Inondations : quelle prise en charge des sinistrés ?

Selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA Mali), au 3 octobre 2022, plus de 41 000 personnes étaient sinistrées par des inondations depuis le début de la saison des pluies dans le pays. Les acteurs humanitaires, en appui à l’État, sont à pied d’œuvre pour porter assistance à ces victimes.

Fin septembre, dans le cercle de Djenné, dans la région de Mopti, le fleuve Bani, sorti de son lit et dépassant  sa cote d’alerte de plus de six mètres et demi, a occasionné des « inondations spectaculaires » dans 13 localités, affectant 12 860 personnes.  Depuis, l’assistance s’organise pour venir en aide à ces populations du centre du Mali.

C’est OCHA Mali qui coordonne les différentes actions d’aide, notamment celles de l’État, à travers la Protection civile, fortement mobilisée auprès des sinistrés et d’autres acteurs humanitaires.

Réponses d’urgence

« Aussi bien les acteurs humanitaires que les partenaires de l’État aident les ONG à venir en aide à ces personnes sinistrés. Il y a eu des tentes distribuées, mais aussi d’autres non vivres, comme les nattes et les moustiquaires », indique Ibrahima Koné, Chargé national de l’Information publique à OCHA Mali.

Des produits pharmaceutiques, des couvertures, des seaux en plastique, des cartons de savon ont été également distribués avec le concours de la Direction régionale de la Protection civile de Mopti et de partenaires comme l’Unicef, le PAM, la Croix-Rouge malienne et les ONG Care et Save the Children.

Les sinistrés du cercle de Djenné bénéficient également d’assistance en vivres. À en croire un rapport du mois de septembre de la Direction régionale du Développement social et de l’économie solidaire (DRDSES), près de 1 500 ménages ont été assistés avec plus de 65 tonnes de riz, 4 500 litres d’huile, 23 tonnes de mil et 460 kg de sel.

Bilan élevé

La région de Mopti n’est pas la seule à être touchée par les inondations. Selon une compilation des données des Directions régionales du Développement social et de l’économie solidaire réalisé par OCHA, à la date du 25 septembre dernier 9 649 personnes étaient sinistrées dans la région de Koulikoro, 9 168 à Ségou, 4 844 dans le District de Bamako, 3 844 dans la région de Gao, 1 269 à Tombouctou, 112 à Sikasso, 77 à Kidal et 64 à Kayes.

Sur l’ensemble du pays, 5 177 ménages sont touchés. 5 632 maisons ont été détruites, 600 points d’eau endommagés et 7 personnes sont décédées.

Fortes pluies: Plus de 68 600 personnes touchées par les inondations

Les inondations enregistrées depuis mai ont affecté 68 670 personnes et causé 20 morts au 31 août selon les données recueillies auprès des autorités maliennes. Le nombre de personnes touchées pourrait dépasser les prévisions du gouvernement estimant autour de 81 000 la population à risque cette année si de fortes pluies ou un débordement des cours d’eau survenaient dans les semaines à venir.

Avec environ 24 100 personnes affectées – 35 pour cent du total – la région de Tombouctou, enregistre le plus grand nombre de sinistrés. A titre comparatif, en septembre 2018, les inondations avaient touché plus de 130 000 personnes dans le pays et causé 13 décès selon la Direction générale de la protection civile.

Les inondations ont entraîné d’importants dégâts matériels ainsi que des pertes de surfaces emblavées et de têtes de bétail. Les évaluations menées dans les zones affectées permettront de quantifier ces différentes pertes.

Des besoins urgents sont identifiés dans les secteurs des abris/BNA, des vivres, de la santé, de la nutrition, de l’eau, l’hygiène et l’assainissement, de la protection et de l’éducation. Les autorités maliennes et les partenaires humanitaires apportent l’assistance aux familles affectées. Toutefois pour combler l’insuffisance de l’aide fournie actuellement, un plan de réponse d’urgence du Gouvernement est en phase d’élaboration.

Source: Rapport unocha

Hivernage : Attention aux risques d’inondation !

Des pluies diluviennes tombées dans la nuit du 18 au 19 juin en Côte d’Ivoire ont  provoqué des inondations et fait plusieurs victimes dans certains quartiers de la capitale, Abidjan. Comme à Bamako en 2013. Une situation récurrente qui interpelle les acteurs, alors que la capitale malienne connait ses premières « grandes pluies ».

Comme au début de chaque hivernage, les opérations de curage des caniveaux de Bamako se multiplient. Dans plusieurs quartiers de la capitale, on peut déjà observer des tas de déchets au bord des fossés, attendant d’être évacués. Des mesures destinées à anticiper les risques d’inondation dans une ville où les actes d’incivisme contribuent très souvent à rendre inefficaces les ouvrages de drainage, là où ils existent.

Ces risques ne sont en tout cas pas à minimiser, selon le bulletin de prévision climatique saisonnière de Mali Météo pour la période de juin à septembre 2018. Et, compte tenu des caractéristiques de la saison en cours, ce bulletin préconise certaines mesures, destinées à anticiper non seulement les risques de sécheresse dans certaines zones du pays, mais aussi les risques d’inondation.

« En terme de cumul pluviométrique, celui de cette année sera nettement supérieur à l’année dernière. Le début et la fin de la saison étant difficiles, les pluies vont se concentrer en milieu de saison, ce qui engendrera forcément des inondations », note Madame Diabaté Fatoumata Sangho, prévisionniste à Mali Météo. « Le risque d’inondation étant associé à la fois au débordement des cours d’eau et aux pluies intenses », le bulletin recommande notamment de mettre en place des dispositifs de prévention et d’éviter l’occupation anarchique des zones inondables.

Pour lutter contre les risques d’inondation dans la ville de Bamako, plusieurs structures disposent de budgets dédiés à l’entretien des ouvrages de drainage des eaux pluviales, dont la Direction nationale des routes, pour l’entretien des voies et le curage des caniveaux affectés dans le cadre de ces travaux.

La Direction nationale du contrôle des pollutions et nuisances, quant à elle, est chargée de l’entretien des collecteurs. Outre ces acteurs, la Mairie du District intervient également dans le curage des caniveaux des voies principales, en dehors de ceux programmés par les directions nationales, et surtout « des points à risque d’inondation », précise M. Oumar Konaté, Directeur des Services  urbains de voirie et d’assainissement du District de Bamako (DESUVA).

Le dispositif est complété par les mairies des différentes communes de la capitale. Même si ces actions sont le plus souvent menées sous forme d’actions citoyennes appuyées par les mairies.

Habitat: Maisons en sursis

Il y a à peine un mois, dans la nuit du 13 au 14 août 2017, une gigantesque coulée de boue dévale une colline en banlieue de Freetown, capitale de la Sierra Leone. Après des pluies diluviennes, il n’aura fallu que quelques minutes pour qu’un glissement de terrain entraine des centaines d’habitations et déciment des familles entières. Les images de la configuration du quartier mutilé n’ont pas été sans rappeler les réalités d’une autre capitale africaine : Bamako. En l’espace de dix ans, l’habitat humain a colonisé, sans aucun cadre, les collines qui entourent la ville. Au même moment, on exploite à outrance les minerais et en particulier le sable qui les compose. Faisant craindre une catastrophe majeure.

« Personne ne peut dire qu’il ne sait pas que c’est dangereux de vivre ici. Que pouvons-nous faire ? Nous n’avons nulle part où aller ». Cette phrase prononcée d’un ton désabusé par une mère de famille, habitante de la commune 1 du District de Bamako, résume l’opinion des centaines de milliers de personnes qui vivent à flanc ou au pied des collines qui entourent Bamako. La ville est en effet une cuvette entourée de collines, dont les capacités ont largement été dépassées par ses quelques trois millions d’habitants. Ces derniers, toujours en quête de logement, s’éloignent de plus en plus du centre ville saturé et cherchent des solutions de logement en périphérie de plus en plus éloignée ou en hauteur, à flanc de colline. Des quartiers entiers ont ainsi vu le jour, sans aucun encadrement ni autorisation, si l’on en croit les pouvoirs publics. « Ces constructions ne font pas partie du tissu urbain de Bamako » déclare Drissa Coulibaly, directeur national de l’urbanisme et de l’habitat. Le technicien déplore ces installations qu’il qualifie d’anarchiques. Au Mali, la loi est en effet claire. L’article 3 du décret n° 05 113 P-RM du 9 mars 2005 fixant les règles spécifiques applicables aux différentes catégories de servitudes en matière d’urbanisme cite « les zones d’éboulements, d’érosion, d’inondation, et d’autres de catastrophes naturelles » comme servitudes non aedificandi (non constructible). Leur zone de protection varie de 50 à 200 m.

