Bandiagara : jusqu’où ira le mécontentement ?

Depuis plusieurs années, la région de Bandiagara fait face à des enlèvements de bus de transport en commun sur l’axe Bandiagara – Bankass de la  RN15. De nouveaux  enlèvements, le 16 avril 2024, sur le même axe ont provoqué l’ire des forces vives de la région, qui ont depuis entamé plusieurs actions dont l’arrêt est conditionné à la satisfaction de plusieurs doléances qu’elles ont soumises aux autorités.

Suite à un mot d’ordre de désobéissance civile, les populations du cercle de Bankass étaient dans les rues le 18 avril 2024, bloquant par la même occasion l’axe Bandiagara – Bankass sur la RN15. Plusieurs véhicules dont des cars, des camions et des minibus se sont ainsi retrouvés bloqués à l’entrée de la ville pendant deux jours, avant la levée du blocus dans la matinée du 20 avril 2024.

« Nous avons décidé de lever le blocus  à la demande d’un grand leader religieux de notre région. Mais les autres décisions que nous avons prises sont maintenues », explique Mamoudou Guindo, Président du Conseil local de la jeunesse du cercle de  Bankass.

En effet, ces jeunes ont décidé de boycotter la phase régionale du Dialogue inter-Maliens et de maintenir le mot d’ordre de désobéissance civile jusqu’à la prise en charge totale de leurs doléances. Même la levée du blocus de la route est temporaire, comme l’explique M. Guindo. « Le blocus est levé juste pour quelques jours. Si nous n’avons pas de réactions des autorités, nous nous réunirons le 24 avril pour nous mettre d’accord sur la conduite à tenir pour la suite ».

L’État interpellé

En plus des actions entamées dans le cercle de Bankass, l’ensemble des forces vives de la région de Bandiagara est monté au créneau dans un communiqué en date du 19 avril 2024, en dénonçant la persistance des attaques terroristes dans la région, les récents enlèvements et prises d’otages de civils au niveau de Parou  Songobia sur la RN15, le nombre croissant de déplacés dans les grandes agglomérations de la région, « l’inaction » des forces armées et de sécurité dans la région, « malgré la montée en puissance de nos vaillantes armées », et la lenteur dans le processus de dialogue avec les différents groupes armés. « Plusieurs rencontres et dénonciations ont été faites et des promesses ont été tenues par les plus hautes autorités du pays, mais le constat demeure amer », soulignent les forces vives de la région de Bandiagara.

Dans le même communiqué, transmis au Gouverneur de la région, elles demandent aux autorités de la transition d’installer un camp militaire au niveau de Parou Songobia sur la RN15, d’engager une patrouille mixte d’envergure sur tout le territoire de la région de Bandiagara, de libérer la route Koro – Ouahigouya, de diligenter les actions en vue de la libération de tous les otages et d’accélérer le processus de dialogue pour faciliter le retour des déplacés.

Enlèvements récurrents

Selon des sources locales, au moins 110 civils sont retenus en otages par des terroristes présumés suite à l’enlèvement des bus du 16 avril 2024 sur l’axe Bandiagara – Bankass. C’est la 4ème fois depuis 2021 que des enlèvements ont lieu  dans cette zone.

« Le 10 novembre 2021, 3 de nos cars ont été enlevés et jusqu’à présent les otages ne sont pas libérés, parmi lesquels un maire adjoint, un chef de village et le premier Vice-président du Conseil local de la jeunesse », raconte Mamoudou Guindo.

Pour rappel, deux ans plus tard, le 7 novembre 2023, 3 véhicules appartenant à différentes compagnies de transport avaient été également enlevés sur le même axe.  Les assaillants avaient libéré toutes les femmes à bord, avant d’amener avec eux tous les hommes. Un véhicule et ses passagers avaient été par la suite libérés sous caution. Quelques jours plus tard, un autre car avait été à nouveau intercepté au même endroit et ses passagers masculins emmenés vers une destination inconnue.

Zira Capital : un financement adéquat pour les PME

Zira Capital est un fonds d’investissement lancé au Mali en 2022. Destiné à soutenir les PME dans leur croissance, le fonds souhaite aussi attirer les investisseurs locaux pour soutenir les entreprises et promouvoir l’économie.

« Soutenir différemment et efficacement les PME dans leur croissance » en complétant le chaînon manquant pour leur permettre de financer leur cycle de croissance, c’est l’un des objectifs de Zira Capital, selon l’un de ses co-fondateurs, Mohamed Keïta. Permettant aux entreprises de renforcer leurs fonds propres, Zira Capital leur offre ainsi l’occasion d’accéder à des financements dans des conditions idéales. L’initiative a déjà permis à certaines PME d’être financées pour couvrir leurs besoins en fonds de roulement en équipements et en investissement stratégiques.

Zira Capital a annoncé son premier investissement en capital, ce 25 avril 2024, avec l’entreprise Gama Conseil. Depuis une dizaine d’années ce groupe évolue dans l’éducation privée du primaire à l’enseignement supérieur. Avec des investissements entre 50 et 300 millions FCFA par projet, le fonds est soutenu par « des acteurs importants comme la BNDA, la SONAVIE et des chefs d’entreprise aguerris ».

Freinées dans leur développement à cause des difficultés d’accès au financement, le fonds accompagne les PME dans leurs besoins d’assistance technique, de stratégie et de réseau.

Financer le développement

Les PME restent confrontées à des problèmes de financement parce que les investisseurs classiques, sont des institutions « plus habituées au remboursement des prêts », explique un acteur. Zira Capital, en plus de répondre au besoin de capital pour renforcer les fonds propres des entreprises, entend être un fonds d’investissement local avec des partenaires locaux pour « être un maillon de la chaîne qui va aider les entreprises à fonctionner ».

Les entreprises ciblées doivent correspondre aux besoins du marché et « avoir fait leur preuve ». L’agro business, les entreprises qui utilisent les ressources locales et s’engagent dans un processus de formalisation pour fournir des emplois de qualité, sont des cibles du fonds.

Afin que les entreprises soient étudiées par Zira, elles doivent faire leur preuve, montrer la volonté et la capacité que le projet fonctionne. Elles doivent être prêtes à s’installer comme des entreprises fiables et avoir la volonté de s’inscrire dans la lutte pour l’adaptation au changement climatique. La société doit avoir la volonté de grandir, d’avoir une vision, conclut M. Keita.

 

 

 

Coton : comment augmenter les revenus ?

Principale source de devises du pays avec l’or, le coton est très important pour l’économie malienne. Mais la conjoncture internationale ainsi que le manque de transformation interne inquiètent des acteurs qui mènent des réflexions pour tirer le meilleur profit du coton.

La 13ème Conférence ministérielle de l’OMC s’est achevée le 1er mars dernier à Abu Dhabi sans accord sur l’agriculture. Les différentes délégations n’ont pu se mettre d’accord, au grand dam des pays du C4+ (Mali, Burkina Faso, Bénin, Tchad, Côte d’Ivoire). Ces derniers, qui ont longtemps milité pour que la question du coton ne soit pas diluée au sein du package de l’agriculture, n’ont pas été entendus et les subventions des pays puissances économiques mondiales se poursuivent en faveur de leurs agriculteurs. Ces subventions, selon les termes des membres du C4+, créent une distorsion des marchés. En effet, la Chine et les États-Unis, ainsi que des pays européens tels que la Grèce et l’Espagne, allouent des subventions importantes à leurs producteurs. Grâce à ces aides, le coton provenant de ces pays est vendu moins cher sur le marché. Pour tenter de pallier ce problème et aider les pays du C4+, l’OMC et la FIFA ont signé en septembre 2022 un protocole d’accord portant sur une réflexion sur les moyens de faire du football un outil au service de l’inclusion économique et du développement. Le Président de la FIFA a assuré que le football représentait un marché de près de 270 milliards de dollars, dont 70% générés en Europe. Le lundi 22 avril, Harouna Niang, ancien ministre de l’Industrie et du Commerce du Mali, a présenté au Premier ministre le projet de création d’une unité de transformation du coton en tenues de sport. Selon lui, le projet, soutenu par la FIFA et l’organisation des Nations Unies pour le développement industriel, va permettre la valorisation du coton malien à hauteur de 10%, avec un objectif de 30% à long terme. D’après la CMDT, « le coton contribue à lui seul pour 15% du PIB national et fait vivre directement ou indirectement 4 millions de personnes ». Et, selon les dernières prévisions du Comité de pilotage du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA), la plus haute instance sous-régionale de gestion des questions liées à la filière coton, qui tient actuellement une réunion à Bamako, la production du Mali est estimée en 2024 à 690 000 tonnes de coton graine, contre 480 000 pour la campagne précédente. Ces chiffres relèguent le Bénin, avec 553 787 tonnes, en deuxième position derrière le Mali.

Campagne cotonnière 2024 – 2025 : tenir les promesses

Les acteurs des filières coton du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Sénégal, du Togo et du Tchad sont réunis à Bamako depuis le 22 avril 2024. C’est à l’occasion de la 16ème réunion bilan du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA). Une rencontre qui se tient à un « moment de défis pour les acteurs », notamment l’invasion de jassides, qui avait fait chuter la production de 50% par endroits. Producteurs, chercheurs et industriels sont donc chargés de trouver ensemble les solutions idoines pour booster les rendements et surtout pérenniser une culture vitale pour plusieurs pays.

Marquée par une forte infestation de jassides dans la plupart des pays producteurs de coton en Afrique, la campagne cotonnière 2022 – 2023 a été caractérisée par une baisse significative de la production. Des « ravageurs de fin de cycle qui sont malheureusement intervenus plus tôt », avec l’émergence d’une nouvelle espèce, plus invasive. Une situation inattendue qui a entraîné des dégâts à tous les stades de développement du cotonnier. Avec des niveaux élevés au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Sénégal et au Togo, l’invasion de jassides a entraîné une baisse de production estimée entre 30 et 50%. Avec des prévisions de production au Mali en 2022 de 780 000 tonnes, au Burkina Faso de 647 800 tonnes et en Côte d’Ivoire de 492 820, les récoltes ont été respectivement de 390 000, 411 970 et 236 190 tonnes.

