Gao et Tombouctou : comment s’adapter au couvre-feu ?

Les couvre-feux instaurés à Gao et Tombouctou par les différents gouverneurs ont été prorogés le 9 octobre. Comment s’adaptent les populations et comment accueillent-elles cette prorogation ?

Après l’attaque du bateau de la COMANAV en provenance de Gao le 7 septembre dernier, avec 49 morts civils et 15 militaires maliens, et l’attaque le lendemain du camp de Gao par des groupes armés terroristes, un couvre-feu nocturne a été instauré dans la ville de Gao jusqu’au 9 octobre, reconductible. Presque dans la foulée, à Tombouctou, alors que la ville est soumise à un blocus et cible de tirs d’obus de la part du JNIM, le gouverneur de la région, le Commissaire divisionnaire Bakoun Kanté, a instauré également un couvre-feu allant du 11 septembre au 10 octobre 2023, de 20h à 6h du matin. Ces mesures ont été prorogées alors que les populations essayent encore de s’adapter. À Tombouctou, elles ont été un peu allégées, passant de 20h à 21h. Même si elle est contraignante, la majorité des habitants de Tombouctou approuvent la décision, selon des sources sur place. « La ville a besoin de sécurité, il faut moins de personne dans les rues, surtout la nuit, pour que les forces de l’ordre puissent faire leurs opérations de sécurisation à travers la ville », assure Tandina El Hadj Beyt’allah, blogueur de la Cité des 333 Saints. Il ajoute qu’il n’y a pas eu de grand changement dans les habitudes des Tomboctiens, « les gens s’habituent au couvre-feu, ils rentrent le soir à la maison avec des provisions ». À Gao, où le couvre-feu dure de 22h à 6h du matin, avec un allègement de 2 heures par rapport au mois dernier, les commerçants soufflent un peu mais réclament plus. Souley Ibrahim, un résident de Gao, affirme que depuis l’instauration du premier couvre-feu « la sécurité de la ville s’est nettement améliorée. Il n’y a pratiquement plus d’enlèvements et les habitants se sentent plus en sécurité ». Abdoul Karim Samba, Président d’une association locale de la société civile, affirme qu’un seul cas de braquage a été recensé durant la période du premier couvre-feu. Si la mesure est appréciée sur ce point, elle n’enchante pas une partie de la population, surtout les commerçants et les boutiquiers, qui sont obligés de fermer leurs structures dès 21h ou 22h. Une situation intenable, qui joue sur l’économie de la ville, selon la même source, car il y a plusieurs petits commerçants qui ne gagnent réellement que pendant la nuit. Avec le couvre-feu, il est difficile pour eux d’obtenir de quoi subvenir à leurs besoins.

La population des deux régions se dit résiliente, tout en espérant que cette situation ramène la sécurité et la paix sur leurs territoires.

Tombouctou : insécurité grandissante dans la région

Voilà bientôt un mois que l’insécurité croît dans la 6ème région administrative du Mali. Des attaques à répétition et un blocus visant les populations font vivre à Tombouctou des heures difficiles.

S’il fallait un énième incident sécuritaire sur les voies menant à Tombouctou pour prendre au sérieux la volonté des terroristes d’isoler la ville, il a eu lieu. Dans la nuit du 1er au 2 septembre dernier, le Fihroun Ag Alinsar, l’un des bateaux express de transport de passagers de la Compagnie malienne de navigation fluviale (COMANAF), a été victime d’une attaque dans le cercle de Youwarou alors qu’il venait de Mopti pour rejoindre la ville de Kabara, près de Tombouctou. L’attaque, perpétrée à l’arme lourde, a causé la mort d’un enfant de 12 ans et fait plusieurs blessés et des dégâts matériels.

La Cité des 333 Saints est depuis quelques semaines soumise à une pression de la part des Groupes armées terroristes (GAT), notamment le JNIM, qui, selon des sources locales, imposent un blocus à la ville depuis trois semaines.

« Tombouctou est bien sous blocus depuis mi-août. Les denrées de première nécessité n’entrent plus depuis maintenant deux semaines », assène Mohamed Ag Alher Dida, journaliste-blogueur local. « Ça a commencé d’abord par des menaces, à travers des messages vocaux, qui n’ont pas été prises au sérieux au début. Mais nous qui avons vécu la crise ici savons que les terroristes mettent généralement leurs menaces à exécution. Aujourd’hui, Tombouctou est prise en étau, de telle sorte que la ville ne se ravitaille plus via les zones frontalières vers l’Algérie et la Mauritanie. Les voies sont carrément bloquées », ajoute-t-il.

Les camions en provenance des pays frontaliers, mais aussi des voies routières passant par Bambara Maoudé ou Soumpi, qui ravitaillent la ville sont bloqués en pleine brousse ou même incendiés. Le 27 août dernier, l’un d’eux a été calciné en plein jour par des hommes armés à quelques dizaines de kilomètres du quartier d’Albaradjou. Depuis, ils sont nombreux à stationner dans les rues de Tombouctou, comme en attestent des images authentifiées qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux le 2 septembre dernier. Sous blocus, la Ville mystérieuse est également prise pour cible. Le JNIM a revendiqué le 30 août dernier des tirs d’obus visant la zone aéroportuaire de la localité. Quelques jours après, le samedi 2 septembre, c’est le cœur de Tombouctou qui a subi les affres du terrorisme. Des obus lancés en pleine ville par les GAT ont fait un mort. « Certains disent qu’il n’y a pas de blocus sur Tombouctou, mais nous, qui vivons dans la ville, savons quelle réalité nous vivons. Les GAT trompent souvent la vigilance des gens. Pendant une à deux semaines ils ne font rien, mais après ils reprennent leurs attaques », explique une source locale, selon laquelle la situation s’est fortement dégradée suite à l’entrée récente des FAMa à Ber.

Face à la situation « dangereuse », les ressortissants de la région se mobilisent. Outre les dénonciations sur les réseaux sociaux, des rencontres « pour trouver une solution » sont en cours sur place et également à Bamako.

Le lundi 9 septembre 2023, l’Association des ressortissants pour le développement du cercle de Tombouctou (ARDCT) et l’ensemble des Présidents des associations de ressortissants des cercles de Diré, Goundam, Niafunké et Gourma-Rharous, avec plusieurs leaders communautaires, ont rencontré le Premier Ministre, Choguel Kokalla Maïga autour de la situation de Tombouctou. Les organisations locales réclament, entre autres, « la pleine implication des structures et des acteurs locaux dans la recherche de toutes les solutions idoines à la situation actuelle que vit la région, le ravitaillement normal des populations en denrées alimentaires et en produits pharmaceutiques, le plein soutien à la COMANAF et à SKY-Mali, en vue de leur permettre d’assurer le transport des personnes et des biens en toute sécurité, et la sécurisation des axes routiers en renforçant le dispositif sécuritaire en place ».

Mali – transition: 64 morts dont 49 civils et 15 militaires dans deux attaques distinctes

Le bateau « Tombouctou » de la COMANAF et un camp de l’armée malienne à Bamba dans la région de Gao ont été visés hier jeudi par des attaques terroristes. Dans un communiqué, le gouvernement a fourni un bilan provisoire de 64 morts dont 49 civils et 15 militaires lors des deux attaques. Un deuil national de trois jours à été décrété à compter de ce vendredi. Dans le communiqué, le gouvernement a annoncé que la riposte des FAMa a permis de neutraliser une cinquantaine de terroristes. Les nombreux blessés ont selon des sources locales été acheminés vers les centres de santé de la région de Gao. Le bateau de la COMANAF en provenance de Gao a été la cible d’une attaque terroriste  aux environs de 11 h 00, entre Abakoira et Zorghoi dans le cercle de Rharous. C’est la deuxième fois en moins d’une semaine que les bateaux de la COMANAF sont attaqués. Le 1er septembre dernier, la compagnie a informé d’une attaque à l’arme lourde ayant entrainé la mort d’un enfant de 12 ans.

 

Tombouctou : le blocus sur la ville entraine une augmentation du prix de l’essence

Depuis plusieurs jours, des terroristes ont imposé un blocus sur la région de Tombouctou. Selon des sources dans la région, des hommes armés ont bloqué la route reliant Mopti à Tombouctou, par conséquent aucun camion en provenance d’Algérie, de Mauritanie mais également des villes de Bambara Maoudé, Mopti ou Goundam, n’a pu entrer dans la ville. Le commandant local du Jnim Talha Abou Hind a promis une guerre totale à l’Etat. Ce blocus a entrainé une augmentation du prix de l’essence qui est passé de 700 FCFA le litre et 1000 FCFA. Hier dimanche, un camion transportant du gasoil qui devait ravitailler la ville a été calciné par les terroristes. Depuis que les FAMa ont pris possession du camp de Ber le 13 août à 15 km de la ville, elle est soumise à une pression. L’armée a annoncé samedi 26 août que les terroristes ont visé Tombouctou par un tir d’obus tombé à proximité du marché. Le bilan est de 4 blessés civils évacués à l’hôpital. Selon des sources, une fille a succombé à ses blessures.

Ber : les FAMa prennent possession du camp après plusieurs incidents

Dans le cadre du processus de rétrocession des emprises de la MINUSMA, les FAMa ont annoncé hier dimanche avoir pris possession du camp de BER. Le mouvement des unités a été émaillé de plusieurs incidents précise le communiqué.

En effet, Sur le chemin menant à Ber pour récupérer le camp, les Fama ont indiqué avoir riposté à une tentative d’incursion dans leur dispositif et à des tirs de harcèlement le vendredi 11 août 2023 par les groupes armés terroristes. Samedi le bilan de cet affrontement faisait état de 6 morts et 4 blessés côté Fama, et les GAT ont abandonné 24 corps, 18 AK-47 et 12 motos d’après des chiffres avancés dans le communiqué.

Toujours selon le communiqué de l’Etat Major général des armées, des tirs sporadiques ont visé dimanche encore les soldats qui progressaient vers Ber avec la destruction par le Famas de 4 Engins explosifs improvisés.

Ber est une localité de la région de Tombouctou. Dimanche la MINUSMA avait annoncé sur son compte X anciennement Twitter, avoir anticipé son retrait du camp de Ber en raison de la dégradation de la sécurité dans la zone et des risques élevés que cela fait peser sur nos Casques Bleus.  Dans un autre post, la Mission a indiqué que son convoi qui s’est retiré de Ber a été attaquée à 2 reprises, blessant 3 casques bleus qui ont été évacués vers Tombouctou.  Le camp de Ber était occupé par des Casques bleus burkinabè. Il est source de tension entre les FAMa et la coordination des mouvements de l’Azawad, groupe armé signataire de l’accord pour la paix. Ses différents responsables ont multiplié les publications le week-end sur leur compte officiel. Le porte-parole de la CMA Almou Ag Mohamed a assuré le 12 août qu’occuper les emprises de la MINUSMA situées dans les zones sous contrôle de la CMA est une violation des arrangements sécuritaires et du cessez-le-feu du 23 mai 2014. La CMA n’a pas encore fait de déclaration après que les FAMa ont pris possession du camp. L’armée quant à elle n’a pas fait mention d’incidents avec la CMA dans ses différents communiqués.

