Economie : 2023, une année « stress test » pour le Mali

Comptes de l’Etat dans le rouge, recettes fiscales en berne, montée en puissance de la dette intérieure, inflation galopante, etc. Sur le plan économique, le bilan des autorités de la transition laisse peu de place à la satisfaction. Mais malgré ce tableau, une bonne tenue des secteurs aurifère et cotonnier, principaux pourvoyeurs de devises et de revenus pour les agriculteurs, pourrait présager une année 2023 sous le signe de la résilience.

Après la levée des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA au début du mois de juillet 2022, l’économie malienne a bénéficié d’une bouffée d’oxygène à travers la réouverture des frontières et le déblocage des comptes de l’Etat du Mali à la BCEAO, ce qui a permis d’apurer les impayés de dette accumulés pendant 6 mois.

 Une économie nationale affaiblie par les crises

Ces sanctions ont contribué à affaiblir une économie déjà mise à mal par des années de crise sécuritaire, amplifiée par la pandémie et l’instabilité politique en 2020, ainsi que par l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine depuis février 2022. Toutefois, elles n’ont pas conduit à un effondrement de l’économie nationale qui aurait pu entraîner des troubles socio-politiques, voire une déstabilisation des autorités de la transition.

 Au final, la croissance du PIB malien devrait atteindre 2% en 2022, selon la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, contre 3,1% en 2021, ce qui place le pays largement en dessous de la moyenne de l’UEMOA, prévue à 5,9% (BCEAO).

 Sur le plan budgétaire, la contraction de l’activité économique pendant les 6 premiers mois de l’année 2022 a eu pour conséquence une diminution des ressources de l’Etat avec des recettes douanières et fiscales en deçà des objectifs et une hausse de la charge de la dette consécutive aux impayés. Par conséquent, en dehors du secteur de la sécurité, tous les budgets de fonctionnement et d’investissement prévus dans la loi de finances 2022 ont été diminués, voire annulés, représentant une baisse globale de 148 milliards de francs CFA pour un budget dépenses rectifié à 1 982 milliards, selon la loi rectificative votée le 17 août 2022.

 L’Etat à la recherche de ressources

Pour boucler les fins de mois, l’Etat a entrepris une vaste campagne de mobilisation des recettes fiscales une forte pression sur des entreprises déjà fragilisées par leurs difficultés à se faire payer les créances dues par des structures publiques. En effet, la dette intérieure a atteint des niveaux inégalés et pourrait, en 2023, dépasser la dette extérieure, soit environ 30% du PIB selon la BAD.

En l’absence d’aide extérieure majeure depuis le coup d’Etat de 2020, l’Etat malien a depuis la levée de l’embargo, multiplié les sorties sur le marché financier de l’UMOA pour lever des fonds : 277 milliards le 9 août, 207 milliards au début septembre (appel public à l’épargne) et 33 milliards le 5 octobre, et 123 milliards le 2 décembre. Le succès relatif de ces différentes opérations témoigne que la signature du Mali reste crédible aux yeux des investisseurs régionaux, même si la majorité des souscriptions proviennent des établissements financiers maliens (BMS, BDM, BNDA).

 L’or et le coton à la rescousse ?

 La capacité de l’économie du Mali à redresser la barre en 2023 pourrait dépendre de plusieurs facteurs. Tout d’abord, la bonne tenue des cours de l’or et une production nationale élevée, qui a atteint 63 tonnes en 2022. Cette tendance va probablement se confirmer en 2023, même si la récente décision de l’Etat de suspendre jusqu’à nouvel ordre l’attribution de titres miniers pourrait entraîner des difficultés à moyen terme si elle devait perdurer. Deuxième facteur, la production agricole. L’ensemble des chiffres ne sont pas encore publics, mais la CMDT a déjà annoncé que la production cotonnière record de la campagne 2021/2022 (760 000 tonnes) ne serait sans doute pas renouvelée en 2023. En cause, la difficulté d’approvisionnement en engrais du fait de l’embargo et de la hausse des prix, les fortes pluies ayant entrainé des inondations, et l’invasion d’insectes. En conséquence, malgré un prix d’achat relevé à 285 francs CFA le kilo, au lieu de 280, près de 160 000 hectares n’auront pas été cultivés. Quant à la production céréalière, elle pâtira, dans une certaine mesure, des mêmes causes.

 Même si son impact est difficile à évaluer, il est probable que la décision du gouvernement de suspendre l’activité des ONG travaillant sur financement français aura des conséquences en matière de recettes fiscales pour l’Etat, mais aussi d’attractivité de la destination Mali dans un contexte déjà incertain.

