Le Djoliba et le Stade Malien dans le Gotha du football africain

 

Le 22 septembre fut non seulement l’occasion de célébrer le 64ème anniversaire de l’indépendance du Mali, mais aussi un jour de triomphe pour le football malien. En effet, les deux clubs les plus prestigieux du pays, le Djoliba Athletic Club (DAC) et le Stade Malien de Bamako (SMB), avec chacun 23 titres de champion national, ont ravi leurs supporters en se qualifiant pour les phases finales des deux compétitions africaines interclubs : la Champion’s League et la Coupe de la Confédération (Coupe CAF).

Après deux tours préliminaires rassemblant 58 clubs dans chaque compétition, les représentants maliens ont surclassé leurs adversaires respectifs. Le Djoliba a éliminé l’ASKO de Kara (Togo), tandis que le Stade Malien a pris le dessus sur Painesville FC du Liberia. Les deux équipes rejoindront les phases de groupes composées de 16 équipes chacune. Le Djoliba disputera la Champion’s League, tandis que le Stade tentera sa chance dans la Coupe de la Confédération. Les tirages au sort pour ces compétitions auront lieu le lundi 7 octobre. Le Djoliba devient ainsi le premier club malien à participer à la phase finale de la Champion’s League depuis la création de cette compétition en 1997, soit 27 ans après. Quant au Stade, il a déjà remporté la Coupe CAF en 2009.

Cette double qualification a insufflé un vent de fierté dans le football malien et au-delà, unissant les Maliens dans un élan patriotique. Des commentateurs enthousiastes n’ont pas hésité à qualifier cet exploit « d’historique ». Historique, sans doute, car après 27 ans d’absence le Djoliba a enfin brisé la malédiction qui semblait peser sur les clubs maliens, incapables jusque-là de figurer parmi l’élite du football continental. Néanmoins, il convient de modérer cet enthousiasme : battre une équipe relativement méconnue comme l’ASKO du Togo n’est peut-être pas un exploit aussi retentissant qu’il n’y paraît.

Le Djoliba peut-il rêver de dominer l’Afrique ? Beaucoup d’observateurs, notamment parmi les supporters et les dirigeants de l’équipe, affirment que « tout est possible » en football. Mais les ressources du Djoliba sont-elles à la hauteur de ses ambitions ? Sous la houlette d’un jeune entraîneur sérieux et ambitieux, Demba Mamadou Traoré, l’équipe malienne veut prouver sa soif de conquête. Son principal atout : la jeunesse de ses joueurs. Ces derniers sont déterminés à se surpasser, non seulement pour leur club, mais aussi pour attirer l’attention des recruteurs, présents en nombre lors des compétitions continentales.

Toutefois, les chances du Djoliba face aux géants du football africain comme Al Ahly SC (12 titres), le TP Mazembe de la République Démocratique du Congo, ou encore le club égyptien Zamalek (5 titres), l’Espérance de Tunis et les formations marocaines Raja et Wydad (WAC) semblent plus incertaines. Ces clubs bénéficient non seulement d’une grande expérience, mais aussi de moyens financiers considérables.

L’ambition n’est certes pas interdite, mais un excès d’optimisme sans réalisme peut être fatal. Le budget annuel de 2 milliards de francs CFA (3 millions d’euros) d’Al Ahly ferait tourner la tête à Tidiane Niambélé, l’honorable Président du Djoliba, dont le budget plafonne à seulement 100 millions de francs CFA.

Les finances demeurent le talon d’Achille du football malien. Selon une source proche de la Fédération Malienne de Football, Orange Mali verse 700 millions de francs CFA à la Fédération dans le cadre d’un contrat de sponsoring. Cependant, ces sommes sont modestes comparées à celles injectées dans le football d’autres pays africains. Chaque club bénéficie d’une subvention annuelle de 20 millions de francs CFA et chaque ligue régionale reçoit 4 millions.

Depuis plusieurs années, l’État malien a cessé de prendre en charge les frais des clubs participant aux compétitions internationales. Ainsi, le Djoliba et le Stade Malien doivent compter uniquement sur leurs propres ressources. La survie des clubs au Mali relève presque du miracle. Pourtant, une lueur d’espoir se profile à l’horizon : une récente rencontre entre la Fédération et le ministère de la Jeunesse et des Sports pourrait marquer un changement positif dans l’attitude de l’État vis-à-vis du soutien aux clubs en compétition.

Diomansi Bomboté

Reprise de la vente de riz indien au Mali : Le marché local fortement impacté

En Afrique subsaharienne, le riz occupe une place de choix dans l’alimentation, juste après le maïs, comme la céréale la plus consommée. Le Mali ne fait pas exception et environ 25% de ses besoins en riz sont couverts par des importations. Une situation qui expose le pays à la volatilité des marchés mondiaux. En 2021, le pays avait interdit l’importation de riz pour protéger le marché local et favoriser la production nationale. Mais cette interdiction a été levée de facto en décembre 2023, suite à la présence de riz indien sur le marché malien.

On se souvient que le 6 décembre 2021, dans un contexte de récoltes céréalières limitées et de crainte de pénurie alimentaire, le Mali avait annoncé l’interdiction des exportations de céréales, dont le riz. Cette mesure visait à garantir l’approvisionnement local et à stabiliser les prix des denrées alimentaires de base, qui étaient en hausse depuis début 2021. Cependant, l’inefficacité de la production nationale à répondre aux besoins a conduit les autorités à revoir leur position sur les importations, malgré les restrictions formelles toujours en vigueur.

En décembre 2023, l’Inde, le deuxième producteur mondial de riz après la Chine, a autorisé l’exportation de 100 000 tonnes de riz brisé vers le Mali dans le cadre d’un accord bilatéral. Pourtant, cette décision contredisait l’interdiction indienne d’exporter du riz décrétée en septembre 2022 dans le but de protéger son propre marché. L’autorisation délivrée par la National Cooperative Exports Limited s’inscrivait dans une série de mesures visant à aider les pays africains en situation de vulnérabilité alimentaire.

Le riz indien importé au Mali se compose principalement de deux types : le riz brisé et le riz non-basmati, avec des spécificités et des usages variés. S’agissant du riz brisé, il est très utilisé dans la cuisine malienne car prisé pour son prix bas et sa disponibilité, ce qui en fait un choix populaire au Mali. Concernant le riz non-basmati, principal produit d’exportation de l’Inde, il est utilisé pour diverses préparations culinaires. Bien que moins coûteux que le riz basmati, il se distingue par sa qualité intermédiaire et est compétitif sur les marchés mal desservis par des productions locales.

Ces variétés indiennes rivalisent directement avec les productions de riz du Mali, souvent moins compétitives en termes de coût et de volume.

Dynamique complexe sur le marché local

L’importation massive de riz indien crée une dynamique complexe sur le marché malien. D’un côté elle permet de répondre aux besoins importants en riz, une denrée dont la demande continue d’augmenter, particulièrement dans les zones urbaines. En effet, l’approvisionnement en riz indien pourrait contribuer à stabiliser les prix, qui avaient atteint des niveaux préoccupants au cours des dernières années.

Toutefois, cette importation pose un défi sérieux aux producteurs locaux. Le riz malien, produit essentiellement dans la région de l’Office du Niger, fait face à des coûts de production élevés, avec des infrastructures limitées et des conditions climatiques souvent défavorables. L’arrivée de riz moins cher en provenance d’Inde risque de nuire aux marges des agriculteurs maliens, déjà fragilisés par des problèmes d’ordre structurel et conjoncturel.

Par ailleurs, la qualité perçue du riz indien, bien que différente de celle du riz malien, pourrait également influencer les habitudes de consommation. La demande pour des produits importés plus abordables pourrait pousser les consommateurs maliens à délaisser le riz local, aggravant ainsi la pression sur les agriculteurs et sur l’économie rurale.

Des défis à relever

Certes, l’ouverture partielle du marché malien aux importations de riz indien répond à une nécessité urgente de satisfaire la demande locale. Mais cette politique soulève des questions à long terme sur la durabilité de la production nationale. Pour protéger les producteurs locaux, des experts estiment que le Mali pourrait envisager des mesures compensatoires, telles que des subventions à la production ou des investissements dans l’irrigation et les infrastructures agricoles.

De plus, selon eux, le gouvernement devrait mettre en œuvre une stratégie visant à équilibrer les importations avec des politiques favorisant la compétitivité du riz malien sur le marché national. Sans cela, la dépendance à l’importation pourrait saper les efforts de sécurité alimentaire à long terme.