Eaux minérales : attention aux non certifiées

À partir de 100 francs CFA la petite bouteille, l’eau minérale est de plus en plus accessible et l’offre est diversifiée. Mais, en cette période de fortes chaleurs et de grande consommation, toutes n’ont pas une Autorisation de mise sur le marché (AMM). C’est-à-dire la caution officielle de garantie de leur qualité. Pourtant, la procédure est simple et indispensable pour certifier l’eau.

La marque, la date de péremption, voici quelques-uns des détails auxquels s’intéresse la majorité des consommateurs. Pour le reste, elle fait confiance au nom du produit ou à la société productrice. Pour les consommateurs, peu de doutes sur la qualité des eaux « en bouteille ». Pourtant, ce n’est pas ni gage de sécurité, ni une assurance.

Pour garantir la qualité sanitaire des aliments, y compris les eaux, seule l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (ANSSA) est la référence. À travers un certain nombre de critères, elle délivre l’Autorisation de mise sur le marché (AMM), donnant aux produits non seulement la permission d’être sur le marché, mais aussi la garantie qu’ils répondent aux normes sanitaires requises.

Précautions nécessaires

Mais, compte tenu du principe de « liberté du commerce », plusieurs types d’eaux minérales se retrouvent sur le marché sans ce préalable. Les consommateurs ne sont donc pas à l’abri d’éventuels risques. Pour s’assurer de la qualité de l’eau qu’ils boivent, ils doivent être attentifs au « petit » logo jaune de l’Agence de sécurité sanitaire des aliments sur l’emballage des bouteilles. Il est accompagné de la mention « autorisé par le ministère de la Santé » et du numéro de délivrance de l’AMM.

Donc, en principe, ceux qui s’apprêtent à mettre sur le marché un produit de consommation, en l’occurrence de l’eau minérale, doivent d’abord se munir de cette autorisation. Pour l’obtenir, un certain nombre de conditions doivent être remplies par les demandeurs. Outre une demande manuscrite, un dossier technique, comprenant la description du produit (dénomination, composition, date de fabrication et de péremption, etc.), son origine, la copie conforme de l’AMM du pays d’origine ou son équivalent sont nécessaires pour les produits importés.

Quant aux produits locaux, en plus des documents précités, il faut un rapport d’évaluation de la qualité sanitaire fait par un organisme agréé et une analyse du produit par le Laboratoire national des Eaux.

Les dossiers sont examinés au cours des sessions de l’ANSSA, qui se tiennent en principe tous les trois mois. Les autorisations ainsi délivrées ont une validité de cinq ans, mais des contrôles inopinés peuvent le cas échéant permettre de les retirer lorsqu’elles ne respectent plus le cahier des charges.

Mines : au nord, la ruée vers l’or

Au Mali, une quinzaine de sites miniers exploitent l’or, en plus des multiples zones d’orpaillage. L’activité est fortement concentrée sur les régions du Sud. Mais depuis 2020 les chercheurs de métal jaune se ruent aussi vers la partie septentrionale du pays, où plusieurs gisements ont été découverts ces dernières années.

Almaghmor. Le nom de ce village situé à 140 km de Tombouctou revient en boucle sur les réseaux sociaux depuis fin mars. Selon plusieurs sources, des autochtones y ont découvert une mine d’or à ciel ouvert. Sur le site en plein désert que l’on peut apercevoir sur des images relayées sur Internet, des personnes s’affairent à exploiter le métal jaune. « Ils sont plusieurs chercheurs d’or à se rendre dans le village avec du matériel depuis une semaine, malgré les conditions climatiques difficiles et l’insécurité qui règne dans la zone », explique un ressortissant de la localité, qui confirme l’information de la découverte du site.

Tout comme à Almaghmor, de l’or a récemment été découvert dans plusieurs localités du septentrion malien. Notamment à Igouzar, à 50 km de Kidal. Dans la région, à 40 km au sud de Tessalit, des sites aurifères ont également été découverts en 2020.

Autre région, autre découverte. À 90 km de Gao, dans les localités de Marsi, N’Tillit nord et sud et Tinaïkorene, du métal jaune a été aussi trouvé en 2020. « L’État est au courant de ces sites d’orpaillage, mais, avec l’insécurité qui règne dans la zone, il n’arrive pas à les contrôler pour le moment. Ce qui fait que nous ne disposons pas de données spécifiques sur ces lieux d’exploitation minière. Par exemple, sur la quantité d’or qu’on y exploite », explique un agent de la Cellule de planification et de statistique du secteur Mines et énergie (CPS/SME), un service du ministère des Mines qui publie chaque année des données statistiques sur ces deux secteurs économiques. En absence de contrôle de l’État, les sites, selon de nombreuses sources, sont assujettis aux groupes armés, dont la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et la Plateforme.

« Les groupes armés font partie des principaux acteurs de cette mini-industrie. Sur la route entre Gao et In-Tillit, les check-points anarchiques sont légion. Il n’est pas rare de voir des groupes d’hommes, qui souvent ne sont même pas armés, demander aux voyageurs de payer entre 2 000 et 2 500 francs CFA », explique le journaliste Mohamed Touré, auteur de l’article « In-tillit dans la région de Gao : l’irrésistible attraction de l’or », publié en 2021.

GSIM – MSA : ce qui se joue derrière « l’alliance» de circonstance

Un peu plus de deux ans après sa dernière apparition, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda, Iyad Ag Ghaly, s’est montré dans une vidéo le 22 janvier dans la région de Ménaka. Selon plusieurs sources, il y était pour accepter l’allégeance de notables issus de tribus de la zone et membres du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). Ce ralliement, qui conforte un peu plus l’ancrage Al-Qaïda dans la zone, pourrait affaiblir le MSA et présager de nouveaux combats contre le groupe État islamique.

Selon nos informations, ces nouveaux membres du GSIM sont des notables de la communauté Daoussahak de la région de Ménaka. Une communauté issue de la tribu Tamasheq géographiquement présente dans une grande partie de la région de Ménaka et une partie du cercle d’Ansongo.

L’État islamique au Grand Sahara Sahel (EIGS) mène une offensive dans la région de Ménaka depuis mars 2022. Cette offensive, qui a conduit à des affrontements armés avec le GSIM, a occasionné des attaques non seulement contre les civils daoussahaks mais aussi contre les groupes armés, dont le MSA.

Systématiquement ciblés par l’État islamique depuis mars dernier (plusieurs tués) ceux-ci auraient préféré s’allier à « l’ennemi de leur ennemi », le GSIM, pour se défendre contre ces attaques.

L’analyste sécuritaire Ibrahim Maiga expliquait dans nos colonnes en avril dernier que les divergences entre les Daoussahaks, qui constituent le fer de lance du MSA, et la communauté peul Tolebe, fortement représentée au sein de l’EIGS, alimentaient le conflit entre le MSA et l’EIGS, au-delà des querelles d’ordre idéologique entre les deux camps.

« Ces derniers mois, ils (la communauté Daoussahak, ndlr) ont été meurtris par les attaques des groupes djihadistes, en l’occurrence l’État islamique. Pour sauver leur tête ils ont adhéré au GSIM. Iyad Ag Ghaly serait dans la zone depuis un moment et ils ont profité de cette présence pour lui prêter allégeance », explique Abdoul Nassir Idrissa, journaliste de la région. Il précise que ce n’est pas l’aile politique du MSA, mais plutôt « des notables, des chefs de tribus et fractions qui se sentent chaque jour persécutés ».

Le MSA impacté ?

Cette allégeance d’anciens membres du MSA au chef du GSIM n’a que peu surpris. Mais elle aura plusieurs implications dans l’évolution de la dynamique des forces en présence sur le terrain dans cette zone en proie à des combats pour son contrôle depuis des mois.

« Iyad Ag Ghaly marque sa présence à Ménaka. On sait tous qu’Al-Qaïda y était présent, mais d’une manière très timide, et c’est à la faveur de la guerre avec l’État islamique que le groupe s’est impliqué de plus en plus là-bas, à cause des échecs des autres factions face à l’État islamique. C’est sa façon à lui de montrer qu’il est soutenu dans la guerre contre l’État islamique », analyse une source spécialiste des mouvements djihadistes.

Si le chef terroriste y gagne dans l’ancrage d’Al-Qaïda dans la région de Ménaka, le MSA en revanche risque de s’affaiblir et de voir son influence réduite sur le terrain. Selon Abdoul Nassir Idrissa, la jeunesse daoussahak, qui constitue la branche armée du MSA, pourrait le déserter au profit du GSIM et le MSA pourrait devenir une coquille vide.

« Ces notables vont donner la majorité des jeunes daoussahak du MSA au GSIM et donc à Iyad Ag Ghaly », craint-il, soulignant aussi que le ralliement aux groupes terroristes de certains membres des groupes armés pro-gouvernement va créer « d’autres situations plus compliquées » sur le terrain.

Combats en vue

En relative accalmie depuis quelques semaines, les combats entre le GSIM et l’EIGS dans les régions du Nord pourraient reprendre très prochainement. Ce qui justifierait le renforcement des rangs du GSIM, qui, tout comme le groupe rival, a perdu beaucoup de combattants.

Dans une lettre attribuée à l’émir du GSIM de la région de Tombouctou en date du 16 janvier, ce dernier demande aux habitants de la localité d’Acharane (10 km de Tombouctou) de quitter les lieux pour ne pas être des victimes collatérales lors d’éventuels futurs affrontements.

Tombouctou : des villages submergés par la crue du Niger

Plusieurs localités de la 6ème région font face à des inondations dues à une forte montée des eaux du fleuve Niger. Une situation à multiples conséquences pour les populations.

Ibrahim Boubacar Yoro Maïga ne se lasse pas. Publication après publication, depuis novembre dernier, le leader politique, originaire du cercle de Diré, ne cesse d’attirer « l’attention des plus hautes autorités » sur la montée du fleuve Niger dans sa localité.

« Depuis quelques semaines, plusieurs villages de toutes les communes du cercle de Diré sont menacés et les dégâts commencent à être insupportables pour des centaines de familles, qui sont obligées d’abandonner leurs maisons, dans une insécurité totale. En plus des familles sans abri, les champs d’oignons de certaines localités sont abandonnés », explique-t-il.

