Accord pour la paix : sur un fil

Confrontée à des difficultés de mise en œuvre depuis sa signature en 2015, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger n’a jamais autant frôlé la rupture. Alors que le début de la Transition, en août 2020, avait suscité un espoir de relance chez différentes parties signataires, le processus de paix est à nouveau bloqué depuis décembre dernier. La médiation internationale s’active pour le relancer, mais l’avenir de l’Accord semble de plus en plus incertain.

Le désaccord persiste entre le gouvernement de transition et les mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Alors que ceux-ci (Coordination des mouvements de l’Azawad, Plateforme du 14 juin d’Alger et Mouvements de l’Inclusivité), réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), demandent la tenue d’une réunion en terrain neutre pour discuter de la viabilité de l’Accord, la partie gouvernementale rejette toute rencontre en dehors du Mali.

Les mouvements du CSP-PSD ont d’ailleurs décidé le 21 décembre 2022 de suspendre leur participation aux mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’Accord jusqu’à la tenue de cette réunion avec la médiation internationale. En cause, « l’absence persistante de volonté politique des autorités de transition à appliquer l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’ Alger et l’inertie de celles-ci face aux défis sécuritaires ayant occasionné des centaines de morts et de déplacés dans les régions de Ménaka, Gao et de Tombouctou ».

À Kidal, Bamako indexé

Saisie début décembre pour l’organisation de la réunion en terrain neutre, la médiation internationale, accompagnée d’une délégation d’ambassadeurs d’États membres du Conseil de sécurité de l’ONU et du Comité de suivi de l’Accord pour la paix, s’est rendue le 1er février à Kidal pour échanger avec les groupes armés signataires et mieux cerner leurs attentes.

Lors de cette rencontre, les groupes armés signataires ont réitéré avec insistance la demande de tenue d’une réunion en terrain neutre et appelé la médiation internationale à raffermir sa conduite du processus de paix et à assumer ses responsabilités. Celle-ci en retour a indiqué la tenue prochaine d’une réunion de médiation élargie afin de rapprocher les positions des deux parties. « La CMA a signé l’Accord après des pressions et des garanties de la communauté internationale et elle doit tenir ses promesses. Si la communauté internationale ne peut pas forcer le Mali à mettre en œuvre l’Accord pour la paix de 2015, alors il faut penser à une autre solution et nous ne pouvons pas rester dans cette situation parce qu’elle dure depuis trop longtemps », s’est agacé pour sa part, Bilal Ag Achérif, Chef du MNLA et ancien Président de la CMA. Le Président de la Société civile de la région de Kidal a quant à lui déploré un « recul dans le processus d’application de cet Accord concrètement exprimé par les autorités de la Transition » depuis le coup d’État d’août 2020 contre IBK.

Bras de fer

Pourquoi le Cadre des groupes armés signataires insiste-il autant sur la tenue d’une réunion sur la viabilité de l’Accord en terrain neutre ? Attaye Ag Mohamed, Chef de délégation de la CMA au Comité de suivi de l’Accord (CSA), soutient qu’un terrain neutre permettrait plus de se retrouver dans l’environnement dans lequel l’Accord a été négocié il y a 8 ans à Alger. « Nous l’avons demandé pour que ce climat de discussions directes, en face à face, avec la médiation internationale puisse se créer, pour voir où se situe exactement le problème. Si c’est au niveau du gouvernement ou à notre niveau à nous ou encore si c’est la médiation internationale elle-même qui ne joue pas son rôle », explique-t-il, reconnaissant également une « confiance de moins en moins existante » sur les questions de fond.

Le gouvernement de transition, qui n’adhère à aucune rencontre en dehors des réunions du CSA, encore moins en dehors du Mali, affirme toutefois son engagement à poursuivre sans équivoque la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix, mais dans les normes. « Nous, nous sommes un État. Les autres sont des mouvements signataires. Le gouvernement a indiqué que lors des réunions du CSA, pour qu’un ministre du gouvernement du Mali y participe, nous souhaitons que les principaux leaders des mouvements soient eux-mêmes présents, parce chaque fois que le gouvernement envoie des ministres, nous avons en face de nous des experts. Il y a un déséquilibre », a clarifié le ministre Abdoulaye Diop devant le Conseil de sécurité de l’ONU le 27 janvier, regrettant la décision de suspension des groupes armés signataires qui va à « contre-sens de l’élan positif qui a été imprimé ces derniers mois » à la mise en œuvre de l’Accord.

Accord en danger ?

En lieu et place de la réunion demandée par le CSP-PSD, le Mali a sollicité l’Algérie, chef de file de la médiation internationale, pour la tenue d’une réunion du CSA à un niveau ministériel dès ce mois de février, pour permettre de reprendre le dialogue avec les parties signataires, a indiqué le ministre Diop. Mais, pour l’heure, le CSP-PSD, qui maintient sa suspension des mécanismes de mise en œuvre de l’Accord, n’entend pas y participer.

Selon Moussa Djombana, analyste politique et sécuritaire, bien que la tenue d’une réunion en terrain neutre puisse aider à relancer les discussions, il est possible de sauver l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali sans sa tenue, qui fait l’objet de mésententes entre le gouvernement et les groupes armés signataires. « Il faut encourager le dialogue direct entre les parties. L’engagement de la communauté internationale doit aussi être franc et sincère, tout en impliquant la société civile malienne, sans laquelle rien n’est possible en termes de décisions fortes engageant l’avenir de la Nation », préconise-t-il.

Pour certains observateurs, le blocage actuel dans le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger pourrait déboucher sur une rupture si les positions des parties prenantes restent tranchées. « Je ne vois pas dans l’immédiat comment le processus pourra être relancé. C’est assez difficile », confie une source proche de la médiation internationale, qui explique que le point fondamental de blocage est le transfert des grades des ex-combattants des groupes armés dans la chaîne de commandement de la nouvelle armée reconstituée. Une Commission ad hoc a été créée pour plancher sur la question, mais elle n’a guère avancé.

Dans cette atmosphère de dégradation des relations entre Bamako et les groupes armés signataires, la Coordination des mouvements de l’Azawad a annoncé la fusion de ses différents mouvements en un seul, le 8 février 2023. Une semaine plus tôt, son Président en exercice, Alghabass Ag Intalla, a procédé à la nomination d’un nouveau Chef d’État-major, le Colonel Hamad Rhissa Ag Mohamed. La nomination de cet « indépendantiste » peut être perçue selon notre source comme un message de désaccord avec le processus de paix tel qu’il est conduit actuellement par les autorités de transition.

Mais, Oumar Sidibé, Doctorant et Professeur-assistant en Relations internationales à l’Université RUDN de Russie, pense pour sa part que les récents évènements s’inscrivent dans la dynamique des rapports de force. « On peut en effet remarquer un refroidissement des relations entre la CMA et le gouvernement de transition. Mais aucun des deux n’a intérêt à mettre fin à l’Accord et à risquer de nouvelles mésaventures. Les intérêts de tous ces acteurs convergent vers la paix, mais divergent sur la façon de l’établir », analyse t-il.

Pour lui, par ailleurs, le seul acteur qui bloque l’Accord depuis des années est le peuple malien « qu’il faudrait peut-être penser à saisir par consultation ou referendum ». « Il y a une forte pression populaire et de fortes demandes en vue d’une relecture de cet Accord, pour reconsidérer certaines dispositions qui sont perçues comme anticonstitutionnelles ou discriminatoires », rappelle M. Sidibé.

Calmer le jeu

Chérif Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun Haïdara, Président des Mouvements de l’inclusivité, dont certains seraient membres du CSP-PSD, n’est pas sur même longueur d’ondes que les dirigeants des autres mouvements signataires. Dans un communiqué publié dans la foulée de la rencontre de Kidal, il a indiqué que les Mouvements de l’inclusivité soutenaient fermement la décision des autorités de la Transition de réfuter toute rencontre inter Maliens en terre étrangère.

« Tous les mouvements signataires de l’APR ne sont pas inscrits sur les listes du CSP. De même qu’ils ne le sont pas tous sur celles de la CMA, qui tente de dissimuler son infortune sous le couvert du l’hydre toujours en gestation appelée CSP », a fustigé celui qui est également membre du CNT.

Mais, pour calmer le jeu et éviter l’escalade, le Général El Hadj Ag Gamou, chef du GATIA, a lancé dans une vidéo, le 6 février, un message d’apaisement aux différents acteurs du processus de paix, en les invitant à l’union pour venir au secours des populations qui souffrent de l’insécurité grandissante. « L’heure n’est plus au bras de fer entre responsables d’un même pays, mais à la mobilisation générale pour l’intérêt de la population, qui ne réclame que son droit à la sécurité et celle de ses biens », a plaidé le chef militaire, qui appelle à éviter une « guerre entre Maliens qui ne nous grandira pas ».

Semaine nationale de la réconciliation : une initiative et des interrogations

La Semaine nationale de la réconciliation a été lancée le 15 septembre et se poursuivra jusqu’au 21 septembre, avec pour objectif de faire de la diversité du pays un atout pour la cohésion sociale.

En application de l’article 7 de la Loi d’Entente Nationale instituant une Semaine nationale de la réconciliation, le ministère de la Réconciliation nationale a décidé de l’organiser pour « restaurer la paix et renforcer la cohésion sociale et le vivre- ensemble à travers l’éducation, les arts et la culture, la citoyenneté ou encore le sport ». Selon le ministre de la Réconciliation nationale, le Colonel-major Ismaël Wagué, cette semaine s’impose car « le cousinage à plaisanterie, le dialogue, le pardon et le vivre ensemble ont cédé la place à la méfiance et à la violence ». Seront organisées diverses activités dont des collectes de sang, une Nuit de la réconciliation, un concours sur la maitrise de l’Accord pour la paix et la réconciliation et la vulgarisation de celui-ci. La situation sécuritaire encore précaire dans le pays et les nombreuses plaies encore ouvertes font mesurer le chemin qui reste à parcourir. Les audiences de la Commission Vérité, justice et réconciliation (CVJR) illustrent les attentes des nombreux Maliens victimes des crises que le pays a connues depuis son indépendance. Beaucoup ont en commun la quête de la vérité sur ce qui leur est arrivé ainsi qu’à leurs proches. Des réponses pas encore apportées. Ces victimes, qui selon la CVJR sont plusieurs milliers, attendent aussi des réparations. Le 10 septembre 2021, le gouvernement a signé le décret d’approbation d’un Plan d’action d’environ 65 milliards de francs CFA pour la Politique nationale de réparation des crises au Mali depuis 1960. Dans le centre du pays, la séculaire entente entre les communautés est mise à mal, à Kayes subsiste toujours, sur la base de la violence, l’esclavage par ascendance, pour ne citer que ces exemples. « Il est essentiel d’aller au-delà de ce type d’activités, qui se démarquent par les effets d’annonces. Il faut des actes concrets qui vont au-delà des promesses », commente notamment le responsable d’une organisation de la société civile qui a requis l’anonymat. « Tous les Maliens vont communier ensemble enfin de se réconcilier et de se pardonner. La réconciliation n’est pas une question d’un seul jour. C’est un acte de tous les jours », assure de son côté Mahamane Maïga, chef de la Mission d’appui à la réconciliation nationale.

Blocages dans l’Accord pour la paix : à qui la faute ?

Prévue pour le 15 juin, la 40ème session du Comité de suivi (CSA) de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali doit faire un nouveau point sur sa mise en œuvre. Censé aboutir à une « paix globale et durable, garantissant une solution définitive à la crise qui affecte le Nord du Mali », l’Accord est encore loin de l’espoir suscité. Cinq ans après, aucun des axes ne connaît une mise en œuvre satisfaisante, selon les acteurs. Réformes institutionnelles et politiques, défense et sécurité, développement et réconciliation nationale, ou encore justice et questions humanitaires, « les problèmes restent entiers ». Si une relecture peut s’avérer nécessaire, l’Accord doit être mieux partagé afin que l’ensemble de la population y prenne une part active, mais aussi que les parties signataires agissent avec plus de bonne foi.

Dans un communiqué rendu public le 28 mai 2020, en prélude à la 40ème session du CSA, la MINUSMA a exhorté « les parties signataires à s’abstenir de tout acte contraire à l’esprit de l’Accord ou susceptible de remettre en cause, non seulement la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali (…) », quelques jours après le refus de la CMA de laisser entrer à Kidal le bataillon de l’armée nationale reconstituée. Un communiqué du gouvernement reprochait au mouvement de s’emparer de fonctions régaliennes de l’État.

Ce « manque de confiance et de bonne foi des parties prenantes, mouvements signataires, Gouvernement et médiation internationale est le premier obstacle à la mise en œuvre de l’Accord », selon un observateur. Ainsi, malgré la signature de l’Accord,  les ex-rebelles restent armés et contrôlent toutes les régions du Nord du pays, ajoute t-il. Mais ce qui a manqué le plus depuis la signature, « c’est un réel portage politique », estime Monsieur Mahamadou Diouara, sociologue. « C’est un document éminemment politique, qui engage la Nation sur un chemin réformateur qui engendre beaucoup de changements et dont la matérialisation implique la participation inclusive de l’ensemble des composantes de la Nation, au niveau national et local ».