La reprise des importations de riz indien au Mali en décembre 2023 constitue un événement clé dans le secteur agroalimentaire du pays. Si elle permet de répondre aux besoins immédiats de consommation, cette décision aura des impacts durables sur la production locale et la dynamique du marché. L’idéal serait de mettre en place des politiques équilibrées pour à la fois répondre à la demande, soutenir les producteurs locaux et garantir une sécurité alimentaire pérenne.

Massiré Diop

Grave accident sur la RN6 près de Fana: 8 morts et 19 blessés graves

Ce lundi 7 octobre 2024, aux alentours de 10 heures du matin, un accident tragique s’est produit sur la RN6, à proximité du village de Laminabougou, situé à environ 3 km de la commune rurale de Tingolé, dans le cercle de Fana. Selon un communiqué officiel du ministère des Transports et des Infrastructures, c’est une collision frontale qui est survenue entre un car de la compagnie « Air Zana Transport » en direction de Bamako et un autre de la société « Daou Trans », voyageant en sens inverse. Le bilan provisoire est de huit morts et dix-neuf blessés graves.

Cet événement tragique s’inscrit dans un contexte de sécurité routière alarmant au Mali, en particulier sur l’axe routier de Ségou qui traverse Fana. Cette route est régulièrement le théâtre d’accidents graves, souvent causés par des infrastructures routières en mauvais état, un manque d’entretien des véhicules et un non-respect généralisé des règles de conduite. Les excès de vitesse et l’imprudence des conducteurs sont des facteurs aggravants qui augmentent considérablement les risques d’accidents mortels sur cet axe très fréquenté.

Plus tôt cette année, en février 2024, un accident majeur a causé la mort de 31 personnes lorsqu’un bus a chuté d’un pont sur cette même route alors qu’il se dirigeait vers le Burkina Faso. Ce drame avait soulevé les problèmes persistants liés à l’état des infrastructures et la nécessité de renforcer les mesures de sécurité pour les usagers de la route.

En juillet 2024, un autre accident tout aussi tragique a eu lieu à Ouan, dans la région de San, lorsqu’une collision frontale entre deux bus a fait 16 morts et 48 blessés, dont plusieurs grièvement atteints. Les autorités locales ont attribué cet accident à une vitesse excessive et à une conduite imprudente, des causes qui sont souvent citées dans les accidents de la région.

Face à ces incidents répétés, le ministre des Transports et des Infrastructures a exprimé « ses condoléances aux familles endeuillées » et a renouvelé son appel « au respect strict des règles de la circulation ». Il a insisté sur le fait que « la vigilance et la prudence sont essentielles pour réduire les accidents sur les routes ».

Le ministre a également rappelé que ceux qui « enfreignent les règles de la circulation » s’exposent à des sanctions sévères, conformément aux lois en vigueur.

 

 

Conseil National de Transition : Ouverture ce lundi de la session budgétaire

Le Conseil National de Transition (CNT) va entamer, ce lundi 7 octobre, aux alentours de 15 heures, une session parlementaire. D’une durée de 75 jours conformément à l’article 107 de la Constitution de juillet 2023, cette session sera ouverte par le Président du CNT, le Colonel Malick Diaw, en présence de nombreux acteurs politiques et institutionnels du pays.

Communément appelée session budgétaire, son objectif principal est l’examen de la loi de finances pour l’exercice 2025 ainsi que d’autres projets de loi essentiels pour le développement politique et institutionnel du Mali.

Le projet de loi de finances pour 2025, présenté par le ministre de l’Économie et des Finances, prévoit une augmentation des recettes budgétaires à 2 648,9 milliards de francs CFA, contre 2 387,872 milliards de francs CFA pour 2024, soit une hausse de 10,93 %. Les dépenses budgétaires sont estimées à 3 229,886 milliards de francs CFA, avec une diminution du déficit global à 580,986 milliards de francs CFA, soit une réduction de 14,92 % par rapport à 2024.
Parmi les autres textes importants à examiner figurent les réformes des institutions judiciaires et constitutionnelles, telles que la Cour suprême, la Cour constitutionnelle et la Cour des Comptes. Ces réformes visent à renforcer l’efficacité et la transparence du système judiciaire malien. Un projet de loi sur les autorités et légitimités traditionnelles ainsi que des réformes concernant le Sénat et l’intégration des Maliens de la diaspora dans le processus législatif sont également à l’ordre du jour.
Les débats de cette session budgétaire seront diffusés en direct pour permettre plus grande transparence et une meilleure implication des citoyens dans le processus législatif.
Au cours de cette session parlementaire du CNT, il est attendu des discussions intenses attendues sur divers textes de loi qui définiront l’avenir politique du pays.

Paix et réconciliation nationale : L’avant-projet de Charte bientôt finalisé

Durant le délai supplémentaire accordé par le Président de la Transition, la Commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale a mené une série de consultations avec les institutions de la République et rencontré des personnes ressources qui ont apporté des contributions au document, dont la finalisation est en cours.

Initialement prévu pour deux mois à compter de juillet dernier, le mandat prorogé de la Commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale a officiellement pris fin le 30 septembre dernier. Toutefois, avant la remise officielle du document final au Président de la Transition, les membres de la Commission sont en phase de relecture du texte depuis le début de cette semaine. « Nous sommes en relecture jusqu’au jeudi 3 octobre. D’ici là, si nous recevons les contributions des autres institutions, nous allons les intégrer à l’avant-projet », confie une source au sein de la Commission.

Le texte final de l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale, ainsi que le rapport final de la Commission, pourraient être remis au Président de la Transition la semaine prochaine ou celle d’après, en fonction de la durée des travaux de relecture et d’intégration des contributions en cours dans le texte initial. « Toutes les étapes d’écoute ont été franchies. La prochaine sera la remise du document au Président de la Transition. Mais pour l’instant, aucune date n’est fixée », glisse une autre source interne à la Commission.

Charte inclusive ?

La Charte pour la paix et la réconciliation nationale constituera « le document de référence pour toutes initiatives, actions et activités qui concourent à la sécurité, à la paix, à la réconciliation nationale, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble au Mali ». Recommandée lors du Dialogue Inter-Maliens après la caducité de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, elle se veut le nouveau socle pour la consolidation de la paix et de la réconciliation au Mali.

Contrairement au processus d’Alger, qui a abouti à l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale de 2015, la Commission de rédaction de l’avant-projet de Charte s’est appliquée à dialoguer avec toutes les couches représentatives du pays. « Par le passé, on a pris des décisions au nom du peuple malien sans le consulter et on a dû revenir dessus. La démarche, inspirée cette fois par le peuple malien et adoptée par les hautes autorités de la Transition, est participative et inclusive à tous points de vue », souligne Ibrahim Ikassa Maïga, ministre de la Refondation de l’État.

Un autre élément de différence majeur, selon le sociologue Fodié Tandjigora, est que la nouvelle Charte « n’est pas rédigée sur une table de négociation ou sous la contrainte de l’État » et pourra ainsi servir de socle à toutes les futures négociations.

Après les rencontres avec les forces vives de la Nation dès le début de leur mission, les membres de la Commission de rédaction, présidée par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, se sont rendus auprès des institutions de la République et du gouvernement du 24 au 26 septembre 2024. La Cour suprême, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique, social, environnemental et culturel, le Haut Conseil des collectivités, le Conseil National de Transition (CNT), ainsi que le gouvernement, sous la houlette de la Primature, ont tous soumis des contributions à l’avant-projet.

Contributions diverses

Plusieurs propositions clés ont été faites par les différentes institutions. Le Conseil National de Transition préconise, entre autres, d’ériger la promotion et la défense de la paix et de la réconciliation nationale parmi les devoirs des citoyens, de travailler à la véritable réconciliation des Maliens et d’instaurer une gouvernance vertueuse. L’organe législatif de la Transition recommande également, pour s’assurer de l’accompagnement du peuple, que le projet de Charte soit soumis à un référendum, après sa formalisation par voie législative.

« Il serait bon que la Charte puisse être flexible afin de prendre en compte d’autres conflits ou tensions que nous ne connaissons pas encore ou dont les manifestations peuvent varier », a souligné au nom du gouvernement le ministre de la Justice, Mahamadou Kassogué, qui a par ailleurs assuré que le document ne serait pas « destiné au placard » mais « bien mis en œuvre ».

Mohamed Kenouvi

Pour stimuler l’industrialisation locale : Le Mali suspend l’exportation de certains produits agricoles

Le 3 octobre 2024, le gouvernement malien a annoncé la suspension temporaire de l’exportation de produits agricoles tels que les amandes de karité, les arachides, le soja et le sésame, dans le but d’encourager leur transformation sur place et d’ajouter de la valeur à l’économie locale. Cette décision, prise par un arrêté interministériel, entre immédiatement en vigueur, bien que la durée de la suspension ne soit pas précisée. Les produits saisis auprès des contrevenants seront redirigés vers les industries locales pour transformation, renforçant ainsi le potentiel industriel du Mali.