Par rapport à 2021, la production totale dans la Zone Ouest et Centre de l’Afrique a baissé de 30%, passant de 3 139 068 tonnes à 2 102 801 tonnes. Quant aux rendements, ils ont été en deçà de 800 kg/ha et particulièrement inférieurs aux prévisions dans la plupart des pays les plus touchés, comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et le Burkina Faso. Une situation qui a occasionné l’endettement des producteurs et la mise en place par les États de subventions afin de leur permettre de se maintenir dans l’activité pour la campagne 2023 – 2024.

Maintenir la production

Après les résultats catastrophiques de la campagne cotonnière 2022 – 2023, les acteurs de l’espace ont envisagé des mesures destinées à soutenir les producteurs de la filière. Ainsi, les scientifiques ont identifié les causes et préconisé les mesures pour lutter contre ce phénomène nouveau, qui a compromis les résultats de la campagne et au-delà. Avec de nombreuses plantes hôtes autres que le cotonnier, l’insecte ravageur constitue une véritable menace pour la sécurité alimentaire, avertissent les chercheurs.

Lors de la réunion extraordinaire du PR-PICA à Lomé, au Togo, les acteurs ont recommandé notamment trois nouveaux produits, le traitement des semences avec des doses de produits plus relevées que d’ordinaire, l’obtention de dérogations pour l’utilisation de produits non encore homologués et la modification des programmes de traitement pour intégrer les nouveaux produits. Des mesures fortes qui ont permis aux producteurs de garder espoir.

Estimée à 690 000 tonnes de coton graines pour 2023 – 2024, la production malienne a permis aux acteurs de retrouver l’optimisme après la précédente campagne perturbée par l’invasion des jassides. Ainsi, le Mali retrouve sa place de premier producteur africain. Devant le Bénin, 553 587 tonnes, le Burkina Faso, 407 500 tonnes, la Côte d’Ivoire, 394 631 tonnes et le Cameroun, 350 000 tonnes, selon les données du PR-PICA.

Selon les responsables de la Compagnie malienne de développement textile (CMDT), cette performance malienne est attribuable au maintien de la subvention et à l’augmentation du prix d’achat du coton graine. La reprise est aussi due aux « stratégies » déployées par la société pour respecter le dispositif de veille mis en place pour prévenir les attaques des jassides grâce aux produits proposés par l’Institut d’économie rurale (IER), en collaboration avec les chercheurs du PR-PICA.

Malgré donc son démarrage dans des conditions d’inquiétude, la campagne, dont les résultats ont été annoncés par la réunion du Comité de pilotage du PR-PICA en décembre 2023, permettra au Mali de reconquérir sa place de leader des producteurs du coton africain.

Même si cette production enregistre un recul de 11% par rapport aux prévisions, elle représente tout de même un rebond de 76% comparé à la précédente campagne.

Perspectives conditionnées

En pleine période de « mise en place », en attendant la fixation des prix du coton et des intrants qui doivent en principe être connus durant ce mois d’avril, les producteurs restent préoccupés par certaines difficultés. « La première inquiétude que nous avons c’est le retard dans le paiement des prix du coton, qui ne dépasse pas 52% dans l’ensemble », témoigne Issa Konaté, producteur de coton dans la région de Sikasso.

Si des dépenses peuvent être engagées sous certaines conditions, il est difficile pour un producteur qui vit de la culture du coton d’entamer une nouvelle saison sans être totalement payé pour la production précédente. L’autre sujet de préoccupation est relatif au prix des intrants, qui peuvent soit réjouir les producteurs soit les « décourager », ajoute M. Konaté. En effet, lorsqu’ils dépassent un certain niveau, cela peut être un facteur déterminant pour la décision.

Encore désorganisée il y a 3 ans environ, la Confédération des producteurs de coton qui est mise en place cette année est un préalable important qui, espère-t-il, continuera d’assurer l’équilibre et la sérénité au sein de ces acteurs primordiaux de la filière. Concernant les attaques des jassides, après les premières et les mesures adoptées elles ont été endiguées et il faut maintenir cette situation en garantissant la disponibilité des produits, suggère M. Konaté.

Évoquée par les responsables de la CMDT lors de l’ouverture de la réunion du PR-PICA le 23 avril 2024 à Bamako, la question des rendements est un défi constant, qui interpelle lui aussi. Pour le producteur, les différentes qualités de semences disponibles ont montré leurs limites et il est essentiel que d’autres variétés, qui seront plus adaptées aux conditions et aux réalités des sols, soient adoptées. Par ce que les « rendements ne sont pas vraiment à hauteur de souhait », déplore M. Konaté. Puisque c’est au rendement qu’est effectué le paiement, il est important que « nous ayons des semences plus performantes en la matière ».

Espérant une hausse du prix au producteur cette année, M. Konaté attend également une baisse du coût des intrants et surtout le paiement des sommes dues au titre de la campagne précédente pour entamer avec plus d’engouement la prochaine, qui doit confirmer les « bons résultats » de 2023 – 2024.

Évoluer face aux défis

Créé au Burkina Faso en 1998, le Projet régional de prévention et de gestion de la résistance de Helicoverpa armigera aux pyréthrinoïdes en Afrique de l’Ouest (PR-PRAO) est devenu en 2005 le Programme régional de protection intégrée du cotonnier en Afrique (PR-PICA) en décidant d’intégrer toutes les disciplines de la production, notamment l’amélioration variétale, il est désormais le Programme régional de production intégrée du cotonnier en Afrique (PR-PICA).

Même s’ils affichent des « résultats intéressants dans la gestion de la résistance des ravageurs », ses responsables entament cette session avec d’importants défis. Ils sont relatifs à la faiblesse des rendements, qui sont encore inférieurs à une tonne à l’hectare. « Inacceptable », à l’heure actuelle, compte tenu des nombreux progrès dans le domaine. La variabilité de la pluviométrie et la question centrale de la transformation du coton africain sont aussi des problématiques qui sont à l’ordre du jour du développement du secteur du coton.

Des questions centrales sur lesquelles les chercheurs des huit pays producteurs du PR-PICA, ainsi que leurs partenaires, réunis à Bamako sont donc attendus pour faire des recommandations pertinentes, capables de booster le secteur et surtout d’assurer sa viabilité, compte tenu de son importance dans l’économie des pays producteurs.

Yaya Cissé : ses soutiens plaident pour un nouveau procès

Le 30 mars 2024, Yaya Cissé a célébré ses 12 ans d’emprisonnement en Mauritanie. Ce Malien, résident dans ce pays, a été condamné en 2012 pour le meurtre d’un Mauritanien. Après de longues années de bataille pour « établir » la vérité, ses soutiens sont mobilisés pour la réouverture de son procès. Car, ils en sont convaincus, M. Cissé est victime d’une erreur judiciaire.

« Ça va, Dieu merci. Il a le moral », raconte Madame Cissé, l’épouse de Yaya Cissé. De retour de Nouackchott, où est incarcéré son mari, elle fait la navette entre la capitale mauritanienne et Nouadhibou, où elle vit avec leurs enfants. C’est ainsi depuis 2012 : elle partage son quotidien entre ses enfants et son mari, condamné et emprisonné pour « un crime qu’il n’a pas commis ». Son seul souhait est qu’il « recouvre sa liberté et qu’il nous revienne sain et sauf ». Dans l’attente d’une réponse officielle pour la réouverture de ce dossier judiciaire, pour lequel le collectif pour la défense de Yaya Cissé se mobilise, ce combat est aussi devenu celui de la Commission nationale des droits de l’Homme du Mali (CNDH). Son Président, Aguibou Bouaré, qui s’est personnellement impliqué, espère aussi un autre procès pour Yaya Cissé.

Nouveaux éléments

Dans l’espoir d’un nouveau procès, le collectif pour la défense de Yaya Cissé a adressé une lettre ouverte au Président de la Transition afin de demander son implication personnelle. Il l’a affirmé lors d’un point de presse qu’il a animé à l’occasion du douzième anniversaire de l’incarcération de M. Cissé.

De nouveaux éléments ont été découverts, permettant au moins d’émettre un doute sur les conditions de la condamnation de M. Cissé. Des éléments qui justifient, selon le collectif et les avocats de la défense, l’ouverture d’un nouveau procès qui pourrait le disculper. Outre sa présence en territoire malien le jour du meurtre dont on l’accuse, des témoignages éloquents et des documents de voyage officiels attestent de cette réalité.

Même s’il tient bon pour sa famille, l’état de santé de M. Cissé s’est dégradé au fil du temps et nécessite une prise en charge efficace, selon le collectif « Justice pour Yaya Cissé ». Saluant par ailleurs les efforts des autorités de la Transition, à travers le ministère de la Justice, et de la CNDH, il se dit confiant en la justice mauritanienne pour réparer cette « erreur judiciaire ».

Choguel Kokalla Maïga : dans le viseur du CNT, le Premier ministre va-t-il tomber ?

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga est attendu dans les prochains jours au Conseil national de transition (CNT) pour présenter le bilan de l’exécution du Plan d’action gouvernemental. Deux ans après son premier passage devant l’organe législatif de la Transition, Choguel Maïga, très attendu par les membres du CNT, pourrait être contraint à présenter sa démission et celle de son gouvernement.

Le Président du Conseil national de Transition, le Colonel Malick Diaw, a annoncé dans son discours d’ouverture de la session ordinaire d’avril, le 8 avril 2024, le prochain passage du Premier ministre devant l’organe législatif dans le cadre de l’orientation, du contrôle et du suivi-évaluation de la Feuille de route de la Transition.