Sareyamou, Binga, Haibongo, Tienkour, Gari, Bourem, Kirchamba, Dangha, Garbakoira… Plusieurs villages du cercle aux abords du fleuve sont en effet submergés par la montée des eaux. Le 3 décembre, les maisons en banco de la bourgade de Cinem Barmey, dans la commune rurale de Tienkou, ont été englouties par l’eau. Les 6 et 7 décembre, « ce sont les habitants des villages de Kondi et Dangha qui n’ont pas fermé les yeux passant nuit et jour à vouloir faire des barrages pour bloquer l’avancée de l’eau », explique un habitant. De même que ces villages, la ville de Diré, située au bord du fleuve Niger, est en alerte rouge depuis le 5 décembre après que l’eau du fleuve s’est propagée dans les rues du quartier Millionki.

« L’ensemble des 13 communes, sans exception, du cercle a été touché. C’est du jamais vu : des villages entiers ont été envahis par l’eau, obligeant les populations à quitter leurs maisons. Et, même après la décrue, les gens vont avoir des problèmes car les maisons vont s’effondrer », explique M. Maïga.

Outre l’effondrement des habitations et le déplacement de leurs occupants, les populations de la zone assistent à la détérioration de leurs récoltes. Ainsi, le cercle de Diré, réputé être l’un des premiers producteurs d’oignons du Mali, selon l’estimation des cultivateurs de la région, verra son taux de production ne pas dépasser cette saison 15 à 20% du taux habituel.

De même que Diré, ce sont toutes les localités de la région de Tombouctou se trouvant aux abords du fleuve Niger qui « sont menacées par la montée des eaux », alertait le Gouverneur de la région, Mamadou Tembely, via un communiqué le 30 novembre dernier.

« Le 28 novembre 2022, les hauteurs d’eau observées à Diré et Koriomé sur le Niger sont supérieures à celles de l’année dernière à la même période et à celles d’une année moyenne à la même période, excepté le marigot de Goundam. En perspective, la montée du niveau d’eau se poursuivra jusqu’à la mi-décembre sur le fleuve Niger et ses affluents dans la région de Tombouctou », affirme le Gouverneur. Dans son communiqué, il invite les populations riveraines des cours d’eau des communes de Diré, Tienkour, Tinguereguif, Kirchamba, Garbakoira, Dangha (cercle de Diré), Alafia, Lafia et Bourem-Inaly (cercle de Tombouctou) ainsi que les communes de Hamzakoma, Rharouss et Séréré (cercle de Gourma-Rharous), à s’éloigner des zones à risque d’inondation « le plus tôt possible ».

« Comment le Gouverneur peut-il demander aux populations de quitter leurs maisons sans aucune mesure d’accompagnement de la part de l’État ? » s’interroge Ibrahim Boubacar Yoro Maïga. « Ce sont quand même des chefs de familles qui vont se retrouver sous des arbres en brousse avec leurs femmes et leurs enfants, en plus de l’insécurité qui inquiète dans ces zones », fustige-t-il.

Dans l’optique de « s’imprégner de la situation » et « d’apporter le soutien de l’État aux sinistrés », le ministre délégué chargé de l’Action humanitaire, de la solidarité, des réfugiés et des déplacés, l’Imam Oumar Diarra, effectue une mission dans la région de Tombouctou depuis mardi dernier.

333 Saints de Tombouctou : Qui sont-ils ?

Parmi les nombreux mystères de la cité antique située aux confins du fleuve Niger, on peut sans doute compter les 333 Saints. Tombouctou, « la perle du désert », continue de séduire et d’éveiller les curiosités, mais qui sont-ils ?

« Les Saints représentent un élément cultuel fort, leurs mausolées sont visités les lundis, jeudis et surtout les vendredis. Contrairement à ce que les occupants insinuaient, les Saints ne sont pas vénérés. On fait des prières et on demande les faveurs de Dieu par leur intermédiaire », explique Sane Chirfi Alpha, responsable de l’ONG SAVAMA-DCI. 

Le nouveau marié, les jeunes circoncis les visitent. La nouvelle mariée aussi, après une année de claustration, poursuit-il.

Des hommes de Dieu

Ils sont 333 Saints à entourer la ville et à la protéger des forces du mal, selon Salem Ould Elhadje, dans son livre « Les Saints de Tombouctou ». 13 sont particulièrement célèbres, dont Sidi Yahia, dont la sépulture est au cœur de la ville, considéré comme le Saint patron de TombouctouLeur prénom est souvent précédé du titre de Cheickh Sidi, qui peut être traduit par « notre professeur, notre guide ».

Devenus « à force de prières et de dévotions, un ami de Dieu (waliyyou’ Allah) », ces savants et pieux sont issus de différentes communautés, Arabe, Kounta, Sonhgoy, Peul, Bamanan ou encore Soninké.

Les Saints, il y en aurait plus que 333, ce chiffre étant protecteur selon l’ésotérisme islamique. 16 mausolées préservent leur esprit et sont jalousement gardés, comme les mosquées, les manuscrits ou encore le paysage architectural de Tombouctou, classée au patrimoine culturel de l’UNESCO en 1988. Ce qui a justifié la reconstruction des sites détruits en 2012 suite à l’invasion terroriste. « Une période de reconstruction qui dure encore », avec une sensibilisation des communautés pour les impliquer, selon El Boukhari Ben Essaouti, chef de la Mission culturelle.

Des femmes figurent bien parmi les Saints. On peut citer Nana Mariam à la bibliothèque el Wangari, Nana Fatouma Koyma Mint Moulaye Omar au camp militaire, Nana Mâma al Mokhtar près de la porte ouest de la mosquée Sankoré ou Nana Fakassuya du côté est.

Même si l’on note moins de ferveur, « les pratiques demeurent », estime l’historien et chercheur Sane Chirfi Alpha. Parce qu’il existe des passages obligés pour les rites de mariage et du port du turban, qui imposent des visites aux Saints.

Si la destruction des mausolées a été « une douche froide », leur reconstruction est une volonté commune, car « le Saint est au-delà du physique, un esprit, une âme » qu’on ne peut tuer, conclut Sane Chirfi Alpha.

CPI: près de 72 millions de FCFA pour les mausolées de Tombouctou

L’Allemagne s’est engagé à verser une contribution volontaire de près de 72 millions de francs CFA pour soutenir les mesures de réparation visant des bâtiments à caractère religieux et historiques détruits à Tombouctou lors d’une attaque dirigée le djihadiste Ahmad Al Mahdi, selon le Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale.

Neuf mausolées et une mosquée avaient été détruits en juin et juillet 2012. Tous, sauf un, étaient inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. « L’Allemagne est très heureuse de contribuer à hauteur de 110 000 € au travail essentiel du Fonds au profit des victimes des atrocités de masse et de leurs familles », a déclaré Dr. Cyrill Jean Nunn, ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne aux Pays-Bas.

Pour le Directeur exécutif du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale, Pieter de Baan, cet engagement allemand « continue de faire en sorte que les victimes puissent surmonter les préjudices subis du fait de la commission de crimes internationaux et retrouver leur dignité et leur résilience ».

Le 27 septembre 2016, la Chambre de première instance VIII avait conclu « qu’Ahmad Al Mahdi était coupable du crime de guerre consistant à avoir dirigé intentionnellement des attaques contre des bâtiments à caractère religieux et historique à Tombouctou ».

À ce jour, la CPI a rendu quatre ordonnances de réparation; dans les affaires Lubanga, Katanga, Al Mahdi et Ntaganda.

Statues de colonisateurs : Qu’en est-il du Mali ?

Dans le sillage de Black Lives Matter, des manifestants s’en prennent à des statues héritées d’un passé esclavagiste et colonial. Une de Christophe Colomb décapitée aux Etats-Unis, une autre de Léopold II déboulonnée en Belgique, ou encore une de Charles de Gaulle vandalisée en France, la vague a gagné l’Europe, mais également l’Afrique, où, au Sénégal et au Congo, le débat sur ces statues a été relancé. Qu’en est-il au Mali ?

La passion qui entoure cet héritage colonial n’a pas encore submergé le Mali. La raison est peut-être que, des statues de l’époque coloniale, il n’en subsiste plus beaucoup. Parce que plusieurs d’entre elles ont été déboulonnées aux premières heures de l’indépendance, suite à la politique de dé-baptisation entreprise par les autorités de la 1ère République. Sous la 3ème République, à l’instigation du Président Alpha Oumar Konaré, certaines ont été réhabilitées. En septembre 2000 a été inauguré sur la route de Palais de Koulouba un « Parc des explorateurs » où se trouve une grande statue en bronze de Gustave Borgnis-Desbordes, ancien commandant militaire de Bamako et gouverneur français. 6 bustes sont également visibles. Ils représentent des explorateurs, dont René Caillié, décrit comme le premier Français revenu en vie d’un voyage à Tombouctou et un autre dont l’érosion a effacé le nom, présenté par la Direction nationale du patrimoine culturel comme étant l’Écossais Alexandre Gordon Laing, autre illustre Européen à avoir atteint Tombouctou, ou Paul Soleillet. Plus tard, en 2008, a été rajouté le buste d’Ibn Battuta, célèbre comme premier explorateur étranger ayant visité le Mali et pour ses récits de voyage à Tombouctou également. À côté des explorateurs, même si dans leurs biographies ils sont également dépeints comme tels, figurent Eugène Abdon Mage, officier de marine qui atteignit Ségou en 1864, et le missionnaire Augustin Prosper Hacquard, qui arrivera à Ségou en 1898.

« Une part de notre histoire »

En dehors de la capitale, à Ségou, un buste du colon Louis Archinard fait face au fleuve Niger. Même si, comme susmentionné, la question du sort des statues représentant des personnages coloniaux ne se pose pas encore au Mali, des échos sont tout de même parvenus. À la Direction nationale du patrimoine culturel, on assure que les déboulonner ne serait pas une solution, puisqu’elles font « partie de notre histoire et que cet acte ne la changera pas ». Même si l’on estime que « l’État sera obligé de se pencher sur la question » si la population manifestait.

Boubacar Sidiki Haidara

Mali – Tombouctou : Quelle gestion de la Covid-19 ?

La région de Tombouctou enregistre de nombreux cas de Covid-19. Une explosion qui s’explique selon des responsables locaux par une certaine insouciance de la population et les tests désormais effectués en masse. Comment est gérée la Covid-19 dans la région ?