Cette décision s’inscrit dans une démarche plus large d’industrialisation et de création d’emplois au niveau local, permettant également de réduire la dépendance du pays aux exportations de produits bruts. En particulier, l’industrie du karité, pour laquelle le Mali est le troisième producteur mondial avec une production annuelle de plus de 200 000 tonnes, pourrait en bénéficier grandement. Le secteur de l’arachide, avec une production annuelle d’environ 700 000 tonnes, reste encore largement inexploité en termes de transformation locale, ne représentant que 5 % de la production totale.

Le Mali emboîte le pas au Burkina Faso, qui avait suspendu, en septembre 2024, l’exportation d’amandes de karité afin de promouvoir l’industrie nationale. Cette décision commune des deux pays vise à tirer parti des ressources agricoles locales pour renforcer leur économie et réduire les impacts des fluctuations des prix internationaux. Le soja, bien qu’encore sous-exploité avec une capacité de transformation inférieure à 10 %, montre des signes de croissance rapide avec une augmentation de 20 % de la production ces dernières années.

En tant que producteur de produits agricoles en Afrique de l’Ouest, le Mali a tout intérêt à renforcer sa capacité de transformation locale. L’amélioration de la chaîne de valeur à travers la transformation locale pourrait générer des emplois supplémentaires, améliorer les revenus des agriculteurs et stabiliser les prix des produits agricoles en période de volatilité. Avec ces initiatives, des acteurs espèrent améliorer la position du Mali afin qu’il devienne un acteur important sur les marchés internationaux, en exportant non seulement des matières premières, mais aussi des produits finis à forte valeur ajoutée.

Massiré Diop

 

 

 

Report de la rentrée : Un mois pour être prêts

 

Le suspens aura duré jusqu’au 30 septembre. Redouté depuis la multiplication des inondations et la prolongation de l’hivernage, le report de la rentrée scolaire 2024- 2025 a finalement été annoncé juste quelques heures avant le 1er octobre. Une décision qui laisse un mois aux acteurs pour mettre au point leurs préparatifs et assurer une année scolaire sereine.

Malgré les conditions objectives qui laissaient prévoir un report de la rentrée scolaire, les acteurs de l’école ont été surpris par cette annonce de dernière minute. Un report évident dont l’annonce tardive amène les Maliens à se poser des questions. Pourquoi attendre la veille de la rentrée pour une telle annonce ? Dans son communiqué, le ministre justifie le report de la date de la rentrée par « l’état de catastrophe nationale » qui a pourtant été déclaré par les autorités depuis le 23 août 2024. « L’ampleur des inondations » était dès lors connue et les écoles qui ont aussi été touchées, comme d’autres infrastructures socio-économiques, étaient soit inondées, soit servaient d’abris à ceux qui avaient perdu leurs habitats.

Dans son compte rendu mensuel du mois de septembre 2024, le cluster Éducation du Mali a informé que 123 écoles étaient occupées par des sinistrés dans les régions de San, Ségou et Mopti. 11 autres, à Gao, étaient occupées par des déplacés internes, donc indisponibles à quelques jours de la rentrée. Cette absence d’anticipation a donc mis devant le fait accompli responsables d’établissements,  enseignants, élèves et parents d’élèves.

Souvent doublement concernés par la situation, certains sinistrés évoquent l’absence d’alternative pour eux, justifiant ainsi leur maintien dans ces abris. À défaut d’avoir les réponses par rapport au timing, certains acteurs disent comprendre les raisons avancées par le ministre de l’Éducation nationale.

Sékou Diawara est Directeur de l’école Capitaine Mamadi Sylla 2, située dans le camp des Parachutistes de Djicoroni Para, et Coordinateur du groupe scolaire du même nom, qui compte 3 premiers cycles et 2 seconds cycles. « Vu la situation et  l’abondance de la pluie, des écoles abritent des sinistrés », comme à Dontème, dans le même quartier, où 52 familles y vivent, explique-t-il. Déjà « au four et au moulin dans les préparatifs », l’école s’attèle à nettoyer les salles de classe, noircir les tableaux et entamer le désherbage d’unee cour où il est difficile de se déplacer entre les flaques d’eau et les herbes qui continuent de pousser.

À ces contraintes passagères il faut ajouter les difficultés récurrentes partagées par plusieurs écoles publiques. Une insuffisance notoire de tables oblige les enfants à en amener pour ne pas s’asseoir à même le sol, avoue le Coordinateur du groupe scolaire. Une école qui n’a pas de direction ou encore des écoles qui n’ont pas de latrines, sans compter le manque d’enseignants, la liste des difficultés n’est pas exhaustive.

Le ministre, qui souhaite une rentrée réussie, sans prise de risque, plutôt « qu’une sorte d’aventure » que représentait la rentrée du 1er octobre, promet de s’atteler « à toiletter et à, préparer les parents d’élèves » et rassure que le mois sera mis à profit pour préparer la rentrée de façon plus complète qu’elle ne l’a été jusqu’à présent. Afin de faire une rentrée qui respecte les normes et qui soit satisfaisante.

Un mois pour réussir

Désormais, les acteurs de l’école entament une course contre la montre. « On peut gagner du temps », espère M. Diawara, du groupe scolaire Capitaine Mamadi Sylla 2. C’est l’occasion pour lui de lancer un appel aux parents d’élèves afin que le jour de la rentrée soit le jour du démarrage effectif des cours. « On doit suivre un programme et mettre le paquet », insiste M. Diawara. Il ne faut donc plus attendre le jour de la rentrée pour faire les transferts ou les inscriptions.

Passé l’incompréhension du report de la rentrée, « même si c’était pressenti », Oumar Koné, Directeur de l’école de Troukabougou, à Djicoroni Para, estime que « les raisons sont fondées, mais on pouvait anticiper ». Ce report n’est pas sans conséquences pour un programme qui s’étale sur 9 mois et qui connaissait des difficultés pour son achèvement, même s’il dit faire confiance aux acteurs chargés de l’élaboration des programmes.

Son école, créée en 2008, compte actuellement 9 salles de classe, un premier et un second cycle ainsi qu’un effectif de plus de 700 élèves. L’insuffisance des tables et l’effectif pléthorique, plus l’absentéisme des enfants, constituent les principales difficultés que l’école connaît.

Mais les inscriptions, qui se font au compte-gouttes, alors même que l’école était à la veille de la rentrée, inquiètent Sidi Camara, Directeur de l’école fondamentale de Troukabougou. Pour sa part, il estime que l’alternative du programme condensé peut favoriser les élèves et permettre d’achever les programmes.

Les privés en souffrance

Boulkassoum Touré, Secrétaire général de l’Association des promoteurs d’écoles privées, ne souhaite pas se prononcer sur la reprise des cours, les programmes et les évaluations, qui relèvent du pouvoir régalien de l’État. Les écoles qui avaient déjà pris des dispositions « sont prêtes », même s’il faut arrêter les inscriptions, qui avaient déjà commencé. Le report d’un mois obligera cependant à réaménager le calendrier scolaire pour une conformité au programme.

Pour les écoles privées, les difficultés qui restent concernant les paiements en souffrance des frais scolaires et demi-bourses 2022 – 2023 préoccupent les acteurs. Et pour ceux de 2023 – 2024, « rien n’est programmé », ajoute M. Touré. Ces situations, qui créent des tensions de trésorerie dans les établissements, entraînent des difficultés pour assurer le bon fonctionnement des structures et le paiement des salaires des enseignants, notamment, continuent de mettre en péril le fonctionnement de ces établissements, qui assurent en grande partie la formation au niveau secondaire. « On fait avec les moyens du bord », soupire-t-il. Et, en cette période, ils privilégient la communication avec les autres acteurs, dont les parents d’élèves ou encore les structures de financement. Malgré tout, « les cours vont démarrer dans des conditions très timides », car « il ne peut y avoir de rentrée apaisée si vous devez des sous à vos enseignants, à vos fournisseurs », déplore encore M. Touré.

Même si le ministre s’est engagé à payer les frais qui restent en souffrance, estimés à 21 milliards de francs CFA pour l’année dernière, notre interlocuteur déplore que le paiement des arriérés varie en fonction des localités. Alors qu’il est à 70% dans certaines localités, il est de moins de 40% ailleurs. « Pour le même travail, cela doit être au même niveau », sinon, cela crée un dysfonctionnement.

Année compromise ?

