaines compétitions ont également impacté les performances des Seniors. Lors de l’AfroBasket 2021, l’absence de Touty Gandega, la meneuse de l’équipe, a été notable. Des sources médiatiques évoquent un refus de la joueuse de rejoindre la sélection en raison du non-paiement de la prime de la troisième place et d’un « manque de reconnaissance et de respect pour le travail de l’équipe ».

La comparaison avec l’équipe victorieuse de 2007 est souvent faite pour souligner les lacunes actuelles. Cette équipe, complète dans tous les compartiments du jeu, bénéficiait de la présence de grandes pivots et de l’expérience de la capitaine Hamchetou Maïga, alors joueuse de la WNBA. Leur préparation avait également été optimale, avec un mois d’entraînement intensif à Bamako et un soutien logistique et moral exemplaire.

Aujourd’hui, ces conditions semblent s’être dégradées, mettant en lumière le besoin de redéfinir les stratégies de développement et d’accompagnement des joueuses maliennes. Si le talent ne manque pas, comme en témoignent les succès des équipes de jeunes, le chemin vers la consécration continentale pour les Seniors semble encore long et semé d’embûches.

Aly Asmane Ascofaré

Fâtow (Les Fous) : Un regard critique sur la culture

 

Le film retrace l’histoire de 4 fous qui nous amènent, à travers leurs balades quotidiennes, à la découverte des différents secteurs de la culture. Pour le réalisateur et actuel Directeur Général du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM), l’importance de la culture dans notre société est une évidence qui justifie ce choix de faire de la culture le principal thème de son œuvre.

Le film « Fâtow » est une réflexion sur les enjeux et perspectives du secteur de la culture. Son objectif est de mettre le cinéma au service de la sauvegarde du patrimoine culturel malien et au cœur de la résilience des communautés. « Le choix du « fou » dans la démarche artistique, n’est pas fortuit », selon le réalisateur Fousseini Maïga. Il caractérise deux évidences. Premièrement le fou suscite une sympathie naturelle dans la société et deuxièmement ses propos sont d’une innocence voilée et d’une sincérité ignorée.  La sortie du film, coproduit par le CNCM, Arc-En-Ciel Films et Africa Stories Entertainment, est prévue pour fin 2024. Il a bénéficié de l’accompagnement de la Coopération allemande, à travers le projet Donko ni Maaya, et du Fonds africain pour la culture (ACF).

Promouvoir les talents

Les 4 fous sont incarnés par des acteurs bien connus de la scène cinématographique malienne. Il s’agit de Fily Traoré, Maimouna Doumbia, Jeanne Diama et Abdoulaye Mangane. Le réalisateur y a ajouté la participation d’une dizaine de talents de la scène culturelle. S’exprimant à ce sujet, la comédienne Jeanne Diama estime que « le scénario va parler à tous les artistes du Mali, qui, depuis des années, se battent pour qu’il y ait un changement dans le domaine de la culture. Il y a quelque temps, il était impossible de ne voir que des jeunes sur les plateaux de tournage, mais aujourd’hui ça s’est réalisé ». De son côté, sa consœur Maïmouna Doumbia pense qu’avec ce projet la population portera un autre regard sur les artistes et la culture en général. Pour sa part, le comédien Fily Traoré confie avoir adoré son rôle. « C’est la première fois que je joue un fou au cinéma. Quand j’ai lu le scénario il m’a fait rigoler et le texte était tout simplement magnifique ».

À travers ce film, le cinéaste souhaite que personne ne reste indifférent, peu importe son environnement, et que chaque personne s’identifie à ses croyances et à ses valeurs culturelles. Rappelons qu’après la sortie de son dernier film, « Wolonwula (Sept) », le réalisateur avait raflé 20 prix internationaux.

Fatouma Cissé

Prêches : L’État face au défi de la règlementation

 

L’Imam Bandiougou Traoré a été arrêté et placé sous mandat de dépôt le 10 septembre 2024 par le Pôle national spécialisé de lutte contre la cybercriminalité pour des propos controversés à l’endroit des femmes militaires et sportives, notamment. Étant déjà sous le coup d’une condamnation, cette nouvelle arrestation relance la question de la règlementation des prêches et de l’exercice de la liberté religieuse.

L’Imam Traoré doit cette incarcération à des « propos misogynes » prononcés lors d’un sermon, le 30 août 2024. Une détention intervenue malgré que le prêcheur ait présenté ses excuses après le tollé soulevé par ses propos.

L’Imam Traoré, qui est déjà sous le coup d’une sanction judiciaire, avait été condamné à 18 mois de prison et au paiement d’une amende, assorties de 16 mois de sursis, en mars 2024, avant d’être libéré. Interpellé pour « atteinte au crédit de l’État, diffusion, publication de fausses nouvelles, faites de mauvaise foi et de nature à troubler la paix publique, injures, diffamation et outrage à magistrat », l’Imam Bandiougou Traoré avait été écroué le 4 janvier 2024.

Dérapages fréquents

S’il n’en est donc pas à son premier écart, il n’est pas non plus le premier prêcheur à avoir eu affaire à la justice à cause de ses propos. Avant lui, le prêcheur Chouala Bayaya Haidara était aussi passé par la case prison. Ce dernier, poursuivi pour « atteinte au crédit de l’État et propos tendant à troubler l’ordre public », avait été arrêté en décembre 2023. Le 29 février 2024, il a obtenu une liberté provisoire pour raison de santé, après plus de 2 mois d’incarcération. Il qualifiait de détentions arbitraires notamment celles de Ras Bath, de Rose Doumbia dit « Vie chère » mais également de Madame Bouaré Fily Sissoko.

En juin 2024, le Procureur du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité a ordonné l’incarcération de Mahamadou Bassirou Kissa, alias « Karamoko Befo Junior ». Le guide spirituel de l’association « Bassirou Dine » avait été interpellé le 13 juin 2024 par la Brigade d’investigations judiciaires (BIJ) et placé sous mandat de dépôt le 14 juin par le Procureur en charge de l’assainissement du cyberespace.

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, où il s’exprimait sur le sacrifice du mouton pour la fête de Tabaski, il affirmait qu’à « défaut de se procurer un bélier, un devoir conjugal plus prolongé que d’habitude pouvait valablement remplacer le sacrifice d’Abraham ».

Le Tribunal de Grande instance de la Commune VI a jugé le 9 mars 2020 l’affaire Ministère public contre le prêcheur Bandiougou Doumbia, jugé pour « apologie du terrorisme, incitation à la sédition et offense au Chef de l’État ». Le Guide de «  Nourredine », alors membre de la Commission nationale de contrôle du Haut Conseil Islamique Mali (HCIM), a été condamné à 2 ans de prison ferme par les juges.

Il avait été arrêté le 17 février 2020 par la Brigade d’Investigations Judiciaires (BIJ) suite à une vidéo qui avait suscité un vif émoi sur les réseaux sociaux et où il avait tenu des propos injurieux et menaçants à l’encontre du Président de la République et de sa famille. Il avait également affirmé son soutien aux terroristes Amadou Kouffa et Iyad Ag Aghaly.