Accord non inclusif

Ce projet politique déterminant aurait obtenu les résultats escomptés s’il avait été mieux partagé, estime les observateurs. Tous les acteurs de sa mise en œuvre concrète, notamment les populations, devraient en avoir une conscience claire, afin d’en comprendre les « tenants et les aboutissants », ainsi que leurs rôles dans le processus.

« Malheureusement, depuis sa signature, ni le gouvernement ni les groupes armés signataires ne sont allés vers le peuple » pour expliquer le contenu de ce document signé en son nom, lui faire connaître les dividendes attendus, les rôles et les risques encourus en cas de non application.

L’absence de ce préalable, essentiel à l’appréhension du processus par la majorité des acteurs, a eu pour conséquence de faire de « la mise en œuvre de l’Accord une entreprise isolée entre le Gouvernement, la CMA, la Plateforme », ajoute M. Diouara.  Entre ces acteurs, les groupes non signataires et une partie de la société civile, qui manifestent leurs désaccords pour une disposition non appliquée ou le retard accusé dans l’application d’une autre. Pendant ce temps, la question de la qualité de l’Accord reste en suspens et ne permet pas au citoyen de participer à son application.

Or le projet politique porté par l’Accord est celui de la régionalisation. Une étape dans le processus de décentralisation pour offrir des réponses locales à des questions dont la connaissance et la maîtrise échappent souvent à l’État central. Mais, dans la réalisation de cette ambition, au lieu d’une vision globale capable d’assurer une mobilisation accrue de tous les acteurs, les parties prenantes ont privilégié « des questions subsidiaires, priorités d’intérêt immédiat ».

Intérêts particuliers

Dès lors, cette défense d’intérêts partisans a transformé « en condition imparable une disposition de l’Accord » : les autorités intérimaires, celles qui devaient durant une période transitoire permettre aux parties signataires, grâce à une convention, d’assurer ensemble la sécurisation des zones à conflit avec un Mécanisme opérationnel de coordination (MOC).

Ces forces, composées de combattants de chaque groupe signataire et de militaires, sous le commandement d’un officier supérieur de l’armée, devaient effectuer des patrouilles mixtes afin de permettre aux autorités d’exercer leurs missions.

L’impossibilité d’accomplir « correctement » ces missions a conduit à la mise en place d’autorités exceptionnelles. Ce qui n’a fait que « réveiller les peurs des populations du nord qu’une communauté se voit octroyer les droits et privilèges de disposer de la destinée des collectivités », estime le sociologue Diouara. Des craintes qui se sont  d’ailleurs justifiées, contribuant à démobiliser les acteurs locaux.

L’absence de vision globale dans la mise en œuvre de l’Accord a aussi entraîné la mise en avant d’une autre question comme condition, celle du DDR. Ainsi, au lieu d’une mobilisation des énergies et intelligences de chaque collectivité, c’est la réinsertion qui a été « vendue » aux jeunes, déplore le sociologue. Engendrant une course aux armes afin d’être affilié à un groupe armé et reconnu comme ex-combattant.

Alors qu’il aurait fallu que chaque région puisse s’organiser, créer une fonction publique territoriale et mettre en place une police territoriale, sous l’autorité du chef de l’exécutif local, élu au suffrage universel direct et appuyé à chacune des échelles  par un comité consultatif local de sécurité composé de représentants des jeunes, des femmes, des autorités traditionnelles. Cela aurait permis de mobiliser les jeunes de chaque ethnie pour constituer une force territoriale afin d’assurer cette sécurité et empêché les affrontements entre différentes ethnies à Mopti.

Mais une mauvaise lecture de l’Accord a engendré une mobilisation contre lui, empêchant cette mesure et favorisant les clivages intercommunautaires et l’émergence de singularités et fondamentalismes.

Pourtant, un tel programme pour utiliser les ressources locales allait créer de l’emploi  et de l’espoir, ainsi que de nouvelles aspirations.

Mauvaise foi

Manifestement, les parties prenantes de l’Accord font preuve de mauvaise foi. « Elles font semblant de jouer leurs rôles », mais comme « au chat et à la souris, prenant en otage le peuple et le pays », parce qu’elles « semblent toutes servir des intérêts personnels et/ou communautaires », plutôt que l’intérêt général, souligne un acteur.

Les principes et les engagements sont clairs et hiérarchisés, précise M. Diouara. L’unité, la souveraineté de l’État sur le territoire, la forme républicaine et la laïcité sont des principes acquis et acceptés par toutes les parties.

À partir de là, les gestes de la CMA ne peuvent se justifier que par « l’architecture institutionnelle de la mise en œuvre de l’Accord, la faiblesse de l’État malien et la duperie de la médiation de la communauté internationale », analyse cet observateur.

Rappelant que l’Accord prevoyait que 90 jours après sa signature les groupes armés donneraient la liste de leurs combattants et armes à la Commission technique de sécurité (CTS), pendant que les MOC sécuriseraient les sites de cantonnement, dont la MINUSMA en avait construit huit une année après la signature, le sociologue Diouara déplore « qu’à ce jour, ces forces n’aient pas déposé les armes. Nous sommes comme au jour de la signature ».

S’il n’est pas exclu de relire le texte de l’Accord, parce qu’il a été rédigé dans un contexte qui n’est pas le même actuellement, certaines déclarations ayant été plus « néfastes » qu’utiles, il est indispensable que « les gens en aient une compréhension claire », suggère M. Diouara.

Il faut surtout lui « donner une chance d’obtenir l’adhésion d’une grande partie des Maliens, afin qu’il soit un instrument approprié de paix, de prévention des crises, porteur de développement équilibré des régions du Mali », conclut un acteur.

Fatoumata Maguiraga

Quelques dates…

Infographie: Boubacar Diallo et Marc Dembelé

Geoffroy Julien Kouao : « Les autorités ivoiriennes ont envoyé un message d’apaisement »

Condamnée en 2015 pour atteinte à la sûreté de l’État, Simone Gbagbo, l’ex Première Dame ivoirienne vient de bénéficier de l’amnistie accordée par le Président Alassane Dramane Ouattara le 6 août. Quelles sont les implications politiques d’une telle décision et peut-elle avoir des conséquences sur la procédure de la CPI ? Geoffroy Julien Kouao, analyste politique, répond à nos questions.

Quelles peuvent être les conséquences de cette amnistie ?

La première est la remise en liberté de l’ex Première Dame. Les conséquences politiques sont notamment la décrispation de l’atmosphère politique en Côte d’Ivoire. Le geste du chef de l’État est un geste d’apaisement à l’endroit de toute la classe politique.

Pourrait-il y avoir d’autres conséquences politiques, comme une participation à une élection de Madame Gbagbo ?

C’est d’abord et avant tout une femme politique, et il n’y a pas d’âge pour en faire. Elle va continuer, c’est une évidence. Maintenant, si vous me demandez si elle sera candidate à la prochaine élection présidentielle, dans tous les cas de figure la Constitution dit qu’il n’y a pas d’âge limite pour être candidat. 2020 c’est encore loin, mais elle va sûrement jouer un rôle majeur au sein du Front populaire ivoirien.

Est-ce que sur le plan personnel,  quelque chose a changé pour elle ?

Après 7 ans de prison, on ne peut être que physiquement affecté et moralement atteint. C’est une dame qui a une carapace assez solide pour endurer toutes ces souffrances. Les premières photos que l’on a d’elle sur les réseaux sociaux montrent que c’est une dame qui est physiquement et moralement  affectée, mais elle a une grande capacité de résilience et il faudra compter avec elle dans l’avenir sur le champ politique ivoirien.

Cette libération peut-elle influer sur la procédure en cours devant la CPI ?

Ce sont deux procédures différentes. Les juridictions ivoiriennes sont nationales et la CPI est internationale. Le principe de complémentarité veut que lorsque des poursuites sont faites au plan national, la CPI n’est plus compétente. Cependant ce ne sont pas sur les mêmes chefs d’accusation et la CPI avait lancé un mandat d’arrêt. Mais le message envoyé par les autorités ivoiriennes quant à l’apaisement et à la réconciliation nationale devrait être entendu et la CPI aller dans le même sens avec Messieurs Blé Goudé et Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, les Ivoiriens ont un désir farouche de réconciliation et de paix.

Projet de loi sur l’entente nationale : tout pour la paix ?

Dans son adresse à la nation, à l’occasion du nouvel an, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé un projet de loi sur l’entente nationale. Il s’agira de conforter l’unité nationale, à travers des mesures d’apaisement et de réinsertion. Une énième initiative pour la paix.

Ce dont le Mali a besoin aujourd’hui, c’est bien la réconciliation. Que d’initiatives ont été échafaudées pour y parvenir. De la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation à la conférence d’entente nationale, la charte pour la paix, la biennale artistique et culturelle, le mot ‘’réconciliation’’ revient à chaque fois. Le Président Ibrahim Boubacar Keïta, qui est à quelques mois de la fin de son quinquennat, lutte toujours pour ramener la paix et la cohésion sociale dans le pays. Malgré tout, le tissu reste fragile. Ainsi, lors du traditionnel vœu du nouvel an à la nation, le Président IBK a annoncé qu’il ferait initier « dans les semaines qui viennent un projet de loi sur l’entente nationale.» 

Selon le président IBK, le texte proposera entre autres : l’exonération des poursuites de tous ceux impliqués dans une rébellion armée, mais qui n’ont pas de sang sur les mains, des mesures d’apaisement après l’accélération des procédures en cours et les réparations accordées aux victimes reconnues et un programme de réinsertion pour tous ceux qui déposeront les armes et s’engageront publiquement à renoncer à la violence. Pour Sankaré Idrissa, député du parti ASMA, cette loi vise à conforter la réconciliation sans pour autant oublier les victimes de la crise de 2012. « Il y aura une commission qui sera mis en place pour cela, un processus qui va identifier les personnes, et également la justice pour les victimes », rassure -t-il. « Les coupables doivent présenter des excuses en regrettant les actes qu’ils ont posés », estime Sankaré Idrissa. 

Pour le Président IBK, ce « projet de loi ne constitue ni une prime à l’impunité, ni un aveu de faiblesse », au contraire « il s’appuie sur les vertus de pardon, tel que celui pratiqué dans nos diverses communautés », se convainc-t-il. L’objectif recherché par-delà tout, selon Sankaré Idrissa est la réconciliation, mais impossible sans le pardon. « Il faut que les gens se pardonnent de façon sincère, nous sommes aussi dans un pays à majorité musulmane », justifie-t-il. 
Pour autant, certains observateurs pensent que la justice en ce temps de crise est mise à mal par certaines concessions au nom de la paix et la réconciliation.

Biennale artistique et culturelle 2017 : une édition spéciale de retrouvailles

Les enfants du Mali se retrouvent à Bamako du 24 au 31 décembre, à l’occasion de cette édition spéciale de la biennale artistique et culturelle. Le Président Ibrahim Boubacar Keïta a présidé la cérémonie d’ouverture de cet évènement inclusif au Stade Omnisports Modibo Keïta. Des membres du gouvernement, présidents des institutions, gouverneurs des régions et plusieurs autres personnalités dont le ministre nigérien de la culture étaient présents. Des expressions culturelles et symboliques ont marqué ce lancement.

« De même que la beauté d’un tapis tient à la variété de ses couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde », disait Amadou Hampâté  dans sa lettre adressée à la jeunesse en 1985. Cette célèbre citation, va bien à l’esprit de la biennale artistique et culturelle instaurée dès la première République. L’évènement répond au besoin de réunir les enfants du pays de différentes régions, issus de différentes communautés pour se retrouver tous les deux ans autour de l’art et de la culture. Dimanche 24 décembre, le Stade Omnisports Modibo Keita a été le lieu idéal où se sont retrouvés les jeunes de toutes les contrées du pays, de Kayes à Taoudeni, en plus de ceux du district de Bamako. La jeunesse de la diaspora ainsi que l’association des personnes vivant avec un handicap complètent le décor. Près de 800 participants séjourneront, certains pour la première fois à Bamako. Au-delà de la culture, l’occasion est unique, dans un contexte de crise, pour les fils du pays de se découvrir, se connaître et s’aimer davantage. Selon la ministre de la Culture, madame N’Diaye Ramatoulaye Diallo, la biennale artistique et culturelle n’est pas seulement la culture, ni une compétition entre les régions, ni la fête du folklore malien, mais « c’est à la fois tout cela ». Un évènement de « tous les enfants du Mali » où « personne ne peut être laissé sur le bord de la route », souligne la ministre, pour qui, ce rendez-vous est « un effort de rapprochement des peuples dans une dynamique de destruction des barrières entre eux.» 