Si plusieurs acteurs préconisent un réaménagement, qui s’imposera même pour rattraper le retard, les difficultés qui restent entières dans plusieurs écoles ne permettront pas une reprise sereine des cours. En outre, l’incertitude demeure sur cette nouvelle date, compte tenu de la situation. En effet, en dehors des écoles occupées par les personnes sinistrées des inondations, plusieurs groupes scolaires ont été endommagées ou sont hors d’usage. Si pour certains parents il s’agit d’un nouveau répit pour mieux se préparer, il sera de courte durée. Car les frais et les fournitures scolaires deviennent de plus en plus inaccessibles. Certains acheteurs de dernière minute se sont même abstenus à l’annonce du report.

Sur le plan pédagogique, les acteurs de l’école suggèrent une utilisation judicieuse de ce temps pour entretenir le niveau des enfants. Car tout un mois de vacances supplémentaires constitue un retard souvent difficile à rattraper. Certains enseignants préconisent donc de travailler avec les enfants afin de maintenir les niveaux pour entamer la nouvelle année, qui « démarrera de façon effective le 4 novembre 2024 », préviennent-ils.

Fatoumata Maguiraga

 

Harmonisation des documents de voyage et d’identité : Les experts de l’AES en réunion à Bamako

L’hôtel Salam de Bamako a abrité, les mercredi 2 et jeudi 3 octobre, une réunion des experts de l’Alliance des États du Sahel (AES). Présidée par Oumar Sogoba, Secrétaire Général du Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, cette rencontre était consacrée à l’harmonisation des documents de voyage et d’identité au sein des pays membres de l’AES.

L’objectif était de parvenir à un accord sur des normes communes qui faciliteront la mobilité des citoyens des trois États membres.
Cette réunion s’inscrit dans le cadre de la décision prise, fin janvier 2024, par les pays membres de l’AES, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, de se retirer de la CEDEAO. Cette décision constitue une étape importante dans leur volonté d’asseoir une plus grande autonomie en matière de coopération régionale. L’AES, formée le 16 septembre 2023, vise à renforcer l’intégration entre ces trois pays sahéliens, notamment à travers la mise en place d’un passeport biométrique commun, un sujet discuté lors du premier sommet de l’AES sous la présidence du Colonel Assimi Goïta, le 6 juillet dernier.
La présente rencontre s’inscrit donc dans la continuité des efforts visant à faciliter la circulation des biens et des personnes. La création de ce passeport biométrique est envisagée comme un levier stratégique pour renforcer les échanges économiques, mais aussi pour améliorer les liens sociaux et humains entre les citoyens des trois pays.
Durant deux jours, les experts des différents ministères et institutions concernées ont débattu des modalités techniques et juridiques de la mise en place de ces nouveaux documents d’identité et de voyage. Parmi les points clés abordés figurent la sécurité des données biométriques, les systèmes d’interopérabilité entre les administrations des trois pays ainsi que les mécanismes de contrôle aux frontières. L’issue de ces discussions aboutira à la formulation de recommandations  qui seront soumises aux ministres en charge de la sécurité.
Cette initiative s’inscrit dans la mise en œuvre des résolutions prises par l’AES lors du premier sommet de l’organisation tenu, le 6 juillet dernier, à Niamey, visant à doter la région d’instruments adaptés à ses ambitions d’intégration économique, sécuritaire et sociale.

Cancer du sein : le combat d’une vie pour Kadidiatou

Chaque année, au mois d’octobre, une campagne mondiale de sensibilisation est menée pour lutter contre le cancer du sein et celui du col de l’utérus. Au Mali, plus de 2270 cas de cancer du sein sont détectés chaque année, avec 1348 décès, contre 2436 cas de cancer du col de l’utérus et 1431 décès, selon Globocan 2022.

Mme Faye Kadidiatou Kanté avait 52 ans lorsqu’elle a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. Tout a commencé en juin 2015, comme elle l’explique : « J’ai senti une petite boule dans mon sein gauche, mais je n’y ai pas prêté grande attention, croyant que c’était une piqûre de fourmi. Cependant, la boule continuait de grossir et en septembre, j’ai décidé d’aller à l’hôpital ». Là-bas, elle apprend la nouvelle qui changera sa vie. Le médecin lui révèle : « Mme Faye, vous êtes atteinte d’un cancer ». Kadidiatou raconte qu’à ce moment-là, elle a senti son monde s’écrouler. Son docteur l’a alors orientée vers l’hôpital du Mali, qui reçoit environ 350 cas de cancer du sein par an, selon l’oncologue Fatoumata Sidibé. Mme Faye révèle avoir pleuré tout le trajet. Elle confie qu’elle se sentait partir, elle qui avait déjà perdu son premier mari quelques décennies plus tôt.

« Lors de ma consultation, j’ai vu des tas de dossiers empilés sur le bureau de l’oncologue. Voyant mon anxiété, il m’a expliqué : « Ce sont les dossiers des patients atteints de cancer, enfin ceux qui sont déclarés » », précise-t-elle. Mme Faye s’est alors fait une promesse : « J’ai prié le Bon Dieu que si je m’en sortais, je créerais une association pour lutter contre ce fléau ». Se méfiant du système de santé du pays, elle a tenté d’obtenir un visa, sans succès. Après cet échec, elle est partie au Sénégal pour recevoir des soins de « qualité ». Après des examens approfondis, on lui a confirmé la présence d’une tumeur. Mme Faye a alors décidé de revenir au Mali, près de sa famille, pour se battre. De retour, elle a rencontré plusieurs spécialistes, dont M. Bassirou Drabo, qui a su la rassurer. Quelques examens plus tard, le docteur lui a annoncé qu’elle devait subir une mastectomie. Laquelle consiste à enlever la totalité ou une partie du sein en raison de cellules cancéreuses ou pour éviter le risque de récidive du cancer du sein.

Elle explique que cette opération a grandement affecté sa fille aînée, mais pas elle, car elle ne pouvait plus avoir d’enfants. Par la suite, les chimiothérapies ont débuté et ont duré six mois. « Après chaque chimio, pendant quatre jours, je me sentais mal, je vomissais, j’avais des douleurs et je ne mangeais rien. Tous mes cheveux sont tombés ». De toutes ses forces, elle a combattu la maladie. Entre manque de sommeil et problèmes familiaux, elle est restée forte et debout. Quelque temps après la chimiothérapie, son médecin lui a annoncé qu’elle avait vaincu le cancer. « J’étais tellement heureuse que j’ai prévenu tout le monde, car après tant de batailles, je me sentais enfin libérée ».

Une joie de courte durée, cependant. Quatre mois plus tard, de nouvelles analyses ont révélé une anomalie aux poumons. On lui a suggéré une autre opération, qu’elle a d’abord refusée : « J’étais démoralisée, je n’avais plus envie de rien, mais mon docteur m’a envoyée voir une psy, qui m’a convaincue ». Après cette opération, Kadidiatou a repris la chimiothérapie pendant six autres mois. « Tous les 15 jours, on me perfusait. Imaginez cette souffrance, mais je me suis battue ». Heureusement, après cela, notre battante n’a plus entendu parler de la maladie et a finalement remporté son combat.

L’après-cancer fut très difficile, confie-t-elle : « La maladie m’a diminuée de 60 %. Sans le soutien de ma famille, je ne m’en serais pas sortie. J’avais très peur que la maladie ne revienne, mais Dieu a entendu mes prières ». Aujourd’hui, âgée de 62 ans, Mme Faye a ouvert une association de lutte contre le cancer du sein dénommée « Combattantes du cancer », qui compte déjà 200 membres. Depuis qu’elle a appris qu’elle était atteinte de cette maladie, elle en a fait une force et a commencé à promouvoir son association. Elle explique que celle-ci est présente presque partout au Mali et mène des campagnes de sensibilisation contre le cancer du sein.

Fatouma Cissé

Tariq Ramadan : condamné en appel en Suisse, un an après son acquittement

 

Accusé de viols par plusieurs femmes en France et en Suisse, la procédure judiciaire de l’Islamologue Tariq Ramadan, se poursuit. La justice genevoise, qui l’avait acquitté en première instance en mai 2023, a inversé la décision et a reconnu M. Ramadan coupable de « viol et de contrainte sexuelle », le 10 septembre 2024. Condamné à 3 ans de prison dont 1 ferme, M. Ramadan a annoncé qu’il recourrait au Tribunal fédéral suisse, la plus haute instance judiciaire dans le pays.

En 2023, à l’issue de son procès, Tariq Ramadan avait été acquitté par les juges en première instance, pour absence de preuves, témoignages contradictoires et « messages d’amour » envoyés par la plaignante. Il avait alors été placé sous contrôle judiciaire.

Pour la partie plaignante, c’est un soulagement que « la vérité éclate ». Celle-ci avait expliqué avoir été encouragée par d’autres plaintes et entamé la procédure 10 ans après les faits, remontant à 2008.

