Yaya Cissé : ses soutiens plaident pour un nouveau procès

Le 30 mars 2024, Yaya Cissé a célébré ses 12 ans d’emprisonnement en Mauritanie. Ce Malien, résident dans ce pays, a été condamné en 2012 pour le meurtre d’un Mauritanien. Après de longues années de bataille pour « établir » la vérité, ses soutiens sont mobilisés pour la réouverture de son procès. Car, ils en sont convaincus, M. Cissé est victime d’une erreur judiciaire.

« Ça va, Dieu merci. Il a le moral », raconte Madame Cissé, l’épouse de Yaya Cissé. De retour de Nouackchott, où est incarcéré son mari, elle fait la navette entre la capitale mauritanienne et Nouadhibou, où elle vit avec leurs enfants. C’est ainsi depuis 2012 : elle partage son quotidien entre ses enfants et son mari, condamné et emprisonné pour « un crime qu’il n’a pas commis ». Son seul souhait est qu’il « recouvre sa liberté et qu’il nous revienne sain et sauf ». Dans l’attente d’une réponse officielle pour la réouverture de ce dossier judiciaire, pour lequel le collectif pour la défense de Yaya Cissé se mobilise, ce combat est aussi devenu celui de la Commission nationale des droits de l’Homme du Mali (CNDH). Son Président, Aguibou Bouaré, qui s’est personnellement impliqué, espère aussi un autre procès pour Yaya Cissé.

Nouveaux éléments

Dans l’espoir d’un nouveau procès, le collectif pour la défense de Yaya Cissé a adressé une lettre ouverte au Président de la Transition afin de demander son implication personnelle. Il l’a affirmé lors d’un point de presse qu’il a animé à l’occasion du douzième anniversaire de l’incarcération de M. Cissé.

De nouveaux éléments ont été découverts, permettant au moins d’émettre un doute sur les conditions de la condamnation de M. Cissé. Des éléments qui justifient, selon le collectif et les avocats de la défense, l’ouverture d’un nouveau procès qui pourrait le disculper. Outre sa présence en territoire malien le jour du meurtre dont on l’accuse, des témoignages éloquents et des documents de voyage officiels attestent de cette réalité.

Même s’il tient bon pour sa famille, l’état de santé de M. Cissé s’est dégradé au fil du temps et nécessite une prise en charge efficace, selon le collectif « Justice pour Yaya Cissé ». Saluant par ailleurs les efforts des autorités de la Transition, à travers le ministère de la Justice, et de la CNDH, il se dit confiant en la justice mauritanienne pour réparer cette « erreur judiciaire ».

Soumaïla Lah : « Rien ne laissait présager des affrontements entre le CSP et le JNIM »

Le CSP et le JNIM se sont affrontés le 6 avril dernier à Nara, occasionnant des pertes des deux côtés. Comment comprendre cet affrontement inédit entre deux groupes que beaucoup d’experts présentaient comme alliés ? Est-ce un tournant ? Soumaïla Lah, Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la sécurité répond.

Plusieurs sources indiquent des affrontements entre le CSP et JNIM le 6 avril dernier à Nara. Comment l’interpréter ?

Ces affrontements sont difficiles à justifier quand on sait la collusion entre le CSP et le JNIM depuis la suspension par les groupes armés de leur participation à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, sur fond de rétrocession des camps de la MINUSMA. Pour rappel, les deux entités, à plusieurs reprises, ont convergé pour s’opposer à la récupération des camps par les Famas. Pour autant, au regard de l’historique des relations entre elles, ce n’est pas la première fois que des alliances de circonstance sont nouées et dénouées selon le contexte du moment. Cependant, rien ne laissait présager ces affrontements entre le CSP et le JNIM au moment où le contexte est favorable à la logique de la continuité d’une alliance de circonstance. Des différents idéologiques ou territoriaux peuvent justifier ces affrontements. 

Alors que la collusion était avérée entre ces deux groupes, ces affrontements marquent-ils un tournant ?

Absolument, même s’il est difficile pour l’heure d’en déterminer les tenants et les aboutissants. En 2012 déjà, ce type d’alliance avait été scellé pour finalement éclater sur fond de différents idéologiques et sécuritaires irréconciliables. 

Le CSP, dont la base se trouvait au nord, notamment à Kidal, a voulu s’incruster vers Nara? Comment comprendre cette stratégie ? Pourquoi ?