Mais le Haut Conseil islamique du Mali (HCIM) avait organisé une conférence de presse pour présenter des excuses au nom du prêcheur Bandiougou Doumbia et demander aux autorités de lui pardonner.

« N’est pas prêcheur qui veut »

 C’est ce qu’avait estimé Thierno Hady Thiam, Imam et membre du HCIM, interrogé par Journal du Mali sur le même sujet en 2020. Le rôle des prêcheurs, qui sont formés dans les écoles coraniques et dans celles qui apprennent la jurisprudence, est « d’appeler les gens à croire à la religion ». Ils doivent donc à ce titre donner l’exemple. De même, tous les prêcheurs ne sont pas Imams et inversement. Mais au Mali, l’absence d’écoles de formation et la difficulté pour l’État de mettre en place un cadre règlementaire conduit à une gestion inadaptée de l’édifice commun autour duquel se regroupent les pratiquants. Il s’agit en l’occurrence de la mosquée.

Avant, la mosquée était celle de la communauté, construite par elle. Elle appartenait au village, au quartier ou à la ville et elle était dirigée par un érudit souvent venu d’une grande famille maraboutique et formé pour devenir Imam.

Il existe désormais une deuxième forme de mosquées, dirigées par des arabophones formés à l’extérieur ou au Mali et qui se retrouvent au chômage, quel que soit leur niveau de formation. Ils deviennent prêcheurs ou Imams d’une mosquée créée par des individus et non plus par la communauté. Rappelons que dans la mosquée de la communauté, l’Imam n’est pas payé.

Une autre forme est celle des mosquées construites par des ONG implantées au Mali et offertes aux communautés. Elles exigent souvent la nomination de leurs Imams « pour véhiculer leurs messages, ce qui peut créer les tensions », déplorait en son M. Thiam. La multiplication des mosquées et l’absence de visibilité sur leur nombre et leurs activités est un sérieux défi à l’organisation du culte musulman au Mali. Le HCIM est l’organisation faîtière des associations musulmanes et est censé, avec le ministère en charge des Affaires religieuses, parvenir à une règlementation du domaine. Mais les divergences au sein de cette organisation et l’absence de hiérarchie compromettent une gestion équilibrée, au bénéfice des Musulmans et de la communauté nationale. La relecture des lois régissant l’exercice du culte religieux, qui datent des premières années de l’indépendance, maintes fois repoussée, prouve les difficultés à réformer un secteur où les dérives peuvent compromettre la cohésion sociale. En attendant cette réforme, l’application des lois pourrait contribuer à gérer les excès ou peut être à dissuader d’éventuels récidivistes.   

Appliquer les lois existantes

L’arrestation de l’Imam Bandiougou Traoré, qui peut être considéré comme un récidiviste, n’est qu’une application de la loi, relève le Dr Bréma Ely Dicko, sociologue. Ce sont en effet les religieux eux-mêmes qui avaient sollicité les autorités pour prendre des dispositions empêchant toute forme de diffamation ou de propos portant atteinte au culte. Finalement, la loi contre la cybercriminalité protège tous les citoyens et, nul n’étant au-dessus de la loi, l’Imam est aussi un justiciable. En outre, les propos dénoncés portent aussi atteinte à des droits garantis par le Mali. Afin de ne pas permettre que les prêcheurs outrepassent leur rôle pour porter atteinte à la dignité des personnes ou tenir des propos qui risquent de diviser la société, il y a besoin de tirer la sonnette d’alarme pour stopper les dérives. À défaut d’harmoniser les prêches comme dans d’autres pays, il faut surveiller de près ce qui est dit par les prêcheurs afin de maintenir la paix sociale. À ce titre, les premiers acteurs sont les représentants des différentes associations, dont la Ligue des Imams du Mali (LIMAMA) ou encore le HCIM, qui regroupe toutes les associations musulmanes, en coordination avec les ministères concernés, pour d’une part contribuer à la vulgarisation des textes afin d’informer les prêcheurs et autres représentants des fidèles de l’existence de lois en la matière. Et, le cas échéant, il faut recourir à l’application de la loi pour garantir la paix sociale. Pour maintenir la cohésion sociale, le Mali a entrepris un programme de formation des Imams. Avec le Royaume chérifien, il a signé le 22 septembre 2022, un protocole d’accord pour la formation de 300 Imams à l’Institut Mohamed VI. Environ une soixantaine de personnes seront formées lors de sessions de 2 années. Le protocole a été signé en vertu d’un accord entre le Mali et le Maroc datant de 2013 pour la formation de 500 imams au total. L’objectif de ces formations est de promouvoir les valeurs de tolérance religieuse et de contribuer au vivre ensemble.

Fatoumata Maguiraga

Permis de recherche d’or de la SOREM : Une étape cruciale vers l’exploitation

Le 28 août 2024, le Conseil des ministres a adopté un projet de décret pour l’attribution d’un permis de recherche d’or à la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali (SOREM). Une étape importante qui permettra à la société de s’atteler à sa mission de recherche et d’exploitation des ressources minières.

Créée par un projet d’ordonnance lors du Conseil des ministres du 24 août 2022, la SOREM, avec comme actionnaire unique l’État, a été mise en place pour mettre en valeur les nombreuses ressources minérales dont regorge le Mali. Le pays dispose d’un vaste potentiel dans les domaines pétrolier et gazier, couvrant une superficie de 900 000 km². Le permis octroyé à la SOREM est sur le périmètre de N’Tahaka, dans le cercle de N’Tillit, dans la région de Gao, suite à la demande de la société en date du 31 juillet 2024 pour la recherche de l’or. Ce permis, en dehors des zones habituellement reconnues pour la recherche d’or, est une première que saluent les acteurs du domaine. Une occasion de diversifier l’exploitation de minerais et d’offrir une opportunité aux acteurs locaux.  

Des moyens et de l’expertise

« C’est une bonne chose d’avoir une société nationale d’exploitation minière », se réjouit M. Djibril Djibril Diallo, expert ingénieur minier, interrogé sur la chaîne TM1. Mais cette création doit s’accompagner de moyens importants et d’expertise. L’État vient donc, en octroyant ce permis, de mettre en activité la société créée il y a deux ans. En outre, la zone du permis est une superficie potentiellement riche qui contient de nombreux sites dont l’État n’avait pas le contrôle. C’est donc l’occasion pour lui de contrôler ce secteur, qui avait vu se développer l’orpaillage dans une certaine anarchie. L’exploitation par la société nationale pourrait créer des emplois et apporter à l’économie nationale une contribution substantielle. Outre les moyens importants dont elle doit disposer pour assurer les investissements nécessaires, la SOREM doit permettre l’émergence de « champions nationaux ». Des acteurs qui ont acquis une certaine expertise dans le domaine de l’exploitation ou de la sous-traitance.  Particulièrement dans ce domaine, la société doit « donner la main » aux acteurs locaux, comme d’ailleurs le suggère la loi sur le contenu local adoptée en même temps que le nouveau Code minier. L’autre défi de la société sera de faire en sorte d’utiliser les compétences locales et de les former dans les différents domaines qui nécessitent une expertise. 