M. Ramadan, qui clame toujours son innocence, estime être la cible d’une machination politico-judiciaire. De part ses prises de parole sur des questions sensibles, et à l’encontre du positionnement médiatique établi, notamment en France.

Outre le fait que Tariq Ramadan ait toujours dénoncé les tueries commises par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, il se bat également contre la montée de l’islamophobie en France, et cela lui vaut de nombreux détracteurs.

Pour les avocats de l’Islamologue âgé de 62 ans, l’espoir réside dans la juste mesure des éléments du dossier, afin de traiter l’affaire de « façon impersonnelle » par les juges fédéraux, tout comme les juges français, dans le verdict de son pourvoi en cassation en France, qui sera rendu le 9 octobre 2024.

 

Bank to Wallet : Sama Money et Kafo Jiginew signent une alliance

 

Kafo Jiginew et Sama money  ont procédé ce 27 septembre à la cérémonie de lancement de leur nouveau projet en commun « Bank to Wallet ». Une interconnexion qui permet aux clients des deux entités de faciliter les transferts d’argent entre eux à travers leurs différents comptes.

L’entreprise malienne spécialisée dans la micro finance Kafo jiginew et la fintech Sama Money ont finalisé leur nouveau projet de portefeuille numérique appelé « Bank to Wallet » en procédant à la signature de cette convention ce 27 septembre. Cette initiative qui vise à faciliter l’inclusion financière entre les 2 entités permettra une plus grande accessibilité financière aux usagers. « Bank to wallet » est un service électronique qui permet de lier votre compte Kafo Jiginew  avec votre compte Sama Money pour aisément transférer de l’argent de votre compte Kafo Jiginew  vers votre compte Sama Money et vice versa. C’est dans l’optique d’accroître significativement sa clientèle que Kafo Jiginew a initié ce partenariat d’interconnexion avec Sama Money a rappelé le Directeur Général  de Kafo Jiginew M. Ibrahima Keïta lors de son allocution.

Il a attesté que « cette union est le fruit d’un travail acharné  et d’une vision partagée de modernisation d’innovation et de transformation digitale ». De son côté le PDG de Sama Holding Daouda Coulibaly a rappelé que cette signature  marque un tournant décisif dans la digitalisation des paiements et des services financiers au Mali avant d’indiquer que « ce projet s’inscrit parfaitement dans la vision des hautes autorités de la transition, qui aspirent à une digitalisation maximale des moyens de paiement au Mali ». Ce projet aspire à plusieurs objectifs notamment: à une plus grande facilité d’accès au service financier en particulier tous ceux qui vivent dans les zones reculées et qui n’ont pas un compte bancaire traditionnel; à renforcer la sécurité des transactions financières avec des protocoles de sécurité numérique avancées ; à dynamiser les activités économiques en offrant aux agriculteurs aux PME et aux petits commerçants les moyens de paiement plus rapides et plus pratiques.  Ce nouveau partenariat est un pas de plus pour les deux entreprises, dans l’inclusion financière du plus grand nombre et la modernisation dans les modes de paiement.

Fatouma Cissé

 

Ligue des Champions CAF: Le Mali fait carton plein 

Depuis l’instauration de la nouvelle formule de la Ligue des Champions CAF, aucun club malien n’avait accédé à la phase de poules de cette compétition continentale. Ce signe indien a été brisé par le Djoliba AC. Les Rouges se sont hissés à ce niveau en battant l’ASKO de Kara du Togo. Le 22 Septembre est ainsi devenu une date historique pour le football malien. En déplacement à Lomé pour la manche retour du dernier tour préliminaire, les protégés de Demba Mamadou Traoré se sont imposés par le score d’un but à zéro, confirmant leur victoire du match aller sur le même score.

Qualification historique

Cette performance des Rouges de Bamako est une grande première. Et pour cause : depuis 1997 et la création de la nouvelle formule de la Ligue des Champions d’Afrique, aucun club malien n’avait pu franchir cette étape. Suite à cette performance inédite des Hippos de Hèrèmakono, la Fédération Malienne de Football a félicité les joueurs. « Si le mérite de cette qualification historique revient sans conteste aux joueurs et à l’encadrement technique et administratif, on ne peut occulter l’immense sacrifice consenti par les dirigeants et les supporters pour mettre l’équipe dans les meilleures conditions de préparation et de compétition », peut-on lire dans sa lettre. L’instance dirigeante du football malien espère que cette qualification, acquise avec panache et abnégation, permettra d’asseoir un peu plus la notoriété et le prestige de notre football.

Les Champions du Mali connaîtront leurs adversaires le 7 octobre prochain, à l’issue du tirage au sort. Les autres clubs qualifiés pour la phase de groupes de la Ligue des Champions CAF sont Al Ahly SC (Égypte), Al Hilal SC (Soudan), AS FAR (Maroc), AS Maniema Union (RDC), CR Belouizdad (Algérie), GD Sagrada Esperança (Angola), Espérance Sportive de Tunis (Tunisie), Mamelodi Sundowns (Afrique du Sud), MC Alger (Algérie), Pyramids FC (Égypte), Orlando Pirates (Afrique du Sud), Raja Casablanca (Maroc), Stade d’Abidjan (Côte d’Ivoire), TP Mazembe (RD Congo), Young Africans SC (Tanzanie).

Quart de finaliste de l’édition précédente de la Coupe de la Confédération, le Stade Malien, le meilleur ennemi du Djoliba AC, participera pour la 6ème fois à la phase de poules de cette compétition continentale. Les Bleus et Blancs se sont largement imposés devant le Paynesvilles du Libéria (3-1). Après le sacre de 2009, les sociétaires de Sotuba auront l’occasion de rééditer cet exploit lors de cette saison 2024-2025.

Amadiar Traoré

Francophonie: Le Mali toujours en froid avec l’organisation

Le Mali ne sera pas présent lors du prochain Sommet de la Francophonie, prévu du  4 au 5 octobre prochain à Villers-Cotterêts et Paris (France). Et la langue française y est désormais, avec les langues nationales qui sont les  « langues officielles », une « langue de travail ».

Ce sommet, qui se réunit tous les deux ans, regroupe les pays ayant comme langue officielle le français. Il a pour but d’assurer le bon fonctionnement de la Francophonie dans le monde. Au Mali, après la nouvelle Constitution adoptée en juillet 2023, le français a quitté son statut de « langue officielle » et et classé comme « langue de travail ». Avant cela, le Mali avait été suspendu par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en 2021, suite au coup d’État. Mais l’organisation avait décidé de maintenir ses programmes de coopération multilatérale francophone. Le Mali, suspendu, était donc absent lors du 18ème Sommet, qui a eu lieu en Tunisie et qui avait pour thème « La connectivité dans la diversité : le numérique, vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone ». Il  sera aussi absent au prochain sommet, qui aura pour thème « Créer, innover et entreprendre en français ». Brahima Kanta, un enseignant, considère que « cette non participation au prochain sommet permettra de reconsidérer les partenariats traditionnels du Mali et d’affirmer une indépendance politique ». Toutefois, il pense que cela pourrait également signifier une perte d’opportunités diplomatiques et culturelles. Setigui Kamissoko, professeur de français à l’Institut de formation et des Maîtres (IFM) de Kita, estime  que « nous ne devons pas nous inquiéter de cette non participation au sommet de la Francophonie. Je pense que ça n’aura pas beaucoup d’impact pour le Mali sur le plan international ».

Coexistence

Le français est omniprésent dans la vie de tous les jours, surtout dans l’administration, mais est considéré comme une langue étrangère par une grande majorité de la population. Son usage peine à s’imposer face aux langues nationales.

Kamissoko l’affirme : « aujourd’hui, le Mali veut tourner dos à la politique et à l’idéologie de la France, qui pense que la colonisation continue. En dehors des lieux de travail, on utilise peu le français. Même dans les bureaux, certains préfèrent répondre aux questions en langue nationale. On écrit en français et on parle en langue nationale ». M Kanta soutient la même chose. « Un glissement vers une valorisation des langues nationales est en cours. Néanmoins, une coexistence entre le français et les langues nationales permettrait de tirer parti des deux approches ».

Fatouma Cissé

Oscar de la Photographie africaine: Merlin N’diaye récompensé

Nominé à la prochaine édition des Oscars de la photographie africaine qui aura lieu le 16 novembre prochain à Lomé (Togo), Hammadoun N’Diaye, plus connu sous le nom de Merlin N’Diaye, est un photographe professionnel qui évolue dans la région de Mopti depuis 3 ans. Il vient de remporter l’Oscar d’Or.

