STAMP : une réponse digitale aux problèmes de pâturages

STAMP (Sustainable technology adaptation for Mali’s pastoralists) est un projet qui met à la disposition des éleveurs des informations géographiques satellitaires sur la disponibilité en biomasse, en eaux de surface et sur la concentration d’animaux autour de ces ressources. Le projet intervient dans les régions de Gao, Ménaka, Kidal, Tombouctou et Mopti. Il est mis en œuvre depuis 2015 par la SNV (Organisation néerlandaise de développement), en partenariat avec Orange Mali, le prestataire international en télédétection Hoefsloot Spatial Solution (HSS), l’organisation d’éleveurs Tassaght et le ministère de l’Élevage et de la pêche.

Lancée en 2015, la première phase du projet a pris fin en 2018 et concernait uniquement les régions de Gao et de Ménaka. Le projet a été par la suite étendu dans sa deuxième phase, en 2018, à Kidal, Tombouctou et Mopti. Il est maintenant dans sa troisième phase, sous le nom de STAMP+ Extension, jusqu’en 2023.

Le projet, à travers son service d’information GARBAL, lancé en 2017, fournit un service adapté aux besoins des utilisateurs en matière de prise de décisions à partir de simples téléphones mobiles, grâce à un appel vers un centre géré par Orange Mali ou à travers une requête via un menu USSD. En appelant le numéro court « 37 333 » ou en envoyant une requête USSD au #222#, les éleveurs peuvent accéder en temps réel à des informations géographiques satellitaires sur la qualité et la disponibilité de la biomasse, la disponibilité en eaux de surface, la géolocalisation des infrastructures pastorales et le niveau de concentration du bétail autour des ressources. GARBAL fournit également des conseils sur l’exploitation agricole et pastorale, la santé animale, les prévisions agrométéorologiques sur la pluviométrie et les prix des céréales sur les marchés.

Depuis son lancement, le service a enregistré 1 307 appels et 84 816 demandes USSD émises par 55 821 utilisateurs. « À terme, comme résultats il est attendu que 45 000 exploitants pastoraux et agropastoraux, dont 15% de femmes et de jeunes, augmentent leurs revenus de 10% grâce à des solutions numériques intégrées », explique la  SNV.

Le projet est mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat public – privé financé à hauteur de 3 milliards et demi de francs CFA (5,7 millions d’euros) par le Royaume du Pays-Bas. Après 2023, le bailleur se propose de le connecter à d’autres initiatives d’innovations digitales dans le domaine agricole dans la sous-région, notamment au Niger et au Burkina.

FEBAK :  Allier passion et business

 

Ils pourraient presque passer inaperçus à la douzième Foire exposition internationale de Bamako (FEBAK), ils n’en affichent pas moins fière allure. Avec une paire vendue 300 000 francs CFA, ces oiseaux et autres lapins, venus d’ailleurs mais élevés au Mali, font le bonheur de leur éleveur et constituent l’une des attractions de ce rendez-vous d’affaires de Bamako.

Loin des chapiteaux éclairés et climatisés, Moussa Diarra et « ses amis » occupent un stand au sud-ouest du Parc des expositions avant l’entrée des chapiteaux. Sollicité par les curieux, le propriétaire des animaux se réjouit de l’engouement croissant des visiteurs. « Je participe à la foire depuis les premières années, avec beaucoup de bonheur. Mon objectif est de faire découvrir ma passion. Les gens sont vraiment intéressés », nous confie Moussa Diarra, passionné de pigeons depuis son plus jeune âge. Proposant des « pigeons romains » venus d’Italie, dont la paire coûte 300 000 francs CFA, un couple de lapins venu de France, dont le mâle peut atteindre 7 kilogrammes et mesurer 50 centimètres, et des poulets ou des moutons aux tailles peu ordinaires, M. Diarra se consacre depuis environ une trentaine d’années à l’élevage de ces animaux insolites. Même si « ce n’est pas que pour l’argent », il avoue bien gagner sa vie. Lui qui menait parallèlement des activités de commerçant a fini par laisser la boutique à son frère pour se consacrer exclusivement à sa passion. « L’élevage est une activité rentable. Et ces animaux demandent énormément de soins et d’attention », ajoute-t-il. S’ils coûtent relativement cher, ces animaux s’achètent pourtant comme des petits pains, selon l’éleveur. « Ceux qui achètent sont aussi passionnés comme moi. Certains s’adonnent à l’élevage pour revendre. Les gens s’étonnent des prix, mais il faut savoir c’est d’abord une question de passion ».