Tombouctou dispose d’un centre de prise en charge de 60 places environ. Sur ce site, un bâtiment d’une capacité de 12 places accueille des patients. Le reste est pris en charge sous des tentes dotées d’humidificateurs pour maintenir une température agréable. Les autorités sanitaires affirment également que tous les médecins points focaux des Centres de santé de référence (CSRéf) ont été formés à la prise en charge des patients.

« La gestion de la Covid-19 à Tombouctou n’est pas différente de celle des autres régions, seulement la particularité est qu’à Tombouctou il y a plus de cas que dans les autres régions. Cela est dû au fait que nous procédons à un dépistage de masse. Nous prélevons en moyenne 60 à 70 personnes par jour, ce qui n’est pas le cas ailleurs.

Plus les tests se font, plus les cas sont révélés », explique Dr Charles Dara, spécialiste en maladies infectieuses et tropicales et responsable du centre de traitement de la Covid-19 à Tombouctou. Mais il déplore l’insouciance de la population, car elle ne respecte selon lui aucune des consignes données par l’État.

Les décès communautaires posent également problème, car plus de 90% interviennent avant l’admission au centre. Une inquiétude que partage El Hadj Alhousseyni, journaliste et jeune actif de la région, qui déplore que les « personnes attendent que le malade soit dans un état critique pour se rendre à l’hôpital ». Il ajoute que 15 décès dus à la Covid-19 ont été constatés récemment, dont 13 en dehors du centre de prise en charge.

Néanmoins, une prise de conscience semble gagner les habitants de la région, qui au départ étaient très réticents. De plus, les autorités saluent la chaîne de solidarité nationale et locale qui est en train de se former, avec des donations pour venir en aide au personnel du centre de prise en charge et aux malades.

Malheureusement, à Tombouctou, quand une personne décède, elle est enterrée quelques heures après par sa famille. Les autorités sanitaires ne sont informées que plusieurs jours plus tard. Dans ce cas, il est difficile pour le centre de dire que si ces décès sont dus à la Covid-19 ou pas.

Aminata Keita

Tombouctou : Le vivre ensemble magnifié

Du 8 au 12 février se tiendra à Tombouctou la troisième édition du festival « Vivre ensemble », qui entend raviver la flamme dans une ville éprouvée par le passé.

Après avoir subi de plein fouet les affres de la crise politico-sécuritaire, la ville de Tombouctou renait. L’indolente et insoumise Cité des 333 saints retrouve peu à peu son lustre. Elle revit en partie grâce au festival « Vivre ensemble ». Véritable ode à la tolérance, au partage et à la célébration de l’autre, l’évènement, qui en sera à sa troisième édition, entend marquer de son empreinte l’agenda culturel du Mali. « Nous avons eu dès le départ l’adhésion totale de l’ensemble des communautés. Nous sommes tous égaux dans la ville, elle appartient à tous », assure Saliha Maiga, promoteur du festival. Mettant en avant le cosmopolitisme de la ville, il assure vouloir montrer que « le vivre ensemble est bien une réalité ». Pour contenter les nombreux festivaliers attendus (45 à 55 000 revendiqués l’année dernière), la programmation du festival est assez éclectique. Songhoy Blues, qui s’est illustré par sa résistance par la musique lors de l’occupation, Kader Tahranine, l’enivrante voix du désert, ou encore le rappeur « conscient » Mylmo, pour ne citer que ceux-là. Un hommage sera également rendu à l’illustre Khaira Arby, disparue l’an dernier. Celle qui a effectué son dernier festival sur cette scène, selon Maiga, sera honorée par sa famille. Des reprises de certaines de ses chansons sont notamment prévues.

Quid de la sécurité ?

Comment garantir la sécurité de tout ce beau monde, la zone n’étant pas la plus sûre du pays? Les organisateurs l’assurent, toutes les dispositions nécessaires ont été prises. Saliha Maiga n’hésite pas à qualifier la sécurité de son festival de meilleure de tous les évènements. À l’en croire, les Famas, la MINUSMA et Barkhane travailleraient de concert afin d’assurer une pleine quiétude aux participants. « Ces forces effectuent le maximum de contrôles sur le lieu et les alentours. Nous voulons montrer que, comme dans le sud, nous pouvons faire de la musique en plein air à Tombouctou, montrer également que la population choisit de vivre et que la ville est encore une destination attrayante » ajoute-t-il.

Humanitaires

Plusieurs actions de bien-être social seront menées en marge du festival. Elles constituent l’innovation de cette année, qui consacre la sortie du tout musical afin de prendre en compte les difficultés des populations. Des vivres seront distribués à 200 ménages et la réinsertion socio-économique de 20 jeunes sera assurée. Pour fédérer le plus de profils différents, des écrivains ont été invités afin de magnifier le vivre ensemble par la plume.

Tombouctou : La situation sécuritaire s’enlise-t-elle ?

Le retour de la paix et de la sécurité est la principale préoccupation des populations maliennes. À Tombouctou, même si on observe un certain calme, le récent assassinat du Commandant du MOC et les supposées infiltrations de groupes djihadistes dans la ville inquiètent quant à  une dégradation du climat sécuritaire. Qu’en est-il ?

« Ce qui s’est passé à Tombouctou n’est pas nouveau. Les assassinats ciblés se font aussi dans les autres régions ». C’est ainsi que Boubacar Ould Hamadi, le Président de l’Autorité intérimaire de la région, perçoit la situation d’insécurité qui peine à être endiguée. Il y a deux semaines, le Commandant du bataillon de la CMA au sein du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) de Tombouctou est assassiné par des individus armés non encore identifiés. Pour la CMA, ce genre d’acte est « un signal fort » de l’infiltration de terroristes dans la ville. Ceux-ci prouvant par la même occasion leur capacité à opérer.

Avant la présidentielle, la multiplication des braquages et enlèvements de véhicules avait suscité une montée des tensions. Depuis, selon le Président de l’Autorité intérimaire, la situation est stable. « La sécurité par rapport à la circulation des personnes et des biens s’est beaucoup améliorée. Nous avons engagé beaucoup de concertations impliquant les communautés. Mais, pour ce qui est des actes d’assassinats ciblés, c’est une question qu’on ne maitrise pas bien », témoigne-t-il.

Tout comme partout dans le Nord, la sécurité n’est jamais garantie. C’est pourquoi, Fousseyni Berthé, Commissaire principal de police de Tombouctou, soutient que la situation est « est calme mais imprévisible ». Selon lui, le tronçon Tombouctou – Goundam est celui qui enregistre le plus d’actes de banditisme, mais il écarte la thèse d’une dégradation du climat sécuritaire.

Alors que jusqu’à présent les patrouilles mixtes, censées sécuriser l’intérieur des villes, n’ont pas encore commencé à Tombouctou, des efforts sont à entreprendre pour instaurer la paix. Le rétablissement de la confiance entre les différentes parties signataires, objectif de ce dispositif, sera le pas qu’il faudra oser. « Seule la mise en œuvre de l’Accord peut être la solution », préconise Boubacar Ould Hamadi, qui ajoute « nous pouvons nous débrouiller pour rassembler les communautés et les s’impliquer dans la sécurité, mais c’est difficile ».

Selon Baba Alkaya, humanitaire à Tombouctou, des séances de sensibilisation auprès des populations sur le vivre-ensemble, la paix et la sécurité sont  entreprises dans la Cité des 333 Saints. Mais des telles initiatives suffiront-elles à faire régner la sécurité ?

Khaira Arby : La voix du « bonheur » s’est tue

Comme son nom « Khaira » (bonheur), elle savait transmettre du bonheur à travers ses chansons. Révélée au grand public lors des biennales artistiques et culturelles du Mali, Khaira Arby  s’est définitivement tue ce 19 août 2018, à l’aube des ses 60 ans.

Elle laisse le souvenir d’une artiste talentueuse et profondément respectueuse. Avec sa voix mélodieuse, elle a  porté haut les couleurs du Mali à travers le monde.

« Je suis parmi les personnes qu’elle a beaucoup respecté. Elle était encadrée par l’un de mes meilleurs amis qui s’appelait Harouna Barry. Elle appelait ce dernier « mon père », elle faisait de même avec moi », se souvient Kardjigué Laïco Traoré, ancien directeur du ballet national et chef de DER Danse du Conservatoire Multimédia Balla Fasséké Kouyaté.

Comme de nombreux Maliens, il a appris le décès de Khaira Arby, à travers les ondes de la télévision nationale. Un choc pour lui qui a travaillé avec l’artiste, même s’il était au courant de sa maladie. Depuis sa chanson contre « l’Apartheid » en 1988, qui lui a valu le titre de meilleure soliste, lors de la biennale de cette année, elle n’a jamais quitté la scène. Au delà de la « grande artiste » que nous perdons, Traoré retient de Khaira Arby une personne caractérisée par « le respect de l’autre ». Toujours disponible pour la cause collective. « Chaque fois que l’on devrait faire des productions collectives, comme chanter pour la paix par exemple, elle était prête et venait d’elle-même », confie-t-il ajoutant qu’elle aimait le Mali et « son Tombouctou natal » où elle était vraiment la fille du pays.

Après son succès en 1988, lors de la biennale, elle entame une carrière solo en 1996 et sort un premier album. Accompagnée depuis, par Mamoudou Keita qui est devenu son manager et son conseiller artistique. « Je l’ai connue lors des biennales. Quand elle a voulu faire carrière solo en 1996, j’ai participé à son premier album, j’ai été son manager et son conseiller artistique » raconte-t-il.

C’est vers 20 heures ce 19 août qu’il a appris son décès, alors qu’il l’avait quitté à midi à l’hôpital. Plus qu’une artiste qu’il a accompagné, « c’est une sœur » qu’il perd. «  C’est une sœur  qui m’a quitté, ce n’est pas seulement des rapports professionnels, ce sont des rapports fraternels et d’amitié » qu’il entretenait avec Khaira Arby. « Elle avait  un sens élevé du social. Une dame qui avait un franc parlé et savait partager », note-t-il. Le Mali perd une grande défenseure de sa culture. Car elle s’était mise au service de la culture nationale et du peuple malien. Plusieurs fois grand-mère, cette icône de la musique malienne «  laisse un riche héritage discographique », selon son manager. Même si elle laisse un « grand vide, celui  d’une mère et d’une cheffe d’orchestre », elle  a su transmettre le savoir qu’elle avait, aux jeunes artistes qui ont été à son école, conclut Kéita.

 

Situation alimentaire du Mali : Résoudre l’équation de l’insécurité

Selon le rapport mondial trimestriel de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui cite l’analyse du « Cadre harmonisé » de mars 2018, environ 387 000 personnes nécessitaient une aide alimentaire de mars à mai 2018 au Mali. Un chiffre qui devait passer à 933 000 de juin à août, selon le même rapport. Si les paysans s’attendent à une meilleure saison cette année, les difficultés liées à l’insécurité demeurent.