Né en novembre 1993 à Bamako, Hammadoun N’Diaye est diplômé en Gestion de la Faculté des Sciences économiques et de gestion de Bamako (FSEG) depuis 2016 et sortant de l’Institut de formation des Maîtres (IFM) de Diré depuis 2017. Le photographe était nominé dans deux catégories des Oscars de la photographie africaine : « Photographie d’Art » et « Photographie institutionnelle ». Le concours, qui réunit 150 photographes venus de plusieurs pays d’Afrique, vise à reconnaître et célébrer les meilleurs talents africains dans 11 catégories de la photographie. Le jeune photographe s’est distingué en remportant le prix le plus prestigieux et convoité de la cérémonie qui est l’Oscar d’or. Sur les 11 catégories, les 5 premiers de chaque catégorie concourent pour gagner ce prix.  C’est finalement M. N’Diaye qui l’a remporté. Il a aussi gagné le prix de la catégorie photographie d’art, l’une des catégories dans laquelle il concourrait. À côté de ses activités de photographe, M. N’diaye est aussi bloggeur, vidéaste et journaliste reporter d’images (JRI) à l’hebdomadaire « La Voix de Mopti ». Merlin N’Diaye confie avoir toujours été attiré par le numérique. « Je prenais des photos avec mon smartphone et les publiais sur Facebook. Cependant, c’est grâce à une formation en blogging en septembre 2021, organisée par la plateforme Benbere que j’ai véritablement développé mes compétences ».

Photographe militant

Parallèlement, sa passion pour le journalisme l’a conduit à vouloir informer les internautes sur l’actualité de la région de Mopti. « Je souhaitais montrer au monde entier notre résilience, même après la crise, et mettre en avant une nouvelle image de Mopti, de sa culture et de son potentiel touristique ». En 2023, il a gagné 2 prix dans le domaine du journalisme : celui du « Meilleur reporter de la région de Mopti » décerné par la Radio Tolérance ainsi que le prix du « Meilleur projet pour la lutte contre la désinformation », attribué par l’ONG Search for Common Ground.
Les photos qui ont été sélectionnées pour le concours représentent des enfants sur les berges du fleuve Niger, qui est en proie aux conséquences néfastes du changement climatique. Merlin N’Diaye se dit très reconnaissant de ces deux nominations.« Je suis profondément honoré de représenter Mopti et tout le Mali en tant que photographe. Cela me remplit de fierté et me motive pour m’améliorer encore davantage ». Le photographe habite dans la région de Mopti, où il publie ses photos de la ville. Sur ces clichés, le vidéaste promeut la diversité et la beauté de la population. Ils témoignent amplement de sa maîtrise de cette discipline.

Fatouma Cissé

Amadou Mahtar Mbow : Un humaniste intransigeant et un passionné de l’Afrique

Amadou Mahtar MBow, éminent homme de culture sénégalais né le 20 mars 1921, est décédé le mardi 24 septembre à Dakar, à 103 ans. Professeur de géographie, il fut plusieurs fois ministre durant le magistère de Léopold Sedar Senghor, avant d’entrer en 1970 à l’UNESCO, qu’il dirigera de 1974 à 1987. Diomansi Bomboté, journaliste et ancien fonctionnaire de l’UNESCO durant une vingtaine d’années, témoigne.

Ce qui impressionnait dès qu’on rencontrait Ahmadou Mahtar Mbow, ou qu’on l’entendait parler pour la première fois, c’était sa voix puissante et rocailleuse, marquée par la fermeté et qui traduisait une personnalité hors du commun. Les souvenirs qu’il laissera à ses proches et à la postérité seront ceux d’un homme au courage exceptionnel, même si certains, en désaccord avec ses convictions, le jugeront téméraire.

Ses convictions profondes, qu’il portait en lui avec une force inébranlable, incluaient la justice pour tous, l’autodétermination et l’émancipation de l’Afrique, ainsi que la liberté et la solidarité entre les hommes et les nations. Ces idéaux ont été façonnés tout au long d’un parcours riche, marqué notamment par son engagement, alors étudiant à la Sorbonne, au sein de la Fédération des étudiants de l’Afrique noire en France (FEANF), qu’il a présidée, et par sa participation à la création du Parti du Rassemblement Africain (PRA – Sénégal).

Je garde un souvenir précis d’Amadou Mahtar Mbow, de la période où j’ai eu l’honneur de travailler à ses côtés à l’UNESCO, d’abord dans le secteur de la communication, puis à l’Office de l’information publique, de 1979 à 2002. Son caractère trempé et sa force exceptionnelle étaient évidents. À la tête de l’UNESCO entre 1974 et 1987, il a servi avec loyauté et détermination les grandes causes de l’humanité : les droits de l’Homme, l’éducation pour tous, la promotion des femmes, la culture au service du développement, et les sciences exactes, physiques et humaines.

Mais ce qui marquait le plus chez lui, c’était son attachement presque obsessionnel à l’émancipation de l’Afrique, qu’il a défendue avec une passion inébranlable. En voulant protéger les intérêts de l’Afrique face à un monde international souvent déséquilibré et injustement favorable aux nations industrialisées, il s’est heurté à de nombreuses incompréhensions, particulièrement de la part de puissances étrangères, en particulier occidentales.

Au moment où Amadou Mahtar Mbow arrivait à la tête de l’UNESCO, les fonctionnaires africains représentaient à peine 6% du personnel, une anomalie quand on sait que l’Afrique, sur les 190 membres de l’Organisation, en comptait plus d’une cinquantaine. Il a porté cette proportion à 18%. Mbow était aussi un bourreau de travail. Souvent, dès 7h du matin, il était à son bureau, qu’il ne quittait, sans discontinuer, qu’à 20h. À plus de 60 ans, il n’hésitait pas à affronter les rigueurs du jeûne au mois de Ramadan. L’esprit lucide, il décortiquait, avec une surprenante perspicacité, des dossiers aussi variés qu’ardus. Et il se montrait intraitable avec les fonctionnaires tire-au-flanc dans leurs tâches.

Lors des discussions autour des programmes de l’UNESCO, il restait inflexible face à toute tentative de compromettre les projets en faveur des pays en développement, notamment ceux d’Afrique. Combatif, il était allergique aux compromis qui pouvaient nuire à ses principes. Sa radicalité dans la défense de ses idées se manifestait même face à ses proches, qui pouvaient parfois essayer de le faire fléchir. Courtois, élégant et profondément pieux, il pouvait néanmoins exploser de colère pour déjouer des manœuvres visant à le faire céder.

Cependant, il n’était pas un intransigeant borné. Il savait composer lorsque cela servait un objectif plus grand, notamment en étant l’artisan du consensus à l’UNESCO lors de moments de crise. Le consensus, ce mécanisme visant à concilier des points de vue initialement inconciliables sans provoquer de frustration par un vote, a permis à l’Organisation de surmonter des débats tendus, comme ceux sur les « Droits de l’Homme et des peuples » ou sur le Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC) dans les années 80.

Les péripéties regrettables nées de malentendus et d’incompréhensions lors d’un 3ème mandat brigué à la tête de l’UNESCO n’ont en rien terni la stature de cet homme emblématique et infatigable, consacré jusqu’à son dernier souffle à la défense de l’honneur et de la dignité de l’Afrique.

Diomansi Bomboté, journaliste

Attaques terroristes à Bamako : Les leçons à en tirer

Le 17 septembre 2024, la capitale malienne est secouée par une double attaque. L’École de la gendarmerie et l’aéroport de Sénou sont visés par des assauts revendiqués par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM – JNIM). Deux jours après le premier anniversaire de l’AES et à quelques jours du 64ème anniversaire de l’indépendance du Mali, ces attaques ont montré la vulnérabilité face au fléau du terrorisme et peut-être la nécessité d’une réadaptation du dispositif actuel.

Dans un communiqué diffusé sur les ondes de la télévision nationale, l’État-major général des armées a qualifié de « tentative d’infiltration » l’attaque survenue très tôt, vers 5 heures du matin. Appelant les populations à rester calmes, l’État-major a souligné que les ratissages continuaient et que la situation était sous contrôle. En visite sur les lieux, à l’École de la gendarmerie le chef d’État-major, tout en se voulant rassurant, a tenu rappeler aux élèves gendarmes leur mission. « Le combat continue et il faut tirer les leçons. Le terrorisme doit être combattu. Nous sommes en guerre et vous êtes durement alertés », a-t-il notamment martelé devant des éléments qui rejoindront bientôt des unités combattantes.