Pour entretenir ses animaux, qu’il élève chez lui, M. Diarra a embauché 3 personnes. Certaines espèces, au départ, ont eu des difficultés d’adaptation, problème vite résolu grâce à l’expérience de l’éleveur. « Je faisais appel au départ à des vétérinaires, mais avec le temps, le fait de vivre avec eux m’a permis de comprendre leurs besoins. Il n’y a pas de pertes dans l’élevage, mais beaucoup d’avantages », conseille M. Diarra à ceux qui veulent se lancer. Lui, en tout cas, n’entend pas s’arrêter en si bon chemin et envisage d’aménager son champ pour accueillir tous ses animaux ». Mais ceci demande un investissement important. Je m’y prépare », conclut-il.

SIAGRI 2016: Encore quelques heures…

Démarré le 24 mars dernier, le Salon international de l’Agriculture du Mali fermera ses portes le 3 avril. La biennale a cette année décidé de voir les choses en grand et s’est déplacée sur le site de la Foire Expositions de Bamako (FEBAK) ou plusieurs centaines d’exposants accueillent les visiteurs qui se pressent dans les stands. Vendredi matin, la route de l’aéroport international Bamako-Sénou fourmille déjà  de monde. Le site du Siagri, reconnaissable grâce à  sa mascotte énorme installée à  l’entrée : un tracteur vert. Un ticket pris à  l’entrée et les fouilles de sécurité obligatoires, voici le Salon spécial « mécanisation ». Des tracteurs, des installations piscicoles, des machines à  pomper l’eau, bref, tout ce que la technologie offre comme possibilités aux producteurs agricoles, quelque soit leur secteur. Le Salon est structuré autour de trois pôles : pôle machines agricoles, pôle animaux et stands d’exposition. Pour cette 6ème édition, 16 pays étaient présents dont la France. Dans les stands, il y a de tout. Des produits manufacturés, des engrais et semences, des sociétés de services mais aussi les professionnels de la mode dont C’’est la toute première participation. Ils exposent des vêtements et autres accessoires faits avec des produits textiles locaux et espèrent inspirer les transformateurs afin qu’ils investissent dans ce secteur. Parmi ceux qui attirent du monde, on peut citer ‘’Fofy industries ». La société, connue pour la fabrication de matelas et de mobiliers expose des cuves en polyéthylène fabriquées au Mali ainsi que des abreuvoirs pour animaux, les bacs sanitaires. Un peu plus loin, ‘’Agriplus », spécialiste des semences en graines conservées en boite, qui propose de nouveaux produits venus d’Italie et du Japon. Les nouveautés, il y en a aussi au stand de ‘’Total et Total Excellium », venu exposer les lampes solaires ‘’awango », ainsi qu’une huile spécialement conçue pour matériels agricoles. ‘’La vieille marmite » et bien d’autres restaurants sont également présents. La transformation agricole a également une part belle, avec les stands de « Chez la Fermière » ou « Les douceurs de la ferme » qui proposent une variété de produits locaux, dont on peut trouver des versions moins élaborées auprès des nombreuses coopératives de femmes qui sont présentes avec l’appui des projets de développement. Le but premier des expositions est la prise de contact des exposants avec des entreprises et structures œuvrant dans leur domaine, tel que l’IER (Institut d’Economie Rural), l’office du Niger ou encore la BIM, pour des financements. Le but second est, bien sûr, la vente d’articles aux visiteurs curieux. Animaux vedettes En sortant, on ne quitte pas l’espace du Salon, car la foire C’’est aussi l’exposition des véritables stars du Siagri : les animaux ! Des bovins gigantesques dont certains dépassent la tonne et de nombreuses autres bêtes : s moutons et chèvres de taille impressionnante, mais aussi chevaux, autruches, dromadaires, chameaux, tortues terrestres, lapins, poulets et pigeons, etC’…La plupart étant destinés à  la reproduction, ils coutent assez chers, comme ces poulets métisses dont la paire est vendue à  250 000Fcfa ! Plus loin, niché à  gauche et éloigné pour plus de sécurité publique, le stand reptilien ; des serpents d’eau, cobras, serpents de sable et vipères noires sont visibles du grand public, enfermés dans des bacs vitrées. « Je n’avais jamais vu de dromadaire, je les voyais à  la télé. Mais-là , J’ai été très heureux de m’approcher des dromadaires venus du nord » se réjouit Moussa Sissoko, 25 ans, étudiant à  la FSJP de Bamako. Pour lui, le SIAGRI, qu’il visite pour la première fois, est une belle initiative qui permet aux jeunes bamakois qui n’ont pas la chance d’aller en milieu rural de voir certains animaux qui sont élevés au Mali et même certaines plantes comme le riz, le mil, etc. Moussa Sissoko n’est pas un cas isolé. Accompagner de leurs parents ou seuls, de nombreux bamakois ont trouvé un nouveau pôle d’attraction dans leur capitale. D’autant plus que tous les soirs, une animation musicale est offerte sur la scène installée dans la cour et autour de laquelle les visiteurs peuvent esquisser quelques pas avant de quitter le salon. Le SIAGRI 2016 prend fin le 3 avril prochain.