La paix par le symbole et les exemples

La crise de 2012 a occasionné une blessure encore douloureuse dans l’architecture sociale de notre pays. La dimension de la tragédie et de l’épreuve ont été inégalées dans l’histoire du Mali. Pour madame N’Diaye Ramatoulaye Diallo, le retour de la paix passe par le symbole et les exemples. La tenue de l’évènement s’inscrit dans cette optique, pour renforcer le dialogue interculturel. « Le monde attend de voir le Mali se réconcilier », a-t-elle déclaré lors de la cérémonie d’ouverture. Pour mettre l’accent sur le geste et le symbole, la ministre a invité le stade à se lever pour que chacun salue son voisin direct au nom de la paix, de la cohésion sociale et du vivre ensemble. 
Le défilé des troupes a également été riche en chants, danses et habillements du terroir. Chaque région a montré un avant-gout de son savoir culturel sous les applaudissements d’un public acquis. La prestation de l’humoriste Kanté qui mélange le faire rire et des messages de paix, a agrémenté les instants. Devant l’assistance, des symboles représentatifs de toutes les régions du Mali étaient dressés. « Nous avons voulu mettre en évidence les différentes régions, chacune, par ce qui la caractérise. Les tentes qui caractérisent généralement les régions nord du Mali, les greniers, les maisons d’habitations en toit de paille, les maisons isolées, celles des devins, le style soudano-sahélien, c’est le Mali en entier qui est symbolisé par ces dessins », explique Dr Fodé Moussa Sidibé, tête pensante des œuvres. 

C’est dans cet univers reconstitué qu’est apparu un peuple en paix. Chaque communauté vit en symbiose avec ses voisines. Mais tout d’un coup « ce Mali paisible » tombe dans le malheur. Les femmes, mains sur les têtes se lamentaient, leurs époux par terre, fauchés par la mort. Les activités sont arrêtées. Les enfants qui jouaient autrefois sont désemparés. Le spectacle était vraisemblable. Les voix mélodieuses, mais en ce moment mélancoliques de Djeneba Seck et Haïra Arby ont résonné dans ce Stade sous un silence effroyable. Tout à coup une voix se fit entendre, appelant le Mali et les Maliens à se mettre debout. Le peuple recommence à se lever, puis à se retrouver et à danser tout en chantant. Dr Fodé Moussa Sidibé explique le message véhiculé, « il y avait le Mali paisible qui vient être perturbé, après cela, la paix revient et les gens reprennent leurs occupations. Finalement, il y a eu l’arrivée d’un Mali, représenté par l’hippopotame et la carte d’un Mali un et indivisible, tel est le message fondamental », commente-t-il. Cette activité de fraternité et de brassage, « permettra aux gens de Kidal de passer une bonne semaine avec ceux de Kayes, de Sikasso et tout le pays se retrouve dans l’art, la compétition, et la joie », renchérit Dr Fodé Moussa Sidibé.
C’est en fondant l’espoir sur un nouvel élan autour du pays, que le président IBK a déclaré avec « bonheur » l’ouverture de la biennale artistique et culturelle. La manifestation au regard de l’ambiance d’ouverture promet d’être un merveilleux souvenir pour tous les participants et d’être imprégné à jamais des valeurs culturelles de la nation. 

Caravane de la paix sur Kidal : le nouveau défi du mouvement ‘’Trop c’est Trop’’

Le mouvement ‘’Trop c’est Trop’’, après s’être illustré à travers des sit-in dénonçant l’immobilisme du gouvernement face aux problèmes sociaux, la position ambigüe de la France sur la question de Kidal et la récente victoire face à la révision constitutionnelle, explore un nouveau terrain : celui de la paix et de la réconciliation. Il compte à présent faire partir une caravane pour la paix jusqu’à Kidal le 23 septembre prochain. Un défi qui nécessite l’implication de toutes les parties signataires de l’Accord de paix.

Le mouvement ‘’trop c’est trop’’ n’est plus à présenter. Très actif depuis juillet 2016, le mouvement, qui au début n’était pas du tout populaire, ne cesse de s’imposer comme le porte-parole des populations maliennes. Ce fut l’un des premiers a organisé des manifestations contre la révision constitutionnelle. Plusieurs mouvements l’ont rejoint et ont finalement contraint le Président IBK à surseoir à ce projet qui faisait polémique. Pour le mouvement, des priorités existent, l’une d’elle est la réconciliation entre les Maliens. C’est pourquoi, il vont organiser une caravane pour la paix à Kidal qui quittera Bamako le 23 septembre prochain.

Le chargé de communication du mouvement, Malick Konaté, justifie la date du 23 septembre, le lendemain de la fête de l’indépendance du Mali : « Nous avons initié le 23 septembre pour une raison symbolique. La caravane aussi est pour consolider la paix et les liens sociaux entre les jeunes maliens. C’est le moment propice pour mobiliser l’ensemble de la population malienne surtout nous les jeunes pour aller vers une paix définitive » a-t-il expliqué.

Pour atteindre un tel objectif, pas de catimini. Un appel a été lancé à tous les citoyens maliens pour aider dans l’organisation de ce projet. «  Nous avons fait appel à tous les mouvements, à toutes les organisations qui souhaitent accompagner ce projet. Nous allons faire appel à toutes les parties signataires pour nous aider. Nous avons déjà été reçus par la CMA, pour les écouter, nous conseiller et avoir un appui financier auprès d’eux » soutient Malick Konaté.

Le porte-parole de la CMA, Ilad Ag Mohamed, a confirmé que le mouvement avait pris contact avec eux dans le cadre d’une « caravane de la paix qui a pour objectif de passer par Gao, Ménaka et Kidal ». Pour la CMA, l’action était salutaire, c’est pourquoi elle a aussi profité de l’occasion pour demander au mouvement de clarifier ses intentions. « Au départ c’était un mouvement qui était contre la CMA et qui a des accointances avec des milices pro-gouvernementales », souligne Ilad Ag Mohamed.Mais la CMA n’est pas contre cette initiative, «  Il faut que ce mouvement oeuvre réellement pour la paix, et la cohésion sociale » a martelé Ilad Ag Mohamed, «  Kidal n’est pas une ville fermée à qui que ce soit, n’importe qui peut prendre son véhicule aller à Kidal » mais « il y a certes des problèmes d’insécurité, liés aux enlèvements des véhicules ou on dépouille les personnes de leurs biens » reconnaît-il. Avec un budget prévisionnel de cinq cent à six cent millions de franc CFA, le mouvement compte sur la contribution surtout en nature, les matériels notamment. L’accompagnement de tout un chacun est sollicité par le mouvement. «  Cinq franc n’est pas petit et cinq mille francs n’est pas trop » souligne Malick Konaté. « Nous allons demander à la région de Kayes et Koulikoro de rejoindre les gens qui sont à Bamako pour prendre le départ ; les régions de Ségou, Sikasso iront à Mopti. C’est à Mopti que vont se rencontrer ces régions pour prendre départ là bas aussi pour Gao. Les régions de Tombouctou, Taoudeni et Ménaka viendront à Gao. C’est à Gao que le départ pour Kidal sera pris, on verra aussi si la jeunesse de Kidal viendra à Gao pour qu’on puisse aller à Kidal ensemble», détaille Malick Konaté. Les participants à cette caravane sont estimés, y compris les équipes techniques et médicales, à 1120 (mille cent vingt) personnes. Le mouvement ‘’trop c’est trop ‘’ est convaincu de l’utilité de cette initiative, qui n’a rien à voir avec la politique. « Après cinq ans, il y a une fracture entre nous les jeunes. Ils sont eux là-bas, nous aussi nous sommes là, on veut consolider les liens, s’asseoir et discuter et voir les problèmes auxquels nous sommes confrontés pour leur apporter des solutions, ensemble » confie le leader du mouvement. Une fois à Kidal, les jeunes de toutes régions du Mali, pendant trois jours, organiserons des visites, colloques, des matchs de football et des rencontres diverses avec les notabilités, les jeunes etc. Toujours selon Konaté, il ne s’agit pas seulement de voyager pour voyager mais l’objectif c’est de voir le terrain « nous-mêmes » et voir ce qu’il faut apporter.

L’aspect sécuritaire n’est pas en reste, et des mesures seront prises assure t-il, «  Nous n’allons pas faire de parti pris, nous allons demander le concours tout le monde, la MINUSMA, Barkhane, le gouvernement du Mali et les mouvements signataires de l’Accord d’Alger ». Bien que prudent pour le moment le porte-parole de la CMA, insiste sur la clarification du projet car «  il nous faut savoir la lecture même de ce mouvement par rapport à l’Accord de paix » disait-il. « Aujourd’hui, un mouvement qui s’inscrit à l’encontre de l’Accord de paix n’est pas le bienvenu à Kidal », a-t-il fait remarquer. «  la CMA où qu’elle se trouve peut apporter quelque chose, notamment l’accompagnement des forces qui se montreraient disponible pour la sécurisation de la caravane, que ce soit la MINUSMA, Barkhane ou même les FAMas si c’est possible ; avec la plateforme cela serait un peu difficile dans la mesure où on n’est pas parvenu à un cessez-le-feu encore » indique Ilad Ag Mohamed. Aussi la CMA pourrait faciliter sur le plan politique et social, les contacts avec les populations locales.

Pour l’heure, le mouvement est à pied d’œuvre pour réunir les conditions à la tenue de cette caravane nationale. Une initiative visant selon les organisateurs a apporté leur pierre à l’édifice de la résolution des conflits et de la réconciliation au Mali.

A quoi travaille la CVJR ?

Deux ans après sa mise en place, où en sont les travaux de la Commission vérité, Justice et Réconciliation (CVJR)

Au commencement, était la Commission Dialogue et Réconciliation, créée par Dioncounda Traoré, sous la Transition. A peine élu, en janvier 2014, Ibrahim Boubacar Keïta a recadré le projet en ajoutant le mot «Vérité», comme l’avait recommandé le colloque national sur la justice transitionnelle au Mali, tenu en 2013, avant de l’envoyer à l’Assemblée nationale. « Car on s’est rendu compte que tant qu’il n’y a pas la vérité dans cette affaire, il y aura pas la justice et la réconciliation », explique Filifing Diakité, Chargé de mission à la CVJR. Parmi tous les chantiers sur lesquels IBK est attendu, la réconciliation nationale est le plus délicat. C’est en octobre 2015 que la Commission a effectivement commencé à travailler, après la nomination le 03 août 2015, de son Président Ousmane Oumarou Sidibé ainsi que des autres 14 commissaires. Aujourd’hui, elle compte 25 commissaires, 14 chargés de mission, un secrétaire général et des chefs d’antennes régionaux (Bamako, Ségou, Gao, Tombouctou, Kidal).

A en croire M. Diakité, la Commission travaille actuellement à la mise en  œuvre de sa stratégie et son plan d’actions 2016-2018 conformément à son mandat, qui coûtera des dizaines de milliards de francs CFA. Ce plan d’action est issu de la rencontre entre la Commission et les membres de la société civile à Bamako et dans les autres régions, hormis Kidal. Il s’agit, entre autres, d’enquêter sur les cas de violations graves de droits de l’homme individuelles ou collectives commises dans le pays et spécifiquement celles commises à l’égard des femmes et des enfants ; de mener des enquêtes sur les cas d’atteinte à la mémoire individuelle et ou collective et au patrimoine culturel ; d’établir la vérité sur les violations graves des droits de l’homme et les atteintes aux biens culturels ci-dessus cités, en situer les responsabilités et proposer des mesures de réparation ou de restaurations ; de créer les conditions de retour et de la réinsertion sociale des personnes réfugiées et déplacées ; de favoriser le dialogue inter et intracommunautaire, la coexistence pacifique entre les populations et le dialogue, entre l’Etat et les populations ; de promouvoir auprès des communautés le respect de l’Etat de droit, des valeurs républicaines, démocratiques, socioculturelles et du droit à la différence ; de faire des recommandations dans le domaine de la prévention de conflits. Il reste que la CVJR n’échappe pas aux critiques, d’aucuns allant jusqu’à dire qu’elle « n’intéresse plus personne ». « Je n’accuse personne. Les gens ont le droit de penser ce qu’ils veulent. Nous sommes intéressés par tout ce qui se dit. Mais je crois que parler comme cela de la commission est un manque d’information, puisque c’est l’accord de paix signé en juin 2015 qui prévoit son opérationnalisation », repond Filifind Diakité.

 

 

Mise en œuvre de l’accord : les organisations de la société civile vers un cadre unitaire

La société civile au Mali s’inscrit dans un cadre unitaire pour parler de la même voix dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix.