Pourtant, le salut de l’économie malienne en 2023 passera par la fin de l’isolement politique à travers un retour de la confiance entre les dirigeants de la transition et les bailleurs de fonds multilatéraux, comme bilatéraux, pourvoyeurs d’appui budgétaire et capables de mobiliser dans leur sillage la communauté d’investisseurs.

Africa’s Pulse : la Banque mondiale révise ses prévisions de croissance

Dans sa dernière édition d’Africa’s Pulse, la Banque mondiale revoit à la baisse ses prévisions d’avril 2022 et annonce une réduction de la croissance en Afrique subsaharienne à 3,3%, contre 4,1% en 2021.

Une baisse de 0,3 %par rapport à la prévision initiale. La Banque justifie cette révision par les multiples chocs ayant entraîné un ralentissement de l’économie mondiale, un resserrement des conditions financières et l’inflation causée par la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants, aggravés par la crise en Ukraine. D’autres facteurs sont liés au dérèglement du climat et à un risque croissant de surendettement.

Cette situation a creusé le fossé des inégalités entre les plus riches et les plus vulnérables. La pandémie de Covid-19 a aggravé le chômage chez les moins qualifiés évoluant dans le secteur informel et la reprise post Covid n’a pas été suffisante.

Avec des performances inégales, l’Afrique de l’Ouest et du Centre s’en sortent bien,  avec une croissance du PIB estimée à 3,9% en 2022, soit 0,3% de mieux que l’Afrique de l’Est et Australe.

Ce qui pèse le plus sur l’économie en Afrique subsaharienne est l’inflation provoquée par la crise en Ukraine et l’augmentation des coûts des matières premières et de l’énergie qui ont entraîné une hausse des prix à la consommation.

Mali-Filière mangue : L’IFC accorde un prêt au CEDIAM

La Société financière internationale (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale, a octroyé un prêt de 2 millions d’euros au Centre d’études et de développement industriel et agricole du Mali (CEDIAM). Le financement, qui contribuera à soutenir la première industrie de transformation de mangues du Mali, permettra d’améliorer l’accès des producteurs aux marchés et l’accroissement de la productivité de la société et de ses exportations.

Le prêt doit aider le CEDIAM à moderniser son outil de production et à acquérir les équipements nécessaires pour accroître sa capacité de collecte. Il facilitera aussi la connexion de la société à environ 1 000 petits producteurs supplémentaires pour sa chaîne d’approvisionnement, déjà forte de 2 000 agriculteurs, et de soutenir 300 emplois directs et indirects.

Le financement est constitué d’un prêt d’IFC pour son propre compte et d’un prêt concessionnel d’IFC en sa qualité de gestionnaire du Guichet pour le secteur privé du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP), chacun d’un montant maximum d’un million d’euros.

En fournissant un fonds de roulement permanent à la société, le prêt lui permettra d’accroître ses exportations de purée et de concentré de mangue à destination de l’Europe et d’autres marchés. L’institution financière vise également la mise en œuvre d’un programme d’assistance technique, pour aider le CEDIAM à renforcer ses pratiques en matière de gouvernance d’entreprise, de gestion financière et de gestion des risques environnementaux et sociaux.

Appui aux producteurs

Acteurs importants de la filière, les agriculteurs seront aussi formés, grâce à un soutien direct, à améliorer leurs pratiques agricoles, dans la culture de la mangue mais aussi dans les cultures intercalaires. Ils pourront espérer une hausse de leurs revenus. Ce programme d’assistance technique est cofinancé par le GAFSP.

Ce partenariat aidera l’entreprise à devenir plus moderne, plus durable et plus rentable, s’est réjoui son président. L’augmentation de la production et la transformation locale des mangues au Mali seront aussi des bénéfices pour tous les acteurs de la chaîne de valeur, a-t-il poursuivi, espérant que cette coopération  renforcera aussi les  capacités de l’entreprise à répondre aux normes du marché international.

La création d’emplois et le renforcement du secteur agricole, vital à la formation du PIB, sont des motifs de satisfaction pour le directeur d’IFC pour l’Afrique de l’Ouest et centrale. Un partenariat qui permet aussi de contribuer à la résilience du secteur privé dans la région du Sahel, éprouvée par les effets de la pandémie de Covid-19.

Fatoumata Maguiraga

Chiffres

Production annuelle : 600 000 tonnes

Demande européenne : 225 000 tonnes

Exportation du Mali vers l’UE : Environ 1 800 tonnes

Perspectives économiques 2021: 2,5% de croissance pour le Mali

Le Mali affichera un taux de croissance de 2,5% en 2021, indique la Banque mondiale dans sa dernière édition semestrielle des Perspectives économiques mondiales, publiée le 5 janvier dernier. Selon les projections, l’économie mondiale devrait progresser de 4%. En Afrique subsaharienne, elle devrait se redresser modestement, autour d’un taux de croissance de 2,7 %. Cependant, prévient la Banque mondiale, ces projections supposent une maîtrise de la Covid-19, au risque de se détériorer davantage.