Agriculture : vers la révolution verte ?

l’avenir du Mali, pays agro-sylvo-pastoral par excellence, repose essentiellement sur le monde rural. Les premiers dirigeants en ont fait le socle de leur action. « C’’était une vision collectiviste de l’agriculture. Tous les paysans se retrouvaient dans des entités qui fournissaient les intrants. Ce qui permettait à  chacun de produire sereinement une récolte qui était ensuite à  la disposition de la coopérative, qui la répartissait selon les besoins. Ce schéma a duré jusqu’aux ajustements structurels débutés dans les années 80 », explique Kassoum Denon, ministre de l’Agriculture. La sécheresse des années 70 avait entre temps poussé à  la création des Opérations de développement rural (O. « Nos devanciers ont imaginé de les lier à  chaque zone hydro-agricole. Il y a ainsi eu l’opération arachide, les opérations riz de Ségou et de Mopti, l’opération mil de Mopti, l’opération Haute-vallée du Niger, au nord, l’opération zone lacustre, ou encore l’opération blé-Djiré », poursuit le technicien. Parmi les structures à  avoir survécu, l’Office du Niger et la Compagnie Malienne de Développement du Textile (CMDT), deux piliers de l’agriculture malienne. La création des ODR dans les années 80 a marqué un tournant dans la gestion du secteur. Ces établissements publics à  caractère administratif, recentrés sur les activités de production, d’organisation du monde rural et de maintenance des infrastructures, étaient liés à  l’à‰tat par un contrat plan permettant d’évaluer leur efficacité. Une révolution nommée LOA La Loi d’Orientation Agricole (LOA), promulguée en septembre 2006, a lancé une nouvelle dynamique. Document cadre, elle couvre l’ensemble des secteurs de production rurale, l’agriculture au sens strict, l’élevage, la pêche et l’aquaculture, la gestion faunique, et la foresterie, ainsi que des activités connexes telles que la commercialisation, la distribution, et les autres services agricoles. « Elle engage le Mali dans une réforme agricole d’une très grande ampleur » peut-on lire dans le préambule du texte. Un engagement concrétisé par l’allocation de 15% du budget national à  l’agriculture, et une production de céréales qui dépasse les 8 millions de tonnes pour la campagne 2015-2016. la productivité. De la terre et de l’eau en abondance Les ressources naturelles nécessaires à  l’agriculture sont en général disponibles sur toute l’étendue du territoire malien. La mise en place des zones hydro-agricoles a permis de spécialiser les producteurs et de faciliter leur encadrement par les services techniques, que ce soit la recherche, à  travers l’Institut d’économie rurale (IER), les services agro-météorologiques ou les vulgarisateurs déployés sur le terrain par les ministères en charge du Développement rural. Cependant, malgré ce potentiel et la volonté politique affichée, le secteur est encore très en deçà  de ses possibilités. Sur les 43,7 millions d’hectares utilisables pour l’agriculture et l’élevage, seuls 3,2 millions sont cultivés, dont moins de 300 000 ne bénéficient d’autres sources d’eau que la pluie. Le producteur malien est en effet très dépendant des variations de la pluviométrie et de la dégradation des sols..