Le Chef du gouvernement, très attendu par les membres du CNT, devra faire le point de l’avancement dans l’exécution de son Plan d’action gouvernemental sur les deux dernières années et faire face aux multiples interrogations sur différents sujets d’actualité lors de ce passage, dont la date doit être fixée et rendue publique après la prochaine Conférence des présidents du CNT.

Et si cette interpellation annoncée du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga était le début d’un processus aboutissant à sa destitution de la tête du gouvernement ?  Pressenti comme étant sur un siège éjectable depuis des mois, le Chef du gouvernement bénéficie toujours de la confiance du Président de la Transition. Mais pourra-t-il conserver celle du Conseil national de transition et obtenir son quitus pour prolonger son séjour à la Primature ?

Motion de censure ?

Lors de son dernier passage devant le CNT, en avril 2022, 9 mois après sa prise de fonction, Choguel Kokalla Maïga avait été déjà vivement critiqué pour la lenteur dans la mise en œuvre du Plan d’action gouvernemental, dont seulement 33,87% des activités avaient été exécutées.

Aujourd’hui, deux ans après, beaucoup de membres du CNT pensent que l’exécution de ce plan et de la Feuille de route de la Transition n’ont guère avancé. Selon nos informations, l’institution, dont la majorité des membres n’est pas très satisfaite de l’action gouvernementale, pourrait adopter une motion de censure contre le Premier ministre et le contraindre à la démission.

À en croire certains analystes, ce scénario n’est pas exclu, d’autant plus que le Premier ministre n’est visiblement pas prêt à rendre le tablier de lui-même et que les militaires auxquels il s’est allié ne veulent pas le débarquer, au risque de se mettre à dos le M5-RFP pour la suite de la Transition, même si le mouvement est aujourd’hui divisé.

De la Conférence d’entente nationale au Dialogue inter-Maliens

Plusieurs fora ont précédé le Dialogue inter-Maliens, dont la phase régionale débute le 20 avril. De grandes rencontres entre les Maliens organisées pour faire le diagnostic de la crise dans le pays et trouver des solutions.

Qualifiée fin 2016 de « jalon important dans la réhabilitation de la cohésion sociale et du vivre-ensemble au Mali » par le Président de l’époque, Ibrahim Boubacar Keita, la Conférence d’entente nationale s’est tenue du 27 mars au 2 avril 2017.Cette Conférence était inscrite au chapitre 2 de l’Accord d’Alger de 2015 (abandonné par la transition en janvier 2024). Avant sa tenue, l’opposition, conduite par Soumaila Cissé, l’avait boycottée, avant finalement de rejoindre la salle où se tenait la rencontre, une présence qu’elle avait jugée symbolique par la suite. Plusieurs recommandations ont été faites à l’issue de la Conférence, dont notamment d’améliorer la gouvernance, la justice et la gestion des ressources publiques ; de criminaliser toutes les revendications basées sur la violence et l’usage des armes ou encore de négocier avec Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Kouffa, les chefs du groupe terroriste JNIM. Alors que ces recommandations peinaient dans leur mise en œuvre, sera organisé deux ans plus tard le Dialogue national inclusif, une initiative censée trouver une solution à la crise sécuritaire et humanitaire que vivait le pays. Une nouvelle fois, l’opposition, par la voix de Soumaila Cissé, disparu le 25 décembre 2020, critiqua ce dialogue. Elle estimait que ce dialogue était « de la pure communication politique » et « une mise en scène ». Pour la plupart, les recommandations épousaient celles formulées lors de la Conférence d’entente nationale. En prenant en compte les phases locales, les participants se sont concertés du 11 au 30 décembre 2019 sur six thématiques (Paix, sécurité et cohésion sociale, Politique et institutionnel, Gouvernance, social, économie et finances et enfin Culture, jeunesse et sport). Les actions à réaliser ont été classées par priorité : court, moyen et long terme. Les participants demandaient, comme lors de la Conférence d’entente nationale, d’engager le dialogue avec les terroristes pour le retour de la paix, de procéder à une relecture de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation, selon les mécanismes prévus à l’article 65 dudit Accord, ou encore de renforcer l’armée. Le coup d’État contre le Président IBK interviendra huit mois plus tard, en août 2020. Du 11 au 30 décembre 2021, les autorités de la Transition organiseront les Assises nationales de la refondation, avec pour objectif la naissance d’un « Mali Kura ». À la différence des dialogues précités, négocier avec les terroristes ne faisait pas partie des recommandations des ANR.

Dialogue inter-Maliens : mal embarqué ?

La première phase du Dialogue inter-Maliens s’est achevée le 15 avril dans les différentes communes du pays. Alors que ce dialogue vise à contribuer à la restauration de la paix, de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale, certaines propositions issues des échanges vont dans le sens d’une prolongation de la Transition. Boycotté en outre par des acteurs majeurs de la classe politique et certains groupes armés rebelles du nord, le dialogue voit sa réussite déjà compromise.

Les phases régionale et nationale du Dialogue inter-Maliens doivent se tenir respectivement du 20 au 22 avril et du 6 au 10 mai 2024. Mais le ton a été déjà donné dans les différentes communes, du 13 au 15 avril dernier. Les travaux au niveau communal, qui se sont globalement bien déroulés sur l’ensemble du territoire national, ont abouti à des recommandations en rapport avec les thématiques soumises aux participants, à savoir « Paix, réconciliation nationale et cohésion sociale », « Questions politiques et institutionnelles », « Économie et développement durable », « Aspects sécuritaires et défense du territoire » et « Géopolitique et environnement international ».

Différentes propositions ont été faites lors de ces échanges. Dans la Commune III du District de Bamako, pour ce qui est de l’économie et du développement durable, certains participants proposent de développer le secteur primaire, la pêche, l’élevage et surtout l’agriculture, de promouvoir l’entreprenariat et la consommation locale et de « contrôler au maximum notre économie pour créer notre propre monnaie ».

Concernant la question sécuritaire et de défense du territoire, ils recommandent de  recruter le maximum de jeunes volontaires pour la défense de la patrie, d’acquérir des armements de guerre modernes et de renforcer les écoles de guerre. Sur la même thématique, en Commune II, les participants recommandent l’instauration d’une police de proximité et une meilleure collaboration entre la population et les forces de défense et de sécurité.

À Bafoulabé, les participants ont opté pour un désenclavement du cercle, qui doit « impérativement passer par la construction de ponts sur le fleuve Sénégal à Bafoulabé et ses voies d’accès », et la révision des cahiers de charges des unités de production pour favoriser le recrutement des jeunes locaux. Ils ont aussi plaidé pour que les ressources naturelles du cercle « brillent pour les communes où elles sont exploitées ».

Parmi les recommandations à Ansongo, dans la région de Gao, on note essentiellement le retour des réfugiés et l’érection du cercle en région, tandis qu’à Goundam, dans la région de Tombouctou, les participants ont insisté sur le retour de la paix dans la région.

Du coté de Bandiagara, dans le centre, l’intégration des combattants des groupes armés d’autodéfense dans les rangs des forces armés, la dissolution des milices, la reconstruction des villages endommagés ainsi que le retour effectif de tous les déplacés dans leurs localités respectives sont les principales recommandations faites.

Dialogue taillé sur mesure ?

Dans la thématique consacrée aux questions politiques et institutionnelles, certaines communes proposent une nouvelle prolongation de la Transition. Cette proposition de prolongation, allant de 30 mois à 10 ans ou encore jusqu’à la sécurisation complète et la stabilisation du pays, est revenue à plusieurs reprises, notamment, entre autres, à Bafoulabé, Ségou, Kidal et Gao.

Même si ces recommandations doivent encore être validées au niveau régional avant d’être retenues ou non au niveau national, elles suscitent déjà des interrogations sur d’éventuels objectifs inavoués qui auraient motivé la tenue de ce Dialogue inter-Maliens.

« Ce dialogue est un outil comme tant d’autres qui ont été utilisés au moment de l’adoption de la Charte de la Transition ou encore des Assises nationales de la refondation. Tous les canaux de discussion qui ont eu lieu depuis le début de cette transition n’ont servi qu’à légitimer des causes déjà connues à l’avance et le Dialogue inter-Maliens ne fera pas exception à cette règle », pense Dr. Amidou Tidjani, enseignant-chercheur à l’Université Paris-13.

Mais pour certains les recommandations sur la prolongation de la Transition sont « hors sujet » et doivent être recadrées conformément aux objectifs du dialogue. En effet, selon les termes de référence validés au plan national et soumis au Président de la Transition, les objectifs spécifiques du dialogue inter-Maliens sont, entres autres, d’identifier les sources des crises qui affectent le pays ainsi que les conditions de retour des réfugiés et des déplacés, de prévenir et de gérer les conflits en valorisant les mécanismes endogènes de gestion pour la consolidation de la paix, de renforcer la confiance entre les populations et les forces armées et de sécurité ou encore de renforcer la participation des femmes, des jeunes et des personnes vivants avec un handicap dans les mécanismes de prévention et de résolution des conflits.

Du plomb dans l’aile ?

En plus de l’orientation ambiguë que semble avoir prise le Dialogue inter-Maliens à l’issue de la première phase au niveau des communes, le processus, qui se veut inclusif et ouvert à tous les Maliens, est boycotté par une grande partie de la classe politique et les groupes armés réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD).

En riposte à la décision des autorités de transition de suspendre jusqu’à nouvel ordre les activités des partis politiques, plusieurs formations majeures à l’instar de l’Adema-PASJ, du parti Yelema, du RPM, du Parena, de la Codem, de l’ASMA-CFP, de l’UDD et du PDES, entre autres, ont enjoint à leurs militants de pas prendre part aux travaux de ce dialogue.

