Les Praticables : Une autre approche du théâtre malien

La deuxième édition du projet théâtral Les Praticables aura lieu du 27 novembre au 1 décembre 2018 à Bamako. Initié par Lamine Diarra, un comédien et metteur en scène malien, cet évènement veut impliquer le public du début à la fin du projet.  Avec des représentations dans les concessions et les rues de Bamako Coura, au Conservatoire Balla Fasseké, à la Fondation Passerelle et à l’Institut français, l’idée est de faire voir le quartier comme sujet  de réflexion.  

Démarré en 2017, le projet triennal Les Praticables est une initiative de formation et de création théâtrale, ainsi que de spectacles vivants pour la jeune génération. Cette activité a été initiée par Lamine Diarra pour pallier les différentes difficultés que vit le secteur théâtral au Mali depuis les années 80. Il s’agit de problèmes liés aux moyens de création, à la formation, aux lieux de prestations. « Le projet se veut citoyen. Citoyen parce que nous voulons être au plus près du public, ne pas le prendre comme consommateur, mais le considérer comme acteur », explique Lamine Diarra.

Au cours de ces cinq jours, le public malien assistera à une mise en scène d’un  spectacle co-créé par l’auteur dramatique suisse Michel Beretti et l’auteure malienne Assitan Klénégué Traoré. Une représentation sera faite par les jeunes de Bamako Coura, qui ont travaillé sur des contes de Ousmane Diarra, « Les aventures de Surukuba ».

Ségou et Mopti au programme

La formation des jeunes metteurs en scène Ambaga Guindo, Assitan Tangara, Inaïssa Touré et Jean-Marie Ambroise Traoré est également au cœur de cette deuxième édition. Ils présenteront chacun un projet de lectures ou de maquettes à partir des textes d’Aïssata Boucary Maïga, de Faly Traoré, d’Honorine Diama et de Jeanne Diama. Ils feront aussi découvrir au public une mise en scène collective effectuée avec l’appui d’Eva Doumbia, une metteure en scène franco-malienne.

En plus des habituelles lectures de textes et des spectacles, cette année débats, expositions et réflexions seront au menu. Dans les jours à venir, les créations issues de cette édition 2018 feront des tournées dans les régions de Ségou et de Mopti. « Le projet s’agrandit. Nous travaillons à ce qu’il devienne un point de référence pour le théâtre au Mali », estime l’initiateur du projet.

« Dans les années à venir, nous comptons tendre la main à d’autres personnes pour que l’évènement soit de portée internationale et pour pouvoir accueillir plus de grands professionnels autour de ce que nous sommes en train de construire ici », conclut Lamine Diarra.

Kino – concert : Un duo cinéma – musique

La structure Baniko House, spécialisée dans la production d’images, organise le samedi 3 mars 2018 Kino – concert, à l’espace culturel Moffou. Une projection du film Ngunu Ngunu Kan de la jeune réalisatrice Soussaba Cissé et une séance de questions – réponses sont prévues.

Kino-concert est une initiative pour promouvoir le cinéma et la musique, notamment en valorisant les jeunes réalisateurs. Le concept a vu le jour en Europe, il y a une trentaine d’années. « Le concept est un peu méconnu au Mali. Nous faisons la promotion du cinéma et de la musique en même temps », déclare Mohamed Diallo, coordinateur de l’évènement.

La soirée débutera par la projection d’un film, « Ngunu Ngunu Kan » de Soussaba Cissé, une jeune réalisatrice malienne. « Ngunu Ngunu kan » est son témoignage, enrichi de nombreux autres, pour que la vérité soit dite et que le Mali ne connaisse plus jamais la crise qu’il a traversée. « Nous vivons encore les séquelles de la crise et la culture est l’un des secteurs les plus affectés par ses conséquences. Ce film est d’actualité », explique le coordinateur. Selon Soussaba Cissé, « mon film parle du chaos de 2012. C’était le meilleur moyen pour moi de lutter contre les mauvaises informations et les rumeurs qui circulaient à Bamako au moment de cette crise, du fait, qu’on ne nous informait pas comme il le fallait ». Elle ajoute « pour certains, cette crise était un problème entre les Touaregs et les Sudistes. Que l’on soit du nord ou du sud, nous sommes tous d’abord des Maliens ». Kino – concert permettra aux spectateurs de bénéficier d’une séance de débats avec la jeune réalisatrice. En outre, de nouveaux concepts, avec de la danse, seront proposés par les organisateurs, avec la participation des étudiants du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséke Kouyaté et de l’Institut National des Arts (INA).

Kino – concert se veut un cadre d’échanges et de partage avec les jeunes du Mali, afin qu’ils prennent leur avenir en main. « 2018 est aussi menaçant. Chacun est occupé par ses petits problèmes, alors que les vrais problèmes sont là, telle que l’élection présidentielle prochaine. Il y a des personnes qui ne savent même pas pour qui elles vont voter ou pour qui battre campagne », explique Soussaba Cissé. Pour le coordinateur du kino – concert, il faut que les jeunes s’engagent et ne restent pas en retrait des mouvements politiques, afin de prendre leur destin en main. Dans les jours à venir, les organisateurs espèrent multiplier ses collaborations pour apporter un plus à la jeunesse.

 

Conservatoire Balla Fasséké : Outil de développement culturel

Créé il y a douze ans, le Conservatoire multimédia des arts et métiers Balla Fasséké est une école professionnelle technique spécialisée. Ses différentes promotions ont assurément enrichi le monde de la culture malienne de professionnels de qualité.

Depuis 2004, huit crus sont sortis du Conservatoire. Le premier en 2009, après 5 ans d’encadrement dans les différents départements que compte l’établissement : théâtre, danse, musique, arts plastiques, multimédia, et design. 60 professionnels, soit 10 étudiants par filière, ont ainsi débarqué sur le marché du travail, après avoir reçu une formation reconnue comme complète et rigoureuse par les acteurs du secteur. Depuis 2015, l’école a adopté le système LMD, mais pour le moment la formation est limitée au master (soit cinq années après le baccalauréat). « Nos sortants sont autorisés à faire le concours à la fonction publique », précise Mouktari Haïdara, chef du département des arts plastiques, qui explique que « la particularité du Conservatoire est de faire une synthèse entre les connaissances artistiques et technologiques. « L’objectif est de former des cadres supérieurs dans le domaine des arts et de la culture. Pour qu’ils puissent non seulement s’installer à leur compte, mais également créer des associations, ou des ateliers pour pouvoir procéder à la recherche, à la création et à la production », poursuit-il.

Polyvalence Les sortants du Conservatoire opèrent dans tous les domaines artistiques, culturels et même éducatif, en tant que professeurs à l’Institut national des arts notamment. « Une grande partie des artistes du lancement officiel de la Biennale artistique et culturelle de l’édition  2016 sont les sortants du Conservatoire Balla Fasséké. Plusieurs d’entre eux se sont installés à leur compte, à l’instar d’Abdoulaye Diakité, diplômé en arts plastiques en 2014. Son travail porte sur le bogolan qu’il veut « démocratiser ». « Je fais des prestations de services à la demande. J’initie les gens au bogolan mais je fais aussi des illustrations », explique le jeune diplômé, qui fait également de la peinture traditionnelle et de la sculpture. On peut aussi citer les danseurs, les nombreux artistes peintres et cette jeune génération d’ingénieurs multimédia qui utilise les TIC pour vulgariser la culture malienne à travers la réalisation de dessins animés, par exemple.