« Les motos sont des outils de travail. Les champs sont distants d’environ 7 à 10 km des zones d’habitation. Faire ce trajet en charrette, si l’on pas d’autres moyens, cela peut être contraignant », déplore Abdoulaye Daou, responsable des organisations paysannes de la zone Office du Niger. Comme dans plusieurs parties du centre du Mali, l’interdiction de circuler avec des engins à deux roues est encore en vigueur dans cette zone.

Une difficulté de taille pour les paysans, qui doivent faire face à une période de soudure particulièrement difficile cette année. Correspondant à la période de contre saison, elle s’est caractérisée aussi par le manque d’eau. Plusieurs paysans qui ont planté  du riz ou de l’échalote n’ont pas pu récolter, les plants s’étant desséchés.

Même si l’aide périodique accordée par le gouvernement et ses partenaires a été distribuée dans plusieurs sites, dont celui de Macina, les ménages connaissent des difficultés, car le kilo de riz a atteint 350 francs CFA par endroits. « C’est pourquoi certaines familles consomment actuellement plutôt du mil », explique M. Daou.

S’ils se réjouissent d’un bon début d’hivernage, les habitants de la commune de Haïbongo, dans le cercle de Diré, région de Tombouctou, redoutent l’indisponibilité de l’engrais, indispensable pour leurs cultures. « La situation alimentaire est très difficile. Mais si la pluie continue et que nous avons les engrais à temps, il y aura une bonne récolte », assure Boubacar Touré, régisseur  de la commune d’Haïbongo et paysan de son état. Se réjouissant d’une saison qui s’annonce bien, contrairement à l’année dernière, il note que les paysans ne sont pas empêchés de vaquer à leurs activités, même s’ils deviennent facilement la cible des bandits « lorsqu’ils ont une nouvelle moto ».

S‘il ignore les raisons de l’indisponibilité de l’engrais et du gaz oil pour faire fonctionner les motopompes, « qui viennent du sud », il redoute l’augmentation du prix de l’engrais, qui pourrait s’ajouter à celui des céréales,  déjà monté à 250 ou 275 francs CFA au lieu de 200. Malgré des distributions alimentaires pour soulager les populations, les paysans espèrent disposer de tous leurs moyens de production afin de cultiver dans la sérénité et « d’avoir une meilleure production cette année ».

Tombouctou : Situation tendue dans la ville

Dans la nuit du mardi 24 juillet, les FAMAs ont appréhendé des ‘’suspects’’ en possession d’armes à feu dans la ville de Tombouctou. S’en suivi des débordements qui plongent la ville dans l’incertitude et la crainte.

La cité de 333 saints renoue avec les troubles. Les vols et braquages sont devenus quotidiens dans cette ville. Excédées par les nombreux vols et braquages, les populations expriment leur ras-le- bol par la violence.
« Hier soir (Mardi), dans le quartier de Sarakeyna, les militaires ont été alertés peu après 21 heures par rapport à deux véhicules suspects qui rodaient aux alentours de Farouden. Une fois sur le lieu, ils ont réussi à appréhender ces présumés braqueurs en possession d’armes à feu, avant de les amener au camp », raconte Yehia Ouedrago habitant de Tombouctou.

La thèse qu’il avance se rapproche de celle développée par cette habitante de la même ville. « L’armée a voulu immobilisé trois véhicules suspects aux environs de de 22 heures. Mais un seul s’était arrêté et les deux autres ont continué. Quand les militaires ont voulu appréhendé celle qui s’était arrêtée, les occupants des deux autres les ont tirés dessus et l’armée a riposté », rapporte Fatouma Harber, blogueuse malienne.
Montée de tension
Alors que les propriétaires des véhicules étaient retenus au camp militaire, des jeunes en colère sont sortis brulés leurs véhicules laissés sur place. Ils les suspectaient d’être les auteurs des vols et braquages qui se multiplient dans la ville. « Il y a deux jours de cela, une pharmacie a été braquée par les Arabes et du coup quand les milliaires sont partis avec ces gens-là la population était déjà furieuse contre eux », raconte Yehia Ouedrago.
En colère, des arabes se sont mobilisés ce matin en installant des barrages entre le quartier d’Abaradjou et Sankoré. « A 8 heures, une bande des jeunes arabes sont venus à l’artisanat et ont chassé les femmes, blessé une personne », témoigne Fatouma Harber.

Une voiture et des pneus ont été brûles. En réaction, « des jeunes noirs » sont sortis et placés des barricades dans les rues. La situation était sur le point de dégénérée en cette matinée du mercredi quand les FAMAs sont arrivés. Des échanges des tirs se seraient produits entre eux et les jeunes arabes également armés. « Il y a eu des affrontements entre les arabes et les militaires. Il y a eu des blessés parmi les civils. Certains ont été arrêtés d’autres ont pris la fuite », souligne Yehia Ouedrago. Toutes les boutiques étaient restées fermées.


A la mi-journée les différents points sont contrôlés par les forces armées maliennes mais la tension risque à tout moment de se détériorer dans cette ville où cohabitent des groupes armés signataires de l’Accord pour la paix, les FAMAs et les forces internationales.

Election présidentielle : la MINUSMA appuie le processus

La Mission des Nations Unies au Mali réaffirme son accompagnement au  processus électoral en cours dans le pays. Lors de sa conférence de presse bimensuelle le 21 juin la porte-parole de l’organisation a rassuré de leur engagement aux côtés des autorités.

Toutes les attentions convergent sur la présidentielle prévue dans un mois. Malgré la volonté des autorités à tout mettre en œuvre pour la réussite de ce scrutin du 29 juillet, des difficultés d’accès aux régions du nord et le centre demeurent. C’est dans ce cadre que la MINUSMA appuie déjà le gouvernement dans l’acheminement du matériel électoral, formation des agents  et sécurisation du processus. « La MINUSMA apporte un appui à l’organisation des prochaines élections générales de 2018 (présidentielle de juillet et législatives de novembre), a déclaré Mme Myriam Dessables, porte-parole de la mission. Ainsi,  4,798 Tonnes de matériel (nouvelles cartes d’électeurs) pour les quatre  régions : Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal.

La division des Affaires électorales de la MINUSMA a organisé le 12  et 13 juin une session de renforcement des capacités de 64 agents d’appui logistiques recrutés. « Ces agents d’appui équipés chacun d’un véhicule 4X4 et de moyens de communication (ordinateurs, cellulaires) seront déployés dans les prochains jours dans les 49 cercles du Mali y compris le District de Bamako dans le cadre de la mise en œuvre de toutes les opérations électorales y compris la distribution des cartes d’électeurs biométriques dont le lancement officiel a eu lieu ce 20 juin sur toute l’étendue du territoire national », a fait savoir la porte-parole de mission lors de cette conférence de presse.

Dans le même but, la Division des Affaires électorales de la MINUSMA a pris part aux travaux du séminaire international  ayant lieu du 19 au 20 juin à Bamako. Ladite rencontre organisée par la CENI en collaboration avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), s’est déroulée en présence de plusieurs représentants des Institutions, du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, la Délégation générale aux élections(DGE), la Cour Constitutionnelle, les représentants des partis politiques et des experts internationaux. Objectif : échanger  sur le rôle de la CENI dans le processus électoral.

Des campagnes de sensibilisation des leaders communautaires et des médias sur leurs rôles respectifs en tant qu’acteurs dans la promotion d’une culture de paix, de la cohésion sociale et de la prévention des conflits ont également été organisées à Gao. Deux autres sont prévues  à Mopti ce 22 juin et à Tombouctou le 13 juillet. « Plus de 10 sessions de sensibilisation communautaire ont eu lieu à Bamako et dans les régions avec plus de 5000 personnes participantes », comptabilise Mme Myriam Dessables.

 

« Les mystères de Tombouctou » : L’histoire fascinante de la cité

Publié aux Éditions La Sahélienne en novembre 2017, l’ouvrage « Les mystères de Tombouctou, la ville mystérieuse » sera officiellement présenté le 26 juin prochain à l’Institut français du Mali. Son auteur, Ali Ould Sidi, nous dévoile ici le contenu du livre, où il analyse la perception que les explorateurs avaient des mystères de la cité et vante sa spécificité de ville multiculturelle et exemple vivant de la diversité des expressions.

C’est en réponse à une promesse faite à la jeunesse malienne et aux voyageurs qui se posent la question de savoir ce que sont les mystères de Tombouctou qu’Ali Ould Sidi a écrit ce livre. Qui de mieux que ce natif de la ville des 333 saints, historien et chef de la mission culturelle de la ville durant 20 ans, pour répondre ? « Nous avons essayé d’apporter des éclaircissements sur l’aspect mythique et mystique de Tombouctou, aussi ville du savoir et cité universelle », dit Ali Ould Sidi. « Il fallait s’intéresser aux éléments qui ont prévalu à sa célébrité, notamment l’université, mais surtout au patrimoine tangible qui a abrité cette université, à savoir les mosquées de Sankoré, Djingareiber et Sidi Yahia, ainsi que les savants qui ont fait des miracles », ajoute t-il.

L’écrivain tente aussi d’évaluer dans cet ouvrage la contribution de Tombouctou au commerce international ainsi que son rôle millénaire de cité savante, pourvoyeuse de manuscrits considérés comme de véritables armes de pacification massive. « Jusqu’aux premières années de sécheresse, Tombouctou était un important centre d’échanges, car la ville n’était pas seulement une métropole religieuse, elle était aussi au centre d’un trafic économique important. Le commerce  et l’artisanat étaient florissants », écrit-il.

Le livre, tiré à 500 exemplaires, est disponible à la Bibliothèque Nationale, à la librairie Ba et au Musée National au prix de 7 500 francs CFA. C’est la deuxième publication de l’auteur, après « Le patrimoine culturel de Tombouctou : enjeux et perspectives », en 2008. Trois autres ouvrages seront prochainement disponibles, dont « Les explorateurs oubliés de Tombouctou », à en croire Ali Ould Sidi.

Né en 1954 à Tombouctou, Ali Ould Sidi est détenteur d’une maitrise en Histoire – géographie de l’École Normale Supérieure de Bamako et d’un Master of Arts en Géographie culturelle de Western Illinois University, aux Etats-Unis. Entre 2009 et 2013, il fut membre du comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, avant de devenir Président de la Délégation Spéciale de la commune urbaine de Tombouctou en 2014. Il est actuellement membre du Conseil Économique, Social et Culturel du Mali.