Zangué Coulibaly habite un de ces quartiers, celui de Banconi Razel. Ce nom est composé de celui de la rivière qui traverse la zone et de celui de la société qui, durant des années, a exploité les collines transformées en carrières de minerai. A Banconi Razel, « les gens ne sont pas là à l’insu de la mairie. Ils ont des papiers de la mairie. Donc, les autorités sont au courant de ce qui se passe ici. Les bornages ont bien été faits ? On a donc donné des papiers aux gens ! Comment peuvent-ils dire qu’ils ne sont pas au courant », soutient-il. « On ne peut pas dire que ce soit la mairie qui donne ces parcelles », nuance pour sa part Moussa Goïta, qui habite dans la même zone. « Les endroits que la mairie donne sont plus bas. On a déjà vu des agents de la mairie venir déguerpir les gens mais vous-même vous connaissez ce pays. Les gens vont négocier et ils reviennent s’installer » poursuit-il. A la mairie, on assure effectivement faire ce qu’il faut. « Nous allons régulièrement les voir, surtout en saison des pluies, pour les sensibiliser au danger qu’ils encourent. Il y a des actions qui sont faites pour les faire partir, mais rien n’y fait », confie un conseiller communal.

Un terrain instable « Quand on prend le paysage de Bamako, c’est un paysage fluvial, c’est le fleuve qui a façonné le relief de la ville. A travers le temps, il a fait sa route et a déposé des éléments en fonction des pluies et a laissé beaucoup de dépôts. On peut les voir dans la ville. Quand on prend la colline de Badalabougou, Magnambougou, Kalaban-coro…, toute la ville est bâtie sur ce que le fleuve a laissé sur son passage comme dépôt », explique N’tji dit Jacques Dembélé, maître-assistant à la Faculté d’histoire et géographie de Bamako, spécialiste de géologie du quaternaire et de géomorphologie. Il tient, avec ses collègues chercheurs, le Laboratoire Homme – Peuplement – Environnement qui étudie « comment l’environnement que Bamako occupe a évolué pendant les dernières deux millions d’années, ce qui est un temps long à vue d’homme, mais au vue de l’espace-temps, c’est une fraction de seconde ». « Les sédiments qui constituent les collines qui entourent la ville sont essentiellement des limons, de l’argile et du sable. Ce dernier matériau est très recherché dans une ville en chantier quasi permanent. L’exploitation de ce minerai, de très bonne qualité selon le chercheur, a mobilisé des entreprises formelles et informelles, dont les méthodes d’extraction ont fortement impacté le paysage de la ville. « Aujourd’hui, il y a des profils entiers qui ont disparu. Nous allons sur le terrain chaque année. Et à chaque fois, nous sommes sûrs de ne pas retrouver ce que nous y avions laissé. Les collines disparaissent à grande vitesse ». Quand elles ne sont pas colonisées.

Ces deux usages qui cohabitent augmentent encore plus le risque de catastrophe majeure. « Pendant la saison des pluies 2012, toute une famille avait perdu la vie dans un éboulement survenu  dans le quartier de Sikoro dans la zone appelée Bandiagara Kourani », se souvient cet ingénieur. Moussa Goïta se souvient lui d’un autre évènement. « Il est déjà arrivé que la colline s’effondre. Il y a quelques années, elle est tombée sur une maison. Heureusement pour nous, tout le monde était sorti », souffle-t-il. « On vend les collines comme des lots à usage d’habitation. Le piquet est placé en haut, et on le suit du sommet jusqu’à la base, au fur et à mesure que la colline est cassée, jusqu’au jour où le piquet se retrouve au ras du sol. Dès le lendemain, vous verrez des gens creuser pour monter les fondations de leur bâtiment. Les gens ne se rendent pas compte. Deuxièmement, il y a des gens qui ont déjà construit au sommet, alors que ceux qui sont en bas sont en train d’enlever le sable », témoigne un interlocuteur.

Aux risques d’effondrement des massifs, attaqués avec des explosifs, coupés à la machine ou à la pioche, érodés par les pluies, s’ajoute le danger du « scénario de Freetown ». « Au bord du fleuve comme par exemple à Djaniguila et à Sokorodji, on a des dépôts différents, l’eau attaque les limons et le sable. Quand l’eau contient des sédiments, elle devient beaucoup plus visqueuse et sa force, sa capacité de travail augmente. Elle peut attaquer les roches qu’elle cisaille. C’est ce qui se passe dans cette zone. C’est un danger dont les gens n’ont pas conscience », s’inquiète le géographe. Selon lui, c’est ce scénario qui a amené la catastrophe qui a frappé la capitale de la Sierra Leone en août dernier, faisant près de 1 000 morts.

Action politique requise « Les gens n’ont pas le droit d’être là et ils le savent. Pour sévir, nous avons des brigades au niveau de chaque commune. Après constat, des convocations ont été adressées aux propriétaires, des procès-verbaux de constats ont été établis et adressés aux tribunaux », confirme le directeur de l’Habitat. « Les dispositions sont prises mais en fonction des autorités. Par exemple pendant la transition, après l’éboulement, une commission a été mise en place après cette catastrophe. Après recensement et évaluation des coûts en vue du déguerpissement, la population s’est opposée à l’opération. Le temps de finaliser les négociations, le ministre a changé et on a mis fin à l’opération » se souvient notre ingénieur. Les actions des techniciens restent vaines si elles ne sont pas appuyées par les politiques, déplorent en effet les techniciens. « C’est comme dans la zone aéroportuaire. On a écrit, on a ramassé le matériel de construction, on a tout fait mais les gens continue parce qu’il y a l’impunité. Si on punissait quelques uns, les autres ne monteraient plus, mais rien n’est fait. Les gens jouent la montre, ils font fi du danger en pensant contourner la loi », explique Drissa Coulibaly. L’Observatoire national des villes, créé en mai 2016 et en cours d’opérationnalisation, mettra en synergie les différents ministères en charge de la question transversale de la gestion de la ville. Ses actions devraient permettre de mieux encadrer et suivre l’évolution de la ville, démographique comme géologique.

Inondations de 2013 : que sont devenus les sinistrés ?

Le 28 d’août 2013, de fortes pluies causaient la mort à Bamako d’au moins 30 victimes et d’importants dégâts matériels, laissant sans abri des milliers de personnes. Alors que le phénomène météorologique se reproduit et que l’on déplore déjà les mêmes conséquences, les victimes de la précédente catastrophe attendent encore le soutien promis.

Les quartiers des Communes 1 et 4 avaient été particulièrement touchées. À Sikoro, en Commune 1 du district de Bamako, tout comme à Banconi, les pertes ont été considérables. « Notre maison s’est effondrée sur nous », se souvient cette mère de famille. « Nous n’avons rien pu sauver et depuis nous sommes dans la misère », ajoute-t-elle avec amertume. Hébergée pendant des mois dans l’école AB de Sikoro, elle a pu, avec l’aide de la famille, se trouver un petit logement dans les environs avec ses enfants. « On devait nous aider à nous reloger. Jusqu’ici, rien. Nous avons été abandonnés », continue-t-elle, traduisant le point de vue de la majorité des sinistrés. En rendant visite aux victimes de la catastrophe, le ministre de l’Administration territoriale de l’époque, Moussa Sinko Coulibaly, avait en effet annoncé des mesures d’urgence mais surtout une réflexion « afin de définir les solutions sur le long terme ».

Statu quo « Depuis, j’héberge encore des parents», témoigne M. Diallo qui habite lui aussi Sikoro. « Je sais qu’ailleurs dans Bamako, à Banconi comme à Lafiabougou Taliko, la situation est la même. Rien n’a été fait pour venir durablement en aide aux sinistrés. On avait parlé d’assainir la zone avant que les gens ne reviennent. Les gens ont attendu en vain, puis ceux qui n’avaient pas le choix sont revenus s’installer », ajoute le chef de famille pour qui la « même situation est en train de se reproduire ». À l’époque, un plan de réponse avait été mis en œuvre par le gouvernement. Doté d’une enveloppe de 16 800 000 francs CFA, « il n’a permis que des actions de saupoudrage. Ce sont les ONG qui aujourd’hui encore continuent de soutenir les dizaines de familles qui demeurent dans une situation de précarité », explique un responsable communal. C’est ainsi que IFE-Mali a octroyé le 10 août 2016, une aide nutritionnelle à l’endroit des enfants de 16 familles sinistrées à Sikoro. Djelika Sidibé, victime, en a profité pour lancer un appel aux plus hautes autorités : « nous demandons que le gouvernement nous vienne en aide. Nous n’avons jusqu’ici rien vu des promesses faites ! ».

