Mali Ko : La jeunesse au rythme de la mémoire musicale

De juin à décembre 2025, le projet culturel Mali Ko… sillonnera onze villes du pays pour faire revivre dix-neuf chansons emblématiques à travers les voix de jeunes artistes. Une initiative portée par Africa Scène et Blonba et soutenue par l’État malien.

Du Mali des années 60 à celui des plateformes numériques, la mémoire musicale nationale prend un nouveau souffle. Le projet Mali Ko… (Le Mali dit…), lancé dans le cadre de l’Année de la Culture, s’inscrit dans une volonté de transmission intergénérationnelle à travers la musique, l’image et le débat citoyen. Chaque ville sera élevée au rang de capitale culturelle éphémère, devenant à la fois une scène de spectacle, un lieu de mémoire et un laboratoire d’expression. Le choix de villes parfois éloignées du circuit culturel habituel est pleinement assumé.

Porté par Africa Scène et l’Espace Culturel Blonba, le projet revisite dix-neuf titres majeurs du patrimoine malien. On y retrouve des classiques comme Mali ba de Bazoumana Sissoko, Tassidoni du Super Biton, Nyama Toutou de Nahawa Doumbia, Chérie d’Ali Farka Touré, Mamaya d’Ami Koïta, Dimanche à Bamako d’Amadou et Mariam, Mali Twist de Boubacar Traoré Kar Kar, Bi furu de Oumou Sangaré, Mali Sadio de Mangala Camara, Can 2002 de Neba Solo. Ces chansons seront interprétées par six artistes contemporains : Malakey, Young BG, Dr Keb, Black AD, Mamou Fané et Maimouna Soumounou.

Avec un budget prévisionnel de 150 millions de francs CFA, soutenu par le ministère de la Culture et la GIZ à travers le programme Donko ni Maaya, la tournée traversera onze villes : Tombouctou, Mopti, Ségou, San, Koutiala, Sikasso, Bougouni, Koulikoro, Kita, Kayes et Bamako.

Chaque étape donnera lieu à un spectacle-concert de 2h30, conçu comme une mise en scène vivante du répertoire, sous la direction d’Alioune Ifra Ndiaye. Les jeunes artistes réécriront parfois les morceaux ou les adapteront sans les trahir, pour les faire résonner avec les réalités actuelles.

En parallèle, un album musical rassemblera les versions revisitées. Le projet investira également les écrans avec une série documentaire de 40 épisodes centrée sur les coulisses de la tournée et les villes visitées. Dix talk-shows de 90 minutes donneront la parole aux artistes, au public et aux figures locales.

L’objectif est d’atteindre 150 000 spectateurs en présentiel, 3 millions de téléspectateurs et 1 million de vues numériques. Mais, au-delà des chiffres, il s’agit surtout de réconcilier une génération avec son histoire par l’art.

À travers Mali Ko…, la jeunesse malienne devient actrice d’un récit national qui se chante, se partage et s’invente au présent.

« Mali Ko… » : Quand le Mali parle, chante et se raconte à sa jeunesse

Sous le sceau de l’Année de la Culture proclamée par les autorités maliennes, le lancement du projet « Mali Ko… (Le Mali dit…) » marque un tournant pour la scène culturelle nationale. Cette initiative ambitieuse, portée conjointement par Africa Scène et l’Espace Culturel Blonba, s’appuie sur une dynamique inédite de création, de diffusion et de mobilisation citoyenne.

Du mois de juin à celui de décembre, elle sillonne onze grandes villes du pays, avec pour ambition de réconcilier la jeunesse malienne avec son histoire, sa mémoire musicale et son avenir collectif.