Alerte

Si Bamako avait, il y a quelques années, subi des attaques terroristes ayant visé plutôt des cibles civiles, la capitale vient d’être touchée par des attaques visant des cibles militaires au cœur de la cité. Une première qui rappelle que la menace n’est jamais loin et qu’il s’agit bien d’une « guerre d’usure », selon le ministre de la Défense et des anciens combattants, Sadio Camara, à l’issue de sa rencontre avec le Président de la Transition le 23 septembre 2024. Reçu avec le ministre de la Sécurité et de la protection civile ainsi que les chefs d’États-majors et les chefs des services militaires par le Président Assimi Goïta, il a déclaré qu’il s’agissait de faire un « examen exhaustif du dispositif sécuritaire, réévaluer la menace et donner les orientations complémentaires ». S’il s’est dit plutôt satisfait de la rencontre, qui a permis de constater l’engagement des autorités politiques et militaires pour faire face au fléau ainsi que le soutien du Président de la Transition au dispositif opérationnel en cours pour la lutte contre le terrorisme, cette rencontre n’occulte pas le sentiment d’un retour en arrière, observe Jean-Hervé Jezequel, Directeur de projet à International Crisis Group (ICG).

Ces attaques qui nous ramènent quelques années derrière sont tout de même inédites, en ce qu’elles ont été dirigées contres des installations militaires. En 2015, la première attaque qui avait visé la capitale avait ciblé un bar restaurant, avant un hôtel la même année. Deux autres attaques sur des sites d’hébergement en 2016 et 2017 avaient aussi fait des victimes. Plus récemment, en juillet 2022, c’est une attaque complexe à la voiture piégée qui avait visé le camp militaire de la ville garnison de Kati, à 15 km de Bamako, faisant 8 morts et des blessés. Une attaque audacieuse qui avait fait dire aux autorités qu’il s’agissait de tentatives désespérées des groupes terroristes en débandade. Les forces armées étaient alors en pleine campagne de reconquête du territoire national. Après cette frayeur, qui avait convaincu les habitants de la capitale de l’imminence de la menace, Bamako avait plusieurs fois fait l’objet d’alertes plus ou moins réelles. Dans son discours à la Nation à l’occasion du 22 septembre 2024, le Président de la Transition a affirmé que les attaques du 17 septembre 2024 « rappellent l’impérieuse nécessité de rester vigilants et de garder une posture opérationnelle exemplaire en toutes circonstances ».

Dispositif en cause ?

La double attaque du 17 septembre 2024 est  survenue entre deux dates importantes. D’une part au lendemain du premier anniversaire de la Confédération des États du Sahel (AES), mise en place le 16 septembre 2023, avec notamment pour objectif de mutualiser les forces des trois États membres (le Burkina Faso, le Mali et le Niger) pour lutter contre le terrorisme. D’autre part à quelques jours du 64ème anniversaire de l’indépendance du Mali, célébré le 22 septembre. A priori une période d’alerte, « même si c’est difficile de sécuriser une ville comme Bamako », on peut y voir une faille du dispositif sécuritaire, note M. Jezequel.

Du côté des groupes terroristes, on peut avoir une double lecture de cette situation, selon l’analyste. C’est une stratégie habituelle pour ces groupes de forcer l’État à concentrer ses forces pour défendre les villes et donc à leur laisser un peu le champ libre dans les campagnes, où ils ont leur principal champ d’action. Secundo, il peut s’agir d’un changement de mode opératoire de leur part, mais il est encore trop tôt pour faire une telle conclusion, tempère-t-il.

Si elles affichent leur détermination, la réaction des autorités souligne la nécessité d’une vigilance accrue. En effet, au lendemain des attaques les autorités ont envisagé un certain nombre de mesures urgentes. Parmi lesquelles la fermeture de 7 marchés à bétail à Bamako et environs, des marchés soupçonnés d’avoir servi à favoriser l’infiltration de certains terroristes, et l’injonction faite aux propriétaires des camions citernes stationnés le long des axes voisins des lieux de l’attaque de les déplacer.

Enseignements 

Engagé dans une lutte acharnée contre le terrorisme depuis plusieurs années, le Mali a enregistré des succès importants, notamment dans la reconquête de l’intégrité du territoire national. Des victoires militaires qui n’ont pas pourtant endigué la capacité de nuisance des groupes terroristes. Malgré une présence effective et le redéploiement des forces armées maliennes (FAMa) dans plusieurs localités du pays, les groupes armés et terroristes continuent d’exercer une pression sur les populations. Des pressions qui se sont multipliées dans les régions de Mopti et de Ségou à l’approche de l’hivernage, obligeant de nombreux habitants à abandonner leurs localités et leurs activités champêtres.

Cela signifie donc que la stratégie actuelle a des limites. « On peut dire que la stratégie de miser sur l’outil militaire, y compris au temps des autorités civiles, n’arrive pas à endiguer la menace terroriste.   Peut-être qu’il  est temps, c’est ce que pense International Crisis Group, de donner plus de moyens à une réponse politique à ces expansions armées », suggère M. Jezequel. Une offre de dialogue politique  qui va s’adresser aux  groupes armés ou à certains des groupes terroristes disposés à discuter. Une « offre de dialogue mais pas de reddition, dans laquelle chaque partie exprime ses positions et cherche à faire des compromis ».

L’attaque du 17 septembre est justement, selon lui, un moment de réflexion qui souligne le besoin d’ajustement de la stratégie de sécurisation. « Il ne s’agit pas pour nous de dire qu’avant cela se passait bien et que maintenant c’est moins bien ». Sans nier les acquis dans la lutte contre l’expansion terroriste, l’analyste explique qu’il faut explorer les recommandations du Dialogue Inter-Maliens. Des recommandations parmi lesquelles figurait la nécessité d’une réponse politique. Il faut donc donner des moyens à cet outil du dialogue. Depuis le début de la crise, des moyens ont été accordés à la « réponse militaire, qui reste indispensable ». Mais il faut en donner aussi au dialogue. « Même si ce n’est pas une solution magique », il faut investir dans cet outil et le soutenir à nouveau.

Pour les autorités, il y a aussi des leçons à tirer. Outre la vigilance à observer comme en temps de guerre, il faut une « collaboration de la population », a insisté le chef d’État-major. Une collaboration qui doit surtout aider les forces de l’ordre dans la traque des terroristes en termes de renseignements. Mais elle doit également éviter tout amalgame, ce qui serait totalement contre productif et servirait plutôt les intérêts des terroristes.

Fatoumata Maguiraga

Soudan : « Cessez d’armer les généraux » demande Biden

L’Union africaine (UA) a appelé, mardi 24 septembre, à la « cessation immédiate » des combats dans la grande ville soudanaise d’El-Fasher (Sud-Ouest), dénonçant une « escalade » de la crise après un assaut ce week-end des forces paramilitaires.

La guerre oppose depuis avril 2023 l’armée, dirigée par le Général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le Général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti ». Le Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, « appelle à une cessation immédiate des combats à l’intérieur et à l’extérieur d’El-Fasher », affirme un communiqué.

Depuis des mois, le sort d’El-Fasher inquiète la communauté internationale. Dans cette métropole de 2 millions d’habitants, seule capitale des cinq Etats du Darfour à ne pas être aux mains des FSR, des « centaines de milliers de civils » sont menacés par des violences « de masse », a alerté la semaine dernière l’ONU. Les paramilitaires ont lancé leur offensive après des mois de siège.

Lors de l’Assemblée Générale de l’ONU, en cours actuellement, le Président américain Joe Biden a exhorté les dirigeants du monde entier « à cesser d’armer les généraux soudanais et à mettre fin à la guerre qui ravage ce pays depuis 2023 ». Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui aussi dénoncé « les puissances extérieures qui continuent de s’ingérer sans aucune approche unifiée pour trouver la paix ».

Plus de 10 millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont fui leur foyer depuis avril 2023. Plus de 2 millions de personnes ont cherché refuge dans les pays voisins. Le Soudan connaît également la plus grande crise alimentaire au monde. Plus de la moitié de la population du pays, soit près de 26 millions de personnes, est confrontée à des niveaux élevés de malnutrition aiguë. Près de 5 millions d’enfants et de femmes enceintes ou allaitantes souffrent de malnutrition aiguë.

Les soins de santé et les services de base ont été réduits à néant, le choléra et d’autres maladies sont en augmentation et les enfants sont privés d’école pour la deuxième année consécutive. Cette situation est l’une des pires crises de protection de l’histoire récente, avec des niveaux alarmants de violence sexuelle et sexiste qui continuent de terroriser les civils, en particulier les femmes et les jeunes filles.

Ramata Diaouré

Donald Trump : une tentative d’assassinat qui tombe à pic ?

 

Ce dimanche 15 septembre, en Floride, alors qu’il jouait au golf, le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine, aurait échappé à une nouvelle tentative d’assassinat. Une aventure, « une journée folle, mais elle s’est bien mieux finie » que la dernière fois, a déclaré Donald Trump qui en est sorti indemne. Une vague sur laquelle il surfe ?