Pour les groupes armés du CSP, le Dialogue inter-Maliens est un « simulacre de dialogue ». « S’il y a un problème aujourd’hui, c’est bien entre les représentants de l’État et ceux du CSP et des mouvements djihadistes tels que le JNIM. Je ne vois pas l’objectif d’un dialogue qui exclut ces parties », martèle Mohamed El Maouloud Ramadane, Porte-parole du CSP.

L’absence de ces différents acteurs va-t-elle impacter l’efficacité du Dialogue inter-Maliens et la viabilité des recommandations pour la paix et la réconciliation nationale qui vont en découler ? Les avis sont partagés sur la question. « L’absence des groupes armés et de certains partis politiques n’est pas un frein à la réussite du dialogue. Dans un pays en crise, s’il y a des groupes qui ont pris les armes contre l’État et contre les populations civiles, on ne peut pas les inviter à un dialogue sans qu’ils acceptent de faire une trêve », soutient le politologue Bréhima Mamadou Koné.

Dr. Amidou Tidiani partage cet avis, même si les raisons qu’il met en avant ne vont pas dans le même sens. « Je pense que l’absence des partis politiques ne portera pas de coup au Dialogue inter-Maliens. Au contraire, c’est une occasion pour les autorités de la Transition, qui ont pour projet de délégitimer les partis politiques, d’utiliser ce dialogue pour arriver à cette fin », avance l’enseignant-chercheur.

Par contre, pour Soumaila Lah, analyste politique et Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la Sécurité, « aller à ce dialogue avec les paramètres actuels c’est le faire souffrir d’un manque de légitimité et, à la fin, beaucoup ne se reconnaitront pas dans les conclusions ».

« L’essence d’un dialogue est de réconcilier des gens qui ont des positions différentes. Mais aujourd’hui ce dialogue crée plus d’antagonismes entre les Maliens que de points de convergence », déplore celui qui soutient également que les autorités auraient véritablement dû travailler en amont pour rechercher l’inclusivité, peu importe les antagonismes.

UEMOA : la diaspora transfère près de 281 milliards de francs CFA

Les travailleurs de la diaspora provenant des pays de l’UEMOA et vivant en Côte d’Ivoire ont transféré 280,9 milliards de francs CFA vers leurs pays d’origine en 2022. Un chiffre en hausse de 28% par rapport à l’année précédente représentant 58% des transferts effectués par les diasporas vers les pays de la région, selon la BCEAO.

Selon le site Sikafinance, ceci dénote d’une forte présence des travailleurs des pays de la sous-région en Côte d’Ivoire. En tête de ces pays, le Mali, dont les ressortissants ont envoyé 70,8 milliards, suivi du Burkina Faso avec 60,7 milliards. Ces chiffres représentent 47% du volume global des transferts vers l’UEMOA. On trouve ensuite le Sénégal avec 52,2 milliards de francs CFA, le Togo, 41,7 milliards, et le Bénin, avec 40,6 milliards. Le Niger et la Guinée Bissau sont les pays ayant reçu le moins de transferts, avec respectivement 13,8 milliards et 619,7 millions  de francs CFA.

En tout, les flux de transferts des diasporas locales à l’intérieur de la région ont progressé de 19% pour s’établir à 663,6 milliards de francs CFA en 2022 contre 557,2 milliards en 2021.

Quant à la diaspora installée dans la région, elle a transféré 84,4 milliards  de francs CFA. Des sommes provenant essentiellement du Sénégal (26,9 milliards), du Mali (22,3 milliards), du Burkina Faso (17,2 milliards FCFA), du Bénin (9,5 milliards), du Togo (6,5 milliards), du Niger (1,3 milliard) et de la Guinée Bissau (548,2 millions de francs CFA).

Soumaïla Lah : « Rien ne laissait présager des affrontements entre le CSP et le JNIM »

Le CSP et le JNIM se sont affrontés le 6 avril dernier à Nara, occasionnant des pertes des deux côtés. Comment comprendre cet affrontement inédit entre deux groupes que beaucoup d’experts présentaient comme alliés ? Est-ce un tournant ? Soumaïla Lah, Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la sécurité répond.

Plusieurs sources indiquent des affrontements entre le CSP et JNIM le 6 avril dernier à Nara. Comment l’interpréter ?

Ces affrontements sont difficiles à justifier quand on sait la collusion entre le CSP et le JNIM depuis la suspension par les groupes armés de leur participation à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, sur fond de rétrocession des camps de la MINUSMA. Pour rappel, les deux entités, à plusieurs reprises, ont convergé pour s’opposer à la récupération des camps par les Famas. Pour autant, au regard de l’historique des relations entre elles, ce n’est pas la première fois que des alliances de circonstance sont nouées et dénouées selon le contexte du moment. Cependant, rien ne laissait présager ces affrontements entre le CSP et le JNIM au moment où le contexte est favorable à la logique de la continuité d’une alliance de circonstance. Des différents idéologiques ou territoriaux peuvent justifier ces affrontements. 

Alors que la collusion était avérée entre ces deux groupes, ces affrontements marquent-ils un tournant ?

Absolument, même s’il est difficile pour l’heure d’en déterminer les tenants et les aboutissants. En 2012 déjà, ce type d’alliance avait été scellé pour finalement éclater sur fond de différents idéologiques et sécuritaires irréconciliables. 

Le CSP, dont la base se trouvait au nord, notamment à Kidal, a voulu s’incruster vers Nara? Comment comprendre cette stratégie ? Pourquoi ?

Le CSP n’a plus accès à Kidal depuis un moment. Il a trouvé un point de chute aux  confins de la frontière entre le Mali et l’Algérie. Cette perte de repères, perçue comme un repli stratégique, ouvre forcément la voie à la recherche de nouvelles positions. Nara est stratégique et facilite le transit entre le Mali, la Mauritanie et l’Algérie, mais c’était sans compter sur la volonté du JNIM de ne pas laisser un mouvement, fût-il un allié de circonstance, prendre position dans une zone où il a posé ses bagages depuis un moment, sa zone de confort. 

Nara n’est pas loin de la frontière mauritanienne. Peut-on supposer que des combattants du CSP se réorganisent en Mauritanie plutôt qu’en Algérie ?

Nara constitue aujourd’hui un carrefour et le CSP est à la recherche de zones stratégiques pour se réorganiser. Cette hypothèse n’est donc pas à exclure.

Transition : La fin officielle engendre-t-elle un vide juridique ?

Depuis le 26 mars 2024, date à laquelle a pris fin la transition conformément au décret  No 2022-003/PT-RM du 6 juin 2022 fixant sa durée à 24 mois, un débat  autour d’un éventuel vide juridique pour la suite s’est installé. Sur la question, les positions sont très tranchées.

« Le vide juridique est lié au fait que la charte est caduque et que les organes de la transition le sont également. Aujourd’hui la vérité est que nous avons des organes de fait de la transition, qui sont là pas la force des choses », clame Dr. Mahamadou Konaté, président en exercice du comité stratégique du M5-RFP Mali Kura.

Parmi les éléments  sur lesquels se base le juriste, l’article 22 de la loi No 022-001 du 25 février 2022 révisant la charte de la transition et le décret No 2022-003/ PT-RM du 6 juin 2022 fixant le délai de la transition à deux ans.

Positions contradictoires

En revanche, pour Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, président de la plateforme Forum des forces du changement (FFC), le décret fixant la fin de la transition est « inopérant » parce qu’il est le fruit d’une négociation politique avec la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest ( CEDEAO). En outre pour lui, la charte révisée de la transition notamment en son article 22 permet clairement à la transition de s’étendre jusqu’à l’élection du président de la République organisée par les autorités de la transition. « Mieux, la loi fondamentale du 22 juillet 2023 dans son article 190  dispose que jusqu’à la mise en place de nouvelles institutions, les institutions établies continuent d’exercer leurs fonctions et attributions ».

Le président de la commission Lois du conseil national de transition ( CNT) abonde dans le même sens. Pour Souleymane Dé, depuis la promulgation de la nouvelle Constitution du 22 juillet 2023, la fin de la transition au Mali n’est plus liée à une date mais à un évènement : l’élection du Président de la République. Pour lui, le débat sur le décret fixant la durée de la transition n’a également pas lieu d’être. « La charte de la Transition  dans son article 22 fixait la durée de la transition à 18 mois. La Charte modifiée du 25 février 2022 supprime le délai de 18 mois et renvoie à l’élection du Président suivie de la prestation de serment de ce dernier. Et avec la nouvelle Constitution, l’article 190 ramène au fait électoral », explique-t-il.

Faux, rétorque le Dr. Mahamadou Konaté. « Dire que la transition prend fin avec l’organisation de l’élection présidentielle est une aberration. La transition politique par nature est définie dans un temps précis. L’élection présidentielle n’est pas un temps, c’est une activité. Et avoir un tel raisonnement  revient à dire que la transition est illimitée dans le temps. Car, l’organisation de l’élection présidentielle peut être reportée 10, 15 , 20 ans après, voire plus », argue le président du Comité stratégique du M5-RFP.

Pour l’universitaire et chercheur Soumaila Lah également, on ne peut pas justifier le vide juridique par la constitution du 22 juillet 2023. « Aujourd’hui on essaye de justifier ce vide juridique par l’article 190 de la nouvelle Constitution. Mais cette nouvelle constitution  n’est pas en vigueur. L ’article 189 stipule que c’est à partir de l’installation des nouvelles institutions que la Constitution va entrer en vigueur », soutient-il.

Par ailleurs dans leur requête aux fins de constatation de vide institutionnel au Mali pour vacance de la présidence de la transition militaire et déchéance de ses organes  et de mise en place d’une transition civile de mission introduite auprès de la Cour Constitutionnelle le 28 mars dernier,  la Référence syndicale des magistrats ( REFSYMA) et l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) indiquent que les autorités actuelles de la transition  sont « juridiquement disqualifiées » à parler et pour agir au nom du peuple malien.