Le CSP n’a plus accès à Kidal depuis un moment. Il a trouvé un point de chute aux  confins de la frontière entre le Mali et l’Algérie. Cette perte de repères, perçue comme un repli stratégique, ouvre forcément la voie à la recherche de nouvelles positions. Nara est stratégique et facilite le transit entre le Mali, la Mauritanie et l’Algérie, mais c’était sans compter sur la volonté du JNIM de ne pas laisser un mouvement, fût-il un allié de circonstance, prendre position dans une zone où il a posé ses bagages depuis un moment, sa zone de confort. 

Nara n’est pas loin de la frontière mauritanienne. Peut-on supposer que des combattants du CSP se réorganisent en Mauritanie plutôt qu’en Algérie ?

Nara constitue aujourd’hui un carrefour et le CSP est à la recherche de zones stratégiques pour se réorganiser. Cette hypothèse n’est donc pas à exclure.

G5 Sahel : le Niger et le Burkina Faso quittent l’organisation

Le Burkina Faso et le Niger, ont annoncé samedi s’être retirés de l’organisation antiterroriste G5 Sahel, suivant l’exemple du Mali, parti en mai 2022. Les deux pays «ont décidé en toute souveraineté du retrait du Burkina Faso et du Niger de l’ensemble des instances et organes du G5 Sahel, y compris la Force conjointe», à compter du 29 novembre, indiquent-ils dans un communiqué. Les deux pays justifient leur retrait par des « lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de nous convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle nous sommes aujourd’hui engagés est contraire à la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle ». Les deux Etats n’entendent pas non plus « servir les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel encore moins accepter le diktat de quelque puissance que ce soit » peut-on lire dans le communiqué. Quelques heures après l’annonce de cette décision, un document de la commission de l’Union européenne a circulé sur les réseaux sociaux. Dans ce document daté du 23 octobre, on pouvait y lire que l’UE qui finance en grande partie le G5 Sahel suspendait son soutien aux composantes nigérienne et burkinabé de la force conjointe du G5 Sahel. La décision est intervenue également alors que les trois pays : Mali, Burkina Faso, Niger renforcent leurs liens au sein de l’Alliance des Etats du Sahel. En mai 2022, le Mali, également gouverné par des militaires depuis 2020, avait quitté le G5 Sahel, invoquant une organisation « instrumentalisée par l’extérieur ».

À sa création en 2014 pour lutter contre le terrorisme au Sahel, l’organisation était composée du Mali, du Burkina, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad. La force conjointe a elle été lancée en 2017.

Nouakchott abrite fin février le Forum économique maroco-mauritanien

La capitale Nouakchott va abrite fin février le Forum économique maroco-mauritanien, ont annoncé l’ambassadeur du Royaume en Mauritanie, Hamid Chabar et le président de l’Union nationale du patronat mauritanien, Mohamed Zine El Abidine Ould Cheikh, lors d’une réunion tenue mercredi dans la capitale mauritanienne.Lors de cette rencontre, l’accent a été mis sur les préparatifs de cette manifestation qui verra la participation d’un grand nombre d’entreprises marocaines, ainsi que sur les moyens de renforcer les échanges commerciaux et économiques entre les deux pays et de consolider le climat d’investissements.

Dans ce contexte, les deux parties ont également souligné le rôle important joué par les organisations patronales des deux pays dans la promotion des échanges commerciaux à travers la signature d’accords de coopération, l’investissement et l’échange et l’organisation de forums économiques.Ils ont salué le soutien des pouvoirs publics aux efforts de développement des échanges commerciaux entre le Maroc et la Mauritanie.

Dans ce registre, le président de l’Union nationale du patronat mauritanien a salué les efforts déployés pour promouvoir le secteur privé dans les deux pays, surmonter les diverses entraves et renforcer les opportunités d’investissement.

Pour sa part, le diplomate marocain s’est félicité de la qualité des relations distinguées entre la Mauritanie et le Maroc et du rôle joué par le secteur privé dans la promotion des échanges commerciaux et les investissements dans les deux pays.

G5 Sahel : une redynamisation presque impossible sans le Mali

Depuis quelques semaines, les pays membres du G5 Sahel affichent une volonté de redynamisation de l’organisation sahélienne, dont le fonctionnement était au ralenti ces dernières années. Multiplication des rencontres ministérielles, appels du pied au Mali, qui s’en est retiré en mai dernier, Sommet extraordinaire des Chefs d’États en vue, le G5 Sahel semble tourné vers une difficile « renaissance » sans le Mali.

L’année 2023 est-elle partie pour être celle de la redynamisation du G5 Sahel ? Depuis son début, les réunions se multiplient entre les 4 pays membres restants pour « préserver et redynamiser » l’organisation.