à€ cela s’ajoutent les mauvaises pratiques comme les feux de brousse, qui affectent 14 millions d’hectares chaque année. Irrigation, équipement et recherche pour booster le secteur Pour assurer la maà®trise de l’eau, « nous sommes en train de développer l’irrigation d’appoint », explique Moussa Camara, directeur national de l’agriculture. « Le paysan malien ne sait pas qu’il peut irriguer les cultures sèches comme le riz (2,4 millions de tonnes) ou le maà¯s (2 millions de tonnes) », poursuit-il. Deuxième chantier, C’’est l’équipement agricole. Le taux d’équipement a certes augmenté (45% en 2015), mais il est encore « faible par rapport à  nos ambitions ». l’objectif étant que tous les paysans, éleveurs, pêcheurs et arboriculteurs soient dotés de matériels leur permettant d’optimiser leur activité. Pour Bakary Togola, président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), qui réunit toutes les fédérations sectorielles, « la mécanisation de l’agriculture malienne est la clé de son développement ». Son organisation en a d’ailleurs fait le thème de sa grand-messe bisannuelle, le Salon international de l’agriculture du Mali (SIAGRI), dont la sixième édition s’ouvre ce 24 mars. l’augmentation du nombre d’infrastructures participe également de cet effort de modernisation. Des investissements colossaux contribuent à  améliorer les rendements (étangs piscicoles et ports pour le poisson, ou encore périmètres irrigués pour l’agriculture), à  rapprocher les producteurs des centres commerciaux, mais aussi des unités de transformations qui commencent à  essaimer. Quant à  la recherche malienne, « elle se concentre dorénavant sur la proposition de solutions aux entrepreneurs agricoles afin qu’ils puissent valoriser la production locale », explique le Dr Bréhima Dembélé, Directeur général de l’IER. Cette structure, qui coordonne la recherche agricole, est financée à  40% par l’à‰tat et travaille depuis les années 90 étroitement avec les producteurs afin de leur proposer des solutions adaptées à  leurs besoins. « Le challenge aujourd’hui, C’’est l’adaptation aux changements climatiques qui sont une véritable menace pour tous les secteurs de notre agriculture », conclut le chercheur, qui rappelle que la grande majorité des semences utilisées provient des laboratoires maliens. Grâce à  la LOA, des actions comme l’Initiative Riz, qui a permis d’aller à  une croissance rapide de la productivité, ont vu le jour. « La subvention des intrants nous a permis de cultiver sereinement », se réjouit Mamadou Coulibaly, cultivateur, qui exploite un hectare de riz et autant de maà¯s à  Ouezzindougou. Entachée par des « affaires » liées à  la gouvernance, cette opération n’en a pas moins été considérée comme un succès. Aux dires des techniciens, les filières maà¯s et bétail viande ont également connu un essor considérable. Déclinée en politique de développement agricole, la LOA a donné naissance à  un Plan national approuvé en 2015. Ce dernier, à  travers la mise en avant des différentes filières, permet une prise en charge de tous les aspects, de la production à  l’exportation, en passant par la transformation et la commercialisation. Le plan de campagne agricole 2016-2017 validé en comité technique à  la Primature le 21 mars s’inscrit dans cette démarche et prévoit une amélioration substantielle de la production et de