Abdou Guitteye, directeur d’Africa Scène et coordonnateur général du projet, évoque une nécessité sociale autant qu’un devoir culturel. « Ce projet, nous l’avons pensé comme une grande conversation nationale entre les générations. Le Mali est riche d’une mémoire musicale que nos jeunes n’écoutent plus, parce qu’on ne la leur donne pas à entendre dans leur langue, dans leur époque. Il ne s’agit pas de nostalgie mais de transmission. Le Mali a beaucoup à dire, et il doit le dire avec les voix d’aujourd’hui. »

Pendant sept mois, de Tombouctou à Bamako en passant par Ségou, San, Bougouni, Sikasso ou Kita, chaque ville traversée sera symboliquement élevée au rang de capitale culturelle du Mali. Dans les stades, les quartiers, les plateaux de télévision et les réseaux sociaux, la parole musicale se mêlera à l’image, au récit et au débat. Le projet mobilise un budget prévisionnel de 150 millions de francs CFA, avec le soutien du ministère de la Culture et du programme Donko ni Maaya, mis en œuvre par la GIZ.

Au cœur de Mali Ko…, dix-neuf chansons majeures du patrimoine musical national, des années 1960 aux années 2000, ont été sélectionnées. Des titres comme Mali Twist de Boubacar Traoré, Mali ba de Bazoumana Sissoko, Diadjiri de Fanta Damba, Tassidoni du Super Biton, Kulukutu de l’orchestre Kanaga de Mopti, Bi furu d’Oumou Sangaré, Nyama Toutou de Nahawa Doumbia, Chérie d’Ali Farka Touré, Mamaya d’Ami Koïta ou CAN 2002 de Nyeba Solo seront réinterprétés dans une forme nouvelle, à travers la voix de la jeune scène contemporaine.

Six artistes porteront ces relectures : Malakey, Young BG, Dr KEB, Black AD, Maimouna Soumounou et Mamou Fané. Tous ont été choisis pour leur singularité artistique, leur ancrage local et leur capacité à résonner avec les aspirations urbaines de la jeunesse malienne. Ces jeunes voix ne reprennent pas seulement des titres, elles les revisitent, les réécrivent parfois, pour leur donner une nouvelle vie sans trahir leur âme.

Alioune Ifra Ndiaye, metteur en scène du projet et fondateur de l’Espace Blonba, précise l’intention esthétique et politique. « Il ne s’agissait pas de faire un spectacle patrimonial figé, mais un geste vivant, mobile, populaire. Nous avons voulu que chaque chanson redevienne ce qu’elle était à l’origine : un message, une mémoire, un outil de lien. Dans Mali Ko…, on ne chante pas pour plaire, on chante pour transmettre. Et on le fait avec rigueur, passion et exigence. »

Le projet s’exprime aussi à travers l’image. Une série télévisée de quarante épisodes, mêlant création documentaire, journal de bord et immersion dans les villes traversées, accompagnera la tournée. À cela s’ajouteront dix talk-shows de quatre-vingt-dix minutes, conçus comme des espaces de débat, de témoignage et d’expression populaire. La diffusion est prévue à la fois sur les chaînes publiques et via les réseaux sociaux, avec un objectif cumulé de trois millions de téléspectateurs et un million de vues numériques.

Mali Ko… vise une fréquentation directe de 150 000 spectateurs à travers ses spectacles-concerts. Mais au-delà des chiffres, c’est la portée symbolique qui importe : montrer que la culture malienne peut être à la fois savante et populaire, enracinée et innovante, locale et universelle.

Pour Abdou Guitteye, le choix de villes parfois éloignées des circuits habituels est un acte volontaire. « Ce n’est pas Bamako qui exporte son modèle. Ce sont les villes, les quartiers, les communautés qui deviennent les cœurs battants du projet. Chaque ville accueillera une création, une émission, un moment de partage. Nous voulons créer un effet de chaîne, une onde culturelle qui touche toutes les couches. »

Alioune Ifra Ndiaye insiste quant à lui sur la responsabilité des artistes dans le contexte actuel. « Le Mali traverse des moments complexes. Ce que nous disons avec Mali Ko…, c’est que l’art n’est pas un luxe. C’est un acte de souveraineté. Nous ne racontons pas le Mali pour en faire un folklore, mais pour en faire un projet. »

À travers cette initiative, Africa Scène et Blonba affirment une ligne claire : la culture est un levier de transformation, un facteur de cohésion, une force de projection collective. Mali Ko… n’est pas seulement un programme artistique, c’est un manifeste. Une invitation à dire, à écouter et à rêver un Mali debout, multiple et vivant.