Transition : le réveil des partis politiques ?

Longtemps silencieux concernant la Transition, certains partis et regroupements politiques redonnent de la voix. Depuis la fin de la période transitoire, le 26 mars 2024 conformément au décret No2022-003/PT-RM du 6 juin 2022 en fixant la durée à 24 mois, ils montent au créneau pour exiger des autorités la tenue rapide de l’élection présidentielle qui mettra un terme à la Transition. Mais feront-ils le poids face à un pouvoir bien assis et qui semble avoir relégué au second plan un retour à l’ordre constitutionnel ?

Avalanche de réactions au sein de la classe politique. Depuis le 26 mars 2024, date à laquelle était censée prendre fin la Transition, certains partis et regroupements politiques montent au créneau pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel.

Dans une déclaration anticipée, le 25 mars, le RPM, après avoir invité les autorités de la Transition au respect des engagements souverainement pris devant la communauté nationale et internationale, appellait à la « mise en place de toute urgence d’un nouveau mécanisme transitionnel pour un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de 6 mois ».

De leur côté, le M5-RFP Malikura et Yelema recommandent en urgence une concertation avec les responsables des forces vives nationales, pour redéfinir le contour et les objectifs et identifier les acteurs d’une nouvelle transition courte. « Le M5-RFP Mali Kura et le parti Yelema « le Changement » sont convaincus qu’après 3 ans et 8 mois de report en report provoqué, la Transition ne saurait aux forceps s’éterniser », ont dénoncé les deux entités dans une déclaration commune le 26 mars.

Dans la même veine, l’Adema-PASJ a lancé le 27 mars 2024 un « appel vibrant » aux autorités de la Transition pour « accélérer le processus devant conduire à la tenue de l’élection présidentielle qui mettra fin à la Transition ». Le parti, dans une  déclaration, estime que le « silence prolongé » des autorités de la Transition sur le chronogramme électoral suite au léger report de la date des élections « ne participe nullement à l’apaisement du climat sociopolitique ni à la consolidation de la cohésion sociale chère à tous les Maliens démocrates et républicains ».

L’Action républicaine pour le Progrès (ARP), pour sa part,  dans un mémorandum en date du 27 mars, appelle à la démission immédiate du gouvernement et à la mise en place d’un Exécutif d’union nationale dans le cadre d’un nouveau dispositif de transition véritablement inclusif. L’Alliance politique dirigée par l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly propose également de fixer une « date consensuelle raisonnable » pour l’élection présidentielle qui marquera le retour du Mali dans la normalité institutionnelle.

Actions 

Au-delà de leurs différentes réactions initiales, plusieurs partis et regroupements politiques, ainsi que des organisations de la société civile, ont réitéré leur position dans une déclaration commune le 31 mars 2024. « Nous demandons aux autorités en place, au regard du vide juridique et institutionnel ainsi provoqué, de créer les conditions d’une concertation rapide et inclusive pour la mise en place d’une architecture institutionnelle, à l’effet d’organiser dans les meilleurs délais l’élection présidentielle », indique la déclaration signée de près d’une centaine de partis politiques parmi lesquels, entre autres,  l’Adema-PASJ, le RPM, la Codem, l’ASMA-CFP, les Fare An Ka Wuli, le parti Yelema et l’UDD.

En plus d’attirer l’attention du gouvernement sur la fin de la Transition, conformément à l’article 22 de la loi No2022-001 du 25 février 2022 révisant la Charte de la Transition et au décret No2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022 fixant le délai de la Transition à deux ans, ces partis avertissent qu’ils utiliseront « toutes les voies légales et légitimes pour le retour de notre pays à l’ordre constitutionnel normal ».

Le 28 mars dernier déjà, la Référence syndicale des magistrats (REFSYMA) et l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP), toutes deux membres de l’Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali, signataire de la déclaration du 31 mars 2024, avaient déposé une requête devant la Cour constitutionnelle. Les deux structures demandent à la juridiction de « constater la vacance de la présidence de la Transition, de prononcer la déchéance de tous les organes de la Transition et d’ordonner l’ouverture d’une nouvelle transition à vocation de rassemblement et réconciliation », incluant toutes les composantes de la Nation, y compris l’armée républicaine, avec comme missions principales assignées l’organisation des élections en vue du retour à l’ordre constitutionnel.

À en croire Alassane Abba, Secrétaire général de la CODEM, tous les partis, regroupements politiques et organisations de la société civile se réuniront dans les prochains jours pour la mise en place du Comité de suivi de la Déclaration commune du 31 mars et pour se mettre d’accord sur les futures actions à mener.

« Sûrement que nous allons mener d’autres actions pour avoir gain de cause, parce que je ne vois pas le gouvernement tout d’un coup accéder à notre demande, compte tenu du fait qu’ils sont aussi dans leur logique. Le Premier ministre l’a dit et on le sent à travers les propos de beaucoup d’entre eux, les élections ne sont pas d’actualité », confie celui qui n’exclut pas par ailleurs parmi des futures actions la désobéissance civile. « C’est la première des choses à laquelle nous pensons », glisse M. Abba.

Bloc d’opposition ?

Depuis le début de la Transition, des plateformes opposées à la gestion des autorités se sont constituées, sans pour autant parvenir à inverser les rapports de force en leur faveur. Que ce soit le Cadre d’échange des partis et regroupements pour un retour à l’ordre constitutionnel, l’Appel du 20 février pour sauver le Mali ou encore, plus récemment, la Synergie d’action pour le Mali, elles peinent toujours à peser  face aux militaires au pouvoir.

Mais pour la première fois, ces trois plateformes, même si la Synergie d’action pour le Mali n’est pas signataire en tant qu’entité mais est représentée par Espérance Jiguiya Kura, se mettent ensemble pour mener des actions communes. Au-delà de la déclaration commune et d’éventuelles futures actions, l’initiative pourrait-elle aboutir à la formation d’un bloc d’opposition à la Transition solide ? Pour le Secrétaire général de la Codem, cela ne semble pas évident.

« Les partis ont signé, mais ils n’ont pas les mêmes positions. Certains ont signé juste parce qu’ils se sont d’accord pour le retour à l’ordre constitutionnel. Mais de là à faire un bloc d’opposition, ce n’est pas aisé. Les partis n’ont pas les mêmes visions. L’opposition suppose qu’il y ait un chef de file et il n’est pas facile de le dégager dans ce contexte », concède Alassane Abba.

Par ailleurs, selon certains observateurs, le succès même des actions communes annoncées des partis, regroupements politiques et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024 n’est pas garanti. « Il sera très difficile pour ces partis de mener des manifestations qui puissent aboutir à quelque chose de probant. Le pouvoir en place semble décidé à ne laisser émerger aucune forme de contestation », glisse un analyste.

« Quand la Synergie d’action pour le Mali a voulu mener ses activités, elles ont été tout simplement interdites pour motif de sécurité par la Délégation spéciale du District de Bamako. Je pense que les autorités vont brandir les mêmes motifs pour interdire également toute manifestation de la nouvelle dynamique des partis et regroupements politiques qui est en train de se mettre en place », prédit-il.

Vague de chaleur : le Mali suffoque

Si les mois de mars et avril marquent habituellement la période de pic pour la chaleur au Mali, cette année s’annonce particulière avec dès ce début avril des jours et des nuits très chauds. Une vague de chaleur qui devrait se poursuivre jusqu’en fin de semaine avec des températures au-dessus de 40°C partout au Mali. Ces températures extrêmes, qui concernent l’Afrique et au-delà, s’expliquent selon les experts par le changement climatique.

Déjà signalée par la World Weather Attribution (WWA), la « chaleur anormale » enregistrée dans la zone sud de l’Afrique de l’Ouest début février est selon les observations l’une des conséquences du changement climatique induit par l’homme. « L’indice de chaleur moyen par zone est aujourd’hui environ 4°C plus élevé dans le climat actuel, plus chaud de 1,2°C. En outre, une telle chaleur humide est devenue beaucoup plus probable. Elle est au moins 10 fois plus probable dans le monde d’aujourd’hui », note le rapport de WWA.

Absence d’anticipation

Alors que le coût de l’adaptation pour les pays en développement se situe entre 215 et 387 milliards de dollars par an au cours de cette décennie, les données et les recherches, limitées, des services de météorologie dans la zone concernée semblent caractériser la situation. Ainsi, beaucoup de pays « ne semblent pas avoir procédé à une planification en cas de chaleur extrême ». Or « des investissements majeurs sont nécessaires en Afrique pour renforcer la résilience face aux chaleurs dangereuses ».

Au Mali, la période coïncide cette année avec le mois de Ramadan et une crise énergétique qui complique davantage la situation. Avec des températures minimales d’environ 30°C, les premières heures de la matinée sont déjà éprouvantes pour les individus. Avec des maximales prévues à 44°C, notamment à Bamako, les nuits, habituellement plus douces, enregistrent aussi des pics.

L’épisode de cette année sera plus intense et plus fort que durant les 30 dernières années, avaient expliqué les services de la météorologie début mars. Un mois d’avril  où les nuits seront aussi chaudes que la journée, surtout dans les régions de l’ouest (Kayes), où la température a atteint 46°C le 2 avril, et dans les régions du nord. Cette augmentation de la chaleur, due à un dérèglement climatique mondial entraînant une hausse globale des températures, est aussi liée à une forte urbanisation, notamment dans la capitale malienne. L’augmentation des émissions de gaz à effets de serre contribuant au réchauffement de l’atmosphère et la « saharisation » de Bamako, avec la diminution significative des arbres, sont aussi des causes évoquées par les spécialistes.