Selon le rapport des projections de la Banque mondiale, le  taux de croissance du Mali est passé de 5% à -2% en 2020. Et pour 2021 ce taux connaitra une timide progression, de 2,5%. Cette situation est tributaire de la conjoncture de l’économie mondiale, fortement impactée par la Covid-19, et de la crise multidimensionnelle que traverse le pays. Et elle pourrait continuer à faire plus de malheureux. « La pandémie de la Covid-19 affecte profondément le Mali, qui subit déjà une crise multiforme, multidimensionnelle, sécuritaire, politique, économique, sociale et alimentaire. Ses effets indirects sont potentiellement beaucoup plus dévastateurs que ses effets directs. La récession économique globale et ses conséquences sur l’économie nationale vont entraîner une chute anticipée de la croissance du PIB de plus de 100%. Celle-ci va passer de 5% à -2% en 2020. Pour la première fois depuis six ans, la croissance du PIB va être bien en-deçà de la croissance démographique. Cette chute du PIB va sensiblement faire augmenter le taux de pauvreté, qui était de 41,3% en 2019, et faire basculer plus d’un million de Maliens supplémentaires dans la pauvreté »,  explique Modibo Mao Makalou, économiste.

Ces projections économiques pour l’Afrique subsaharienne, même modestes,  pourraient faire face à des risques de dégradation si des mesures ne sont  pas prises pour circonscrire la pandémie, grâce à la vaccination notamment. « Le redressement de l’activité économique dans les grands pays avancés et émergents et dans les principaux partenaires commerciaux de la région (Europe, Chine, États-Unis) repose principalement sur les annonces encourageantes en matière de développement et de déploiement des vaccins anti – Covid, ainsi que sur les nouveaux programmes de relance budgétaire. Les prévisions d’une croissance atone en Afrique subsaharienne sont dues à la persistance de l’épidémie de Covid-19 dans plusieurs pays, qui fait obstacle à la reprise de l’activité économique », prévient le rapport sur les perspectives économiques.

Hausse des matières premières Selon les estimations de la Banque mondiale, le taux de croissance passera de 2,5% à 5,2% au Mali en 2022. Pour Modibo Mao Makalou, la maîtrise de la pandémie et la hausse du prix des matières premières pourraient favoriser une telle progression. « Une reprise de l’activité économique ne peut être envisagée que si la pandémie de la Covid-19 est endiguée. Aussi, le secteur aurifère, épargné par la chute des prix des matières premières sur le marché international, a connu une hausse importante, d’environ 30%, en 2020. Par ailleurs, si la crise cotonnière est circonscrite et que les cours du coton sur le marché international, qui ont connu une baisse drastique d’environ 25%, augmentent à leurs niveaux de pré-crise, ceci impactera positivement l’économie malienne, car environ 5 millions de Maliens vivent du coton », analyse-t-il.

Selon Modibo Mao Makalou, la crise sanitaire engendrera une crise financière qui se transformera en crise économique généralisée. Afin de ne pas être davantage surpris par son impact, le Mali doit être proactif. « Il faudra donc que l’État soit stratège, en envisageant des mesures de relance économique tant au niveau de la politique monétaire que de la politique budgétaire ou fiscale. Il s’agira de soutenir les entreprises et les populations les plus vulnérables, à travers des mesures d’accompagnement pendant cette période de turbulences, qui n’épargnera aucun pays et dont la durée est incertaine ».

Le Groupe de la Banque mondiale envisage de mobiliser jusqu’à 160 milliards de dollars durant le premier trimestre de 2021 afin « d’aider plus de 100 pays à protéger les populations pauvres et vulnérables, soutenir les entreprises et favoriser le redressement de l’économie ».

Banque mondiale : Baisse de l’activité économique africaine

Dans ses perspectives économiques du premier semestre 2020, la Banque mondiale prévoit une contraction de l’activité économique en Afrique subsaharienne de 2,8%. « Le plus fort recul jamais enregistré », selon l’institution.

En outre, le PIB par habitant devrait aussi connaître « une chute importante », ce qui pourrait faire retomber des millions de personnes dans l’extrême pauvreté, prédit la Banque mondiale.

Mais la croissance pourrait reprendre en 2021 et atteindre 3,1% si la Covid-19 recule dans les pays affectés au deuxième semestre 2020 et si la croissance reprend chez les grands partenaires commerciaux.