Le 10 janvier, les ministres en charge de la Défense des pays membres se sont retrouvés en Séance extraordinaire à N’Djamena, au Tchad, pour parler du fonctionnement de l’organisation et faire des recommandations pour la lutte efficace contre le terrorisme dans le Sahel, vocation première du G5 Sahel depuis sa création, en 2014.

Dans le cadre du redimensionnement du Commandement et du renforcement des capacités de combat de la Force conjointe du G5 Sahel, pour la rendre plus opérationnelle et efficace, ils ont décidé de l’augmentation du nombre de bataillons à 14. Le Burkina Faso va désormais compter 5 bataillons, de même que le Niger, et la Mauritanie et le Tchad, 2 chacun.

Toujours dans la capitale tchadienne, les ministres des Affaires étrangères des pays membres du G5 Sahel se sont rencontrés le 18 janvier pour faire l’état des lieux de l’organisation, « en relation notamment avec le retrait du Mali », auquel ils ont à nouveau exprimé leur « souhait de voir rejoindre sa famille naturelle qu’est le G5 Sahel ». Ces diplomates ont également recommandé une mobilisation des ressources croissantes, organisées et efficaces des États-membres.

Inefficace sans le Mali 

Si la volonté de redynamisation de l’instance sahélienne est clairement affichée, plusieurs analystes s’accordent à dire qu’elle sera difficile et inefficace sans le Mali. Cela semble d’ailleurs être le cas des autres pays membres du G5 Sahel, qui ne cessent de plaider pour son retour dans l’organisation.

Le Mali, de par sa position géographique, était le seul pays qui se retrouvait dans 2des 3 fuseaux du G5 Sahel (Fuseaux Ouest avec la Mauritanie et Centre avec le Burkina Faso et le Niger).

« Sans le Mali, le G5 Sahel perd son élément le plus essentiel dans la lutte qu’il entend mener pour la sécurisation du Sahel. Aucune redynamisation sans ce pays et sans une capacité de financement propre aux États membres ne saurait donner à l’instance ses lettres de noblesse », tranche Soumaila Lah, Coordinateur national de l’Alliance pour la réforme du secteur de la Sécurité.

« Le Mali est frontalier de 3 des 4 autres pays membres du G5 Sahel et partage une superficie quadrilatère de plus de 300 000 km² avec deux d’entre eux. Cette portion constitue aujourd’hui l’épicentre du terrorisme dans le Sahel et aucun succès dans cet espace commun entre 3 pays ne saurait être viable et durable sans une véritable coordination entre eux », poursuit-il.

Mahamadou Sawadogo, chercheur burkinabè spécialiste des questions de sécurité, abonde dans le même sens. « Le Mali, le Burkina et le Niger forment le Fuseau central du G5 Sahel. Avec le retrait du Mali, il est difficile que ce Fuseau central survive. Ce qui veut dire que l’organisation a besoin du Mali pour contrôler ce Fuseau central, qui est d’ailleurs l’épicentre de la menace terroriste, parce que c’est à ce niveau que se trouve la Zone des 3 frontières », souligne-t-il.

Selon Soumaila Lah, le retrait du Mali de l’organisation constitue un véritable casse-tête  parce que le pays était jusque-là le maillon à partir duquel il était possible d’affirmer une certaine puissance sur les groupes armés terroristes et le banditisme transnational. Un retour du Mali, comme le souhaitent les autres pays membres, apparait comme essentiel pour une redynamisation efficace du G5 Sahel.

Mais cette possibilité a déjà été écartée par les autorités de la Transition, qui estiment que cette instance est noyautée par l’étranger. Dès lors, pour beaucoup d’observateurs, la « mort » annoncée du G5 Sahel semble inévitable.

Mauritanie : Ouverture du procès inédit de l’ex-président Mohamed Ould Abdelaziz

Un procès d’une ampleur historique en Mauritanie. L’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz a comparu devant le tribunal de Nouakchott. Il est accusé notamment de corruption, de blanchiment d’argent ou encore d’enrichissement illicite, durant les dix années où il était au pouvoir.Le procès de l’ex-président Mohamed Oulad Abdelaziz s’est ouvert, ce mercredi à Nouakchott. Dix mis en cause poursuivis dans cette affaire ont été présents au prétoire, alors que deux autres étaient absents, dont un en état fuite.

Ould Abdelaziz est accusé de corruption, de blanchiment d’argent ou encore d’enrichissement illicite, durant les dix années où il était au pouvoir.

Selon le site électronique +Sahara Media+ l’homme d’affaires, Mohamed Ould Boubat poursuivi également dans cette affaire, n’a pas comparu devant le tribunal, du fait qu’il se trouve à l’étranger pour traitement médical. Mais, le juge de la séance a considéré que Ould Boubat comme « un fugitif de la justice ».