Hivernage 2016 : Attention inondations !

Un mois après le début de l’hivernage, un peu tardif cette année, dix-sept personnes sont mortes dans des inondations causées par les fortes pluies qui ont également fait beaucoup de dégâts matériels. Plusieurs régions du pays sont affectées par ces inondations particulièrement sévères, et si le gouvernement assure avoir déjà pris les mesures appropriées pour faire face à toutes les  éventualités, l’inquiétude n’en grandit pas moins au sein de la population. Les services météorologiques annoncent en effet la poursuite des phénomènes extrêmes accompagnés de vents violents et des cas d’inondations dans plusieurs zones à risques, notamment le District de Bamako, le sud-est de la région de Kayes, la région de Koulikoro, excepté le cercle de Nara, les régions de Ségou, de Sikasso, et la partie ouest de Mopti.

Les fortes précipitations sont la conséquence des changements climatiques dont le Mali subit les effets négatifs. Après avoir commencé avec plusieurs semaines de retard, l’hivernage semble désormais vouloir rattraper le temps perdu et le ciel déverse quasiment chaque jour des trombes d’eau. Aucune région n’est épargnée et la situation présente des facteurs de risque pour les populations, tant urbaines que rurales. En un mois de pluies diluviennes, le bilan des inondations à la mi-août 2016 est déjà très élevé. À la direction nationale de la protection civile, le commandant Adama Diatigui Diarra donne des détails d’où il ressort que sur les 850 ménages touchés, 35 sont à Koulikoro, 14 à Bamako, 94 à Sikasso, 112 à Ségou, 182 à Mopti, 93 à Tombouctou et 404 à Gao. Des chiffres qui correspondent à 9 135 personnes sinistrées recensés par la protection civile (141 à Koulikoro, 185 à Bamako, 4217 à Sikasso, 89 à Ségou, 1717 Mopti, 812 à Tombouctou, 2424 à Gao). Un peu partout, on assiste à des scènes de routes coupées par les eaux, de maisons effondrées, de carcasses d’animaux noyés ou de champs transformés en mare. On déplore surtout la mort de 17 personnes par noyade, et de 4 blessés. La situation est donc assez préoccupante pour que les pouvoirs publics se saisissent de la question et entreprennent dans un premier temps, de venir au secours des sinistrés, et dans un second temps de mettre en place des mesures pour limiter les dégâts.

Prises de risques et insuffisances « Le drame c’est bien le suivi des zones à risque. Tout le monde sait que dès qu’un certain seuil de précipitation est atteint, il y a des dégâts, mais on attend chaque année que la situation se présente pour venir faire des dons », déplore Mohamed Kéïta, enseignant. Un de ses proches a tout perdu dans les inondations qui ont touché le 10 août dernier la ville de Kayes. « Les gens construisent en connaissance de cause dans les bas-fonds, les marécages, les lits de rivières et après ils se plaignent », rétorque un agent de la mairie de Bamako, sous anonymat. Ce dernier reconnait cependant que les responsabilités sont partagées et qu’un véritable problème d’aménagement se pose. Un tableau récapitulatif confirmé sur les cas d’inondations fait en effet ressortir un certain nombre de causes. Il s’agit entre autres de l’insuffisance ou de l’absence de caniveaux dans certains cas, notamment à Bamako et autres grandes agglomérations du pays. C’est le sous-dimensionnement de ces ouvrages qui est pointé du doigt. À ceux-ci s’ajoutent des facteurs liés à l’occupation des services des lits des cours d’eau, l’utilisation des systèmes de drainage des eaux comme lieux de dépôt des ordures. Tous ces facteurs sont surtout occasionnés par l’incivisme des citoyens et parfois de leur ignorance. « Ce lourd bilan en termes de perte de vies humaines aurait pu être évité si les consignes de la protection civile avaient été respectées », constate le chef du bureau des opérations, le commandant Diarra.

Réactions et actions Après avoir suivi avec l’attention requise toutes les inondations du 12 juillet au 10 août, le gouvernement, à travers le ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire, pour assurer la prise en charge des sinistrés, a immédiatement mis à la disposition des localités touchées, bidons d’eau, sacs de céréales, eau de javel, comprimés de purification d’eau, nattes, sucre, savons, moustiquaires, grésil, sel, couvertures et la somme de 360 000 francs CFA. Des activités d’information et de sensibilisation ont également été menées à l’endroit des populations vivant dans les zones à risque. Une cellule de veille a été mise en place avec deux numéros verts dans les brigades de la gendarmerie, des pelletons de garde, des commissariats de police et des postes de secours routiers, afin de compléter le système d’alerte et de rendre plus prompte l’organisation des secours. En outre, le lot de matériel nécessaire aux sapeurs-pompiers pour les interventions a été pré-positionné. On estime à 61 000 le nombre de personnes susceptibles d’être affectées par les inondations, selon le plan de contingence inondation actualisé. Enfin, sur le moyen terme, une Agence nationale de gestion des catastrophes est en cours de mise en place, conformément aux recommandations de la CEDEAO.

 

Sécurité et hygiène De l’avis de Mohamed Kouyaté, chef du service prévision à l’Agence nationale de la météorologie du Mali, « on aura une saison très humide et les pluies vont continuer à tomber jusqu’au mois de novembre. Des pluies diluviennes seront accompagnées de vents très forts et parfois violents, comme cela a déjà été le cas le 16 mai dernier. Chaque fois que l’on voit un phénomène orageux, il est conseillé de se mettre à l’abri car les coups de vent qui vont précéder les pluies feront beaucoup de dégâts », explique-t-il. À cela s’ajoutent les indispensables règles d’hygiène à respecter pour éviter les maladies hydriques qui s’installent en cette période, avec en première ligne, le choléra. La purification de l’eau, même celle du robinet avant consommation, l’évacuation des ordures pour qu’elles ne stagnent pas dans l’eau et la surveillance des plus vulnérables (enfants et personnes âgées), sont les règles de base recommandées par le personnel médical. Du côté du gouvernement, le message se veut rassurant. « Il est  difficile voire impossible d’éviter les inondations. Néanmoins, le gouvernement a adopté des stratégies d’intervention de solidarité d’action sociale et d’action humanitaire en mettant l’accent sur l’efficacité d’un dispositif devant permettre de minimiser les effets des inondations et autres catastrophes », assure de son côté le directeur national adjoint du développement social, M. Ibrahim Abba Sangaré. Pour l’instant, du côté des champs, les perspectives restent bonnes et les indicateurs de la campagne agricole sont toujours au vert, même si les cultivateurs commencent à scruter le ciel avec inquiétude, tout en gardant un  œil sur les jeunes pousses qui commencent à avoir en permanence les pieds dans l’eau.

 