L’activité économique des pays importateurs de produits de base devrait également ralentir, malgré la baisse des prix du pétrole et celle du nombre de touristes. Le PIB des pays exportateurs de matières premières industrielles va aussi baisser, à cause des perturbations intérieures et de la faiblesse des prix du pétrole et des métaux. Les exportateurs de produits agricoles ne seront pas non plus épargnés, en raison de retards dans l’investissement.

Les perspectives restent pessimistes en termes de risques élevés de récession si la pandémie s’aggrave, avec le risque de surendettement et le manque de ressources qui menacent la fourniture des services publics. Des conséquences sur la sécurité alimentaire et le maintien de la paix sont aussi redoutées dans la région. Déjà, avant la pandémie, 72 millions de personnes dans 35 pays d’Afrique subsaharienne étaient en crise alimentaire, avec des millions sur le point de sombrer dans une insécurité alimentaire (PAM 2020).

Fatoumata Maguiraga

Budget : La Banque mondiale augmente son appui

La Banque mondiale va multiplier par six le niveau de son appui budgétaire au Mali,  avec une enveloppe d’un montant de 250 millions de dollars (environ 146,75 milliards FCFA) au titre de l’année 2019. Cet appui sera principalement destiné au secteur de l’énergie.

La décision a été prise à l’issue de discussions avec les autorités, pour soutenir les efforts du gouvernement malien. Des discussions tenues en marge des réunions de printemps 2019 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Washington.

C’est une délégation conduite par le ministre malien de l’Économie et des finances, Dr Boubou Cissé, qui a rencontré les responsables de la Banque mondiale pour des échanges sur le suivi de la mise en œuvre des réformes sectorielles présentées par les autorités maliennes dans le cadre de la nouvelle série d’appuis budgétaires généraux.

Dans un communiqué publié à l’issue de la rencontre, le ministère malien de l’Économie et des finances souligne que « les deux parties ont convenu du renforcement des réformes en cours concernant le secteur de l’électricité, l’amélioration du programme de subventions des intrants agricoles, le capital humain et la gestion foncière ».

Avant d’ajouter que « de nouvelles réformes devront être engagées dans le domaine des finances publiques, de la gouvernance, de la santé et de l’éducation ».

Poursuivre les engagements

Sur le plan mondial, les responsables du Comité de développement ont annoncé, à la suite de ces réunions de Printemps 2019, un ralentissement de l’activité économique mondiale, dans un contexte où « subsiste le risque d’une dégradation de la situation ». « Les perspectives d’investissement sont devenues moins favorables, les faiblesses liées à l’endettement persistent et l’incertitude entourant les politiques publiques pèsent sur la confiance ».

Le groupe de la Banque mondiale réaffirme par ailleurs sa volonté de poursuivre l’atteinte de son double objectif de lutte contre l’extrême pauvreté et de promotion d’une prospérité partagée et son rôle dans le monde pour la réalisation de sa vision.

Le groupe souligne en outre l’importance de l’IDA (Fonds destiné aux pays les plus pauvres), dans la réalisation de ses objectifs et de ceux du Développement durable.

Le Comité de développement invite le groupe à mettre l’accent sur l’emploi et la transformation économique dans les pays IDA. Face au niveau d’endettement de ces pays, le Comité encourage le groupe de la Banque mondiale à envisager des mesures fortes pour la viabilité de la dette de ces pays.

Le mariage des enfants coûte cher à l’Afrique

Selon un rapport de la banque mondiale rendu public ce 20 novembre 2018, la pratique du mariage des enfants fait perdre des dizaines de millions de dollars à l’Afrique. Un rapport publié à l’occasion du deuxième sommet de la commission de l’Union africaine qui se tient cette semaine à Accra au Ghana.

Dans ce rapport intitulé : « Eduquer les filles et mettre fin au mariage des enfants : une priorité pour l’Afrique », les auteurs indiquent que plus de 3 millions de filles (soit un tiers) se marient encore avant l’âge de 18 ans en Afrique subsaharienne. L’Afrique reste donc le continent où cette prévalence de mariage des filles est le plus élevé. Ce qui a pour conséquence d’entraîner chez ces filles qui se marient avant 18 ans, un taux d’abandon scolaire plus élevé et donc d’avoir un niveau d’études moins élevé que celles qui se marient plus tard. Ces filles sont également plus susceptibles de tomber enceintes et donc d’être exposées au risque des grossesses précoces, mettant en cause leur santé, celle de leurs enfants et l’éducation de ces derniers.

Même si le rapport souligne que beaucoup de pays ont atteint la parité entre garçons et filles au niveau primaire, les filles restent à la traîne au niveau secondaire. En Afrique subsaharienne, 7 filles sur 10 achèvent leurs études primaires, mais seulement 4 sur 10 achèvent le premier cycle du secondaire.