L’accord pour la paix et la réconciliation a été signé les 15 mai et 20 juin 2016 à Bamako, à l’issue d’un long et laborieux processus, sous le leadership politique de l’Algérie rejoint par tous les pays voisins du Mali, les organisations africaines, les Nations unies, la France et l’Union Européenne. Au Mali cet accord divise classe politique et société civile qui ne parviennent pas à s’accorder sur cet accord. C’est pour que la société civile s’exprime d’une seule voix qu’un forum a été initié.

Selon, l’article 51 de l’Accord,  « les parties demandent à la classe politique, ainsi qu’à la société civile, notamment les organisations de femmes et de jeunes, les medias, les communicateurs traditionnels et les autorités religieuses et coutumières, d’apporter leur plein concours à la réalisation des objectifs de l’Accord ».

C’est dans cet esprit que le mouvement patriotique pour le Mali (MPM), Global Mali 2025, la Plateforme et les leaders Kel Tamasheq pour l’unité nationale du Mali, la fondation Balanzan pour la gouvernance et la stabilité, le réseau Handi actions développement et perspectives et les organisations de la société civile, ont organisé les 13 et 14 mai dernier un Forum au CICB en vue de partager et d’échanger sur la contribution de la société civile à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.

A la suite des travaux de ce forum, l’une des fortes recommandations est que les organisations de la société civile parlent d’une seule voix, en mettant en place un seul organe répondant au nom de toutes les organisations de la société civile du Mali.

Selon le président du forum des organisations de la société civile, Ahmed Mohamed Ag Hamani, il s’agit de réfléchir de manière plus approfondie à l’organisation et au fonctionnement d’un mécanisme de la société civile. Il ajoute que cette réflexion peut prendre la forme d’un observatoire de veille et d’alerte pour permettre à celle-ci de disposer d’un organe fédérateur qui serait l’interlocuteur de tous les partenaires de la société civile . « Nous voulons créer une synergie des efforts pour rehausser la contribution de la société civile malienne dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix », a déclaré Ahmed Mohamed Ag Hamani président du forum des organisations de la société civile, lors d’une conférence de presse, mercredi dernier à l’hôtel Salam.

Signalons que certaines organisations de la société civile malienne ne se reconnaissent pas dans ce forum pour raison d’exclusion ou de marginalisation. Il faut souligner l’appui de l’USAID à travers le NDI pour l’organisation de ce forum.

Inhaye Ag Mohamed, « Bientôt se tiendra une conférence d’entente nationale »

Journal du Mali: Votre structure est quelque peu éclipsée par le Comité de suivi de l’accord. Quelles sont les différences entre les deux entités ? I. Ag Mohaà¹ed: l’article 57 de l’Accord prévoit la création, immédiatement après la signature, d’un Comité de Suivi de l’Accord (CSA) présidé par l’Algérie, chef de file de la médiation internationale. Il est composé du gouvernement, des mouvements signataires et de la médiation. Son rôle est d’assurer le suivi et de veiller à  l’application effective des dispositions de l’Accord. Le CNCA quant à  lui est une structure exclusivement nationale chargée de coordonner la mise en œuvre de l’Accord. Son rôle est essentiel dans la mesure o๠la mise en œuvre opérationnelle de l’Accord incombe en premier lieu au gouvernement qui en a la responsabilité. Il est présidé par le Chef du gouvernement et comprend des membres permanents que sont les ministres dont les départements sont directement impliqués, les secrétariats généraux du gouvernement et de la Présidence ainsi que le directeur de cabinet de la Primature. Il y a aussi, dans un esprit de large inclusivité, des membres associés : représentants des syndicats, des partis politiques, des religieux, des femmes, des jeunes, ainsi que de l’Assemblée nationale et du Haut Conseil des collectivités. Le CNCA est doté d’un Secrétariat permanent qui assure le travail technique. La différence entre les deux structures est que la première est en charge du suivi et la seconde de la mise en œuvre opérationnelle. La signature de l’accord aura bientôt un an. Quel bilan peut-on en tirer ? Je pense que le bilan qu’on peut tirer au terme de la première année est positif en plusieurs points. La mise en place du dispositif institutionnel est un acquis. C’’est comme la construction d’une maison, il faut faire d’abord une bonne fondation. Aujourd’hui, le CSA est à  sa 8ème session et le CNCA à  sa 3ème. Le gouvernement a fait des progrès avec l’opérationnalisation de deux nouvelles régions (Taoudéni et Ménaka), la nomination des gouverneurs et de leurs cabinets. Le gouvernement s’est également attaqué aux réformes institutionnelles avec l’adoption de la loi sur les autorités intérimaires qui attend sa promulgation. Pour la mise en œuvre de la révision constitutionnelle, une équipe d’experts sera mise en place en tenant compte d’un certain nombres de facteurs. Dans tous les secteurs des avancées ont été constatées. On doit citer la création, au niveau défense et sécurité, de trois organes importants : la commission Désarmement démobilisation et réintégration (D, la commission nationale d’intégration et le conseil national de la réforme du secteur de la sécurité. Il faut noter également l’opérationnalisation très prochaine du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), qui doit coordonner la mise ne œuvre des arrangements sécuritaires et dont l’à‰tat-major est déjà  installé à  Gao, avec une représentation à  Tombouctou et à  Kidal. Ce mécanisme nous permettra de sécuriser le retour de l’administration ainsi que les services sociaux de base dans les zones o๠ils font toujours défaut. Mais que dire pour ce qui concerne directement les populations ? Sur le plan du développement économique, social et culturel, on peut citer la mise en œuvre du plan d’urgences humanitaires mais aussi de la reprise des projets de développement, dont les travaux de la route Gouma-Koura-Tombouctou qui sont sécurisés avec professionnalisme par les FAMas. Il y a également eu le 22 octobre 2015 à  Paris, la conférence sur le développement du Mali qui s’est conclue par l’annonce de 3,2 milliards d’euros d’appui au Mali. Un fond de développement durable des régions du Mali doit être mis en place, auquel l’à‰tat doit participer au compte de l’« effort de paix », à  hauteur de 100 milliards de francs CFA par année et sur trois ans (2016-2018). La justice et la réconciliation ne sont pas en reste et de nombreux chantiers ont été ouverts. Il y a eu des rencontres intercommunautaires, tendant à  recoudre le tissu social. La mise en place de la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR) est un acquis et son plan d’action de trois ans a été adopté. Le gouvernement, par le biais du ministère de la Réconciliation est en train d’élaborer les termes de référence d’une conférence d’entente nationale. C’’est un rendez-vous important o๠l’on va reposer un certain nombre de questions pour lesquelles des solutions n’ont pas été trouvées à  Alger. l’une d’elles est la fameuse question de l’appellation « Azawad ». Les choses semblent avancer, pourtant lors de la dernière réunion du CSA, il y a eu une montée de tension. Que s’est-il passé ? Il n’y a pas eu de tension en réalité. Un constat a été fait par les groupes armés signataires du retard sur le chronogramme de la mise en œuvre de l’accord. Mais cela n’est pas dû à  une mauvaise volonté de la part du gouvernement. Nous avançons au gré des contingences techniques et avons même réalisé certaines actions par anticipation. La pierre d’achoppement lors de cette session, C’’était la mise en place des autorités intérimaires. Après le vote de la loi, l’opposition a saisi la Cour constitutionnelle et nous devons attendre la décision de cette dernière avant d’avancer sur ce dossier. La loi ne peut être promulguée sans cette décision. Les groupes armés signataires ont voulu conditionner la suite des travaux sur les autres dossiers à  la mise en œuvre de la loi, craignant que le gouvernement ne laisse cette question sans suite. Or, nous sommes dans un à‰tat de droit et nous ne pouvons pas faire fi d’une procédure en cours. Nous avons donc expliqué que nous pouvions continuer à  travailler, que les autorités intérimaires seront bel et bien mises en place si la Cour constitutionnelle l’autorise, et le malentendu a été levé.

Forum de Ménaka : sous le signe de la paix

Le Forum de Kidal qui fut un rendez-vous manqué à  cause de l’absence de représentant malien et de la médiation internationale semble aujourd’hui du passé. Du vendredi 29 avril au dimanche 1er mai, le Forum de Ménaka est parvenu a rassembler les communautés et les chefs traditionnels, les représentants de l’à‰tat malien dont le ministre de la réconciliation Zahabi Ould Sidi Mohamed et le gouverneur de cette nouvelle région malienne, Daouda Maiga, la Minusma et les groupes armés du Nord, sous le signe de la paix. C’est environ 5000 participants, venus pour certains de pays voisins comme le Niger, qui ont pris part au Forum pour échanger autour des préoccupations que connaà®t la région. Un des thèmes principaux abordés, l’insécurité. « Nous avons décidé que toute la population devait participer et lutter contre ce phénomène d’insécurité dû aux bandits et à  la présence de groupes terroristes, cela crée aussi des conflits entre populations. Il y aura un meilleur échange entre les circonscriptions qui partagent la même frontière avec la Niger, la constitution de patrouilles mixtes pour une sécurité plus effective, car ce sont les mêmes individus qui opèrent de part et d’autres de la frontière », déclare Bajan Ag Hamatou, député de Ménaka. Recoudre le tissus social Les problèmes intercommunautaires ont été aussi au menu des thèmes abordés et des mécanismes traditionnels de concertation et d’échange ont été discutés pour privilégier la résolution pacifique des problèmes et le vivre ensemble. Sur l’Accord de paix, il ressort que tous souhaitent une accélération de sa mise en œuvre incluant toutes les parties et communautés, «Il faut accélérer la mise en place des autorités transitoires, le cantonnement. Il faut que les populations voient qu’il y a de nouveau l’aide que le communauté internationale et l’à‰tat malien peuvent leur apporter. Que les forces de sécurité soient visibles sur le terrain », explique un résident à  Ménaka. La régionalisation est en marche et même si le calendrier n’est pas encore établi on est prêt sur place à  accueillir l’administration malienne, « Rien n’empêche l’à‰tat aujourd’hui de revenir à  l’intérieur de la région de Ménaka, les 90 % de la région peuvent recevoir les autorités, il suffit qu’il y ait un effort du côté de l’à‰tat, du côté de la communauté internationale pour que les choses évoluent le plus rapidement possible, et ça convaincra tout le monde que la paix est de retour », ajoute Bijan Ag Hamatou. Cette rencontre intercommunautaire a permis le dialogue qui favorise la réconciliation. Dans tous ces échanges constructifs les participants ont montré qu’ils avaient à  coeur de mettre en avant la paix, pour que les choses puissent enfin avancer.

22 septembre 2015 : Un carnaval de la paix pour la réconciliation

La modeste cérémonie de conférence de presse a été présidée par le representant du gouverneur en présence du représentant du maire de la commune IV . A l’entame de la conférence de presse, Mamadou Ben Coulibaly, un jeune activiste a planté le décor de l’événement avant de redistribuer la parole aux différents intervenants. Boubacar Soumaoro Bouba Fané directeur du Mali événement et initiateur du Sida Foot explique que ses entreprises veulent se proposer d’être le vecteur de rapprochement, d’échanges cultures et interculturel Sud/Sud à  travers deux événements conjoints intitulés « la télé réalité Spécial 22 septembre, Carnaval de la Paix, la Nuit du Mali pour la paix et la Tombola du Mali pour la paix ». l’événement a pour objectif la diffusion des messages de paix de réconciliation et d’union pour un Mali meilleur. Il vise également à  susciter l’intérêt et l’implication de tous et particulièrement de l’Etat et les groupes armés à  s’investir davantage par des actions concrètes . Pour ce faire, 8 camions sonorisés dans le cadre du carnaval vont être mobilisés pour sillonner les six communes de Bamako. Le camion et ceux qui sont à  son bord seront tous habillés à  la couleur d’une région du Mali. « C’’est pour mettre à  chaque région du Mali de se retrouver dans un Mali uni » explique –t-il. Au cours du carnaval, la parole sera donnée au gouverneur, aux maires des 6 communes sans oublier les chefs du quartier pour prêcher la paix au Mali. Ce carnaval aura lieu du 18 au 19. La nuit du 21 septembre un concert géant mobilisera 25000 jeunes au stade omnisport. A l’affiche , une cinquantaine d’artistes sont invités. Le cout global de cet événement s’élèvera à  50 millions de francs CFA financé à  70% du partenaire l’USAID . Avant Malick Konaté président de l’Association des Jeunes Franco-maliens pour le Développement de l’Education au Mali a fait un exposé sur la paix. Le représentations du gouvernement comme le représentant du maire ont rassuré ces jeunes pour leur accompagnements.