Inondations : le ministre de la santé vole au secours de 399 familles sinistrées

En commune VI du district de Bamako, environ 400 ménages des quartiers de Yirimadio et de Missabougou ont été touchés par les inondations provoquées par ces précipitations du début de la semaine. En guise de solidarité, le ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique a rendu une visite de solidarité aux victimes de ces inondations au cours de laquelle il a distribué des moustiquaires imprégnées d’insecticide et des comprimés Aquatabs pour les eaux de consommation souillées. Par cette visite, le chef du département de la Santé et de l’Hygiène Publique, était venu exprimer la solidarité du gouvernement et sa compassion aux populations sinistrées. Il a d’abord rendu visite aux victimes des inondations provoquées par les pluies de lundi dernier. C’’était au Centre de santé de référence de Sogoniko, avant de poursuivre sa visite sur les sites d’inondations qui n’ont malheureusement pas recensé de pertes en vie humaine. Mais chaque année, comme l’a rappelé le médecin-chef directeur du CSRéf de Sogoniko, Dr Boubacar Traoré, 7 sur les 10 quartiers de la Commune VI sont frappés d’inondation. Durant les trois dernières années, ce sont des centaines de familles qui en ont été victimes. Les 153 ménages sinistrés de Yirimadio et les 246 de Missabougou viennent porter à  environ 1185 ménages touchés par ce fléau. Ce phénomène est majoritairement crée par l’occupation anarchique des servitudes du fleuve et des marigots par des constructions illégales, l’obstruction des collecteurs et autres voies de passage d’eaux fluviales. Constructions anarchiques A Missabougou, comme à  Yirimadio, le ministre de la Santé a fait le triste constat d’occupation du lit du marigot par des constructions à  usage d’habitation et commerciale. En certains endroits, il a également constaté que le marigot s’est transformé en dépôt d’ordures. En l’absence de caniveaux (s’ils existent, ils sont généralement obstrués) les moindres pluies sont susceptibles de provoquer des inondations. l’embouchure d’un pont construit de l’autre côté du canal de Missabougou semble être le principal goulot d’étranglement des quartiers de Missabougou et de Yirimadio. Bouché par des ordures, ce pont empêche les eaux pluviales de se déverser sur le fleuve, ce qui crée subséquemment les inondations à  n’en plus finir. Abdoulaye Dao, un jeune leader de Missabougou témoigne : « les constructions anarchiques sont à  la base des inondations. Et les maires qui attribuent des zones dangereuses ont une responsabilité. Même s’il n’y a pas de pertes en vies humaines, les dégâts sont importants. J’ai vu de mes yeux un bœuf emporté par les vagues ». Mesures préventives Face à  cette situation, le ministre a rappelé que le gouvernement resterait intransigeant sur l’arrêt de la prolifération des facteurs d’inondation. Cela, dit-il, se fera entre autres par la libération des servitudes de marigots, de fleuves, le curage des caniveaux, etc. Pour le ministre, « il n’est pas concevable que par la faute de quelques uns, tout un quartier ou une ville, paient pour ce dont ils ne sont pas responsables ». En attendant des mesures concrètes par les services compétents d’autres départements en charge de la question, le ministre de la Santé a appelé les populations à  éviter tout acte ou comportement aggravant les risques d’inondations. Pour sa part, il a remis aux victimes des comprimés purifiant l’eau de consommation et des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Il a également promis que des citernes d’eau potable desserviront les zones qui n’ont pas accès à  l’eau courante et qui sont touchées par les inondations. Le ministre s’est dit fier de la promptitude avec laquelle ses services de santé ont pris en charge les victimes de ces inondations.

Hivernage: la libération des servitudes est imminente

Au moins 37 morts et environ 19.000 sinistrés, tels sont les chiffres d’un rapport publié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) au Mali, une semaine après les inondations d’août 2013 à  Bamako. A l’approche de l’hivernage, le Conseil des ministres du mardi 22 avril dernier a examiné une communication relative aux mesures envisagées pour libérer les servitudes de certains cours d’eau non flottables du District de Bamako. D’après le communiqué, « les occupations illicites des domaines public et privé de l’Etat ont atteint des proportions inquiétantes dans notre pays. Elles portent sur les emprises et les servitudes des domaines ferroviaires, des cours d’eau, des forêts classées, des zones agricoles, des zones de pâturages, des édifices publics et des équipements collectifs particulièrement dans le District de Bamako et ses environs. » A cet effet, le Gouvernement envisage la mise en œuvre de certaines mesures afin d’éviter de futures inondations ou en réduire les risques et les effets. Informer et sensibiliser Parmi ces mesures, figure une campagne d’information, de communication et de sensibilisation sur les occupations illicites des domaines public et privé immobiliers de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. C’’est ainsi que les responsables en charge de l’urbanisme et de la politique de la ville ont rencontré hier mercredi 30 avril 2014 à  la cité administrative, la presse pour leur expliquer le travail est qui entrain d’être fait pour libérer les servitudes afin de sauver des vies. « Il s’agit de faire comprendre aux concitoyens le bien-fondé de leur déplacement pour les préserver des dégâts qui peuvent être causés par les inondations » a expliqué Amadou Maà¯ga, directeur national de l’urbanisme. Selon M. Maà¯ga, « le foncier fait aujourd’hui, l’objet d’un enjeu tel que chaque mettre carré est convoité et les occupations anarchiques ont contribué à  réduire le passage de l’eau . Les collecteurs qui devraient être aménagés pour jouer leur rôle ont comme exutoire tout un quartier ou bien sont devenus des dépotoirs ou soient affectés par l’érosion » a-t-il indiqué. Près de 800 occupants illicites ont été identifiés, mais ce sont environ 300 familles qui seront touchées au cours de la première phase de l’opération de déguerpissement qui débute à  la mi-mai. Cela concerne les habitants des zones dites à  risque immédiat pour le district de Bamako o๠trois cours d’eau sont prioritairement concernés. Il s’agit du Woyowayanko en Commune IV, du Tienkolé et du Molobalini en Commune I. Précisons que des mesures d’accompagnements sont prévus pour les populations déguerpies et les servitudes libérées seront aménagées.

Inondations à Bamako: le relogement des victimes en cours

La chaà®ne de solidarité s’agrandit en faveur des sinistrés des inondations du 28 août dernier. Trois sites de relogement sont aménagés dans des écoles en commune I du district de Bamako. A l’école Bahaben Satara de Korofina, les pouvoirs publics tentent non sans peine de satisfaire les besoins des sinistrés présents sur place. 202 ménages et quelques 964 personnes ont été recensés sur ce site. Chaque famille reçoit un sac de maà¯s, un sac de riz de 50 kilos, une natte et une couverture. Al Masaoud Diallo agent de la division du développement social et de l’économie solidaire en commune 1 du district de Bamako « ces kits de 8 produits sont destinés à  toutes les familles présentes sur ce site. Dès que nous aurons terminé les études ici, l’aménagement effectif du site avec l’installation des bâches seront faits pour abriter les sinistrés » explique-t-il. Certains sinistrés jugent, insuffisantes, les aides qu’ils reçoivent et pensent que la planification est mal faite; « ça ne va pas ici. Nous demandons aux autorités de mieux organiser les distributions de nourriture et de tenir en compte tout le monde? Nous n’avons pas encore eu de satisfaction » s’indigne ce jeune homme d’une trentaine d’années. Reloger les familles et attribuer des parcelles aux propriétaires La direction de la protection civile s’active avec les agents de l’état assure le lieutenant Colonel Djé Dao, sous-directeur des opérateurs de secours et d’assistance à  la direction générale de la protection civile. « Nos agents contribuent à  la distribution des dons. l’approvisionnement en eau potable aussi est assuré car il y a certains endroits o๠il y a eu coupure d’eau » éclaire-t-il. Les sinistrés ne sont pas tous satisfaits des aides qu’ils ont reçu jusque-là . Selon le maire de la commune I, Madame Konté Fatoumata « la mairie est la première interpellée dans des situations comme ça. Nous avons secouru beaucoup de personnes, sans quoi, ils auront pu perdre la vie. Nous avons préparé des centres d’hébergement. l’Etat malien, la mairie, les personnes de volonté ont tous contribué au secours des sinistrés. D’autres partenaires, notamment, l’Unicef, la Croix-Rouge, le PAM (programme alimentaire mondiale), avec des appuis en vivres de première nécessité et de l’argent » explique Mme Konté, maire de la commune 1 de Bamako. En commune 4 du district, des dispositions sont prises par les municipalités pour attribuer des parcelles aux personnes ayant perdu leurs logements.  » Nous sommes en train de discuter avec des bailleurs de fonds pour l’attribution de lots aux sinistrés dont les maisons ont été détruites. Un recensement de ces personnes est en cours. Les services techniques au niveau de la mairie et des domaines sont à  pied d’oeuvre pour y arriver » confie Issa Sidibé, 5e adjoint au maire de la commune 4 et chargé des affaires sociales, président de crise dans l’affaire des inondations du 28 août 2013. Les inondations du 28 août à  Bamako ont fait 37 morts, 4 disparus et 91 blessés ainsi que plus de 19 000 sinistrés en commune 1 et commune 4 du district de Bamako.