Choguel Maïga – Classe politique : Un malaise grandissant

Affaibli politiquement depuis sa destitution de la présidence du Comité stratégique du M5-RFP, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga multiplie  les rencontres avec la classe politique, qu’il tente de rallier à sa cause. Mais la plupart des partis représentatifs de l’échiquier politique national ne répondent pas à l’appel du Chef du gouvernement. Entre le Premier ministre et la classe politique, dont il s’était déjà mis à dos une partie depuis sa nomination à la primature,  le courant passe de moins en moins.

7 mars, 18 mars, 25 mars 2024. En moins d’un mois, le Premier ministre a initié trois rencontres avec la classe politique pour échanger avec elle. Mais à chacune de ces rencontres le constat était le même : la quasi-totalité des grands partis de la scène politique nationale était aux abonnés absents.

Si lors de la première rencontre, le 7 mars au CICB, on pouvait noter la participation, entre autres, de l’URD et de l’EDR, représentés respectivement par leurs Présidents, Gouagnon Coulibaly et Salikou Sanogo, les deux autres qui ont suivi ont été presque réduites à des réunions entre le Chef du gouvernement, les membres de son cabinet et quelques représentants des mouvements du M5 qui lui sont restés fidèles.

Le 18 mars, le Premier ministre a expliqué le manque d’engouement de la classe politique pour la première rencontre par une « maldonne ». « Quand j’ai demandé de convoquer la réunion, mon cabinet a fait juste un communiqué. Quand je m’en suis rendu compte, je leur ai dit que ce n’est pas comme cela qu’il fallait faire. Les chefs de partis sont ceux qui sont appelés à diriger ce pays. Il faut dès le départ souligner en rouge la considération qui leur est due. J’ai donc demandé à mon cabinet de faire une invitation que je vais moi-même signer », a-t-il expliqué à l’entame de ses propos.

Ordre du jour imprécis

Bien que l’invitation signée par le Chef du gouvernement soit par la suite parvenue en bonne et due forme aux partis politiques, cela n’a pas pour autant permis de rehausser leur présence au nouveau rendez-vous avec le Premier ministre.

Le RPM, l’URD, l’Adema-PASJ, l’ASMA-CFP, la CODEM, le parti Yelema, entre autres, sont toujours restés aux abonnés absents lors de la rencontre d’échanges du 18 mars à la Primature. La CODEM, de son côté, a participé à la rencontre du 25 mars pour ne pas « mener la politique de la chaise vide », comme l’explique son Secrétaire général, Alassane Abba. « Nous nous sommes dits que c’est le Premier ministre du Mali qui demande une rencontre avec les partis politiques et que c’est normal pour nous d’aller écouter ce qu’il a à nous dire, même si nous n’attendons rien de ses déclarations », confie-t-il.

Au RPM, plusieurs raisons sont évoquées pour justifier le « boycott ». « Nous avons décliné l’offre parce que d’abord, dans un premier temps, il n’est pas de coutume au Mali que le Premier ministre rencontre la classe politique. Par le passé, c’est le ministère de l’Administration territoriale qui était chargé de l’organisation du Cadre de concertation entre les forces vives de la Nation », affirme le Chargé de communication Sékou Niamé Bathily.

« Il y a aussi une mauvaise préparation de la rencontre, parce que dans la correspondance l’ordre du jour n’est pas précis et clair », poursuit-il, avant de révéler que le RPM avait adressé dès le 24 août 2021 une correspondance au Premier ministre pour échanger mais que cette lettre est restée sans réponse jusqu’à nos jours. « Nous sommes donc étonnés que lui, qui ne répondait pas à nos demandes d’audience, nous sollicite aujourd’hui et se pose en rassembleur ».

Par ailleurs, le parti Yelema de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, dans un courrier adressé à Choguel Kokalla Maïga en réponse à son invitation, a également pointé du doigt l’absence d’un ordre du jour précis des échanges. « Après examen attentif de votre invitation, nous sommes au regret de vous informer que nous ne pourrons y participer. Notre décision repose sur l’absence d’un ordre du jour clairement défini pour cette réunion », indique la note en date du 23 mars 2024, signée du Président du parti, le Dr Youssouf Diawara.

« Il est aussi utile de rappeler que pendant plus de deux ans les partis politiques n’ont fait l’objet d’aucune forme de considération de votre part. Pire, ils ont été continuellement accusés par vous de tous les maux lors de vos nombreuses sorties médiatiques », poursuit la note à l’endroit du Premier ministre.

Monologue

Pour sa part, le Président de l’URD, Gouagnon Coulibaly, évoque des rencontres sans intérêt. « Dans un premier temps, moi je suis allé à la rencontre du CICB. Pour nous, c’était pour parler du pays, ainsi que des relations avec les partis et autres. Mais on s’est vite rendu compte que le Premier ministre était dans un monologue, sans véritable sujet pertinent », déplore le Numéro 1 de l’URD, qui précise que son parti, par la suite, n’a pas été invité aux rencontres qui ont suivi.

« Nous avons vu des invitations sur les réseaux sociaux. Mais l’URD n’est pas un petit parti politique, encore moins la caisse de résonance de quelqu’un, pour se précipiter dans des rencontres où elle n’est pas dûment invitée », clarifie-t-il, avant de fustiger lui aussi le manque d’ordre du jour lors des différentes rencontres.

« Dans les invitations, il n’y a aucun ordre du jour. Notre interlocuteur habituel, c’est le ministre de l’Administration territoriale, mais si le Premier ministre nous appelle, cela veut normalement dire qu’il a quelque chose de très important à discuter avec les partis. Mais si on ne discute de rien et que le Premier ministre fait son monologue et s’en va, je pense que ce n’est pas la peine », se désole l’ancien député.

Quête de soutiens ?

La première rencontre initiée par le Premier ministre avec la classe politique a eu lieu le 7 mars 2024, deux jours seulement après qu’il ait été révoqué de la tête du Comité stratégique du M5-RFP par la tendance dirigée par l’ancien ministre Imam Oumarou Diarra. Pour certains analystes, ce timing est justifié par un besoin pour Choguel Kokalla Maïga d’avoir l’accompagnement de la classe politique alors même qu’il semble de plus en plus isolé.

« Après la dislocation du M5, le Premier ministre a voulu rebattre les cartes en s’appuyant sur les partis politiques. Mais les chefs des grands partis politiques l’ont compris et c’est la raison pour laquelle ils ne se sont pas déplacés », estime le journaliste et analyste Badou S. Koba.

Issa Kaou Ndjim, Président de l’ACRT Faso Ka Welé, abonde dans le même sens. « Je pense que Choguel Maïga veut juste faire oublier ses déboires dans son propre camp, qui s’est disloqué. Il appelle les partis politiques pour essayer de se refaire une santé », accuse l’ancien 4ème Vice-président du CNT.

Des accusations que le Premier ministre balaie du revers de la main. « Certains ont pensé que c’était pour chercher des appuis auprès des partis parce que le Premier ministre serait en difficulté. En fait, ce n’était pas cela. L’objectif de cette rencontre, c’est de vous permettre en tant que futurs dirigeants de savoir ce qui s’est passé réellement pendant ces deux années », a-t-il déclaré lors de la rencontre du 18 mars.

Malgré tout, à l’Adema-Pasj également des doutes sont émis sur les vraies motivations du Premier ministre. « Depuis qu’il a accédé à la Primature, le Premier ministre a snobé les partis politiques. Pourquoi est-ce maintenant qu’il a été destitué de la présidence son mouvement qu’il veut s’entretenir avec eux ? », s’interroge le Secrétaire général Yaya Sangaré.

« Ce n’était pas de la négligence si je ne parlais pas souvent aux chefs de partis politiques. C’est parce que nous étions sur quelque chose d’ultra stratégique », s’est justifié le Chef du gouvernement devant une partie de la classe politique.

Pour autant, la plupart des dirigeants politiques ne sont pas prêts à « avaler » ce discours. Loin s’en faut. Et la « réconciliation » entre le Chef du gouvernement et la classe politique, dont il est par ailleurs issu, n’est visiblement pas pour demain.

« Djenné clean water initiative » : le projet prend fin

Mise en œuvre depuis 3 ans par les anciens du programme  Mandela Washington Fellowship, l’initiative « Djenné Clean Water »  s’est achevée le 21 mars 2024 lors d’une cérémonie de clôture tenue à Bamako. Son objectif était d’atténuer les effets du changement climatique et de renforcer les capacités locales à Djenné par le biais de solutions innovantes telles que les filtres Biosand .

Le projet  a permis de déployer 20 filtres Biosand dans 4 villages et dans la ville de Djenné ainsi que le développement de  35 autres par la suite par les communautés locales elles-mêmes. Ces filtres, selon Bilaly Dicko, Directeur exécutif du projet,  ont non seulement répondu aux préoccupations sanitaires liées aux sources d’eau contaminées, mais ont également favorisé la protection de l’environnement en réduisant la dépendance aux ressources non renouvelables.

« L’initiative Djenne Clean Water a aussi permis une large diffusion d’informations sur l’adaptation au changement climatique, touchant des milliers de personnes à travers les émissions de radio et le matériel distribué, renforçant l’engagement communautaire face aux défis environnementaux », a-t-il indiqué.

« L’accès à l’eau potable n’est pas seulement une nécessité humaine de base, mais aussi un élément essentiel du développement durable. En fournissant de l’eau propre aux communautés dans le besoin, nous améliorons non seulement  la santé publique , mais nous autonomisons également les individus pour prospérer », a souligné pour sa part Rachna Korhonen, ambassadrice des Etats Unis au Mali.

Impact positifs

A en croire Abdrahamane Dembélé, adjoint au maire de la commune urbaine de Djenné, le déploiement de filtres Biosand dans les 4 villages et dans la ville de Djenné,  a permis la réduction considérable du taux de maladie liées à la consommation de l’eau.

« Ces maladies ont beaucoup baissé avec l’utilisation de ce système. Contrairement aux années précédentes, les statistiques de nos centres de santé montrent que le nombre de personnes atteintes est à la baisse », a-t-il témoigné.