Fatoumata Maguiraga

Chiffres

Capital : 100 000 000 FCFA

Superficie du permis : 97,41 km²

Mali – Algérie : Jusqu’où ira la discorde ?

Déjà tendues depuis plusieurs mois, les relations entre le Mali et l’Algérie continuent de se dégrader. Nouveau sujet de crispation entre les deux voisins, les frappes de drones menées le 25 août dernier par l’armée malienne à Tinzawatène.

Le 26 août, au lendemain de ces frappes de drones, Amar Bendjama, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies, a appelé depuis la Suisse, lors de la table-ronde sur les 75 ans de la Convention de Genève sur le droit de la guerre, à « mettre un terme aux violations des armées privées utilisées par certains pays ».

Le diplomate algérien, qui a également déploré des victimes civiles de ces frappes et réclamé à l’ONU des sanctions contre les auteurs de ces « exactions », faisait allusion à la présence de partenaires russes aux côtés de l’armée malienne. « En Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, nous essayons de trouver une formule concernant ces agissements et les sanctions qui en découleraient », a-t-il indiqué.

La réplique de Bamako ne s’est pas faite attendre. Dans une déclaration, le 30 août  lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la fourniture d’armes par les pays occidentaux à l’Ukraine, le Représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies, Issa Konfourou, a accusé M. Bendjama d’avoir fait une affirmation « aussi grave qu’infondée », sur la base de « simples allégations de presse », et de se muer en « relais de la propagande terroriste dans notre région ».

« Je rappelle à mon collègue algérien que les forces de défense et de sécurité du Mali sont des forces professionnelles, qui mènent une lutte implacable contre les groupes terroristes dans le respect strict des droits de l’Homme et du droit international humanitaire pour libérer notre territoire et pour protéger les populations et les biens », a clamé l’ambassadeur malien.

Difficile décrispation

Depuis cette passe d’armes entre le Mali et l’Algérie à la tribune des Nations Unies, les deux pays n’ont plus affiché de positions tranchées dans la brouille qui les oppose depuis de longs mois. Mais l’heure est loin d’être à la décrispation entre Bamako et Alger. Signe des relations toujours dégradées entre les deux voisins, le Président de la Transition malien n’a jusqu’à présent pas adressé de message de félicitations au Chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebounne, réélu le dimanche 8 septembre dernier à la tête de l’Algérie pour un nouveau mandat.

Selon un analyste géopolitique spécialiste des questions sécuritaires au Sahel qui a requis l’anonymat, les relations entre le Mali et l’Algérie ne peuvent pas se normaliser tant que les deux pays sont dans une approche totalement opposée sur la gestion de la crise sécuritaire au Nord du Mali.

« Il faut s’attendre à une stagnation de la situation entre les deux pays. Je ne vois pas d’évolution allant dans le sens d’une décrispation, parce que d’un côté l’Algérie, qui était garante de l’Accord de paix devenu caduc, est toujours dans une posture de solutions négociées avec les rebelles touaregs, alors que de l’autre le Mali, qui taxe ces rebelles de terroristes, est plus que jamais engagé à les neutraliser dans la guerre », estime-t-il.

Mais pour notre interlocuteur, malgré cette différence de fond, les deux pays voisins n’ont pas intérêt et n’iront pas vers la rupture diplomatique. « Je pense que les autorités des deux pays n’iront pas au-delà des déclarations, du moins dans l’immédiat. Il se peut qu’un nouvel incident change la donne à l’avenir, mais je reste persuadé qu’une rupture diplomatique n’est envisagée d’aucun côté ».

En décembre dernier, les deux pays avaient rappelé pour consultation leurs différents ambassadeurs après que le Mali ait protesté contre l’invitation en Algérie de rebelles du CSP-PDA. Mais, après quelques semaines, les diplomates avaient regagné leurs postes dans les deux capitales.

Mohamed Kenouvi

Inondations : Faut-il craindre le pire ?

 

Alors que le nombre des victimes des inondations augmente, les alertes aux risques de nouveaux sinistres continuent d’être lancées. Dans un communiqué en date du 3 septembre, le ministère de la Sécurité et de la protection civile avertit de l’inquiétante hausse du niveau du fleuve Niger. Dans sa note, le ministre informe sur les risques de débordement des eaux et les inondations que cela pourrait provoquer. Des vagues aux conséquences désastreuses qu’il faut dès à présent penser à gérer.

Le 23 août 2024, lors du Conseil des ministres extraordinaire, les autorités ont adopté le Plan d’organisation des secours qui comporte certaines mesures et décidé de déclarer l’état de catastrophe au plan national suite aux inondations. Un fait inédit qui confirme l’ampleur de la situation, avec instruction au ministre de l’Économie et des finances de mobiliser 4 milliards de francs CFA pour faire face aux conséquences, renforcer le stock national de sécurité alimentaire et apporter l’assistance aux ménages touchés.

La situation hydrologique le long du fleuve Niger et du Bani est alarmante. Désormais, la côte d’alerte est atteinte à Beleny Keny (San). Elle est dépassée de 2 centimètres à Bamako et de 4 centimètres à Sofara (Mopti). Les risques d’inondation restent donc très élevés sur la majeure partie du pays à cause de la poursuite des manifestations pluvio-orageuses, selon les prévisions des services météorologiques.

Activé par le ministère de la Sécurité et de la protection civile par décision en date du 30 mai 2024 pour la période du 1er juin au 30 octobre 2024, le Centre de coordination et de gestion des crises (CECOGEC), logé au ministère de la Protection civile, multiplie les communiqués.

À la date du 5 septembre 2024, on enregistrait 254 cas d’inondations survenus à Bamako et dans toutes les régions depuis le début de l’hivernage, 6 cas de vents violents, 7 cas de foudre, 9 331 cas d’effondrements et 12 117 maisons à risque d’effondrement ou endommagées.