C’est un nouvel événement qui a bouleversé la campagne électorale américaine en début de semaine. Alors qu’il jouait au golf avec des amis dimanche dernier, l’un des agents de l’ancien président américain aurait aperçu le canon d’une arme et aurait commencé à tirer dans les buissons dans lesquels il l’aurait aperçu. Donald Trump a relaté être ensuite monté avec ses amis dans une voiturette et être allé se mettre à l’abri.

Le suspect, inculpé lundi 16 septembre, le lendemain des faits, n’a cependant pas tiré sur le candidat républicain. C’est ce qu’a affirmé Ronald Rowe lors d’une conférence de presse, directeur par intérim du Secret Service, l’agence chargée de la protection des hautes personnalités politiques. Ryan Wesley Routh, 58 ans, aurait passé près de 12 heures aux environs du club de golf de Donald Trump avant d’être repéré. Un fusil d’assaut de type SKS, avec le numéro de série effacé et monté d’une lunette de tir, deux sacs et une caméra ont été retrouvés aux alentours du grillage du golf, selon les enquêteurs. Présenté à un juge en Floride, il a été inculpé pour détention illégale d’arme et de possession d’une arme au numéro de série effacé. Des charges passibles respectivement de peines maximales de quinze et cinq ans de prison.

Le directeur du Secret Service a admis qu’il n’y avait pas eu de fouille, ni de reconnaissance du parcours au club de golf de Donald Trump. Un aveu qui pose question après une tentative d’assassinat en Pennsylvanie le 13 juillet au cours de laquelle Donald Trump a été légèrement blessé. Mais cet événement pourrait être une occasion pour le candidat à l’élection présidentielle, de reprendre la main dans une campagne où sa rivale, Kamala Harris, le malmène quelque peu. Une récente étude ABC/Ipsos citée par L’Express lui donne 6 points de retard sur la candidate démocrate qui représente 52% des intentions de votes. Cette « nouvelle tentative d’assassinat » pourrait donc alimenter une rhétorique du martyr dans laquelle Donald Trump excelle et constituer une aubaine pour relancer sa campagne d’ici le scrutin en novembre prochain.

Aurélie Dupin

Succès des jeunes et échecs des Seniors : Le paradoxe du basket féminin malien

 

Depuis sa victoire historique en 2007 au Championnat d’Afrique, l’équipe féminine senior de basket du Mali peine à renouer avec le succès. Pendant ce temps, les équipes de jeunes brillent sur le continent, multipliant les trophées. Comment expliquer un tel paradoxe ?

Si le Mali a été proche du bonheur à l’issue de la troisième place glanée contre le Rwanda lors de la petite finale de l’AfroBasket féminin 2023, sa défaite contre le Sénégal en demi-finale lors de la même compétition a fait ressurgir les difficultés que les Aigles Dames Seniors rencontrent pour remporter un trophée depuis 2007.

Depuis leur victoire de 2007, elles ont été finalistes malheureuses en 2009 et 2021 et ont terminé troisièmes en 2011, 2017 et 2019. Paradoxalement, dans les catégories inférieures, les équipes féminines U16 et U18 ont dominé le basket africain, remportant respectivement 8 et 9 trophées consécutifs.

Selon l’analyste sportif Amadou Diadié Touré, ce paradoxe s’explique en partie par la gestion de la carrière des jeunes joueuses. « La Fédération de basket n’a pas mis en place un plan de suivi pour la progression de ces championnes vers l’équipe senior. Le monde professionnel a des exigences auxquelles les jeunes joueuses ne peuvent pas toujours répondre seules », explique-t-il. Il insiste sur l’importance d’un accompagnement adéquat pour permettre à ces jeunes talents de s’épanouir au plus haut niveau.

De son côté, l’ancien instructeur FIBA-Monde Alpha Bagayoko évoque les difficultés liées à la transition des joueuses vers le niveau senior. « Quand les joueuses quittent le pays sans passer par la Fédération, on perd leur trace. On ne sait pas si elles jouent à plein temps ou non. Cela crée un désordre et affecte leur progression », souligne-t-il. Selon lui, cette désorganisation nuit à la continuité des performances entre les catégories Junior et Senior.

Manque de reconnaissance et de respect

D’autres facteurs socioculturels jouent également un rôle dans la difficulté des joueuses à s’imposer. Dr Hamadoun Haïdara, sociologue, pointe du doigt le mariage précoce, la précarité de la discipline et les grossesses non désirées comme des freins à l’épanouissement de certaines joueuses. « Dans nos sociétés, dès que la femme atteint l’âge de 17 ans, voire moins, les parents la poussent souvent au mariage, ce qui l’empêche de construire une carrière sportive », explique-t-il. Les distractions de la vie moderne, selon lui, nuisent également à la concentration des jeunes sur le basket.

Un autre facteur explicatif de cette traversée du désert est la montée en puissance des adversaires, en particulier l’équipe du Nigeria, victorieuse des quatre derniers AfroBasket. Les D-Tigres, qui intègrent de nombreuses joueuses formées aux États-Unis, ont souvent barré la route aux Aigles Dames, que ce soit en demi-finale ou en finale.

Les absences de joueuses cadres lors de certaines compétitions ont également impacté les performances des Seniors. Lors de l’AfroBasket 2021, l’absence de Touty Gandega, la meneuse de l’équipe, a été notable. Des sources médiatiques évoquent un refus de la joueuse de rejoindre la sélection en raison du non-paiement de la prime de la troisième place et d’un « manque de reconnaissance et de respect pour le travail de l’équipe ».

La comparaison avec l’équipe victorieuse de 2007 est souvent faite pour souligner les lacunes actuelles. Cette équipe, complète dans tous les compartiments du jeu, bénéficiait de la présence de grandes pivots et de l’expérience de la capitaine Hamchetou Maïga, alors joueuse de la WNBA. Leur préparation avait également été optimale, avec un mois d’entraînement intensif à Bamako et un soutien logistique et moral exemplaire.

Aujourd’hui, ces conditions semblent s’être dégradées, mettant en lumière le besoin de redéfinir les stratégies de développement et d’accompagnement des joueuses maliennes. Si le talent ne manque pas, comme en témoignent les succès des équipes de jeunes, le chemin vers la consécration continentale pour les Seniors semble encore long et semé d’embûches.

Aly Asmane Ascofaré

Fâtow (Les Fous) : Un regard critique sur la culture

 

Le film retrace l’histoire de 4 fous qui nous amènent, à travers leurs balades quotidiennes, à la découverte des différents secteurs de la culture. Pour le réalisateur et actuel Directeur Général du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM), l’importance de la culture dans notre société est une évidence qui justifie ce choix de faire de la culture le principal thème de son œuvre.

Le film « Fâtow » est une réflexion sur les enjeux et perspectives du secteur de la culture. Son objectif est de mettre le cinéma au service de la sauvegarde du patrimoine culturel malien et au cœur de la résilience des communautés. « Le choix du « fou » dans la démarche artistique, n’est pas fortuit », selon le réalisateur Fousseini Maïga. Il caractérise deux évidences. Premièrement le fou suscite une sympathie naturelle dans la société et deuxièmement ses propos sont d’une innocence voilée et d’une sincérité ignorée.  La sortie du film, coproduit par le CNCM, Arc-En-Ciel Films et Africa Stories Entertainment, est prévue pour fin 2024. Il a bénéficié de l’accompagnement de la Coopération allemande, à travers le projet Donko ni Maaya, et du Fonds africain pour la culture (ACF).

Promouvoir les talents

Les 4 fous sont incarnés par des acteurs bien connus de la scène cinématographique malienne. Il s’agit de Fily Traoré, Maimouna Doumbia, Jeanne Diama et Abdoulaye Mangane. Le réalisateur y a ajouté la participation d’une dizaine de talents de la scène culturelle. S’exprimant à ce sujet, la comédienne Jeanne Diama estime que « le scénario va parler à tous les artistes du Mali, qui, depuis des années, se battent pour qu’il y ait un changement dans le domaine de la culture. Il y a quelque temps, il était impossible de ne voir que des jeunes sur les plateaux de tournage, mais aujourd’hui ça s’est réalisé ». De son côté, sa consœur Maïmouna Doumbia pense qu’avec ce projet la population portera un autre regard sur les artistes et la culture en général. Pour sa part, le comédien Fily Traoré confie avoir adoré son rôle. « C’est la première fois que je joue un fou au cinéma. Quand j’ai lu le scénario il m’a fait rigoler et le texte était tout simplement magnifique ».

À travers ce film, le cinéaste souhaite que personne ne reste indifférent, peu importe son environnement, et que chaque personne s’identifie à ses croyances et à ses valeurs culturelles. Rappelons qu’après la sortie de son dernier film, « Wolonwula (Sept) », le réalisateur avait raflé 20 prix internationaux.

Fatouma Cissé