Par ailleurs, les femmes formées, peuvent désormais mettre sur pied elles-mêmes les filtres, même après la fin du projet.  « Nous avons beaucoup appris à travers ce projet. En tant que femmes nous ne savions pas que nous pouvons traiter l’eau et la rendre potable sans recourir à des traitements en laboratoire. Nous avons découvert qu’il est possible de purifier l’eau en utilisant simplement du sable, du gravier et du charbon, des matériaux que nous avons tous à notre disposition chez nous », a confié Mme Maiga Begna Maiga, représentante des femmes participantes du projet.

Soutenue par le département d’Etat des Etats-Unis à hauteur de 22 millions FCFA, l’initiative « Djenné Clean Water » a réalisé d’importantes avancées dans l’autonomisation des communautés et à la promotion de la résilience environnementale.

 

 

 

Tidji fô damé : Le conte, facteur de transmission culturelle

À Tombouctou a débuté le 15 mars la 4ème édition de la traditionnelle Tidji fô damé (La nuit du conte). Une initiative de la troupe théâtrale locale Sababou Bangou qui vise à « perpétuer la culture tombouctienne » à travers des contes, des chants traditionnels, du slam…

Dans la Cité des 333 Saints, Ramadan rime avec jeûne et prière, mais aussi avec activités culturelles. Chaque année, durant tout le mois sacré des Musulmans, est organisé l’événement Tidji fô damé.

Il est une création de Sababou Bangou, une association locale à vocation culturelle qui se donne comme objectif le vivre ensemble, à travers la mise en œuvre d’activités théâtrales et de sensibilisation sur des thématiques de cohésion sociale et de développement. « Spécifiquement, l’association veut être un cadre idéal permettant aux jeunes de la région de s’informer, de se former et de sensibiliser pour un changement de comportement positif et un développement humain durable », explique Ibrahim Dicko, Secrétaire général de Sababou Bangou.

C’est dans cet élan que la troupe a lancé le 15 mars dernier la 4ème édition de l’activité, sur le thème « Conte, un mode de transmission de nos valeurs culturelles ». Le lancement officiel a eu lieu dans le quartier de Badjindé, avec un programme riche et varié mêlant contes, poésies, danses et chants traditionnels liés au Ramadan. Il se poursuivra jusqu’au 7 avril, avec au menu des activités dans tous les autres quartiers de Tombouctou.

« Tidji fo damé, ce sont des séances populaires de contes et légendes dans les quartiers de la ville de Tombouctou à l’intention d’un public jeune. Nous faisons appel à des personnes ressources (conteurs) désignées dans le quartier même pour animer ces séances. Avec leur aide, la troupe organise des activités durant toutes les nuits du Ramadan dans les 8 quartiers de Tombouctou, à raison de 2 quartiers par semaine) », fait savoir Hameye Mahamane Touré, Président de l’Association culturelle Sababou Bangou.

Selon lui, Tjidi fo damé vise à consolider les valeurs et principes moraux de la société tombouctienne, à contribuer au renforcement de la cohésion sociale entre les populations de la ville et à exhorter les jeunes « à adopter des comportements favorisant le vivre ensemble ».

En outre, Tjidi fo damé est aussi devenu un moyen pour les populations de la ville de Tombouctou « de se procurer de la joie et de resserrer leurs liens ». Oubliant ainsi, le temps d’une soirée, les affres du terrorisme auxquelles elles font face depuis 2012.

CSP-PSD : Un retour au combat en vue 

Le 12 mars 2024, le Président du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), Alghabass Ag Intalla, a procédé à la nomination de nouveaux Commandants de zone dans les régions du nord. Muets depuis leur défaite à Kidal, les groupes armés rebelles préparent leur retour au combat  contre l’armée malienne.

Ils sont au total 10 officiers à avoir été nommés aux postes de Commandant de zone et Commandant de zone adjoint dans les régions de Kidal, Gao, Tombouctou, Ménaka et Taoudéni et un 1er Adjoint chargé des questions de Défense auprès du 1er Vice-président chargé des questions de Défense et de sécurité.

Depuis leur « repli stratégique » suite à la bataille de Kidal, qu’ils ont perdue en novembre 2023, c’est la première fois que les groupes armés du CSP s’activent de nouveau sur le terrain. « Cela entre dans le cadre de la réorganisation de l’État-major militaire pour faire face à plusieurs défis. Normalement c’est la routine, mais comme depuis un certain temps nous sommes dans la guerre, nous n’avons pas eu le temps de nous réorganiser », confie Mohamed Elmaouloud Ramadane, Porte-parole du CSP.

Mais dans des régions essentiellement contrôlées par l’armée malienne et où la marge de manœuvre du CSP est relativement réduite, peut-il encore s’affirmer militairement et poursuivre ses objectifs ? Si cela ne semble pas a priori évident, le Porte-parole du Cadre y  croit. « Les Fama et Wagner ne contrôlent que les zones urbaines. Nous, nous avons une présence militaire dans toutes ces régions en dehors des villes. Nos hommes sont bien présents », affirme-t-il.

Nouveaux affrontements ?

La réorganisation en cours du CSP-PSD semble s’inscrire dans l’optique d’une reprise imminente des combats avec les Forces armées maliennes. À en croire M. Ramadane « ce n’est qu’une question de temps ». « Nous sommes sur le terrain. Nous ne pouvons pas mener des actions isolées sans une bonne planification. Nous attendons le moment opportun. C’est une guerre qui nous a été imposée et nous sommes dedans. Au moment opportun les opérations seront déclenchées », clame le Porte-parole du CSP.

Pour autant, selon certains spécialistes sécuritaires, les groupes armés du CSP pourraient difficilement prendre le dessus sur l’armée malienne dans d’éventuels futurs combats entre les deux parties. « Aujourd’hui, en terme de moyens et de présence sur le terrain, l’armée malienne est clairement en position de force. Je pense que tout affrontement dans l’immédiat serait à nouveau synonyme de défaite pour le CSP, même s’il est possible qu’il se soit renforcé pendant son repli », glisse un analyste.

AEEM : Oser la reconstruction

Le 28 février 2024, dans le cadre du renouvellement des instances du Bureau de coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), de violents affrontements opposent des camps rivaux. Un étudiant trouve la mort et de nombreux autres sont blessés. Une énième scène de violence dans l’espace scolaire qui aboutit à la suspension des activités de l’organisation, puis à sa dissolution le 13 mars 2024 par les autorités. Salutaire pour les uns, liberticide pour les autres, la décision doit permettre une réinvention du mouvement scolaire, qui s’est détourné de ses objectifs depuis trop longtemps.

« Après la suspension, je m’attendais plutôt à des réformes au sein de l’association, qui a beaucoup contribué à l’avènement de la démocratie au Mali. Elle fait partie des acquis », regrette Moussa Niangaly, Secrétaire général de l’AEEM de 2018 à 2021. Sans nier les actes de violence qui caractérisent « actuellement » l’association, il estime que les réformes effectuées par le passé ont « contribué à diminuer le phénomène ». Il fallait donc continuer dans ce sens. D’ailleurs, plusieurs anciens de l’AEEM avaient salué la suspension, espérant que cela serait « l’occasion de penser un cadre de réflexion », poursuit-il. Un espace pour réorganiser l’association et éviter les violences en milieu scolaire. Au-delà de la « surprise » qu’elle a créée, selon M. Niangaly, « la dissolution n’est pas la solution », car elle pourrait permettre, comme par le passé, à l’organisation de renaître. C’est après la dissolution de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM) que l’AEEM est née. Il vaut mieux donc « réparer et réorganiser ce que nous avons » et assurer un suivi afin d’éviter toute dérive.

Dépolitiser l’école

C’est la question cruciale qui préoccupe à présent les acteurs de l’école. Comment remettre dans son rôle une organisation de défense des intérêts des élèves et étudiants qui, depuis sa création, a été associée à la gestion du pouvoir, jusqu’au plus haut niveau ? Un instrument politique et « un électorat » ménagé par les pouvoirs successifs, car « personne n’avait intérêt à avoir une école bouillante », nous confiait un analyste en 2020.

À cette gestion du pouvoir s’est ajoutée la gestion des œuvres universitaires lors de la création de l’université en 1993 et en l’absence du Centre national des œuvres universitaires (CENOU), qui ne verra le jour qu’en 1996. Après la création de cette structure, des conventions instituant une collaboration entre cet établissement public et l’AEEM ont été instaurées. Jusqu’en 2020, où le 12 octobre un autre incident, toujours dans le contexte du renouvellement des instances de l’organisation, a causé la mort d’un étudiant et fait de nombreux blessés. Une mort de trop, qui a indigné le monde scolaire et les parents d’élèves, singulièrement les femmes, qui ont alors interpellé fortement les autorités.

Dans une déclaration signée le 20 novembre 2020 et remise aux autorités, les femmes du Mali, réunies au sein d’un Collectif, ont d’abord demandé la « suspension immédiate de l’AEEM » et la fin de toutes les conventions et engagements qui liaient l’État à l’association. Avant de souhaiter la mise en place d’une Commission de suivi pour la mise en œuvre de ces mesures. À l’issue d’une journée de concertations organisée par le Premier ministre de l’époque, des recommandations ont été formulées et un début de mise en œuvre s’est concrétisé avec l’assèchement des sources de financement de l’AEEM.

Mais le renouvellement des instances a continué d’être le théâtre de scènes de violences et « d’affrontements toujours soldés par des morts d’hommes », regrette Mme Gakou Salamata Fofana, membre du Collectif. Les différentes commissions ont donc été déployées pour accompagner les processus de renouvellement. Malgré le climat délétère et le danger auquel ils étaient exposés, les membres ont, avec l’appui des forces de l’ordre dans bien des cas, suivi les renouvellements, qui se sont bien déroulés. Elle se réjouit donc, « en tant que mère de famille de cette dissolution, car « les enfants ne sont pas envoyés à l’école pour se faire tuer ».