Etat de catastrophe

Face à cette situation exceptionnelle, et avec la déclaration d’état de catastrophe au plan national, les autorités ont adopté un Plan d’organisation des secours qui comporte différentes mesures. Parmi elles, la poursuite de la sensibilisation sur les risques d’inondation, le curage des collecteurs et caniveaux et le recensement des constructions obstruant les voies d’écoulement des eaux en vue de leur libération. Si ces mesures paraissent bien utiles, leur mise en œuvre semble bien compliquée en cette période. Plusieurs ménages, dans le District de Bamako et dans plusieurs régions du Mali, sont désormais en alerte. Les populations sont même « invitées à la vigilance et à l’évacuation des zones riveraines » des cours d’eau en raison des risques très élevés d’inondation dans une majeure partie du pays. Quand au curage des caniveaux, les opérations apparaissent comme un éternel recommencement tant les normes et règles en la matière sont loin d’être respectées. Entre le mois d’août et celui de septembre, les autorités ont dû procéder à des « opérations coups de poing » pour libérer des caniveaux fermés par des boutiques au bord de la route. Concernant la libération des emprises du fleuve, la tâche s’annonce colossale et quelque peu illusoire. L’absence de Plan d’aménagement pour la capitale est à cet effet un préalable indispensable sans lequel il sera difficile de prévenir d’autres catastrophes. Indexé, en plus des effets du changement climatique, le comportement humain rend souvent les populations sinistrées  doublement victimes de la situation. Propriétaires ou locataires de maisons construites au mépris des règles, elles ont quelquefois tout perdu dans les inondations. Relogées dans des écoles en attendant une accalmie, elles redoutent l’approche de la rentrée, ne sachant plus où aller. Outre les aides d’urgence, ces victimes ont besoin de bien plus pour garder espoir.

Des moyens en deçà de la demande

À la date du 22 août 2024, les autorités « ont apporté l’assistance nécessaire aux sinistrés à travers la fourniture de vivres et non vivres, la distribution de 128 595 800 francs CFA de cash et le relogement de 903 ménages dans des écoles ». Des réponses tout de même insuffisantes face à l’ampleur des dégâts. Conscientes de cette situation, les autorités ont fait appel à la solidarité nationale et internationale. Du 28 août au 2 septembre, il y a eu 29 cas d’inondations, 9 effondrements, 1 cas d’électrocution par la foudre, 4 7 77 personnes sinistrées, dont 1 261 hommes, 1 333 femmes et 2 184 enfants, 20 pertes en vies humaines (Bamako 8, Koulikoro 9, Ségou 1, Kita 2) et 8 blessés. Les besoins pour cette période étaient de 25 tonnes de riz, 25 tonnes de mil et 1 625 litres d’huile, sans compter les besoins en non vivres.

Pour la même période, le ministre en charge de l’Assainissement et de l’environnement informait que pour l’aménagement des collecteurs financé par le Budget national et certains projets, le taux d’avancement était d’environ 60%. En ce qui concerne le curage des caniveaux, pour les 213 km à curer, il fallait noter un taux d’avancement de 20%. Des efforts louables, mais qui semblent dérisoires face à l’ampleur de la tâche. Habituellement confrontées à la problématique d’évacuation des eaux de pluie, la capitale et plusieurs localités du pays sont dépassées par les défis de l’heure. Pour y faire face, les autorités ont décidé d’encadrer l’intervention des acteurs humanitaires, qui sont nombreux sur le terrain.

Selon le ministère de la Santé et de l’action humanitaire, 18 000 ménages ont besoin d’une assistance d’urgence et 3 milliards de francs CFA doivent être mobilisés par le département pour faire face aux conséquences de la catastrophe. Le ministère a donc sollicité le concours des partenaires pour contribuer à réduire l’impact des dégâts et circonscrire les conséquences d’une situation inquiétante. Dans « ce nouveau contexte d’extrême urgence », la ministre a souhaité non seulement « plus de solidarité et d’engagement », mais également une coordination des actions pour plus d’efficience. Le ministère, qui en outre été impacté à travers ses services, dont la Pharmacie populaire du Mali, redoute les conséquences que pourraient avoir ces inondations sur le système sanitaire et la situation déjà vulnérable de plusieurs personnes.

Risques sanitaires

En alerte depuis plusieurs semaines, les populations victimes d’inondations se préoccupent en outre de l’après sinistre. Une période délicate qui pourrait être propice à la prolifération de certaines pathologies, comme les maladies diarrhéiques ou encore le paludisme ou d’autres maladies liées à la prolifération des moustiques. Compte tenu de la fragilité du système sanitaire, cette période est attendue avec appréhension par les acteurs. « L’après inondation nous préoccupe » et « ce n’est pas négligé », soutient Markatié Daou, Président du comité de crise des ressortissants de Bla. Une grande partie du mur du Centre de santé de référence (CSREF) de cette localité a cédé, explique M. Daou.  Une situation qui pourrait avoir plusieurs conséquences. Cette structure, censée accueillir les malades référés par les Centres de santé communautaires (CSCOM), ne pouvant plus les accueillir, ces deniers seront pris en charge avec les moyens des CSCOM, qui à défaut les orienteront vers Koutiala ou Ségou, toutes deux distantes de Bla d’environ 80 km. Et l’état des routes en cette période de fortes pluies ne favorise pas le transport. Il s’agit donc de « faire en sorte de reconstruire le centre et de remplacer les médicaments perdus ».  

La crise sanitaire est donc une menace supplémentaire qui plane sur les personnes sinistrées. Une crise généralisée qui semble avoir été anticipée avec la déclaration de l’état de catastrophe au niveau national. Selon le dernier communiqué du Centre de gestion des crises, seules 2 régions n’ont pas été touchées lors des derniers incidents. Dioïla, Ségou, Bandiagara, Sofara, Tombouctou, Kita, Kayes, la liste des localités touchées n’est pas exhaustive. Outre les effondrements de maisons ou de latrines, avec leurs risques sanitaires, leurs populations sont confrontées à une menace sur la campagne agricole, avec des pertes de superficies. Des dégâts qui constituent un risque pour la sécurité alimentaire et un facteur aggravant la vulnérabilité de personnes déjà confrontées à des situations précaires.

Fatoumata Maguiraga

Aigles: Tom Saintfiet nommé nouveau sélectionneur

Le technicien belge de 51 ans a été officiellement nommé sélectionneur des Aigles du Mali ce mercredi 28 août 2024. L’annonce a été faite à la télévision nationale par le premier vice-président de la fédération malienne de Football.

Tom Saintfiet succède ainsi à Éric Sékou Chelle à la tête des Aigles du Mali. La durée de son contrat n’a pas été précisé mais selon nos informations, les deux parties sont tombées d’accord sur une collaboration de deux ans renouvelables.  L’ancien entraîneur de la Gambie a la lourde tâche de remettre le Mali dans la course à la qualification pour la coupe du monde 2026, de qualifier l’équipe pour la CAN 2025 et d’y atteindre au moins les demi-finales.

Auréolé d’une carrière d’entraîneur longue de 18 ans, Tom Saintfiet a une certaine expérience et connaissance du football africain. Il a notamment dirigé les équipes nationales de la Namibie, du Zimbabwe, de l’Éthiopie, du Malawi et du Togo.

Mais c’est avec la Gambie que le technicien belge a réussi son plus grand exploit sur le continent. À la tête des Scorpions, de 2018 à 2024, il a  réussi à qualifier la Gambie pour la première fois de son histoire à la CAN 2021 et y a atteint les quarts de finale avant d’enchaîner avec une 2ème qualification consécutive des scorpions à la CAN 2023 . En 2022, et 2023, il a été nommé parmi les meilleurs entraîneurs en Afrique lors des CAF Awards.