Qu’allons nous faire des cinq prochaines années ? (1) : Apprendre à anticiper le pire…

Le fatalisme africain fait légion. Cette capacité à  se lamenter et à  pleurer nos morts, après qu’ils soient morts justement. Les inondations qui ont frappé Bamako hier, ont endeuillé de nombreuses familles, sans parler d’un bilan qui s’alourdit d’heure en heure dans les hôpitaux. Il faut mentionner cette famille qi a perdu 8 membres dans le déluge… Sans parler des corps qui n’ont pas encore été retrouvés, des enfants disparus, emportés par les eaux, les torrents et les caniveaux à  ciel ouverts. Bankoni particulièrement, o๠le temps semble figé n’a pas été épargné. Ou encore Sébénicoro et son pont du Woyowayanko submergé par les eaux, les voitures charriées, les murs effondrés, une bérézina, causée par les caprices de Dame Nature. Il n’y a pas que les autorités… Mais si Dame nature a joué sa partition, les Hommes eux n’ont pas joué la leur, se contentant d’assister une nouvelle fois à  leur manque d’anticipation. Des années que Bankoni fait figure de ghetto dans la cité des trois caà¯mans, un quartier sur lequel, le temps ne semble pas avoir de prise, encore moins sur les citoyens ou les autorités communales en charge de l’assainissement et des voiries. Plus occupées à  morceler des terrains ou à  assister à  des ateliers dans les hôtels climatisés qu’ à  établir de vraies normes de construction des maisons… Bankoni, en commune I, des maison vétustes, des ordures ménagères jetées à  tout va, des caniveaux bouchés et des eaux sales qui s’écoulent en attendant le déluge. On y fait ses ablutions à  côté des moustiques et eaux stagnantes. Et Madame le Maire ? En déplacement dira t-on… Bref, à  vouloir se lamenter, si nous balayions un peu devant nos portes ? Si nous nous levions pour améliorer notre environnement ? Si nous pavions les rues comme à  Missira ? Une petite dose de volonté suffirait et une once de bon sens… A défaut de la volonté politique, si les citoyens prenaient leurs vies en main et curaient eux même leurs caniveaux. N’est-on pas toujours mieux servi que par soi même ? Il est déplorable de constater des habitudes néfastes qui ont la peau dure, le manque de conscience civique, et qui provoque les catastrophes ou en tout cas, ne limite pas les dégâts. Et toujours les mêmes discours à  la veille de l’hivernage… Oui la nature s’est déchaà®né sur Bamako hier, a montré sa folie et les citoyens en ont pris un coup. Encore une fois, on s’accusera les uns et les autres mais le ciel ne prévient jamais. Alors, qu’allons-nous faire les cinq prochaines années pour aider le nouveau Président à  changer les choses ? Comment allons-nous changer notre sort en anticipant tout simplement sur les choses. Pour une vraie politique préventive de l’environnement !

Les inondations à Bamako font plus de 20 morts

Une crue inattendue du fleuve Niger, à  la suite de pluies torrentielles, a tué 24 personnes dans plusieurs quartiers de Bamako, a annoncé hier Tiéfing Konaté, ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile. Dans un communiqué, le ministre précise que les quartiers de Bankoni, Taliko, Lafiabougou, Djicoroni, Woyowayanko, Lafiabougou Bougouba et Bougoudani ont été touchés par la crue. Parmi les victimes, qui sont en majorité des enfants, 19 ont été enregistrées à  Banconi, quartier populaire de la commune I du district de Bamako. Ces pluies qui ont duré plus de trois heures, ont fait de nombreux dégâts matériels. Des maisons écroulées faisant beaucoup de sans abris, des voitures emportées par les eaux, etc. La démographie galopante, l’urbanisation incontrôlée, le manque de système d’évacuation ou la défectuosité des systèmes de drainage des eaux pluviales, l’imperméabilité des sols, … sont entre autres les causes de ces inondations. Et les conséquences sont nombreuses particulièrement sur les populations à  faibles revenus, sur les enfants, les femmes et les personnes âgées: impacts sur la santé, les moyens de subsistance, les biens matériels. Les nouvelles autorités qui seront en place doivent mettre sur pied de vastes programmes de préventions et de riposte aux inondations, afin de réduire les dégâts par l’organisation de la prévention, l’amélioration de la planification et la réduction des délais d’intervention.

Bamako, les pieds dans l’eau…

Avenue de l’OUA, 9h45 ce matin, il fallait vraiment prendre son mal en patience, face à  la file de véhicules qui rebroussaient chemin, pour emprunter le boulevard des 30 m, en direction du centre ville. Et pour cause, Bamako s’est réveillée avec les pieds dans l’eau ce matin. Un déluge d’eau s’est abattu aux environs de 8h sur la capitale malienne, créant des mares d’eau impressionnantes et bouchant les artères principales. Dans les ruelles des quarties annexes, impossible de sortir face à  ces torrents d’eau qui charriaient toutes sortes d’ordures. Le spectacle est toujurs aussi impressionant, tandis que des chefs de familles, remontaient le pantalon pour s’y plonger et accéder au goudron. Sur celui-ci, les motocyclistes aguerris se faufilaient pour trouver un moyen de passer. Eclaboussures ou pas, peu importe, chacun veut passer. Au rond point de Sogoniko, les véhicules étaient déviées vers le quartier Faso Kanu, par des policiers débordés et se retrouvaient à  tourner dans les quartiers en attendant que ça se libère.  » Laissez tomber, ya pas moyen de passer », lâcha un conducteur excédé. Sur le boulevard de l’indépendance de Bamako, même chose pour les automobilistes dont les voitures s’enfonçaient à  moitié dans l’eau boueuse. Une scène en plein centre ville. « Chaque année, c’est pareil, il suffit d’une forte pluie pour qu’on l’ait dans le bec », peste un taximan, irrité par les sotramas, les cars de transport public qui tentent de doubler les autres. Se croient-il plus pressés que nous autres ? Cette année, l’hivernage s’est montré capricieux, avec des variantes dans les précipitations, des journées chaudes et des mini-déluges comme ce matin, qui mettent sens dessus-dessous le trafic et l’humeur des citoyens à  Bamako. Ailleurs, à  Dakar et dans d’autres villes, la pluie a été meurtrière, notamment ce 15 Août entraà®nant des dégats matériels importants dans la capitale sénégalaise. Caprices du temps ou pas, il est temps que les autorités maliennes prennent à  bras le corps le problème de l’évacuation des eaux de pluie, à  laquelle, chaque année, on assiste impuissants. La patience devient alors la seule vertu. Et comme dit le proverbe, après la pluie, le beau temps !

Dakar sous les eaux

A Dakar, le coeur n’est pas vraiment aux réjouissances en cette fin du mois béni de Ramadan. C’est un véritable déluge qui s’est abattu en moins de vingt-quatre heures sur la capitale sénégalaise, provquant mort d’hommes. AU total, plus de dix personnes, dont un bébé, ont laissé leurs vies suite à  des effondrements de maisons causés par les fortes pluies. La journée la plus meurtrière fut celle de mardi dernier o๠neuf personnes sont mortes. A Yarakh, quartier populaire dans l’est de la capitale, l’effondrement d’un mur sur une habitation de planches qui a causé la mort de six personnes et fait quatre blessés graves, aselon le colonel Alioune Ndiaye, porte-parole du groupement national des sapeurs-pompiers. Quelques heures auparavant, un autre batiment s’écroulait sur une dame et son bébé à  Grand-Médine, dans le centre. La mère a lâché l’enfant pour se protéger, et le bébé s’est noyé dans les eaux de pluie. Deux autres décès ont été signalés à  Grand-Yoff, quartier proche de Grand-Médine. Les persones sinistrées se comptent elles par milliers. Les dégats sont considérables. Des batiments effondrés mais aussi la rupture d’une digue à  Cambérène, quartier balnéaire du nord de Dakar, qui a entraà®né l’inondation d’une route nationale. Mesures d’urgence Du côté des autorités on s’active. Un comité de crise a été installé avec comme mission de prendre des dispositions pour libérer la route nationale numéro 1 qui est envahie par les eaux. Pour assurer la circulation de Dakar vers la banlieue, l’ autoroute à  péage a été ouverte au public.Plusieurs voitures hydro cureurs et de pompage sont sur le terrain pour l’évacuation des eaux. Autre mesure, le déblocage de 500 millions de F CFA, sur une enveloppe de 2 milliards de francs CFA prévue pour la gestion des inondations. Ce jeudi matin, plusieurs quartiers de la capitale sont encore sous l’eau. A Grand-Yoff, un quartier populaire de Dakar, les habitants qui ont cehrché refuge pendant les intempéries reviennent dans ldes maisons submergées pour sauver quelques meubles qui flottent encore dans l’ eau. Maisons effondrées, artères sous la boue et donc impraticables, caniveaux bouchés par le sable et les détritus. Le spectacle est le même à  Dalifort, Cambérène, Thiaroye, Hann. La solidarité a permis aux familles de trouver un toit, en général chez les voisins. Plusieurs villes de l’intérieur du pays sont également touchées et la météo prévoit encore de fortes pluies à  Dakar et à  l’ intérieur du pays dans la semaine à  venir.