Comment réorganiser l’AEEM ?

« Pour le moment, il faut faire table rase » et trouver une solution à la violence et  aux étudiants qui refusent de quitter l’université pour ne pas quitter leurs postes au Bureau de l’AEEM, estime Mme Gakou. Une attitude qui ne doit rien au hasard, puisque l’AEEM est une source de pouvoir « économique et politique » dont les responsables ont appris à jouir « sans jamais avoir travaillé », déplore Elhadj Seydou Patrice Dembélé, Secrétaire général de l’Amicale des Anciens et sympathisants de l’UNEEM (AMSUNEEM).

Pourtant, les sources de financement de l’organisation avaient été coupées suite aux concertations de 2021. Malheureusement cela n’a pas arrêté la violence, relève l’ancien Secrétaire général. « Il faut sécuriser le milieu universitaire », suggère-t-il, et c’est l’État qui doit y veiller. « Souvent, les violences n’émanent même pas des militants de l’AEEM. Certains ont fini leur formation universitaire mais sont encore sur la colline », ajoute-t-il.

Mais « sans moyens », comment les étudiants se procurent-ils toutes ces armes ? Une question qui mérité d’être posée et à laquelle il y a désormais un début de réponse. « Pour avoir de l’argent, ils vont voir les écoles privées et font du chantage ». Ils ont ainsi «  eu des sous sans l’État, qui est resté silencieux », note M. Dembélé.

Ayant déjà soutenu la suspension, l’AMSUNEEM s’est prononcée majoritairement en faveur de la dissolution. Parce que l’espace universitaire ne doit pas être « criminogène ». L’État doit « continuer à nettoyer les écuries dans l’espace universitaire », préconise le Secrétaire général de l’AMSUNEEM. Il faut que les acteurs du 26 mars acceptent de se remettre en cause. « Tout n’a pas été mauvais, mais ayons le courage de faire notre mea culpa ». L’État doit mettre à profit ce temps pour restructurer l’AEEM et si une autre association doit voir le jour elle sera mise en place sous les regards vigilants de l’État, des partenaires de l’école et des étudiants.

Au-delà de la dissolution

Pour Mahamane Mariko, ancien membre de l’AEEM (1998 – 2000), la dissolution de l’organisation, qui s’était éloignée de ses objectifs, n’est pas une surprise. Elle s’était retrouvée dans une situation qui « n’honore point l’espace scolaire ». Mais il faut « pousser les investigations » et aller au-delà des « acteurs apparents » qu’étaient devenus les élèves et étudiants. Il faut chercher à « savoir qui manipulait les enfants » afin que l’espace scolaire et universitaire soit troublé. Il s’agit pour lui d’une question de justice, afin de donner le temps à la jeunesse de trouver la meilleure voie ».

Pour réformer l’association estudiantine, le Dr Almamy Ismaïla Koïta, ancien Secrétaire général de la Faculté de médecine (201 – 2013), propose de s’inspirer de la « spécificité » des comités de cette école, considérés comme des modèles. Il faut une nouvelle entité qui sera financée par les élèves et dont les organes seront élus sous l’égide d’autorités reconnues pour ce faire. Mais tout cela dépendra des étudiants, qui doivent prendre leur responsabilité, soutient-il.

Guère surpris par la dissolution, vu la tendance adoptée par l’association, Seydou Cissé, enseignant du Supérieur, préconise que la future organisation tire les leçons du passé et soit dirigée à l’issue d’une sélection rigoureuse et d’un choix démocratique pour éviter les dérives « qui ont fait plonger l’AEEM ».

Farouchement opposés à la dissolution de l’AEEM, les anciens de l’organisation « rejettent cette annonce et accompagneront les cadets pour faire annuler sans violence cette décision des autorités de la Transition », annonce Ibrahima Taméga, leur porte-parole.

Pour Amadou Koïta, ancien ministre et ancien membre de l’AEEM, « rien ne justifie cette dissolution ». Et il se demande si « certains ne veulent pas réécrire l’histoire du 26 mars ».

Création de l’AEEM : 1990

Suspension des activités de l’AEEM : 29 février 2024

Dissolution de l’AEEM : 13 mars 2024

« Sounkalo Solidarité » : le ministre Abdoul Kassim Fomba échange avec les jeunes de la commune VI

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Abdoul Kassim Fomba, était en commune VI du district de Bamako ce jeudi 14 mars 2024 pour échanger avec les jeunes, dans le cadre des activités de l’opération « Sounkalo Solidarité ».

La rencontre qui a été marquée par une rupture collective suivie de la prière, s’est tenue sur le terrain ASCB de Magnambougou. Occasion pour le ministre  d’édifier ses interlocuteurs du jour sur les missions de son département  ainsi que  les réalisations en cours d’exécution, et de les inviter à l’union et au labeur.

« Nous avons échangé avec les jeunes sur leur compréhension de l’union de la jeunesse , de la citoyenneté en communion avec tous les autres acteurs de la jeunesse au niveau des communautés. Nous avons également  parlé de nos réalisations. Mais également cela nous permet de recueillir les préoccupations des jeunes », a expliqué le ministre Abdoul Kassim Fomba.

« Lorsqu’on échange aujourd’hui avec la jeunesse, il y a des préoccupations qui sont là mais on sent aussi qu’il y a une détermination à vouloir avancer, et à aider dans le cadre des changements en cours par rapport à la reconstruction du pays », a-t-il ajouté.

L’opération Sounkalo Solidarité 2024, placée sous le thème « Partageons ensemble dans la communion », a été lancée par le gouvernement le 12 mars dernier. L’ initiative du président de la transition à travers le ministère de la Santé et du Développement social, et celui des affaires religieuses, vise à renforcer la cohésion sociale et l’esprit de solidarité entre les Maliens.

Elle prévoit entre, autres, des ruptures collectives dans les mosquées, la distribution de kits de rupture de jeûne et de vivres secs, la subvention de 50% sur les produits alimentaires ou encore la distribution de kits pour la fête du Ramadan.

 

 

 

 

Force conjointe AES : Un nouveau tournant dans la lutte contre le terrorisme ?

Réunis à Niamey le 6 mars 2024, les Chefs d’état-major des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont annoncé la mise en place d’une force conjointe pour la lutte contre le terrorisme dans l’espace. Après l’échec de celle du G5 Sahel, auquel appartenaient les 3 pays, cette nouvelle force est attendue pour mieux faire face à l’expansion terroriste au Sahel.

« Nous sommes arrivés à concevoir une force conjointe des pays de l’AES qui sera opérationnelle dans les plus brefs délais pour prendre en compte les défis sécuritaires dans notre espace », a déclaré le général de brigade Moussa Salaou Barmou, Chef d’état-major des armées du Niger, à l’issue de la première réunion avec ses pairs de l’AES tenue le 6 mars dernier à Niamey.

« Nous sommes convaincus qu’avec les efforts conjugués de nos trois pays nous parviendrons à créer les conditions d’une sécurité partagée, un objectif au centre des préoccupations de nos États et de nos vaillantes populations, en quête de paix et de stabilité », a-t-il ajouté.

Si la création de cette nouvelle force est ainsi actée entre les 3 pays, dont les armées menaient déjà des opérations militaires conjointes par moments, les contours de son opérationnalisation restent encore flous. Ni le niveau des financements ni les effectifs qui vont composer la force, encore moins les modalités administratives et logistiques de sa mise en place n’ont pas été précisés.

Nouveau pas contre le terrorisme

Pour plusieurs analystes, la création de cette nouvelle  force conjointe symbolise non seulement la volonté des trois pays de s’unir et de faire front commun face au terrorisme, mais marque également un nouveau chapitre dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, conformément à l’objectif de l’AES d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle et de lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et la criminalité en bandes organisées dans l’espace commun de l’Alliance.

« Les forces conjointes sont faites pour faire face à des problèmes communs sur des zones communes, pour exploiter une mutualisation d’armes et c’est ce qui est l’urgence aujourd’hui. Au lieu que chaque pays utilise ses moyens pour sa zone simplement, la mutualisation dans le cadre d’une force conjointe permettra d’optimiser leur utilisation sans avoir besoin d’aller chercher encore plus », salue Gervais Marie Raoul Nadembega, consultant indépendant burkinabé.

« Avec ces 3  États qui se mettent ensemble pour créer un espace commun où les informations sont échangées et où on pourra traquer les terroristes de part et d’autre, on peut espérer un résultat probant, parce que les terroristes n’auront plus de cachettes ou de refuges », appuie l’analyste politique Luc Abaki.

Quel financement ?

Alors que la force conjointe du G5 Sahel, mise en place en 2017, s’est toujours trouvée confrontée à des problèmes de financement, la nouvelle force annoncée par les pays de l’Alliance des États du Sahel, pourra-t-elle mieux s’en sortir ?

Même si les modalités de financement de cette force n’ont pas été encore dévoilées, tout porte à croire que les charges financières nécessaires à son opérationnalisation seront endossées par les différents pays de l’Alliance. En effet, l’article 10 de la Charte du Liptako-gourma instituant l’alliance des États du Sahel stipule que « le financement de l’Alliance est assuré par les contributions des États parties ».

Au-delà de ces financements provenant des États eux-mêmes, certains analystes estiment que même les citoyens de ces 3 pays pourront contribuer à l’opérationnalisation de cette nouvelle force conjointe.

« Aujourd’hui avec la mise en place de cette nouvelle force, galvanisée par l’état d’esprit de dirigeants engagés pour une cause commune, même si on demande à chaque citoyen nigérien, malien ou burkinabé d’y contribuer volontairement, je pense qu’il y a aura assez de ressources », estime M. Abaki.