Le juge de la séance a également posé des questions sur le représentant de l’Instance Arrahma, dont le siège est resté vacant tout au long de l’audience, sans préciser la raison de son absence.

Le reste des accusés a assisté à la séance. Il s’agit de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, Yahya Ould Hadmine, Mohamed Salem Ould Al-Bashir, Mohamed Abdallah Ould Oudaa et Taleb Ould Abdi Val, en plus de Mohamed Ould Amasboua.

Le début de l’audience a été retardé de plusieurs heures en raison de la complexité des procédures de sécurité à la porte du Palais de justice, ce qui a poussé le juge à la suspendre à plusieurs reprises, en attendant l’entrée des avocats.

Sénégal : le navire FPSO du projet Grand Tortue Ahmeyim met le cap sur le site

L’unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO, sigle anglais) de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) a entamé son expédition vers le champ d’exploitation au large des côtes de la Mauritanie et du Sénégal.L’exploitation du champ gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) à cheval entre la Mauritanie et le Sénégal se précise. L’unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO, sigle anglais) du site d’exploitation a pris la mer le 20 janvier 2023 depuis Qidong, en Chine. Il va à présent parcourir 12 000 miles nautiques via Singapour jusqu’à sa destination finale, à environ 40 km au large de la frontière maritime des deux pays.

Le bâtiment qui était en construction ces trois dernières années et demie dans l’Empire du milieu a « réussi » une série de tests en mer permettant sa livraison aux acquéreurs, souligne dans un communiqué parvenu ce lundi à APA, British Petroleum (BP), l’entreprise chargée du développement de GTA.

A en croire BP, le FPSO est un élément clé du vaste projet de développement intégré GTA qui comprend également le développement sous-marin de champs de gaz et des installations flottantes de GNL (FLNG) à proximité du littoral.

La première phase du projet devrait produire environ 2,3 millions de tonnes de GNL par an et ses ressources estimées seront suffisantes pour soutenir la production pendant plus de 20 ans, soutient la compagnie britannique de recherche, d’extraction, de raffinage et de vente de pétrole.

« Le déploiement réussi du FPSO de la phase 1 de GTA témoigne de l’excellent partenariat avec nos contractants Cosco Shipping et Technip Energies. En travaillant main dans la main comme une seule et même équipe, nous avons pu créer une culture de résilience tout en nous focalisant sur une prestation en toute sécurité. Nous nous sommes focalisés sans relâche sur la sécurité, la qualité et la prestation », a déclaré le vice-président des projets de BP pour la Mauritanie et le Sénégal, Rahman Rahmanov, cité par la note.

Pour Gordon Birrell, vice-président exécutif de la production et des opérations de BP, cette livraison constitue « une étape fantastique pour cet important projet, qui est un excellent exemple de la stratégie de BP en matière d’hydrocarbures résilients ».

Le FPSO a été construit dans un environnement difficile, marqué par la pandémie de la Covid-19. « Avec le soutien permanent de nos partenaires, la Société Mauritanienne des Hydrocarbures en Mauritanie, Petrosen au Sénégal et Kosmos Energy, notre engagement à soutenir les deux pays dans le développement durable de leurs ressources de classe mondiale reste entier », a assuré M. Birrell.

Le FPSO traitera le gaz naturel – en éliminant le condensat, l’eau et d’autres impuretés – avant de l’acheminer à travers un gazoduc vers les installations FLNG du projet, situées à 10 km des côtes. Doté de huit modules de traitement et de production, il traitera environ 500 millions de pieds cubes standard de gaz par jour.

Selon BP, une grande partie du gaz sera liquéfiée par les installations FLNG. Cela permettra de l’exporter vers les marchés internationaux, tandis qu’une partie servira à répondre à la demande croissante des deux pays hôtes. Le condensat sera périodiquement transféré du FPSO vers des navires citernes pour son exportation vers le marché.

Le FPSO, qui sera amarré à une profondeur d’eau d’environ 120 mètres, accueillera jusqu’à 140 personnes à bord en temps d’opérations régulières et servira de domicile à l’équipe de production du projet. D’une superficie équivalente à deux terrains de football et de 10 étages en hauteur, le bâtiment maritime est constitué de plus de 81 000 tonnes d’acier, de 37 000 m de bobines de tuyaux et de 1,52 million de mètres de câbles. Il a également fait l’objet de plus de 330,000 inspections, rapporte le document.

La phase 1 du projet GTA marque le démarrage d’un projet dont on attend un impact durable et positif pour les générations à venir.