MOC de Tombouctou et de Kidal : Gao a servi de leçon

Le 23 mai, le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) de Tombouctou a été lancé en présence du commandant de la force de la Minusma. Celui de Kidal a démarré deux semaines plutôt. A la différence de l’installation du Moc de Gao en 2016, endeuillé par l’attentat,  le mode de déploiement et de sécurisation de cet outil dans les deux régions s’opère avec mesure.

Jeudi 24 mai, la conférence de presse bimensuelle de la MINUSMA s’est tenue au siège de la mission à Badalabougou. Animée par  Madame Myriam Dessables, chef de bureau de la communication stratégique et de l’information publique et le commandant de la force, le Général Jean Paul Deconinck en direct de Tombouctou.

Après la revue sur les différentes activités menées par la MINUSMA et sa force de police dans le pays, l’interaction sur  l’opérationnalisation du mécanisme opérationnel de coordination de façon générale a été engagée entre le commandant de la force de la mission des Nations Unies et les journalistes dont certains étaient en direct de Gao.

« J’étais il y a quelques instants dans le camp de MOC de Tombouctou où j’ai pu assister à l’inauguration officielle de ce  bataillon MOC  comme on l’avait fait le 11 mai à Kidal. Je retiens une certaine fierté d’avoir pu souligner les efforts consentis  par les parties tant au niveau politique, opérationnel que  tactique », s’est réjoui le General Jean Paul Deconinck.

Plusieurs fois annoncé, le lancement de ces deux MOC constitue un pont indispensable pour la poursuite de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Comme dit un adage, « vaut mieux tard  que jamais ». Au-delà de la symbolique,  le Général Deconinck pense qu’il s’agit de bien plus. « Nous avons constitué aujourd’hui le socle du panthéon de Tombouctou, c’est-à-dire un commandant  intégré et cohérent», se félicite-t-il.  51 éléments, soit 17 pour le gouvernement, la CMA et la plateforme sont ainsi déployés à Tombouctou et à Kidal. Une compagnie de 150 hommes sera dans une semaine à Kidal et une autre dans deux semaines à Tombouctou selon le général.

Un acheminement progressif qui n’a rien avoir avec les 500 et  quelques éléments fournis d’un coup au MOC de Gao. Un  mécanisme  qui a subi un attentat terroriste incroyable et qui, depuis laisse à désirer. « Certaines  lacunes au niveau de Gao, ont été relevées dans le sens où nous étions allés trop vite. Il fallait atteindre certains objectifs alors que certaines conditions n’étaient pas remplies », regrette le commandant. C’est pourquoi, cette fois ci,  « ce n’est pas pour rien que nous commençons par le socle. On va les former, leur inculquer des éléments indispensables au niveau de la conduite militaire, de la discipline », réajuste-t-il. En même temps,  les équipes d’entrainement à Gao seront renforcés pour  rendre opérationnel ce MOC comme les deux autres. « Nous avons tiré des enseignements sur le plan sécuritaire, des aménagements du site, sur le progressivité  dans les  installations, aussi au niveau humain et inclusivité des différents mouvements signataires », conclut le commandant, appelant à la collaboration de la population pour parvenir à des résultats tangibles.

La force de la  MINUSMA assure pour le moment la sécurité de ses éléments à Tombouctou et à Kidal.  Mais « petit à petit ces unités » prendront la relève.

Ainsi, à terme, 600 éléments, dont 200 pour chacune des parties seront acheminés dans  chacune de deux régions. La mise en place des  MOC de Gao, Tombouctou et Kidal  ouvre la voie au processus démobilisation désarment et réintégration sans lequel la sécurité serait impossible.

Tombouctou et Kidal : enfin le MOC

Le mécanisme opérationnel de coordination (Moc), régulièrement évoqué  tarde à se mettre en place dans les régions du Nord.  Prévue par l’Accord pour la paix, réaffirmée  comme indispensable par la feuille de route signée  le 22 mars, l’installation de cet outil annoncé le 30 avril  à Tombouctou et  à Kidal n’a pas lieu,  mais reste programmée.

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tieman Hubert Coulibaly avait lors de sa conférence de presse  du 19 avril affirmé que ce dispositif essentiel  allait démarrer dans « dix jours ». Engagement non tenu, témoignage  des difficiles dépassements que les parties auront  à opérer pour avancer. Prévue officiellement pour 30 avril, la mise en place du mécanisme opérationnel de coordination à Tombouctou et à Kidal a donc été de nouveau ajournée.

Le MOC et le processus de Démobilisation, Désarmement et réinsertion(DDR) constituent le volet sensible inclus dans les mesures sécuritaires intérimaires. L’un reste  un préalable pour l’autre. La 28e réunion de la  Commission Technique de Sécurité (CTS) tenue le 19 avril à Bamako avait recommandé l’installation de ces mécanismes de coordination dans les deux régions concernées. Selon la MINUSMA, les partis signataires ont annoncé lors de la dernière session du CSA, leur engagement à « démarrer graduellement  l’opérationnalisation des unités mixtes de MOCs de Tombouctou et de Kidal avec l’enregistrement d’une cinquantaine de combattants » pour chaque région. Des informations confirmées par  Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA. « Il  y a juste un problème de  regroupement des différentes parties qui n’est pas encore fait. Du côté de la CMA, tout l’effectif est regroupé à Ber et attend qu’il rejoigne Tombouctou. Celui de Kidal est sur place.  Les FAMAs  ont déjà  désigné leur effectif mais n’ont  pas rejoint le groupe », informe-t-il. Une  première vague de 51 officiers issus des différentes parties dont 17 pour chacune pour chaque région sera bientôt acheminée. « Nous nous sommes dits qu’ au lieu d’attendre  les  200, il faut démarrer pour que chaque deux semaines  le même effectif suivra », précise Ilad Ag Mohamed. Avec la signature de la feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossées par la 23è session du comité de suivi de l’Accord, cet énième report n’entame donc pas l’optimisme des acteurs.  La poursuite de la mise en œuvre de ce nouveau  chronogramme devrait contribuer à faire avancer un processus dont chacune des étapes  est indispensable pour le succès de l’Accord.

10ème Rentrée Littéraire du Mali : 50 auteurs maliens et étrangers pour célébrer l’anniversaire

La dixième édition de la Rentrée Littéraire est prévue du 17 au 24 février 2018. Elle enregistrera la présence de plus d’une cinquantaine d’auteurs du Mali et de l’étranger et se déroulera à Bamako, Tombouctou et Djenné.

La Rentrée Littéraire du Mali est une manifestation littéraire créée par un groupe d’auteurs en 2008 pour la promotion de la littérature, plus particulièrement celle du Mali. « Le développement passe par la lecture, par l’éducation et qui parle de l’éducation parle de livre ».

Au cours de cette 10ème édition, les œuvres d’écrivains de divers domaines d’activités, professeurs, journalistes, auteurs, seront présentées. « Tous se servent de leurs plumes pour donner le meilleur d’eux-mêmes à l’humanité », dit Sékou Fofana, Coordinateur technique de la rentrée littéraire.

Durant cette édition, les lecteurs maliens auront accès physiquement et grâce au livre à de grands auteurs. Parmi les titres disponibles, « les larmes de la patience » du Camerounais Djali Amal, ou encore, de Oumou Ahmar Traoré, Malienne « Une femme presque parfaite ». Le Tunisien Yamen Manï, lauréat du Prix des cinq continents de l’Organisation Internationale de la Francophonie, sera présente.

« Quand on demande à un auteur ou à un lecteur de choisir entre ses livres, c’est comme si on demandait un parent de choisir parmi ses enfants. Le choix est très difficile », explique Sékou Fofana. Pour faciliter l’accès au public, des ouvrages seront disponibles à la vente à la libraire de la Rentrée littéraire, à la Bibliothèque nationale, au tout long de l’évènement.

Innovation, des expositions photo sont prévues cette année. Celle sur les auteurs nationaux à la Bibliothèque nationale, une autre, sur l’eau, au Palais de la culture, une sur les souvenirs de la Rentrée du 16 février au 4 mars au Musée national. Pour  la première fois également, des évènements sont prévus à Tombouctou et Djenné.

Des hommages seront consacrés à d’illustres écrivains maliens disparus, comme Ibrahima Ly, Albakaye Kounta, Amadou Hampaté Bâ et Yambo Ouologuem. Leurs familles et leurs proches témoigneront de la vie et des œuvres de ces différents auteurs. « Il faut qu’on arrive à inculquer chez les Maliens, la culture du livre, pour que les écrivains se réjouissent de leurs travail », souligne Sékou Fofana. Il l’affirme « Il faut que les gens se disent que le livre est aussi important que le pain. S’il faut nourrir notre corps, ce qui doit être notre credo c’est qu’il faut aussi nourrir notre esprit pour qu’il soit fécond ».

 

IBK à TOMBOUCTOU trois jours après l’attaque terroriste

Revenu de Ouagadougou où il s’était rendu le mardi passé, dans l’optique de présenter ses condoléances à ce pays frère, endeuillé par l’attentat le dimanche passé ; IBK est aujourd’hui jeudi 17 août à Tombouctou où également le deuil est encore vif. Soucieux de maintenir des relations amicales et diplomatiques avec l’extérieur sans pour autant être absent à l’intérieur du pays : un pari incompris.

Apres la visite du premier ministre Idrissa Abdoulaye Maiga et le représentant spécial du secrétaire général des nations unies, Mohamed Saleh Annadif le 15 août à Tombouctou ; c’est le tour du président de la république de s’y rendre 72 heures après l’attaque. Atterri à l’aéroport de Tombouctou aux environs de 12 heures, IBK s’était rendu au quartier général de la MIINUSMA mais aussi à la légion de gendarmerie qui lui est contiguë. Il s’agissait de témoigner et réaffirmer le soutien et la solidarité du gouvernement et du peuple malien à l’endroit des familles de victimes, des forces armées maliennes et la mission onusienne. IBK et sa délégation dont les ministres de la Défense et des anciens combattants Tienan Coulibaly, de l’Administration territoriale Tieman Hubert Coulibaly, le secrétaire général de la présidence Soumeilou Boubeye Maiga, le médiateur de la république Baba Akhib Haidara, ainsi que l’ancien premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, s’étaient rendues au camp des Forces Armées Maliennes pour les encourager et réaffirmer sa détermination à lutter contre le terrorisme. Une journée chargée, car le chef de l’État s’estt aussi rendu au domicile de l’imam de la grande mosquée Djingareyber. Des personnalités et notabilités de la ville l’attendaient déjà chez Abdarahmane Ben Essayouti imam de ladite grande mosquée. Selon Yehia Tandina, journaliste à Tombouctou, Le président très marqué par la perte brutale de ces compatriotes a affirmé que « quand un père perd ses enfants, il ne peut que s’en remettre à Dieu. C’est lui qui donne et c’est lui qui retire ». IBK avait au préalable expliqué les raisons qui l’ont poussé à se rendre à Ouagadougou au Burkina, bien que Douentza et Tombouctou aient été ciblées. « Je suis le président du G5 Sahel, un pays frère, ami et membre de cette organisation. C’est pourquoi j’ai dépêché le premier ministre et des membres du gouvernement à Tombouctou en attendant mon retour » avait justifié l’hôte de la cité de 333 saints. La délégation s’était ensuite rendue dans la famille du gendarme mort dans l’attaque, ainsi que dans les familles des six autres victimes de la barbarie. IBK n’a pas manqué d’opérer des gestes à l’endroit des notables et des parents des familles attristées.