Signature de l’Accord de Paix : IBK redonne de la fierté à son peuple

De l’avis de nombreux maliens, IBK a prouvé de nouveau sa carrure de chef d’Etat souverain. Alors que des affrontements et pillages autour de Ménaka entre le Gatia et les rebelles de la CMA, ont émaillé la journée du 15 Mai, au moment o๠toute la communauté internationale assistait à  la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, les FAMas, une fois de plus défendaient leurs positions. Saisissant l’occasion, Ibrahim Boubacar Keita, conscient de l’appui de la communauté internationale dans le processus de Paix, a assené quelques vérités. Hervé Ladsous, Secrétaire général Adjoint aux opérations de maintien de la paix de la MINUSM en a pris pour son grade sur la question du Cessez-le-feu. Rappelant l’insupportable situation dans laquelle s’est longtemps trouvé l’arme malienne sans accès possible à  Kidal, le président malien aidé par la réalité du terrain et le regain de forme des Famas a parlé avec le C’œur. « Le peuple malien et le Mali méritent plus d’égard et de respect. Nous ne sommes pas des gueux !. Jamais le peuple malien n’avait manqué à  ses engagements ni commis une entorse dans les relations internationales. Nous sommes un pays tolérant mais pas lâche, le Mali ne demande que son dû, ni plus ni moins ». Réponse de la Minusma Des propos accueillis avec joie et fierté dans l’opinion publique malienne qui y voit un élan de souveraineté. Dès le lendemain, Hervé Ladsous et Mongi Hamdi, chef de la Minusma ont organisé une conférence de presse: « C’’est grâce à  la Minusma que les organisations des élections ont été possibles. Le retour des préfets, et l’aboutissement du processus à  la signature de l’accord de paix aussi », a rappelé Ladsous, regrettant l’accusation d’impartialité du Mali envers la Minusma. « Le dialogue doit continuer avec les groupes qui ne sont pas ici aujourd’hui ; la possibilité qu’ils signent l’accord de paix à  une date ultérieure doit rester ouverte ; et le fait que seules certaines des parties signent l’accord de paix aujourd’hui ne peut en aucun cas servir de prétexte à  la reprise d’opérations militaire contre les non-signataires », a conclu Ladsous.

Accord de paix du 15 Mai : une signature presque parfaite…

En lieu et place, C’’est Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun, le représentant de la CPA, un mouvement pro Bamako qui signera pour la coordination en appelant « ses autres frères à  rejoindre sans délai» l’accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger. Bamako ce 15 Mai, aura été le centre de l’attention, avec l’arrivée dans la matinée d’une quinzaine de chefs d’Etats, parmi lesquels, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Robert Mugabe du Zimbabwe, Faure Gnassingbe du Togo, Ould Abdel Aziz de la Mauritanie ou encore John Dramani Mahama du Ghana et Paul Kagamé du Rwanda. La présence effective de la France, à  travers sa secrétaire d’Etat au développement Annick Girardin, mais aussi Bisa Williams, pour les Etats-Unis, Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, Djibril Bassole pour l’OCI, Hervé Ladsous, représentant de Ban Ki Moon, Michel Révérend de Menthon, pour l’Union Européenne, Pierre Buyoya pour l’Union Africaine, et tous les représentants des communautés du Nord, les notabilités traditionnelles du Nord et le peuple malien. Tous ont assisté, de près ou de loin à  la cérémonie de signature qui aura duré près de 5h. La presse n’était pas en reste et suivait la signature dans une salle du CICB, sur écran. A l’entame de la cérémonie, Abdoulaye DIOP, le ministre malien des Affaires étrangères souhaitera la bienvenue à  tous les amis du Mali, suivi de l’allocution de Ramtane Lamamra, chef de file de la médiation algérienne. D’une voix posée, le médiateur algérien dira toute sa satisfaction de voir le processus de paix arriver enfin à  une issue, avec l’honneur d’avoir conduit cette médiation longue mais qui aujourd’hui pose des actes concrets pour l’avenir du Mali. Signature… presque complète Ensuite aura la signature de l’Accord en question, avec toutes les parties sauf évidemment l’aile dure de la coordination. Ni le MNLA, ni le HCUA et le MAA ne signeront cet accord, paraphé la veille à  Alger, ce qui selon certains, fait baisser la valeur de cet accord C’’est donc le représentant de la coordination, qui parlera le premier en appelant l’ensemble des frères « du peuple de l’Azawad » à  s’inscrire dans cette paix, tant voulue par les populations. Suivront les discours de Maà®tre Harouna Toureh des Mouvements signataires de la Plateforme d’Alger. Pour lui, le peuple malien doit avoir le courage d’aller vers la paix, à  condition de se pardonner. l’intervention de Bajan Ag Hamatou, qui représentait les notabilités du Nordn fera lever la salle pour l’élu de Ménaka. Les discours seront nombreux tout au long de cette cérémonie. Il faudra retenir l’intervention de Robert Mugabe. Il rappellera devant Moussa Traoré, le combat pour l’unité des pères de l’indépendance comme Modibo Keita, Kwame Nkrumah ou encore Sékou Touré et appellera le peuple malien à  rester uni. Mugabe, très honoré d’avoir été invité au Mali, passera le message très symbolique de l’union nationale mais aussi du dialogue, voie ultime pour atteindre la Paix. Après les représentants de la communauté internationale, tels Bisa Williams pour les Etats Unis ou Hervé Ladsous venu délivrer un message de Ban Ki Moon, le Secrétaire général des Nations Unies, le président malien Ibrahim Boubacar Keita prendra la parole, pour rappeler la longue marche du Mali pour la Paix, non sans rendre un hommage aux victimes civiles et militaires de la crise malienne, et s’incliner devant la mémoire des patriarches Intallah Ag Attaher, Baba Ould Sidi El Moctar, et Mohamed Elmehdi Ag Attaher, des hommes qui selon lui ont toujours exprimé leur attachement à  la mère patrie. Pour le président Malien, qui n’a pas manqué de répondre à  Hervé Ladsous, et au souhait des Nations Unies de voir toutes les parties respecter le cessez-le-feu, il faut rappeler toute la vérité et la situation de l’armée malienne longtemps cantonnée et sans accès à  Kidal, et qui aujourd’hui se défend vaillamment face à  l’ennemi. « Nous ne sommes pas des gueux », ajoutera IBK un brin ironique. Enfin, soulignant tout l’importance de l’Accord de paix, IBK dira que C’’est le fruit d’un effort collectif pour refonder l’Etat et assurer le bonheur des populations maliennes. Sa mise en œuvre, admet le président malien, ouvrira de nouvelles perspectives pour le développement du Mali. Son propos sera ensuite joliment illustré par le lâcher de colombes à  la sortie du Centre International de Conférence de Bamako par les enfants…

Négociations d’Alger : les inquiétudes du COREN

Ousmane Issoufi Maiga, président d’honneur du Collectif des ressortissants du Nord (COREN) a fait d’abord fait observer une minute de silence en la mémoire des jeunes de Gao tombés pour la défense de la patrie avant d’exprimer ses inquiétudes. Très préoccupé par la situation qui prévaut au nord du pays, le Coren, a fait savoir Ousmane Issoufi Maà¯ga, souhaite une issue heureuse pour les négociations en cours à  Alger. « Nous devons rester débout et vigilants pour empêcher la partition de notre pays », a t-il lancé. Dans une déclaration de quatre pages lue par son secrétaire aux affaires juridiques, Me Maliki Ibrahim, le Coren rappelle les grandes activités qu’il a menées de 2012 à  nos jours. «Les opinions nationales et internationales se souviennent du combat d’avant-garde mené par le Coren pour mobiliser les forces vives de notre pays autour de la sacralité de l’unité et de l’indivisibilité du Mali et de la justesse d’une action de solidarité nationale pour la libération des zones occupées, la lutte contre le terrorisme et l’impunité.», a déclaré Me Maliki Ibrahim qui a dénoncé les tentatives de musellement et de mise à  l’écart du Coren du processus des pourparlers et des négociations. Mouvements d’auto-défense: patriotes en armes ! Pour le secrétaire aux affaires juridiques du Coren, un distinguo entre le Mnla, Ansardine, le Hcua, Boko Haram, le Mujao, Aqmi est une absence de vision. Il est injuste, a-t-il affirmé, d’affubler les patriotes en armes résistant à  Tabankort du terme ‘’milice ». ‘’Ces mouvements d’auto-défense ont le soutien inconditionnel du Coren et méritent la reconnaissance éternelle de la Nation Malienne toute entière », a affirmé Me Maliki Ibrahim. Le Coren a également rendu un hommage aux volontés individuelles et collectives qui ont œuvré à  atténuer les souffrances des populations des régions aux premières heures de l’occupation en 2012. « Le Coren réitère sa gratitude au secours de la France dans ce qu’il a de pur et de sincère en s’inclinant pieusement devant les mémoires de soldats français, tchadiens, nigériens, sénégalais, burkinabés, guinéens et maliens. Cependant, le Coren déplore les mutations de ces élans de secoureurs, au départ purs, en attitudes inintelligibles, illisible voire quasi-partisanes au profit des terroristes et ennemis du Mali », a expliqué Me Maliki Ibrahim. « Le Coren sonne l’alerte sur les risques certains d’une transformation de l’insécurité en vendetta pouvant déboucher sur une généralisation du conflit », a insisté Me Maliki Ibrahim. « Le Coren en appelle à  la fin de la politique du deux poids, deux mesures pratiqués à  son encontre. En effet, il est loisible pour tout observateur de constater que certains citoyens sont victimes de pratiques discriminatoires. Au moment o๠Aliou Touré( chef de la police islamique de Gao) et autres terroristes sont libérés au nom d’un Raison d’Etat qui échappe à  la compréhension des citoyens. Au moment oà¹ à  Kidal, la Minusma caresse ceux qui caillassent ses véhicules et commettent des attentats contre son personnel, à  Gao elle tire sur des manifestants aux mains nues », a fait savoir le secrétaire aux affaires juridiques du Coren. Tout en réitérant sa solidarité aux victimes de la répression aveugle, barbare et injuste du 27 janvier 2015 de la Minusma contre les paisibles et innocentes populations de Gao, le Coren appelle à  la mise en place d’une commission d’enquête incluant les communautés victimes. Appel à  une prise de conscience nationale Le COREN, enfin « recommande au gouvernement la mise en œuvre d’une véritable stratégie de gestion du problème du Nord du Mali avec l’implication des forces politiques et de la société civile malienne, ainsi que des actions adéquates d’information et de sensibilisation des citoyens maliens ». Le collectif des ressortissants du nord invite le gouvernement à  déployer sans délai tous les agents de l’Etat dans leurs postes respectifs dans les régions du nord, de même que les FAMa. Le COREN continuera à  jouer sa partition jusqu’au retour définitif de la stabilité sur l’ensemble Le Coren lance un appel pressant à  une prise de conscience nationale sur les risques évidents d’une partition pernicieuse de notre pays aujourd’hui plus qu’en 2012. La contribution du COREN au processus de paix et de réconciliation au Mali a été présentée par son président, Malick Alfousseiny. Dans ce document de trois pages, le Collectif demande entre autres la suppression et le bannissement de l’expression ‘’Azawad » de tout document d’accord, la mise en œuvre effective des recommandations du forum national sur la gestion de la crise au nord du Mali organisé par le Coren au Cicb les 27 et 28 avril 2013, la prise en compte des groupes d’auto-défense dans le processus de négociation ainsi que l’implication de la société civile notamment le Coren. « Le Coren exige la démobilisation et le désarmement immédiat de toute personne ou regroupement de personnes autres que les forces armées et de sécurité du Mali et des forces d’appui international », a souligné Malick Alfousseiny. Le Coren, pour son président, exhorte à  la réinsertion au sein des FAMa des personnes armées regroupées en mouvement armé à  l’exclusion des déserteurs et des auteurs de crimes. Les responsables de plusieurs associations invitées comme la Cafo, ALCARAMA, Cri de C’œur, le Conseil national des Bellah, Taabital Pulaku, l’Amicale des anciens ambassadeurs et consuls du Mali, le Mouvement national des femmes pour la sauvegarde de la paix et de l’unité nationale, la Plateforme des femmes leaders, les ressortissants du sahel occidental, ont fait des interventions à  la tribune de cette rencontre d’information.

Festival Tamani 2014 : la paix ou rien !

Durant 7 jours, on ne parlera que de musique malienne, africaine. La cérémonie d’ouverture du festival international des Tamani d’or redonné de l’animation au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ. « C’’est l’occasion de lancer un appel à  tous les fils, filles et amis du Mali, parce que ce n’est qu’ensemble qu’on pourra faire revenir la paix et reconstruire notre pays, pierre par pierre“, a précisé le représentant du Maire de la commune V. « Aujourd’hui, le festival Tamani revient de loin, vous savez que deux éditions sont passées sans pouvoir se faire », a rappelé, Jean Fousseiny Traoré, délégué général du festival. Innovation Auparavant, les trophées Tamani d’or étaient décernés aux artistes seuls, mais cette année, les institutions, O.N.G et personnalités qui ont œuvré pour le retour de la paix au Mali, seront distingués. « Désormais vous avez l’obligation de chanter l’espoir, la paix, l’espérance et le pardon car C’’est de cela que le monde a besoin », a souligné Tierno Oumar Hasse Diallo, qui représentait la ministre de la Culture à  l’ouverture. Fantani Touré, artiste chanteuse et présidente de l’association Kolomba qui orchestre le légendaire festival des Voix de Bamako, soutient également le retour du festival Tamani d’or, tout comme la Minusma, qui accompagne le gouvernement malien dans la stabilisation de la Paix au nord du pays. Des groupes Maliens et Burkinabés ont animé l’ouverture. C’’est une tradition depuis 10 ans, le festival Tamani accorde une place de choix pour les jeunes talents en dehors des sommités comme Abdoulaye Diabaté, Haira Arby ou les groupes du nord comme Amanar ou Tartit. Rendez-vous ce soir pour la grande nuit des trophées de la musique malienne.