Tom Saintfiet débutera son aventure en match officiel avec le Mali lors de la  3ème journée des éliminatoires de la CAN 2025. En attendant sa prise de commande, Badra Alou Diallo dit Conty va diriger l’équipe pour les deux premières journées face au Mozambique et à l’Eswatini respectivement les 6 et 10 septembre 2024. La liste des Aigles convoqués pour ces deux rencontres est d’ailleurs attendue ce samedi 31 août.

Mohamed Kenouvi

« Ristournes des cotonculteurs » : Bakary Togola condamné à 5 ans de prison

L’ancien président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM) et de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC), Bakary Togola, a été condamné mardi 27 août 2024 à 5 ans de prison ferme et à une amende 10 millions de FCFA, dans l’affaire dite des « ristournes des cotonculteurs ».

Après une semaine de procès,  Bakary Togola a été jugé coupable d’« atteinte aux biens sociaux », lui qui a pourtant tout nié en bloc depuis le début du procès, soutenant avoir été victime d’un complot orchestré par l’ancien Premier ministre Boubou Cissé.

L’ancien patron des cotonculteurs a été finalement condamné avec 4 de ses co-accusés pour la même peine. Il s’agit notamment de Soloba Mady Keïta, Tiassé Coulibaly, Drissa Traoré et Seydou Coulibaly. Les 6 autres accusés restants ont cependant été acquittés. Il s’agit de Mady Keïta, Mamadou Fomba, Djiguiba dit Ampha Coulibaly, Djalla Moussa Dembélé, Alou Dembélé et M’pié Doumbia.

Bakary Togola et ses 4 co-accusés condamnés ont la possibilité d’introduire un pourvoi en cassation  devant la Cour suprême. Par ailleurs, explique l’un des conseils de M. Togola, Maitre Mahamadou Traoré, en cas de maintien de la peine, tous les 5 condamnés n’auront qu’un ou deux ans de peine de prison à purger étant donné qu’ils étaient déjà en détention préventive depuis quelques années.

Pour rappel, accusé, avec  10 autres  personnes, « d’atteinte aux biens publics, complicité, faux et usage de faux » pour un détournement de plus de 9 milliards FCFA entre 2013 et 2019, Bakary Togola avait été acquitté en 2021.

Mais en août 2022 la cour suprême avait cassé l’arrêt d’acquittement renvoyant à nouveau l’affaire devant la Cour d’assises spéciale pour les crimes économiques et financiers.

Mohamed Kenouvi avec Fatouma Cissé (Stagiaire)

Tinzawatène : l’armée maintient la pression sur les groupes armés terroristes

L’état-major général des armées a confirmé dans un communiqué dimanche des frappes aériennes dans le secteur de Tinzawatène dans la matinée du 25 août 2024. Depuis les affrontements fin juillet contre les rebelles du CSP-PDA, les FAMa multiplient les opérations pour prendre le contrôle de la zone.

« Ces frappes de précision ont visé des objectifs terroristes auteurs de plusieurs exactions et abus sur les populations civiles y compris la restriction de la liberté de circulation et la prise de boucliers humains », précise le communiqué de l’armée lu à la télévision nationale. Elles font suite à la « permanence des observations et surveillance aérienne ayant permis de préciser les renseignements ».

Selon un autre communiqué de l’armée en date du 25 août publié ce lundi, une série de frappes menée à Tinzawatène a permis de « détruire des cibles terroristes et de neutraliser une vingtaine d’individus armés », à la suite d’une mission de reconnaissance offensive  qui a permis de repérer et d’identifier des véhicules de type Pick up chargés de matériels de guerre, « soigneusement gardés dans la cour d’une concession ».

« La stratégie de l’armée est d’affaiblir suffisamment les groupes armés terroristes de la zone avant le déploiement des troupes au sol pour reprendre totalement le contrôle de la zone », explique un analyste sécuritaire.

Depuis la bataille qui avait opposé du 25 au 28 juillet dernier  les rebelles du CSP-PDA épaulés par des groupes armés terroristes aux FAMa à Tinzawatène, occasionnant de nombreuses pertes en vie humaines et d’important dégâts matériel, de part et d’autre, l’armée malienne intensifie les frappes dans la zone.

Le 9 août, les vecteurs aériens des FAMa ont  procédé à une frappe « chirurgicale » dans la zone détruisant un blindé camouflé. Plusieurs terroristes avaient été également neutralisés et de nombreuses caches d’armes détruites.

En plus de Tinzawatène, l’armée multiplie les offensives dans d’autres localités à l’intérieur de la région de Kidal, dans des zones très reculées pouvant servir de refuge aux groupes armés terroristes.  Le 5 août dernier, elle a détruit une base de terroristes dans le secteur de Toximène.

Ce lundi 26 août, l’armée a annoncé avoir neutralisé 6 terroristes et détruit deux véhicules chargés de matériels de guerre leur appartenant à environ 80km au nord de la localité d’Anéfis sur la route de Tessalit.

Mohamed Kenouvi

Inondations : le gouvernement déclare l’état de catastrophe nationale

À l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire tenu ce vendredi 23 août 2024, le gouvernement a décidé de déclarer l’état de catastrophe nationale sur toute l’étendue du territoire national, suite aux inondations occasionnées par les pluies.

Selon le dernier décompte officiel, du début de l’hivernage à la date du 22 août 2024, 122 cas d’inondations ont été enregistrés dans 17 régions et le district de Bamako, touchant 7077 ménages soit 47374 personnes sinistrées dont 14451 hommes, 13576 femmes et 19347 enfants. 30 décès ont été enregistrés dont 12 à Ségou , 6 à Gao, 5 à Bamako, 3 à Koutiala, 1 à Koulikoro, Kayes, San, Kita, ainsi qu’un total de 104 blessés.

Si le district de Bamako a enregistré 29 cas d’inondations avec un total de 4639 personnes sinistrées,  la région de Gao est la plus touchée avec 1570 ménages affectés pour 9936 personnes sinistrées.

Pour faire face à la situation, alors que la météo annonce d’importantes quantités de pluie dans les prochains jours, le gouvernement a adopté un plan d’organisation des secours. Parmi les mesures fortes envisagées, la poursuite de la sensibilisation sur les risques d’inondation, le curage des collecteurs, des caniveaux  et des jonctions des voies d’écoulement d’eau, ou encore le recensement des constructions obstruant les voies d’écoulement d’eau en vue de leur libération.

Mohamed Kenouvi

Coopération des médias sino-africains : un 6ème forum axé sur la promotion de la modernisation

Le 6ème forum sur la coopération des médias sino-africains et du dialogue de haut niveau des Think tanks de Chine et d’Afrique s’est achevé ce jeudi 22 août à Pékin. « S’associer pour promouvoir la modernisation » était le thème choisi pour ce forum auquel ont pris part durant 3 jours plusieurs délégations africaines dont celle du Mali.