Un manque à gagner pour l’économie       

Le rapport ajoute qu’en moyenne, les femmes qui ont achevé les études secondaires ont plus de chance de travailler et gagnent 2 fois plus que celles qui n’ont pas fait d’études.

Le rapport qui a analysé 12 pays d’Afrique subsaharienne et du Maghreb qui représentent la moitié de la population du Continent, estime que le mariage des enfants constitue un manque à gagner de 63 milliards de dollars en matière de revenus et de capital humain, suite à son impact négatif sur l’éducation des filles. « (…) Les filles retirent le plus de bénéfices de l’éducation lorsqu’elles sont capables de terminer leurs études secondaires. Malheureusement, très souvent elles ne restent pas à l’école quand elles se marient tôt », note notamment Quentin Wodon, auteur principal du rapport.

Ces mariages précoces qui entraînent des taux de fécondité élevé contribuent également à la croissance démographique. Si l’on mettait fin à la pratique, ceci contribuerait à diminuer la croissance démographique et entraînerait une amélioration du niveau de vie, notamment pour les plus pauvres.

Le rapport confirme ainsi que l’un des moyens de lutte contre le mariage des filles et de les maintenir le plus longtemps possible à l’école. Ainsi chaque année d’études secondaires diminuerait de 5 points le pourcentage de risque de se marier avant 18 ans.

Le rapport décrit également l’impact du mariage des enfants et de l’éducation des filles sur une quarantaine d’autres indicateurs, comme les violences conjugales ou la capacité des femmes à prendre des décisions au sein des ménages.

La Banque Mondiale officialise le rapport CPIA 2017

Le rapport CPIA 2017 de la Banque Mondiale portant sur l’évaluation de la qualité des structures politiques et institutionnelle publiques  des pays a été  officialisé mercredi 12 septembre 2018 au cours d’une conférence de presse animée en synchronisation avec plusieurs capitales africaines par Albert Zeufack, économiste en chef de la région Afrique.

A la tête de ce classement, le Rwanda maintient sa place de numéro 1 non seulement en Afrique mais aussi sur le plan mondial avec une note globale de 4.0. Le top dix régional des pays de l’Afrique subsaharienne se complète  respectivement par le Sénégal avec  3.8, le Cap-Vert, le Kenya et la Tanzanie avec 3.7 chacun, le Burkina Faso, le Ghana et l’Ouganda qui s’en sortent avec  3.6 de moyenne, ainsi que le Bénin avec 3.5 et enfin la Cote d’ivoire, 3.4.

Si certains pays ont amélioré leur score par rapport au classement précédent à l’instar entre autres du Ghana, du Lesotho et du Bénin, il n’en demeure pas moins vrai que d’autres pays comme la RDC, le Congo et les Comores ont  régressé sur la nouvelle exercice. La moyenne générale en Afrique subsaharienne équivaut à 3.1.

Le Mali se retrouve à la 13ème position du classement mais avec la même note que la Cote d’Ivoire, l’Ethiopie, le Lesotho, la Mauritanie et le Niger.

Le Rapport CPIA repose sur 16 indicateurs principaux regroupés en quatre groupes à savoir la gestion économique, les politiques structurelles, la politique d’inclusion sociale et la gestion du secteur publique et des institutions. Ce dernier volet encore désigné « Gouvernance » est le plus important facteur dans l’attribution de la note finale aux pays d’autant plus qu’il représente 68% du poids total de l’indice.

Cette évaluation qui s’effectue chaque année depuis les années 1980 a un objectif clair. C’est de renseigner les pouvoirs publics sur l’impact de leurs efforts déployés pour soutenir la croissance et lutter contre la pauvreté. Parallèlement, Les notes obtenues servent aussi à déterminer le volume des prêts concessionnels et des dons que la Banque Mondiale accorde aux pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne.

Rapport Banque mondiale : Bamako face aux défis de l’urbanisation

La Banque Mondiale a présenté aux journalistes la cinquième édition de son rapport « Bilan économique AFCW3 (Afrique Occidentale et Centrale) ». Le rapport expose les défis de l’urbanisation en Afrique.

Intitulé « Les défis de l’urbanisation en Afrique », le rapport se penche particulièrement sur  trois capitales en Afrique de l’ouest à savoir Bamako, Conakry et Niamey en réfléchissant sur la manière dont ces villes pourraient exploiter et développer leur potentiel en matière de productivité et de croissance. Malgré leur contribution significative à l’économie nationale, à hauteur respectivement de 34% du PIB du Mali et à environ 27% de celui de la Guinée et du Niger, ces trois villes ne sont pas de véritables moteurs de croissance. « Dans les trois villes, la productivité du travail, calculée en tant que valeur ajoutée brute par habitant, est faible et n’a pas évolué au cours des quinze dernières années, contrairement à la moyenne de 15 autres villes d’Afrique Subsaharienne », a souligné Meskerem Brhane, co-auteur du rapport et responsable des programmes d’urbanisation de la Banque Mondiale dans ces pays.