BP et les gouvernements de la Mauritanie et du Sénégal ont établi une collaboration de longue date et de grande envergure qui englobe le projet GTA et d’autres développements énergétiques potentiels.

En octobre 2022, l’entreprise a annoncé la signature d’un contrat d’exploration et de partage de production pour la ressource gazière de BirAllah en Mauritanie. Plus récemment, elle a signé un protocole d’accord avec le gouvernement mauritanien pour mettre en œuvre un programme explorant le potentiel de production à grande échelle d’hydrogène vert dans le pays. En outre, le groupe continue de travailler avec ses partenaires au développement sur un important projet de conversion du gaz en électricité (gas to power) au Sénégal avec le champ gazier Yakaar Teranga (Ouest).

Croissance économique : l’Afrique devant le reste du monde en 2023 et 2024

Dans son rapport semestriel, la Banque africaine de développement (Bad) estime à environ 4 % en moyenne le Produit Intérieur Brut réel du continent noir en 2023-2024.L’Afrique n’est pas toujours le dernier de la classe. Si les moyennes du reste de la planète devraient s’établir à 2,7 et 3,2 % en 2023-2024, ledit continent table sur une croissance d’environ 4 % de son Produit Intérieur Brut (PIB) réel.

Grâce à une analyse complète de la croissance régionale, le rapport semestriel de la Banque africaine de développement (Bad), publié hier jeudi, a montré que « les cinq régions du continent, confrontées à d’importants vents contraires résultant des chocs socio-économiques mondiaux, restent résilientes avec des perspectives stables à moyen terme ».

D’après le document, « la croissance moyenne estimée du PIB réel en Afrique a ralenti à 3,8 % en 2022, contre 4,8 % en 2021, dans un contexte de défis majeurs consécutifs au choc de la Covid-19 et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ». Néanmoins, a ajouté la source, 53 des 54 pays de l’Afrique ont affiché une croissance positive et « les perspectives pour 2023-2024 devraient être stables », indique la Bad.

Cinq économies africaines, parmi les plus dynamiques du monde avant la pandémie du nouveau coronavirus, devraient connaître une croissance de plus de 5,5 % en moyenne en 2023-2024. Il s’agit du Rwanda (7,9 %), de la Côte d’Ivoire (7,1 %), du Bénin (6,4 %), de l’Éthiopie (6,0 %) et de la Tanzanie (5,6 %). D’autres pays africains, sur la période considérée, devraient enregistrer une croissance supérieure à 5,5 % : République démocratique du Congo (6,8 %), Gambie (6,4 %), Libye (12,9 %), Mozambique (6,5 %), Niger (9,6 %), Sénégal (9,4 %) et Togo (6,3 %).

Les cinq régions africaines dans le vert

Dans le détail, la croissance en Afrique centrale, soutenue par des cours favorables des matières premières, a été la plus rapide du continent à 4,7 % contre 3,6 % en 2021. À l’opposé, la croissance de l’Afrique australe est celle qui a le plus ralenti, passant de 4,3 % en 2021 à environ 2,5 % en 2022. « Ce ralentissement résulte de la faiblesse de la croissance en Afrique du Sud, où la hausse des taux d’intérêt, la faiblesse de la demande intérieure et les coupures de courant persistantes ont pesé sur l’économie », a expliqué l’institution financière.

En Afrique de l’Ouest, la croissance devrait passer à 3,6 % en 2022 contre 4,4 % en 2021. « Cela tient à des ralentissements en Côte d’Ivoire et au Nigeria, les deux plus grandes économies de la région. La croissance du Nigeria en 2023 – bien qu’affectée par la Covid-19, l’insécurité et la faiblesse de la production pétrolière malgré la hausse des prix internationaux de l’or noir – pourrait bénéficier des efforts en cours pour rétablir la sécurité dans la région productrice de pétrole en proie à des troubles », a avancé le document.

La croissance de l’Afrique du Nord devrait baisser de 1,1 %, passant de 5,4 % en 2021 à 4,3 % en 2022 à cause « de la forte contraction en Libye et de la sécheresse au Maroc », mais elle devrait se stabiliser à 4,3 % en 2023 grâce au « fort rebond attendu dans ces deux pays et une croissance soutenue ailleurs dans la région ».