Rwanda : la radio au service de la réconciliation

La commémoration des vingt ans du génocide rwandais donne l’occasion de mettre en lumière les initiatives pour tenter de tourner cette page noire de l’histoire de l’humanité. Après le passage de la justice, le difficile travail de pardon et de réconciliation a été entamé par le peuple rwandais. Pour aider ce cheminement qui n’est guère facile, un programme radio. Il est intitulé « Musekeweya », l’ « Aube nouvelle » en langue kinyarwanda. Deux fois par semaine, en famille, entre amis, les Rwandais, collés au poste radio, on écoute ce feuilleton radiophonique qui prône la réconciliation. Diffusée entre autres sur la station officielle Radio Rwanda, ce programme prend le contre-pied de la tristement célèbre Radio des Mille Collines et ses appels à  l’élimination de la minorité tutsi durant le génocide, perpétré par des extrémistes hutu. Depuis 2004, Musekeweya se donne elle pour mission d’éduquer les populations et d’éradiquer la violence, pour que plus jamais le pays ne retombe dans l’horreur. Elle raconte le quotidien des habitants de deux villages fictifs — Bumanzi et Muhumuro — qui, après des années de conflit instrumentalisé par les autorités, tentent de panser leurs plaies. A travers cette fiction, sont analysées et décortiquées les origines des comportements destructeurs des deux villages en s’appuyant sur les travaux du psychologue et survivant de la Shoah Ervin Staub. Ce dernier a, dans son livre « Les racines du Mal; Essai sur les génocides et les violences collectives », analysé le processus menant à  la violence de masse, ses racines psychologiques et sociales. « Notre rôle est de responsabiliser les gens », d’en faire des « témoins actifs » qui peuvent « oser dire « non » aux actions qui mènent à  la violence », explique Aimable Twahirwa, à  la tête du projet réalisé par l’ONG néerlandaise La Benevolencij. Dix ans après le début du programme, les personnages ont atteint «l’étape du dialogue, de la réconciliation, malgré quelques problèmes que les personnages peuvent surmonter », détaille Charles Lwanga Rukundo, l’un des scénaristes de l’émission. « Le génocide a laissé des séquelles, comme le traumatisme, mais nous montrons que malgré cela, il est possible de dialoguer, de demander pardon », poursuit-il. Suspense, humour, histoires d’amour, sont les ingrédients de cette série dont le succès au fil des années ne s’est pas démenti. Une façon de prouver que ce qui a servi à  détruire peut servir à  reconstruire. « Musekeweya est venu comme un enseignement, pour que la tragédie de 1994 ne se reproduise pas », résume Jean Pierre, chauffeur de vélo-taxi de 25 ans.

Forum de Tombouctou : un espace privilégié pour le dialogue inter-malien

Des participants venus des régions de Kidal, de Gao et d’autres localités du pays, une délégation des refugiés maliens, des officiels des Nations Unies, de la Francophonie et du Liptako Gourma, des hommes de cultures, le forum pour la paix et la réconciliation nationale se tiendra à  Tombouctou, la cité des 333 saints, du 30 mars au 04 avril 2014. Cette rencontre entre maliens, va dans le sens des efforts déployés par le département en charge de la réconciliation nationale, pour amener les populations à  reléguer aux oubliettes les fractures et les frustrations crées du fait de l’occupation des régions du Nord du pays par les « djihadistes ». Foras nationaux Des foras ont été tenus dans tous les cercles de la région avant cette rencontre baptisée « semaine de Tombouctou pour la paix et la réconciliation nationale ». Ils visaient à  recueillir les préoccupations des délégués locaux. Tout au long de ce forum, les échanges porteront sur la « contribution de la jeunesse à  la démarche de réconciliation nationale » , « Mille ans d’histoire pour féconder la paix et la réconciliation nationale » , « Manuscrits de Tombouctou : quels enseignements pour la construction d’une nation paisible et réconciliée avec elle-même ? » et « l’ islam, tolérance et réconciliation nationale. » A l’ouverture de la rencontre, le ministre de l’intérieur, M. Sada Samaké, qui la présidait, a déclaré : « Vous saurez vous parler les uns les autres, dire la vérité en face, et trouver les réponses adéquates aux préoccupations communes dans un esprit de solidarité, de cohésion et d’unité dans la diversité. ». De fait, il est digne que le Gouvernement se soit engagé à  faire face à  la crise grave qui a violemment secoué le Mali, jusque dans ses fondements, mettant en péril le vivre-ensemble surtout dans les trois régions libérées des terro-bandits. Après la libération, l’heure est désormais à  la recherche des solutions ou réponses adéquates aux aspirations des populations concernées, surtout les jeunes. Pour sa part, le maire de la commune urbaine de Tombouctou a affirmé que « Tombouctou retrouve ses repères d’antan après une longue période de turbulence et d’occupation par les envahisseurs obscurantistes». Ajoutons que seront abordées au cours de cette rencontre les questions relatives à  la sécurité, au développement accéléré des régions du Nord du Mali, la reprise de l’administration et la réinsertion socioéconomique des réfugiés rapatriés.

Athlétisme à SAN : sous le signe de la réconciliation

Cette édition a suscité non seulement l’intérêt collectif de la grande famille de cette discipline avec dix huit formations présentes (un record), mais aussi et surtout l’engouement populaire dans la localité.Cette année, l’événement était présidé par le représentant du Ministre de la Jeunesse et des Sports. Il s’agit de M. Boubacar Traoré, conseiller technique du Département. On y notait aussi la présence d’illustres personnalités sportives, politiques, administratives nationales, régionales et locales. A la cérémonie d’ouverture, les différents intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de donner plus d’envergure à  l’événement pour le sortir des starting-blocks de l’amateurisme. Après quelques deux ans d’interruption liées à  la crise qu’a connue le Mali, cette 23e édition a affiché complet avec la présence de toutes les ligues régionales venues rivaliser avec les clubs traditionnels (AS Réal, Djoliba AC, Stade Malien, USFAS) et les nouveaux centres de la capitale. Plusieurs finales se sont disputées le premier jour, juste après cette cérémonie d’ouverture. Il s’agit notamment des 100m hommes et dames. Le sprint féminin a été remporté par la revenante Yah Koà¯ta (Stade malien) qui revient en forme. Dans l’ensemble, les ténors sont restés maà®tres des pistes dans plusieurs épreuves. Il s’agit notamment de Yah Koà¯ta (Stade malien, sprint), Oumou S. Diarra (DAC, 1 500m), Djénébou Danté (AS Police, 400m, relais 4×400 et 400x100m), Moussa Camara (DAC, 1 500m)… Au finish, la tradition a été respectée avec le sacre de l’USFAS au classement général. Les Militaires sont suivis des Stadistes et des Policiers (AS Police) qui ont relégué les Rouges du Djoliba au pied du podium (4e). Mais, au bout du compte, C’’est tout le monde qui a gagné. Et les constats positifs n’ont pas manqué. En effet comme l’a si bien dit M. Boubacar Traoré, représentant le Ministre Mamadou Gaoussou Diarra, «l’espoir est permis parce que nous avons constaté que l’athlétisme se rajeunit à  la base. Ce qui suppose un fort engouement des enfants pour la discipline. La multiplication des centres est aussi un autre bon point à  l’actif de la discipline. Tout comme la forte mobilisation des Sanois pour faire de l’événement une fête populaire». La manifestation a été agrémentée par une chatoyante et pittoresque prestation des troupes folkloriques du terroir de Santoro Karentela ! Une pionnière préside la FMA Lors de la première édition du meeting d’athlétisme de San, en 1980, elle était athlète et avait brillamment défendu les couleurs de la ligue de Bamako.34 ans après, Mme Sangaré Aminata Kéita préside aujourd’hui aux destinées de la Fédération malienne d’athlétisme (FMA) avec la même hargne et le même engagement. Un formidable parcours pour une grande Dame qui a dédié sa vie au sport et qui s’est frayée allègrement un parcours atypique dans le management du secteur. Pour cette première édition en tant que présidente, le pari est gagné pour la première vice-présidente du Comité National Olympique et Sportif du Mali (une première aussi), car Ami (pour les intimes) a réussi à  rassembler toutes les ligues et clubs du pays autour du thème de la réconciliation et en suscitant l’adhésion populaire à  l’événement. La présidente Aminata Kéita a de l’ambition pour la discipline et se bat déjà  pour avoir les moyens de les concrétiser !

Réconciliation et reconstruction : les femmes sont incontournables

Quelle est la place qui sera accordée à  la femme dans le processus de la réconciliation et la reconstruction ? Comment mieux prendre en compte les femmes dans ce processus ? Quel rôle peuvent –t- elles y jouer? Telles sont entre autres les questions qui occuperont les participantes à  l’atelier de réflexion sur l’engagement des femmes dans le processus de paix et de réconciliation au niveau local et national au Mali : acquis limites et perspectives. l’atelier a ouvert ses portes le jeudi 20 mars à  l’hôtel Mandé. Organisé National Démocratic Institue(NDI) en partenariat de l’ambassade de Grande Bretagne au Mali, cet atelier a pour objectif principal de créer un espace d’échanges sur les concepts de Genre et Femmes dans la construction de la paix et les processus de réconciliation. Il sera également question de partage d’expérience sur des études de cas menées ou initiatives réalisées. Les femmes leaders, au service de la paix dans leurs communautés Le directeur résident de NDI au Mali a rappelé à  cet effet que les cadres de réflexions pour promouvoir l’engagement des femmes n’ont pas manqué durant la crise. Plusieurs initiatives ont été menées par les femmes. Il s’agit les conférences de presses et fora organisées par le cadre de concertation des femmes des partis politiques, la concertation nationale de la société civile et le forum des femmes organisées. En ce qui concerne cet atelier, la réconciliation est un processus de bas en haut, selon le directeur résident NDI. Par le bas, précise–t-il en mobilisant et en impliquant les communautés à  la base; et par le haut que la préoccupation des communautés à  la base orientent les décisions et les mesures en matières de justices, en matières de reconstruction et de développement. « Cette initiative sera mise en œuvre sur l’ensemble du territoire nationale. Dans ce sens, seront organisées des foras inter et intracommunautaires d’échanges conduits par des femmes leaders communautaires à  la base » a expliqué le Dr Badié Hima. Maitre Saran Keita, présidente du réseau Paix et Sécurité des femmes de l’Espace CEDEAO , a remercié le NDI et son partenaire pour leur accompagnement des femmes dans cette réflexion. « Les recommandations issues des travaux du présent atelier nous donnerons des éléments de stratégiques pour l’atteinte des résultats du projet». Quant à  Mme Coulibaly Sika Keita, représentante du ministre de la promotion de femme de l’enfant et de la famille, cette implication des femmes dans leur diversité leur permettra de jouer pleinement leur rôle pour panser les C’œurs meurtris. Elle les a incité à  discuter avec les autres femmes des zones urbaines et rurales. « Nous restons convaincus qu’avec l’expérience de terrain que vous avez, votre engagement et votre détermination, vous saurez tirez profit de ces trois jours de travaux pour approprier le projet» a pour sa part déclaré M. Adrien HUNT, premier conseilleur de l’ambassade de grande Bretagne.

