Finance islamique : Les SFD et assurances se forment

Epargne investissement et prêt, la finance islamique s’intéresse à tous les segments de la finance. Caractérisée par certains principes, (liberté économique dans un cadre restreint, la double propriété et la justice sociale), elle reste très peu connue mais pourrait contribuer à une meilleure inclusion financière dans notre pays.

En pleine progression, le volume des transactions  de la finance islamique s’est élevé à 3 trillions de dollars en 2018. Une croissance importante du domaine qui reste encore timide au Mali, où on enregistre une  structure de financement décentralisé (SFD) de finance islamique et une banque qui a une fenêtre de finance islamique. Pour la BCEAO, ce volet joue un rôle important dans le cadre de l’inclusion financière et la promotion des services financiers innovants. 

 La banque centrale a ainsi édicté des textes pour promouvoir le produit, à travers une modification de la loi régissant les SFD. Et les entraves feront l’objet d’une prise en charge sur le plan réglementaire.

 La finance islamique a plusieurs  outils dont  la murabaha, les sukuks, ou le takafoul. Son interdiction de l’intérêt, l’exigence du lien entre les investissements et l’économie réelle, ainsi que son approche de partage des bénéfices et des pertes constituent des avantages par rapport aux services de la finance classique.

Outil d’inclusion financière

L’unité d’appui et de suivi de la stratégie de développement du secteur financier (UAS/SDSF) du ministère de l’Economie et des finances a ainsi initié ce 14 novembre un atelier de formation sur les principes et instrument de la finance islamique. Un accompagnement des autorités qui vise à outiller les acteurs des Systèmes de financement décentralisés et les assurances,   pour diversifier leurs produits et services pour favoriser l’inclusion financière d’une grande partie de la population. Au Mali, le taux global d’inclusion financière a été estimé à 54,19% dont 23,26% de contribution du secteur bancaire, celle des SFD s’établit à 18,9%, alors que l’offre de service financier via la téléphonie mobile s’est élevée à 28,6% en fin 2018. 

Pour le comité des compagnies d’assurance (CCA), le secteur de l’assurance se caractérise par un taux de pénétration faible, une part importante de la population étant exclue des produits classiques. « Il a donc été identifié que l’assurance islamique, encore appelée takafoul est une piste sérieuse de solution », selon le président du CCA, M. Oumar N’doye. La population malienne étant à plus de 90% de confession musulmane, il s’agit là d’une bonne opportunité. 

Et sur le plan réglementaire, les dispositions sont en cours afin de permettre la commercialisation du produit. Une bonne partie des acteurs de l’économie réelle peuvent ainsi être impliqués afin de rehausser davantage le niveau d’inclusion financière.

Finance Islamique, le Mali à la traîne

Apparue en 1975 dans le Golfe avec la Dubaï Islamic Bank, la finance islamique pèse aujourd’hui plus de 2 000 milliards de dollars dans le monde. Basée sur les principes de la loi islamique (charia), elle se distingue des pratiques financières conventionnelles par une conception différente de la valeur du capital et du travail. Plus de 40 millions de personnes dans le monde sont actuellement clientes d’une banque islamique et le secteur pourrait brasser environ 4 000 milliards de dollars d’ici 2020. Elle est peu présente au Mali, même s’il existe, depuis quelques années, des structures comme la Caisse islamique de développement, fondée par de jeunes Maliens diplômés et spécialisés dans la finance islamique et dirigée par Sidy Bouaré. Dans un pays à majorité musulmane, ce type de financement possède un fort potentiel de développement, surtout quand le taux de bancarisation tourne autour de 10%. La force de la finance islamique provient du fait « qu’elle ne traite pas les produits dérivés et ne s’adonne pas à la spéculation », explique Abdoulaye Shaka, économiste. Cependant, aucune législation spécifique n’existe pour faciliter le développement d’institutions islamiques au Mali, bien que des « réformes relatives aux droits des affaires soient en cours, et dans lesquelles la finance islamique a sa place ».