Salon de l’immobilier en Afrique : les acteurs préparent la sixième édition

Acquérir en toute sérénité des logements ou des biens immobiliers dans des conditions garantissant la sécurité de l’investissement, c’est l’ambition affichée par Ethik Agency, à travers l’organisation du salon de l’immobilier et de l’investissement en Afrique. L’agence prépare la sixième édition de son évènement qui se tiendra du 2 au 4 juin 2023 dans la capitale française.

L’une des contraintes auxquelles étaient confrontés les concitoyens de la diaspora, c’est l’insécurité autour de leurs investissements immobiliers. Un constat qui a conduit l’agence à réunir les acteurs du secteur qui pouvaient directement rencontrer les clients pour échanger sur les possibilités et les conditions d’acquisition.

Tout ceci dans un contexte d’organisation du secteur avec d’une part des promoteurs immobiliers, des banques pour accompagner et les assurances pour suivre. D’autre part les autorités qui pourront ainsi expliquer les procédures d’acquisition, de construction mais aussi les reformes comme celles relatives à la mise en place du secrétariat permanent du foncier instituant une identité unique à tous les biens immobiliers ( Ninacad).

Tous ces facteurs permettent donc aux promoteurs notamment de proposer des projets répondant aux besoins des demandeurs.

Le rendez-vous désormais attendu par la diaspora africaine, va réunir cette année 10 pays africains. Un espace commun qui permettra non seulement de réunir les acteurs pour offrir leurs services et à la diaspora d’exposer ses besoins spécifiques. L’idée de cet espace commun est de prendre en compte les besoins des clients qui peuvent être de différents pays, mais aussi d’accompagner les investisseurs, « qui ne connaissent pas de frontières » mais visent des projets rentables, précise Moussa Coulibaly, Directeur d’Ethik Agency.

L’idée est de mettre ensemble les acteurs, afin de susciter l’intérêt des clients, ajoute pour sa part Mamadou Coulibaly, président de l’association des promoteurs immobiliers (APIM). « Les concitoyens sont dans des dilemmes. Notre rôle c’est de faire adhérer les promoteurs immobiliers », à participer au salon et partager les expériences et faire procéder les mises à niveau des politiques qui sont différentes.

L’un des défis reste le problème de financement. C’est pourquoi les acteurs proposent des mécanismes pour faciliter le financement en assurant par exemple le lien pour le financement vers le Mali. « L’essentiel étant de donner confiance aux concitoyens et leur permettre d’accéder à des sources de financement ».  Le besoin des demandeurs du secteur informel est aussi une préoccupation prise en compte par les promoteurs.

Un couple d’entrepreneurs Sénégalais s’implante à Abidjan

Maty et Idy, deux jeunes entrepreneurs du pays de la Teranga présentent leur enseigne et des designs très aboutis à l’inauguration d’un show-room dans un centre commercial de la capitale économique ivoirienne.Engagé en affaires, le couple a créé depuis 2014 la marque « Mathydy » et propose « des produits qui magnifient l’histoire de l’Afrique », à travers cinq collections de luxe en horlogerie et cinq collections en maroquinerie (sacs, portefeuilles, portemonnaies et bijoux).

A Dakar, ces jeunes entrepreneurs ont deux boutiques à leur actif, l’une au Plateau et la seconde à Saly (Sud). Avec « le potentiel que pouvait nous offrir Abidjan, l’idée était de venir ouvrir une boutique et depuis l’ouverture c’est un succès vraiment total », confie Idy.

Mathy Lo, surnommée Maty, co-fondatrice de la marque, indique devant des invités ce vendredi 27 janvier 2023, que « c’est la première boutique à Abidjan » qui « coïncide aussi avec notre sixième boutique et 10 ans de mariage », sous des salves d’applaudissements.

« La clientèle a répondu présent, vous avez adoré vraiment nos produits, vous portez vraiment la marque », a lancé son époux, Idy, pour qui l’« hospitalité s’est déplacée à Abidjan parce que la Côte d’Ivoire est le deuxième plus gros marché de Mathydy après le Sénégal ».

Selon Idy, « il fut une époque (où le second marché), c’était la France ». Aujourd’hui, Abidjan est le « second marché » pour la plupart des commandes de l’Afrique. Et ce, grâce à des centaines de clients sur le e-commerce.