Ferme Klédu : le business de l’autruche

Bâtie sur trois cents hectares, la ferme Klédu est un complexe o๠se pratique l’apiculture, l’élevage, l’agriculture biologique et la laiterie. Ici, la préservation de l’environnement et de l’écosystème sont des réalités. Difficile de croire qu’on se trouve en Afrique avec le respect des consignes et une police forestière en ronde permanente. Normal, me direz vous, nous somme dans la plus grande ferme d’Afrique de l’ouest, o๠se côtoient trois mille autruches. Un élevage peu ordinaire Grandes, majestueuses, elles dépassent les humains d’une bonne hauteur et leur en imposent avec leurs cris et leurs becs largement ouverts. Le cou long, les pattes retournées et recouvertes par une peau écailleuse qui rappelle la peau du serpentée, les plumes mixtes noires et blanches, les foulées petites, l’autruche exige le respect du visiteur. Cet oiseau réintroduit au Mali est parti pour faire le bonheur du tourisme national. Il se vend bien, attire du monde, produit de la richesse et nourrit les humains. Son œuf peut peser deux kilogrammes et éclos au bout de quarante deux jours. Un sac produit avec sa peau coûte au bas mot cent cinquante milles francs CFA. Pour l’heure, la ferme Klédu vend des autruches sur commande et refuse l’abattage d’autant que l’objectif est d’avoir dix milles individus dans trois ans pour devenir le premier producteur d’autruches au monde. Un rêve ! Plutôt une passion que partage une équipe déterminée à  innover dans tous les secteurs de l’agriculture. Tirer profit de la nature en la respectant La ferme Klédu est une oasis. Elle se trouve sur la route de Baguineda à  prés de trente kilomètres du stade du vingt six mars. Il faut dépasser Yirimadio, Niamana, Tabakoro, Dialakorobougou, Baguineda et emprunter une piste latéritique à  partir de Sadiouroubougou pour y accéder. A l’entrée de la ferme est un bâtiment qui abrite des appareils ultramodernes de fabrication de miel naturel. La production avoisine mensuellement trois tonnes. Demain, elle sera décuplée pour faire du Mali le premier producteur mondial. l’agriculture biologique occupe une place prépondérante dans cette ferme qui a commencé à  faire de la transformation de jus naturels. Papayes, melons, oranges et autres espèces y sont cultivées grâce au système du « goutte à  goutte ». A terme, toutes les organisations communautaires de base des villages environnants profiteront des opportunités de la ferme qui produit du lait grâce à  des vaches venues du Tchad et de la Hollande mais également des dromadaires. l’objectif à  ce niveau est de faire faire le tour de la ferme aux touristes en dromadaire. Autre particularité de la ferme, l’élevage des tortues. Cette espèce en voie de disparition au Mali est choyée à  la ferme Klédu o๠vivent plus vingt cinq mille sujets. Il est même prévu sous peu le lâchage de quelques milliers de tortues dans les forêts classées. La ferme emploie une centaine de personnes et s’investit dans la formation agro-silvo-pastorale et en foresterie. Elle avance lentement mais sûrement. Dernièrement, les autorités de l’UEMOA ont visité l’infrastructure et comptent l’inscrire dans le guide touristique sous-régional.

Elevage dans l’espace CEDEAO : les experts réunis à Bamako

Un secteur à  faible productivité Selon les chiffres récents, le sous secteur de l’élevage représente environ 35% du PIB agricole de l’espace CEDEAO et fournit dans les pays du Sahel en moyenne 30% des recettes agricoles. Avec 60 millions de têtes de bovins, on compte 197 millions de petits ruminants et 445 millions de volaille, dans la sous région, de quoi assurer une certaine autosuffisance alimentaire. Sauf que le secteur souffre d’un manque de productivité et de transformation des sous produits de l’élevage, ce qui ralentit le développement de la filière. A titre d’exemple, la production de l’ensemble des viandes et laits représente environ 20 millions de tonnes, mais cela reste insuffisant pour couvrir les besoins de consommation, nettement plus élevés. Toutefois le volume des importations de viandes de volaille, est en hausse pour une valeur annuelle de 156 millions de dollars US. De même que celui des produits laitiers est passé, de 323 millions de $ à  740 millions de $. Soit une augmentations de 129%. Reste que la demande en produits animaux augmente dans l’espace Cedeao en raison d’un accroissement de la démographie. D’o๠la tenue de cette réunion à  Bamako. Booster le secteur de l’élevage Selon Ousseini Salifou, le commissaire chargé de l’Agriculture, de l’environnement et des ressources en eau de la CEDEAO, le défi majeur est d’augmenter la production pour répondre aux besoins nationaux. En surmontant les obstacles : faibles investissements et rares subventions accordées au secteur, les contraintes climatiques, sanitaires, le faible potentiel de transformation, de conditionnemenet ou encore de commercialisation des produits de l’élevage. En 2009, les ministres en charge de l’élevage, du commerce et de la sécurité d’Afrique de l’Ouest avaient recommandé lors du forum de Niamey, que la Cédeao formule un plan d’action stratégique à  long terme pour le développement de l’élevage qui prévoit un Programme National d’investissement adopté par les 15 de la CEDEAO et déclinés en plans d’investissements détaillées, ainsi qu’un Programme Régional d’Investissement Agricole (PRIA). L’objet de la réunion de Bamako est d’adopter le plan 2011-2015, qui bénéficie déjà  d’une allocation budgétaire de la CEDEAO et de plusieurs partenaires au développement tels que l’Union Européenne, la Banque Mondiale et bien d’autres.