Différents thèmes ont été ont été abordés lors du forum parmi lesquels le partage de contenus, la formation, l’éducation, la technologie, l’innovation, le développement durable, les défis et opportunités.

Christiane Monsour Matondo-Yanrou, représentante du président de la Commission de l’Union africaine, s’est réjoui de la « collaboration existante déjà entre l’Afrique et la Chine dans le domaine de la communication et des médias par l’intermédiaire de plusieurs entités audiovisuelles ».

Pour sa part, Shulei Li, chef du département de publicité du Comité central du parti communiste chinois, a exprimé sa satisfaction de voir se tenir ce sommet qui donnera plus d’occasions aux pays africains d’amorcer leur développement.

Le  Mali a été bien représenté par une délégation du ministère de la Communication et de l’Economie numérique lors de ce forum à Pékin qui a accueilli plusieurs acteurs des médias, autorités politiques et administratives africains. Cette 6ème édition  a été rythmée par des conférences, des ateliers et des tables rondes .

Lors de son intervention, le représentant du ministre de la Communication du Mali, Mohamed Ag Albachar, a évoqué les liens fraternels qui unissent le Mali et la Chine depuis longtemps et a souligné la progression de notre pays notamment dans le domaine des médias et dans la construction des stations de diffusion.

En marge du forum, la délégation malienne a eu une rencontre avec le ministre chinois de l’Administration, de la Télévision et de la Radio. Les échanges  ont tourné autour  des « sujets d’intérêt commun ». Elle a également  participé aux différents panels tels que la promotion de l’autonomisation du numérique, l’avancement vers un nouveau niveau d’échanges entre les civilisations chinoises et africaines, entre autres.

Ce forum de Pékin qui a réuni plusieurs professionnels venus cette année de 45 pays africains et des organes de presse établis à travers toute la Chine a permis de découvrir les avancées technologiques dans le domaine des médias et de renforcer les échanges entre la Chine et l’Afrique.

Fatouma Cissé (Stagiaire)

 

Rénovation des stades : des avancées salutaires

La dynamique de rénovation des stades entamée depuis quelques mois par les plus hautes autorités du Mali se poursuit. Le point de l’évolution des travaux a été fait en Conseil des ministres du 21 août 2024. Au-delà de contribuer au développement du football national, ces rénovations peuvent- elles propulser le Mali dans la course à l’organisation de compétitions internationales ?

L’état d’exécution des travaux de rénovation des stades est  en bonne voie selon le ministre des Sports. Ceux des stades Abdoulaye Makoro Sissoko de Kayes et Baréma Bocoum de Mopti sont d’ailleurs achevés et n’attendent que leur inauguration prochaine.

Quant à ce qui concerne les stades Amary N’Daou de Ségou et Mamadou Diarrah de Koulikoro, les travaux sont exécutés respectivement à hauteur de 85 et 81%.

Pour la construction du stade de Tombouctou, « la préparation du site est en cours en vue du démarrage imminent des travaux, précise le communiqué du Conseil des ministres ».

Booster le développement du football

Trois autres stades rénovés, en l’occurrence les stades Mamadou Konaté de Bamako, Salif Keita dit Domingo de Kati et Babemba Traoré de Sikasso ont été inaugurés respectivement le 16 avril 2024, le 16 mai et le 22 juin dernier.

Deux d’entre eux, le stade Mamadou Konaté et le stade Babemba Traoré de Sikasso ont par ailleurs été homologués par la Confédération africaine de football ( CAF ) le 1er août dernier, portant à trois, le nombre de stades aux normes internationales dont dispose le Mali.

En plus de rehausser l’éclat des infrastructures sportives du pays, ces rénovations de stades auront un impact sur le développement du football malien et l’épanouissement des athlètes sur le terrain.

« Ces rénovations vont apporter un plus au développement de notre football local d’abord et ensuite aboutir  à un rayonnement de nos clubs dans un premier temps et ensuite de l’équipe nationale au plan international. Cela servira à booster le football dans les régions », se réjouit Amadou Alfousseini Touré, Consultant sportif.

Hôte de futures compétitions internationales ?

Ces avancées pourraient aussi permettre au pays de se lancer sur la scène internationale en accueillant certaines compétitions. Elles peuvent en effet servir de tremplin aux autorités politico-sportives pour solliciter l’organisation de compétitions internationales. Mais pour M. Touré, à elles seules, les rénovations de stade ne suffisent pas.

« Pour permettre à notre pays d’abriter des compétitions internationales avec toutes ces dividendes,  Il faut que ces rénovations soient accompagnées d’autres réalisations telles qu’au niveau des infrastructures routières, hôtelières pour l’hébergement, et au niveau du plateau sanitaire, entre autres », indique-t-il

« Ce n’est pas seulement les fédérations qui sollicitent et abritent les compétitions mais il  y a surtout le rôle des Etats. Il y a toute une diplomatie sportive derrière les attributions de compétitions internationales », poursuit par ailleurs le consultant sportif.

A défaut de pouvoir abriter de grandes compétitions internationales à l’instar de la CAN, il pense que le Mali a tout ce qu’il faut aujourd’hui pour abriter des compétitions au niveau de l’UFOA-A « parce que Bamako a quand même un plateau hôtelier assez fourni ».

Même son de cloche chez le journaliste sportif  Abdoul Dembélé. «  À 4 ou 5 stades homologués par la CAF, le Mali peut prétendre organiser une grande compétition internationale en dehors de la CAN. Parmi les 3 stades homologués, celui du 26 mars de Bamako et celui de Sikasso sont du type A et les autres peuvent abriter les compétitions de jeunes ou de femmes », affirme t-il.

Mohamed Kenouvi

 

 

« Paix et Santé pour le Mali » : après la fin de la 2ème phase, place à la consolidation des acquis

Un atelier d’échanges et de partage d’expérience entre les 4 districts sanitaires d’intervention de l’initiative Paix par la Santé  dans les régions de Mopti et Ségou s’est ouvert ce mercredi 21 août 2024 à Bamako. Durant deux jours, les participants du niveau national, régional, district et aire de santé vont passer en revue les résultats et réalisations de la 2ème phase du projet dont la mise en œuvre vient de s’achever.

Plus d’une centaine de personnes dont des représentants des communautés et des professionnels de la santé des 4 districts cibles du projet dans le centre du Mali prennent part à cet atelier d’échanges et de partage d’expérience dont l’ouverture a été présidée par un représentant du ministère de la Santé, aux côtés du Représentant résident du Centre Carter au Mali et du Préfet du cercle de Macina.

Les objectifs visés sont, entre autres, de faire le bilan de la mise œuvre du projet et des leçons apprises, permettre à chaque district de partager ses expériences avec le projet en mettant l’accent sur les activités réalisées, les résultats obtenus, les défis rencontrés et les recommandations pour une meilleure appropriation de l’initiative par les communautés locales, et d’amener les participants à réfléchir sur certaines thématiques à l’instar de la prévention et atténuation des conflits, des sensibilités aux Genre-VBG et inclusion des jeunes et des femmes dans le cas du Centre du Mali ou encore la promotion du leadership et du dialogue notamment chez les jeunes et femmes  des 4 districts.