Installé au centre commercial Playce Marcory, dans le Sud d’Abidjan, Idy explique qu’il ne s’agit « pas de luxe à l’occidental, mais à l’africaine ». Cette aventure entrepreneuriale, ce jeune Sénégalais la mène avec sa compagne.

« Souvent nous recevons ces questions, comment faites-vous pour travailler en tant que couple ? Et, je peux dire qu’en business, la chose la plus importante, c’est d’avoir une personne de confiance avec qui travailler » et on ne peut trouver un meilleur complice que son conjoint, dit-il.

« Parfois, c’est très compliqué, parce qu’il faut en même temps être conjoint et partenaire ; il n’y a pas de ligne, mais c’est avec cette compréhension, le fait d’être vraiment présent tous les jours, d’être à l’écoute qui nous a vraiment permis d’atteindre ces objectifs », a-t-il poursuivi.

Discret, c’est le premier évènement que le couple organise malgré leurs six boutiques. Selon Idy, « on n’a jamais fait d’ouverture, mais à Abidjan, avec l’accueil qu’on a eu, il fallait vraiment qu’on fasse le nécessaire ».

Ce showroom est également le fruit d’un partenariat avec le Groupe CFAO. Présent à l’ouverture officielle de cet espace, Charles Destonquer, un responsable de CFAO Retail, entité en charge du management du centre commercial, a félicité Maty et Idy pour cette aventure « réussie ».

Il s’est réjoui d’ « un très bel écran qui accueille de très beaux produits » à l’instar de la boutique du Plateau à Dakar, où « on trouve un produit qui est magnifié et très élégant » avec une « identité très forte ».

Croissance économique : l’Afrique devant le reste du monde en 2023 et 2024

Dans son rapport semestriel, la Banque africaine de développement (Bad) estime à environ 4 % en moyenne le Produit Intérieur Brut réel du continent noir en 2023-2024.L’Afrique n’est pas toujours le dernier de la classe. Si les moyennes du reste de la planète devraient s’établir à 2,7 et 3,2 % en 2023-2024, ledit continent table sur une croissance d’environ 4 % de son Produit Intérieur Brut (PIB) réel.

Grâce à une analyse complète de la croissance régionale, le rapport semestriel de la Banque africaine de développement (Bad), publié hier jeudi, a montré que « les cinq régions du continent, confrontées à d’importants vents contraires résultant des chocs socio-économiques mondiaux, restent résilientes avec des perspectives stables à moyen terme ».

D’après le document, « la croissance moyenne estimée du PIB réel en Afrique a ralenti à 3,8 % en 2022, contre 4,8 % en 2021, dans un contexte de défis majeurs consécutifs au choc de la Covid-19 et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ». Néanmoins, a ajouté la source, 53 des 54 pays de l’Afrique ont affiché une croissance positive et « les perspectives pour 2023-2024 devraient être stables », indique la Bad.

Cinq économies africaines, parmi les plus dynamiques du monde avant la pandémie du nouveau coronavirus, devraient connaître une croissance de plus de 5,5 % en moyenne en 2023-2024. Il s’agit du Rwanda (7,9 %), de la Côte d’Ivoire (7,1 %), du Bénin (6,4 %), de l’Éthiopie (6,0 %) et de la Tanzanie (5,6 %). D’autres pays africains, sur la période considérée, devraient enregistrer une croissance supérieure à 5,5 % : République démocratique du Congo (6,8 %), Gambie (6,4 %), Libye (12,9 %), Mozambique (6,5 %), Niger (9,6 %), Sénégal (9,4 %) et Togo (6,3 %).

Les cinq régions africaines dans le vert

Dans le détail, la croissance en Afrique centrale, soutenue par des cours favorables des matières premières, a été la plus rapide du continent à 4,7 % contre 3,6 % en 2021. À l’opposé, la croissance de l’Afrique australe est celle qui a le plus ralenti, passant de 4,3 % en 2021 à environ 2,5 % en 2022. « Ce ralentissement résulte de la faiblesse de la croissance en Afrique du Sud, où la hausse des taux d’intérêt, la faiblesse de la demande intérieure et les coupures de courant persistantes ont pesé sur l’économie », a expliqué l’institution financière.