Commission Vérité, Justice et Réconciliation, mode d’emploi

La Commission Vérité, justice et réconciliation tarde à  se mettre en branle et cela depuis la transition, lorsqu’elle a été mise en place sous le nom de Commission Dialogue et Réconciliation(C. Mais les choses semblent vouloir bouger ces derniers temps. En décembre dernier, le pouvoir a décidé de restructurer la CDR en Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Parmi ces missions phares, contribuer à  instaurer une paix durable par la recherche de la vérité et enquêter sur les violations graves des droits de l’homme commises envers les femmes et les enfants par des mesures de réparation. D’un autre côté, la commission sera également chargée de mener des enquêtes sur les cas d’atteinte à  la mémoire individuelle et collective et au patrimoine culturel, suite aux destructions sur de nombreux mausolées à  Tombouctou et ailleurs. Dialogue inter et intracommunautaire Pour la nouvelle commission, qui intègre le mot « Justice » désormais, il s’agira de faciliter ce dialogue intra et inter communautaire entre les populations et le dialogue entre l’Etat et les populations, promouvoir auprès des communautés le respect de l’Etat de droit, des valeurs républicaines, démocratiques, socioculturelles. Une tâche pour le moins herculéenne, quant on sait les blessures et les ranC’œurs issues des querelles historiques entre communautés ethniques du Mali. L’affrontement entre peuls et Touaregs à  Tamkoutat le 6 février dernier, a sans doute mis un coup d’accélérateur au processus de réconciliation nationale, comme un signal quant à  l’implosion potentielle de cette relative accalmie au sein des communautés du nord. En effet, les députés devront ce vendredi plancher sur les statuts et les missions de la Commission Vérité Justice et réconciliation en plénière à  l’Assemblée Nationale, mais beaucoup émettent de nombreuses réserves quant à  son efficacité. « En réalité, la commission n’a jamais pu démarrer ses travaux en raison du timing, de la stabilisation en cours au Mali, puis l’installation du nouveau pouvoir. Tous ces éléments ont en quelque sorte retardé la mise en œuvre du processus », explique Mme Coulibaly, chargée de communication à  ladite commission. Autre point de discorde, la Commission devra enquêter sur les conflits allant de 1960, depuis la période de l’indépendance à  nos jours, ce qui fait à  dire à  certains, qu’elle doit uniquement se concentrer sur la période 2012-2013, au plus fort de l’occupation djihadiste au Nord du Mali. Rendez-vous en plénière.

Nord Mali : dialogue en vue

Des concertations pourraient avoir lieu dès vendredi, a annoncé Cheick Oumar Diarrah, ministre de la réconciliation nationale et du développement des régions du Nord, probablement à  Gao et Kidal, une zone o๠le ministre s’est déjà  rendu. Des rencontres informelles auraient aussi eu lieu mardi soir à  Bamako entre les autorités et certains représentants des mouvements armés du Nord, de sources concordantes. Après les évènements du 6 février dernier o๠près de 30 Touaregs ont été assassinés, il fallait réagir face à  une zone en proie à  l’instabilité chronique. Sans compter l’enlèvement d’une équipe du CICR, revendiqué par le Mujao, qui jusqu’à  cet incident, s’était retranché dans le silence tout comme les autres engeances djihadistes du Nord Mali. Pour le ministre Diarrah, la violence à  Tamkoutat, entre peulhs et touaregs résulte de vieilles querelles liées à  la terre et peuvent resurgir à  tout moment, d’o๠l’urgence d’établir ce dialogue rapidement. A cet égard, la Commission, Vérité, Justice et réconciliation, qui demeurait inactive et sans feuille de route véritable jusque là , devra entrer en scène. Elle aura à  recenser les différents conflits, à  établir une cartographie des crimes commis et des auteurs, pour que justice et réparation soient faites. Un travail de longue haleine et qui n’a toujours pas débuté, d’o๠les nombreuses réserves sur l’utilité de cette Commission. Après installation du gouvernement, il avait aussi été annoncé des foras intercommunautaires dans les localités du Nord, et pas seulement à  Bamako, o๠beaucoup de ressortissants du Nord, avaient estimé n’être pas représentés lors des assises du nord en novembre dernier. Alors que la médiation burkinabè semble désormais contestée par le Mali du fait de l’accointance de Ouaga avec le MNLA, plusieurs autres médiateurs entrent en scène, l’Algérie, le Maroc, afin de poser au plus vite les jalons de ce dialogue intercommunautaire. Car plus le Mali attend, plus les groupes armés, qui communiquent davantage et investissent les médias internationaux au détriment du Mali, gagnent du terrain. En témoigne cette réapparition soudaine du Mujao, qu’on croyait endormi pour un bon moment.

Affrontements intercommunautaires : Cheick Oumar Diarrah réagit

Après l’affrontement du 6 février qui a fait 30 morts et des blessés dans la Commune rurale de Djébook, région de Gao, le gouvernement a dépêché une mission sur place. Elle était conduite par le ministre de la Sécurité qui a rendu visite aux blessés et aux familles des victimes et présenter les condoléances du gouvernement. Face à  la presse, Cheick Oumar Diarrah a affirmé : « Le gouvernement fera en sorte que tous les coupables soient arrêtés et mis à  la disposition de la justice. Des arrestations ont eu lieu et les intéressés ont été remis à  la gendarmerie. Les enquêtes sont en cours, C’’est pourquoi je ne pourrais pas aller loin dans mes commentaires. Mais il faut que les gens sachent qu’il y a un Etat qui a ses lois ». Interrogé sur l’identité des assaillants, le ministre Diarrah a souligné que seule l’enquête permettra de répondre à  cette préoccupation. « C’’est l’enquête qui va dire qui sont ces individus, à  quel groupe ils sont affiliés et à  quelles fins ont-ils agi ». Pour Cheick Oumar Diarrah, ce qui s’est passé est la résultante d’un conflit latent, structuré autour du foncier et du bétail et qui met aux prises Peulhs et Touaregs. « On est dans une zone d’insécurité o๠les armes circulent librement et l’Etat n’a pas encore une présence effective. Nous avons aussi connu une dégradation de ceux qui y représentaient l’Etat. C’’est pourquoi ces conflits peuvent éclater à  tout moment », a souligné le ministre de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord. Dans les jours à  venir, la Commission vérité justice et réconciliation va être mise en place. Cette commission, aux dires du ministre, devra établir la cartographie de tous les crimes commis au Mali, organiser le retour des réfugiés, faire en sorte que les auteurs des violences soient répertoriés et punis et que réparation soit faite aux victimes.

Ouverture du forum national des jeunes

Près de 300 jeunes, soit 20 délégués par région et chacune des 6 communes du district de Bamako et de la diaspora, participent à  ce forum qui a comme thème principal : « Les jeunes dans la réconciliation, la consolidation de la paix et la reconstruction nationale ». Un espace d’échanges En effet, cette rencontre de Bamako est un espace d’échanges, de réflexion, d’analyses et de propositions, qui doit permettre de mieux impliquer les jeunes du pays dans le processus de réconciliation et de la reconstruction. Deux principaux défis que les autorités maliennes doivent relever après de longs mois de crise. En présidant la cérémonie d’ouverture, le ministre de la jeunesse et des sports, Me Mahamadou Gaoussou Diarra, dira que l’idée d’organiser une telle rencontre d’échanges entre les jeunes et les experts qui s’intéressent à  leurs préoccupations découle de plusieurs constats. Il s’agit des constats établis suite à  la profonde crise sociale, institutionnelle et sécuritaire que le Mali a connue en 2012 et qui a affecté l’unité nationale en rendant difficile la cohabitation entre les différentes communautés et couches socioprofessionnelle du pays. Représentant plus de 60 % de la population malienne, cette jeunesse a besoin d’être encadrée, outillée, bref être renforcée pour en faire le levain de la cohésion sociale, le ciment du vivre ensemble, mais aussi et surtout un moteur pour la transformation sociale, estime le ministre Diarra. Conscient de ces attentes et enjeux, le ministère de la jeunesse et des sports entend jeter les bases d’une prise de conscience pour une participation citoyenne effective des jeunes aux grands défis de l’ heure (coexistence pacifique, l’ amour de la patrie sur la base du respect des symboles de l’ Etat, le bien-être commun) à  travers l’ organisation d’ un Forum national, souligne le ministre Me Mahamadou Gaoussou Diarra devant des anciens ministres de la jeunesse présents à  ses côtés lors de la cérémonie d’ouverture.  » Incarner l’idéal du développement durable » A sa suite, le nouveau président du Conseil National de la jeunesse du Mali (CNJ-MALI), Mohamed Salia Touré, a, dès l’entame de ses propos, commencé à  appeler les jeunes à  plus de cohésion et à  ne pas surtout céder à  la tentation de la haine parce que la malveillance est une maladie. « Incarnons l’idéal du développement durable, du règlement pacifique de nos différends, de la paix et de la cohésion sociale », a-t-il affirmé. A l’en croire, ce forum, plus que jamais, est un créneau sûr qui favorisera des échanges très fructueux entre les jeunes d’un même pays. « Les recommandations de ce forum viendront renforcer notre conviction que des mesures préventives adéquates peuvent avoir des effets spectaculaires sur le développement et le bien être des populations maliennes », a conclu, tout souriant Mohamed Salia Touré, président du CNJ-MALI. Soulignons que, les travaux dudit forum s’inspireront des recommandations issues des Etats Généraux sur la décentralisation et les Assises Nationales sur le Nord de 2013.

Paix et réconciliation: le Mali à l’école du Rwanda

De jeunes leaders d’associations se sont mis ensemble pour faire leur part d’efforts dans le processus de paix au Mali. « La réconciliation nationale, la reconstruction du pays et une solution de paix est nécessaire à  trouver avec la couche juvénile du Mali » indique Souleymane Satigui Sidibé, président du mouvement national des jeunes patriotes du Mali (MONAJEP-Mali). Une dizaine de jeunes maliens se trouvent actuellement à  Kigali, la capitale du Rwanda, pays des mille collines. l’événement qui les réunit s’appelle l’International H.O.P.E Week, une semaine culturelle, humanitaire et aussi de développement. « C’’est un programme d’actions de la jeunesse malienne, pour œuvrer à  favoriser et à  valoriser le vivre-ensemble dans le respect de la pluralité culturelle qui est une richesse caractéristique du Mali » affirme Hawa Dème-Sarr, présidente de l’ADEM-France (association des étudiants et diplômés maliens de France). Le premier objectif de cette rencontre qui regroupe 54 pays est de véhiculer des messages d’espoir de la jeunesse malienne. Ceci ayant pour but d’aider à  alerter les décideurs politiques sur les défis à  relever afin que naisse un nouveau Mali fort. «Nous voulons nous inspirer du modèle rwandais surtout concernant l’accompagnement des jeunes et leur insertion socioprofessionnelle. Nous avons des partenaires qui nous aident en ce sens, mais l’idée est de mettre d’autres exemples à  profit » confie Mariam Coulibaly, président de l’ADEM-Mali. ADEM aide les étudiants et futurs étudiants pour leur formation dans les universités au Mali ou ailleurs, particulièrement en France. Les jeunes diplômés sont à  leur tour orientés selon leur acquis afin d’intégrer le marché de l’emploi entre autres. « La jeunesse malienne a beaucoup à  gagner dans cette rencontre, cela nous permettra de nous inspirer de l’expérience rwandaise pour la gestion de conflit. Ce pays a su surmonter de nombreux obstacles liés à  la crise socio-politique dans son pays. Il y aura beaucoup d’autres jeunes venus de plusieurs pays d’Afrique et d’ailleurs. Le partage d’expérience en matière d’entrepreneuriat et d’éducation » ajoute M. Sidibé du MONAJEP. « De retour, les associations qui ont la chance de participer vont mettre en œuvre des programmes pour servir la jeunesse. Nous pouvons aussi organiser un atelier de restitution pour informer d’autres associations, à  l’issue duquel un engagement sera pris pour pérenniser les acquis que nous aurons au Rwanda » pensent les participants à  l’unanimité. Les associations maliennes qui participent à  ce programme ne comptent pas s’en arrêter là . Des actions novatrices sur une période de 11 mois (décembre 2013-Novembre 2014) sont en cours. La première étape est donc la participation aux activités de l’International H.O.P.E Week. Dans un souci de porter leur pierre à  l’édifice pour la sortie de crise au Mali, ces jeunes leaders d’associations comptent organiser, au Mali, une chaà®ne humaine solidaire, dans les grandes villes du pays, sur un parcours symbolique afin de signifier l’unité nationale et mettre l’accent sur la paix. Il est aussi prévu la mise en place de groupes de discussions, l’enregistrement et la diffusion de messages de paix etc. Le Mali sera l’hôte de la semaine de la Paix qui sera préparée et organisée en septembre 2014, en prélude à  la journée internationale de la Paix célébrée le 21 septembre.Ces jeunes seront reçus vendredi après-midi par le président de la République rwandaise, son Excellence Paul Kagamé.

Mali: un match de gala consacré à paix et à la réconciliation

Le lancement officiel de ce match a été fait, samedi 30 novembre, en présence de deux ballons d`or africains et ambassadeurs pour la paix et la réconciliation au Mali, le Sénégalais El Hadj Diouf et le Camerounais Patrick Mboma, à  l’hôtel Salam. Pour l’initiateur de ce projet, Cheick Diakité, président de l’association Maliba, ce match de gala réunira de grands noms du football mondial et permettra de soutenir le Mali dans son processus de paix et de réconciliation. « Mon seul combat dans la vie, C’’est d’œuvrer pour la paix en Afrique. Je retiens beaucoup de belles choses lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de 2002 tenue au Mali », a déclaré El Hadj Diouf lors de la conférence de presse. Avant de poursuivre, « quand l’association Maliba m’a fait la proposition d’être Ambassadeur pour la paix, je n’ai pas hésité à  accepter. Je ferai appel à  beaucoup de stars mondiales pour venir jouer ce match de Gala et je ferai de nouveaux dribbles ». « Même si J’ai arrêté de jouer depuis 2005 et que J’ai pris du poids, je promets de jouer ce match, le 28 décembre 2013, pour la paix et la réconciliation au Mali », a promis pour sa part, Patrick Mboma, ex capitaine de l’équipe du Cameroun qui avait éliminé le Mali en demi-finale en 2002. 80% des fonds récoltés seront versés à  des organisations humanitaires comme le HCR, l’UNICEF, la Croix Rouge Malienne pour aider surtout les populations du nord. Soulignons que ce math de gala opposera la sélection nationale malienne à  la sélection internationale qui sera composée entre autres des joueurs comme : Zinedine Zidane, Thuram, Karambeu, Ribery, Zlatan IbrahimoviC’….