« Le projet est né pour pouvoir contribuer à renforcer la surveillance en matière de ver de guinée. Et aujourd’hui le défi reste  l’éradication de cette maladie, dans un contexte d’insécurité. Le projet vise également à renforcer la cohésion sociale pour parvenir à cette éradication mais aussi pour que les différents services techniques puisse circuler librement dans ces zones », explique Moussa Sadi, Représentant résident du Centre Carter au Mali.

Activités diverses

Pendant un an, de juillet 2023 à aout 2024, plusieurs activités ont été réalisées lors de  la 2ème phase du projet « Paix et santé pour le Mali » qui intervient dans les districts sanitaires de Tenenkou et Youwarou dans la région de Mopti ainsi que les districts sanitaires de Tominian et de Macina, dans la région de Ségou.

Des mobilisations communautaires ont eu lieu dans les aires de santé du district de Tominian et de Macina en décembre 2023, suivies de 4 ateliers de formation en santé mentale et soutien psycho-social entre février et avril 2024 à Sévaré et à Tenenkou et d’une évaluation des ateliers début août 2024 à Tenenkou.

Entre mai et juin 2024, des ateliers sur les sensibilités aux Genre-VBG ont été organisés à Macina et à Tomininan et d’autres ateliers de formation en dialogue et leadership au profit des jeunes et des femmes se sont tenus dans les 4 districts sanitaires à Youwarou, Tenenkou, Tomininan et Macina. Une étude sur l’analyse basée sur le genre dans les 4 districts a également été réalisée entre août et septembre 2023 et des « paquets de santé » sont également en cours de réalisation.

Mis en œuvre par le  ministère de la Santé et du Développement social en partenariat avec le Centre Carter depuis  2019, le projet « Paix et Santé pour le Mali » est une stratégie conjointe pour promouvoir la construction d’une paix durable et un meilleur accès aux soins pour des populations affectées par la violence dans les régions de Mopti et Ségou.

Le projet privilégie une approche d’identification et de programmation décentralisés des besoins et des activités de santé à travers le renforcement de capacités des communautés ( Chefs traditionnels, représentants des jeunes, des femmes, de la société civile), des agents de l’Etat sur la  prévention et la gestion des conflits, la mobilisation communautaire et la sensibilisation et le développement d’une approche santé mentale et soutien psycho-social.

Mohamed Kenouvi

Éducation : vers la fermeture des écoles catholiques ?

Depuis la décision des évêques du Mali le 30 juillet dernier de suspendre les activités pédagogiques de toutes les écoles catholiques à partir du 1 er octobre 2024 suite à l’arrêt annoncée de la subvention de l’Etat, les tractations se poursuivent pour trouver une issue à cette impasse. Si des pistes de solutions sont explorées au niveau gouvernemental, l’avenir des écoles catholiques du Mali reste incertain alors que la rentrée scolaire pour la nouvelle année approche à grands pas.

Un Conseil de cabinet restreint présidé par le Premier ministre s’est tenu ce lundi 19 août pour évaluer les solutions à cette situation qui seront soumises au Président de la transition, puis par la suite « annoncées et assumées par le gouvernement ».

« Nous sommes obligés de trouver une solution parce que sinon, c’est directement le Président de la transition qui va être touché par un problème technique au départ mais qui devient politique à la fin », a déclaré Choguel Kokalla Maïga, lors de son allocution d’ouverture de ce Conseil de cabinet restreint au cours duquel il est longuement revenu sur la situation actuelle des écoles catholiques.

L’Etat verse 80 % des salaires des enseignants des écoles catholiques selon une convention qui le lie à l’Eglise depuis 1972. Mais depuis quelques années, les impayés cumulés de ces subventions ont entrainé une crise au sein de l’enseignement privé catholique.

« La réalité, c’est qu’il y a des problèmes économiques et financiers, la croissance exponentielle de l’argent que l’Etat doit payer. Pendant que le pays est en guerre, les ressources s’amenuisent de plus en plus, les bailleurs de fond deviennent de plus en plus rares, il est évident qu’au niveau des finances, il y a des soucis de rationalisation. Nous sommes contraint de donner la priorité à la question de la sécurité qui prime sur tout », a expliqué le Chef du gouvernement tout en assurant que le Président de la transition prendra une décision politique dans les prochains jours dans l’intérêt supérieur du Mali et fera « en sorte que l’avenir des enfants maliens ne soit pas compromis ».

Au-delà des difficultés économiques qui justifient la décision de l’Etat de suspendre les subventions accordées aux écoles catholiques, le Premier ministre a aussi souligné un problème relatif à la laïcité de l’État. « Nous avons une nouvelle constitution qui énonce l’égalité de traitement de toutes les religions et donc l’application stricte de la laïcité. Est-ce que l’Etat peut subventionner une école d’une certaine foi, sans susciter d’autres problèmes ? », a-t-il indiqué.

Tractations en cours

En plus des échanges au niveau gouvernemental, le Conseil national de transition s’active également de son coté sur le sujet. Suite à une demande d’audience le 13 août 2024 du Directeur national de l’enseignement privé catholique avec la Commission de l’Education, de la Culture, des Technologies de l’information et de la Communication, de l’Artisanat et du Tourisme du Conseil national de transition (CNT), ce dernier a été reçu par la Commission ce lundi 19 août.

Le Syndicat national des travailleurs de l’enseignement catholique (SYNTEC) ainsi que le président de la Conférence épiscopale du Mali ont été également entendus par cette Commission dans la même journée.

Ce mardi 20 août, c’était le tour du ministre de l’Economie et des Finances alors que le passage devant la Commission du ministre de l’Education nationale qui était également prévu à la même date, a été repoussé au 29 août prochain, selon nos informations.

L’annonce de mesures définitives arrêtées au plus haut sommet de l’Etat ne se fera donc probablement pas avant cette date. En attendant, l’inquiétude grandit non seulement chez les plus de 1 613 enseignants des écoles catholiques menacés de licenciement mais aussi chez des parents d’élèves dont les enfants sont inscrits dans ces établissements.

Mohamed Kenouvi

Inondations : le cri de cœur des sinistrés à Bamako

À Bamako et environs, les inondations causent des dégâts tant matériels qu’en pertes de vies humaines. La forte pluie du samedi 17 août 2024 a fait de nombreux sinistrés au quartier Missabougou notamment en commune VI du district de Bamako.

Des maisons effondrées, des familles en détresse, des chambres toujours remplies d’eau, voilà ce que vivent les populations de Missabougou depuis la forte pluie qui s’est abattue sur la capitale ce week-end. Dans ce quartier où nous nous sommes rendus ce lundi 19 août, les dégâts restent visibles.

« Chaque année, nous subissons la même chose sans amélioration. Nos chambres sont inondées, nos documents administratifs détruits, nous avons tout perdu et nous ignorons comment les récupérer », martèle un habitant sous l’anonymat. Il n’est pas le seul.