En Afrique de l’Ouest, la croissance devrait passer à 3,6 % en 2022 contre 4,4 % en 2021. « Cela tient à des ralentissements en Côte d’Ivoire et au Nigeria, les deux plus grandes économies de la région. La croissance du Nigeria en 2023 – bien qu’affectée par la Covid-19, l’insécurité et la faiblesse de la production pétrolière malgré la hausse des prix internationaux de l’or noir – pourrait bénéficier des efforts en cours pour rétablir la sécurité dans la région productrice de pétrole en proie à des troubles », a avancé le document.

La croissance de l’Afrique du Nord devrait baisser de 1,1 %, passant de 5,4 % en 2021 à 4,3 % en 2022 à cause « de la forte contraction en Libye et de la sécheresse au Maroc », mais elle devrait se stabiliser à 4,3 % en 2023 grâce au « fort rebond attendu dans ces deux pays et une croissance soutenue ailleurs dans la région ».

Pour l’Afrique de l’Est, la Bad s’attend à 4,2 % de croissance en 2022 contre 5,1 % en 2021. « Bien que la structure de production (de cette partie du continent) soit relativement diversifiée, les pays de la région, en grande partie des importateurs nets de produits de base, subissent de plein fouet la hausse des prix internationaux, en plus des chocs climatiques récurrents et de l’insécurité, notamment dans la Corne de l’Afrique », a relevé l’institution dont le siège se trouve à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

« Avec 54 pays à différents stades de croissance, différentes structures économiques et diverses dotations en ressources, les effets des chocs mondiaux varient toujours en fonction de la région et du pays. Le ralentissement de la demande mondiale, le durcissement des conditions financières et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont donc eu des répercussions différentes sur les économies africaines », a déclaré Akinwumi Adesina, le président du Groupe de la Bad.

De son côté, l’économiste Jeffrey Sachs, directeur du Centre pour le développement durable de l’université de Columbia (États-Unis), a fait savoir que « l’Afrique peut et va atteindre une croissance de 7 % ou plus par an de manière constante dans les décennies à venir. Ce que nous verrons, en nous fondant sur la résilience que nous constatons dans ce rapport, c’est une véritable accélération du développement durable de l’Afrique, qui fera du continent la composante à croissance rapide de l’économie mondiale. L’Afrique est l’endroit où il faut investir ».

Décisions audacieuses pour atténuer les risques

La Banque africaine de développement a appelé « à des mesures monétaires et fiscales robustes, soutenues par des politiques structurelles » à l’échelle nationale, régionale et mondiale face aux risques cumulés.

Ceux-ci « comprennent la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, le durcissement des conditions financières mondiales et l’augmentation connexe des coûts du service de la dette intérieure. Les changements climatiques – avec leurs effets néfastes sur l’approvisionnement en denrées alimentaires et le risque potentiel d’un changement de politique dans les pays où se tiendront des élections en 2023 – représentent des menaces tout aussi redoutables », a prévenu l’institution financière, non sans préciser les mesures fortes nécessaires.

Il y a « un resserrement rapide et agressif de la politique monétaire dans les pays à forte inflation, et un resserrement modéré dans les pays où les pressions inflationnistes sont faibles », « le renforcement de la résilience grâce à la stimulation du commerce intra-africain afin d’amortir les effets de la volatilité des prix des produits de base sur les économies », « l’accélération des réformes structurelles pour renforcer les capacités de l’administration fiscale et investir dans la numérisation et la gouvernance électronique afin d’améliorer la transparence, de réduire les flux financiers illicites et d’accroître la mobilisation des ressources intérieures ».

Mais aussi « l’amélioration de la gouvernance institutionnelle et l’adoption de politiques susceptibles de mobiliser les financements du secteur privé, en particulier dans le cadre de projets entièrement nouveaux, à l’épreuve des changements climatiques et des pandémies, et mobiliser les ressources de l’Afrique pour un développement inclusif et durable », « la prise de mesures décisives pour réduire les déficits budgétaires structurels et l’accumulation de la dette publique dans les pays confrontés à un risque élevé de surendettement ou déjà en situation de surendettement ».