Pour l’Afrique de l’Est, la Bad s’attend à 4,2 % de croissance en 2022 contre 5,1 % en 2021. « Bien que la structure de production (de cette partie du continent) soit relativement diversifiée, les pays de la région, en grande partie des importateurs nets de produits de base, subissent de plein fouet la hausse des prix internationaux, en plus des chocs climatiques récurrents et de l’insécurité, notamment dans la Corne de l’Afrique », a relevé l’institution dont le siège se trouve à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

« Avec 54 pays à différents stades de croissance, différentes structures économiques et diverses dotations en ressources, les effets des chocs mondiaux varient toujours en fonction de la région et du pays. Le ralentissement de la demande mondiale, le durcissement des conditions financières et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont donc eu des répercussions différentes sur les économies africaines », a déclaré Akinwumi Adesina, le président du Groupe de la Bad.

De son côté, l’économiste Jeffrey Sachs, directeur du Centre pour le développement durable de l’université de Columbia (États-Unis), a fait savoir que « l’Afrique peut et va atteindre une croissance de 7 % ou plus par an de manière constante dans les décennies à venir. Ce que nous verrons, en nous fondant sur la résilience que nous constatons dans ce rapport, c’est une véritable accélération du développement durable de l’Afrique, qui fera du continent la composante à croissance rapide de l’économie mondiale. L’Afrique est l’endroit où il faut investir ».

Décisions audacieuses pour atténuer les risques

La Banque africaine de développement a appelé « à des mesures monétaires et fiscales robustes, soutenues par des politiques structurelles » à l’échelle nationale, régionale et mondiale face aux risques cumulés.

Ceux-ci « comprennent la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, le durcissement des conditions financières mondiales et l’augmentation connexe des coûts du service de la dette intérieure. Les changements climatiques – avec leurs effets néfastes sur l’approvisionnement en denrées alimentaires et le risque potentiel d’un changement de politique dans les pays où se tiendront des élections en 2023 – représentent des menaces tout aussi redoutables », a prévenu l’institution financière, non sans préciser les mesures fortes nécessaires.

Il y a « un resserrement rapide et agressif de la politique monétaire dans les pays à forte inflation, et un resserrement modéré dans les pays où les pressions inflationnistes sont faibles », « le renforcement de la résilience grâce à la stimulation du commerce intra-africain afin d’amortir les effets de la volatilité des prix des produits de base sur les économies », « l’accélération des réformes structurelles pour renforcer les capacités de l’administration fiscale et investir dans la numérisation et la gouvernance électronique afin d’améliorer la transparence, de réduire les flux financiers illicites et d’accroître la mobilisation des ressources intérieures ».

Mais aussi « l’amélioration de la gouvernance institutionnelle et l’adoption de politiques susceptibles de mobiliser les financements du secteur privé, en particulier dans le cadre de projets entièrement nouveaux, à l’épreuve des changements climatiques et des pandémies, et mobiliser les ressources de l’Afrique pour un développement inclusif et durable », « la prise de mesures décisives pour réduire les déficits budgétaires structurels et l’accumulation de la dette publique dans les pays confrontés à un risque élevé de surendettement ou déjà en situation de surendettement ».

Islam: Le Cheikh Ibn Bayyah, une riposte africaine à l’extrémisme

L’érudit d’origine mauritanienne qui fait autorité dans le monde musulman est l’initiateur de la Conférence pour la paix en Afrique de Nouakchott, désormais un événement très couru sur le Continent.C’est un ballet singulier de personnalités qui a défilé du 17 au 19 janvier 2023, au Palais Al Mourabitoune de Nouakchott, à la périphérie de la capitale mauritanienne, où se déroulait la troisième édition de la « Conférence pour la Paix en Afrique ». 

Ce forum, rare sur le continent, qui réunit autour de dizaines de sommités religieuses du monde musulman, des politiques, des diplomates, des experts et des journalistes venus du monde entier, est destiné à réfléchir sur les ripostes possibles au phénomène de l’extrémisme. 

Signe de l’importance grandissante de cette rencontre, le président nigérian Muhammadu Buhari a assisté à la cérémonie d’ouverture, en présence de son homologue mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, tandis que ses homologues Mohamed Bazoum du Niger et Paul Kagamé du Rwanda s’y sont virtuellement invités en délivrant des messages par vidéo. 

L’initiateur de ce forum est l’érudit d’origine mauritanienne, Cheikh Abdallah Ibn Mahfoudh Ibn Bayyah, 88 ans, basé entre l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, dont la production intellectuelle est très suivie dans le monde musulman où ses avis font autorité. Actuellement président du Conseil de la Fatwa des Émirats arabes-unis, le religieux qui fut longtemps professeur à l’Université du Roi Abdulaziz de Djeddah, a été durant les années 1970 ministre de la Justice dans la régime du père de l’indépendance de la Mauritanie, Moktar Ould Daddah au pouvoir de 1958 à 1978.  Issu d’une grande famille d’érudits de l’Est mauritanien, près de la frontière malienne, cet adepte de la confrérie soufie la Chadhilia ( une branche de la Qadiriyya) est l’une des rares sommités religieuses musulmanes influentes dans  les pays du Golfe qui n’est pas issue des courants wahabbites ou salafistes.