« Chaque année nous vivons la même situation, l’eau rentre dans nos maisons. Nos murs tombent. La pluie de vendredi a fait beaucoup de dégâts. Nous sommes en train de mettre un fossé pour faire évacuer l’eau en cas de pluie. Cette fois-ci, il nous a fallu dormir dans une école privée, car l’eau était partout », témoigne également Djenéba Tangara, une autre victime.

Un autre habitant de Missabougou, Sadio Diakité affirme que la pluie a fait tomber huit maisons et une cuisine externe, et a occasionné d’énormes dégâts dans le quartier.

Nayan Koné, mère de famille, raconte pour sa part qu’elle était assise dans sa maison quand elle a été surprise par le bruit de l’effondrement de son mur avec la vague d’eau qui s’est abattue sur sa concession avec force. Sans issue, elle a été secourue avec ses enfants par les familles voisines, en les faisant sortir par la toiture de leur maison. « Nos murs sont tombés et nous avons besoin d’assistance. À chaque pluie c’est comme ça. Nous dormons sur le toit d’une famille. A part cela, nous n’avons reçu aucune aide », se lamente-t-elle.

Certaines de ces familles sont accueillies soit par des familles voisines, soit dans des écoles. Des cagnottes ont été ouvertes par plusieurs ONG afin de collecter le maximum d’habits, de fonds nécessaire pour soulager les victimes. Une équipe de recensement de la Direction nationale du développement social était sur place lundi pour recenser les sinistrés. Dans le district de Bamako, on dénombre 24 cas d’inondations avec des cas d’effondrement, pour un bilan cumulé de 4150 ménages touchés, soit un total de 32 068 personnes sinistrées

Symposium national sur le football malien : vers la mise en œuvre des recommandations

Cinq mois après la tenue du symposium national sur le football malien, le ministre de la Jeunesse et des Sports, en charge de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Abdoul Kassim Fomba a mis en place le 8 août 2024 un comité de mise en œuvre des recommandations.

Composé de 7 membres, dont deux membres de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), deux membres de la Direction nationale des Sports et de l’Education physique , un chargé de mission et une personne ressource, le comité est présidé par l’ancien sélectionneur des Aigles locaux, Djibril Dramé.

Selon la décision du ministère portant mise en place du comité, il est chargé d’élaborer une feuille de route de mise en œuvre des recommandations, d’organiser mensuellement une réunion d’évaluation de l’état de leur mise en œuvre, de produire des rapports trimestriel et annuel et d’apporter l’appui-conseil pour la mise en œuvre efficiente de ces recommandations.

Il est précisé que la mission du comité prendra fin avec la mise en œuvre de l’ensemble des recommandations issues du symposium national sur le football malien ou à la demande du ministre chargé des Sports.

Au total 70 recommandations sont issus du symposium national sur le football malien, tenu du 5 au 7 mars 2024 au stade du 26 mars de Bamako après l’élimination amère des Aigles en quart de finale de la CAN 2023.

Elles concernent, entre autres, le développement du football, la direction technique nationale (DTN) et la formation, les staffs techniques des sélections nationales, l’encadrement médical et médecine du sport, les Académies, les centres de football et jeunes joueurs, les structures, infrastructures, compétitions nationales et internationales, l’engagement du ministère chargé des Sports et de la FEMAFOOT, la gestion et l’environnement des sélections nationales, et le volet financement/ médias / sponsoring.

Mohamed Kenouvi

 

CDC Afrique : La variole du singe déclarée urgence sanitaire

Le virus de la variole du singe est déclaré urgence de santé publique par Africa CDC, pour la sécurité du continent, depuis ce 13 août 2024. Les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) estiment que l’épidémie actuelle de Mpox est une urgence de santé publique continentale (PHECS). Une première pour l’agence, depuis sa création en 2017.

« Aujourd’hui, nous déclarons cette PHECS pour mobiliser nos institutions, notre volonté collective et nos ressources pour agir rapidement et de manière décisive. Cela nous permet de forger de nouveaux partenariats, de renforcer nos systèmes de santé, d’éduquer nos communautés et de mettre en œuvre des interventions vitales là où elles sont le plus nécessaires. Il n’est pas nécessaire d’imposer des restrictions de voyage pour le moment », a déclaré le Directeur général de CDC Afrique.

Au moins 13 pays africains, dont certains épargnés auparavant comme le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda ont déclaré des épidémies de variole. En 2024, certains pays ont confirmé 2 863 cas et 517 décès, principalement en RDC. Les cas suspects pour l’ensemble du continent ont dépassé les 17 000, une augmentation significative par rapport aux 7 146 cas de 2022 et aux 14 957 cas de 2023.  Si pour l’heure ce sont les pays d’Afrique centrale qui sont les plus touchés par l’épidémie, l’Afrique de l’ouest est entrée dans la danse le 15 août avec les premiers cas positifs enregistrés en Côte d’Ivoire. Au Mali, aucun cas n’est enregistré à ce jour. Le ministère de la Santé et du Développement social a, dans un communiqué, assuré être en alerte et que des dispositions sont prises pour renforcer la surveillance dans tous les établissements de santé. 90 sites du réseau de télé dermatologie de l’hôpital de dermatologie sont également en alerte.

Au-delà de l’Afrique, les premiers cas ont été découverts en Europe et en Asie.  Le 15 août, la Suède a annoncé avoir découvert le premier cas d’une souche plus virulente du virus sur son sol et ce matin. Le Pakistan aussi a fait état d’un premier cas de mpox sur son territoire.

Urgence d’agir

Le 7 août 2024, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a autorisé l’activation du protocole d’autorisation d’utilisation d’urgence des vaccins pour permettre aux fabricants de soumettre leurs manifestations d’intérêt. Selon le responsable du Groupe consultatif d’urgence du CDC Afrique, la faiblesse de la surveillance et les preuves limitées font que les réalités peuvent s’avérer plus importantes que ce qui est révélé actuellement. D’où l’urgence d’agir avec des moyens plus conséquents. « Nous craignons que nous assistions à davantage de décès en Afrique compte tenu de l’association avec le VIH », souligne-t-il. Pour gérer l’épidémie, Africa CDC a signé un accord de partenariat avec l’Autorité de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (HERA) de la Commission européenne et Bavarian Nordic pour fournir plus de 215 000 doses du vaccin MVA-BN®, le seul vaccin Mpox approuvé par la FDA et l’EMA. L’agence veillera à une distribution équitable en priorisant les pays les plus touchés.

La variole du singe est une maladie virale causée par un virus qui se divise en 2 sous-clades (Groupement de plusieurs embranchements de plantes ou d’animaux ayant une organisation et une origine communes). Les symptômes comprennent une éruption cutanée et de la fièvre. La maladie se transmet d’homme à homme, par des matières contaminées ou par un animal infecté.

Fatoumata Maguiraga