Le rapport relève que la croissance de la population urbaine dans ces trois capitales ne s’est pas accompagnée d’un accroissement proportionnel du PIB, comparée à d’autres pays en développement. C’est pourquoi l’étude vise d’abord à comprendre pourquoi la croissance urbaine en Afrique de l’ouest n’a pas été associée au développement urbain et ensuite comment les villes de Bamako, Conakry et Niamey peuvent devenir plus productives et habitables dans le futur. Selon  Soukeyna Kane, Directrice des opérations de la Banque Mondiale pour le Mali, le Niger, le Tchad et la Guinée, « Pour devenir des vecteurs de croissance et fournir des services publics adaptés, Bamako, Conakry et Niamey doivent se concentrer sur leur urbanisme et leur organisation spatiale car les trois capitales ne disposent pas actuellement de marchés fonciers suffisamment efficaces, ce qui entraine des investissements dans des bâtiments et infrastructures éloignés des centres-villes ».

Pour faire face aux grands défis d’urbanisation, des recommandations spécifiques à l’endroit des trois villes sont faites à l’issue de cette étude menée par la Banque Mondiale.  «  Bamako doit se concentrer sur la modernisation des structures existantes et la coordination du  réaménagement du territoire en même temps que sur des investissements en infrastructure. Conakry doit donner la priorité à une meilleure connectivité entre le centre-ville et sa périphérie tandis que Niamey doit jeter les bases d’un développement urbain futur », peut on lire dans le rapport.

La série de rapports « Bilan économique AFCW3 » traite de questions de développement essentielles au Tchad, en Guinée, au Mali et au Niger. Elle vise à susciter un débat public sur des évolutions macroéconomiques et structurelles importantes pour soutenir la réduction de la pauvreté. Cette nouvelle publication contient un dossier spécial sur la Guinée.

Doing business 2018 : Moins deux pour le Mali

 

Le rapport sur le climat des affaires Doing Business, édition 2018, est paru ce 31 octobre. Comme chaque année, il classe les économies de 190 pays selon leur règlementation des affaires et l’application effective de ce cadre. Le Mali recule malgré un saut de puce qualitatif en ce qui concerne la solvabilité des créances.

L’édition numéro 15 du Doing Business 2018: Réformer pour créer des emplois, a été lancée en Afrique de l’ouest par vidéoconférence entre Washington, Dakar, Nouakchott et Niamey, en présence, dans chaque pays, de représentants du gouvernement. Il ressort de ce classement des performances des pays en termes de facilitation de création et de développement des entreprises que la situation de la plupart des pays reste stable, avec des efforts continus dans le sens de l’amélioration des indices de notation. En tête de classement, la Nouvelle-Zélande, pour la deuxième année consécutive. « L’Afrique subsaharienne est globalement la région la plus représentée dans le classement 2018 des pays les plus réformateurs, avec trois pays placés dans le top 10 mondial : le Malawi, le Nigeria et la Zambie » peut-on lire dans le communiqué marquant la parution du rapport et publié par l’institution de Bretton Woods. « Les efforts de réforme de l’Afrique subsaharienne méritent largement d’être soulignés, quand on sait que la région est le théâtre de multiples crises et que de nombreux pays sont en proie aux conflits et aux violences. Nous espérons que cette dynamique vertueuse en faveur de l’esprit d’entreprise se poursuivra, car elle est essentielle pour relever le défi de la création d’emplois, notamment pour les millions de jeunes hommes et femmes que compte la région », souligne Rita Ramalho, Directrice par intérim du Groupe des indicateurs mondiaux de la Banque mondiale.

143ème sur 190 (de l’Afghanistan au Zimbabwe) contre 141ème pour la précédente édition du Doing Business. Avec zéro réforme à son actif pour la période, le pays perd deux précieuses places. Le rapport 2017 saluait les 3 réformes mises en oeuvre pour la précédente période et la performance du Mali qui occupait la 1ère place dans l’espace OHADA en ce qui concerne l’amélioration du climat des affaires. Avec 52,92 points, contre 52,62 auparavant (mesure indiquant l’écart de chaque économie par rapport à la meilleure performance mondiale observée), le Mali enregistre de légères avancées sur des critères tels que la facilitation de la création d’entreprises, l’obtention d’un permis de construire, le raccordement à l’électricité ou encore la sécurisation des créances, parmi les 11 indices de notation du Doing Business.