« Reconstruire la mosaïque »: les populations du Nord veulent la réconciliation

« La rupture est profonde mais pas irréparable ni irrémédiable ». Ces quelques mots du Directeur pays d’Oxfam au Mali, Mohamed Lamine Coulibaly illustrent les résultats d’une enquête menée en Juin 2013 auprès de 2000 personnes à  Gao, à  Tombouctou, à  Bamako et dans des camps de réfugiés maliens au Burkina Faso. Le rapport présenté ce jeudi au Radisson de Bamako est l’oeuvre d’une équipe composée de représentants de OXFAM, Handicap International et WILDAF Mali. Ilaria Allegrozzi, responsable de la campagne pour les droits en situation de crise au Mali à  Oxfam et co-auteure du rapport, explique le bien fondé de cette étude. « Nous avons pensé qu’il fallait donner la parole à  ceux qui ont vécu la crise, qui en ont été victimes, directement ou indirectement. Ce rapport est fidèle à  ce qui a été dit par les populations » rencontrées et interviewées sur les différents sites. Deux faits marquants au terme de ce travail de recherche: les populations veulent que la paix et la reconciliation soient effectives, mais elles désirent avant tout que justice soit rendue. « Sans jsutice, on ne peut pas parler de réconciliation, pas de recontruction du tissu social » peut-on lire dans le rapport. Plus jamais ça » Le conflit qui a secoué le Mali de 2012 à  2013 a laissé de profondes séquelles dans le tissu social malien. Les relations entre individus et communautés qui entretenaient jadis des liens particuliers ont été tendues allant parfois jusqu’à  des situations d’extrême violence, voire de haine. « Cette crise est un cauchemar pour moi, témoigne un habitant d’un village près de Tombouctou. Elle a tout bouleversé ». Malgré ce sentiment général de « désastre », et la peur et la méfiance qui se sont installées, et toujours selon le rapport, on sent une volonté très forte de tourner la page. « Plus jamais ça, nous a-t-on dit. Partout », affirme le directeur Oxfam Mali. Cependant, le rapport fait état de « minorités non négligeales, issues de populations déplacées internes et surtout réfugiées »,qui estiment « la séparation entre communautés plus appropriée pour la reconstruction du Mali ». Le « premier défi » sera donc celui du dialogue, conclut l’étude qui invite en terme de recommandation, les autorités maliennes à  écouter la voix des populations. Restaurer la communication entre les individus et les communautés, les faire « s’asseoir ensemble, se parler, se donner la main et regarder dans la même direction ». Eviter d’utiliser la question ethnique, minimisée par les populations, à  des fins politiques et promouvoir la justice pour tous, afin que le tissu social mis à  mal puisse se reconctituer correctement, en tirant des leçons des reglements des conflits précédents.Autant de pistes évoquées par les populations interrogées qui aspirent à  une normalisation rapide de leur situation sociale, économique et sécuritaire. Le rapport « Reconstruire la mosaà¯que, perspectives pour les relations sociales au nord du Mali » a été lancé simultanément au Mali et au Burkina Faso. Il fera l’objet d’une large diffusion dans les régions ciblées et d’une mission de plaidoyer auprès de l’Union Africaine à  Addis Abeba et des prinicpales capitales occidentales, partenaires de la reconstruction du Mali.

Mali : bientôt un institut pour la paix

Il s’agit d’une institution qui s’inspire de l’expérience de travail d’Interpeace, une organisation qui travaille dans ce domaine depuis une vingtaine d’années. Le Mali est une destination presque « logique » pour l’installation de ce genre d’entité. Au niveau national, il existe déjà  le ministère de la réconciliation et du développement ainsi que la commission dialogue et réconciliation. IMRAP souhaite venir aider ces institutions à  remplir leurs missions de retour de paix et de cohésion au Mali. IMRAP s’inscrit dans le long terme pour le retour de la paix sur toute l’étendue du territoire du Mali. « Nous sommes à  la recherche de documents administratifs légaux pour terminer la mise en place officielle d’IMRAP au Mali. Après cela, nous avons l’intention de rapprocher les institutions gouvernementales qui s’occupent de ce domaine tel que le ministère de la réconciliation et du développement du Nord » explique Mme Traoré Nènè Konaté, coordinatrice d’IMRAP. Après ce processus pour officialiser l’existence de la structure, IMRAP se positionnera comme un acteur clé de la consolidation de la paix au Mali avec des phases de dialogues organisées au sein des communautés. « La paix ne se gagne pas du jour au lendemain. IMRAP sera là  pour accompagner le processus aussi longtemps qu’il le faudra » ajoute Mme Traoré. Renforcer l’unité entre les populations maliennes « A travers l’animation et les espaces de dialogue qui seront conçus, il sera question de faciliter la construction d’une vision commune pour un avenir partagé transcendant tous les clivages présents dans la société malienne. Des passerelles de dialogue seront établies entre les différents secteurs de la société et les institutions de l’Etat. Des informations seront produites et diffusées à  large échelle de façon impartiale et professionnelle dans toutes les langues parlées au Mali pour contribuer au dialogue entre les différentes communautés » précise Mme Traoré. IMRAP est accompagné par son partenaire international Interpeace qui intervient dans les pays en situation de post conflit « nous voulons nous positionner en tant qu’acteur national pour la dynamique de la réconciliation et de la paix durable en appui aux institutions étatiques déjà  existantes » conclue Mme Traoré Nènè Konaté, coordinatrice d’IMRAP. Le Mali se remet peu à  peu de 18 mois de conflit politico-sécuritaire. De nombreuses menaces pèsent effectivement sur la cohésion dans le pays entre les différents peuples. Des travaux sont en cours pour améliorer cette situation difficile à  vivre pour tous.

Dialogue tous azimuts avec les représentants du nord

Le vœu d’Ibrahim Boubacar Keita à  peine investi était d’instaurer rapidement le dialogue avec le nord. Côté diplomatique, les choses s’accélèrent, avec les différentes prises de contacts entamées dans la capitale mais aussi au nord. Le voyage à  Kidal de trois ministres pour baliser le terrain est une illustration de la volonté de recréer ce lien social et nationale avec la partie septentrionale de notre pays. L’unité est en jeu mais surtout l’intégrité du territoire national et la cohésion sociale, meurtrie par des mois de crise. A Bamako, plusieurs fronts : Une rencontre à  l’hôtel Massaley depuis dimanche réunit les représentants des différents groupés arméspour discuter de façon inclusive entre eux. Il s’agit notamment des délégués du MNLA (Mouvement de national de libération de l’Azawad), dont Brahim Ag Mohamed Assaleh, du HCUA (Haut conseil unifié de l’Azawad), dont Ahmada Ag Bibi, du MAA (Mouvement arabe de l’Azawad), dont Mohamed Mahmoud El Oumrany, et du FPR, (Front patriotique de résistance), comprenant le Gandakoy et le Ganda-Izo qui sont représentés par Me Harouna Toureh et Ibrahim Maà¯ga. Cette pré-concertation, selon le journal Lessor, est conduite par un groupe de modérateurs dont Mamadou Bamou Touré, représentant des familles fondatrices de Bamako, l’ancien ministre de la Culture, Mohamed El Moctar, et Daouda Maà¯ga, un des acteurs de l’Accord préliminaire de Ouagadougou signé le 18 juin 2013. Préparation des Assises nationales du Nord Si les négociations doivent reprendre d’ici une soixantaine de jours, il faut vite accorder les violons. A Koulouba, une rencontre réunit par ailleurs le président de la République avec différents groupes armés ce mardi. « l’une de mes priorités sera la réconciliation nationale. Je veux recoudre le tissu national abà®mé, déchiré par des mois de crise. Pour réussir J’appellerai à  un vaste dialogue national. C’’est une urgence absolue. Je convoquerai les assises nationales du Nord avant la fin de 2013″, a déclaré IBK lors de son discours d’investiture. Une plate-forme qui devra rassembler toutes les communautés du nord du pays, les forces politiques, les chefferies traditionnelles, les représentants de l’administration locale et centrale, des experts et des représentants de la société civile autour de la table, sur la base de l’existant en faisant le bilan des accords passés, les Maliens pourront discuter de façon sereine des défis du nord du pays : développement économique et social, rôle de l’Etat, lutte contre le terrorisme et le narcotrafic. Tous ensemble nous pourrons renforcer la cohésion nationale, parmi les promesses de campagne. Crever l’abcès donc, rouvrir les plaies pour mieux les panser et entame le processus de réconciliation national. Du nouveau président, on attend beaucoup notamment sur la question sensible du développement des régions nord du Mali. L’intéressé semble l’avoir compris et pris la mesure des choses…

Comment en finir avec le No man’s land du Nord ?

La création de ce département est un pacte moral entre IBK et le peuple malien. La paix et la réconciliation ont constitué l’alpha et l’oméga de la campagne présidentielle autour de l’honneur et du Mali d’abord :« Notre IBK est un homme de parole qui fait ce qu’il dit. Il faut un tel département pour résoudre définitivement le problème récurrent du nord », estime Alfousseyni Camara membre du rassemblement pour le Mali (RPM), parti politique du président élu. Le ministère de la réconciliation et du développement du Nord renforcera la capacité de la commission nationale de Dialogue et de la réconciliation mise en place pendant la transition. Selon Alioune Gueye, membre de cette commission : « elle permet de renforcer la dynamique enclenchée au niveau de la commission. C’’est une bonne chose puisque la commission est représentative de toutes les sensibilités maliennes ». La nouvelle stratégie d’IBK pour en finir avec la crise du Nord Le Mali n’avait jamais été aussi atteint dans son honneur et dans sa dignité que par la chute des trois régions du nord. Pourtant, auparavant des efforts colossaux ont été déployés pour résoudre ce problème de la rébellion du Nord devenu récurrent. Le pacte National en 1992, la flamme de la paix, l’Accord d’Alger en 2006, et la création de l’agence pour le développement du Nord du Mali (ADN). Cette structure à  vocation inter régionale a eu pour mission d’impulser le développement dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal. Plus de 1000 milliards de francs CFA ont été investis dans ces régions. Tous ces efforts dans le but de stabiliser la partie septentrionale du Mali ont été vains. Le nouveau président Ibrahim Boubacar Keita aurait-il une baguette magique pour mettre fin définitivement à  ce problème ? La composition du gouvernement laisse afficher sa détermination à  prendre à  bras le corps la crise du nord. En plus de la création du ministère de la réconciliation et du développement du Nord, Zahaby Sidi Ould Mohamed, un ancien chef rebelle des années 1990, occupe le portefeuille de la diplomatie malienne. Celui-ci est au parfum de l’atmosphère qui prévalu d’une part, et des aides censées avoir été injectées au Nord, durant cette rébellion récurrente, d’autre part. Il travaillait dans une agence des Nations unies, avant sa nomination. C’’est un interlocuteur capable de persuader les partenaires du bien fondé de l’intangibilité des frontières maliennes. Les assises nationales du Nord bientôt organisées Par ailleurs, C’’est aussi un ressortissant du Nord, Soumeylou Boubèye Maà¯ga, connaissant bien le dossier du Nord du Mali, les tenants et les aboutissants de l’équation sécuritaire, pour avoir été plusieurs fois ministre de la défense et des Affaires étrangères, qui s’attaquera à  la difficile question du Nord.Il dirige à  nouveau le département de la défense. Voilà  un signal fort à  l’adresse du MNLA et du HCUA, qui devront mettre le holà  dans leur discours irrédentistes et sécessionnistes lors des pourparlers. Personne mieux que les Algériens ne connait la versatilité des groupes dissidents maliens et la fragilité des alliances de circonstance qu’ils nouent et dénouent entre eux. Sa médiation de la dernière chance entre Bamako et Ansar Eddine a été sabordée par le brusque ralliement de ce groupe islamiste aux partisans d’un assaut terroriste contre la capitale malienne. Les rebelles touaregues ont donné un délai de 60 jours au nouveau président pour reprendre les pourparlers. A en croire le ministre de la réconciliation et du développement du Nord-Mali, Cheick Oumar Diarrah, les assises nationales sur le Nord auront bien lieu dans deux mois.