Mopti : Tensions autour des bourgoutières

Privée de son bien Les tensions consécutives à  l’attribution des bourgoutières couvent encore dans le milieu des éleveurs au Mali. Le cas d’espèce qui nous est soumis étend ses origines depuis le temps colon. Ce cas figure risque aujourd’hui de dégénérer en un conflit inter-ethnique si les autorités administratives de la localité venaient à  échouer dans leur médiation. A la fin des années 50, la famille Tiambawel est dépossédée de son bien le plus précieux, son « Bourgou » à  Dialloubé. En effet, à  cette période, Dialloubé venait de connaitre son tout premier chef d’arrondissement. Choisi dans le rang des Bocoum, ce dernier, prénommé M’Body n’a pas hésité à  servir d’abord sa famille aux risques et périls des autres, et particulièrement la famille Tiabawel. Grande famille d’éleveurs, ils sont du jour au lendemain privés de leur pâturage naturel, pourtant exploité depuis un demi-siècle. D’une superficie de plusieurs hectares, ledit bourgou permettait de nourrir chaque jour des milliers de têtes d’animaux. « Ce bourgou est bel et bien le nôtre » dixit Aly SIDIBE Contrairement à  ce que prétendent les Bocoum, la lignée de Tiambawel a bel et bien continué. l’appartenance de ce bourgou est prouvée par le fait que « son vrai propriétaire est Bella Haboussa Oumarou dit Ardo Macina. Ce dernier a laissé six héritiers dont Tiambawel. Avant son décès, Tiambawel a, à  son tour, attribué à  chacun de ses héritiers un troupeau et un Bourgou», a confié Aly Sidibé, porte-parole de la famille Tiambawel et descendant des Tiambawel. Se voyant déshéritée de force, C’’est dans la solidarité que toute la famille Tiambawel s’est regroupée pour porter plainte au niveau des autorités administratives. En 2008, les Tiambawel ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Pour ce faire, ils ont usé de plusieurs voies de recours qui se sont avérées infructueuses. En ce sens que, jusqu’ici, les négociations ont toujours été aux dépens de la famille Tiambawel. N’ayant pu digérer son mal, cette dernière se dit, aujourd’hui, déterminée à  pousser jusqu’au bout pour que justice soit faite, et que son « Bourgou » lui revienne. Accès interdit au bourgou Les Tiambawel sont amers. Après avoir pu finalement reconstituer son cheptel, la famille s’est vue refusé le droit de revenir avec ses troupeaux sur ses terres.. « Du 1er au 30 décembre, il y’ aura un évènement à  Kamaka, dans l’arrondissement de Togéré Koumbé. Cet évènement est en train d’être monté par la famille Bocoum pour contrecarrer notre projet de faire descendre nos animaux dans ledit bourgou », a confié Aly Sidibé. La famille Tiambawel est à  présent plus que décidée à  faire face et à  revendiquer son droit. Le poids de l’adversaire ne lui fait pas peur. Il est vrai que le sieur Ousmane Bocoum jouit d’une grande influence dans la région. En effet, cet homme, non moins fonctionnaire à  la CEDEAO, a usé de tous les moyens pour tenter d’intimider les autorités administratives locales dans la gestion de l’affaire. Pourvu que ces derniers ne se laissent pas faire en sacrifiant justice et équité.