Ce polyglotte, aussi bien à l’aise en arabe qu’en français, a connu une consécration planétaire lorsque Barack Obama, alors président des Etats-Unis d’Amérique,  l’a cité lors d’un célèbre discours devant le Conseil de sécurité de l’Onu en 2014, en le donnant comme l’exemple même du guide religieux éclairé. Mais Ibn Bayyah est surtout célèbre pour avoir émis une fatwa qui a eu un immense impact dans le monde musulman, intitulée « Ceci n’est pas le chemin du paradis », qui démonte, sur la base d’un argumentaire islamique implacable les thèses radicales de  l’Organisation de l’Etat islamique qui déstabilisent une partie importante des pays musulmans. Le Mauritanien est aussi connu pour avoir  porté la contradiction lors des « Printemps arabes » à feu Youssef Al Qaradawi, célèbre prédicateur proche de la puissante confrérie des « Frères musulmans » et star incontestée de la chaîne qatarie Al Jazira. Alors que l’égyptien naturalisé qatari, donnait sa bénédiction aux soulèvements  qui allaient emporter plusieurs régimes arabes, Ibn Bayyah prenait son contre-pied en prônant la reforme au lieu de la révolution, disant en substance que même un mauvais gouvernement est préférable au désordre et à la Fitna (discorde). 

L’une des spécificités de la Mauritanie est que ce pays, par le prestige et le rayonnement intellectuel dont jouissent dans les pays musulmans certains de ses ressortissants, est en train de développer à bas bruit un véritable soft power religieux. Outre le cheikh Ibn Bayyah, la Mauritanie est aussi le pays de naissance  de Mohamed El Hassan Ould Dadaw, un des principaux guides religieux de la version mauritanienne des Frères musulmans, le Tawassoul, qui est aussi un des idéologues les plus influents de la confrérie des « Frères »  et de leurs alliés au pouvoir, dont l’Emir du Qatar et le président truc Recep Tayyip Erdogan.

Un peu plus controversé, Mahfoudh Ould al-Walid, alias « Abou Hafs Al Mouritani», lui aussi natif du « pays aux million de poètes », surnom de la Mauritanie dans le monde arabe, était l’ami, le maitre spirituel et le conseiller d’Oussama Ben Laden, le fondateur d’Al Qaïda dont il était d’ailleurs le numéro 3 dans la hiérarchie, avant de faire amende honorable et de rompre avec le jihadisme. Un épisode raconté par le journaliste Lemine Ould M. Salem dans un livre de référence,  « L’Histoire secrète du djihad. D’Al-Qaïda à l’État islamique »,  paru en 2018 aux éditions Flammarion, révèle un détail peu connu du grand public, mauritanien et sénégalais notamment  Abou Hafs dont le père possédait plusieurs commerces entre les deux rives du Fleuve Sénégal, a été apprenti boutiquier à…Rufisque !

À N’Djaména, le G5 Sahel veut se « redynamiser »

Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’alliance militaire ont été reçus ce mercredi par Mahamat Idriss Déby Itno, le président du Tchad.Depuis le retrait du Mali, le 15 mai 2022, à cause du refus qui lui était opposé d’assurer la présidence, le G5 Sahel « bat de l’aile », souligne un communiqué de la Présidence de la République du Tchad.

Réunis autour du chef de l’État Général Mahamat Idriss Déby Itno, les chefs de la diplomatie de la Mauritanie, du Tchad, du Burkina et du Niger entendent « apporter un appui politique » afin de « donner un nouveau souffle » à l’institution communautaire.

En compagnie notamment de Mohamed Salem Ould Merzoug, le Secrétaire exécutif du G5 Sahel et de l’ambassadeur Mahamat Saleh Annadif, ministre coordonnateur, ils « sont venus rendre compte de l’état d’avancement de leurs travaux et recueillir les orientations du président en exercice du G5 Sahel », indique le document.

Le texte rappelle qu’ « en marge du Sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA), le 25 novembre 2022 en terre nigérienne, le chef de l’État tchadien et président en exercice du G5 Sahel, Général Mahamat Idriss Déby Itno, avait présidé une réunion de concertation des chefs d’État des pays membres » avec pour objectif d’impulser un nouvel élan qui permettra de lutter efficacement contre les groupes jihadistes présents au Sahel.