 

« 600 millions de dollars de nouveaux engagements »

Paul Numba Um quitte le Mali pour l’Afrique du Sud. Il aura passé trois années au poste de directeur des opérations pour la Banque mondiale couvrant le Mali, le Niger, le Tchad, la Centrafrique et la Guinée. À quelques jours de son départ, il dresse pour le Journal du Mali le bilan de ce mandat qui aura vu l’institution de Bretton Woods augmenter sa contribution au développement du Mali. Entretien.

 Quel est votre sentiment en cette fin de mission ?

Je pars d’ici satisfait parce que lorsque je suis arrivé en 2014, le pays sortait d’une crise profonde, qui avait marqué le bon fonctionnement des institutions et qui avait également marqué le développement de sa coopération avec les institutions financières internationales. Je pars d’ici, trois ans après mon arrivée, avec le sentiment du devoir accompli et aussi d’un pays qui sort la tête de l’eau. Tout n’est pas encore réglé, mais l’essentiel semble déjà derrière nous. En ce qui concerne la reprise de la croissance économique, je dois vous rappeler qu’en 2012, la croissance avait été négative, une première depuis 10 ans, mais en 2013 elle a rebondit, on a atteint les 7%, en 2014, on était largement au-dessus des 5% et en 2015, on a encore dépassé les 5%. Et les projections pour 2017 sont bonnes. Mais la croissance au Mali, comme dans la plupart des pays de la sous-région est essentiellement portée par des facteurs que j’appellerais exogènes. Nous sommes dans un cycle de croissance qui dépend beaucoup de la qualité de la pluviométrie, lorsque l’on a une bonne saison des pluies, en général notre croissance est bonne, si la saison pluvieuse n’est pas excellente, on sera déçu par la croissance. Mais dans tous les cas, au cours des trois années que j’ai passés ici, le Mali a eu une croissance nettement positive, mais cette croissance il faut l’interpréter. Parce que quand la croissance démographique dépasse plus ou moins les 3%, si vous faites une croissance de 5%, ce n’est pas assez pour créer suffisamment de richesse et réduire drastiquement la pauvreté. Je pense que c’est le travail qui reste à faire. Coté, préoccupation, c’est la question de la sécurité, comme vous le vivez tous, qui reste quand même la variable que nous ne maîtrisons pas et qui va rester là. Mais j’espère que les autorités, avec l’aide de la communauté internationale, finiront par juguler, parce que sans sécurité, les chances d’un développement harmonieux sont très limitées et c’est un peu ce sentiment contrasté qui m’anime au moment de quitter le Mali.

Quelles ont été vos relations avec les autorités maliennes ?

Le Mali est un des pays membres de la Banque mondiale à travers sa représentation, c’est-à-dire le gouverneur du Mali auprès du conseil de la Banque mondiale qui influence les politiques de la Banque. Au Mali, comme dans les autres pays, elle n’a qu’un rôle d’accompagnateur. Nous sommes là pour travailler étroitement avec le gouvernement dans l’esprit d’accroiître les chances d’un développement harmonieux du pays. En ce jour et en ce moment, nos priorités sont de deux ordres. La première, c’est de faire en sorte que nos interventions se concentrent sur des aspects pertinents et effectifs sur la réduction de la pauvreté. Le Mali a fait des progrès dans ce domaine, le taux général de pauvreté dans le pays est largement estimé autour de 50-51%, nous n’avons pas de chiffre précis. Mais cette pauvreté est essentiellement un phénomène rural, 90% des pauvres au Mali sont dans les zones rurales où vivent d’ailleurs 80% de la population.

Le deuxième volet, c’est aider l’économie malienne à créer beaucoup plus d’opportunités, d’emplois, pour faire en sorte qu’un certain nombre de jeunes et de la population active puisse espérer l’amélioration de leurs conditions de vie. Quand vous regardez les programmes de la Banque mondiale, vous verrez que nous touchons à beaucoup de choses, mais il y’a un accent particulier sur les questions relatives au développement rural, et également une priorité accordée à tout ce qui est développement économique dans ce sens que nous intervenons dans le secteur des transports, mais aussi de l’énergie qui sont très importants pour qu’une économie puisse croitre, permettre à un commerce de devenir prospère, à des entreprises d’être créées.

Donc, la Banque mondiale n’est vraiment pas une institution qui va venir imposer ses choix. Contrairement à la perception, ce sont des choix qui sont faits par les gouvernements.

Avez-vous constaté une évolution de la perception quand à votre institution ?

La Banque mondiale a changé profondément depuis les années 1990, ceux qui interagissent avec nous, directement ou indirectement le savent, mais quand vous parlez avec des gens qui n’interagissent pas avec nous, eux n’ont pas changé de perception sur ce qu’est la Banque mondiale. Je pense donc que c’est un domaine sur lequel nous devons travailler. En tant qu’institution, nous devons expliquer ce que nous faisons, le faire comprendre, et même mobiliser des bénéficiaires de nos programmes à parler pour nous. C’est mieux de demander à une famille qui reçoit les transferts de fonds, qui sont mis à disposition des populations à travers le projet des filets sociaux, qu’un membre de la Banque mondiale.