Pluies diluviennes sur Goundam : les inquiétudes Mme le maire

Si aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée, les dégâts matériels sont considérables avec des maisons d’habitation et salles de classes détruites. Au niveau de la mairie, une commission de veille a été mise en place. Elle est composée d’élus, de partenaires et de membres de la société civile. Face à  l’ampleur des dégâts, la maire de la commune urbaine, Mme Seck Oumou Sall, a lancé un appel au gouvernement, aux partenaires ainsi qu’aux personnes de bonne volonté pour venir en aide aux populations sinistrées. Le mercredi dernier, elle était l’invitée du journal de la radio nationale. Bonjour Mme Seck ! Vous êtes le maire de Goundam. La ville est sous l’eau depuis. Qu’est-ce qui C’’est réellement passé ? Dans la nuit du samedi au dimanche matin (ndrl 16 au 17 juillet), nous avons reçu 68 mm de pluie. Pour des maisons en banco, C’’est une première grande pluie. Il y a eu beaucoup de dégâts au niveau des écoles. Des maisons d’habitation se sont écroulées. Il y a des flaques d’eau un peu partout. Le matin, la route Tombouctou-Goundam était inondée. Heureusement, il n’y a pas eu de pertes en vie humaines, mais les dégâts matériels sont considérables. l’ampleur des dégâts… Nous avons aujourd’hui des personnes sans abri qui ont été obligés de quitter leurs domiciles. Comme C’’est un début d’hivernage, J’ai beaucoup d’inquiétude. Nous avons vécu une mauvaise expérience en 2002 avec 200 mm de pluie. Nous avions perdu alors plus de 1000 concessions. Si aujourd’hui en ce début d’hivernage, nous constatons les dégâts, nous nous inquiétons pour l’avenir. Les dégâts sont là . Ce sont en général des personnes démunies qui n’ont pas les moyens de reconstruire tout de suite. Nous nous inquiétons aussi pour nos écoles. On a une école qui a perdu toute sa direction et quatre classes. D’autres écoles ont perdu quelques classes. C’’est énorme. Nous nous demandons comment nous ferons face aux dégâts, surtout connaissant les revenus de notre commune. De quoi vous avez besoin pour la reconstruction ? Nous avons besoin de reconstruire les écoles. Sinon, nous n’aurons pas de classes pour les élèves à  la rentrée. Heureusement que ce sont les vacances. Nous avons besoin de soutenir les personnes qui ont perdu tout, sinon une partie de leur domicile. Nous avons besoin d’assainir, de construire des canaux d’évacuation d’eau, parce que le problème aujourd’hui, C’’est bien cela. Goundam est une grande ville. Nous avons des difficultés pour évacuer l’eau. Nous avons besoin de soutien pour reconstruire ces écoles, ces maisons, appuyer les personnes démunies… Nous demandons l’implication de l’Etat, des partenaires et de toutes les bonnes volontés. Concrètement, comment comptez-vous secourir les victimes ? Nous avons déjà  pris contact avec quelques partenaires, très rares ici. l’Etat est informé. J’ai informé mon gouverneur. La croix rouge est informée. Nous continuons à  les informer. Pour le moment, nous sommes face à  ces dégâts sans aucun moyen pour reconstruire tout cela tout de suite, et prendre des dispositions, au cas o๠il y avait une autre grande pluie, afin d’éviter le maximum de dégâts. Nous comptons sur vous, la presse, pour faire entendre notre voix afin que nous puissions être vraiment aidés. Au-delà  de ces signaux de détresse, on remarque que les inondations sont récurrentes au Mali. Est-ce dû à  l’absence d’un schéma d’aménagement ? Bien sûr. Dans le cas de Goundam, notre schéma d’urbanisation nous défavorise même. Je ne sais pas quel problème qu’il y a eu à  la conception de ce schéma. Dans ce schéma, il est dit que Goundam n’a pas besoin d’un plan d’assainissement. Ce qui n’est pas réel. On constate des dégâts énormes chaque fois qu’il y a 60 mm de pluie… Aujourd’hui, je pense que l’urgence est pour les collectivités locales et l’Etat est de doter toutes les villes du Mali d’un plan d’assainissement.

Inondations : Une violente pluie frappe Bamako

l’hivernage est connu pour être par excellence la période des inondations.Longtemps craint par les populations, ces inondations s’accompagnent d’effets dévastateurs réels. Après Tombouctou (lundi dernier), Sikasso (mercredi dernier), C’’est au tour de Bamako de goutter aux aléas des intempéries pour cette année. Ainsi, la forte pluie qui s’est abattue sur la capitale, dans la nuit du 16 au 17 juillet 2010, a été accompagnée d’effets dévastateurs. Même si aucune perte en vies humaines n’a été enregistrée, il faut reconnaà®tre le sinistre a été au rendez-vous. «Â Nous avons frolé le pire » s’exclame un habitant de Kalaban-coro Adekène. «Â La marée a fait des dégâts dans certains quartiers comme Sabalibougou et Niamakoro », nous a-t-on rapporté. Dans la journée du samedi, plusieurs dégats ont été constatés : des véhicules dans des caniveaux sur l’avenue de l’OUA, des concessions transformées en mares, des panneaux publicitaires arrachés ou ébranlés. Même des maisons se sont écroulées. C’’est le cas à  Senou, Niamakoro, Banconi, Diankinèbougou, Djicoroni Para, Banakabougou… Le vent violent qui accompagnait la forte pluie n’a épargné aucun objet sur son passage. Nombreuses sont les familles qui ont été victimes de la perte de leurs biens. La majorité d’entre eux ont indexé les plus hautes autorités. «Â Ils sont très négligeants dans la prise de mesures d’anticipations pendant l’hivernage ». Certains caniveaux de la capitale (en commune I et VI particulièrement) se sont retrouvés complètement bouchés. Cependant, diront certains, la responsabilité de la population en est pour quelque chose dans cette situation. En effet, disent-il, les caniveaux sont utilisés par certaines personnes comme des poubelles. En tout cas, l’orage de ce samedi sonne le glas d’une saison pluvieuse qui s’annonce capricieuse. Aux autorités d’être prévoyantes et aux populations d’être vigilantes. Rappelons que le 12 juillet dernier, la ville de Tombouctou a reçu 95 mm de pluies qui ont causé l’effondrement de 634 maisons et fait de 934 familles des sinistrés; Le comité de prévention des crises a procédé à  une évaluation des dégâts et envisage des mesures de gestion et de prévention pour le reste de la saison des pluies.

Inondations à Massala : APEDE Bedjigui à la rescousse des sinistrés

Les populations touchées par les inondations attendent toujours de l’aide C’’est une situation très difficile pour les populations riveraines du Djoliba après les pluies abondantes qu’a connu le Mali ces dernières semaines. Samedi à  Massala, APEDE BEDJIGUI, a remis des dons en nature aux populations touchées par les pluies. Au mois d’août, la commune du Méguetan a été très touchée par les fortes pluies. Environs 185 milimètres sont tombés en une précipitation. Près de 123 maisons se sont écroulées exposant les familles au froid et aux pluies. a expliqué Bassin Coulibaly, mère de famille. Massala durement touchéepar les eaux Les villages de Dialakorobougou, de N’Tolomadio et de Massala sont les villages les plus touchés par les inondations. Habits, meubles, vivres…tout est parti dans les courants d’eau. A Massala, la situation est encore très critique. Malgré l’élan de solidarité dans le village, il reste encore 20 familles à  reloger. « Les sinistrés ne pourront jamais reconstituer leurs biens, même en dix ans », s’exprime un responsable communal. Mais quelque soit la gravité de la situation, aucune perte en vie humaine n’a été signalée. En attendant d’être pris en charge par la mairie, ces familles qui ont tout perdu ont trouvé refuge à  l’école. Dans son élan de solidarité, l’APEDE BEDJIGUI a orienté son premier soutien sur cette localité. Mme Aw Adja Mariam Dembélé, Présidente de l’association, s’est dite consciente du désarroi causé par cette calamité naturelle qui a frappé la commune. Avec l’appui du fonds de solidarité et l’ONG Lutheran World Relief, APEDE BEDJIGUI a pu remettre des couvertures et des kits scolaires d’une valeur de 2 millions 850 000FCFA à  la population de Massala. Une rentrée scolaire difficile A quelques semaines de la rentrée scolaire, une vingtaine de familles occupent encore les salles de classes. Avant la reprise des cours, ils devront libérer les locaux de l’école. , a promis Drissa Traoré, premier adjoint au maire de la commune du Méguétan. Avec les kits scolaires remis par l’association de Madame Aw, les enfants dont les parents n’étaient en mesure de payer des fournitures scolaires pour leurs enfants sont désormais à  l’abri de ce besoin. Les donations faites atténueront le choc chez les sinistrés mais jamais elles ne pourront couvrir toutes les charges en cette veille de rentrée des classes. Avant de quitter Massala, la délégation conduite par Madame Aw, a promis de revenir dans l’urgence à  chaque fois que des dons tomberont pour les sinistrés. Mais en attendant, responsables communaux, notables et populations se donnent la main pour venir en aide ceux qui ont tout perdu et qui n’ont aucune lueur d’espoir pour se tirer d’affaire.