Buhari honoré par le Forum de la paix à Nouakchott

Le président nigérian Muhammadu Buhari devrait quitter Abuja lundi pour se rendre en Mauritanie, afin de recevoir mardi à Nouakchott, la capitale mauritanienne, le « Prix africain pour le renforcement de la paix ».Le porte-parole de la présidence, M. Femi Adesina, a déclaré dans un communiqué à Abuja que ce prix était une reconnaissance du rôle de leader du président Buhari dans la promotion de la paix en Afrique.

Selon M. Adesina, le prix sera remis au président Buhari par le Forum de la paix d’Abu Dhabi, qui est une assemblée de dirigeants créée en 2014 pour rechercher de nouvelles façons d’embrasser une citoyenneté inclusive, de promouvoir une paix durable et d’œuvrer à un monde plus sûr et plus durable pour tous.

Le communiqué ajoute que le président Buhari participera au programme du 3ème forum de la Conférence africaine pour la paix, où il prononcera un discours sur les étapes et les acquis du processus de paix africain.

Le président nigérian sera accompagné dans son voyage par le ministre des Affaires étrangères, M. Geoffrey Onyeama, le ministre de la Défense, le général de division Bashir Magashi (en retraite), le conseiller à la sécurité nationale, le général de division Mohammed Monguno (en retraite), et le directeur général de l’Agence nationale des renseignements, M. Ahmed Abubakar.

Des tirailleurs sénégalais obtiennent gain de cause en France

Ces hommes ayant combattu lors des deux grandes guerres peuvent définitivement rentrer dans leur pays d’origine sans perdre leur minimum vieillesse.C’est une bataille de longue haleine que viennent de remporter les tirailleurs sénégalais ayant survécu à la première et à la seconde guerre mondiales. Désormais, ces anciens combattants de l’armée française n’ont plus l’obligation de séjourner six mois dans l’Hexagone pour percevoir leur minimum vieillesse. Ils peuvent en bénéficier depuis leurs pays respectifs.

Selon nos confrères de Franceinfo, l’Office des anciens combattants a recensé une quarantaine de vétérans âgés de plus de 90 ans pouvant bénéficier de cette mesure et pour le moment une « vingtaine de dossiers » a été validée par le ministère des Solidarités. Ces anciens combattants sont essentiellement nés au Sénégal, mais parmi eux, il y a également des Maliens et des Mauritaniens.

Pour le moment, seul le minimum vieillesse de 950 euros est concerné par cette « mesure de tolérance ». Mais l’Association pour la mémoire des tirailleurs sénégalais, qui porte ce dossier depuis plusieurs années, réclame que les tirailleurs puissent percevoir également la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) ou leur pension d’invalidité depuis leur pays d’origine.

« C’est très bien, c’est un plaisir. Ma femme sera heureuse parce que pour l’instant, je suis là et je ne peux pas la voir. Je suis là et je ne peux pas voir les enfants. J’ai tout fait pour obtenir un logement, mais je n’ai pas réussi. Elle ne peut pas venir », s’est réjoui Gorgui M’Bodji, ancien combattant de 91 ans, obligé jusque-là de vivre au moins six mois par an en France pour continuer à toucher le minimum vieillesse.

Pour Yoro Diao, vétéran de 91 ans, cette mesure vient à point nommé car elle lui permettra de passer le reste de sa vie auprès de sa famille. « Ça va rallonger nos vies et il y aura beaucoup de centenaires parmi nous parce qu’on aura une satisfaction morale. Et on parlera souvent de la France pour nous rappeler des souvenirs, des camarades disparus », espère-t-il.

Cette victoire a été en partie obtenue grâce à l’engagement de l’association pour la mémoire des tirailleurs sénégalais qui porte ce dossier depuis des années. Elle regrette tout de même que l’Etat français ait pris autant de temps avant d’accorder cette « mesure de tolérance ». Pour sa présidente, Aïssata Seck « c’est peu cher payé par rapport aux combats qu’ils ont pu mener pour la République ».

Le corps d’infanterie des tirailleurs sénégalais a été créé par Napoléon III en 1857 au Sénégal, d’où son nom. Il s’est ensuite élargi dans son recrutement à des hommes d’autres régions d’Afrique occidentale et centrale conquises par la France à la fin du XIXe siècle. Les tirailleurs furent plus de 200.000 à se battre lors de la Première Guerre mondiale, 150.000 pour la Seconde, et 60.000 en Indochine.

Dans son film « Tirailleurs » sorti mercredi 4 janvier 2023 dans les salles, l’acteur franco-sénégalais Omar Sy raconte justement l’histoire de ces tirailleurs sénégalais pendant la Première Guerre mondiale.