Quelle est votre plus grande satisfaction ?

Quand je suis arrivé au Mali, le programme de la BM était déjà bien installé, on n’était pas encore tout à fait au milliard, mais on n’était pas loin, malgré le fait qu’on avait connu un ralentissement dû à la crise. Durant mes trois ans, le programme à dépassé le milliard de dollars, avec 22-23 projets et 6-7 projets régionaux.

Pour la période 2017-2021, le Mali verra un doublement les engagements de la Banque mondiale, on va atteindre 600 millions de dollars de nouveaux engagements pour cette période qui arrive. C’est une satisfaction, qui veut dire que malgré la conjoncture relativement difficile, notamment sur le plan sécuritaire, la communauté internationale est résolument engagée pour accompagner et soutenir les efforts du peuple malien et de son gouvernement.

Nous avons fait un certain nombre de projets au Mali qui ont été satisfaisants. Je pense notamment à un projet de transport dont la deuxième phase a été clôturée il y a à peu près 18 mois, et qui a permis de construire pas mal de routes rurales, pour désenclaver les zones de production. Et d’ailleurs, nous allons relancer la troisième phase de ce projet en construisant encore des routes rurales dans les bassins de production dans des zones bien déterminées pour un coût minimum de 50 millions de dollars. Il y a aussi un projet de commercialisation de l’agriculture qui a lieu pendant cette période, et qui a donné des résultats intéressants. Je ne dirais pas cela de tous les projets qu’on a eu ici, mais le projet qui me donne le plus de satisfaction c’est le projet filets sociaux. Le Mali a eu une croissance forte, minimum 7%, malgré cela, il y’a un certain nombre de familles qui ne voient pas l’incidence de la croissance et donc quand la croissance n’est pas assez inclusive, il y’a ce qu’on appelle en économie, des familles vulnérables qui sont de plus en plus exclues. Et au Mali, compte tenu des problèmes de sécurité, il y’a des déplacements de population, et des chefs de famille décédés en laissant derrière eux des veuves et des enfants. Bien avant 2013, on a pensé à un programme qui pourrait leur donner une certaine autonomie. Et grâce à ce programme, les familles ont droit à 30 000 francs CFA par trimestre et des femmes ont témoigné que grâce à ce versement régulier, elles ont pu nourrir leurs enfants, s’assurer qu’ils partent à l’école, et mieux encore, démarrer de petites activités génératrices de revenus. Le gouvernement doit tout faire pour continuer, préserver et même amplifier pour essayer de réduire l’incidence.

Qu’est-ce qui a le moins marché ?

D’une manière générale, j’aurai souhaité que mes contreparties au niveau des administrations notamment des ministères de tutelle, lorsqu’il s’agit de projets, se mobilisent, se sentent responsables, de manière à faire en sorte que cette ressource mise à la disposition par la BM soit rapidement consommée. C’est-à-dire qu’elle se traduise en actions concrètes qui permettent de délivrer des résultats escomptés. Si vous mettez 40 millions de dollar pour favoriser l’accès des enfants à l’école, ce n’est pas normal qu’il faille six ans pour réaliser le projet, vu l’urgence. Ce sont des choses qui m’ont marqué négativement.

Vous avez initié des rencontres pour discuter de cela ? Quelles en ont été les conclusions ?

En toute honnêteté pas beaucoup d’amélioration, nous avons fait une réunion en septembre, on s’est parlé, on s’est entendus mais je ne suis pas sûr que cela ait vraiment enclenché un changement. Six mois après, il y’a très peu de réalisations concrètes. C’est vraiment ça le vrai défi du Mali pour les années à venir, et le pays retrouvera la place qu’il mérite quand les bailleurs sentiront que les ressources mises à disposition sont utilisées à bon escient. On a le sentiment que la ressource financière est là, mais que les intérêts sont ailleurs. Du coup, cela décourage beaucoup de bailleurs.

Connaissez-vous déjà votre successeur ?

Non je ne le connais pas.

Quels conseils lui donneriez-vous ?

Ici, il y’a toujours eu des difficultés de décaissement et cela ne date pas d’hier, c’est depuis les années 1980. Toute personne qui viendrait ici devrait continuer à avoir un dialogue sur cette thématique. On a eu des bons résultats à un moment donné. Et je pense que mon successeur aura tout intérêt à ne pas négliger cet aspect, à faire mieux que moi et mobiliser les hauts dirigeants.