Impact de la pluviométrie sur les cultures

Le CILSS reconnaà®t que le calendrier cultural est légèrement perturbé. Néanmoins, le coordinateur Mr Dramane Coulibaly explique : « nous sommes à  même de conseiller les paysans à  la bonne période parce que, nous avons les outils nécessaires pour prévenir la venue des pluies. C’’est dire que les cultures ont été protégées des récentes inondations. » Le Cilss, observatoire des cultures Le comité regroupe 37 Etats membres du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, et dispose d’un mécanisme de prévision saisonnière qu’il lance chaque année. Celui-ci se divise en deux périodes : JUILLET-AOUT-SEPTEMBRE et OCTOBRE-NOVEMBRE-DECEMBRE. Il permet aux paysans de planter au bon moment afin de mieux gérer leurs campagnes. Même avec les changements climatiques, et les réductions de la période culturale, il existe des semences appropriées mises à  la disposition des producteurs. Tout un mécanisme d’adaptation est mis sur pied pour la variabilité climatique. Selon Mr Coulibaly, ces mécanismes permettront aux producteurs et institutions régionales de pouvoir s’adapter et faire en sorte que le glissement ne perturbe pas la production agricole. Agriculture d’irrigation avec la CEDEAO Le CILSS a des programmes sur la sécurité alimentaire et la maà®trise de l’eau, et développe des activités en direction des pays, sur les petites et grandes irrigations. Cependant, le comité n’est pas seul dans cette dynamique. l’unité de la CEDEAO sur la maà®trise de l’eau, s’implique à  son niveau. Sans compter la structure internationale EWI, travaillant en collaboration avec le CILSS. Ils viennent d’ailleurs de mobiliser cinq millions de dollarS pour appuyer des pays tels que le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Ghana. Cet argent devra leur permettre de maà®triser l’eau et faire en sorte que les productions soient sécurisées. « Petit à  petit petit, avec de la tâche d’huile, des programmes de ce genre s’amplifieront dans tout le sahel, et même pour toute l’Afrique de l’Ouest. », informe Mr Coulibaly. Il déclare « le CILSS est le bras technique de la CEDEAO en matière de sécurité alimentaire et de gestion des ressources naturelles. Son ambition étant de couvrir l’ensemble des pays membres. Nous nous battons pour assurer une agriculture solide et une sécurité alimentaire garantie. Depuis toujours, nous appuyons les pays afin d’avoir de bons systèmes d’information. Et tous les pays sont désormais dotés de systèmes d’informations fiables. Les enquêtes agricoles sont donc menées honnêtement. Cela n’existe nulle part ailleurs en Afrique. »

Inondations : la solidarité Africaine fait parler d’elle

Le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal, et la Côte d’Ivoire, ont chacun enregistré de fortes pluies dernièrement. Entraà®nant ainsi des destructions de plusieurs habitations. C’’est face à  ces tristes phénomènes que certains dirigeants, et organismes non gouvernementaux (ONG), secteurs privés, et sociétés civiles, se sont donnés la main pour débloquer des fonds, afin de venir en aide aux victimes des eaux. Des aides en espèces et en vivres ont également été distribuées. L’UEMOA s’implique à  hauteur de 250 millions de francs La commission de l’Union économique et monétaire ouest-Africaine (UEMOA), ayant son siège à  Ouagadougou, au Burkina Faso (le pays des hommes intègres) a elle aussi été victime de ces inondations. Avec la perte de certaines de ses archives. Malgré cet état de fait, elle procède depuis le début des phénomènes, à  des soutiens financiers. Elle a remis la somme de 20.000.000 de FCFA à  l’Etat burkinabé et 250.000.000 de FCFA au Mali. Son aide sera bientôt élargie au Niger et au Sénégal. Solidarité inter-Etats Par ailleurs, la Côte d’Ivoire a remis 500.000.000 de FCFA au pays des hommes intègres. Signalons que le Burkina Faso est le pays ayant enregistré le plus dégâts avec une dizaine de morts et près de 150 000 sinistrés. Les ministres ont d’ailleurs sacrifié un mois de salaire pour venir en aide aux sinistrés du pays. Sans oublier les dons de certaines ONG et donateurs individuels. Quelque soit la grandeur ou la grosseur d’une marmite, elle aura toujours un couvercle à  sa taille Une citation du roi du reggae mondial, l’ivoirien Alpha Blondy qui veut dire par là  que, les africains se soutiendront toujours quelque soit l’ampleur des problèmes. Ce dicton soninké vient conforter les dires de Blondy : « Lorsqu’il y a le feu dans la concession de ton voisin, aide-le à  l’éteindre. Si non, les flammes après avoir détruits la sienne, réduiront ta maison en un tas de cendre. Tu n’aura alors que tes yeux pour pleurer.» C’’est devenu presque une habitude, un geste spontané et naturel que d’aider ses proches dans les moments difficiles. Toujours se dire que ce qui arrive à  l’autre, peut aussi nous arriver un jour ou l’autre. Solidarité Africaine Les Africains ont démontré une fois de plus, un point essentiel de la richesse de notre tradition, ‘’ la solidarité ». Les soutiens continuent à  venir de partout sur le continent. Même à  l’intérieur des pays, certaines victimes de ces inondations se sont faites héberger par leurs parents, leurs amis ou voisins. Et les Etats ont mis à  leur disposition, des logements provisoires. Le temps de la reconstruction des bâtiments détruits risquent certainement de prendre du temps. La solidarité est un geste simple mais important dans les rapports humains. Elle permet de raffermir les liens et créer des sentiments étroits entre les uns et les autres. Vive l’Afrique !

Bamako dans l’eau : la politique d’aménagement en cause

Malgré sa grande superficie et sa population forte, la ville de Bamako demeure un gros village quant à  l’organisation de son espace. Bamako, un espace vaste et incontrôlé Les autorités peinent à  prendre certaines décisions qui s’imposent. Il existe encore peu d’outils d’aménagement du territoire à  Bamako. La ville s’est étendue à  une grande vitesse dans tous les sens. La densité s’est accrue à  un rythme incroyable (près de deux millions d’habitants), mais une organisation spatiale digne du nom n’a pas suivi. Pas de voirie assez puissante, pas de routes assez larges, la construction n’est pas harmonisée, bref, tout est à  refaire dans la capitale malienne. Pour cela, des décisions s’imposent. Mais qui les prendra ? Le gouvernement ? Les collectivités ? Ou les populations ? Difficile de répondre à  cette question, puisque l’on se jette mutuellement la responsabilité. Et Bamako qui a besoin de ressembler à  Abidjan et Johannesburg ? Tôt ou tard une vraie politique s’imposera. La politique d’aménagement actuelle La première cause des inondations évoquée par les experts est le non respect des études de planification d’occupation de l’espace. Les autorités maliennes qui ont déployé de gros efforts dans le cadre de la politique nationale d’aménagement du territoire, ont pu à  ce jour, élaborer près de 80 schémas directeurs d’urbanisme pour les différentes villes du pays. Conçus à  des coûts faramineux (près d’un milliards par an), ces documents sont pour la plupart du temps confrontés à  un problème d’application. Le schéma directeur de Bamako qui en est à  sa 4e révision, a été mis en œuvre à  5% seulement. Un fait qu’à  déploré Chirfi Moulaye Haà¯dara, Directeur National de l’aménagement du territoire. « Jusqu’à  présent, il n’y a pas une articulation entre l’évacuation des eaux usagers et l’évacuation des eaux de pluies qui nous viennent de la dorsale montagneuse de Koulouba et du Point G, ce qui multiplie par deux les vitesses de passage de l’eau. Dès que les vitesses augmentent, les débits augmentent. Donc il faudrait trouver des systèmes mieux adaptés pour évacuer ces eaux». La mémoire de l’eau Le problème est donc lié à  l’évacuation des eaux de pluies, la ville n’étant pas suffisamment dotée de collecteurs d’évacuation. Les quelques collecteurs naturels ont été bouchés avec des constructions. Selon M. Haà¯dara, « l’eau à  une mémoire, même après mille ans, si elle revient, elle cherche ses voies. A chaque fois qu’on est face à  des cas de pluies exceptionnelles, le problème se pose ». « Avec des constructions sur le chemin de l’eau, on créee un vrai barrage qui pousse l’eau à  se frayer de nouveaux chemins et les maisons en amont seront inondées ». Responsabilité partagée Les causes des inondations sont multiples. Il y a le non respect des outils de planification, la non application des schémas directeurs d’urbanisme. A ce sujet, les collectivités doivent mettre en œuvre les outils de planification. Malheureusement, ça dépasse les responsabilités des seules collectivités. l’Etat concepteur de cette politique d’aménagement se sent à  son tour incapable de prendre certaines mesures à  cause des pesanteurs sociales. Plusieurs quartiers de Bamako ont été mal lotis. Il y a certaines constructions qui devraient détruites pour créer des routes, des parkings, des espaces verts, des passages de niveaux et des caniveaux ; mais le décideur n’a jamais pu prendre de telles mesures pour plusieurs raisons : Du coup, la ville de Bamako se trouve face à  deux systèmes de gestion. Un système moderne entre les mains des autorités, et un second qui a un caractère traditionnel villageois. Pesanteurs sociales Pour appliquer une décision, il faut concerter les chefs coutumiers et leaders religieux. Toute réforme qui ne fait pas l’unanimité est donc vouée à  l’échec. « C’’est le social qui entrave la mise en œuvre de la politique d’aménagement du territoire », nous a confié Dramane Diarra, chef de la division évaluation des schémas directeurs d’urbanisme au niveau de la Direction Nationale de l’Aménagement du territoire (DNAT). Sens civique en déperdition La DNAT affirme par ailleurs que les populations ont aussi une grande responsabilité dans le non respect des dispositions. Les collecteurs et caniveaux sont devenus des déversoirs d’ordures ménagères solides et liquides. Les quelques infrastructures existantes sont mal entretenues et C’’est ce qui accentue le débordement des eaux de pluies. Pour soutenir ses propos, Dramane Diarra nous a donné l’exemple du cimetière de Magnambougou inondé à  cause des réalisations d’un opérateur économique qui a construit au beau milieu de la mare qui traverse le quartier. A moins de 100m, les localités en amont dont le cimetière, sont submergées.