Cette visite a été saluée par la population de Tombouctou, qui y voient un signe de considération du président à leur égard et à l’égard des victimes. Des voies s’étaient levées pour s’indigner de son déplacement à Ouaga alors que la même tragédie endeuillait son pays. Dans les régions du Nord qui ont souffert des affres de l’occupation, les populations ne cachent plus leur malaise face au pouvoir central. Certains pensent que le gouvernement ne se soucie pas de leur sort, les laissant livrer à l’insécurité chronique et au terrorisme.

CPI : Ahmad al Faqi devra 2,7 millions d’euros pour les destructions de mausolées de Tombouctou

La Cour pénale internationale (CPI) a déclaré jeudi qu’un jihadiste malien avait provoqué pour 2,7 millions d’euros de dégâts en faisant détruire en 2012 des mausolées de la cité historique de Tombouctou, dans le nord du Mali, et ordonné des réparations pour les victimes, les premières pour destruction de biens culturels.

« La chambre ordonne des réparations individuelles, collectives et symboliques pour la communauté de Tombouctou, reconnaît que la destruction des bâtiments protégés a causé de la souffrance aux personnes à travers le Mali et la communauté internationale et estime M. Mahdi responsable pour les réparations à 2,7 millions d’euros », a déclaré le juge Raul Cano Pangalangan.

Le Touareg Ahmad al Faqi al Mahdi a été condamné en septembre dernier à neuf ans de prison pour avoir « dirigé intentionnellement des attaques » contre la porte de la mosquée Sidi Yahia et neuf des mausolées de Tombouctou, classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco et détruits à coups de pioche, de houe et de burin.

Né vers 1975, il était un membre d’Ansar Dine, l’un des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le nord du Mali pendant environ dix mois en 2012, avant d’être en grande partie chassés par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 par la France. Il était chef de la Hisbah, la brigade islamique des moeurs.

Toutefois, étant donné l’indigence du jihadiste, la Cour encourage le Fonds au profit des victimes, organe indépendant mis en place par le statut de Rome, traité fondateur de la CPI, à « compléter les réparations ordonnées » et lever des fonds à cette fin.

Créé en 2004, le Fonds, qui reçoit des contributions volontaires versées par les gouvernements membres de la CPI, d’organisations internationales et de particuliers, devra présenter d’ici au 16 février un projet de plan de mise en oeuvre des réparations.

« Une goutte d’eau »

Alors que l’Unesco a achevé à l’été 2015 la restauration à l’identique de quatorze mausolées détruits, la CPI a souligné l’importance des biens culturels « uniques (qui) revêtent une valeur sentimentale ».

« Leur destruction porte un message de terreur et d’impuissance, annihile une partie de la mémoire partagée et de la conscience collective de l’humanité et empêche celle-ci de transmettre ses valeurs et ses connaissances aux générations futures », a affirmé le juge.

Selon Luke Moffett, du centre des droits de l’homme de l’Université Queen’s de Belfast, ces réparations « donnent l’espoir que, tandis que tous les biens culturels ne peuvent être restaurés, les gens et la culture peuvent renaître des cendres et des décombres pour perpétuer leur patrimoine pour les générations futures », a-t-il remarqué dans un communiqué.

Mais pour la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), c’est une « étape insuffisante dans la poursuite des crimes commis à Tombouctou ». « Ce jugement est une goutte d’eau par rapport à ce qu’il s’est passé en termes de violation des droits de l’homme », a réagi auprès de l’AFP Kyra Wigard, membre de la délégation permanente auprès de la CPI.

Et cette ordonnance ne doit « pas faire oublier les autres crimes commis à l’époque dans la ville et qui doivent aussi être jugés », a ajouté le vice-président de la FIDH Drissa Traoré, dans un communiqué.

« Se relever »

Trois catégories de préjudices ont été identifiées par la Cour de La Haye: « l’endommagement des bâtiments historiques et religieux attaqués, les pertes économiques indirectes et le préjudice moral ».

Les réparations collectives doivent permettre à la communauté de Tombouctou de « se (relever) des pertes financières et du préjudice économique subis, ainsi que de la détresse affective ressentie ».

Les personnes dont les sources de revenus dépendaient exclusivement des bâtiments attaqués ainsi que les descendants des défunts dont les sites funéraires ont été endommagés doivent, quant à elles, bénéficier de réparations individuelles, jugées prioritaires par la Cour.

En termes de réparations symboliques, la CPI a ordonné le versement d’un euro à l’État malien et à la communauté internationale représentée par l’Unesco et suggère « l’édification d’un monument ou une cérémonie de commémoration ou du pardon ».

La Cour a également exigé la publication en ligne des excuses faites par M. Mahdi à l’ouverture de son procès l’été dernier, les jugeant « sincères, sans équivoque et empreintes d’empathie ».

Il s’agit de la seconde ordonnance de réparations dans l’histoire de la Cour fondée en 2012, après celle rendue en mars suite au procès de l’ancien chef de milice congolais Germain Katanga.

Polémique autour de la visite du président IBK à Ouagadougou

Le Président de la République IBK s’était rendu le mardi 15 août 2017 au Burkina Faso pour témoigner de sa solidarité après l’attentat du dimanche à Ouagadougou qui a fait 18 victimes. Ce déplacement apparait normal, mais il a fait polémique par le fait qu’à Douentza et à Tombouctou, le lendemain, le terrorisme à fait aussi des victimes, sans qu’IBK ne se déplace sur le terrain.

L’attentat du dimanche dernier qui a fait 18 morts au Café restaurant Aziz Istanbul de Ouagadougou a motivé le déplacement du président IBK dans la capitale burkinabé. Le geste était fort et symbolique. Il s’agissait de témoigner de son soutien à son homologue Roch Marc Christian Kaboré et au peuple burkinabé en des moments aussi tragiques. Sur place, IBK a déclaré que « le G5 sahel est uni dans ces circonstances » face au terrorisme. Il a en outre visité avec son homologue, les décombres du restaurant Aziz Istanbul. Pour Ibrahim Boubacar Keita, « le doux temps de l’insouciance est terminé » et que «  nous sommes obligés d’accepter aujourd’hui, qu’à tout moment nous pouvons être agressés » a t-il souligné. Quoi de plus normal qu’un président aille s’incliner devant la mémoire des victimes d’un fléau devenu mondial et en plus s’il s’agit du Burkina, pays frontalier et membre du G5 Sahel. Seulement, la même barbarie qui a arraché la vie à des innocents n’a pas épargné le Mali.

Tombouctou et Douentza Au lendemain de l’attaque d’Ouagadougou, lundi 14 août, le camp de la Minusma à Douentza au centre du Mali, a subi une attaque terroriste qui a coûté la vie à (1) un soldat des casques bleus et à (1) un autre de l’armée malienne. Quelques heures plutard, c’est le camp de la mission internationale des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Tombouctou qui a été pris pour cible. Là aussi des victimes à l’issu des combats ont été déplorées. Neuf personnes, toutes maliennes, ont trouvé la mort dans cette attaque contre la mission onusienne. En dénombrant tout les morts dans les deux attaques y compris les assaillants, les pertes seraient de 19 morts. Sur les réseaux sociaux, certains internautes reprochent au président son «  manque de considération » aux morts du Mali. En se rendant dans ce pays voisin, IBK s’est attiré, comme le plus souvent ces derniers temps, le mépris de ceux qui pensent qu’ils auraient pu rendre hommage à « ceux qui sont morts en défendant la patrie ». Le premier ministre Idrissa Abdoulaye Maiga et le Représentant spécial du secrétaire général de Nations unies, Mahamet Saleh Annadif, ont effectué le déplacement le 15 août dans la ville de 333 saints pour constater les dégâts et témoigner leur solidarité et soutien aux blessés et aux forces en présence. Une fausse note pour le président IBK dont la côte de popularité a considérablement baissé depuis 2013.

Attaque contre un camp de l’ONU à Tombouctou, 9 morts.

Neuf personnes, dont un Casque bleu et cinq agents de sécurité maliens, ont été tuées lundi lors de deux attaques distinctes contre la mission de l’ONU au Mali (Minusma).

Ces attaques sont survenues la veille d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la paix et la sécurité en Afrique.

 Une première attaque d' »hommes armés non identifiés » a visé des camps de la Minusma à Douentza dans le centre du pays, a annoncé la force de l’ONU au Mali.

Un Casque bleu, dont la nationalité n’a pas été précisée, et un soldat malien ont été tués, selon la Minusma. Un autre Casque bleu a été blessé. En outre, deux assaillants ont été tués dans la riposte des soldats de l’ONU.

« Un premier groupe d’assaillants a tiré sur un camp de la Minusma à partir d’une colline adjacente. En réaction, les forces armées maliennes, établies à proximité du camp, ont riposté », a expliqué la Minusma.
« Un deuxième groupe se dirigeant à pied vers l’autre camp de la Minusma a ouvert le feu. Les Casques bleus ont riposté et deux assaillants ont été abattus », a ajouté la Minusma, qui a condamné « cette attaque terroriste révoltante ».

Lors d’une deuxième attaque, des hommes armés ont attaqué le QG de la Minusma à Tombouctou (nord-ouest).
Selon « des éléments préliminaires », cinq gardes de la Minusma, tous de nationalité malienne, un membre de la gendarmerie malienne et un agent civil contractuel de la Minusma, ont été tués, a indiqué la Minusma. En outre, un garde de sécurité malien et six Casques bleus ont été blessés, dont deux grièvement.
« Six assaillants ont été abattus lors de la riposte de la Minusma à l’attaque », a précisé l’ONU.
La Minusma a ensuite déployé une force de réaction rapide destinée à « sécuriser le quartier général de la Mission et des hélicoptères d’attaque pour traquer d’éventuels assaillants », a-t-elle expliqué.

Le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Saleh Annadif, a condamné un « acte lâche et ignoble ».