Sécurité alimentaire au nord Mali: l’urgence de la crise

De nouveau, C’’est le nord du pays qui est touché par une crise alimentaire. Mais, selon la Commissaire à  la sécurité alimentaire, Mme Lansry Nana Yaya Haidara, la crise sévit beaucoup plus sur les éleveurs qui assistent impuissants à  la mort de leurs animaux. La vigilance et l’anticipation n’ont jamais été de trop au Commissariat à  la sécurité alimentaire (CSA). En témoigne le dispositif mis en place pour combattre l’insécurité alimentaire dans notre pays. Sur l’axe de prévention, le CSA rédige chaque année un plan national de réponse aux difficultés alimentaires. Concernant les Banques de céréales, elles sont implantées dans toutes les communes du Mali. Dans les prochains jours, le CSA prévoit d’opérer des missions de suivi-évaluation dans certaines régions pour quantifier la réception des stocks et leur fonctionnement. 23 communes touchées par la crise Aujourd’hui, elles sont 23 communes à  être en difficulté au nord du Mali entre (Gao et Kidal) et 20 autres qui font face à  une insécurité économique. Selon les données du système d’alerte précoce, la population totale des communes en difficultés alimentaires et qui a besoin d’une assistance d’urgence, est estimée à  258118 personnes. Avec les efforts du CSA et l’ensemble de ses partenaires, des mesures d’urgence sont entrain d’être prises. Au nombre des actions, il faut citer la distribution gratuite de 6970 tonnes de vivres à  travers les 23 communes, l’achat, l’acheminement et la vente de 2000 tonnes de riz et 1000 tonnes d’aliments bétail. Le rôle des ONG Par ailleurs, la mise en œuvre d’un programme d’approvisionnement en eau potable de la ville de Kidal s’élève à  plus d’un milliard de Fcfa. Sans oublier les apports du Programme alimentaire mondial (PAM),le Fond mondial pour l’alimentation (FAO), et l’UNICEF dans le volet enfants. Les ONG et le CICR, pour leur part ne sont pas en reste dans le nord du Mali (il s’agit notamment Action contre la Faim, de Save The Children, d’Hellen Keller International, d’OXFAM…). Ces organismes mènent beaucoup d’actions de lutte contre la malnutrition. Pour contribuer au renforcement du CSA, le Collectif des ressortissants de Kidal à  Bamako a mobilisé 16 millions Fcfa et 220 tonnes de riz pour les populations Des mesures d’envergure pour les éleveurs l’impact de la crise alimentaire est particulièrement ressenti sur le secteur de l’élevage. En effet, les animaux meurent comme des mouches. C’’est pourquoi l’appui du Fonds mondial pour l’alimentation (FAO) a été déterminant pour les pasteurs et éleveurs de Kidal. l’organisme est actuellement sur place à  Kidal pour les opérations de distribution de kits vétérinaires et d’aliment bétail. Plus de 4000 personnes bénéficieront de cette assistance. Quant à  l’UNICEF, elle est en phase d’exécution des opérations de désenclavement des puits et des forages tout autour de Kidal. Selon nos sources, le Ministère de l’Elevage et de la pêche recevra du Japon des fonds pour l’achat de 2 000 tonnes d’aliment bétail. l’offensive du Gouvernement contre la faim Le Gouvernement du Mali, à  travers le commissariat à  la sécurité alimentaire (CSA) a effectué une distribution gratuite de 6970 tonnes de vivres dans les 23 communes (celles de Gao et celles de Kidal) identifiées par le système d’alerte précoce (SAP). Et la répartition de 22 000 tonnes de riz et 1000 tonnes d’aliment bétail à  Kidal ainsi qu’un programme d’adduction d’eau en cours d’exécution. Rappelons que la forte pluie qui s’est abattue sur la région de Tombouctou dans la nuit du 12 au 13 juillet, a causé de grandes inondations qui ont détruit plus de 45 000 tonnes de riz. Pour une situation alimentaire qui était déjà  précaire, les choses ont empiré. Par ailleurs, l’eau a envahi 172 maisons. Du coup, le nombre de personnes sans abris a augmenté…

Pastoralisme en Afrique de l’Ouest : Le réseau « Billital Maroobé » sonne l’alerte !