Inondations : où se situe la responsabilité des uns et des autres ?

«Bamako tout comme l’ensemble des capitales régionales du Mali, accuse des schémas directeurs d’urbanisation inappropriés ». Georges Traoré, Consultant auprès d’un bureau d’aménagement à  Bamako, pense que la meilleure façon de prévenir globalement les inondations, est de revoir le schéma directeur des différentes villes du Mali. Ainsi ajoute-t-il, au manque de plans d’aménagement, s’ajoute la construction de quartiers spontanés, qui favorise l’obstruction des eaux.« Certaines personnes ont pris la mauvaise habitude de s’installer dans le lit des cours d’eau ». Quelles mesures pour pallier aux inondations ? En commune 5, les dispositions prises pour faire face au phénomène de inondations sont nombreuses. Elles passent par le curage systématique de l’ensemble des caniveaux et collecteurs d’eau, pour s’étendre sur des opérations de sensibilisation en faveur du changement de comportement des populations. Il faut noter qu’au lendemain des inondations du lundi 7 septembre, les autorités municipales de la commune 5 ont déclenché une vaste opération de nettoyage des dépôts de transits et curage des caniveaux. Ce qui leur a valu d’extraire 24 000 mètres cube d’ordures. Vers un changement de comportement des populations concernées Selon le Maire chargé du cadre de vie, des voiries, Amadou Ouattara, ce vaste travail en valait la peine. D’autant que l’ensemble des caniveaux dont dispose la commune, étaient systématiquement obstrués, empêchant du coup les eaux de pluies de s’évacuer. Mais, signale-il, les populations devront changer de comportement vis-à -vis de leur environnement, en se gardant de jeter des déchets dans les collecteurs. L’entretien des caniveaux est primordial Ces propos ont été corroborés par le conseiller à  la communication de la commune 4. En effet, M. Amadou Aya est animé par la ferme conviction que si les populations arrivent à  entretenir les caniveaux et collecteurs d’eaux, le problème des inondations sera partiellement résolu. Orange Mali s’implique à  hauteur de 6 millions de francs A noter que la nouvelle équipe municipale de la commune 4, dès sa prise de fonction, a consacré tout le mois d’août au curage des grands caniveaux de la commune. Ce vaste travail a été concluant grâce au partenariat de la société Orange Mali avec la collectivité. En effet, le bilan de cette opération a coûté à  la Mairie et à  son partenaire Orange Mali, la bagatelle de 6 millions F CFA. «Le dispositif a bien fonctionné, car il nous a évité des cas de sinistres que la commune connaà®t pratiquement tous les ans ».Cette mesure d’anticipation, à  en croire M. Aya, sera chaque année rééditée.

Une après-midi de pluie à Bamako

Décidemment,ces derniers temps, Bamako est sous les eaux. En effet, les fortes pluies qui s’abattent sur Bamako font suite à  celle plus abondante qui arrosa la ville la matinée du 2 septembre dernier. Problèmes d’évacuation des eaux de pluie Ce qu’il faut déplorer, C’’est que ces pluies ont provoqué de grandes inondations créant par endroit des mares et plans d’eau, qui mettent du temps s’évaporer. Il faut signaler que C’’est l’ensemble des capitales régionales qui sont également inondées comme à  Tombouctou, Gao, Kayes, Mopti… Déluge à  Bamako A Bamako, La force de la pluie a été telle que les activités se sont retrouvées paralysées par la force des inondations. Les eaux ont causé d’importants dégâts matériels. Des véhicules tombaient successivement en panne, certains commerçants de la place à  Dabanani assistaient impuissants à  leur malheur, car les eaux emportaient tout sur leur passage. Même les revendeurs de journaux ont eu leur part de désagrément. Au même moment, les eaux ont forcé les portes de certains services administratifs. Par endroit, l’on se servait de motopompes(à  défaut des sceaux ou baignoires) pour évacuer les eaux. 105 millimètres de pluies enregistrés Selon les services de météorologie, près de 105 millimètres de pluies ont été enregistrées. Au niveau du quartier du fleuve, la pluie était sans précédent (depuis le démarrage de la présente saison pluvieuse). A la place des rues, on apercevait que des vagues d’eaux se frayant du chemin et des tiges de bois flottantes. Le phénomène a suscité de vives réactions au sein de la population. Vu de l’autre coté, on aurait cru que C’’est uniquement la rive gauche du fleuve Niger qui avait été arrosée. Que non, la rive droite a subi également. Les quartiers pas épargnés A Torokorobougou par exemple (en Commune 5), presque tous les domaines habités ont fait le plein d’eau. Face à  la quantité d’eau qui a littéralement inondé son domicile, un chef de famille du quartier a déversé sa colère sur les autorités municipales. Comme lui, bon nombre de ceux que nous avons interrogé sur place, ont craché leur venin sur les autorités. « Les autorités municipales, disent-ils, ne se donnent pas assez de peine pour évacuer régulièrement les caniveaux ». L’ORTM et la BCEAO touchés par les eaux « De mémoire de travailleurs de l’ORTM, jamais une inondation n’avait autant bloqué les activités », s’est exclamé un cameraman devant la mare d’eau qui stagnait devant les locaux de l’office de radiodiffusion nationale. Non loin de là , devant le siège de la BCEAO, C’’était le comble, les usagers d’engins à  deux roues n’avaient aucune marge de manœuvre et voyaient leurs engins presque noyés. La sous région affectée Au delà  de nos frontières, C’’est le même triste scénario, notamment dans certains pays o๠les populations assistent impuissantes à  un ballet d’inondations. C’’est le cas au Burkina Faso (il y a une semaine), o๠une forte pluie s’est abattue sur la capitale, Ouagadougou inondant l’enceinte de certains bâtiments publics comme la cinémathèque du FESPACO, l’hopital Yalgado Ouedraogo etc… Bouleversement climatique ou caprice de la météo ? Ces vagues d’inondations posent des problèmes d’ordre socio- sanitaires graves. Il arrive que des familles perdent leurs maisons et leurs biens. Selon certains observateurs, la situation actuelle est issue du bouleversement créee par les changements climatiques. Ce genre d’inondations est de nature à  stimuler l’aide et l’assistance des structures et organisations humanitaires internationales. L’on se rappelle que l’Organisation des Nations unies avait apporté une aide suite aux inondations provoquées par la grande pluie d’il y a 5 jours. Selon le Directeur national de la météo, MR Mama Konaté, nous faisons face à  un régime pluviométrique capricieux, et « dont la tendance risque de se maintenir». Les mesures du gouvernement ? Le ministre de l’environnement Tiémoko Sangaré,s’est dit désolé de l’état des caniveaux et autres collecteurs d’eaux de pluie qu’il a visité dans les 6 communes de Bamako ce jour. « Mais,ajoute t-il, il y a une réglementation que le gouvernement doit appliquer (curer seulement 10 000m sur 9,5 km de caniveaux), et que les populations doivent respecter ! »