Un peu plus tôt, un responsable du gouvernorat de Tombouctou avait indiqué que les « terroristes » étaient armés de grenades et de Kalachnikov.
« Dès qu’ils sont arrivés devant l’entrée principale de la Minusma à Tombouctou, ils ont ouvert le feu sur les agents de sécurité d’une société de gardiennage qui travaille pour la Minusma », avait déclaré de son côté à l’AFP une source sécuritaire malienne, ajoutant que « six terroristes » avaient été tués.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Ces groupes armés en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré l’accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.

Mardi, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU doit se tenir sur la paix et la sécurité en Afrique.
Les 15 membres du Conseil doivent notamment parler de la force en cours de création par les pays du G5 Sahel (Bukina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) qui vise à combler les lacunes des dispositifs militaires nationaux et multinationaux dans la région, qui semblent avoir du mal à enrayer l’expansion des groupes jihadistes.
Cette force de quelque 5.000 hommes devrait être opérationnelle à l’automne mais son financement est encore loin d’être assuré.

Secrétaire général du MPSA : « Kidal ne peut pas prendre les autres régions en otage »

Le Mouvement Populaire pour le Salut de l’Azawad, mouvement membre de la Plateforme, a organisé, mercredi 26 juillet, une conférence de presse à la Maison de la presse, pour dénoncer les lenteurs dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Une menace de « bloquer l’accès de la ville de Tombouctou aux officiels de l’Etat et des forces étrangères » a été lancée par le Secrétaire général du Mouvement Boubacar Sadigh Taleb Sidi Ali.

Dans la déclaration signée du secrétaire général du mouvement, Boubacar Sadigh Taleb Sidi Ali  «  les trois parties qui se disputent cet Accord ont démontré leur incapacité à avancer dans son application ». Le retard dans la mise en œuvre de l’Accord est l’une des causes qui ont poussé le mouvement à monter au créneau. « La prise en otage du processus d’Alger par un groupe ou par une région est inadmissible », souligne la déclaration. Des griefs contre le gouvernement et la médiation internationale qui sont  « lresponsables de cette dégradation de la situation sécuritaire jamais vécu auparavant au Mali. » lit –on dans ladite déclaration.

Pour le secrétaire général, que nous avons joint après la conférence de presse, rien aujourd’hui ne doit empêcher la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord. Mais « A chaque fois on nous dit nous attendons Kidal, alors que nous sommes cinq région au Nord ». «  Nous, à Tombouctou, nous sommes prêts à cantonner, nous sommes prêts a faire le DDR, nous sommes prêts à chercher la paix » affirme t-il. Les problèmes de Kidal ne doivent pas être une entrave à l’Accord selon le Secrétaire général « si les gens de Kidal ont des problèmes ce sont des problèmes qui leurs sont spécifiques. Kidal ne peut pas prendre les autres régions en otage ! » a t- il asséné.

Pour le MPSA, il ne devrait même plus y avoir de guerre après la signature de l’Accord, il faut seulement remplir les conditions pour que Kidal rentre dans le giron du Mali. Dans sa dénonciation, le secrétaire général du MPSA ne comprend pas pourquoi il n’y a pas de MOC à Tombouctou et à Taoudéni, même les autorités intérimaires installées ne disposent pas des ressources pour mettre en œuvre leurs plans d’action. Elles « sont juste des photos » ironiste-t-il. L’attente et la lenteur de l’Accord agacent aussi le secrétaire général, «  ça fait deux ans qu’ils nous disent le 20 de tel mois, quand on arrive au 20 il y a des problèmes, ils disent qu’il y a une guerre entre a plateforme et la CMA ». Pour lui, il n’a pas des problèmes ni avec la CMA ni avec la Plateforme, « je ne suis pas de cette guerre et je considère que c’est une guerre tribale qui doit s’arranger entre deux tribus ».

Le secrétaire général du MPSA, pense que les forces internationales présentes au Mali « ont des missions obscures qui nécessitent d’être clarifiées », «  nous, on est jamais arrivé à comprendre l’agenda de la France, tout ce qu’on sait, ce qu’ils terrorisent nos populations et arrêtent des innocents. Il y a des gens qui ont déformé mes mots mercredi en disant que je les ai qualifiés d’organisation terroriste» clarifie Boubacar Sadigh Taleb Sidi Ali.

Bien que cette question divise, Boubacar Sadigh Taleb Sidi Ali, pense qu’il faut négocier avec les Maliens qui sont dans les mouvements djihadistes et « trouver un terrain d’entente avec eux ». Pour lui, « tout est négociable », mais la priorité c’est l’application de l’Accord, car, interroge-t-il, « comment organiser des élections alors qu’il y a deux régions qui sont sans collectivités territoriales, alors que les réfugiés sont toujours dehors ? ». Par rapport à l’utilisation des moyens, mêmes les plus extrêmes pour empêcher l’accès aux officiels de l’État et des forces étrangères, Boubacar Sadigh reste claire : «  Nous sommes un mouvement politico-militaire, nous ne sommes pas un parti politique ». « Nous allons organiser des marches, des journées ville morte, nous allons utiliser tout, avant d’arriver à la violence et s’il faut utiliser les armes nous allons les utiliser » précise le secrétaire général.

Pour montrer son mécontentement, le MPSA prévoit de bloquer, dans deux semaines, les accès de la ville de Tombouctou à tous les officiels de l’État et des forces internationales, si d’ici là aucune solution pour remédier aux « lacunes » dans la mise en œuvre de l’Accord n’est trouvée.

 

 

 

 

 

Le Maroc et ses voisins du Sud, une histoire très ancienne

Le Maroc et l’Afrique de l’Ouest partagent une histoire ancienne qui remonte au Moyen Âge. Si elle fut pleine de vicissitudes, elle a laissé une empreinte sociale et culturelle particulièrement au Mali et en Mauritanie.

Le point de mire des relations maroco-maliennes, reste incontestablement la ville de Tombouctou et sa région. En effet, la Cité des 333 saints doit sa célébrité mondiale à un illustre marocain, Hassan Al-Wazzan, dit Léon l’Africain, originaire de la ville de Fès. Rappelons que très jeune déjà, ce natif andalou, victime de la Reconquista de Isabelle la Catholique, accompagnait son oncle diplomate auprès du souverain songhaï Askia Mohamed. C’est lors de ses multiples pérégrinations que Hassan Al-Wazzan fut capturé par des pirates et vendu comme esclave. Impressionné par son savoir encyclopédique, le Pape Léon X le baptisa et lui donna le nom de Johannes Leo Africanus, dit Léon l’Africain. À la demande du souverain pontife, il rédigea un traité géographique intitulé « Cosmographia de Africa » ou « Description de l’Afrique ». C’est grâce notamment à l’ouvrage de ce grand voyageur marocain, que Tombouctou devint une ville mythique dans l’imaginaire occidental et inspira René Caillé.

Tombouctou et sa région passèrent sous domination marocaine lors de sa conquête par le sultan marocain de la dynastie saadienne Al-Mansour en 1591 à la bataille de Tondibi à 50 km de Gao. Le pachalik de Tombouctou bénéficiait cependant d’une certaine indépendance du fait de l’éloignement géographique et des soubresauts dynastiques que connut le Maroc à cette période. Il pris fin au début du XIXème siècle avec le renforcement de l’influence touarègue sur la région et l’avènement de l’empire du Macina.

Malgré les péripéties de l’Histoire, Tombouctou est restée très marocaine jusqu’à nos jours, avec la présence d’une forte communauté arabe attachée à ses origines. En vérité, la description des anciennes relations entre l’Afrique de l’Ouest et le Maroc, présente un triangle civilisationnel Tombouctou-Marrakech-Tékrour.

En effet, l’ancien royaume du Tékrour, sur les bords du fleuve du Sénégal, d’où est originaire le grand souverain Askia Mohamed, selon son contemporain l’érudit Mahmud Kati, a été une composante politique et militaire du mouvement Almoravide qui a conquis Awdaghost de l’empire du Ghana, en 1054, et fondé la ville de Marrakech, en 1070 avec Youssouf Tachfine, avant de conquérir l’Espagne. C’est dire que l’histoire du Maroc est intimement liée à celle de ses voisins du Sud, dans un mouvement perpétuel d’échanges de biens, de savoirs mais aussi d’affrontements. Le foyer religieux de Chinguetti en Mauritanie témoigne de ce dynamisme séculaire de transfert de savoirs islamiques qui structurait les relations multidimensionnelles entre le vieux Maroc et l’Afrique de l’Ouest. Beaucoup de manuscrits en arabe, relatifs à l’histoire ouest africaine, sont encore disséminés à travers les collections publiques et privées du royaume.

 

Barkhane touché par des tirs d’obus à Tombouctou

Plusieurs militaires français ont été blessés hier dans une attaque au mortier à Tombouctou. L’un d’eux est dans un état grave.

Les djihadistes ne faiblissent pas, et continuent d’attaquer de manière sporadique les forces étrangères en position au Mali. Comme en atteste, hier jeudi, l’attaque qui a touché le camp de la Minusma à Tombouctou. « A 8h 40, des mortiers ont atteint le camp, quatre au total ont été tirés, un seul a pu atteindre le super camp et est tombé à proximité de soldats de Barkhane » raconte le porte-parole de la force française. Le camp en question est occupé par les forces de la Minusma, des Famas et par Barkhane. Le nombre de blessé n’a pas été communiqué par Barkhane, mais un des soldats est dans un état grave. « Il est actuellement pris en charge dans un hôpital militaire de Paris, les autres qui sont des blessés légers, seront pris en charge à Tombouctou ou en Algérie » continue-t-il.

Le groupe Nusrat Al-Islam Wal Muslimin a revendiqué l’attaque. « En prenant pour cible les forces d’invasion françaises, les moudjahidines ont bombardé l’aéroport de Tombouctou. Ce qui par la grâce d’Allah a provoqué un nombre de blessés dans les troupes françaises, dont certains grièvement » a déclaré la mouvance dans un communiqué hier dans la soirée.

Juste après l’attaque, des hélicoptères de la Minusma, ont décollés avec à leurs bords des militaires de force Barkhane pour ‘’reconnaître’’ la zone de tir. Une traque est en cours pour dénicher les auteurs de l’attaque. « Barkhane ne fait pas rien, la force a mis en place des mesures actives et passives pour juguler ces attaques djihadistes » assure-t-on du côté de la force française.

Malgré ces mesures, les attaquent ne font que se multiplier. Un mois plus tôt, une attaque du même type avait fait un mort chez les casques bleus. En avril, un soldat français avait perdu la vie lors d’un accrochage avec des djhadistes. C’était le 17ème soldat, tombé au Mali depuis le début de l’opération Serval en 2013, remplacé par la suite par Barkhane en 2014.