Pour le Réseau «Â Billital Maroobé » et son partenaire Oxfam international, cet événement offre l’opportunité pour les décideurs et les partenaires d’apporter des réponses adéquates aux préoccupations des éleveurs et pasteurs ouest-africains En effet, les pertes massives du Cheptel sont à  craindre si l’aide et l’appui aux éleveurs ne sont pas déclenchés maintenant. Des signaux plus qu’alarmants Dans le diagnostic opéré par le Réseau, il ressort que les problèmes de pâturage se posent, bien que la saison pluvieuse soit à  peine terminée. Toute chose qui laisse entrevoir de vives inquiétudes quant à  la survie des animaux et de l’activité pastorale. Ainsi, dans certains pays le déficit de besoins globaux du cheptel en fourrage est estimé à  60 voire 80%. De plus, un assèchement précoce des points d’eau, et des principales sources d’abreuvement du cheptel a été noté, entraà®nant un début précoce de la transhumance qui, en temps normal, devrait survenir aux mois d’avril et mai. Au Niger actuellement, seul un tiers des besoins fourragers est couvert, soit huit millions de tonnes de matières sèches contre 24 millions de tonnes en temps normal. Pour ce qui est du Tchad, le Mali, et le Burkina, la situation est presque identique. Déficit céréalier Selon Boureima Dodo, secrétaire technique du Réseau «Â Billital Maroobé », la situation est d’autant plus préoccupante que le nord du Nigeria connaà®t un déficit céréalier qui pourrait entraà®ner une remontée des éleveurs nigérians vers les pâturages du Niger en quête de vivres et de fourrages. Du coup, «Â la transhumance perçue comme une solution pose souvent des problèmes sérieux dans les pays côtiers du sud comme le Togo et le Bénin ou les périodes officielles de transhumance ont d’ailleurs été réduites ». En raison du fait que 30% de la population sahélienne vit de l’élevage, les politiques nationaux doivent se pencher sur les aspects pastoraux. C’’est donc, après une prise de conscience de ces paramètres, on ne peut plus inquiétants, que le Réseau «Â Billital Maroobé » soutenu par son partenaire Oxfam International, s’est acquitté du devoir de lancer un pressant appel au CILSS, aux Etats de la région ainsi qu’aux ONG ainsi qu’aux agences onusiennes pour venir en aide aux éleveurs afin de prévenir toute détérioration éventuelle de la situation. «Â  Pour Mahamadou Alfari Maiga, agent d’Oxfam, (et coordinateur régional du plaidoyer pour la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest), des évaluations et des études doivent être faites maintenant pour mesurer l’ampleur du problème tout en envisageant des solutions concertées. Sécurité Alimentaire En sa qualité de partenaire privilégié, Oxfam s’est toujours attelé à  « donner de la voix » au Réseau « Billital Maroobé » afin que ce dernier arrive à  s’exprimer sur la situation pastorale, susceptible de porter de sérieux préjudices à  la sécurité alimentaire. Ne bénéficiant d’aucun système d’alerte précoce, l’élevage, à  n’en pas douter, apparaà®t nettement comme le secteur de production le plus marginalisé. Bien qu’il bénéficie à  plus de 30% des populations sahéliennes, il ne dispose, à  présent, d’aucune politique cohérente. « Nous demandons aux Gouvernements d’avoir le courage politique de reconnaà®tre la dramatique situation de l’élevage, de créer des cadres de concertations entre acteurs du secteur, et d’élaborer des plans d’atténuation des effets environnementaux. Cette rencontre avec la presse s’est tenue en prélude à  la 25ème réunion annuelle du Réseau de prévention des crises alimentaires, qui s’ouvre aujourd’hui à  Bamako.